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 Le Doute pèse sur Cassandra

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AuteurMessage
Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
Conseiller de la Suprema
Sébastien Garin


Le Doute pèse sur Cassandra Vide
MessageSujet: Le Doute pèse sur Cassandra   Le Doute pèse sur Cassandra Icon_minitimeLun 21 Mar 2011 - 19:16

Sur le chemin du retour, alors que les hommes de main se répandaient comme une fièvre sur Forbach, Sébastien Garin semblait retiré dans son propre univers, marchant d'une démarche mécanique, accompagné de deux hommes de mains qui se tenaient autour de Cassandra de Saint Loup. Nul ne le voyait marmonner, mais pourtant les débats informes avaient bel et bien lieu et les arguments pour et contre se succédaient à la vitesse de la pensée.

Cassandra était elle réellement proche des sorcières? En était elle une?

Considérant que c'était elle la principale artisane du décryptage du poème, il semblait stupide qu'elle soit une sorcière du Lys comme Alicia, et douteux qu'elle soit une sorcière tout court, mais son nom avait été cité par une condamnée, et le coeur se jetait sur cet argument que la raison tentait de rejeter. Sarah Geisler voulait rejeter cette hypothèse de toutes ses forces, mais son âme était beaucoup moins sûre.

Le sujet était d'autant plus douloureux lorsqu'on considérait la place importante qu'avait Cassandra dans la vie de la travestie.

D'abord, elle était la seule personne au monde mis à part son fils qui connaissait sa véritable identité et elle avait donc tout simplement sa vie entre les mains de la comtesse de Saint-Loup. Cassandra était un lien de plus qui empêchait Sarah Geisler de sombrer dans la folie et de devenir complètement Sébastien Garin. Cassandra l'avait considérablement aidé à élever son fils en lui offrant des vacances régulières à Rodez, ce qui avait apporté à l'enfant une dose non négligeable d'oxygène, et qui l'avait certainement empêché de se noyer dans le brouillard de Forbach.

Pour tout cela, Sarah Geisler aurait dû absoudre d'office son amie, mais Sébastien Garin était à présent tellement puissant qu'il était hors de question de balayer une quelconque dénonciation d'un revers de main et se priver d'une sorcière potentielle. C'était une déformation professionnelle pour Sébastien Garin, une déformation de l'âme pour Sarah Geisler.

En passant l'arche de pierre du portail de la Collégiale, elle montra la direction de son bureau, et il ne se passa pas plus d'une minute avant que Sébastien Garin et Cassandra de Saint-Loup ne rentrent dans le bureau du Second, puis y soient seuls, les hommes de mains envoyés donner de l'aide à ceux qui arrêtaient les autres dénoncés. Sarah Geisler ne parla pas tout de suite, essayant de trouver la bonne manière de dire ce qu'elle avait sur le coeur. Pour se distraire du silence, elle prit quelques bûches sur le côté de la cheminée et une poignée d'amadou, le disposa au centre du foyer, et alluma le feu. Dès que les flammèches se propagèrent aux buches, elle réussit à se lever et fixa Cassandra de Saint-Loup d'un regard trouble, qui était aussi tourmenté que les sentiments qu'elle abritait.

« Cassandra... Pourquoi Alicia t'a-t-elle nommé? Dis moi que tu n'as rien à voir avec elle... »

Elle se frotta les yeux pour en faire partir des larmes encore imaginaires.

« Dis moi que tu n'es pas des leurs. Que tu ne m'as pas trahi. »

Ce n'était pas un ton dur et accusateur. C'était un ton blessé et suppliant.
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


Le Doute pèse sur Cassandra Vide
MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Cassandra   Le Doute pèse sur Cassandra Icon_minitimeMar 22 Mar 2011 - 2:23

Finalement, pendant qu’elle suivait Sarah Geisler, deux Inquisiteurs vinrent à ses côtés et l’encadrèrent sans violence ni brusquerie. Sans se départir de son air calme et digne, Cassandra marcha lentement au sein de la formation qui l’entourait, comme si elle n’avait rien à craindre. Et pourtant, au fin fond d’elle-même, elle était pétrifiée. Son propre sort ne l’inquiétait pas vraiment, parce qu’elle savait qu’elle s’en sortirait, en revanche, celui de Viviane... Lui faire parvenir un message paraîtrait suspect. Elle avait les mains liées. Tout ce qu’elle pouvait espérer, c’était que sa sœur nie avec ce qu’il fallait de véhémence et de mépris, et surtout, mente de manière crédible, ce qu’aux dernières nouvelles elle n’était pas capable de faire. Royale, Cassandra avançait entre les Inquisiteurs, alors que son cœur était mis au supplice. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était de croire en elle. Viviane parviendrait à s’en sortir. Il fallait qu’elle y parvienne. Seigneur, faites qu’elle y parvienne !

Quelle absurdité. Demander à Dieu de protéger une sorcière... à quelles extrémités était-elle parvenue ? Devenait-elle folle ? Mais Viviane était une sorcière blanche, qui œuvrait pour le bien, tandis qu’Alicia Maestriani était une sorcière noire, qui œuvrait pour le mal. Viviane ne méritait pas le sort que l’Église réservait à la sorcellerie. Et même s’il lui arrivait d’être hérétique, ce n’était jamais pire que certains nobles extravagants de la Cour. Ou même que les Comtes de Toulouse. Alors après tout...

Enfin, ils parvinrent à la Collégiale, et assez naturellement, Cassandra et Sarah Geisler se retrouvèrent seules dans le bureau du Second. Cassandra se garda bien de prendre la parole ou de dire quoi que ce soit. Tentant vaguement d’imaginer ce que pouvait ressentir son amie, elle attendit patiemment, s’obligeant à penser à quelqu’un d’autre que Viviane. Le silence lui semblait pesant, et elle commença à craindre que Sarah Geisler n’ait cru sur parole la Meneuse du Lys Noir. Heureusement, le Second finit par parler. Et là, Cassandra répondit calmement, offrant un regard décidé et dénué de crainte.

- Je n’ai rien à voir avec Alicia Maestriani. Je suis seulement son hôte. En revanche, je peux t’expliquer ce qui m’est arrivé aujourd’hui. Je ne sais pas si tu as vu mon moment de faiblesse, pendant le discours de la sorcière. Je ne suis pas experte en la matière, mais je mettrais ma main à couper que je vivais sous l’emprise d’un sortilège depuis plus de quinze ans. Les paroles d’Alicia Maestriani ont brisé ce sort aujourd’hui, parce que je me suis souvenue de quelque chose que j’ai tenté de faire il y a quinze ans, avant de quitter Forbach. Et je ne vois pas ce qui aurait pu occulter cette partie de ma mémoire, à part l’intervention du démon.

Cassandra se plongea dans les souvenirs qu’elle venait de retrouver, regardant les flammes tout juste ranimée par Sarah Geisler. Après un court silence, elle releva la tête et planta son regard dans celui de son amie.

- À l’époque de Touchedieu, juste avant sa pendaison, j’ai... bravé les ordres et pénétré sa cellule, en me servant du blanc-seing. Peu importe la teneur de ma discussion avec lui, mais il m’a donné le nom d’Alicia Loewenstein. Tu me connais : je n’ai pas hésité une seconde et j’ai filé au Château de Frauenberg pour la confondre. Cette femme m’a avoué être une sorcière, et j’ai voulu l’arrêter. À l’époque, je pensais même qu’elle appartenait à Olrun. Toutefois, ma tentative a mal tourné. Elle a fini par m’ensorceler et j’ai quitté le Château sans me souvenir de l’altercation, dans un état de grande confusion, d’ailleurs. Je pense que c’est ce qui explique ma réticence à arrêter de front Alicia Maestriani. Sans doute qu’au fond de moi, je me souvenais avoir déjà tenté l’expérience...

Mère Mattea ne craignait pas grand chose. Pourtant, elle aurait dû agir avec moins de spontanéité et de fougue. Sa fierté et sa manie d’agir seule lui avaient coûté une emprise de quinze ans, dont elle n’avait même pas eu conscience. Et dont Viviane non plus n’avait pas eu conscience, d’ailleurs. Fichus pouvoirs que ceux dévolus à cette sorcière du Lys...

- Cette promesse qu’elle m’a faite, il y a quinze ans, était cousue de menaces. Si je l’approchais encore, elle devait accuser les miens pour les faire mourir. C’est maintenant chose faite...

Cassandra réalisa à cet instant à quel point c’était vrai. La seule chose qui n’allait pas, c’était que Viviane était vraiment une sorcière. Mais pas comme Alicia Maestriani. Loin de là... Le regard franc et perçant de Cassandra se posa sur Sarah Geisler.

- Je ne suis pas une sorcière. Je n’appartiens à aucun Clan. Et si je suis revenue, c’est pour t’aider, du côté de l’Inquisition.

Laissons le passé là où il est. Ne déterrons pas maintenant les erreurs d’une jeune femme en quête de puissance et de grandeur. Allons de l’avant, et chassons l’engeance maléfique de Forbach.
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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
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Sébastien Garin


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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Cassandra   Le Doute pèse sur Cassandra Icon_minitimeSam 26 Mar 2011 - 2:33

"Je ne sais pas... c'est si confus et si douloureux... »

Cassandra était la seule dépositaire adulte, mis à part David maintenant du secret de Sarah Geisler. Au départ, c'avait été un geste désespéré mais la réaction de Mère Mattea ne fut pas de dénoncer le Second, mais au contraire retirer toute démarche sur le sujet. Sarah avait pu faire confiance à une seule personne lors de sa vie d'adulte et c'était Cassandra. Elle avait même laissé son fils en vacations chez elle, bien que la prudence aurait dicté l'inverse.

Le choc ressenti par la fausse accusation avait été réel et concret, à la hauteur de cette confiance, et les séquelles n'étaient pas encore prêtes à partir. La tête disait oui pour le blanchiment de Cassandra, le coeur disait « un moment ». Cela dit l'histoire était réaliste, et avait même des accents de vérité: c'était bien dans le genre de Mère Mattea de passer outre les instructions, d'aller visiter un criminel dans sa cellule, et avec des preuves aussi minces affronter directement le monstre.

« Ce doit être la vérité. J'espère que c'est la vérité. Sinon... »

Encore une fois ce n'était pas menaçant, c'était plutôt un couinement du cœur, comme une structure attaquée par le vent qui gémit sous la contrainte. Confusément, Sarah Geisler sentait venir un point de rupture que l'arrestation d'Alicia, qu'il pensait juste décevante, avait contribué à rapprocher.

« Il est nécessaire cependant de suivre la procédure, et les formes prévues. Que je sois complètement sûre que vous n'êtes pas suspecte! »

Cette fois ci, le ton était cinglant, désagréable et frigide, il contrastait sérieusement avec tout ce qui avait précédé, à se demander si c'était deux personnes différentes qui avaient parlés. Et pourquoi pas après tout, il y avait bel et bien Sarah Geisler et Sébastien Garin, deux rôles pour un même corps... Mais cela n'alla pas plus loin, car en ces moments d'intimité, c'était Sarah Geisler qui avait l'avantage, et qui défendait farouchement son pré carré. La bataille fut aussi courte que visible, le temps pour le Second d'essuyer une larme farouche.

Elle distingua tout d'un coup avec netteté sa fragilité: toute cette comédie aurait dû finir il y a seize ou dix sept ans, elle aurait dû rejeter ses habits d'hommes et redevenir une femme à vingt trois ans, elle en avait quarante désormais. Cette prolongation de peine l'avait miné bien plus qu'elle ne pensait, endommagé plus gravement qu'elle supposait. Il y avait à présent une fracture ouverte entre son indentité réelle et le rôle qu'elle jouait depuis si longtemps. Elle était même proche d'avoir été plus longtemps Sébastien Garin que Sarah Geisler.

Son identité même était en péril, et les sorcières ne voulaient toujours pas se taire et la laisser s'enfuir. Les sorcières avaient décidé sa perte. Les sorcières étaient inhumaines et inconscientes du mal qu'elles faisaient. Les sorcières méritaient de mourir. Les sorcières devaient brûler, ou bien ce serait Sarah Geisler qui serait sacrifiée. Les sorcières, et toutes leurs alliées. Les sorcières sont les coupables. Les sorcières sont les monstres.

Cassandra n'est pas une sorcière!

« Raaaaaaaaah! »

Sarah Geisler se retourna et frappa le bureau avec une violence difficile à concevoir dans un corps aussi frêle. Le son sonna mat et le poing fit un mauvais son en retour. Le dos tourné à Cassandra, Sarah Geisler garda obstinément la tête baissée, cherchant à dissimuler les torrents d'émotions, haine tristesse et rage, qui l'agitaient.

« Injuste... Injuste... »
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Cassandra   Le Doute pèse sur Cassandra Icon_minitimeDim 3 Avr 2011 - 13:48

Abasourdie par les propos qui sortaient de la bouche du Second, Cassandra regarda un instant son amie, visiblement en proie à des sentiments qu'elle ne parvenait pas à canaliser. Et l'espace d'un instant, elle ressentit une certaine colère. Elles étaient amies, que diable ! Elle était revenue de Rodez pour l'aider, elle mettait la sécurité de Narcissa en danger pour tenir sa promesse et elle appartenait aux rangs de l'Inquisition depuis longtemps... et voilà comment elle était payée ? Que Sarah Geisler ait des doutes, c'était finalement compréhensible. Mais qu'elle ose les maintenir face à elle alors qu'elle venait de donner des explications rationnelles et suffisantes sembla être à la Veuve d'une ingratitude monstre. Elle laissa un petit silence s'écouler, attendant une excuse ou un geste qui ne vint pas. Alors, lentement, elle répondit :

- « J'espère que c'est la vérité » ? Mais... j'ose espérer qu'il s'agit d'une plaisanterie du plus mauvais goût ! Tu mettrais ma parole en doute ?

Plus que vexée, Cassandra était blessée. Au-delà du simple fait qu'elle ne supportait pas qu'on la remette en question, elle aurait cru que leur amitié occupait plus de place dans le cœur du Second. Elle regarda froidement Sarah Geisler, ou plutôt Sébastien Garin, lui rendant ce même regard dont il venait de la gratifier. Soudainement, aussi stupide que cela paraisse tant c'était venu rapidement, et de manière inattendue, Cassandra réalisa qu'elle était à la limite. Et elle se demanda si son interlocutrice avait conscience qu'elle s'avançait sur un terrain extrêmement dangereux. Cassandra était une personne loyale – pour preuve, même si après l'interrogatoire elle devait mettre fin à son amitié avec le Second, elle ne révélerait pas son secret, par respect – et elle n'aurait jamais traité ainsi une vieille amie. Devant le silence de Sarah Geisler, elle continua :

- Je vais te dire ce qui est injuste. C'est qu'une Inquisitrice qui a passé plus de la moitié de sa vie dans les rangs de la chrétienté soit mise en examen par une des seules personnes dont elle pensait avoir la confiance.

Elle regarda son amie, qui serrait les poings et ne lui offrait qu'un dos voûté. Elle voulait donc passer par un interrogatoire ? Eh bien, qu'elles y aillent, et de bon cœur ! Tant qu'à faire, elle répondrait à chaque question. Après tout, que risquait-elle ? Elle n'était pas une sorcière, elle le savait. Elle n'était pas hérétique non plus. La vérité finirait par éclater. Tout comme leur amitié, d'ailleurs. Elle termina d'un ton tranquille, puis se retourna et s'installa dans un fauteuil, en s'y calant confortablement. Cassandra ne voulait vraiment pas se mettre en colère, et elle finit par réussir à revenir à des sentiments plus sereins. D'un ton sans appel, elle termina :

- Passons à l'interrogatoire, alors. C'est l'étape suivante, n'est-ce pas ? Nous n'en sommes qu'au début de la procédure, et je la connais sur le bout des doigts. D'ailleurs, pour la sixième étape, je te préviens déjà que je ferai mander un témoin, comme j'en ai le droit.

Et rien que pour ralentir la procédure et casser les pieds au Second, elle ferait venir quelqu'un de Rome. Cassandra posa royalement ses mains sur les accoudoirs du fauteuil. Elle espérait sincèrement que Sarah Geisler revienne sur ses paroles. Elle pourrait pardonner un écart tout à fait compréhensible au vu de la situation confuse dans laquelle elles étaient, mais pas un interrogatoire dans les règles. Une telle humiliation lui ferait quitter Forbach sans un regret.

- Et fais-moi le plaisir d'avoir au moins le courage de me regarder dans les yeux, quand tu m'accuses.

C'était sans doute ce qui avait le plus heurté Cassandra : que son amie ne soit même pas capable de l'accuser ouvertement et franchement. Mais c'était ce qui lui donnait aussi le plus d'espoir concernant la suite : elle connaissait Sarah Geisler, et elle savait que cette manière de dissimuler ses véritables émotions prouvait qu'elle était en proie à un dilemme. Tout n'était pas perdu...
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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Cassandra   Le Doute pèse sur Cassandra Icon_minitimeLun 16 Mai 2011 - 18:11

Etait elle réellement en train de partir en guerre contre la seule personne au monde qui pouvait être considérée comme une alliée et une personne sûre? Sarah Geisler ne s'en rendait pas bien compte, elle était dans un état où elle considérait que le monde entier était son ennemi, les conspirateurs, curieux, et délateurs étaient derrière chaque dalle de cette salle. Cela fut le déclic qui l'amena à comprendre pourquoi elle s'était acharnée aussi aveuglément.

Tout ce qui avait existait entre ciel et terre, ou peu s'en faut, n'avait cessé de l'agresser d'une manière ou d'une autre continuellement pendant quinze ans. Soit directement, soit par leur indifférence. Elle s'était déjà longuement lamenté sur toutes les souffrances de sa privation d'identité, et avait abondamment accusé tout le monde. Mais alors qu'elle était en train même d'accuser la dernière personne sur Terre qui ne lui faisait pas de mal, il y eut une idée qui traversa son esprit, et qui marqua douloureusement ses pensées:

Toute cette douleur, elle en était l'artisan.

C'était bien elle qui s'était mis dans cette situation impossible, et qui avait toujours reculé le moment où elle reviendrait dans la vie normale. C'était elle qui avait choisi le chemin de douleur qu'elle parcourait désormais, pensant agir par sainte colère, mais n'y trouvant qu'une forme de damnation et une malédiction prégnante. Au nom de David, elle avait même élevé son fils dans de mauvaises conditions, qui avait fait de lui un homme qui n'en finissait pas de s'approcher de l'âge adulte, et dont les dernières mutations laissaient entrevoir le pire.

Et elle avait accusée l'extérieur de cette douleur intérieure, et elle avait considéré les inquisiteurs comme des geôliers, les sorcières comme des pousse-au-crime, et Cassandra comme un ennemi. Elle avait même pesté contre David qui devenait lentement un Frère François. Le monde lui en voulait donc tant? Elle en avait même perdu sa foi en Dieu, au vu de la malédiction dont elle était frappée.

Mais cette malédiction elle l'avait elle même proféré.

Elle cherchait le coupable? C'était elle qui l'était. Elle cherchait à lui faire payer? Qu'elle paye elle même. Elle en était venue au bout de toutes ces années à détester et promettre de faire payer à tous ceux qui étaient responsables de son malheur. Elle haissait chacun, elle comptait bien les détruire tous.

Mais puisque c'était elle la coupable, elle se haissait elle même. Elle se détruisait elle même.

Pour la première fois depuis des années, il y eut un cri de femme. Et des sanglots qui correspondaient à la vraie Sarah Geisler. Abondants, amples, bruyants, ils semblaient annoncer la chute de Sarah dans la folie. S'il n'y avait pas eu Cassandra dans la pièce, c'aurait déjà été le cas, avec un Second qui se serait traité de « Stupide! Stupide! » et qui aurait frappé les murs jusqu'à se casser les os.

Ce coup de folie attendait depuis vingt ans, aussi vieux que la censure de sa conscience. Les cauchemars, les malaises, les bouffées de haine n'avaient fait qu'annoncer ce séisme. Jamais rien de tel dans l'histoire tourmentée du Second n'avait eu lieu.

Ce n'était peut être pas des personnes comme Cassandra qui étaient le mieux adaptées pour répondre à ces crises, mais elle était la seule ici bas à être assez proche de Sarah Geisler pour intervenir. Au milieu de tous ces sanglots et reniflements de nez, le Second releva la tête et avec une voix complètement hachée et à peine compréhensible, considérablement plus aigue que d'habitude, elle dit:

« Je suis... » hoquet de larmes « mon propre bourreau! »
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Cassandra   Le Doute pèse sur Cassandra Icon_minitimeMer 8 Juin 2011 - 12:12

Installée dans son fauteuil, Cassandra ne bougeait pas, fermement décidée à ne pas céder un pouce de terrain. Il s'agissait de son avenir, de celui de Narcissa, et elle refusait de se laisser condamner pour sorcellerie. Les poings serrés, elle attendait.

La réponse de Sarah Geisler fut tout à fait inattendue. Une crise violente s'empara du Second, comme elle n'en avait encore jamais vue. Déjà, sa voix éclata. Pas la voix de Sébastien Garin, non, la voix... d'une femme, de Sarah. Le premier réflexe de Cassandra fut incontrôlable : elle glissa un regard paniqué vers la porte pour s'assurer qu'elle était bien fermée, et que personne ne pouvait les entendre. Une fois rassurée, elle posa à nouveau son regard sur le Second, qui ne se calmait pas pour autant. C'était la première fois qu'elle voyait tant de détresse dans les yeux de Sarah Geisler. Ses gestes était désordonnés, comme fous, et sa tête semblait nier quelque chose avec force. Le tout donnait un résultat presque effrayant. La Veuve eut un mouvement de recul. Que se passait-il ? Le contexte de leur interrogatoire n'avait pas changé, et l'idée de sorcellerie fit aussitôt son chemin. Le Second était-il en train de vivre un cas de possession ? La Maestriani s'était-elle vengée à sa façon ? Allait-elle être accusée de sorcellerie sur la personne de Sébastien Garin ? Incapable de bouger alors que la crise prenait de l'ampleur, Cassandra resta dans son fauteuil, tétanisée.

Et soudainement, l'explication tomba en quelques mots, jetés de la bouche du Second. Son propre bourreau ? Voilà qui n'était pas un cas de possession, mais un authentique moment de crise. Voire de... folie passagère. Cassandra se sentit soudainement très vieille. Les années avaient passé sur elle, et elle pensait avoir tout vu, mais assister à la chute de ses amis, c'était dur. C'était même terriblement dur. Dire que leur entretien avait commencé sur une accusation de sorcellerie ! Sans plus hésiter, la Veuve se leva et s'approcha du bureau. Sans le contourner, en restant face à son amie qui était en proie au désespoir le plus profond, Cassandra se pencha jusqu'à être à sa hauteur et posa ses mains sur les siennes. Ce contact physique établi, elle essaya de rendre la sérénité à Sarah Geisler. En tentant d'avoir une voix douce – c'était toujours un peu ardu, parce que ses mots de consolation sonnaient toujours comme des ordres – elle dit lentement :

- Calme-toi. Et maîtrise ta voix. D'où te vient cette idée folle ? Tu as fait tes propres choix et tu as la force de les assumer. Si tu te prends pour une victime, tu deviendras une victime. Au fond de toi, tu en es peut-être une. Mais si tu parviens à transformer ton fardeau en fierté, si tu en fait une arme qu'on ne peut retourner contre toi, tu posséderas une force inébranlable.

Après tout, Sarah Geisler était la femme qui était parvenue à avoir le destin d'un homme, et qui parvenait à donner le change depuis plus de vingt ans. Il y avait tous les désavantages liés à cette situation, qui étaient même dramatiques dans le cas de Sarah Geisler, mais il y avait aussi tous les avantages. Le Second de l'Inquisition jouissait d'une liberté à laquelle peu de femmes auraient pu prétendre. Et elle avait un fils. Et même si tout semblait contre elle, elle se levait tous les jours, et elle continuait, sans s'arrêter. Cassandra croisa le regard de son amie – oui, amie : au diable les accusations, elle n'était pas dans son état normal et ça lui suffisait comme explication.

- J'admire le courage dont tu fais preuve et la ténacité avec laquelle tu continues. Mais l'Inquisition ne restera pas éternellement à Forbach. Nous partirons demain, dans une semaine, dans un an, dans une décennie peut-être. Mais tu ne mourras pas ici, pas en tant que Sébastien Garin. Et cet espoir te tiendra debout.

La Veuve se permettait d'emprunter ces mots à sa belle-mère. Oui, l'espoir l'avait fait vivre, après la mort d'Amaël. L'espoir d'un jour aller mieux, de voir Narcissa devenir une jeune femme heureuse et accomplie, de pouvoir appeler le Second Sarah Geisler, de convaincre Viviane de venir vivre à Rodez. Aucun de ses espoirs n'était réalisé. Et pourtant, elle avançait, elle aussi, tant bien que mal.

- En parlant de bourreau, tu ne voudrais quand même pas être le mien, si ?

L'humour dans la bouche de Cassandra n'était jamais vraiment de l'humour. En fait, il était même peu probable que Sarah Geisler comprenne jamais qu'il s'agissait d'une tentative pour la faire sourire.
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Sébastien Garin
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Sébastien Garin


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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Cassandra   Le Doute pèse sur Cassandra Icon_minitimeMer 10 Aoû 2011 - 11:14

Dans le temps, Sarah Geisler avait pensé rentrer à Nancy une fois toute cette comédie jouée jusqu’au bout, une fois qu’elle aurait les cheveux de nouveaux assez longs pour être une femme. Elle avait imaginé passer le seuil de la porte de chez ses parents, avec David dans ses bras, et c’aurait été Franck qui l’aurait accueilli, ne l’aurait peut être pas reconnu, puis serait allé voir Papa et Maman. Papa aurait été blanc, Maman se serait peut être évanouie, mais ils ne l’auraient pas chassé. Papa aurait peut être écouté d’un air sombre d’où venait ce petit-fils inconnu, un pur Geisler pourtant, mais il l’aurait finalement adopté et accepté le petit garçon.

Avec le temps c’était de moins en moins probable. Qui disait qu’après tout elle n’avait déjà pas perdu une mère et/ou un père ? Franck Geisler avait repris le commerce, s’était trouvé une épouse et avait fondé une famille depuis le temps. Il n’y avait pas de place pour sa grande sœur. Il devait y avoir d’autres petits, des petits légitimes, des enfants qui continueraient le nom des Geisler, la branche glorieuse de la famille.

Et elle, devait se faire à l’idée qu’elle ne représenterait jamais plus que la branche obscure du Nom. Celle qui a subitement disparu, dont on ne parle pas, dont on ne regarde pas le moignon. Toutes ces années, Sarah Geisler subissait le supplice de vivre à moins de vingt cinq lieues de chez elle, et de malgré tout devoir le considérer comme l’Etranger, l’Inaccessible.

Peut être fallait-t-il simplement lâcher du lest, lâcher ces projets, renoncer à revoir un jour la famille et Nancy, essayer de préparer David à la vraie vie, et espérer qu’il saura tracer son chemin dans ce monde. Peut être qu’un jour Sarah serait grand-mère, au fond d’elle elle espérait ce jour de toutes ses forces : une nouvelle génération effacerait à moitié le Crime qui avait engendré David, et de génération en génération, le Crime se diluerait de plus en plus, rendant à cette branche des Geisler son honneur et sa pureté.

Mais revoir l’autre rameau devait maintenant être proscris. Pas avant sa mort du moins, ce serait le travail de David, pas le sien.

Après la crise, Sébastien Garin était retombé dans un morne abattement, alors qu’elle prenait cette résolution qui la libérait mais à laquelle elle était fortement attachée, comme un bagage précieux qui vous a suivi tout au long d’un exil, et dont il fallait se débarrasser dans l’urgence.

« Je ne mourrai pas ici, pas sous Sébastien Garin ? Peut être, mais je crois qu’il est temps de renoncer à m’appeler Sarah Geisler et de mourir chez moi. Je ne reverrai jamais Nancy. »

Selon Cassandra, Sarah Geisler avait la force, mais qui aurait la force de vivre loin de sa terre pendant vingt ans ? De ne pas pouvoir faire sienne la terre où l’on vit ? Le mal du pays n’est pas une invention. Aujourd’hui, la nostalgie de la famille et de Nancy pesait aussi lourd que le rôle de Garin, qui au fil du temps devenait de plus en plus « naturel ».

« Et pendant ce temps, Alicia nous échappe… S’il y a une chose que je dois faire de ma vie, c’est probablement l’arrêter elle. S’il y a une chose que je dois éviter, c’est de me priver de mes dernières amies. »


Une plume, du papier, et elle rédigea vite le billet qui servirait à blanchir totalement Madame de Saint-Loup. Une fois rédigé, elle le mit à l’autre bout de la table et se leva pour faire le tour du meuble. Elle prit Cassandra par les épaules et consciente que son amie n’aimait pas les contacts, elle se contentât d’une accolade rapide mais aussi intense que possible.

« Pardonne moi, pardonne moi mon amie… Mais il ne me reste plus grand espoir sur cette Terre. Les plus grands reposent sur mon fils, et je ne sais pas encore si je dois être fière ou décue par lui. Peu importe, il m’échappe maintenant. »




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