The Witch Slay
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 Memento Mori

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Amaël Loewenstein
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Memento Mori Vide
MessageSujet: Memento Mori   Memento Mori Icon_minitimeDim 9 Jan 2011 - 18:43

« Puissances célestes, forces tellu… tellu… tellurgiques ? telluriques ! J’en appelle à vous ! Que ma lame soit empreinte de votre puissance et mon bras de votre force sacrée. » Amaël se dit qu’avec ça s’il ne remportait pas le duel, c’est que les dieux avaient en effet déserté Forbach. Il rangea son épée qui était celle de son défunt père, le Comte Loewenstein, et souffla les bougies qu’il avait déposées sur le rebord de la fontaine le temps de sa prière. Il leva les yeux et trouva les sous-sols aussi grands que lorsqu’il était encore enfant. La démesure de sa mère le gonflait de fierté. Des bruits de pas approchaient. Ils étaient encore lointains, quelqu’un dans le dédalle de couloirs reliant le temple au château probablement.

Amaël s’enfuit sur la pointe des pieds dans la galerie menant à la forêt. Il croisa par malheur une jeune sorcière dont le regard passait successivement d’Amaël à son épée. Amaël la toisa et sa suspicion se transforma en mépris. Ils apprendraient à le respecter, il en était sûr. C’était une question de preuves. Et ce duel contre Lorenzo Maestriani allait mettre les choses au clair : il n’y a qu’un Comte à Forbach, Amaël Loewenstein ! Sa mère serait si fière de lui… Pour l’heure il ne lui avait rien dit. Elle se serait probablement inquiétée. Sa pauvre Judith, il lui rapporterait simplement la tête d’Holopherne, mettant fin à son sacrifice d’une nuit de quinze ans.

Là-dehors le vent soufflait et animait toute chose jusqu’à la pointe des cheveux d’Amaël qui frissonna sans entendre l’avertissement de l’aquilon. Il marchait droit et assurément. Il s’était secrètement entraîné au duel à l’épée pendant des mois, seul, contre des moulins à vent imaginaires. Il se sentait virtuose. Prêt à tous les exploits. Le temps du Conti était compté. Les arbres s’écartaient de sa route tant ils sentaient sa détermination. Le ciel grondait pour l’encourager et la pluie tomba pour applaudir avec enthousiasme le héros d’une ère nouvelle. Mais alors qu’un coup de tonner éclata avec vigueur Amaël sursauta et ne vit pas la racine qui barrait son chemin, il trébucha et tomba dans une flaque boueuse.

Après avoir longuement hésité à rentrer se changer, Amaël se dit qu’il perdrait davantage en honneur à ne pas être à l’heure au duel. Ainsi arriva-t-il sali dans les vignes où il avait provoqué Lorenzo en duel près de quatre mois plus tôt. Le Conti était là, droit et fier, comme toujours, malgré le vent, le froid et la pluie qui givrant s’était changée en grêle et fouettait les visages sans pitié. Amaël retira son manteau trop lourd. Le froid le hérissa mais il ne montra rien. La place était vide, il n’y avait aucun témoin. Les conventions légales du duel ne pouvaient être respectées puisque les duels étaient à présent interdits. Des témoins auraient pu les mettre dans l’embarras.

Cependant, seul face à cet homme trop grand et trop légendaire, Amaël sentit une sueur froide ramper le long de son échine. Il dégaina son épée et se mit en position. Avait-il eu raison de lancer pareil défi ? Tout pouvait se passer à présent. Lorenzo pourrait gagner, le tuer et laisser sa dépouille entre les cèpes enneigés. La neige recouvrirait son cadavre des cendres de l’oubli. Car après tout il n’avait prévenu personne. Mais la fille de la galerie l’avait vu ! Mais elle l’oublierait aussi, peut-être même volontairement vu son regard. Peut-être, s’il lui avait simplement souri, aurait-elle gardé le souvenir de sa rencontre, aurait-elle prévenue Alicia. Sa tendre Alicia ne pourrait jamais dire adieu à son fils. Un instant Amaël voulut faire demi tour. Mais Trop tard, Lorenzo lançait le premier assaut.
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Lorenzo Maestriani
Mort(e)
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Memento Mori Vide
MessageSujet: Re: Memento Mori   Memento Mori Icon_minitimeDim 9 Jan 2011 - 20:42

C'était le jour du duel, deux mois après ce jour où le petit insolent, digne fils de sa mère, s'était targué de le défier, lui, le dirigeant de Forbach, le Conti. Étant donnée l'heure à laquelle le défi avait été lancé deux mois plus tôt, Lorenzo avait eu toute la matinée pour se défaire de quelques obligations et s'arranger pour que le terrain de l'affrontement soit désert et le reste pour un moment suffisant. La loi sur les duels avaient également valeur dans ce Comté et il aurait été bien dérangeant de se faire prendre à l'enfreindre. Bien entendu, le Conti aurait eu les appuis nécessaires pour s'en dépatouiller, quitte à graisser quelques pattes dans l'ombre, mais mieux valait prévenir que guérir. Enfin le temps ne se prêtait guère aux sorties de toute façon. Le vent s'était levé, venant du nord-est et charriait donc le froid et la mort. Peu de personnes sortiraient aujourd'hui et si elles le faisaient, ne resteraient surement longtemps dehors, du moins pas assez pour aller voir ce qui pourrait se passer sur les collines où les cultures de vignes venaient d'être taillées pour préparer au mieux la nouvelle saison à venir. Après tout, qu'y aurait-il à voir sur des collines en plein hiver ? Rien. Non assurément, à part la défaite d'un pauvre garçonnet rempli d'illusions, il n'y aurait rien à voir.

Alicia ne s'était pas montrée loquace outre mesure. Si elle savait ce que son fils ainé avait l'intention de faire, elle n'en avait rien montré. Pas un mot, pas une remarque, pas même une once de comportement trahissant la confiance qu'elle mettait en son fils pour l'issue de ce duel. Bien entendu, le Conti aurait attendu qu'elle se mette à genoux pour épargner la vie de son fils qui était devenu fou pour quelques raisons que ce soit, mais non, rien. C'était absolument incroyable... Était-elle convaincue qu'il gagnerait ? Lorenzo en doutait. Le jeune homme ne s'était pas targué d'être un excellent escrimeur, aussi il était plus probable qu'Amaël n'en ait parlé à personne. L'idée était plaisante, car si c'était le cas Lorenzo pourrait se débarrasser de lui en toute impunité. Qui plus est, avec la présence de l'Agent du Diable, il pourrait aisément se défaire de toute accusation... Mais pour cela il fallait être sur qu'il n'ait rien dit, ce qui était très difficile à faire. Enfin, peu importait. Il était beaucoup plus intéressant d'humilier Amaël que de le tuer. Le Conti n'en profiterait que plus longtemps encore...

Et puis, à bien y réfléchir, que serait allé faire l'Agent du Diable dans les champs et les cultures ? Il aurait très bien pu suivre une future proie... Non, il avait mieux à faire que de traquer quelqu'un jusque là. D'ailleurs ses dernières prouesses étaient étonnantes. Depuis qu'il avait appris que l'Enquêteur n'était pas réellement parti, il s'en donnait à cœur joie. Quoique l'on puisse faire il restait impossible à identifier, ni à pister. Même ses propres hommes n'arrivaient à rien. Ils l'informaient des derniers méfaits, des ragots, des rumeurs, mais rien de concret. Ils chassaient une ombre... Enfin cela serait probablement le thème des discussions d'une prochaine journée, aujourd'hui il n'y avait de place pour rien d'autre que le duel. Lorenzo avait expédié ses affaires, repoussant plusieurs rendez-vous en prétextant une affaire de la plus haute importance avec l'Enquêteur lui-même.

L'heure était proche. Lorenzo fit seller son cheval et s'était habillé de son habituelle tenue de cuir noir. Il traversa rapidement le bourg sous la pluie légère et le vent qui la rendait par moment battante. Arrivé sur les collines de vignes, il vit qu'il était le premier arrivé. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, songeant à la possibilité que l'avorton n'ait pas le courage pour se dresser devant lui. Il attacha son cheval à l'abri, pour qu'on ne puisse le voir de loin et prit position à l'endroit même où il avait été défié. Il portait au côté une épée imposante qu'il avait appris à manier en Sicile et dont il avait perfectionné le maniement au gré des années. Il se demandait d'ailleurs comment se débrouillerait l'ainé Loewenstein... Encore une fois cette pensée le fit sourire.

Enfin Amaël se présenta, à l'heure, mais exceptionnellement boueux. A priori le jeune homme avait fait une malencontreuse chute sur le chemin. Pauvre hère, il tenait à peine sur ses jambes, espérait-il vraiment gagner ? Cela en était tout particulièrement risible. Le Conti le regarda se débarrasser de son manteau, dévoilant une épée qui semblait presque trop grande pour ses mains. Le vent soufflait et la grêle avait commencé à faire son apparition, n'épargnant pas les visages des deux protagonistes. Amaël avait tiré sa lame au clair, se mettant en position en silence. Dans un sourire éloquent et carnassier, Lorenzo fit de même, s'engageant dans une posture proche de la garde de la charrue. Toutefois, cela ressemblait plus à une farce qu'à un duel. Aussi, lorsqu'il fit le premier pas, ce ne fut pas pour porter l'estocade, mais simplement pour se rapprocher afin de ne pas avoir à trop élever la voix.


« - Votre vaillance est exemplaire Sieur Loewenstein, mais nous savons tous les deux que vous ne pouvez pas gagner. Vous même vous doutez de vos propres chances. Mais soit. Je vous propose ceci. Je ne tiens pas compte de l'affront dont vous avez fait preuve à mon égard et ce duel est donc caduque. Toutefois, si nous ne croisons pas le fer et vous sortez indemne, ce qui ne sera pas le cas si vous refusez, vous devrez renoncer à vos aspirations politiques devant votre mère. »

Il marqua une pause, puis rajouta:

« - N'oubliez pas que si vous vous obstinez et que vous perdez, non seulement je ne garantie pas votre intégrité physique, mais en plus vous serez obligé d'abdiquer publiquement. »
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Amaël Loewenstein
Mort(e)
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MessageSujet: Re: Memento Mori   Memento Mori Icon_minitimeSam 15 Jan 2011 - 2:02

L’assaut n’était qu’une feinte. Amaël hésita entre soulagement et agacement. Ce Conti était d’une sournoiserie monstrueuse. Si Amaël l’avait blessé il aurait avancé que le duel n’avait pas commencé. Il se jouait de lui et prenait un malin plaisir à faire monter une tension déjà bien trop palpable. Lorsque Lorenzo se mit à discourir Amaël se sentit terriblement décontenancé. Lui qui s’était préparé à un duel sans merci, il se voyait face à un négociant. L’arrogance de ce démon ravivait la flamme dans le cœur du jeune homme. Mais son assurance l’intimidait secrètement plus que jamais. La proposition que lui fit Lorenzo plongea Amaël dans une colère démente. Il brandit son épée et lança le premier assaut forçant le conti à reculer. Son visage était déformé par la haine.

« Vous n’avez rien compris ! Vous parlez comme vous parlez toujours mais vous n’avez rien compris ! Je vous hais ! Vous avez violé le corps de ma mère et emprisonné son cœur ! Vous avez acheté son territoire et vous avez négocié son âme !!! Je ne me bas pas pour moi sombre crétin ! Je me bas pour tout homme qui a en son cœur encore assez de courage pour défendre son amour. Non pas que son amour propre… Je parle de l’amour que vous ne connaissez pas. Je parle de cet amour de l’autre qui vous fait mourir d’un désir tant charnel que spirituel. Je parle de ce qui fait d’un homme un homme. Car vous n’êtes qu’une enveloppe bien sculptée mais cruellement creuse ! Je vais vous percer comme on perce une pustule et vous regarder de longues minutes vous évider de votre pourpre pus ! »

La dernière métaphore était peu poétique mais si proche de ce que voulait exprimer Amaël… L’atmosphère était plus tendue que jamais, à couper à la rapière. Le jeune homme taillada l’air avec vivacité visualisant le corps de son ennemi tomber en petits cubes. Il s’interrompit à nouveau toujours en garde.

« Ah et pour ce qui est des conditions de votre proposition, il me semble que vous n’avez tristement rien compris. Pas de dommages corporels handicapants, ni pour vous ni pour moi. Pas d’abdication publique, ni pour vous ni pour moi. C’est un duel à mort benêt ! »

Une troisième fois Amaël s’élança maladroitement pour embrocher le cœur de Lorenzo. Son pied glissa légèrement dans la boue et Amaël s’empêtra dans une chorégraphie ridicule de mouvements rapides des jambes pour rétablir son équilibre, et de moulinage frénétique des bras pour ne pas permettre à son adversaire de profiter de la situation pour lancer une attaque. Remis sur pieds en un bond gauche le jeune homme se remit en position de garde. Il sentit le long de son nez couler une goutte qu’il crut être du sang mais qui n’était qu’une larme de colère. L’espace d’un instant le jeune homme ferma les paupières.

Le vent soufflait, la pluie tombait, le soleil ne brillait que derrière les nuages. Tout ce qui avait toujours été ainsi à Forbach trouva brutalement un nouvel écho dans l’esprit d’Amaël. N’était-il pas en cette minute fabuleux de sentir le vent caresser son visage de son haleine froide, de sentir la pluie voiler ses larmes, le soleil garder sa distance pour ne pas l’éblouir ? Amaël comprit alors ce qu’il n’avait jamais envisagé autrement mais qu’il n’avait jamais envisagé tout court : il ne voulait pas mourir. Il voulait vivre. Il allait se battre pour sa vie et pour son amour. Car rien n’était de le dire, il fallait à présent le faire !

Mais alors que ses sens s’étaient échappés pour mieux revenir, il entendit le tintement sec, il sentit la morsure froide. Lorenzo l’avait entaillé à la joue. Amaël resta hébété quelques secondes. Il était donc vulnérable. Il se demanda de quelle profondeur était l’entaille et s’il allait en mourir. Puis la raison revint au galop portant avec elle une passion déchaînée. Il brandit à nouveau son épée. Jusqu’au dernier souffle, il se battrait !
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Lorenzo Maestriani
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MessageSujet: Re: Memento Mori   Memento Mori Icon_minitimeDim 16 Jan 2011 - 13:41

La réaction du jeune homme face à sa proposition ne surprit pas vraiment Lorenzo. Il savait qu'Amaël n'aurait jamais accepté une telle chose. Toutefois, la colère lui avait permis de s'agiter rapidement et ce n'est qu'au prix d'une parade et d'un pas en arrière qu'il avait réussi à éviter le coup, qui n'avait pas grand chose de conventionnel, pour se remettre en garde. Il écouta attentivement les paroles du fils de la Comtesse non sans se départir de ce sourire assuré qui le caractérisait tant, surtout lorsqu'il était en position de force. Et malgré ce que pouvait dire le petit Loewenstein, il n'avait aucune chance de gagner ce duel. Toutefois, le Conti devait admettre qu'il se défendait bien dans la joute verbale, peut-être le seul combat qu'il pouvait effectivement gagner, mais surement pas contre lui. Le jeune homme était bien trop prompt à la colère pour pouvoir garder son calme et faire face à quelqu'un. Assuré de sa supériorité sans argument flagrant pour la rendre incontestable, il n'était rien de plus qu'un chien qui ne faisait qu'aboyer et grogner, mais qui n'arriverait jamais à mordre avec force. Le sourire du Comte Maestriani se fit davantage carnassier lorsque le petit Amaël précisa qu'il s'agissait d'un duel à mort. Un duel à mort ? C'était surfait, même si ça ne manquait pas de charme, d'un certain point de vue.

« - C'est bien parlé mon garçon, j'aimerais juste rectifier un petit point de détail. Je n'ai pas acheté ta mère, elle s'est offerte à moi. »

Son sourire ne l'avait pas quitté, surtout qu'il ne s'était pas gêné pour bien détacher les derniers mots, sur un ton sans équivoque. Le Conti était l'incarnation même de la supériorité, de l'arrogance, de la suffisance. Mais, dans ce cas, elles étaient tellement de mise pour lui, qu'il ne se contentait pas de les afficher, mais bel et bien de leur donner vie. Le petit Amaël n'avait aucune chance, n'importe qui, même le dernier des abrutis, n'aurait pas parié sur un jeune poulain inexpérimenté face à un étalon rompu à l'entrainement et plusieurs fois récompensé. C'est d'ailleurs le poulain qui se relança à l'assaut. Mais s'il savait tenir une lame, son jeu de jambes était totalement à revoir, surtout en terrain « hostile » comme la boue qui se formait petit à petit. Sans rompre la garde, Lorenzo le regarda se débattre avec ses pieds pour rétablir un semblant d'équilibre tout en moulinant l'air avec son épée pour tenter de l'empêcher d'approcher. Une tentative aussi hilarante qu'inutile, dans son ballet comique, le jeunot trahissait autant d'ouvertures que le nombre de femmes volages de la Cour du Roi.

Il parut enfin retrouver sa position d'origine, mais l'hilarité de ce qui venait de se passait se traduisait encore sur le sourire de Lorenzo qui ne l'avait toujours pas quitté. Attendant que le petiot se relance dans un assaut mené de meilleure façon, le Conti le surprit à fermer les yeux. Décidément... D'un pas en avant, Lorenzo se fendit, épée en avant et visa ce qu'il voulait : la joue. Oui en cet instant il aurait pu embrocher Amaël, mais cela n'aurait pas été amusant. Il y avait surement encore matière à profiter de ce spectacle. Tandis qu'il semblait revenir à la réalité suite à la morsure de sa lame, Lorenzo se replaça en garde et reprit:


« - Je crois bien que le premier sang est mien. Je t'offre encore l'opportunité de revenir sur ta position mon garçon, ensuite, il sera trop tard. Pour toi. »

Il était évident que le jeune homme n'accepterait pas. Car, même s'il ne l'admettait pas, il était le parfait reflet de Lorenzo. La même suffisance, la même arrogance, l'aveuglement en plus. Cela faisait longtemps que le Conti avait conscience de ce qu'il pouvait ou non faire. Réduire ce môme en pièces faisait partie des choses qu'il pouvait et allait faire s'il continuait ainsi.

La sagesse n'était pas une compétence du jeune homme non plus. Il aurait du voir qu'il n'avait aucune chance et pourtant il s'obstinait encore et encore. Ainsi il avait choisi sa fin. Au moins il savait comment il allait mourir, c'était déjà une certitude de gagnée dans ce monde incertain pour la plupart. L'attaque d'Amaêl fut incertaine, bien qu'emprunte de colère et de hargne. Mieux maitrisées, elles auraient pu faire des alliées de choix, mais là, c'était tout juste un pantin qui agitait un cure-dent dans un spectacle de marionnettes. Pitoyable... Lorenzo écarta la lame d'un geste quasiment négligent de la sienne et, plus que rapidement, expédia son pied botté au niveau de l'abdomen du petit présomptueux.

Le résultat fut sans équivoque. Soufflé comme le vent trop fort souffle une botte de paille, le fils « prodigue » fut projeté au sol, le souffle coupé, son épée glissant au loin, lâchée au moment de l'impact. Tandis qu'il essayait de reprendre son souffle, Lorenzo le domina de toute sa hauteur et le regarda sans se départir de son sourire. Posant la botte sur les mains d'Amaêl, elles-mêmes posées sur son torse, il finit par dire:


« - Tu te souviens de la proposition que je t'avais faite ? »

Lorenzo guetta la réaction du petit Loewenstein. Aux portes de la mort, peut-être se montrerait-il plus raisonnable...

« - Et bien, elle est désormais caduque. »

Son sourire s'étira et d'un geste vif, il enfonça sa lame dans l'épaule du garçon. La victoire se savourait.


Dernière édition par Lorenzo Maestriani le Lun 17 Jan 2011 - 0:32, édité 1 fois
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Alicia Loewenstein
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MessageSujet: Re: Memento Mori   Memento Mori Icon_minitimeDim 16 Jan 2011 - 23:25

Alors que le jeune Amaël se faisait pousser et repousser par l’impitoyable vent sicilien, l’aquilon mourut d’un coup, la grêle se suspendit dans les airs et le temps se figea. La lame du Conti d’enfonça dans l’épaule de l’innocent, lui arrachant un cri de douleur et de désespoir. À la minute de sa mort le jeune homme ne pouvait regarder son bourreau dans les yeux, son honneur avait les limites que lui imposait sa terreur. Il réprimait des sanglots de haine et d’appel au secours. Il allait mourir là, seul et sans témoin, il avait lui-même provoqué ce duel, il serait donc seul responsable de cette fin atroce. Il comprit soudainement que ce n’était pas un meurtre mais un suicide. Il comprit soudainement toute la tragédie des duels et la raison de leur interdiction par le cardinal. Il comprit soudainement son immense solitude. De lourdes larmes perlèrent sur sa face souillée de boue et de sang.

L’ange immaculé s’était déjà envolé, Amaël se sentait défaillir, son âme, déjà, voulait s’élever. Mais Amaël écouta. Son nez était encombré de chagrin, ses yeux embués de détresse alors il n’avait plus que ça à faire, écouter. Et il entendit. Le néant, le grand vide, le rien, et il sut. L’ange de la mort ne viendrait pas pour lui en ce sombre jour. Tout aussi ténébreux et puissant, tout aussi cruel et fabuleux, l’ange qui approchait était l’absolu de toute sa vie. Une détonation ébranla le ciel comme un coup de feu tiré par Dieu. L’écho fit résonner le vacarme céleste plusieurs secondes comme un appel faisant craquer le ciel. L’enfant presque mort sourit à son assaillant. Amaël ne la voyait pas, mais il n’en doutait plus, sa mère était là.


« C’en est assez !!! »

La dame en grande robe noire semblait grandie des ténèbres orageuses. Du fond de ce champ de vignes endormies, elle avançait à grands pas. Son aura faisait vibrer l’air. Son visage sculptural habituellement si mystérieux ne laissait nul doute sur son âme. Elle était en colère. Pas la colère de la noble insultée, pas non plus celle de la femme trompée, mais celle de la mère dont l’enfant est en danger. La foudre brisait le ciel au loin et la tempête approchait. Alicia Maestriani alla droit à son fils. Sans plus de délicatesse elle saisie son visage entre ses mains et vérifia simplement qu’il battait encore des paupières. Le gamin lui sourit béatement. Elle ne lui rendit pas la politesse et lui flanqua une gifle magistrale d’un revers de main.

« Je t’apprendrai pauvre innocent… »

Sans plus attendre, la belle s’empara de son épée, n’y reconnaissant qu’à peine les armoiries de son défunt mari. Elle se retourna vers Lorenzo et pointa sans l’ombre d’une infime hésitation la pointe de la lame sur le creux de son cou, l’obligeant à reculer de trois pas. Sans s’attendrir sur la goutte de sang qui coula dans le col de son mari, Alicia foudroyait Lorenzo du regard. Le vent frais annonçant l’ire des cieux balaya les vignes et anima le visage de la Comtesse d’une immensité et d’une folie telle que nul n’eut jamais l’occasion de l’observer.

« Vous avez accepté un duel proposé par un homme qui n’a même pas la moitié de votre âge ? M. Maestriani, vous avez touché et blessé mon fils ? Mais seriez-vous suicidaire ? Seriez-vous fou ?!! Mais répondez sombre crétin ! Savez-vous à qui vous avez à faire ?!! Je ne suis pas Mme Maestriani, je ne le suis plus, j’ai joué ce rôle trop longtemps ! A vous faire des courbettes et à pleurer jusqu’au bout de mes nuits. Je suis la Comtesse Loewenstein par tous les dieux ! Personne ! Vous entendez ? Personne n’oserait fixer mes pupilles plus de dix secondes sans se confondre en excuses et vous, petit Conti sicilien sorti du fond de nulle part, vous touchez mon fils ?! Mais vous n’avez donc rien appris en quinze ans ?!! Ah mais c’est vrai, Monsieur a des relations n’est-ce pas ? Mais que croyez-vous ? Même Rosbruck a des relations !!! On s’en fiche vous m’entendez ? On s’en contre fout de vos relations !!! Vous n’êtes rien qu’un arrogant éternel dans sa bêtise ! Vous m’avez mise en colère… Alors ça… Savez-vous pourquoi on ne me met pas en colère Lorenzo ? C’est parce que je porte malheur figurez-vous… Pas comme une vieille poisse qui vous pourrit la vie au quotidien. Non non non, ça c’est vous pour tous les habitants de cette ville. Moi c’est plutôt façon vilaine sorcière reine du monde des morts vous voyez ? Alors écoutez-moi bien. Ce qui va suivre est une sanction, une prédiction et une malédiction : avant l’été prochain, vous, Conti Lorenzo Maestriani, serez mort ! Non pas mort avec les honneurs, mort comme un chien galleux, crevé comme un parasite ! J’en fais le serment ! Forbach ne garde en son sein que les hommes qui le méritent, ceux qui irradient et obombrent, vous n’avez pas brillé une seule fois. Vous avez fait des étincelles que tout le monde a vu, mais vous n’avez ébloui personne en ce comté. »

La Comtesse semblait s’être presque calmée à la fin de sa diatribe. Elle décala sa lame vers la gauche comme pour baisser sa garde prudemment mais arrivé au niveau de l’épaule de Lorenzo...

« Ah et puisqu’on y est ! »

Elle enfonça à son tour la pointe de l’épée dans l’épaule du Conti, bien moins fort qu’il n’avait pu le faire sur Amaël par manque de force, mais suffisamment profondément pour ressentir une satisfaction presque physique. La mère prit son fils, qui avait observé la scène et tout émerveillement et en toute crainte, par la main et ensemble ils repartirent à travers les cèpes, fendant les bourrasques de l’orage déchaîné.

« Memento Mei Conti ! Memento Mori… »
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