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 Le langage de l'amour

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Narcissa de Saint-Loup
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Narcissa de Saint-Loup


Le langage de l'amour Vide
MessageSujet: Le langage de l'amour   Le langage de l'amour Icon_minitimeMer 9 Fév 2011 - 1:14

[Suite => Tout commence par une dormeuse]

Étant issue d’une race guerrière dont le sang ne recule jamais devant l’adversité, le fantastique et l’inconnu, avoir combattu avec plus ou moins de zèle un Agent du Diable vous rendait bien plus audacieux, même si Narcissa était malade à en mourir, de terreur et d’humiliation. Le silence des adultes se transforma en un moment de solitude pesante, terriblement oppressante. Ses accusations lui paraissaient moins pertinentes, bien plus en observant certains traits tendus de sa mère. La victime commença à craindre qu’après le départ de son agresseur, d’avoir des heures de morales pour s’être donnée en spectacle. Elle déglutit. Il y avait bien une chose qui pouvait vous enlever toute l’envie de faire des bêtises ou de vouloir prendre encore au nez et à la barbe de tous, un tel moment de gloire, ce sont bien ces interminables heures de débats moralisateurs.
Pour la première fois de sa vie, un sentiment profond de déception l’envahit. Elle aurait voulu pouvoir sortir de cette chambre, suivre de nouveau l’ordre impérieux de sa mère. Mais la contrepartie de tenir uniquement sur ses nerfs fut que ses muscles étaient tendus à en trembler. Hypnotisée, elle observa tout.

L’intimidation et les menaces, les paroles cinglantes et les promesses, l’envie qui força à l’action. Celle de sa mère qui tira froidement sur l’Agent du Diable.
La scène qui se déroulait sous ses yeux accapara toute son attention. Si bien qu’elle ne sentit aucune chaleur, aucune douleur, aucune gêne pour respirer même si on pouvait entendre un son rauque entre chaque expiration. Le col de sa chemise de nuit était maculé de sang, son cou était très abîmé : sur les traces rouges et creuses, de longues lignes sanguinolentes, parfois des trous profonds, le reste devenait coloré et gonflé, signe de futures ecchymoses. C’était le seul signe de vie qu’elle donna. Tout était anormal, il ne recula pas sous le poids de la balle comme tous les autres, se contentant de mettre sa main au cœur comme si c’était une blessure au couteau, son sang coulait comme un torrent, pas du bon côté, si conscient de ce qui se passait, il semblait jamais aussi en vie qu’en cet instant. Il était si terrifiant en les regardant longuement, ce temps dura une éternité avant qu’il meure sans lâcher pourtant son dernier souffle. Étrangement, elle n’eut aucun sentiment pour lui, ni pitié, ni satisfaction. Elle n’eut pour son agresseur que le néant à offrir. Puis l’irréel se produisit, l’assassin se releva et fonçât dans la fenêtre avec la ferveur d’un possédé. Mille morceaux sur le tapis, le bruit du verre qui se brisa ne la gêna pas. Hypnotisée, elle avait tout observé.
Cassandra, l’Olympienne, regarda par-dessus la fenêtre et sembla satisfaite. Les nerfs de Narcissa lâchèrent, son corps tomba lourdement sur le tapis. Pendant un temps, la jeune fille pensa à sa faute. Son regard implorant le pardon pour ne pas avoir pu suivre l’ordre de quitter la chambre. Elle ne put dire si sa mère courut pour la prendre dans ses bras. Mais au bout de quelques secondes, elle reconnut son contact, son parfum et ses baisers. Elle leva la tête et vit sa mère pleurante bouger les lèvres. Elle put lire quelques mots, reconnut des prières et des remerciements. Cette joie et cette piété furent source de réconfort. Elle était maintenant de nouveau chez elle, avec sa seule source d’amour et de sagesse, dans sa famille, son seul refuge. Des pensées qui offrirent un répit. Pourtant, entre deux éclats de rire, des choses enfouies lors de cette agression apparurent. Et cette phrase « Je reviendrai Mesdames de Saint Loup » se propagea tel un poison, devenant une vérité absolue. Elle vécut l’un des moments les plus douloureux de sa vie, son sang lui piquait et brulait toutes ses veines, la douleur fut si intense qu’elle ne sut si elle allait mourir ou si cela n’était qu’une impression. L’impression violente, que tout tombait dans un gouffre sans fond, se fit de plus en plus forte, paniquant tous ses sens à tel point que son âme s’abimait.
Comme un réflexe, elle se réfugia tout près du cœur de sa mère, en s’agrippant désespérément à ses bras de peur de sombrer encore plus. Entre deux sanglots, la victime répéta les mêmes mots, parfois en hurlant, parfois en murmurant, tout en se balançant. Son esprit se perdait, ses yeux regardaient ailleurs, elle était si loin de la chambre à présent :


- À l’aide ! À l’aide ! À l’aide ! À l’aide !
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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MessageSujet: Re: Le langage de l'amour   Le langage de l'amour Icon_minitimeSam 5 Mar 2011 - 2:17

Entendre sa fille appeler à l'aide alors qu'elle était là meurtrit un peu plus le cœur de Cassandra. Elle serra encore plus fort sa petite dans ses bras, comme si la force de son étreinte pouvait tout arranger, tout changer. Elle embrassa ses cheveux roux – cette preuve éclatante de leur parenté – et caressa tendrement ses mèches, berçant son enfant en répétant sans se lasser, d'une voix douce qu'elle ne prenait que pour sa fille :

- Chuuut, c'est fini, maintenant. Chuuuut, calme-toi, ma chérie.

Et la mère de continuer à cajoler sa fille, tentant de lui faire comprendre à quel point elle pouvait se reposer sur elle, tout lui dire et tout décharger sur elle. S'il était un fardeau trop lourd à porter pour une petite fille, Cassandra le porterait sans hésiter, avec amour. Petit à petit, les larmes cessèrent de couler, et ses cris se calmèrent. Son petit corps continuait à trembler, mais Cassandra savait que la chaleur de son corps réchaufferait Narcissa. Elle essuya le visage de sa fille avec sa manche, la couvant d'un regard consolateur et compréhensif.

Quand elle fut certaine de pouvoir lâcher son enfant sans provoquer de nouvelle crise, Cassandra relâcha son étreinte, puis se releva et prenant la main de Narcissa, lentement, en prenant son temps, câlinant son précieux trésor sans compter.

- Viens, il faut soigner tous ces vilains coups. Tu verras, ils vont vite disparaître, et ce sera comme s'ils n'avaient jamais été là.

Un sourire complice, cette fois, alors qu'une haine sourde couvait dans les veines de Cassandra. Comment avait-on osé s'en prendre à une innocente gamine ? Elle ouvrit un des tiroirs de Narcissa, y prit deux linges propres et les amena près la petite bassine d'eau pure qui servait au débarbouillage de sa fille le matin. Elle avisa autour d'elle, cherchant les plantes séchées que sa fille aimait récolter, puis trouvant ce qu'elle cherchait, brisa entre ses doigts ce qu'elle utiliserait comme adoucissant au-dessus de l'eau. Elle trempa précautionneusement un des linges dans la bassine puis, dans un geste très maternel, commença à tamponner les bleus, augmentant parfois son soin d'un petit bisou.

- Tu sais ma chérie, il faut que je t'explique des choses importantes, parce que je crois que j'ai trop attendu avant de te les apprendre. Tu es devenue une grande fille...

L'émotion serra la gorge de Cassandra. Quand son petit bébé était-il devenu cette jeune femme qui se dessinait à travers Narcissa ? Le temps avait passé... tellement vite. Et qu'est-ce qu'elle était fière de sa progéniture !

- L'homme qui t'a attaquée ne voulait pas ta chemise. Il voulait autre chose.

Cassandra était sur le point de se mettre à pleurer. Elle n'en pouvait plus, elle devait savoir si cet immonde porc avait réellement fait quelque chose à sa fille. Elle allait hurler, sinon.

- Est-ce qu'il t'a touchée dans ton petit coin de paradis, ou est-ce qu'il a fait quelque chose à ton minou ? Où est-ce qu'il t'a fait mal ?

Tentant de ne pas permettre à sa voix d'adopter ce ton misérable et désespéré qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même, Cassandra pensait déjà aux dispositions qu'elle devrait prendre si le pire devait s'avérer vrai. Seigneur, pourvu qu'il ne laisse pas cela arriver à sa fille, pas à sa petite fille ! Elle devrait alors prévenir Viviane, qui avec ses... capacités, devrait être en mesure d'arrêter le processus, et elle porterait un nouveau fardeau. Cassandra avait tué une fois pour sa fille : elle tuerait une seconde fois si c'était nécessaire. Et elle empêcherait sa fille de se sentir coupable, ou malheureuse, ou... rien de tout cela ! Narcissa devait connaître le bonheur, c'était ainsi. Oui, c'était cela : ni plus ni moins que le bonheur.
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Narcissa de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: Le langage de l'amour   Le langage de l'amour Icon_minitimeMar 8 Mar 2011 - 0:56

Quand nous perdons tout, un être semble nous retenir. Ce semblable cherchant des morceaux de lui pour se reconstruire et qui par ses yeux, ses souvenirs et cette quête, devient ce gardien des quelques petits miroirs de nous, brillants par ce faible reflet d’un passé révolu. Alors avec ce qui reste, l’un modèle l’autre par cette glaise née des larmes, pour former deux êtres si imbriqués qu’ils deviennent un tout. Ainsi, on se cramponne à la vie et aux êtres aimés, dont à défaut de les détester, on donne toute son âme pour les protéger.
Narcissa fut donc la preuve de ce miracle, car façonnée par la dévotion de sa mère, elle revient à la réalité presque à se convaincre que la menace de son agresseur pouvait être contrée. Sa mère avait promis, rien de mal ne les frapperait. L’amour et le temps avaient formé dans l’esprit de la sorcière des étranges mécanismes dont son semblable connaissait toutes les clefs.
Sa tête tournait un peu, étant incapable de réfléchir convenablement. Calmée et confiante, la victime tint avec ces forces restantes cette main secourable qui l’emmenait sur le lit pour des premiers soins. Le regard vide, elle ne vit que les sons et les sensations créés par sa mère, cela eut le bénéfice de stimuler son esprit qui se força de prendre le relais. Tout redevenait normal, voilà, on est dans la chambre, on vient d’être agressé, on est sauvé. On respire. Bien.
Sa mère, désespérée lui posa une série de questions. Même si le « petit coin de paradis » la fit sourire un peu - une expression amusante, sortante de son enfance, totalement oubliée- Narcissa vit son incapacité de lui répondre sincèrement. Car chaque battement de son cœur sembla la frapper si violemment qu’elle en ignora les endroits douloureux de son corps. S’il y devait avoir un endroit spécial ? Sans doute ce « minou ». Même si elle ne comprenait pas cette histoire de dedans. Sa fille ressentit l’importance d’une affaire délicate et se décida de parler de l’agression afin de donner peut-être les réponses suffisantes. La jeune fille ferma les yeux et tenta de ravaler ses larmes, sachant que chaque seconde d’attente devenait une torture des plus horribles. Alors, avec une détermination inédite elle décrivit chaque étape de son agression, tout en montrant les zones où elle avait mal:


- Il m’a… donné un coup de poing, ici. Cela m’a sonné et quelque chose me poussait à ne pas dormir, je savais que je devais m’enfuir pour pouvoir survivre. Mais il a été le plus rapide. Il a pris mes cheveux d’une telle manière que je sente avec douleur chacun d’eux quand il les tira. Il me jeta au milieu du lit, pour ne pas que je réussisse à m’échapper. Ensuite…

Revivre une seconde fois cette expérience sans dire son ressentiment rendait la tâche plus pénible. Comment ne pas dire sa peur ? Confier à la seule personne de confiance qu’en voulant simplement vivre, elle dût s’abaisser si bas ! Indigne même avec ces paroles horribles ! Jamais elle ne fut tentée par un quelconque Diable, d’ailleurs elle ne croyait pas en son existence. Mais elle savait les répercussions sur sa mère, si elle devait l’apprendre. Pourquoi avoir eu l’orgueil de penser qu’elle pouvait s’en sortir seule ? Et son corps qui était devenu entre les mains de ce fou, une poupée de chiffon ! Et toutes ces humiliations… Et il y avait tellement d’autres choses dont elle voulait parler, mais les mots se coinçaient. Il n’y avait que ceux qui parlaient des faits directs qui venaient. Elle respira tout en disant que maintenant c’était terminé, du moins en partie :

- Excuses-moi, mais c'était un point important pour que mon corps puisse servir de cale pour... Toujours avec cette prise, avec son genou, il m’a écarté les cuisses. C’est tout ce qui concerne cette partie-là, mais j’avais très mal. Et puis, hum…

Elle déglutit et s’empêcha de pleurer -en repensant à certains détails- mais pas de serrer trop raidement ses jambes :


- Il a relevé ma chemise de nuit rapidement et j’ai donc été…. Et donc, il m’a vu… Enfin, tu vois…. Comme Eve sans la feuille… Comme un vers…. Hum !

Elle se gratta le sourcil extrêmement confuse puis la tête et continua après une petite quinte de toux :

- Et donc... il m’a touché le ventre, mais il cherchait quelque chose de précis…. Des organes ! Oui c’est ça, des organes !.... Puis, il baissa d’autres vêtements et... Hum !.... Et après une autre quinte de toux. Il toucha le sternum et sa main alla doucement vers mon cou. Il a attendu que je me calme et sortit une chaînette d’argent. Il la tendit bien haut, comme un jouet. Je pouvais entendre son sourire, il était heureux et il en puait ! Puis, quand il a estimé d’avoir assez joué avec moi, il m'a étranglé. Si je n’entendais pas ta voix, je serais encore avec lui. Mais, cela doit se terminer, cela ne sert à rien de pleurer, je n’ai pas le droit.

Les mains de Narcissa tenaient doucement, mais fermement les mains de sa mère et d’une voix aussi neutre que possible, elle décida de reparler de cette promesse :

- Maman, tu es comme moi, blessée ici et là. Dit-elle en pointant ensuite du doigt son cœur et sa tête. Je suis là, tu le sais ? Fit-elle avec un sourire ému. Toujours et à jamais, tu ne l’as pas oublié ? Dis-moi tes blessures, aussi. Je suis là pour toi, c’est la rage d’aimer qui m’a permis de tenir, maman. Je me suis cramponné à ton amour, à celui de Viviane, à tous ceux qui m’aiment. Toujours et à jamais, tu ne l’as pas oublié ?

Elle pleura de joie, heureuse de pouvoir encore vivre même si une grande partie de son âme désirait plus que tout dormir à jamais.

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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Le langage de l'amour   Le langage de l'amour Icon_minitimeVen 11 Mar 2011 - 0:03

Si revivre l’agression fut douloureux pour Narcissa, en entendre le déroulement fut un véritable calvaire pour Cassandra. Que n’avait-elle été là plus tôt, pour empêcher sa petite fille de subir tout cela ? Elle ne ne parvenait pas à imaginer - si, en fait elle voyait une scène trop sanglante pour être réelle, comme s’il lui était impossible de penser rationnellement à ce qui venait d’arriver. Les explications de Narcissa étaient embrouillées, et Cassandra avait un certain mal à démêler les événements. La chronologie était floue, la succession des événements se mélangeait, les descriptions perdaient leur logique et certaines parties de son histoire se contredisaient. Mais elle ne pressa pas sa fille de question. Au final, que lui importait si sa fille avait été blessée par le poing gauche ou droit de ce fichu Agent du Diable ? Elle le tuerait mille fois !

Quand sa fille eut terminé, Cassandra, qui réalisa à ce moment-là que tous ses muscles étaient tendus, osa enfin respirer. Elle n’avait pas entendu ce qu’elle avait tellement redouté. Le ciel soit loué ! Narcissa demeurait encore son innocente petite fille, pure et vierge, comme à son premier jour. Cassandra en aurait pleuré de soulagement. Elle serra longuement sa fille contre elle, puis reprit ses esprits. Il restait cette énorme plaie sur son cou, qu’elle n’avait pas encore osé toucher. Mais elle ne pouvait ignorer plus longtemps la trace la plus visible de l’attaque, et elle prit son courage à deux mains. Elle commença par répondre à sa fille, un sourire tendre et triste sur les lèvres, tandis qu’elle essuyait les larmes de Narcissa :

- Tu as raison. J’ai également été blessée, très fort, parce que tous ceux qui t’attaquent m’attaquent aussi. Mais je viens d’être rassurée, tu vas tout de suite savoir pourquoi. Et tu sais, tu peux pleurer quand tu es avec les tiens. Ce n’est pas une preuve de faiblesse que de pleurer devant ceux qu’on aime, parce qu’ils sont ceux qui peuvent te consoler, t’appuyer et t’écouter. Je vais nettoyer ton cou, ma chérie, tu vas peut-être avoir mal, je suis désolée.

Et lentement, en mettant tout l’amour qu’elle ressentait dans ses gestes, Cassandra commença les longues explications qu’elle devait à sa fille. Comme si son histoire pouvait permettre à Narcissa de mettre momentanément de côté ce qui venait de lui arriver, Cassandra commença, tout en effleurant l’affreuse plaie - elle montrerait dès demain à Narcissa comment la dissimuler avec un accessoire à la dernière mode.

- Tu as été très courageuse, ma chérie, je suis fière de toi. Et ton papa aussi l’aurait été, j’en suis sûre.

Cassandra caressa les cheveux de sa fille. Elle n’avait pas du tout prévu de dire ça, ça lui était venu naturellement, prenant tellement d’importance que ça en était passé avant tout le reste. Sa propre audace surprit Cassandra, qui finit par reprendre le fil de ses idées :

- Je t’ai posé cette question parce que l’Agent du Diable a vu ton sexe, ou ton petit coin de paradis, appelle-le comme tu voudras. Les hommes et les femmes n’ont pas le même sexe. Chez eux, le terme exact est pénis, et pour nous, le terme exact est vagin. Je ne sais pas si tu as déjà prêté attention aux enfants des domestiques qui courent parfois tout nus dans l’arrière-cour, en été. Tu te souviens du petit Jacques ? Eh bien, les hommes ont le même membre, un peu plus grand.


Avoir des mots simples... se révélait plus compliqué que prévu. Cassandra se forçait à ne pas infantiliser son discours, alors qu’elle était de plus en plus tentée de lui servir les mêmes images de petite graine à déposer dans le nid de la maman qu’elle avait déjà utilisée par le passé. Toutefois, elle ne voulait pas tromper sa fille sur un aspect aussi important que celui-là. Elle ne voulait pas que sa fille parvienne totalement ignorante sur son lit de noce.

- Quand les enfants ont ton âge, ils arrivent à ce qu’on appelle la puberté. Tu commences à avoir des petits seins, des poils sur ton sexe, tes hanches s’arrondissent, tu saignes toutes les lunes... Tu deviens une femme, ma chérie. Les garçons, eux, commencent à avoir de la barbe, des poils sur le torse et sur le sexe, une carrure plus large... c’est leur manière de devenir des hommes. Les hommes sont particulièrement attirés par tous ces signes de féminité, comme plus tard tu seras attirés par tous ces signes de virilité. C’est pour cela que ta robe cache ton sexe et ta poitrine.


Cassandra commençait à prendre confiance en elle. Les mots venaient de plus en plus facilement, et elle savait qu’elle avait capté l’intérêt de sa fille, qui envers et contre tout demeurait curieuse.

- Quand un homme et une femme se marient, ils font l’amour. Faire l’amour, c’est quand l’homme met son sexe dans celui de la femme. Et si à ce moment-là la femme est fertile, elle peut tomber enceinte et attendre un enfant. Mais tous les hommes ne sont pas équilibrés. Parfois, des fous sont attirés par des femmes qui ne sont pas leurs épouses et ils mettent de force leur sexe dans celui de la femme. Alors là, ça ne s’appelle plus faire l’amour, ça s’appelle un viol, et c’est une des pires choses qui puisse arriver à une femme. J’ai eu très peur que l’Agent du Diable t’ait violée, ma chérie.

Mettre des mots sur ses peurs à elle lui permettait d’exorciser ses propres démons. Narcissa n’avait rien eu, et il s’agissait de lui faire comprendre les bases de la sexualité.

- Je... j’aurais dû t’expliquer ça plus tôt. Si un jour un homme essaye de te faire des choses que tu n’aimes pas, que tu te sens mal à l’aise avec la manière dont il te touche, tu ne dois pas hésiter à t’en aller ou à dire “non”. C’est très important. Tu peux toujours venir m’en parler, même si tu as l’impression que je ne vais pas être contente. Je serai toujours de ton côté, Narcissa, tu le sais, n’est-ce pas ?


Cassandra voulait que Narcissa comprenne à quel point il était important qu’elle vienne se confier à elle pour si un jour l’irréparable se produisait. Il était primordial qu’elle se sente soutenue, surtout par sa mère. Cassandra pensa alors aux conséquences d’un viol. Elle devait aussi l’expliquer... Mais elle voulait commencer par s’assurer que tout ce qu’elle venait de dire avait été correctement assimilé.
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Narcissa de Saint-Loup
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Narcissa de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Le langage de l'amour   Le langage de l'amour Icon_minitimeDim 3 Avr 2011 - 16:27

Quand le linge humide toucha son cou, Narcissa se força à ne pas bouger et à ne pas crier. Elle respira et se retint avec ses pauvres forces de ne plus verser une larme, comme à l’enterrement de son père quand l’une d’entre elles s’échappa. Pleurer n’était pas une preuve de faiblesse, mais la jeune fille comprit plus en profondeur que ses pleurs étaient comme un poignard, que l’on remuait dans le cœur de l’être aimé.
La jeune fille eut un immense doute quand sa mère lui déclara que même son père aurait été fier d’elle. Jamais Amaël de Saint-Loup n’aurait tenté de soutirer ainsi des informations, crier à l’aide comme une bête devant son boucher et laisser son corps aussi malmené. Non, il ne pouvait pas être fier d’elle, elle s’était couverte de honte devant tout le monde en traitant son agresseur de dentellier et de voleur de chemises de nuit, tout était de sa faute ! Si elle n’avait pas été aussi stupide, jamais elles n’auraient eu à affronter la vengeance de ce tueur entre sang et fureur. Pour la première fois de sa vie, elle ne put soutenir le regard de sa mère, le poids de la culpabilité devant plus forte que tout le reste. Pourtant, tout n’était pas dit lors de cette agression :


- Ne sois pas désolée, maman. Il faut panser les blessures et je suis heureuse de ressentir cette douleur, c’est un bon signe. Mais, je ne t’ai pas tout dit… Un événement qui n’est pas à sa place se passa quand je n’avais plus de force pour lutter… J’ai entendu à côté de l’Agent, une voix d’homme inconnue. Elle hurlait qu’elle m’aimait, mais je devais penser à toi et me battre. La surprise m’a donné le chemin pour trouver de la force pour t’attendre. Crois-tu que j’ai oublié la voix de papa ?

Et puis, quelques minutes plus tard, sa mère commença à parler du sujet le plus drôle de toute cette histoire et pour cause ! Narcissa à cette anecdote ne put retenir un sourire amusé. Quelques années auparavant, elle avait réussi à commander un exemplaire sur les nouvelles découvertes sur ce croustillant domaine. Hélas, Oncle Nicolas riant, avait l’intercepté pour le cacher en lieu sûr, tout en lui disant qu’elle avait tout le temps de le découvrir, le moment venu. Mais son hilarité s’en trouva grandie par la venue impromptue de Grand-Mère Catherine qui en voyant cet ouvrage, le traita de pervers… Bien évidemment qu’elle connaissait les appareils génitaux des femmes et des hommes comme les autres organes, mais tant qu’elle n’avait pas eu sous les yeux la preuve de leur utilisation par un témoignage ou un écrit, elle ne se permit pas d’imaginer tous les détails. Son imagination étant développée, la jeune fille aurait pu être rapidement déçue quand la vérité éclaterait.
Ainsi, elle fut intriguée devant toutes ses découvertes qui la convainquirent que le monde recelait des trésors pour exciter sa curiosité. Il était évident que sa mère n’avait pas tout dit ! Avec un immense sourire et en oubliant toute la noirceur de cette nuit, Narcissa déclara avec une étincelle dans les yeux :


- Avec ce que tu m’as dit, je crois qu’il en avait l’intention. Dans l’air j’ai senti de l’excitation, mais une que je ne connaissais pas. Et sans comprendre la raison, j’ai eu très peur quand il m’a caressé les cheveux. Je crois que cela doit être un système de défense que mon corps à dû faire, comme une sorte d’instinct, peut-être issu d’un réflexe de fuite… Donc, tu as raison le viol est bien la pire chose que nous pouvons vivre, puisque nous avons une défense … Je suis maintenant convaincue que nous sommes les plus belles inventions que Dieu ait créées. Je me rends compte que notre vêtement de chair est complexe, on n’aurait pas assez d’une vie pour le comprendre ! Maman, je veux tout savoir ! Est-ce que la reproduction est attachée au désir et à la passion ? Ou c’est encore plus beau que je ne le pense, chaque personne à sa propre définition et manière de l’appréhender ce qui donne une variété de sentiments qui pourraient même agir directement sur nos actions ? Je ne veux même pas imaginer la magie dedans, cela serait laid… Ah ça ! Je veux TOUT savoir !
Puis son enthousiasme se coupa net quand Cassandra lui parla de l’importance de dire « non » comme de la prévenir s’il y avait un moindre problème. Le regard sombre et une voix triste, elle murmura :

- Maman, je sais que tu es toujours de mon côté, comme je serais toujours du tien. Mais tu ne peux pas être toujours avec moi. Je sais que s’il ne veut pas de toi, tu ne pourras rien faire. Grand-mère Catherine m’a toujours dit que mon corps ne m’a jamais appartenu. Il est la propriété de mon futur époux dont je lui dois mon entière obéissance et ce, peut importe ses excentricités. Même si je ne veux pas de lui, je serais obligée de le faire. Mais je ne savais pas la teneur de ces actions… Maman, ma destinée est d’être violée ?

La question était pénible à dire, mais Narcissa voulait savoir, pour se préparer et trouver des moyens de se soigner si le pire devait arriver…
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Cassandra de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: Le langage de l'amour   Le langage de l'amour Icon_minitimeMer 6 Avr 2011 - 1:48

Cassandra s’attendait à tout, sauf à ça. Entendre de la bouche de sa fille qu’elle entendait la voix de son père lui fit l’effet d’un coup de poignard. Sa fille sombrait-elle dans la folie ? Il était impossible qu’elle entende la voix d’Amaël, ce dernier était mort - pour son plus grand malheur, au demeurant - et enterré. Quelle auto-suggestion assez forte pouvait pousser sa fille à se torturer sur une hypothétique voix intérieure qu’elle n’aurait pas reconnue ? Cassandra caressa doucement les cheveux de sa fille, puis se décida à répondre :

- Narcissa... Même si Amaël est mort, il vit à travers toi, dans tes souvenirs. Ce sont sans doute tes souvenirs inconscients qui ont réagi pendant l’agression pour te donner ce coup de fouet nécessaire. Tu crois peut-être que tu as oublié la voix de ton père, mais au fin fond de toi-même, dans la partie cachée de ton cœur, tu t’en souviens.

Narcissa finirait sans doute par oublier, effectivement, parce qu’elle était trop jeune. Amaël finirait par peupler ses rêves, et tout ce qui relevait du domaine de l’inconscient, parce que sa mémoire ordinaire ne conserverait que des impressions fugaces. Il était mort trop tôt. Seigneur, il avait laissé une toute jeune gamine derrière lui, qui aurait eu besoin de lui encore plusieurs années ! Cassandra serra les lèvres. La blessure avait cicatrisé, mais elle était trop facile à rouvrir. Sa mort laissait un trou béant, impossible à combler. Cassandra se voulut forte, et se força à respirer lentement pour retrouver son calme.

Heureusement, Narcissa sembla se prendre au jeu des explications de la vie et sa curiosité l’emporta, comme Cassandra l’avait espéré. Toutefois, les déductions de sa fille la laissaient perplexe. Narcissa avait une manière tellement... excentrique de voir les choses ! Elle se demandait parfois vraiment d’où lui venait une telle singularité. Sans cesser de s’affairer autour de la plaie, Cassandra répondit prudemment :

- Il n’y a pas de magie là-dedans. Ou alors, c’est la magie de l’amour, généralement. Concevoir un enfant est lié à l’acte, pas au désir ni à la passion.

Le mot magie la dérangeait profondément. Et elle voulait qu’il soit bien clair dans l’esprit de sa fille que la magie était totalement étrangère au processus. Elle ne voyait pas comment atténuer la brutalité de ses propos. D’ailleurs, elle n’eut pas vraiment le loisir de tenter de corriger ce qu’elle venait de dire, parce que Narcissa changeait déjà de registre. Et là, Cassandra se troubla définitivement. La dernière question de sa fille était extrêmement délicate. Elle comprit immédiatement qui était ce “il” dont Narcissa parlait. C’était un “il” qui avait pris beaucoup de place dans leurs vies, sans doute trop, alors qu’elles ne le connaissaient même pas encore. Mais “il” appartenait à l’inéluctable, à ce qui finirait forcément par arriver. Cassandra soupira et embrassa sa fille, la câlinant encore, comme si ce geste maternel pouvait la protéger, encore un peu.

- Quand il s’agit de ton mari, on ne peut parler de viol. Je t’ai dit il y a quelques instants que le viol était hors mariage. Mais tu as raison sur le principe... Un homme peut forcer sa propre épouse.

La gorge de Cassandra se serra en même temps que ses poings. N’ayant jamais connu ça - et refusant de l’envisager pour Narcissa - elle ne savait pas vraiment comment en parler. Elle serait peut-être seule contre tous, mais elle ne laisserait pas cela arriver à sa fille chérie. D’une voix qui recelait mille promesses de combat, elle continua :

- Mais cela ne t’arrivera pas. Si nous prenons autant de temps, avec Oncle Nicolas, pour te proposer des candidats, c’est pour que tu puisses avoir ton mot à dire et que tu ne sois pas seulement mariée à un bon parti.

Officiellement, bien entendu, Narcissa n’avait strictement pas voix au chapitre. Mais dans les faits, Cassandra lui demandait son avis avant de faire valoir le sien devant son beau-frère. Avec beaucoup de douceur, Cassandra termina :

- Moi, je suis certaine que ta destinée, c’est de connaître l’amour.

Malheureusement, c’était plus un espoir qu’une véritable certitude. Cassandra ne pourrait jamais contrôler jusqu’au bout l’avenir de sa fille, et elle le savait. Toutefois, elle n’était pas prête à baisser les bras, et elle était précisément de ces femmes combattives qui ne renoncent pas. Il valait mieux être avec elle que contre elle.

Pourquoi n’emporterait-elle pas la victoire ? Tout n’était pas encore joué.
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MessageSujet: Re: Le langage de l'amour   Le langage de l'amour Icon_minitimeMer 6 Avr 2011 - 19:28

Si Cassandra voyait de la dureté dans ses propos, pour sa fille c’était les plus belles paroles qu’elle ait entendues dans toute cette soirée. Elle venait de lui redonner espoir dans son avenir lui montrant que la magie n’était pas l’essence du monde et savoir qu’une partie d’elle n’oublierait jamais son père lui donnait la lumière suffisante pour croire encore plus à l’amour et à la vie. Sans oublier cette promesse que son futur époux –s’il était choisi avec sa mère- même avec des défauts, la respecterait. La jeune fille rayonnante lui répondit :

- Je suis heureuse de ne pas voir la magie dans toute cette histoire. Je trouve ce mot comme toi, vraiment laid et intrusif. Mais ne le dit pas à Tante Viviane, elle ne pense pas comme nous et cela lui ferrait du mal et pourtant c’est elle qui vaut bien des diamants dans toute cette tribu. J’aime ma vocation, mais je n’aime pas les gens qui sont autour comme cette Déesse qu’ils vénèrent. Ce ne sont pas mes croyances, ce n’est pas ma vision du monde et hors de question que je change Dieu pour leur faire plaisir. Il n’y a que leur simplicité qui est touchante. Combien de fois il faut que je te dise que je ne suis que ce chemin pour apprendre, pas pour devenir un de ces sorciers à la noix et avec tout mon respect à Madame Pan-Pan Tutu de Grande Prêtresse…

(Elle était toujours incapable de dire un seul gros mot alors pour pallier à ce manque, elle inventa tout un vocabulaire. Le Pan-Pan Tutu équivalait à une énorme grossièreté.)

- Maman, je sais que c’est Dieu qui a créé cette force, que l’amour est ce qu’il a de plus puissant dans ce monde. C’est ce qui nous a maintenus en vie quand papa est mort et tu es ma lumière, je t’aime. Si tu sais que ma destinée est de connaître l’amour d’un homme, alors je sais que la tienne est d’être heureuse et nous ne serons pas séparées. Peu importe si c’est un époux, des sorciers, des démons ou quoique se soit d’autre. Si un tente le coup, il le payera bien plus cher que l’Agent du Diable et ce n’est pas une promesse. Peu importe les épreuves que nous traverserons, nous gagnerons.

En vérité ces huit mois dans ce petit village lui avaient fait le plus grand bien, cela fit bien longtemps que cette étincelle n’avait brillé dans ses yeux. Elle regarda sa mère avec la même détermination et ses poings étaient tout aussi serrés, pour lui dire, que non, ce n’est pas au combat qu’elle allait l’abandonner, ni maintenant ni jamais. « Seules contre tous » était leur devise et le restera. Narcissa comptait bien devenir aussi forte et grande que sa mère et sa vie ne pouvait se faire qu’avec elle à ses côtés. Cassandra était ce qui comptait le plus au monde. Cependant, même avec une telle énergie, sa fille mourrait d’envie qu’elle lui apprenne ce regard qui glace d’effroi son agresseur. Ce qu’elle ignora fut qu’elle avait le même dès qu’elle parla de séparation et de vengeance.

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MessageSujet: Re: Le langage de l'amour   Le langage de l'amour Icon_minitimeDim 8 Mai 2011 - 17:34

Narcissa n’avait pas fini de l’étonner. Cassandra ne s’attendait pas du tout à la voir traiter le mot magie de laid et intrusif. Le cœur de la Veuve se serra de reconnaissance, envers Dieu pour ne pas avoir laissé sa fillette se faire corrompre par les arts de la sorcellerie, envers Narcissa pour avoir su conserver ses idées et envers Viviane pour avoir laissé la liberté de penser à sa fille. Elle embrassa sa fille sur le front. Quand elle avait laissé sa petite emprunter le chemin des sorcières blanches, qu’elle savait lourd de conséquences mais qu’au fond d’elle-même elle admirait, comme elle admirait Viviane d’oser braver les règles humaines pour venir en aide à son prochain par un biais interdit, mais le seul efficace contre le Malin. Le gros mot final arracha un rire à Cassandra malgré elle. Sa fille réaliserait-elle un jour à quel point tout cela était important pour elle ?

Les grandes déclarations de Narcissa à propos de son futur époux lui firent prendre conscience que c’était encore une enfant, une enfant qui grandissait, certes, mais pas encore une adulte, loin s’en fallait. Innocence et naïveté transparaissaient dans son discours, même si Cassandra aussi espérait de tout cœur qu’un mariage ne l’éloignerait pas de sa fille. Et pourtant, Narcissa était déjà l’ébauche d’une femme forte. Cassandra ne doutait pas un instant que sa fille soit la digne héritière de leurs caractères, celui d’Amaël et le sien. Elle était fière d’être sa mère, et elle serait là pour elle jusqu’au bout. Le temps s’était suspendu : malgré les blessures, malgré leur traumatisme d’avoir été attaquées, elles étaient à deux, ensemble. Elle auraient pu défier le monde. Mais elles n’avaient que faire du monde. Seule comptait la présence mutuelle, en cet instant. Mère et fille s’étaient enlacées, tendrement.

- Narcissa... Je suis heureuse que tu n’aies pas oublié qu’il n’y a qu’un seul Dieu. La voie que tu empruntes est difficile et semée d’embûches, mais avec l’aide de ta marraine, tu parviendras à faire ce qui est juste et bon. Sois très prudente, parce que pour le moment tu es vulnérable. Le jour où tu auras grandi, tu pourras mieux tenir tête à... la hiérarchie.

C’étaient tous les conseils qu’une mère en dehors de la Tribu pouvait offrir à sa fille. Elle souffrait de ne pouvoir aider sa fille jusqu’au bout, mais la Veuve savait qu’elle ne devait pas étouffer son enfant. Et même si la sorcellerie était la plus difficile à accepter, c’était un point de départ pour apprendre à laisser Narcissa déployer ses propres ailes. Combien ce moment était dur... C’était comme couper à nouveau le cordon ombilical, régulièrement, le tout sans rien en laisser voir à la principale concernée. La Veuve ébouriffa tendrement les cheveux de sa fille, avant de répondre dans un sourire :

- Eh bien, mademoiselle je-sais-tout, alors c’est décidé ! Nous resterons ensemble jusqu’à la fin.

Et les serments des femmes de la Maison des Saint-Loup n’étaient pas à prendre à la légère. Peu importaient les détails. Elles auraient pu le jurer sur leur sang, sur leur nom, sur leur famille... mais tout ça, c’était seulement de l'esbroufe. Au fond d’elles-mêmes, elles savaient parfaitement ce qu’il en était et c’était tout ce qui importait. Des mots simples avaient un impact bien plus puissant qu’une promesse à n’en plus finir. La seule différence entre la mère et la fille, c’était que Cassandra savait ce qui les attendait. Son expérience de la vie lui permettrait de jouer avec les mêmes armes que leurs ennemis, et Narcissa apprendrait. Rien ne serait facile, et mille luttes les attendaient. Elles ne gagneraient pas en un clin d’œil, pas plus qu’elles s’en sortiraient sans perdre de plumes.

Mais elles ne seraient pas étrangères à leur destin.
Elles en seraient les maîtres d’œuvre.
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