The Witch Slay
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 Fuis-moi, je te suis

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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


Fuis-moi, je te suis Vide
MessageSujet: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeDim 17 Avr 2011 - 23:50

Depuis la veille, Viviane était dans un état d'agitation avancé, elle ne parvenait pas à se calmer, tant les événements de la soirée allaient être importants. Bien qu'elle fut convaincue de sa supériorité, elle n'avait pas laissé les choses au hasard. En fermant boutique pour la journée, elle avait révisé son grimoire du début à la fin, se remémorant tout ce qui pourrait lui être utile. Antoine avait accepté le défi. Ce soir, il se présenterait à la Clairière et il se prendrait la raclée de sa vie. La nuit avait été agitée cependant, Viviane avait peur qu'Europe apprenne ce qu'elle était en train de comploter derrière son dos, et quand bien même l'honneur de la Tribu était en jeu, elle n'aurait jamais laissé Viviane combattre ainsi un Prêtre du Lys.

La journée avait semblé s'écouler avec une lenteur exaspérante, ne laissant aucun répit psychologique à Viviane qui luttait pour garder son calme. Elle avait bu des litres de thé et tenté de faire la comptabilité pour se calmer un peu entre deux pages de son grimoire, mais en vain. Quand elle avait vu qu'en additionnant 53,27£ et 24,33£, elle obtenait l'étrange résultat de 97£, elle avait laissé tomber. Il valait mieux s'occuper de cela à tête reposée. Elle s'était donc replongée avec plus d'assiduité que jamais dans les formules magiques et les incantations.

Dans son idée, il s'agissait d'impressionner Antoine, par tous les moyens possibles, pas spécialement en l'attaquant lui. Déclencher un orage lui semblait un excellent moyen, d'autant plus qu'une touffeur éprouvante régnait depuis le début de la journée, personne ne s'étonnerait qu'un orage éclate subitement, mieux même, il serait bienvenu après cette chaleur écrasante. En début de soirée, elle avala un maigre dîner pour calmer sa faim, mais sans parvenir à avaler grand chose de solide. L'excitation la gagnait chaque minute un peu plus, et cette excitation avait tendance à lui empêcher d'avaler quoi que ce soit. Elle se força cependant et se contenta d'une tranche de pain avec du jambon.

La soirée n'était pas encore très avancée, mais pour des raisons de discrétion, elle avait choisi de partir tôt de chez elle. Personne ne se poserait de question si elle croisait des gens dans la rue alors qu'elle se promenait, ceux qui la connaissaient penseraient même sans doute qu'elle rentrait dormir chez la noble Europe Eleanora-Sun comme elle en avait l'habitude depuis quelques semaines maintenant. C'est donc vers la huitième heure après-midi qu'elle sortit de chez elle et entreprit de se rendre à la clairière. Elle avait avec elle un petit bagage qui comprenait une outre d'eau, son grimoire, et une robe plus pratique pour le duel que celle qu'elle portait pour ses promenades habituellement.

La Clairière était profondément enfoncée dans les bras, et il fallait une bonne demi heure pour s'y rendre, ce qui laissait pourtant largement à Viviane de flâner en route. Dans les bois, elle ne rencontra pas âme qui vive, même pas le moindre animal, comme si la nature était dans l'attente de ce duel. Le monde de Viviane était en pause, tant de choses pour l'avenir était en suspend en fonction du résultat du combat de la soirée. La Prêtresse marchait confiante vers son destin, certaine de faire plier son adversaire, il avait quitté la Tribu, il était forcément un moins que rien. Il ne ferait pas le poids. Il ne pouvait pas faire le poids.

Enfin, elle y arriva, la Clairière, toujours aussi magnifique s'étendait devant ses yeux. Des fleurs sauvages poussaient çà et là, aucun Lys cependant, Europe y veillait. La douce luminosité de la fin d'une journée de printemps rendait les arbres resplendissant. Cet endroit était un oasis de paix et de beauté et Viviane adorait y venir. Elle se sentait chez elle plus que n'importe où ailleurs ici, malgré les nombreux malheurs qui y avaient lieu, depuis le sortilège infligé à sa sœur à la mort d'Elena. Elle prit une grande inspiration et se laissa apaiser par l'odeur des fraîches senteurs du bois. Oui, ici, c'était sa maison, et cela lui donnait une raison de plus de vaincre Antoine quand il viendrait.

En attendant, elle ouvrit son petit baluchon, but quelques gorgées d'eau avant de se changer. Couche après couche, elle enleva les vêtements de la journée, tout couverts de poussière. Une brise légère lui procura une vague de frisson, la touffeur de la journée n'avait pas vraiment atteint le coeur de la forêt. Une envie subite lui prit de courir, comme éprise par une bouffée de liberté que lui offrait cette demeure sécurisée. Antoine n'était certainement pas là, il n'était pas du genre à venir trois heures à l'avance. Un rire clair s'éleva dans les airs et Viviane fit le tour de son domaine comme lorsqu'elle était une petite fille et que Cassandra était encore là. Le jeu la lassa plus vite qu'auparavant cependant, et elle enfila sa robe de rechange. Elle était maintenant fin prête.

Pour faire passer le temps des quelques heures qui restait avant minuit, elle relut tant qu'il faisait assez clair son grimoire, et que le noir l'en empêcha, elle s'assit dans une pause méditative. Longuement, elle pria la Walkyrie Olrun de lui accorder ce qu'elle souhaitait, elle la supplia de montrer combien ses filles étaient importantes pour elle et combien il était temps de mettre fin à cette mascarade qu'était le Lys. Il était temps que cette guerre prenne fin, et Viviane était convaincue que ce duel serait un bon premier pas dans cette direction. Peut-être même qu'un jour, elle parviendrait à faire revenir Antoine sur le bon chemin.

Les heures passèrent sans qu'elle ne s'en rende compte, les étoiles s'allumèrent une à une dans le ciel et la lune était presque à son zénith. Le moment était venu. D'une minute à l'autre, Antoine arriverait. Viviane se leva, et commença à arpenter l'herbe verte en l'attendant. Enfin, quelques bruit provenant du chemin se firent entendre. Antoine n'avait pas failli à sa parole, il était là. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.
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Antoine Vaudremont
Meneur
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Antoine Vaudremont


Fuis-moi, je te suis Vide
MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeMar 19 Avr 2011 - 22:28

Antoine ne se mit pas tout de suite en position pour le duel. Il parcourut plutôt du regard la Clairière. Un sentiment poignant le prenait à mesure qu'il redécouvrait cet endroit qu'il n'avait plus fréquenté depuis quinze ans maintenant. Cette sensation bizarre était facilement discernable, mais restait très désagréable, même quand on avait mis le doigt dessus. Surtout quand on avait le doigt dessus.

Avant, c'était chez lui ici.

Ces fleurs, ces arbres n'avaient pas changés, comme les dignes gardiens de la nature qu'ils étaient. Dans ce lieu manipulé par la magie, qui portait très fort la marque du savoir de la Walkyrie, il sentait encore la familiarité qu'avait tout sorcier avec ce lieu, y compris du Lys. Après tout, il avait suivi son initiation ici, ici il avait passé avec succès son passage au statut d'aguerri, puis avait accueilli plus tard son apprenti, son fils. Tout ce qu'il savait d'Olrun et de la magie était lié à cet endroit, dont il s'était exilé il y a trop longtemps maintenant.

Ignorant Viviane, il respira profondément et mit les deux genoux à terre, avant de plonger ses doigts au plus profond de la terre. Il rit un peu, envahi par de délicieuses sensations qui lui avaient manqués. Il ne savait pas si d'autre que lui les ressentaient aussi fort, mais en tout cas c'étaient des centaines de décharges qui lui remontaient le long des bras jusqu'à son coeur où elle repartait dans tout son organisme, aussi bienfaisant que la fraîcheur d'une cascade.

Il s'essuya les mains et se releva sans se presser. Avec un équilibre précaire, il enleva une botte puis l'autre, et posa ses pieds nus directement sur l'humus avec un soulagement visible. Il utiliserait beaucoup mieux la magie s'il pouvait directement ressentir la respiration de la Terre. Il avait appris la magie ainsi, indépendamment de la spiritualité du culte de la Walkyrie: communier avec la Terre et ses esprits afin de maximiser la puissance du pratiquant. Tel était la méthode de l'ancienne Tribu, méthode qu'il avait suivi, par laquelle il avait tout appris.

Le Lys Noir enseignait différemment: plutôt que de communier avec la Terre, on allait puiser à l'intérieur de son coeur et de son esprit, en soi uniquement, et il fallait être prêt à discuter avec les esprits humains de l'au delà. Antoine s'était aventuré dans cette voie, mais il ne l'utiliserait pas aujourd'hui: il allait avoir besoin d'être au maximum, Viviane restait une prêtresse, ce n'était pas les sorcières de bas niveau qui accédaient à ce titre, particulièrement chez l'ancienne tribu. Il pratiquerait selon le style traditionnel, l'important n'était pas ici.

Il espérait être plus fort que Viviane, pour son amour propre blessé et pour l'honneur du Lys, mais en réalité, il savait qu'elle lui serait au moins égale: Lui et elle avait suivi le même enseignement, servait la même déesse, et occupaient le même poste. Seul les spécialités du Lys distinguait Antoine de Viviane, et il espérait la surprendre ainsi: après tout, il connaissait tous les sorts des Olruniens, mais Viviane n'avait jamais appris les sorts inventés par le Lys Noir. Enfin...

Qui vivra verra.

Complètement droit et détendu, il fixa son regard au ciel et pendant quelques secondes ferma les yeux. Sa prière fut simple et directe, il ne demanda strictement rien à la Déesse: il se contenta de la louer intérieurement et de mettre son coeur et son âme au diapason. Empli d'une paix intérieure toute nouvelle, il se mit en position: pieds écartés, jambes fléchies, bras pliés prêts à se mettre en mouvement. Il ne dit ni bonsoir, ni bon courage à la sorcière, à la place, il prononça:

« Viviane, lequel de nous deux doit éclairer cette clairière? »
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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


Fuis-moi, je te suis Vide
MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeMer 20 Avr 2011 - 1:26

Devant elle, Antoine semblait en proie à des émotions intenses. Revenir ici, après tant d’années, devait être un défi pour lui, les sentiments qu’ils devaient ressentir étaient certainement difficiles à assumer. Revenir sur les terres de ceux qu’on avait trahi, ce n’était évident pour personne, sauf quand on était aussi tordu et malsain que l’Agent du Diable ou Alicia. Mais Antoine, tout aussi bourrelé de défauts qu’il était, n’avait pas cette engeance à faire le mal autour de lui. En fait, si Viviane s’écoutait vraiment, elle admettrait qu’il n’était pas celui qu’elle diabolisait. Il s’était simplement trompé de route et il fallait le mettre dans le droit chemin et ça commencerait par remporter ce duel. À sa question, Viviane vit l’occasion de marquer un premier point.

« Je m’en occupe. Tu sembles trop préoccupé pour le faire, je comprends, revenir en ces lieux doit être difficile après nous avoir trahis ! »

D’une voix douce, elle prononça quelques mots en latin, et une douce clarté envahit la clairière. Ce n’était rien de très voyant, juste suffisant pour qu’ils puissent se voir sans se fatiguer les yeux inutilement. Viviane voulait garder du début à la fin l’ascendant sur son adversaire, sans pour autant l’écraser. Il s’agissait avant tout de le dominer moralement, de lui faire comprendre qu’il était dans l’erreur, de lui faire comprendre combien son comportement était déplacé. Il fallait l’impressionner, lui montrer la puissance qu’elle avait, mais ne pas s’épuiser, pour pouvoir répondre à ses attaques. Depuis qu’elle était arrivée dans la Clairière, elle avait décidé qu’un orage serait le bienvenu pour commencer cette joute. La Prêtresse leva les yeux au ciel, quelques nuages apparaissaient çà et là, l’orage était pour bientôt, il lui suffisait simplement d’accélérer le processus, cela ne lui demanderait pas trop d’énergie.

« Regarde Antoine, regarde ce que ma Tribu, conservatrice et loin du culte pur de la déesse, me permet de faire. Tempestate ! »

Les nuages s’accumulèrent rapidement et formèrent une masse compacte et dense. Bientôt, des éclairs s’en échappèrent suivi immédiatement de coups de tonnerre. Des grosses gouttes commencèrent à s’écraser sur le visage de Viviane, elle aimait sentir cette eau tiède glisser le long de ses joues, mouiller ses vêtements, elle se sentait peu à peu purifiée. La pluie avait cela de magique qu’elle pouvait tout magnifier, elle rendait les choses propres, lavées de toutes les impuretés accumulées après une journée de chaleur. Et en habitant Forbach, il était important de pouvoir aimer la pluie et la brume, la ville en était régulièrement baignée, particulièrement à l’automne. La Prêtresse ne résista pas à la tentation de provoquer Antoine une nouvelle fois.

« Tu ne dis plus rien ? Mes talents t’éblouiraient-ils ? Seras-tu capable de faire mieux ? Hé bien, fais quelque chose, montre me de quoi tu es capable ! »

Les grosses gouttes éparses se transformèrent en une pluie plus fine et plus drue qui tombait à verse désormais. De temps à autre, un éclair illuminait le ciel, laissant entrevoir la puissance bien supérieure de la nature à celle de Viviane. Subjuguée par le spectacle qu’elle avait provoqué, elle oublia un instant Antoine et leur duel. Elle savourait, savourait cette communion qu’elle vivait avec la nature, elle sentait l’énergie qui la traversait de part en part et elle remercia intérieurement la déesse pour ce prodigieux cadeau. Si Cassandra avait pu retomber sur ses pieds après son échec avec la Tribu, Viviane, elle, savait qu’elle en aurait été totalement incapable. Olrun était toute sa vie, tout ce qu’elle possédait, ce qui faisait d’elle ce qu’elle était, ce qui rendait les insultes d’Antoine si douloureuses. Antoine... Effrayée, elle abaissa son regard dans sa direction. Elle l’avait totalement perdu de vue, elle avait totalement oublié combien l’instant était crucial, combien elle devait rester attentive et concentrée. Nul doute qu’il profiterait de cet instant qu’elle prenait à reprendre ses esprits pour l’étonner à son tour. Après tout, il était une Prêtre du Lys, il devait aussi être capable de quelque chose de grand.
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Antoine Vaudremont
Meneur
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Antoine Vaudremont


Fuis-moi, je te suis Vide
MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeSam 23 Avr 2011 - 13:52

Antoine n'était plus là. Du moins il n'était plus visible. Comme tout le reste de la clairière, noyée dans une brume surnaturelle, on ne voyait plus l'emplacement des arbres au sol. Quelque part dans la mer de brouillard, Antoine acheva sa prière et les quelques mouvements qui lui permettaient de fixer sa concentration. Ca devait être suffisant maintenant. Il admira quelques secondes la mer de brume, et alors qu'il levait les yeux, l'orage invoqué par la prêtresse d'Olrun.

Comme toutes les prêtresses elle avait les faveurs des esprits et donc une puissance équivalente, il n'était pas surpris par la tempête, seulement admiratif du résultat. Cela dit, c'était une erreur que de commencer aussi fort, c'était comme commencer un duel au pistolet avec un feu d'artifice. Surtout que seuls les non-initiés pouvaient paniquer face à un tel déchaînement de puissance élémentaire. Les sorciers confirmés savaient que le risque en réalité était limité, que l'on risquait bien plus d'être mouillé que d'être foudroyé. Certes les sorcières pouvaient déclencher les tempêtes, mais elles ne pouvaient pas maîtriser les éléments davantage. A moins de se prendre un éclair et de le dériver sur une cible, Antoine ne risquait rien.

Dans la pratique de la magie, une forte dose d'humilité était nécessaire: Les sorciers n'étaient que des êtres humains. Pas davantage.

Dryades, esprits de la forêts, maîtresses des plantes. Ecoutez moi je vous prie, écoutez la supplique d'un humain ouvert à votre présence. Pliez l'herbe sous mes pas, que les plantes et les arbres dissimulent le bruit de mon approche, qu'elles soient mes alliées dans ce mouvement.

Sans rompre encore le lien mystique qu'il venait d'établir avec les esprits des plantes, il fit un pas prudent: l'herbe se plia avant même que le pied nu d'Antoine ne les frôle. Essayant de garder une part de son esprit ouverte aux Dryades, il se mit à adopter une démarche rapide afin de contourner la prêtresse d'Olrun. Heureusement, elle parlait encore ce qui lui permettait de la localiser. L'herbe agissait comme un matelas sous ses pieds, se pliant surnaturellement et toutes les branches d'autour de la clairière se mirent à s'agiter en faisant un bruit bien supérieur à celui que faisait le prêtre du Lys en mouvement. Tout comme Viviane, Antoine avait aussi la faveur des esprits et la puissance magique qui en découlait. Il en ressentit une certaine jubilation.

La brume et l'herbe furent des alliés autrement plus précieux que le déchaînement de force élémentaire qui avait lieu là haut dans le ciel: grand majestueux et terrible, mais trop éloigné et incontrôlable pour être utile. Viviane apparut comme une forme sombre dans la brume, légèrement désorienté. Antoine profita de sa connexion encore existante avec le monde des esprits pour parler aux esprits de l'air:

Sylphes, maîtres des brises et de l'humidité. Écoutez moi je vous prie, écoutez la supplique d'un humain ouvert à votre présence. Détournez la brume de l'orage, épaississez là et faites en une mer impénétrable. Acceptez de jouer ce tour à deux humains s'il vous plaît.

L'ombre de Viviane parut comme happée par deux mâchoires de brouillards, dissimulant une bonne fois pour toute l'approche d'Antoine Vaudremont. Le prêtre du Lys fit deux dernières enjambées et prit au vol les deux bras de Viviane, les rabattit derrière le dos de la prêtresse, la mettant à sa merci.

« Navré Viviane, c'est moi qui marque le point. »

Merci Dryades, merci Sylphes.

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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


Fuis-moi, je te suis Vide
MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeSam 30 Avr 2011 - 1:22

Viviane était littéralement furieuse contre elle-même, prise dans son propre élan, elle avait oublié la présence d'Antoine, et voilà que maintenant, il la tenait. Elle s'était stupidement laissée prendre par surprise alors que jusque-là, elle menait la danse. La brume autour d'elle était dense et elle n'avait pu retenir un frisson de lui traverser l'échine quand Antoine l'avait attrapée. D'un coup, la stupidité de son défi lui apparut dans toute sa splendeur, mais il était trop tard maintenant. Pour son honneur et pour celui de la Tribu, elle devait se battre jusqu'au bout et remettre Antoine à sa place une bonne fois pour toutes.

« Ce n'est qu'un seul petit point Antoine, ne crois pas que la partie est gagnée grâce à cette victoire sans éclat. »

Tout en parlant, elle réfléchissait aux options qui s'ouvraient à elle maintenant. Sans ses bras, elle ne pouvait pas faire grand chose. C'est alors qu'une idée dont elle n'était pas vraiment fière lui traversa l'esprit. Manipuler les éléments ne lui serait d'aucune utilité dans ce cas, il fallait user de force physique. Elle n'en n'avait guère beaucoup, mais un simple coup bien placé suffirait à faire lâcher son bras par Antoine. Elle ne tentait pas de se débattre inutilement, afin qu'il ne resserre pas sa prise ou n'ait pas le réflexe de serrer au moment où elle frapperait. Il fallait qu'il lâche au premier essai, sinon, c'était foutu.

« Je ne me laisserai pas abattre par une simple clé de bras, j'espère que tu en es conscient. »

Et sans prévenir, elle frappa son genou du talon de sa botte. Apparemment, elle avait réussi son coup parce qu'Antoine l'avait lâchée. Elle en profita pour s'éloigner un peu plus loin, et d'une prière, elle leva la brume qui leur bloquait la vue. Antoine apparut face à elle, se massant le genou douloureux.

« Désolée, ce n'était pas de la magie, mais je n'ai brisé aucune règle puisque nous n'en n'avons pas établies. J'espère que ce n'est pas trop douloureux, mais tu comprends, je ne pouvais pas décemment te laisser gagner. »

La pluie tombait toujours drue, et Viviane eut envie de s'amuser un peu. Ce n'était rien d'impressionnant ou qui mettrait à terre son ennemi, mais c'était une idée pour le moins plaisante. Levant les bras vers le ciel, et fixant Antoine, elle murmura une longue prière. Peu à peu, elle sentait l'énergie qu'elle avait en elle se transmettre aux éléments. Elle suppliait la déesse de l'aider à ne pas faiblir, à ne pas lâcher maintenant, elle priait avec conviction et espoir. La pluie, peu à peu, se concentra dans un rayon d'un mètre sur la tête d'Antoine qui d'ici quelques secondes serait trempé jusqu'aux os.

« Alors mon cher, tu as les idées rafraîchies maintenant ? Le point est pour moi, cette fois-ci ! Ne sois pas mauvais perdant, je n'ai fait que te rendre la monnaie de ta pièce !»

Viviane était consciente de son arrogance, mais elle s'amusait, elle s'amusait vraiment maintenant. Jugeant inutile de continuer à dépenser de l'énergie pour mouiller Antoine qui pouvait probablement déjà essorer tous ses vêtements, elle stoppa la concentration de pluie sur lui. Pour ne pas qu'il puisse retourner contre elle sa propre idée, elle décida également de mettre fin à l'orage.

« Oh déesse, je t'en supplie, aide-moi. Que cet orage que j'ai fait naître s'en aille, que les étoiles réapparaissent et que la lune brille de mille feux. Oh Olrun, déesse puissante, aide-moi, pauvre mortelle à accomplir mon vœu. Que la colère du ciel s'en aille, je t'en implore. »

Peu à peu, la pluie se fit plus fine, moins drue, et les nuages s'éparpillèrent. Quelques minutes plus tard, plus aucune brume ne restait dans la clairière. Le ciel était désormais clair et dégagé. D'une nouvelle prière silencieuse, elle remercia la déesse pour son aide.

La réaction d'Antoine ne saurait tarder, mais Viviane était prête à y faire face, quoi qu'il décide de lancer contre elle. Cette fois-ci, elle n'avait pas perdu de vue une seconde son ennemi et ses déplacement. Elle avait dû frapper fort au genou, parce qu'il boitillait en se déplaçant. Elle ne se sentait même pas désolée pour lui. Dans l'idée de la Prêtresse, il avait mérité tout ce qu'il lui arrivait, il n'avait qu'à pas eu à la provoquer ainsi. La puérilité de son raisonnement ne lui apparaissait pas pour le moment, mais cela ne saurait tarder. Déjà qu'elle avait compris que ce duel ne mènerait à rien à part des orgueils blessés.

« Alors, Antoine, qu'as-tu pour riposter ? Sais-tu faire autre chose que de la brume et prendre les gens par derrière ? »

Innocente comme elle était, elle n'avait pas saisi l'énormité de ce qu'elle venait de dire. Elle prenait simplement beaucoup de plaisir à provoquer Antoine encore et toujours plus. C'était même devenu un jeu pour elle, peut-être un peu pervers, certes, mais un jeu tout de même.
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Antoine Vaudremont
Meneur
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Fuis-moi, je te suis Vide
MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeDim 1 Mai 2011 - 13:36

Un genou à terre, l'autre en train de se faire masser pour faire partir la douleur, Antoine souriait d'une façon malsaine. Qu'elle dise ce qu'elle veut, il l'avait possédé en beauté, et en retournant sa propre attaque contre elle en plus. Il n'avait même pas pris la mouche pour les paroles de Viviane, il savait bien où étaient les mérites de chacun. Elle s'en était sorti, pas plus. Une clé de bras n'aurait jamais terminé le duel, à moins que Viviane ne soit particulièrement lâche. Elle avait montré qu'elle ne l'était pas.

« La riposte, ma belle, elle arrive. Laisse moi une minute. »

Il parcourut des yeux le sol de la clairière, cherchant une plante particulière. Elle fut dure à trouver, mais Antoine se jeta sur elle dès qu'il la trouva et l'arracha de la terre. L'herbe-à-dryade était insignifiante seule, tant dans son aspect que pour une herboriste qui n'était pas initiée au savoir d'Olrun... mais une fois infusée, et avec l'influence de la lune, on pouvait obtenir une drogue qui permettait au sorcier une concentration et d'accéder à un état qui augmentait virtuellement sa puissance. Viviane le vit émietter l'herbe, et le mettre dans une gourde qu'il portait à sa ceinture. Il tira de sa botte un petit paquet qu'il ouvra et y versa un peu de poudre qu'il avait visiblement préparé à l'avance, pour renforcer l'action. Il laissa le bouchon ouvert et le tendit haut pour que la lune fasse son action.

« Ceci, Viviane, est ma véritable offensive! »

Il mit l'outre au niveau de ses lèvres et but la potion improvisée. Il y avait bien sûr un niveau de risque, mais seuls les prêtres étaient au courant de cette potion, Viviane y compris, et on espérait de leurs parts qu'ils sachent l'user avec sagesse. Après l'avoir avalé, il sut qu'il avait trente secondes pour faire le vide dans son esprit, et que la potion agirait deux minutes environ. Spectaculaire, ses effets demeuraient limités dans le temps. Il ferma les yeux et étendit les bras, essayant de visualiser le parcours de la drogue jusqu'à son estomac.

Ô Dryades, esprits des plantes, ambassadrices des chênes, habitantes légitimes de la forêt. Accueillez moi, je vous prie. Pour vous, pour un temps limité, je vous rejoindrai, j'agirai comme les vôtres, je penserai comme les vôtres. Pendant un temps, je ne serais plus humain car...

Je suis une dryade.


La drogue acheva de faire effet alors que les yeux d'Antoine Vaudremont perdaient leurs couleurs habituelles pour devenir entièrement vert sombre, résultat assez effrayants pour les non habitués. Il ne se sentait réellement plus humain, et avait oublié son nom. Ses perceptions n'étaient plus dictées par les cinq sens, mais par les sens de la forêt. On aurait tenté de percer son esprit à ce moment là, on y aurait vu un esprit complètement différent des règles habituelles, habité par une conscience à peine humaine. Il voyait comme la forêt, agissait comme les plantes, et conservait tout juste assez de contrôle sur lui même pour agir ainsi qu'il l'entendait. Assez curieusement, le danger de cette potion n'était pas dans cette relative perte de contrôle, mais dans l'effet addictif qu'elle procurait: en ce sens, c'était véritablement une drogue, et le pouvoir qu'on échangeait pendant deux minutes contre son âme était formidable. Elle donnait envie de fusionner davantage avec les plantes, si vivaces et si vivantes. Mais il était déjà arrivé dans le passé que des sorciers fusionnent tellement avec les plantes qu'ils en devenaient des légumes. Antoine aurait des problèmes d'ici deux heures.

Je suis une dryade.

Il entama une chorégraphie fascinante, où telle une dryade, il pouvait manipuler lui même la forêt. D'un bond il ferma les alentours de la clairière en bondissant, les buissons se serrèrent les uns contre les autres et ceux qui étaient épineux mirent leurs armes en avant. De grands moulinets de bras qui se voulaient tranchants, il réussit à couper une grosse branche. Il gémit, ayant eu physiquement mal. La branche se fracassa à terre dans un fracas impressionnant. Ce n'était pas fini. Il était fascinant de voir cet homme en habits de bucheron effectuer une danse indéchiffrable et manipuler les plantes avec autant d'aisance et de puissance. On entendait des craquements dans les sous bois autour, mais il était impossible de savoir exactement ce qu'Antoine, ou qui qu'il fut maintenant, préparait. Le sorcier se tordait, se dénouait et semblait bouger comme un serpent qui sort de sa tanière. Enfin, il se stabilisa dans une position plus calme, où il se contenta de lever les deux bras devant.

Des faisceaux de ronces sortirent d'entre les buissons et se dressèrent comme des cobras prêts à se lancer et mordre.

Viviane ne put rester immobile face à ces dizaines de ronces mal intentionnées. Dans son malheur elle se rapprocha d'un carré d'herbe plus long que le reste de la clairière. Antoine modifia sa position pour faire le geste d'enserrer.

Les herbes s'enroulèrent autour des chevilles de la prêtresse, comme mues de vie animale. Antoine reprit la posture où ils avaient laissé ses ronces et fit mine de fouetter.

Les ronces se déroulèrent comme des fouets et filèrent vers Viviane, prêtes à labourer la chair. C'était ce qu'elles allaient faire, mais avant de frapper, elles semblèrent perdre leur animation et finalement devinrent des vulgaires bouts de bois raides, et frappèrent sans force. Les herbes autour de Viviane étaient redevenues de simples touffes écrasées. Les deux minutes étaient finies.

Antoine... Vaudremont... Mon nom est Antoine.

Antoine reprit son souffle avec difficulté, les mains sur les genoux, plié en deux, mais fier de lui. Il se permit le luxe d'un rire.
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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


Fuis-moi, je te suis Vide
MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeJeu 12 Mai 2011 - 2:15

« Ma belle ? Je ne suis pas ta belle, tu n'as aucun droit de m'appeler comme ça ! »

Sans trop qu'elle sache pourquoi, cette petite interjection avait mise Viviane hors d'elle. Antoine ne semblait pas plus qu'elle prendre tout cela vraiment au sérieux, mais il mettait dans ses paroles une désinvolture qui frustrait Viviane. Il n'avait pas peur d'elle, pas peur de ses pouvoirs. Les attaques de la Prêtresse n'avaient rien de réellement impressionnant, c'était tout juste s'il ne se moquait pas d'elle. Elle attendit l'attaque d'Antoine, préparée au pire, du moins, était-ce qu'elle pensait. Quand elle le vit ramasser une herbe-à-dryade puis se fabriquer une potion avec, elle eut peur. Il n'avait jamais été question pour elle de mettre fin aux jours d'Antoine, mais celui-ci ne semblait pas avoir la même optique. Sans réellement savoir ce qu'il venait de préparer, elle se doutait qu'il s'agissait d'un truc violent, peut-être même qui le rendrait incontrôlable.

Viviane avait tout perdu de sa superbe, et la peur se lisait désormais sur son visage. Trop occupé à manipuler ses petites affaires et à boire sa potion, Antoine n'avait rien remarqué. Il était content de lui, cela se lisait sur ses traits, Viviane impuissante assistait à un spectacle affreux, une danse macabre, les yeux de son adversaire transformés lui donnaient la chair de poule. Fusionner de cette sorte avec la nature était dangereux, très dangereux, on pouvait ne pas en revenir. Antoine prenait beaucoup trop de risques pour une simple querelle de bienséance.

Lorsque la clairière se referma, Viviane sentit son sang se glacer, et s'il perdait le contrôle ? Qui était assez malade pour risquer sa propre vie pour une histoire aussi stupide. Ridiculement, elle fit un pas en avant pour se rapprocher de lui, tenter de le faire revenir à la raison, mais des herbes emprisonnèrent ses chevilles, elle ne pouvait plus bouger. Alors qu'elle était immobilisée, elle vit les ronces se diriger vers elle, elle tenta vaguement de se protéger de ses bras, mais heureusement pour elle, Antoine était redevenu « lui-même », et les branches tombèrent sans faire le moindre dégât. Tout cela n'avait été qu'une fois de plus de l’esbroufe, manipuler les éléments, c'était bien beau, mais sans intention de tuer, pas vraiment utile.

Furieuse contre elle-même d'avoir été ainsi impressionnée par Antoine, elle décida qu'il était temps de mettre fin à cette mascarade. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était qu'il s'excuse pour son comportement, mais il était trop fier pour le faire spontanément. Viviane le forcerait donc, tout simplement. Il était en train de reprendre ses esprits, elle en profita pour s'approcher de lui.

« Antoine ? »

D'un mouvement automatique, il redressa la tête. Immédiatement, elle capta son regard et sonda son âme. Il n'était pas possible de réellement lire dans les pensées de l'autre, mais on pouvait percevoir des sensations, des sentiments, pour peur qu'on le veuille. Mais Viviane n'était pas là pour cela, elle voulait imposer à son esprit le besoin de lui donner des excuses. Elle se concentra, pour imposer son idée à l'esprit d'Antoine, mais elle sentait une grande résistance. Il était coriace le gaillard mais Viviane n'était pas du genre à laisser tomber devant un obstacle aussi faible qu'un peu de résistance. L'attaque de front ne marchant pas, il fallait se montrer plus subtile, alors elle parla, histoire de distraire son attention. Son attention à elle baisserait aussi, mais elle pourrait le réattaquer par surprise en lui demandant autre chose que des excuses.

« Tu joues un jeu dangereux Antoine. J'ai n'ai jamais eu l'intention de te tuer, mais il semblerait que ça ne soit pas ton cas. Ce que tu viens de faire était stupide, atrocement stupide. Tu aurais pu perdre le contrôle, tu le sais. C'était inutilement dangereux, à moins que ton intention n'ait été de me tuer. Je voulais de simples excuses, rien d'autre. »


Dans sa voix transperçait une pointe de déception. Antoine avait changé les règles, il allait devoir assumer les conséquences.
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Antoine Vaudremont
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Antoine Vaudremont


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MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeLun 16 Mai 2011 - 18:12

Autant il est facile de pénétrer l'esprit d'un profane, autant il était autrement plus compliqué de pénétrer l'esprit d'un initié. De la même façon qu'il n'était pas aussi facile de sabrer un guerrier qu'un civil, il n'était pas facile de faire une effraction dans l'esprit de quelqu'un qui maîtrisait l'envoûtement. Et qui l'avait pratiqué déjà, qui l'avait subi à un moment ou à un autre. Antoine Vaudremont était entraîné quelque part, et il y avait une résistance instinctive, une friction forte. Sans cela, il aurait déjà été sous contrôle.

Alors qu'il sentait l'emprise de Viviane se faire implacablement malgré tout, il laissa de côté un instant sa défense mentale, le temps d'articuler ses pensées pour dire:

« Pas plus stupide qu'un tempestaire. Et pour les excuses, c'est aussi ce que je compte obtenir. »

Ce fut dit sans emphase ni recherche, mais il n'en avait ni le temps ni la disponibilité. Un esprit étranger comptait prendre le contrôle du sien, il fallait arrêter l'invasion. Déjà sa mobilité était menacée, il bataillait pour contrôler ses membres. Malgré ces pertes, il se sentait en confiance, car il n'était pas encore entré en guerre.

De son apprentissage dans l'ancienne tribu il avait appris à pactiser avec les forces de la nature. Le secret de l'Herbe-à-dryade par exemple, qui n'était pas connu de tous bien qu'il ne soit pas rare, venait de son supérieur hiérarchique alors qu'il n'occupait encore qu'une fonction religieuse de bas niveau. Mais il avait aussi appris après son passage au Lys Noir. Il en avait forcément appris alors qu'il s'essayait au spiritisme, il en avait appris sur son propre esprit, sa structure et son fonctionnement. Le Lys Noir l'avait rendu capable d'exploiter plus efficacement ses capacités. Antoine n'était pas plus puissant, mais il avait plus d'aisance à utiliser les armes mentales. Car après tout...

Olrun pactisait avec la Nature, le Lys Noir s'occupait lui de l'Humain.

Cette nuance fit la différence. Alors que Viviane croyait peut être pouvoir finalement prendre le contrôle total, que la tentation de s'excuser devenait une soif brûlante, il y eut un brusque coup d'arrêt. Puis l'étau se déserra malgré toute les oppositions. L'esprit envahi était sur son territoire après tout. Sans difficulté, Antoine repoussa l'emprise de Viviane comme il aurait pu repousser une porte lourde, et se libéra tout à fait.

Les règles avaient changé c'était un fait. Le champ du combat était à présent le plus intime des individus, il en prenait bonne note. Et ça ne le dérangeait pas, bien qu'il n'ait pas eu l'impression d'avoir provoqué le premier sang. Le champ des attaques mentales était vaste, et l'envoûtement était l'attaque la plus complexe et la plus difficile de toutes. Il n'était pas sûr au début de vouloir s'y lancer, mais le simple choc, déclencher une panique ou encore créer une illusion avait le double défaut d'être peu élégant et pas assez ardu. Lui aussi voulait obtenir des excuses pour s'être pris une charretée d'ordures sur la gueule alors qu'il était venu en paix.

C'était bien un envoûtement qu'il fallait pratiquer.

Mais autant se défaire de l'emprise de Viviane était aisé, autant prétendre lui imposer une emprise serait une autre paire de manches. Il n'était pas supérieur à elle, ils étaient tous deux prêtres, et il n'avait jamais rien appris qui facilite l'envoûtement de façon spectaculaire. Il était plus à l'aise pour se défendre, mais l'esprit d'un autre restait toujours une citadelle fortifiée quasi imprenable.

Les yeux d'Antoine devinrent deux torches lumineuses blanches.

Il se projeta littéralement hors de lui même, et donna quelques coups de boutoir pour tester prudemment la force qu'on lui opposait. Un non-croyant ne savait pas fermer les portails de son esprit, c'est pourquoi on pouvait s'y jeter comme un fleuve en crue, mais Viviane savait elle fermer son esprit aux intrusions étrangères, et qui plus est elle était en branle-bas de combat. Et il fit bien: s'il s'était jeté à l'assaut, toute sa capacité à réfléchir aurait été hachée comme par de la mitraille. Rien qu'à se frotter à l'esprit de Viviane il ressentit la douleur.

Il est difficile d'expliquer à un profane à quoi peut ressembler un envoûtement. Le plus simple est encore de comparer l'esprit que l'on veut envoûter à une citadelle et l'esprit de l'envoûteur à une armée de siège. La concentration du sorcier équivaut à la discipline d'une armée, et sa fatigue au moral des soldats. On peut se jeter en masse contre l'esprit de l'autre, mais on y risque la perte de son esprit. On peut faire de multiples petites frappes, destinées à épuiser et affaiblir, mais elles demandent énormément de concentration et d'organisation et quasi impossibles à faire dès lors que la citadelle tire sur tout ce qui bouge. On peut enfin essayer de trouver la brèche dans les murailles, la faute d'inattention dans l'esprit de l'autre, la faille qui permettra de s'infiltrer à travers le mur et se déverser dans la cour.

C'est ce que tentait de faire Antoine, multipliant les petites frappes exploratoires, déclenchant à chaque fois des chocs, des débuts de peurs comme des départs de feu après un bombardement de projectiles incendiaires. Viviane n'était bien évidemment pas si faible et elle rendait largement chaque raid d'Antoine. Mais Antoine lui aussi avait sa citadelle imprenable, et sa concentration rejetait la peur à chaque fois.

Ce serait long et difficile, alors que les deux sorciers se prenaient les bras l'un de l'autre, les yeux entièrement blancs et lumineux, aussi inhumains l'un que l'autre.
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Viviane Valdemar
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MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeSam 28 Mai 2011 - 13:21

L'envoûtement était une pratique qui nécessitait énormément de concentration, une simple distraction pouvait faire faillir l'envoûteur qui n'avait d'autre solution que de retirer pour ne pas subir les dommages d'une attaque-réponse involontaire de la victime. Dans le cas de ce duel avec Antoine, c'était encore pire. Il contrôlait ses attaques, il ne tentait pas d'abattre directement Viviane, il menait des petites attaques insidieuses qui fatiguaient Viviane. Mais elle se refusait à lâcher prise. Pour chaque coup reçu, elle en rendait un autre. Si elle avait perdu l'emprise totale qu'elle avait sur son esprit, elle n'avait pas cédé un pouce de terrain sur le sien. Viviane était une battante et elle souhaitait gagner le duel qui l'opposait à Antoine.

Pendant quelques instants, elle laissa tomber les attaques pour renforcer ses défenses, pour créer un mur infranchissable pour Antoine. Une fois cette étape terminée, elle se concentra à nouveau pour attaquer la barrière d'Antoine. Petit à petit, elle le sentait céder, mais elle sentait également que ses propres barrières cédaient.

De l'extérieur, le spectacle était insolite, Viviane et Antoine se faisaient face, totalement coupés du monde qui les entourait. Ils se tenaient les bras, se regardaient dans les yeux, de la sueur perlait sur leur front. Pour un non initié, ces deux-là étaient en train de faire un concours du « premier qui rira aura une tapette », ce qui, il fallait l'avouer était particulièrement absurde.

Viviane ne souhaitait plus qu'Antoine s'excuse, elle voulait qu'il s'agenouille devant elle, s'inclinant devant sa puissance et sa raison. Mais l'orgueil de la sorcière était probablement démesuré, et Antoine un lutteur de poids. Il ne se laissait pas plus faire qu'elle. Il répondait à ses attaques et demandait la même chose. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'ils étaient face à face sans que rien ne se soit passé. Puis, Viviane sentit ses genoux se plier peu à peu, irrépressiblement, elle était en train de s'agenouiller et elle ne parvenait pas à lutter contre ça. En face d'elle, Antoine descendait avec elle, il ne parvenait plus non plus à lutter contre l'emprise de Viviane sur son cerveau.

La descente leur paru à tous les deux interminable, d'une pénible difficulté, Viviane se reprochait de céder, Antoine devait probablement faire de même. Enfin, ils se retrouvèrent à genoux, l'un en face de l'autre. C'était ridicule, absolument ridicule. Viviane retint une envie puissante d'éclater de rire. Tout cet échange avait été absurde de début à la fin, elle aurait dû se contenter de mettre Antoine en dehors de sa boutique et d'aller trouver Europe pour lui rapporter la visite. Au lieu de ça, elle se retrouvait maintenant dans la Clairière, à genou face à Antoine, celui qu'elle avait considéré comme son pire ennemi et méprisé pendant de longues années.

Mais force était de reconnaître qu'il avait gagné son respect, il s'était montré aussi habile qu'elle, il n'avait jamais cédé, il était puissant. Viviane devait admettre qu'elle n'était pas supérieure à lui, il était son égal, à tout point de vue, et cette constatation n'était pas pour lui faire plaisir.

« Je propose qu'on s'en tienne là... Avant que ça ne devienne totalement ridicule. On devrait oublier tout ce qui vient de se passer, ça n'a guère d'intérêt. »

Un instant, elle songea même à s'excuser pour tout ça, mais c'était tomber trop bas, elle avait quand même une certaine fierté. Antoine était convaincu d'avoir raison, elle aussi, aucun des deux ne changerait de position, mieux valait en rester là.

« Comment en est-on arrivés là Antoine ? C'est absurde cette guerre. Je déteste le Lys d'avoir commencé les hostilités, mais je nous déteste d'avoir répondu. On était amis autrefois, tu te souviens ? J'avais confiance en toi, on était dans la même Tribu, presque du même sang... Et tu es parti. Tu nous a trahi, abandonnés, tous autant que nous étions. Pourquoi Antoine ?»


Viviane s'assit face à Antoine en poussant un léger soupir. Elle se sentait légèrement dépassée par toutes ces intrigues. Elle souhaitait plus que jamais vivre une vie paisible et heureuse, mais elle savait maintenant que ça n'arriverait jamais. Depuis toute petite, sa vie avait été secouée par des drames, familiaux ou non. Jamais elle ne connaîtrait le repos, et cette lutte était fatigante. Viviane était épuisée moralement et physiquement, devoir sans cesse surveiller ses mots, devoir faire semblant de croire en Dieu, devoir mentir à Louisa... Quel était l'intérêt de tout cela ? Pourquoi continuer encore ?
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Antoine Vaudremont
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MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeSam 28 Mai 2011 - 23:56

A vouloir donner priorité à l'attaque, on en oubliait la défense. Il se répétait ceci en boucle alors qu'il s'asseyait sur ses mollets et mettait les bras à terre, pour reprendre un peu de souffle et réussit à débrouiller ses pensées encore chamboulées. Techniquement il ne s'était pas excusé, il n'avait pas prononcé de paroles de regrets, mais il avait été sur le point de le faire, il était déjà en position de le faire. Savoir qu'il avait failli obtenir la même chose de Viviane ne le consolait pas réellement. Il aurait du pouvoir d'une façon ou d'une autre la surpasser: il était plus fervent qu'elle, il avait suivi un apprentissage complémentaire au Lys Noir, et il avait une confiance insolente dans les capacités de son esprit.

Cette femme était son égale, là où il la pensait inférieure, dans un domaine sacré entre tous pour eux deux: la pratique des arts magiques.

Normalement, il aurait dû se sentir amer, mais ce sentiment là ne dura pas et s'installa encore moins. En fait, il était même impressionné de cette stricte égalité. Il aurait méprisé un pratiquant aux talents inférieurs, et il aurait détesté un pratiquant au niveau supérieur. Cette égalité ne lui inspirait que respect, un peu malgré lui. Il se sentait proche de Viviane, au même pied d'égalité qu'elle. La suite se déduisait logiquement.

« Dans la même tribu... la même génération... »

Ils avaient été adolescents pris sous la férule des mêmes personnes, ils avaient passés leurs rituels devant les mêmes dignitaires, et s'étaient moqués des mêmes barbes blanches. Antoine à cette époque n'avait pas encore le rigorisme qu'il avait fini par atteindre, il avait été facilement lié à tout ceux qui aujourd'hui comptaient dans l'ancienne tribu. C'était une autre ère, où aucun d'entre eux n'avaient de responsabilités, à peine une jeune famille pour les plus précoces. Tous formaient à l'époque la base et commencaient à suivre leur petit bonhomme de chemin séparément.

Et vingt ans plus tard, on pouvait aboutir à des situations où les amis d'adolescence et des débuts de l'âge adulte, étaient prêtres rivaux d'une même déesse. Le mot absurde était finalement bien employé, même si tout s'était enchaîné logiquement. Il s'était rigidifié avec le temps, était devenu plus dogmatique et s'accrochait à ses croyances davantage encore que ce à quoi on pouvait s'attendre il y a vingt ans. Et Viviane, une femme tyranisée par son entourage, divorcée sans enfants, qui faisait de sa tribu sa dernière planche de salut. Non, décidemment, les adolescents et les jeunes adultes n'avaient pas engendrés ce qu'on pensait qu'ils deviendraient.

Mais pire que tout, les amis d'alors étaient devenus les ennemis d'aujourd'hui, à travers ce fichu schisme. Et il fallait expliquer ceci.

En d'autres temps, il aurait certainement adopté un ton davantage prosélyte. Il aurait utilisé des arguments pour prouver la supériorité de sa chapelle, et pourquoi la confession du Lys était mieux que celle de l'ancienne tribu. Il aurait trouvé le moyen d'être détestable, car il n'espérait pas être compris de l'ancienne tribu, les sorcières lui avaient fait trop de mal. Il aurait trouvé le moyen de prendre un air de supériorité, en réaction de toute la boue dans laquelle il avait été traîné. L'ancienne tribu était incapable de tolérance, il n'en aurait pas fait usage.

Mais en ce temps, avec cette personne, il avait juste envie d'être sincère, de ne pas se préoccuper des raisons théologiques profondes qui l'avaient amenés à changer de tribu, pour simplement décrire le chemin qui s'était fait dans son coeur d'homme profondément imparfait. Cette femme lui était égale, et pour une fois était ouverte à la discussion. Ce serait assurément un gâchis monumental que de lui claquer la porte au nez. Il n'avait jamais pu s'expliquer à quiconque de ses anciens amis, on lui avait toujours refusé ce luxe, il ne serait pas aussi mesquin aujourd'hui.

« J'ai rejoint le Lys... parce que c'était ce que mon coeur voulait. »

La réponse la plus simple et la plus sincère qu'il pouvait faire, le coeur était justement à nu. Il avait bien sûr toute une liste d'arguments longue comme le bras, mais tous ces arguments finalement pouvaient être ignorés, cette liste bancale. La véritable raison, la plus profonde, celle dont tout découlait, était qu'il avait suivi sa Foi, et s'était laissé porté là où elle l'emmenait. Comme il avait décidé de le faire dès sa conversion.

« Tu sais que j'ai toujours accordé plus d'attention à ma relation avec la Walkyrie et les esprits que d'autres. Pour moi la priorité était la qualité de ce contact. J'ai retrouvé la beauté des premiers jours au Lys Noir, et j'ai découvert de nouveaux espaces pour croire, encore plus et davantage. »

Antoine Vaudremont n'était clairement pas un rationaliste, sans être assez stupide pour tourner à la bigoterie. C'était un homme profondément attiré par la quiétude apportée par des croyances qui fournissent les réponses à toutes vos questions, un prêtre qui travaillait à approfondir sans cesse les bases de la sorcellerie, un homme qui s'était donné ce sens là à sa vie.

Les gens qui avaient la vocation de se consacrer à ce point là à un ensemble de pensées fumeuses et plus illusoires que certaines étaient rares. Et généralement difficile à comprendre. Ils réfléchissaient trop différemment, agissaient de façon encore plus incohérente, à force de vouloir comprendre l'autre monde, ils finissaient par appartenir à moitié à un autre monde.

A Viviane, ces dernières explications apparaitraient fumeuses, se disait Antoine. Mais il s'en fichait: son propre fils ne le comprenait pas alors...

« Je sais que tu as l'impression que je viens d'un autre monde à dire ca, mais réfléchis à ceci: la relation entre un Sorcière et Olrun, c'est la source de son identité, de sa dignité, de tous ses repères et de toutes ses capacités. Nous ne sommes qu'à travers Olrun. Ca vaut le coup de se battre et mourir pour d'aussi belles choses. Voilà pourquoi cette guerre. Voilà pourquoi certains comme moi font des actes aussi insensés que de changer de tribu.Voilà pourquoi le Lys a commencé et l'Ancienne Tribu a continué. »
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Viviane Valdemar
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MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeMer 8 Juin 2011 - 1:37

Viviane ne pourrait sans doute jamais vraiment comprendre ce choix, tout au plus, elle pouvait vaguement l'accepter. Mais elle trouvait tout de même que ce n'était pas logique, il y avait quelque chose qui, selon elle, clochait dans le raisonnement d'Antoine. Elle ne se gêna d'ailleurs pas pour le lui faire remarquer.

« Comment tu pouvais savoir Antoine ? Comment tu pouvais savoir que le Lys te permettrait de renouer plus encore avec tes croyances ? Qui te dis qu'ils ne te lasseront pas eux aussi. Que feras-tu si ça se produit ? Reviendras-tu vers ton passé ou créeras-tu ta propre Tribu ? »

Sans être agressive dans le ton, Viviane avait la parole acerbe, le duel était toujours frais dans sa mémoire, même si elle essayait d'en faire abstraction. Il avait joué avec le feu, avec leur vie, il n'avait pas pris conscience des risques de ce qu'il était en train de faire, et elle lui en voulait pour cela. Antoine mettait ses croyances prioritaires sur toute autre chose, mais il avait tort. Olrun était certes importante, mais à quoi bon lui dédier entièrement sa vie si on la perdait par manque de discernement. La déesse était là pour les accompagner, pas pour qu'ils lui offrent leur vie. Du moins, était-ce comme ça que Viviane voyait les choses.

Du regard, elle balaya la Clairière, ce lieu si cher à son cœur, le seul endroit où elle s'était toujours sentie en sécurité jusqu'à la création du Lys. La guerre qui faisait rage entre les deux tribus avait déjà fait beaucoup trop de victimes et ne cesserait d'en faire tant qu'Alicia resterait à leur tête. Mais comment Antoine avait-il pu les rejoindre alors qu'ils savait de quoi le Lys était capable. Ce qu'ils avaient fait, comploté, n'était digne de personne.

« Tu savais Antoine, tu savais qu'ils avaient commis des crimes impardonnables. Comment as-tu pu oublier le bal des âmes, la mort d'Elena ? Comment ont-ils trouvé grâce à tes yeux alors même qu'ils n'avaient fait que semer la mort depuis leur début. Ma propre mère est venue me hanter Antoine, elle était morte de chagrin suite au départ de Cassandra et elle est revenue me dire que c'était de ma faute, que je n'avais pas su la retenir. Et je ne suis pas la seule. Ils ont semé la terreur en ville, l'Inquisition s'est renforcée depuis que la Lys a été créé, chaque jour de son existence met nos vies en péril, comment fais-tu pour vivre avec ça ? »

Viviane s'agitait, s'échauffait, le but de ses questions n'était pas de détruire Antoine, mais plutôt de tenter de comprendre comment il avait pu, comment il avait pu trahir les siens pour quelque chose d'aussi noir que le Lys, ça dépassait son entendement.

« Je ne cherche pas à te démonter Antoine, je cherche à comprendre. Tout cela me dépasse. Comment peut-on arriver à renier ses amis au point de les tuer. N'y a-t-il pas déjà suffisamment de souffrances en ce bas monde pour ne pas en rajouter ? »

Viviane n'avait jamais vraiment eu de chance, elle avait toujours été trahie de toutes parts, par sa propre Tribu quand ils avaient rendu Cassandra amnésique, par ses parents qui avaient refusé de lui dire ce qui lui était arrivé, par son mari qui l'avait quittée, par Europe qui se jouait d'elle. Même Narcissa, en devenant amie avec ce petit parvenu de Geisler l'avait trahie en quelque sorte. Elle n'avait plus confiance en personne et personne ne semblait lui faire confiance. Sauf Louisa peut-être, Louisa à qui elle mentait depuis des années. Les humains étaient donc voués à cela ? Se trahir dans cesser mutuellement ? Il ne fallait rien attendre de mieux de la vie ?

« Pourquoi trahissons-nous nos proches, encore et toujours ? Je me sens si lasse de tout ça Antoine... »

Ce n'était pas vraiment une question, plutôt un réflexion à elle-même. Viviane mourrait d'envie de parler franchement avec Louisa, mais connaissant le tempérament de cette dernière, il serait fort probable qu'elle lui arrache les yeux pour lui avoir menti toutes ces années. La sorcière appréciait la compagnie d'Antoine parce qu'avec lui, il n'y avait pas de faux-semblants, pas de mensonges. Ils se parlaient franchement, et ce, depuis qu'il était venu à la boutique. Si dans un premier temps, cela avait amené à un combat, maintenant, ils étaient là, l'un en face de l'autre, à se parler avec une franchise dont Viviane n'avait plus fait preuve depuis des années. C'était libérateur en quelque sorte.


Dernière édition par Viviane Valdemar le Dim 19 Juin 2011 - 22:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeSam 11 Juin 2011 - 11:47

Pourquoi trahir?

Parce que si la Déesse accompagnait les fidèles, le devoir des fidèles étaient de la suivre. Parce que les agissement d'une Tribu n'avait rien à voir avec sa doctrine. Parce qu'il avait fait le choix de prendre les décisions les plus infernales, tant qu'il pourrait approfondir sa relation avec Olrun. Parce qu'Antoine était plus mystique que la plupart, qu'il cherchait avec plus d'énergie un contact personnel avec les walkyries que les Inquisiteurs avec Dieu. Parce qu'il n'y avait pas de prix pour s'élever jusqu'aux racines du savoir. Des centaines de milliers de chrétiens étaient sous les feux ou bien vivaient avec les conflits religieux qui enlisaient l'Europe, et pourtant ils ne renoncaient pas à leur Foi. Ils ne rejetaient pas leur Eglise sous prétexte qu'elle accomplissait le mal.

Si même des chrétiens pouvaient faire cela, pourquoi pas des sorciers?

Ce qui se pense clairement se dit clairement. Pourtant, Antoine avait toutes les peines du monde à formuler correctement ce qu'il avait en tête: il devait absolument censurer ses pensées, sous peine de passer pour un fou, de paraître inhumain. Mais comment dire autrement ce que en temps normal il n'envisageait pas de tempérer? Dogmatique comme il était, il n'était pas du genre à faire de compromis. D'habitude. Mais il ne voulait pas effrayer Viviane, il y avait quelque chose de neuf entre eux qu'il avait peur de briser, et auquel curieusement il tenait.

La savoir à une égalité stricte faisait qu'il avait envie de lui confier sa nature, mais elle était de l'ancienne tribu, il était du Lys. Elle était aigrie, avait passé de nombreux moments difficiles et se les étaient pris en pleine face, là où Antoine n'avait eu à déplorer qu'un veuvage, blessure profonde certes mais nette et non suppurante, et une campagne de diffamation où le Lys Noir l'avait soutenu. Viviane n'avait pas trouvé autant d'appui en sa foi qu'Antoine. Le Prêtre avait réussi à dévier les attaques en s'élevant au dessus de celles-ci, la prêtresse n'avait peut être pas eu autant de succès. Il y avait une attirance forte, compensée par de multiples différences

« Un homme ne peut pas avoir plusieurs maîtres. J'ai choisi la Walkyrie comme unique maîtresse, et voilà la cause de chaque choix que j'ai fait dans ma vie, y compris des plus douloureux. J'ai prêté allégeance à la Walkyrie et son héritage, et non à la Grande Prêtresse ou à la Meneuse. La Tribu d'Olrun a commencé à m'enfermer dans ses rituels et son organisation, elle a voulu substituer la Grande Prêtresse à Olrun elle même. Cela, je ne pouvais pas le supporter, encore moins que les crimes du Lys. »

C'était exprimé de la façon la plus simple qui soit, mais peut être pas de la moins polémique. En tout cas, à une femme qui avait été très affectée par tous ces conflits, qui justement trouvait qu'il n'y avait rien de plus grave que les crimes du Lys et que l'ancienne tribu n'avait aucun problème, c'était pas la bonne formulation. Tant pis, décida Antoine.

« Je n'aurai jamais qu'un seul maître, Olrun et surtout son héritage. Si le Lys devient une contrainte pour ma foi, un frein à mon développement, peut être irais je le quitter. Mais je ne serais jamais assez populaire pour fonder une autre tribu, qui donc irait me suivre? Je pense plutôt que je serais ce jour là un ermite, et que je m'enfoncerai certainement soit dans la folie, soit dans l'illumination. Même les choix les plus douloureux, je les ferai. »

Il avait été lui même, il n'avait pas moyen d'être autrement. Il était un extrémiste il le savait, un mystique, il le reconnaissait à demi-mots, ces gens là sont généralement fait pour être à l'écart de la majorité. Antoine n'avait pourtant pas encore basculé dans le fanatisme rigoureux, car c'était dans la tribu, dans la majorité seul qu'il trouvait sa principale raison de vivre. Il était Prêtre, il faisait vivre le Lys Noir, mais le faisait vivre selon l'héritage d'Olrun. En ermite, cela n'aurait aucun sens.

« A toi de voir si tu peux me comprendre ou pas. Mon chemin n'est pas évident pour personne. Et pourtant, j'appartiens à ce monde, définitivement. »

Car il y était né, il y vivait. Car il était un homme jusqu'à la moelle, avec sa part de génie et sa part de vice, son Bien et son Mal. Il était juste un homme, un homme d'Olrun.
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MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeVen 17 Juin 2011 - 3:17

Non, décidément, Viviane ne pouvait comprendre Antoine. Il y avait chez lui cette étincelle dans les yeux quand il parlait de la Déesse, une lumière vivace, plus qu'un simple croyant, Antoine lui vouait un véritable culte. Il avait effectivement une foi que personne ne pouvait réellement appréhender. Viviane ne se sentait pas misérable ou inférieur face à ça, mais plutôt curieuse. Il semblait aux yeux d'Antoine que la foi justifiait les moyens. Dès lors, qu'est-ce qui le différenciait de l'Inquisition et de ses agissements. Si Olrun leur demandait de brûler tous les hérétiques à leur religion, accepterait-il ? Il était bien évident dans l'esprit de la sorcière qu'une telle chose n'arriverait certainement jamais, mais la question était tout de même à se poser.

Antoine avait-il des limites ? Était-il capable de s'arrêter quand ça devenait dangereux ? Non, certainement pas... Elle l'avait bien vu ce soir lors de leur duel. Et soudain, elle eu peur de lui, peur de ce rigorisme, peur de cet abandon total à la foi. Et même s'il avait reconnu être avant tout un être humain, elle ne doutait pas qu'il souhaiterait être autre chose s'il le pouvait.

« Tu es un homme étrange Antoine, dangereux à ta manière. Je ne sais pas trop comment ni pourquoi tu en es arrivé là, mais tout cela a un côté terriblement effrayant. »

Premier aveu de faiblesse de la part de Viviane depuis qu'elle avait reparlé à Antoine, étrangement, elle s'en sentait soulagée. Antoine pouvait être véritablement effrayant, et il était bon qu'il le sache.

« Tu dis que tu es de ce monde, que tu es comme nous, mais sans vouloir t'offenser, tu es différent Antoine. Il y a quelque chose en toi qu'aucun de nous ne pourra comprendre. Ta foi est inébranlable, et quelque part admirable... Mais n'oublie pas, n'oublie pas à quoi mènent tous les excès ! Tant de morts à cause des croyances, ne fais pas de toi l'un d'entre-eux ! »

Ses propos étaient volontairement ambigus, l'un d'entre-eux pouvait tout aussi bien signifier l'une des victimes que l'un des coupables. Antoine était dangereux pour les autres, mais aussi pour lui-même. Maintenant qu'Alicia était portée disparue, qui sait ce qu'il adviendrait du Lys ? Antoine y trouverait-il encore sa place ? Tant de questions, encore et toujours, et si peu de réponses... Viviane n'était pourtant pas sûre de vouloir savoir. Sous des dehors rustre, la sincérité de ses réponses avait quelque chose de touchant, qu'elle ne percevait pas consciemment.

La soirée avait été riches en émotions et en événements, Viviane était lasse et n'avait qu'une envie, se reposer plutôt que débattre à nouveau pendant de longues heures sur qui avait tort et qui avait raison. Dans un souffle, elle se redressa.

« Tu m'aides à masquer les preuves de notre duel ? Si Europe apprenait ce que j'ai fait, je ne donne pas cher de ma peau... »

Et une à une, elle commença à ramasser les branches qui traînaient et à les jeter dans les bois un peu plus loin. Elle envoya un bourrasque de vent pour rendre l'herbe moins aplatie et dans une position plus naturelle qu'écrasée par des pas violents. Quand enfin, tout fut finit, elle reprit ses quelques affaires et après un dernier coup d'oeil sur ce lieu apaisant, elle s'en alla.

« Au revoir, Antoine ! »

Parce que oui, sans trop savoir pourquoi, elle comptait le revoir. Certains gestes que l'on pose ou certaines paroles sont parfois absurdes, peut-être que ces dernières l'étaient, mais Viviane n'en n'était pas sûre. Qui pouvait se targuer de savoir de quoi serait fait le futur ?
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Antoine Vaudremont
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MessageSujet: Re: Fuis-moi, je te suis   Fuis-moi, je te suis Icon_minitimeSam 25 Juin 2011 - 22:58

Antoine n'aurait pas dû tarder dans la Clairière, il resta pourtant à regarder cette femme partir. Il n'était pas euphorique, ni même satisfait, une sorte de malaise le prenait au coeur, aggravé en quelque sorte par la fascination nostalgique de ce lieu magique dont il était désormais banni. Un sentiment de malaise dont il n'identifiait pas l'origine, qui ressemblait à un début de doute, maladie dont Antoine se croyait totalement immunisé, ou alors à un sentiment de culpabilité alors qu'il ne connaissait pas la faute.

Il était à la fin du duel, en quoi avait t il avancé, qu'avait il gagné? Il s'était battu en pure perte, avait blessé gratuitement Viviane Valdemar, elle qui fut une des apprenties de la même classe que lui, lorsqu'il était jeune. Il n'arrivait pas à se réjouir de l'égalité du Lys Noir sur l'Ancienne tribu qu'il venait de prouver: tout était gâché par l'idée d'avoir fait du mal à Viviane.

Aucun sorcier ne devrait lutter contre un autre. Il fallait être chrétien pour être aussi stupide. Adepte d'une même religion, adhérents à une même philosophie, les sorciers n'étaient pas assez nombreux pour se permettre une guerre totale ou partielle. Et derrière les sorciers et les sorcières c'étaient des êtres humains, des frères dont on versait le sang ou qu'on précipitait dans la fange. Et Antoine se rendait compte que malgré la rancoeur accumulée envers tous ceux de l'Ancienne tribu, il était capable de la laisser de côté et de l'oublier malgré lui. Il avait pourtant cru qu'il détesterait à vie l'Ancienne tribu... C'était une brèche, une vraie.

Et alors? Serait il payé d'un quelconque bon sentiment en retour? Considérant qu'ils ne respectaient pas la liberté de choix, ce genre de démarche était une faiblesse, c'était présenter son cou à la hache du bourreau. Mais bon, Viviane serait peut être différente. Après tout, jusqu'ici tout, depuis la boutique jusqu'à la Clairière déserte s'était passé entre lui et elle, et elle ne s'était pas cachée derrière la Tribu, et tout était un conflit personnel, purement personnel. Viviane n'avait pas déchaîné la Tribu dite d'Olrun sur la tête d'Antoine.

C'est une femme bien pensa-t-il alors qu'il se décida à tourner les talons, et quitter la Clairière. Dès qu'il passa les premiers bosquets, la forêt sembla soudain s'épaissir et les buissons grandirent brutalement, bloquant la vue. Antoine ne pourrait pas retrouver ce lieu avant longtemps, à moins d'être de nouveau invité par un membre de l'ancienne tribu. Tels étaient les enchantements qui protégeaient ce lieu sacré entre tous, où des centaines de générations avaient pratiqué la magie, le Lieu Saint de la sorcellerie... à jamais interdit à Antoine. C'était de nature à lui donner le cafard.

En humant l'air de la nuit, il décida d'enlever sa chemise et de laisser le vent frais fouetter son torse musclé, distinguant dans les courants d'air la respiration des dryades et les rires des sylphes. Le chemin était facile à distinguer au retour, comme pour encourager à partir de cet endroit mystérieux. Antoine retomba dans ses pensées au troisième pas, se demandant s'il allait tout laisser en plan après le duel. Devait il la retrouver et s'excuser mieux que ce qu'il avait fait? L'ancienne tribu interdisait les contacts...

Une lettre suffirait bien pour commencer.
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