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 Une ère nouvelle

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Europe
Fugitive
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Europe


Une ère nouvelle Vide
MessageSujet: Une ère nouvelle   Une ère nouvelle Icon_minitimeDim 22 Mai 2011 - 19:50

La dernière fois que les consoeurs d’Olrun s’étaient réunies de façon plénière au sein de la Schwarzwald pour fêter une bonne nouvelle, c’était lors de l’élection d’Abigael, en 1626. Depuis, les réunions de ce genre n’avaient eu que pour but de pallier aux diverses crises et situations d’urgence. Mais cette fois-ci, c’était différent. Nul table, nul amas de victuailles, nul banquet ne se dressait au milieu de la Clairière pour célébrer l’événement car il fallait rester discret; mais au-delà de ce confort minimal l’esprit de la fête était bien là, la liesse présente dans les cœurs des sorcières de la tribu…

De toutes les sorcières, sauf d’Europe.
Elle arriva après tout le monde, le visage fermé. En se faisant attendre de longues minutes, ainsi que les invités de marque dans les soirées mondaines. Tous étaient rassemblés devant elle, attendant son discours pour pouvoir commencer à célébrer la mort d’Alicia et le retour des deux grimoires. La Grande Prêtresse n’avait rien caché à sa tribu concernant ces deux événements, et la rumeur circulait donc depuis de nombreux jours, répandue avec excitation. Elle aussi avait été dans un état de fébrilité et d’enthousiasme avancé lorsqu’elle s’était retrouvée en possession des deux livres. Pourtant en cet instant, tandis qu’elle se tenait debout devant l’auditoire silencieux composé de visages familiers, elle n’éprouvait aucune joie. Toute joie avait en fait été stoppée net au moment où Europe avait appris, par le récit de cet Adal, la mort de sa pire ennemie.

Alicia… morte.

Lorsqu’elle avait entendu ceci, le temps s’était étrangement gondolé, suspendu comme un goutte à goutte… avant même qu’elle n’ait eu le temps de saisir la portée d’une telle information, la sorcière s’était aperçue qu’elle ne respirait plus car son souffle s’était bloqué au fond de sa gorge. Elle avait alors pris une grande inspiration tandis qu’une douleur vrillait sa poitrine, au sein de laquelle son rythme cardiaque semblait désormais une palpitation lente, comme un feu sur le point de s’éteindre.

Alicia…
morte.

Etait-ce seulement possible?


Elle en avait tant rêvé.
Elle en avait rêvé chaque jour sans exception, pendant des années durant, depuis qu’Elena avait respiré la fragrance mortelle qui avait anéanti son corps fragile. Elle en avait rêvé des milliers de fois par pulsation de cœur, des millions de fois à chaque battement de paupière. Savoir Alicia passée de vie à trépas était à ce point son vœu le plus cher qu’Europe s’était habituée à vivre avec de manière absolue, en faisant un élément indissociable de sa vie… Oui, cela faisait maintenant près de vingt ans. Vingt ans que l’aube ne lui apportait que les murmures cruels d’une Alicia du passé, que le crépuscule ne charriait que les esquisses sournoises d’une Alicia du futur.
Que le présent faisait tourbillonner les affres d’une Alicia tout aussi immuable qu’elle-même.

Elle en avait tant rêvé qu’elle avait eu le loisir d’imaginer ce moment de mille et une façons, toutes plus grandioses et extravagantes les unes que les autres. Elle s’était imaginé éclater d’un rire triomphal, n’ayant plus désormais devant elle aucun adversaire à sa mesure. Elle s’était attendu à fondre de soulagement, enfin délivrée de ses peurs les plus noires. Elle s’était attendu… à à peu près tout… sauf à ça. A ce sentiment intense de vide qui lui creusait la poitrine, lui donnait l’impression que son âme était allée se perdre dans un ailleurs inconnu. Elle avait rêvé à outrance de ce moment et pourtant, maintenant que son souhait était enfin réalisé, Europe s’apercevait qu’elle n’en éprouvait ni joie, ni soulagement, ni secrète jubilation.

Elle fut contrainte de s’appuyer à un tronc d’arbre car ses jambes tremblaient.

Durant les deux dernières décennies, sa vie s’était articulée autour d’Alicia, et presque exclusivement autour d’elle les premiers temps. Si elle se levait chaque matin, c’était pour assumer ses devoirs de Grande Prêtresse, car la tribu d’Olrun avait besoin de protection… à cause d’Alicia. Si elle se battait chaque jour, c’était car elle ne parvenait pas à tirer un trait sur le passé et la mort d’Elena; elle devait venger cette dernière… morte à cause d’Alicia. Si elle s’était muée en femme vile et manipulatrice, c’était uniquement pour récupérer le livre de Lumière… dérobé par Alicia. Et si elle se couchait chaque soir avec une angoisse sourde lui étreignant les tripes, car le Lys Noir avait été capable des pires inepties au point même de faire revenir les mânes des défunts… c’était encore et toujours à cause d’Alicia.
Les actes de la Comtesse rythmaient sa vie, dictaient son emploi du temps, depuis qu’elle avait décidé de scinder Olrun en deux. Alors qu’elle détestait cette femme plus que tout, et qu’elle ne l’aurait avoué pour rien au monde, Europe en était esclave. Il suffisait que la Meneuse, croisée dans le grand salon de Frauenberg, sourit d’une façon carnassière par dessus sa tasse de thé anglais pour qu’Europe sente des frissons faire vibrer tout son être, se demandant quel plan machiavélique elle allait encore déchaîner sur le monde. Le moindre geste de cette femme bacchanale rythmait son quotidien, lui causant une frustration qui dépassait la raison humaine. Elle la haïssait tellement! Pourquoi ne pouvait-elle pas profiter de la vie en toute innocence? Parce qu’Alicia était là, veillant sans cesse dans l’ombre, semant sur le monde les fuligineuses graines du malheur. Et Europe était le seul dernier obstacle, dérisoire au demeurant, qui se dressait sur la route de cette statue de marbre à l’ambition sans limite.
Oui, ç’avait été moins vrai dans un premier temps, mais beaucoup plus depuis qu’elle avait pris la succession d’Abigael.
Elles étaient destinées à se battre, s’opposer, de façon strictement antagoniste, se vouant une haine sans merci. Deux femmes aux antipodes l’unes de l’autre, chacune à la tête d’une tribu différente. Olrun contre Lys Noir. Lys Noir contre Olrun… Les négatifs l’une de l’autre. Une dualité qui avait caractérisé leurs journées au point de s’y intégrer parfaitement, comme une seconde peau, se fondant intrinsèquement dans leurs existences. Leur opposition n’était plus seulement politique, idéologique, ni même affective. Elle avait été organique, inhérente, pulsée, réflexe, multitude. C’était devenu un principe en soi, un fondement même de l’existence. Deux satellites gravitant mutuellement autour d’un même point invisible, se frôlant sans jamais se toucher, se tournant agressivement autour dans un mouvement perpétuel que rien ne pourrait faire choir… Pendant tout ce temps, la vie d’Europe n’avait eu qu’un seul sens: neutraliser enfin Alicia.
Maintenant que c’était fait… le sens de sa vie s’était donc volatilisé.
En laissant derrière lui un vide aux profondeurs si insondables qu’il lui faisait peur.

Essayez soudainement de rompre avec un élément de votre quotidien, qu’il soit positif ou négatif, après qu’il vous ait côtoyé et obnubilé vos pensées pendant presque deux décennies. La présence d’Alicia avait à ce point organisé et structuré la vie d’Europe, influencé sa façon d’appréhender le monde, constitué un élément de sa vie courante, qu’à présent elle avait l’impression que tout un pan entier de son identité lui était retiré. Avec Alicia, disparaissait tous les efforts, tous les sacrifices, toutes les catharsis auxquels elle avait douloureusement consenti afin de devenir une femme forte, apte à lutter contre la Comtesse. Elle avait pleuré, souffert, sué, pour se montrer digne de l’héritage de rivalité qui lui avait été transmis. Et tout ça n’avait servi… à rien. Il ne restait plus que le néant. Une douloureuse solitude et un monde dans lequel elle devrait évoluer bien qu’il soit dénué de toute couleur.

La vanité de l’existence la frappa de plein fouet et dissimula les larmes dans ses yeux.


Qu’avait-elle espéré? Un combat final entre les deux dirigeantes, un affrontement épique qui désignerait enfin, par les lois intrinsèquement justes de la physique et de la puissance, laquelle était supérieure à l’autre? Oui, bien sûr qu’elle avait espéré cela. C’était la seule fin qu’il aurait dû y avoir. Rien d’autre n’était envisageable.
Avec la mort d’Alicia et le retour du Livre de Lumière, une ère de liberté et de paix s’annonçait pour les autres membres d’Olrun; mais que restait-il d’Europe? Presque rien, même pas une moitié. Tout juste quelques fragments épars. Le satellite avait perdu son jumeau. Le positif son négatif. La femme sa rivale.
Elle n’était plus qu’une âme errante parmi des millions d’autres, amputée et gauche.

Ses amis l’avaient quittée les uns après les autres et maintenant, c’était au tour de ses ennemis. Allait-elle se retrouver dernière âme vivante sur cette planète? Une telle extrémité était bien sûr impossible, pourtant sous le poids de la désespérante solitude qui l’accablait, elle en était réduite à l’envisager. Alicia l’avait laissée tomber. Quelle… sale pute. Europe ne l’avait jamais autant détestée qu’en cet instant. Et elle ne s’était jamais autant détestée qu’en cet instant non plus, elle qui chialait en continu parce qu’Alicia avait été vivante, et maintenant parce qu’Alicia était morte… elle qui redoutait la solitude au point de supplier intérieurement sa pire ennemie de revenir à la vie. Juste dans le but d’exister pour quelqu’un, n’était-ce que quelques secondes.
Jusqu’au bout, elle aurait été incapable de marcher si on ne lui tenait pas la main sur un chemin déjà tout tracé.
Quelle… stupidité… affligeante.


De quoi serait constitué le futur? Vers quelle voie se tourner désormais? Des chemins innombrables auraient dû s’étaler devant elle, mais Europe ne voyait qu’un gouffre. Car ce n’était pas comme si elle pouvait reprendre sa vie d’avant, redevenant la noble enjouée et souriante qu’elle était jadis, altruiste et généreuse, aimée et comprise de ses pairs. Non, tout ça était derrière elle à présent. Elle avait franchi le point de non-retour à la seconde même où elle avait appris la mort d’Adrien. Mort sur laquelle un verrou était désormais posé, l’empêchant de faire demi-tour, même si elle l’avait voulu de toute son âme.
La noble enjouée et souriante s’était effacée au profit d’une femme austère, sèche et aigrie, qui prenait ses décisions seule et s’accrochait à son trône comme une bouée en pleine tempête. Une dirigeante incomprise de ses sujets, rendant des sentences arbitraires… Elle détestait plus que jamais Alicia mais paradoxalement, elle ne s’était jamais sentie plus proche d’elle qu’en cet instant. En fait, la Comtesse avait eu raison depuis le début, tout simplement! Etre plus crainte qu’aimée fonctionnait mieux, être manipulatrice augmentait l’efficacité de ses actes, diriger seule permettait la rapidité et l’adaptation. Europe n’avait compris cela que très récemment. Lorsqu’elle l’avait réalise, elle s’était également aperçue que par là-même, elle suivait les pas d’Alicia, de sa façon d’être. Elle apprenait, lentement, des expériences laissées derrière elle par la Comtesse. Pouvait-on dire que les deux femmes se ressemblaient, finalement? Elles avaient toutes deux été jeunes un jour. Elles avaient eu de grands rêves. Elles avaient failli s’unir. Elles avaient dirigé une tribu avec des buts humanitaires… Le destin aurait peut-être voulu que ça se passe autrement, qu’elles deviennent les amies les plus soudées de Forbach. Mais Europe avait tout gâché au moment où elle avait dévoilé la vraie nature de son âme à Alicia, ce jour là, un peu à l’écart de la Clairière. Depuis lors, les deux femmes avaient poursuivi la même finalité… mais Alicia était allée droit au but tandis qu’Europe s’était égarée, empruntant des chemins détournés, accumulant les erreurs grossières. Oui, Alicia avait eu raison sur tout depuis le tout début. Et il avait fallu dix-neuf ans à Europe pour s’en rendre compte.


Alors maintenant… allait-elle devenir une Alicia numéro deux?

Non.
Non, bien sûr que non.
Alicia n’était pas que la Comtesse et la Meneuse. C’était bien au-delà de ça. Alicia était la « Médiatrice de l’Outre-Monde » et les racines d’un monument plus durable que l’airain. Alicia était à elle seule l’ambre et l’essence de l’humanité en sa plus vibrante symphonie, dans ses primes instincts, ses plus intenses bassesses et ses plus inatteignables hauteurs. Elle avait marqué son époque d’une façon indélébile, imprégnant la terre et les rocs de Forbach, hantant les mémoires, noircissant les pages des livres et les recueils des historiens autant que les récits des paysans épouvantés. Elle avait construit ce que nul autre n’aurait osé construire, elle avait pour ça manipulé, tué, fait souffrir, au point de faire de l’ombre à la nuit elle-même… Son souvenir serait pour tous indélébile, lui assurant la vie éternelle. Et son œuvre lui survivrait, lui assurant la pérennité.

Alors non, jamais Europe ne pourrait prétendre n’être qu’un cinquième de ce qu’avait été Alicia. Et surtout pas une Alicia numéro deux. Elle suivait globalement sa façon d’être désormais, certes… mais elle n’était qu’une pâle copie. Un substitut. Un ersatz dépourvu de tout ce qui était nécessaire, tout ce qui creusait la différence entre elles deux. Ce n’était pas comme si elle pouvait innover, puisqu’elle était incapable de marcher toute seule sans qu’on lui tienne la main… d’où résultait son conformisme, son incapacité à sortir des sentiers battus. Longtemps auparavant, la mère d’Europe lui avait confié qu’en suivant les traces de quelqu’un, elle aurait certes un modèle auquel se raccrocher, mais elle ne verrait jamais que son dos. Aujourd’hui, c’était la même chose. Elle avait eu depuis longtemps l’opportunité de tracer son propre chemin… mais elle en était incapable par lâcheté. Ce jour là, près de la Clairière, Europe était nécessairement destinée à rompre la possible amitié qui s’était profilée avec Alicia. Jamais elle n’aurait pu correspondre aux attentes de cette dernière. Car elle n’aurait fait toute sa vie qu’imiter les autres sans jamais les égaler.
Avec la mort d’Alicia, le plus grand échec de sa vie lui revenait en pleine face.

Les jours suivants ouvriraient une période de liesse et de réjouissances, où tous savoureraient à juste titre l’arrivée d’une paix tant attendue, la félicité d’être enfin hors de danger, la joie de se tourner vers un avenir plein de promesses… Europe se sentait si étrangère à tout cela qu’elle eut de nouveau envie de pleurer. Elle aurait voulu clamer « nous sommes libres », mais c’était encore un mensonge. « Vous êtes libres », aurait mieux convenu. Quant à elle, elle s’était enfoncée d’un degré supplémentaire au sein de sa forêt inextricable où, elle en était désormais certaine, aucun vent de liberté n’était assez puissant pour souffler jusqu’à de telles profondeurs.

Elle ne supporterait pas la fête, les sourires, les visages réjouis de ses Prêtresses, les mains à serrer. Son statut de noble l’y avait pourtant entraînée toute sa vie, mais en cet instant, Europe s’en sentait incapable. On allait immanquablement la solliciter de toute part, l’appeler sans cesse, lui demander quel était le programme pour la suite… Une certaine panique l’envahit et elle pensa frénétiquement à la seule chose à laquelle elle se raccrochait en ce moment. Vite, le livre des Ombres. Vite, s’isoler, se mettre au calme, plonger dans la lecture de ces pages refermant d’antiques secrets… la dernière chose, le dernier vestige matériel qu’il restait d’Alicia et qu’elle pouvait toucher. Peut-être son dernier guide…


"Tout discours serait superflu. Vous savez pourquoi nous sommes là: réjouissons-nous et amusez vous. Louons également l’entrée dans nos rangs d’Adal Loewenstein, sans qui tout ceci n’aurait été possible."

Si d’aucuns s’étaient attendus à un long discours, c’est qu’ils n’avaient pas cerné cette Europe avare de paroles. Elle laissa les rumeurs des conversations augmenter et quitta prestement la Clairière; si Elisabeth ou quiconque d’autre voulait prendre la parole en public pour éclaircir les événements, cela lui épargnerait cette peine. Quant à ses propos concernant le fils d’Alicia, ils ne manqueraient pas d’en étonner plus d’un. Après tout Adal était de part sa lignée même un ennemi naturel, un être à abattre; mais il avait tué sa mère et son frère pour pouvoir rapporter les deux grimoires à Olrun. Suite à cet entretien avec Elisabeth, Europe l’avait intégré au sein du clan. Et elle avait été très claire sur ce point: elle ne laisserait personne contester cette décision. Adal était sous sa protection expresse, et pour cause. L’inverse aurait été beaucoup trop dangereux. Il fallait le surveiller de près, empêcher qu’il soit rejeté par le clan, ne se sente apatride et aille tout raconter sur les sorcières après avoir bu un petit verre de trop à la taverne, ou autres scénarios de ce genre...
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Inès Gallois
Prêtresse
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Inès Gallois


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MessageSujet: Re: Une ère nouvelle   Une ère nouvelle Icon_minitimeDim 22 Mai 2011 - 20:47

Lorsque Europe avait prévenu Inès, ainsi que toute la tribu, de la mort d'Alicia, l'herboriste avait véritablement eu du mal à y croire. La meneuse du Lys Noir, assassinée ? L'heure aurait dû être aux réjouissances, puisqu'après tout la dirigeante de leurs ennemis était passée de vie à trépas, et non seulement le Livre de la Lumière avait été récupéré, mais Olrun détenait maintenant également le Livre des Ombres. Pourtant, Inès était loin de partager la liesse ambiante. Elle s'était tenue en retrait de ses frères et soeurs sorciers, priant Olrun pour que les péchés d'Alicia soient pardonnés. Car s'ils fêtaient la mort d'une ennemie, Inès quant à elle pleurait celle d'une sorcière.

Alors qu'elle se contentait d'observer les réjouissances du coin de l'oeil, elle aperçut Europe adossée à un arbre. Celle-ci était arrivée la dernière, mais Inès ignorait pourquoi elle faisait cette mine. Elle aurait dû être la première satisfaite des évènements. A moins que, comme elle, elle ne comprenne la gravité de la situation. Maintenant que la Maestriani était tombée, le Lys demeurait sans dirigeant, comme une hydre sans tête. Et s'il se redressait, il n'en serait que plus dangereux.

Alors qu'elle allait s'approcher de sa supérieure pour s'enquérir de ses nouvelles et pour parler avec elle de ce que la tribu allait devoir faire, Europe s'avança vers la foule et prit brièvement la parole, demandant à tous et toutes de se réjouir et de fêter dignement cette grande victoire. Elle avait ajouté qu'ils devaient à présent accepter Adal Loewenstein parmi leurs rangs, précisant que sans lui rien de tout cela n'aurait été possible. Oui, en effet, Europe avait prévenu ses Prêtresses de sa décision, que l'herboriste avait failli contester, mais après qu'Europe lui ait expliqué les raisons de sa décision, elle s'y était finalement pliée.

Après tout, le jeune homme n'avait pas hésité à braver sa mère pour récupérer les deux livres, avec l'aide de la jeune Alexandrine. C'était lui qui lui avait porté le coup fatal. Mais après tout, qu'est-ce qui garantissait son entière bonne foi ? Il avait été capable de tuer sa propre mère ? Alors des étrangers... Non, décidément, Inès devait parler à Europe. Mais pas ici, pas au milieu des festivités.

Après que la Grande Prêtresse eut terminé son bref discours, la jeune femme s'approcha d'elle.


"Europe ? Pardonne-moi de te déranger, mais je souhaite m'entretenir en privé avec toi. pas aujourd'hui, car je comprends que ce n'est certainement pas le moment, mais dès que possible. C'est au sujet de ta décision à propos d'Adal, ainsi que de l'avenir de la tribu et du Lys, maintenant qu'Alicia est morte..."

Elle n'avait pas pour habitude de contredire la dirigeante, aussi celle-ci pourrait être surprise de son initiative. Pourtant, à cet instant, Inès se moquait pas mal de ce que pensait Europe. Elle avait décidé qu'il était temps de mettre les choses au point, amie ou pas amie...
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Europe
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MessageSujet: Re: Une ère nouvelle   Une ère nouvelle Icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 15:55

Europe n’avait ressenti ni le besoin ni l’envie de faire un long discours. Après tout, les membres d’Olrun étaient suffisamment intelligents pour comprendre que désormais, ils étaient libérés, et qu’ils avaient la puissance magique de leur côté. De plus, elle voyait bien Viviane ou une autre des Prêtresses prendre la parole pour être plus explicite et prolixe concernant les derniers événements. La dirigeante d’Olrun avait donc espéré quitter la Clairière au plus vite, pressée de se replonger dans l’étude du Livre des Ombres qu’elle avait à peine commencé à éplucher, lorsqu’Inès la rattrapa juste avant qu’elle ne déserte les lieux.

Son amie et Prêtresse ne semblait pas se réjouir des festivités, ce qui surprenait Europe, qui pensait être la seule à arborer une tête d’enterrement en ce jour. Elle fit part de ses inquiétudes à la Grande Prêtresse qui prit le temps de s’arrêter complètement et de l’observer. Il fallait s’y attendre: même si elle avait bien spécifié qu’aucune opposition ne serait tolérée, sa décision d’intégrer Adal dans les rangs de la tribu était loin de faire des émules. Mais Inès ne comprenait-elle pas qu’Europe y était désormais obligée? Non par bonne conscience ou par moralité, car elle avait certes donné sa parole en échange des Livres, mais les paroles des dirigeants n’engagent que ceux qui y croient; mais plutôt parce qu’Adal était désormais une cible vivante. Il était en fuite, il avait tué sa mère et son frère, décapitant le Lys Noir. Tous les membres de la tribu adverse devaient à présent avoir envie de lui faire la peau dès que possible. Le laisser se faire attraper, que ce soit par le Lys ou même l’Inquisition, était tout bonnement suicidaire. Désormais Adal Loewenstein était sous la protection expresse d’Europe, ce qui signifiait dans un sens positif qu’elle le défendait, et dans un sens négatif qu’elle le surveillait plus étroitement que jamais, épiant le moindre de ses faits et gestes. A présent que la donne avait changé, il était vital de ne pas le perdre de vue et d’examiner attentivement et en silence son quotidien.


"Je comprends ta réaction, car j’ai eu la même. Mais si tu veux une argumentation pertinente, je te suggère d’en parler avec Elisabeth: elle est très convaincante. Si après ça tu restes sceptique malgré tout, alors tu pourras venir me voir."

Quant à l’avenir des deux tribus désormais, c’était un tout autre problème. En toute franchise, Europe n’avait même pas encore eu le temps d’y réfléchir; ses pensées étaient presque exclusivement tournées vers les deux grimoires en ce moment. Elle ne partageait pas l’inquiétude d’Inès et de certains membres d’Olrun: selon elle, le Lys avait été proprement décapité et il ne s’en relèverai pas. Même en se forçant, la Grande Prêtresse ne voyait personne susceptible de prendre la place d’Alicia. Déjà, son fils aîné était mort avec elle, et Adal était exclu pour des raisons évidentes. Ensuite, sans le charisme et la splendeur de leur Meneuse, le Lys Noir était réduit à une bande de lopettes effarées. Sérieusement, qui pouvait prétendre succéder à quelqu’un comme la Médiatrice de l’Outre-Monde? Willelmina, la favorite sapphique et minaudante qui ces dernières années n’était plus qu’un fantôme? Antoine Vaudremont, le fanatique aveugle incapable et bourrin? Allons… nul ne faisait le poids, et surtout pas ces deux-là. Le culte de la personnalité du Lys s’était retourné contre lui-même: contrairement à Olrun qui était en place depuis des siècles et qui avait l’habitude de voir les dirigeantes de succéder, le Lys Noir était nouveau, neuf, inadapté, incapable d’assurer la continuité de la puissance dirigeante.

Le Lys était mort et avec lui, toute une page de l’histoire de Forbach. Oui, il n’avait rien été de plus que ça: une parenthèse, heureusement bientôt refermée. Europe n’avait pas eu le temps de faire des pronostics à long terme, mais elle envisageait l’avenir avec plus ou moins de clarté: après ce coup mortel, la tribu adverse tenterait de se reconstituer, en vain, et partirait en déliquescence au fil des mois. A partir de là, il lui restait à décider si les anciens fidèles d’Alicia pourraient réintégrer Olrun –peu amusant mais beaucoup plus raisonnable- ou si elle laisserait parler son désir de vengeance en leur faisant subir à tous le rituel d’amnésie –moins raisonnable mais beaucoup plus jouissif. Cruel dilemme en perspective… sur lequel elle se pencherait plus tard.


"Quant au reste, j’avoue ne pas y avoir encore réfléchi, mais nous en parlerons sous peu avec Viviane et Elisabeth, si tu le veux bien. Bonsoir Inès"
fit Europe en quittant la Clairière.



[Suivant = L'Agent du Double


Dernière édition par Europe le Ven 10 Juin 2011 - 0:55, édité 1 fois
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Danielle Byche
Initié(e)
Initié(e)
Danielle Byche


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MessageSujet: Re: Une ère nouvelle   Une ère nouvelle Icon_minitimeMer 25 Mai 2011 - 10:58

Danielle était dans cette clairière avec ses sœurs. Comme toutes les Initiées elle était surexcitée. La nouvelle avait ensoleillé le clan et produisait ses effets sur leurs esprits depuis des jours. C’était … incroyable, de se dire que, la sorcière la plus dangereuse de France n’était plus de ce monde. Bien entendu aucune d’elles ne feraient l’économie d’un deuil sororal. Mais pour l’heure la joie primait dans les cœurs. La petite sorcière regardait vers l’horizon avec grand espoir.

L’aura d’Europe avait immédiatement apaisé l’assemblée. Les réjouissances n’allaient plus tarder. Les filles les plus timides s’étaient instantanément tut. Tous les yeux se tournaient vers la Grande prêtresse. Il n’y avait aucun sourire sur le visage de cette femme. La superbe aristocratique se devinait dans ses mouvements lents. Danie se souvenait du conseil de son Aguerrie et baissa le regard en signe de soumission. Quelque soit son avis elle devait respecter ses aînés.

Trois phrases pour résumer un combat de presque vingt ans. La petite bergère avait espéré quelque chose de plus consistant. Un discourt, des mots pour expliquer leur victoire, des paroles pour envisager l’avenir d’Olrun. Mais encore une fois leur chef se faisait lointaine. Aimait-elle toujours ce qu’elle faisait ? Cette question était légitime, non ? Ses yeux doux fouillaient la foule avec discrétion. La jeunette tenta d’apercevoir le jeune homme qui avait permit tout cela.

Tout n’était pas encore terminé. L’Inquisition était encore à Forbach. L’Agent du Diable continuait de faire le mal. Toutes les filles avaient entendu le récit des interrogatoires forcés. La demoiselle avait été fâchée d’apprendre que David avait voulu sermonner Viviane. Il ne perdait jamais une occasion de les ennuyer. Mais elle faisait confiance à Narcissa pour mettre en garde le jeune homme. Il n’avait pas intérêt à s’en prendre à l’une d’entre elles !

Dés que la dame se fût éloignée les plus spontanés prient le relai pour fêter comme il se doit l’évènement. En songeant à Adal elle eut un petit serrement au cœur. Il avait quand même tué sa mère et son frère pour en arriver là. Jamais Byche n’aurait été capable d’une telle chose. Elle était admirative et même un peu craintive. En fait elle était admirative de l’être humain et de sa bravoure. Avant de plonger trop loin dans ses réflexions Danielle fût interrompue par une amie.

En un instant elles donnaient raison à toutes les légendes des environs. Sous le ciel couchant elles dansaient comme des enfants en regardant la Lune encore éclairée par le soleil. Les jupons voletaient au milieu des fleurs. Le mois de mai annonçait une ère heureuse ! Les cheveux blonds brillaient et les yeux riaient. Danie songeait à Mathieu avec qui elle avait envie de danser et fût peinée que les sorcières doivent se cacher.

Dans un mouvement vif son regard était tombé sur la silhouette d’Inès. La jeune femme semblait isolée. Sans attendre son apprentie courra jusqu’à elle et lui attrapa les deux mains avec entrain. Son regard pétillait de bonheur. Elle ressemblait à une petite fée des bois dans sa robe à deux sous. Avec encouragement elle enjoignait la femme à les rejoindre. Ce n’était pas le moment de jouer les solitaires. Elle l’attirait au cœur de la clairière et suivit la mélodie des flutes pour un pas de danse dynamique.


-La prochaine fois ce ne sera pas moi le cavalier !

Dans un rire complice elle allait lui embrasser les joues. Elle était jeune et voulait simplement profiter de la vie avec ceux qu’elle aime. Margot aurait aimé qu’on célèbre cette victoire. Il fallait rendre honneur à tous ceux qui étaient morts pour leur cause. Alors l’adolescente appelait les autres sorcières à profiter de la fête.
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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


Une ère nouvelle Vide
MessageSujet: Re: Une ère nouvelle   Une ère nouvelle Icon_minitimeLun 6 Juin 2011 - 2:23

Depuis des jours la nouvelle avait fait son chemin. Viviane l'avait appris par Europe elle-même et s'en était profondément réjouie. La mort d'Alicia, elle la voyait comme une délivrance, la possibilité, enfin, d'avoir la paix. Depuis sa discussion avec Antoine, Viviane n'avait eu cesse de se poser de nombreuses questions sur la haine qu'elle vouait au Lys. Elle avait compris peu à peu que cette haine se focalisait principalement sur la Meneuse, celle par qui tous les malheurs avaient commencés. Sa mort était probablement la meilleure nouvelle que Viviane eut entendu depuis ces vingt dernières années, elle en éprouvait un profond soulagement et une joie sans nom. Dans son esprit, la mort d'Alicia signifiait la mort du Lys. Antoine reviendrait peut-être même dans la Tribu ?

Depuis quelques jours, elle s'était surprise à avoir apprécié la discussion houleuse qu'elle avait eu avec lui après leur duel. De ce duel, il ne restait aucune trace dans la Clairière, elle y avait soigneusement veillé en la quittant quelques jours plus tôt.

Rapidement, il avait été décidé de réunir la Tribu pour fêter la bonne nouvelle. Viviane trouvait tout de même étrange de se réjouir de la mort d'un autre, mais elle ne parvenait guère à ne pas songer avec bonheur au décès de l'être qu'elle haïssait le plus au monde. La Prêtresse n'arrivait cependant pas à éprouver de la honte pour ces sentiments méprisables. Dans la Clairière, autour d'elle, les membres de la Tribu affichaient pour la plupart des mines réjouies. Europe était en retard, comme toujours, comme si elle ne se préoccupait pas des autres, comme rien pour elle n'avait pas d'importance. Son discours fut bref et sa mine fermée devait dissuader quiconque de l'approcher. Pourtant, Viviane vit Inès tenter de l'aborder et se faire envoyer promener. Viviane ne sut ce qu'Europe avait répondu à sa question, ni même qu'elle était la question, mais elle n'eut pas le temps d'y réfléchir plus avant. De toutes parts, ses amis lui posaient des questions sur l’allégeance d'Adal, comment pouvait-on être sûrs qu'il ne trahirait pas, lui dont la mère avait tout fait pour les mener à la perte.

Viviane n'avait pas de réponses à ces questions, elle n'avait pas eu l'occasion d'en discuter avec Europe, pas encore, mais cette conversation viendrait, que la Grande Prêtresse le veuille ou non. Viviane était l'une des seules à savoir que sous ce masque de froideur se cachait un coeur, mais il était rare qu'Europe montre ses qualités. Les épreuves l'avaient transformée en une femme aigrie, manipulatrice qui ne reculait devant rien pour obtenir ce qu'elle voulait. Viviane se souvenait de ce procès, cette mascarade à laquelle elle avait participé malgré elle. Elle en avait voulu à Europe de lui avoir cachés ses plans, mais la Grande Prêtresse ne l'avait sans doute pas fait parce qu'elle savait que Viviane s'y serait opposée.

Ils avaient de la chance, ils avaient une chance incroyable qu'Alexandrine s'en soit sortie vivante, et qu'en plus, Alicia soit morte. Tout cela avait quelque chose de trop beau pour être vrai. La Prêtresse n'était pas habituée à ce que tout se passe pour le mieux. La vie l'avait habituée aux coups durs, à la tristesse, à l'échec, aussi Viviane avait la conviction profonde que d'ici peu, quelque chose lui ferait grand mal. Elle ne savait pas d'où cela viendrait, mais c'était inévitable. Pourquoi la vie l'épargnerait-elle soudainement alors qu'elle ne l'avait jamais jusqu'ici ?

Balayant du regard la Clairière, Viviane s'abreuva de ces visages heureux et souriants. Eux au moins, ils y croyaient. Tout le monde n'était pas voué à ne plus croire en rien comme Viviane, l'espoir signifiait encore quelque chose pour la plupart d'entre eux. Inès, Danielle, Narcissa, Hélion, Marina, autant de mines réjouies et heureuses qui profitaient de l'une des rares occasions de faire la fête qui leur était faite. Et après tout, pourquoi pas elle ? Ce n'est pas parce qu'elle savait qu'un malheur les abattrait à nouveau qu'il ne fallait pas faire la fête et se réjouir avec les autres.

Viviane se laissa alors gagnée par l'allégresse et enchaîna même quelques pas de danses. Elle tournoya sur elle-même et chantonna :

« Réjouissez-vous mes amis ! Festoyez en cette belle soirée ! Aujourd'hui, rien ne peut nous affliger. N'écoutez pas vos peines et appréciez ce moment de bonheur qui nous est offert à tous. Ce soir, le monde nous sourit, alors sourions-lui en retour ! »

Dans un grand éclat de rire essoufflé, elle s'arrêta quelques instants avant de reprendre sa farandole.
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Une ère nouvelle

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