The Witch Slay
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 L'Agent du Double (#14)

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Europe
Fugitive
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Europe


L'Agent du Double (#14) Vide
MessageSujet: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 0:10

[Précédent = Une ère nouvelle]



En matière de réceptions mondaines, qu’il s’agisse d’organisation ou simplement de participation, Europe n’en était plus à son coup d’essai. Structurer la liste des invités, gérer les stocks de nourriture, prévoir les impératifs de sécurité… tout était une question d’habitude, mais la Grande Prêtresse devait avouer que cette réception-là atteignait une proportion qui la dépassait de loin.

C’était Louis qui lui avait parlé de ce projet. Depuis que l’Agent du Diable avait enfin été capturé, Forbach était en liesse, fêtant la fin des agissements néfastes de ce psychopathe. Il était évident que les dignitaires de la ville allaient célébrer l’événement comme il se doit mais nul ne s’attendait au départ à ce que nobles et roturiers fussent conviés le même soir au même endroit, afin de mettre en commun les réjouissances. La dernière fois qu’une telle chose s’était produite, c’était lors des noces du Comte Loewenstein avec Alicia de Sarrebourg, longtemps auparavant. Si longtemps que cet événement semblait, dans l’esprit d’Europe, appartenir à une autre vie. Au départ, elle s’était farouchement opposée à l’idée de Louis, irrésolue à voir les miséreux de Forbach investir la propriété familiale. Mais le chef de l’Inquisition semblait y tenir particulièrement; c’était, disait-il, une fête qui concernerait le peuple en premier lieu, et l’on avait pas le droit de le mettre à l’écart.

Europe avait fini par consentir à cette idée de mauvaise grâce, d’autant plus qu’un tel événement se préparait d’ordinaire des semaines voire des mois à l’avance; or elle ne disposait pas d’un tel délai, la date de réception étant déjà fixée. Cependant, la Grande Prêtresse avait progressivement fini par percevoir les avantages d’un tel projet. Gain de crédibilité auprès de la population. Amélioration de son image. Gain financier. Possibilité, si infime fut-elle, de garder une certaine emprise sur les événements –car tous les rassemblements de ce genre depuis les deux dernières décennies avaient la fâcheuse tendance à toujours finir dans un bain de sang…

C’est ainsi qu’en ce soir de juin, l’arrestation de l’Agent du Diable fut célébrée au manoir Eléanora-Sun par la population de Forbach tous rangs sociaux confondus. Europe avait fini par se résigner à reprendre le schéma des noces du Comte, qui était à ses yeux le meilleur compromis: les nobles, les dignitaires et les bourgeois les plus méritants se concentraient dans les locaux, tandis que les roturiers et autres miséreux avaient investi l’immense jardin, spécialement aménagé pour l’occasion; des buffets, des lampes, quelques musiciens parsemaient les allées bordées de buissons denses, donnant à la scène une ambiance champêtre. Mais ces réjouissances, bien que bénéficiant d’un minimum syndical en matière de confort, n’avaient aucune comparaison avec le luxe et les moyens mis en œuvre au sein même des bâtiments, là où la haute population n’avait que l’embarras d’un choix insolent devant l’abondance et la rareté des mets proposés, le raffinement du lieu, l’élégance de la compagnie. Pour finir, les deux strates de la population forbachoise pouvaient communiquer par l’intermédiaire de la vaste terrasse, qui dominait les jardins d’une dizaine de pieds.

Parmi tous les individus présents rassemblés dans la pièce principale, Europe voyait bien entendu de nombreux visages familiers, et d’autres qu’elle aurait souhaité ne plus jamais croiser de sa vie mais qu’une diplomatie évidente l’avait forcée à inviter. Comme des sorcières du Lys Noir… Lesquelles devaient être singulièrement furieuses d’être obligées de se montrer en public alors que leur Meneuse était morte et les deux grimoires portés disparus. Qui plus est, ils étaient sur le terrain d’Olrun ce soir. Le triomphe de la tribu était total. Par conséquent ce soir-là, et contrairement à d’habitude depuis qu’elle avait appris la mort d’Alicia, Europe semblait heureuse. Enfin, non, car Europe n’était jamais heureuse, mais disons plutôt débordante de suffisance et d’assurance. Elle se demanda vaguement si judas, autrefois connu sous le nom d’Antoine Vaudremont, était présent dans l’assistance et pouvait observer son visage emprunt de satisfaction –car contempler l’ego démoli de son ancien rival serait à coup sûr un des plus grands plaisirs.

Lorsque la nuit fut tombée et que les réjouissances furent raisonnablement entamées, Europe se leva et monta sur l’estrade pour faire son discours. Les nobles bien disciplinés se turent aussitôt dans un silence attentif tandis que les autres habitants se massaient sur la terrasse et aux fenêtres afin d’entendre ce que la propriétaire des lieux avait à déclarer. Celle-ci commença par des banalités, remerciant ses hôtes d’être venus.


"Vous ne l’ignorez pas, si nous sommes réunis ici ce soir, c’est pour fêter…" elle eut du mal à ne pas gaffer et dire « la mort d’Alicia Maestriani », "l’arrestation de ce vil assassin hérétique qui a hanté nos contrées, l’Agent du Diable, grâce la combinaison exceptionnelle des forces inquisitoriales et policières, représentées en la personne d’Owen Mansholther, enquêteur royal. Je laisserai donc Sébastien Garin, Second de l’Inquisition, vous expliciter tout cela mieux que moi, mais j’aimerai avant tout donner la parole à Amaël Loewenstein, qui a souhaité s’exprimer devant vous ce soir."

Europe quitta l’estrade et laissa Adal, le fils de feu Alicia monter à sa place. Cependant, elle ne pouvaitt s’empêcher de dévisager son frère aîné, qui était venu lui parler plus tôt dans la soirée. C’était tellement étrange! De se retrouver dans la même pièce que le rejeton, sensé être mort, de sa plus grande ennemie, et même que Sébastien Garin, avec qui la dernière entrevue s’était pour ainsi dire, très mal passée… mais dans l’univers mondain, tout cela n’avait plus court. Les tensions et les haines disparaissaient derrière les masques, les aspérités étaient lissées et polies, les décors rendus rutilants; et au milieu de tout cela, il ne restait plus que les sourires.


Dernière édition par Europe le Ven 10 Juin 2011 - 0:54, édité 2 fois
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Noâz Loewenstein
Fugitif
Fugitif
Noâz Loewenstein


L'Agent du Double (#14) Vide
MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeJeu 2 Juin 2011 - 0:10

La lanterne de la diligence à peine stationnée vacillait encore. Les bottes mattes d’un jeune homme de haute stature sortirent du véhicule nimbé d’obscurité et se posèrent calmement sur l’allée menant au manoir. Noâz saisit quelque chose dans la voiture et replaça son couvre-chef, obombrant son visage ravi, après un bref regard au loin sur la bâtisse. Les portes ouvertes sur le hall d’entrée du manoir laissaient s’échapper un long et large faisceau lumineux, langue d’ambre avalant un à un les invités. Pourtant, ce soir, nul n’aurait pu prédire qui allait véritablement être le loup. Il avança avec sa prestance et sa lenteur habituelles. Un léger vent d’ouest soufflait mais son grand manteau sombre protégeait Noâz du moindre frisson. Arrivé à l’intérieur, comme il était coutume dans la haute société, Noâz se dirigea en premier lieu vers l’hôtesse pour la remercier.

Voilà plusieurs jours qu’Amaël était officiellement porté pâle. Nuls autres que les sorcières n’étaient au courant de sa mort. Probablement la tribu d’Olrun avait-elle imaginé que le Lys Noir déguisait cette mort pour ne pas perdre tout de suite la face. Rares étaient ceux qui auraient pu imaginer ce qui se tramait véritablement derrière tant de mystère. Noâz dans sa chambre attendait l’instant propice pour sortir de l’ombre. Il connaissait Forbach et savait que ce genre d’opportunités n’était pas rare. Aussi, lorsqu’on lui annonça un matin qu’Europe organisait une réception au Manoir Eleanora-Sun, le cœur de Noâz palpita de bonheur. C’était l’instant ou jamais.

La soirée était déjà bien entamée lorsque Noâz était arrivé. Tous étaient déjà pris dans des discussions passionnantes, les inquisiteurs s’étaient réunis et semblaient particulièrement heureux sinon ivres pour plus de la moitié. Noâz approcha Europe par derrière et l’interpela à mi-voix en retirant poliment son chapeau aux plumes noires :


« Madame Institoris, merci d’avoir organisé cette formidable réception. Je n’en avais pas la force moi-même au château ces derniers temps. Tenez, en gage de gratitude, ce modeste bouquet de fleurs sombres et violines, en parfait accord avec la couleur subtile de vos cheveux. Je vous conseille de bien humer les lys, ils ont un parfum… déroutant »

Le bouquet était composé de roses d’un sombre pourpre sanguin, de délicates pivoines violettes et de fleurs de lys noires qui ne manquerait pas de plonger Europe en anamnèse. Oui, Noâz comptait faire comprendre à la tribu d’Olrun en commençant par sa Grande Prêtresse que le Lys Noir ne se mourait pas, qu’au contraire, les cendres de sa Meneuse seraient un humus acide parfait pour faire pousser les rameaux de la vengeance. Noâz, sans même en avoir conscience, adressa un sourire entre politesse et narquoiserie à la Grande Prêtresse et à ses sujets avant de s’en aller en une révérence.

Il se dirigea ensuite vers une petite estrade où parlerait probablement d’ici peu le dirigeant de l’Inquisition. Il se tint droit devant la foule qu’il jaugea d’un regard, retira ses gants, les rangea à l’intérieur de son manteau et tapa des mains cinq fois, le temps d’obtenir l’attention de tous. Il se gratta la gorge et annonça :


« Forbachois, forbachoise, chers amis, je vous prie de m’excuser d’interrompre ainsi les réjouissances après les quelques mots de mon frère, je ne serai pas long, je le promets. Je tenais simplement à profiter de la présence de tous et surtout de l’Inquisition pour vous faire la déclaration suivante :
Que les rumeurs soient éclaircies. Oui, ma mère a été accusée de sorcellerie et oui, elle a prouvé qu’elle était sorcière. Oui, elle a depuis disparu, et enfin, non je ne la couvre ni ne la cache.
Je le proclame sur l’honneur : je ne connaissais pas le statut hérétique de ma mère et je promets, devant vous, à l’Inquisition, que moi, Amaël Loewenstein, j’apporterai tout mon soutien pour la retrouver et la livrer aux autorités afin qu’elle soit justement jugée et sévèrement punie, par les flammes… Ma mère était une sorcière, c’est un opprobre terrible qui salit mon sang. Je vous jure ma haine envers cette fille du diable. Que Dieu m’en soit témoin : je ferai tout pour la détruire en Son Nom !
Merci de votre attention. Je vous souhaite une excellente soirée à tous ! »


Un acte primordial était ainsi joué. Noâz était à présent Meneur du Lys Noir, et sous couvert d’usurpation d’identité, il se permettrait tous les mensonges nécessaires à la sécurité de sa tribu. Après tout, il ne salissait que l’honneur d’un mort profondément regretté par peu de gens…

[Vous êtes libres de répondre à présent !]
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Louisa Zimmerman
Baron(ne)
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Louisa Zimmerman


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeJeu 2 Juin 2011 - 21:52

*02 juin 1644*


L’annonce avait fait imploser la magnifique bulle dans laquelle Louisa s’était volontairement enfermée. Elle avait été incapable de réagir d’une façon ou d’un autre. C’était comme si Romain l’avait tirée d’une longue hibernation -forcée-. Sa pensée avait refusé de prendre en compte une donnée aussi définitive. C’était trop beau pour être vrai. Elle avait cherché une faille. Les signes qui permettaient au rêveur de garder une emprise sur l’espoir. Mais rien… et au fur et à mesure des minutes la peur s’en était allée. Cette horrible compagne avait sourit une dernière fois avant de s’envoler. N’oubliant pas de lui dire au revoir. Mais cet au revoir avait été superbement ignoré.
L’allégresse avait balayé les six derniers mois comme une tornade fondatrice. Libre. Ils étaient de nouveau libres. Lou avait sentit le bonheur couler dans ses veines. Le fluide vital avait existé la moindre parcelle de son être. La force, qui lui avait permit de ne pas tomber dans la paranoïa, mutait pour reprendre la sombre élégance des Silvanov. Ils avaient gagnés. Une fois de plus les hommes avaient triomphé.
Rosbruck n’avait guère eu le choix devant sa baronne. En quelques heures le village s’était paré pour la fête. Les habitants n’éprouvaient pas l’empathie la plus grand, pour la libération de leur voisine, mais ils appréciaient volontiers cet imprévu. Les rares curieux étaient allé flâner à l’orée de Forbach écouter la rumeur. Le tueur était enfermé à la Collégiale. Le loup de la reine l’avait interrogé. Naturellement on voulait savoir quand l’hérétique serait pendu ! Ce serait une pendaison, une vrai, comme on en faisait partout en France. Oui pour cette fois la guerre intestine pliait devant les crimes d’un autre. De quoi faire vibrer les cœurs les plus faibles et rire les âmes les plus noire.


Quand la porte du manoir s’était enfin ouverte sur la silhouette de madame Zimmerman les femmes avaient sourit. Cette femme n’était peut être par une sorcière mais elle restait assurément une charmeuse. Elle venait de souffler sa quarantième bougie. La discrétion dont elle avait fait preuve jouait en sa faveur ce soir. Comme tout bijou qui n’a put être admiré pendant une longue période.
Elle était en blanc. Cette couleur qui avait fait d’elle mademoiselle Maulne la couturière. Cette couleur dans laquelle elle avait tant de fois assurer sa place dans ce petit monde. Elle rayonnait de confiance en elle. Dans le noir de son regard se cachait à peine sa hargne. L’agent mort plus rien ne pourrait véritablement retenir l’Inquisition sur ces terres. Il n’y aurait jamais assez de vin ou de feu pour célébrer ce jour là.


Ce fût un plaisir de retrouver sa ville. Elle résistait à l’envie de s’arrêter au Fil Blanc. Ce soir, était soir mondain. Si elle entrait dans la boutique elle n’en ressortirait plus. Il ne fallait pas qu’elle se préoccupe de son commerce alors qu’une réception débutait à quelques centaines de mètres.
Par la force des choses Louisa était l’une des femmes les plus influentes de sa sphère. Cependant elle ne s’était jamais totalement intégrée à celle de la noblesse. Son indépendance d’esprit secondé par son poids financiers faisait d’elle une dame libre. On ne la voyait qu’aux diners où elle voulait vraiment être. D’abord parce qu’elle était une bourgeoise née. Ensuite parce qu’elle ne croyait pas en une noblesse héréditaire. -Les privilèges accordés par simple droit du sang lui étaient désagréables.- Elle ne s’amusait pas à jouer les hypocrites.
Et puis il y avait ce genre d’événement. Des événements qui perduraient au-delà des frontières d’une génération. Lou voulait être présente. Elle avait grandit en regardant les comtesses se pâmer devant des glaces. Femme établie elle pouvait les approcher avec la certitude ne n’avoir rien à craindre. Ce serait la première fois que sa grossesse serait exposée à toute la face de Forbach. Ce ventre gonflé qui provoquait les réactions les plus diverses.


L’intérieur était bien décoré. L’élégance n’était pas altérée par le snob habituel. Elle observait les tapisseries et l’agencement avec un œil vif et pointilleux. Son regard n’était pas plus français, qu’il n’était russe, et décelait le moindre signe d’exotisme. Leur réceptrice savait recevoir.
Elle acceptait une coupe et entrait dans un cercle, dont la plus par des composants, faisaient achats chez elle. Ils étaient tous d’une exquise politesse. Leurs yeux, allaient de son visage à son ventre, avec un mélange de surprise et d’amusement. Comment, la femme d’affaire du quartier s’était laissé aller à la maternité ? Et long parlait de tout. On lui disait combien il était intolérable de l’avoir accusée de sorcellerie. On jurait les grands dieux, que jamais, une chose pareille n’aurait dû se produire. Louisa acquiesçait, un sourire aux lèvres, sans vouloir dissimuler son ironie. Combien parmi tout ces « appuis » se souciaient-ils le moins du monde, de ce qui se passait ?


Le silence s’installait, filant à travers la foule, pour faire naître le solennel. D’abord l’hôtesse. Celle que l’on appelait Europe et dont la dame ne savait presque rien. Puis il y eu ces jeunes homme les jumeaux de la comtesse. En les observant Lou ne pouvait s’empêcher d’aller effleurer la courbe de son ventre avec tendresse. Bientôt… Ils étaient beaux dans toute leur sombre jeunesse. Chacun avait sa façon d’affronter ces individus.
La ferveur du second provoquait un certain malaise chez la baronne. Elle aussi était une mère. Elle avait du mal –beaucoup de mal- à concevoir qu’un fils put aussi ferment renier son sang. C’était dérangeant. Elle détaillait ce petit justicier tandis qu’un frisson lui parcourait l’échine. Après tout la honte n’aurait-elle pas été plus grande s’il avait été l’héritier d’une véritable tueuse ? Une fois de plus le miséricorde dieu donnait droit aux pires défauts de l’espèce humaine. Après avoir été le siège d’exécutions, de malédiction, de génocide voilà qu’elle devenait celui du matricide. Ce qui devait être une fête prenait l’allure d’une mauvaise prédiction.
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Europe
Fugitive
Fugitive
Europe


L'Agent du Double (#14) Vide
MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeSam 4 Juin 2011 - 0:52

Quelques minutes plus tôt, elle était encore triomphante, pleine de confiance en soi. Pourtant à présent, tout l’enthousiasme d’Europe était retombé comme un vulgaire soufflé au fromage.

Amaël. Amaël Loewenstein n’était pas mort.

Ou plutôt, on lui avait annoncé la nouvelle de sa mort et il se dressait pourtant en face de l’assistance en prononçant un discours saugrenu, aussi vivant que pouvait l’être l’engeance d’Alicia. Il respirait, il avait une odeur; de tels détails suffisaient a priori à écarter la thèse, extrême mais pas improbable, selon laquelle la Meneuse aurait fait ressusciter d’une quelconque façon son rejeton depuis l’au-delà… Lorsqu’il avait interpellé Europe, celle-ci était restée figée, complètement abasourdie. Par un contrôle de soi qui était la résultante de toute une vie de pratique, la sorcière avait cependant réussi à conserver un air lisse et neutre masquant totalement sa surprise. Mieux, elle parvint presque à afficher un flegme convaincant, observant Amaël d’un air peu intéressé. Mais tout ça n’était que façade. A l’intérieur, elle bouillonnait, complètement désorientée.

Se pouvait-il qu’Adal ait menti?… non, non, le jeune homme disait la vérité. Même si il était aussi un fils d’Alicia, et donc peut-être de connivence avec toute cette machination, Europe fut convaincue de sa sincérité lorsqu’elle vit le visage d’Adal Loewenstein. Cette résurrection était une surprise pour tout le monde, du moins pour toutes les sorcières présentes… Et le fils de feu la Meneuse était présentement en train de s’assurer un alibi grâce à ses talents d’orateur, déclarant renier toute appartenance avec les pratiques occultes de sa démone de mère. Tsss… lui aussi savait jouer la comédie à la perfection. Il l’avait déjà prouvé grâce aux paroles faussement polies tenues à la Grande Prêtresse, un peu plus tôt dans la soirée.

Et ces fleurs

Dans l’assistance, Europe qui écoutait le discours d’Amaël en fixant intensément le jeune homme de ses yeux brûlants, s’aperçut soudain qu’elle serrait le bouquet offert dans son poing avec tant de hargne qu’un suc poisseux dégoulinait des plantes dévastées. Répugnée et contenant mal son état de nerfs, elle se dissimula à la vue de tous –mais de toute façon, personne ne prêtait plus attention à elle, tous les regards étant focalisés sur le jeune Loewenstein- et en profita pour jeter le bouquet de lys entre les racines d’une énorme plante en pot. Son geste contenait une telle hargne qu’elle en tremblait; car ce n’était ni plus ni moins qu’une déclaration de guerre. Une évocation directe de ce jour terrible où Elena avait humé la fragrance mortelle de la Clairière ensemencée de lys… Quelle belle pourriture! Comment osait-il? Des réminiscences affluèrent en lisière de l’esprit d’Europe qui fit de son mieux pour les contenir, fébrile.

Oui, c’était une déclaration de guerre.
Le Lys n’était pas mort. Et elle savait désormais qui en serait le Meneur.

Il faudrait prévenir ses consœurs dès que possible, dès que la réception serait terminée. Pour l’heure, la séparation entre nobles et roturiers l’empêchait de converser convenablement avec Viviane et Inès, mais il restait la dernière de ses Prêtresses; d’ailleurs celle qu’elle aurait mis au courant en premier. Elisabeth. Avant ça cependant, elle souhaitait glisser quelques mots à Amaël, lequel finit justement son discours et descendit de l’estrade. Europe profita de cette occasion pour l’aborder avant qu’il ne se sauve et se mêle définitivement à la foule.


"Splendide discours très stimulant, monsieur Loewenstein. Je ne peux que vous souhaiter le meilleur courage face à la… disparition… de votre mère. Et merci pour votre bouquet, il est vraiment ravissant… si ravissant que je m’en voudrais de laisser le temps le ternir. Je vais le mettre à sécher entre les pages d’un ouvrage afin de le conserver. J’ai plus particulièrement en tête deux livres très précieux qui feront parfaitement l’affaire. Passez une bonne soirée!"

Europe s’éloigna, un sourire sans joie de requin collé sur le visage. Elle s’empressa aussitôt de le faire disparaître, profitant de ce que l’attention de la foule était toute entière accaparée par les discussions qui avaient repris bon train, emplissant la salle du bruissement d’un millier de rumeurs excitées après le discours du fils d’Alicia. Europe se faufila parmi les personnes présentes et finit par rejoindre Elisabeth. Elle ignorait si son amie s’était montrée à cette fête parce qu’elle en avait envie, ou seulement parce qu’une diplomatie évidente l’exigeait –et sans doute était-ce la deuxième option. Quoi qu’il en fut, la Grande Prêtresse se pencha vers Elisabeth et désigna le jeune Loewenstein d’un geste discret.


"J’aurais besoin que tu le surveilles attentivement mais discrètement pendant la soirée. Tu peux faire ça pour moi? Les temps sont graves. Je pensais que le Lys était mort, mais je me suis trompée." Après un soupir contrit qui tenait plus du grognement, elle conclut: "La guerre continue, Elisabeth."
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Inès Gallois
Prêtresse
Prêtresse
Inès Gallois


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeSam 4 Juin 2011 - 8:35

**Fichues mondanités !**

Inès déplorait le fait que lors de ces soirées mondaines, on séparait le "bas peuple" de la noblesse, comme si les premiers risquaient de contaminer les seconds... Bien entendu, elle savait qu'Europe ne faisait que respecter le protocole pour ne pas se faire remarquer des inquisiteurs - venus aujourd'hui en nombre - et du reste de la ville, pourtant cela ne pouvait l'empêcher de pester. Déjà, parce qu'elle n'était pas avec Europe et Elisabeth. Et puis surtout parce qu'elle était inquiète. Adal avait rapporté la nouvelle de la mort de son frère, or l'herboriste l'avait aperçu entrant par la grande porte dans le manoir. Quelle était donc cette horrible farce ?

Elle n'avait pas le coeur à la fête, non, vraiment pas. Pourtant, elle se devait de faire bonne figure, d'autant plus que parmi les habitants regroupés dans le jardin, beaucoup savaient qu'elle avait été agressée deux fois par l'assassin dont on fêtait ce soir l'arrestation. Aussi, malgré son esprit ombragé, elle se devait de faire bonne figure, de serrer des mains et de rassurer les gens. Elle était devenue malgré elle une petite célébrité chez les pauvres, ce qui était loin de la ravir.


**Fichue soirée...**

Oui, bon, elle y mettait un peu de mauvaise foi, c'était certain. Elle qui comptait voir Owen lors de cette soirée se rendit rapidement compte que lui aussi serait à l'intérieur, avec les gens de la Haute... Vraiment pas de chance...
Heureusement, alors qu'elle errait au milieu des gens en essayant - déjà - de se frayer un chemin vers la sortie, elle aperçut du coin de l'oeil Viviane qui arrivait. Le sourire retrouvé, elle commença à se diriger vers son amie...
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Antoine Vaudremont
Meneur
Meneur
Antoine Vaudremont


L'Agent du Double (#14) Vide
MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeSam 4 Juin 2011 - 22:03

« Habile, petit. »

Depuis le jardin, Antoine Vaudremont avait dû se jucher sur la balustrade pour voir Noaz Loewenstein offrir à Europe.. des lys noirs. Bien que sa vue ne soit plus aussi bonne qu'avant et qu'il commence à avoir du mal à accomoder, il ne pouvait se tromper là dessus. Le Meneur n'avait pas encore gagné le coeur du Prêtre, mais Antoine était capable de féliciter un inquisiteur dès lors qu'Europe était atteinte. Et c'était une belle atteinte. Bien meilleur que tout ce que lui aurait pu faire à la Grande Prêtresse.

Elle était de la même génération que lui, mais de la même façon que pour Viviane, leurs chemins étaient devenus radicalement différents, d'une façon quasiment amusante. Mais c'était beaucoup plus grave dans le cas d'Europe: si elle n'avait pas orchestré la campagne de diffamation qui avait traîné Antoine dans la fange, elle l'avait soutenue, et n'avait pas été la dernière à se moquer. En tant que grande-prêtresse, elle personnifiait en plus l'ancienne tribu dans son ensemble. Elle concentrait sur elle toutes les raisons pour qu'Antoine se tienne loin d'elle.

Du reste, n'était qu'un bourgeois de la ville, au métier plutôt roturier, patron de scierie, il n'avait pas à se donner trop de peine pour lui échapper: Europe n'aimait pas les roturiers, et Antoine était fier d'en être un. Il laissait volontiers au nouveau Meneur le soin de maîtriser la bête, malgré tout ce qui semblait impie chez Noaz. Il était davantage fâché avec la Grande-Prêtresse que le Meneur.

Autrement plus difficile était d'éviter Viviane Valdemar, mais cela restait possible: quand deux personnes veulent s'éviter, elles y arrivent très bien, c'est quand l'une des deux veut retrouver l'autre que c'est difficile. Pour autant, Antoine ne comptait pas s'abstraire de la soirée: il y avait nombre de bons amis parmi les invités dans le jardin, la plupart n'était ni sorciers, ni inquisiteurs bien entendu. Des gens avec qui plaisanter, rire, râler et papoter. Des gens avec qui être humains. Il y avait ses ouvriers, il y avait ses fournisseurs, il y avait ses clients. Tous d'un commerce agréable, qu'il ne voyait que trop rarement, trop absorbé par ses fonctions de prêtre, auxquelles il consacrait de plus en plus de temps. Les gens extérieurs pensaient à tort qu'Antoine se muait en rentier, alors qu'il s'abîmait au contraire dans le sacerdoce.

Il alla droit vers Simon Laufen, un bûcheron qui avait les plaisanteries aussi grasses que son ventre. Hermann Eisenhauer vint les rejoindre et les trois se lancèrent dans une compétition d'histoires drôles dont Antoine finit bon dernier, mais au moins avait il autant rit que les autres. Plutôt que l'ambiance sophistiquée qui sévissait entre les murs, Antoine avait plutôt besoin de se sentir humain, basiquement masculin, appartenant pour de bon à cette terre. De temps en temps, il était nécessaire aussi de se rappeler que c'était à ce monde ci qu'on appartenait.

Au contact de tous ces nons-sorciers, chrétiens certes mais pas trop, il prenait un bon bain de mondanité qui le rafraichissait de toutes ces séances de méditation et de ces caves où se déroulaient les cultes et les rituels du Lys Noir. Une fois qu'il se serait pleinement changé les idées, il pourrait reprendre l'un comme l'autre avec plus d'ardeur.

L'Agent du Diable? Il n'en avait pas souffert, il avait été beaucoup plus inquiété par les affaires du Lys qui s'étaient très mal conclues. La mort d'Alicia l'avait beaucoup plus afffecté que les dizaines de meurtres de l'Agent du Diable, mais finalement, le Lys n'était pas mort. On ne savait pas où il allait, Antoine n'était pas sûr que ce soit dans le sens de la Déesse, mais le Lys n'était pas mort.

Alors, on pouvait peut être fêter cela à la place.
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Elena Mirova
Aguerri(e)
Aguerri(e)
Elena Mirova


L'Agent du Double (#14) Vide
MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeDim 5 Juin 2011 - 0:41

Les mondanités... Qui aimait cela, très sincèrement. Une bande d'endimanchés tous réunion dans une grande pièce avec victuailles et vins de tous horizons. L'intérêt? Se montrer, se pavaner, faire la cours ou se faire courtiser et puis c'était tout. Elena avait beau avoir retrouver sa voix, et une contenance un peu plus normal, l'annonce de cette grande fête en l'honneur de l'agent du Diable la rendait pessimiste. Être obligée de faire des risettes à tout le monde et se pomponnée pour faire bonne figure, faire constamment semblant, c'était un dur métier d'artiste. C'était l'âme en berne que la noble quittait le manoir, au bras de son frère. Vincent était tellement bon vivant que même ce genre de manifestation ne lui arrachait pas son sourire. Pourtant il y avait de quoi. Et cette invitation alors qu'Alicia les quittait à peine. Une invitation du clan ennemi! Europe et son Inquisiteur d'époux. Elena était partagé entre la colère et la rage de décoller une mâchoire ou deux à cette réception débile.

Amère, elle ne cacha pas son dégoût lorsqu'elle entra. Si auparavant elle n'appréciait plus la tribu d'Olrun, là elle les détestait carrément, surtout Europe. La grande Prêtresse, fière et arrogante était heureuse de parler de l'incarcération de l'Agent du Diable. Mais ce qui lui donnait ce petit sourire de prostituée satisfaite c'était la mort d'Alicia et de son fils. Inondé par la nausée que provoquait se visage, Elena ne dit mot lorsque Vincent vint félicité la maîtresse de maison. Le regard noisette de la jeune femme se planta, comme deux pieux dans ceux de son ancienne Prêtresse, et elle espéra lui offrir autant de dégoût en la fixant ainsi, et par sa présence lui rendre les nausées qu'elle lui provoquait. Ensuite passèrent les frères Loewenstein. Adal la rendait nerveuse, elle voyait toujours le cou d'Amaël massacré mais de façon beaucoup plus espacé. L'intervention de Noâz lui avait permis une chose : elle remettait de l'ordre dans ces idées et se sentait à présent un peu moins coupable.

Une fois que Adal quitta le pupitre, son frère le remplaça, provoquant le doute et l'effroi dans le cœur des sorcières et sorciers de la tribu d'Olrun. Elena quant à elle se contenta de le regarder fixement. Elle se souvenait... Une vague de souvenirs surgit en un flash avant de s'évanouir. Vincent était déjà à la recherche d'une demoiselle en particulier, c'est pourquoi il ne vit pas le visage de sa sœur s'endurcir. Elle observait sans rien dire. Il avait violé son esprit. Certes il lui avait délié la langue mais pour autant il avait enfreint sa liberté de pensée, son passé et des souvenirs douloureux. Et ça, elle ne le supportait pas. Alors qu'il quittait l'estrade et qu'Elena s’apprêtait à le confronter mais elle entendit son nom par derrière. Une petite voix qu'elle connaissait déjà. Elle se retourna arrachée à ses pensées et vit devant elle Narcissa. Ou plutôt ce qu'il en restait.

Blessée, méconnaissable ou presque, exténuée. La pauvre enfant méritait de dormir que de subir pareilles mondanités. Elena changea son visage et se radouci.


"Narcissa, mon dieu..."

Elle ne voulait pas réagir ainsi. Elle rosit de sa maladresse.

"Pardonnez moi, mais j'ai entendu ce qui c'est passé. Enfin, avec tout ces ragots il est parfois difficile de savoir la vérité mais je ne m'attendais à vous voir pareillement souffrir."
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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


L'Agent du Double (#14) Vide
MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeLun 6 Juin 2011 - 3:07

Ce n'était pas normal. Rien de tout ceci n'était normal. L'Agent du Diable avait été arrêté. Alicia était morte, et le Lys aussi. Trop de bonnes nouvelles tuaient les bonnes nouvelles. Viviane était terriblement méfiante, elle ne parvenait pas à se réjouir pleinement de l'arrestation de celui qui avait bien failli la tuer, ainsi que bon nombre de ses amis. Il était dans les geôles de l'Inquisition, la belle affaire. Mais pouvait-on être sûr qu'il agissait seul ? Viviane en doutait. Mais qu'importait son avis, elle bourgeoise de la ville de Forbach, divorcée et tout juste bonne à reprendre le commerce de son père ?

Comme lors des réjouissances pour la fête en l'honneur de la mort d'Alicia, le discours d'Europe fut bref. Elle se contentait toujours du strict nécessaire, comme si parler plus longtemps l'exposait à des risques inconsidérés. Viviane ne comprenait pas cette méfiance qui n'avait plus de raisons d'être, mais elle avait renoncé à lutter contre Europe. Elle avait si peu d'amies qu'elle préférait les garder, même si elles ne se comportaient pas toujours de la meilleur des façons, Europe la première. Viviane éprouvait pour elle un profond attachement qu'elle n'expliquait que parce qu'elles se connaissaient depuis longtemps, elle savait ce qui se cachait derrière ce masque d'indifférence.

L'apparition d'Amaël à cette soirée fut le premier élément qui troubla Viviane. Enfin, les mauvaises nouvelles arrivaient à nouveau, elle se sentait soulagée. Europe n'avait manifesté aucune surprise à la vue d'Amaël, mais Viviane, elle, avait eu du mal à réprimer un cri de peur. Adal avait certifié qu'il était mort, alors comment avait-il fait pour revenir d'entre les morts ? Alicia reviendrait-elle aussi pour reconduire cette guerre qui était vouée à ne jamais s'arrêter ? Même si elle s'attendait plus ou moins à ce que le Lys ne meure pas, elle sentit une vague de désespoir la traverser. Tout ceci n'aurait donc jamais de fin ? Était-elle réellement condamnée à une existence difficile et remplie de malheur ? Elle était si lasse de tout cela. Le discours d'Amaël ne fut pas tellement plus long que celui d'Europe mais oh combien plus incisif. Viviane ressentit une bouffée de colère et de haine à la vue du bouquet qu'il venait d'offrir à l'hôte de la soirée. Décidément, la vie avait repris son cours normal. Il ne manquerait plus qu'on annonce l'évasion de l'Agent du Diable et la mascarade serait parfaite.

Les discours terminés, Viviane scruta la foule à la recherche d'un regard familier ou d'un visage amical. Nombreux étaient ceux qui semblaient s'ennuyer ferme, ceux aussi qui ne semblaient attendre que la nourriture. Viviane n'avait rien contre les mondanités, mais elle n'en n'était pas une grande adepte non plus, elle s'y sentait toujours un peu mal à l'aise. Au loin, elle aperçut Antoine, elle ne savait pas très bien si elle avait envie de lui parler à nouveau ou non, mais dans ce contexte-ci, c'était de toute façon hors de question. Elle détourna alors son regard, cherchant quelqu'un avec qui elle pourrait passer la soirée sans que cela ne paraisse suspect. Elle aurait pu aller à l'intérieur, rejoindre sa soeur et sa nièce, mais Viviane se sentait encore moins à l'aise à l'intérieur qu'à l'extérieur, aussi avait-elle décider de rester dans le jardin, entourée de ceux qu'elle fréquentait au quotidien dans la ville.

Alors qu'elle était en train de se retourner une énième fois, elle vit Inès qui s'approchait d'elle. Enfin, une personne avec qui elle pourrait parler de tout ce qui venait de se passer. Elles pourraient peut-être rester ensemble pour le reste de la soirée, cela lui éviterait de chercher quelqu'un d'autre pour ne pas rester seule.

« Ah, Inès. Je suis contente de te voir ici. Tu as l'air d'aller bien mieux que la dernière fois. J'imagine que tu dois être ravie de savoir notre agresseur sous les verrous, depuis le temps que nous attendions tous ce moment ! »
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Romain Zimmerman
Baron(ne)
 Baron(ne)
Romain Zimmerman


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeLun 6 Juin 2011 - 15:23

La nouvelle de l'arrestation de l'Agent du Diable lui était parvenu très rapidement après son incarcération effective. Le Baron de Rosbruck était un homme prévoyant et il ne manquait pas d'hommes. Pragmatique, il savait que l'information était primordiale et passer à côté des évènements de Forbach aurait été une grossière erreur. Aussi n'avait-il pas résisté à annoncer la nouvelle à son épouse qui avait mis quelques instants à comprendre l'entièreté de la nouvelle. Elle s'était ensuite réjouie pour deux, ou bien plus encore. Sans la contredire, il l'avait laissé préparer une fête dans le petit village, pour le plus grand bonheur de ses habitants, profitant d'une occasion surtout pour festoyer et se retrouver. Après tout, à quoi bon passer à côté d'une raison de célébrer quelque chose ? Bientôt viendrait le troisième enfant des Zimmerman, aussi il y en aurait une autre, de fête, mais depuis quand était-on limité à un certain nombre de fêtes par année ? Romain s'était quand même évertué à faire en sorte que la Baronne se ménage quelque peu, il ne restait plus que quelques mois et ce n'était pas forcément le moment de faire des folies, n'est-ce pas ? Oui, pour le coup, le Baron était devenu davantage un Chevalier Protecteur et Servant, plutôt qu'un mari, ce qui ne l'empêchait pas de démontrer tout son amour à son épouse, surtout après la dispute qu'ils avaient eu.

La nouvelle de la réception au Manoir d'une noble de Forbach parvint rapidement chez les Zimmerman qui furent tout naturellement conviés. A la fois par l'influence de l'épouse, couturière fort appréciée, et de l'époux, membre, par titre, de la Noblesse de la région. Bien que peu adeptes des mondanités – il suffisait de le voir en temps normal chez lui, faisant souvent fi des convenances avec ses invités – il suivit son épouse qui parvint à le convaincre d'y aller. Bien entendu, il n'y allait pas pour la fête en elle-même, bien que soulagé que l'Agent du Diable ne sillonne plus les rues de Forbach, mais simplement pour veiller à ce que rien n'arrive à son épouse. Anna s'occuperait de Dimitri avec David et Miranda.

Une fois dans la demeure, le Baron se contenta de suivre la Baronne, s'arrêtant pour la laisser observer des tapisseries auxquelles il jeta toutefois un regard contemplatif, serrant les mains de certaines personnes qui venaient vers lui, échangeant quelques mots cordiaux mais pas souvent sincères, restant sans cesse à proximité de son épouse. Il la protégeait peut-être un peu trop, mais cela avait toujours été dans sa nature. Depuis qu'ils étaient mariés, si Louisa Zimmerman était connue pour son caractère et sa force d'âme, elle n'en était pas quasiment inséparable de son époux. L'inverse était vrai également, cela va sans dire.

Avec elle, il écouta les discours de la dénommée Europe, maîtresse de cérémonie. Il le fit en dégustant l'une de ces friandises exquises glissées dans un papier finement doré, un met dont on disait qu'ils faisaient toujours le succès des fêtes des ambassadeurs. [hihihi] Ce fut ensuite autour d'un jeune homme, apparemment le fils d'Alicia Maestrini, la femme qui avait dénoncé son épouse, de parler un peu, assurant qu'il ferait tout le nécessaire pour retrouver sa mère, disparue depuis le jour de son arrestation, ou du moins tentative. Un tel discours avait le mérite d'être surprenant, mais il s'agissait là d'affaires qui n'intéressaient que très peu Romain, même si sa tante lui avait glissé quelques mots au sujet des évènements récents. Rien de bien précis, mais apparemment des choses graves s'étaient déroulées. La disparition d'Alicia en faisait-elle partie ? Difficile à dire.

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Lorenzo Maestriani
Mort(e)
Mort(e)



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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeLun 6 Juin 2011 - 15:23

Impérial. Voilà le mot qui aurait suffit à définir Lorenzo Maestriani dans ce début de soirée. Alors que la ville était en liesse suite à l'annonce de l'arrestation de l'Agent du Diable, ce dernier s'était langui de voir la suite des évènements. Forbach était décidément bien prometteuse ! Contrairement à l'habitude, ce fut une noble qui organisa la fête dans son propre manoir dans les quartiers résidentiels. Le Conti n'y vit aucune objection, après tout, il n'avait pas le monopole des réceptions, même si, vu l'ampleur de celle-ci, peut-être aurait-il fallu la faire dans les Jardins du Château. Enfin qu'importe, les détails de lieux ne l'intéressaient déjà plus. Il voulait voir ce qui allait se passer, les choses qui seraient dites, tues, les réactions de chacun. Tout le monde fêterait, tout le monde, c'était évident, certains plus que d'autres, à ne pas en douter. Oui, sans aucun doute.

Alors que la maîtresse de cérémonie prenait la parole pour introduire et féliciter la performance qu'ils fêtaient ce soir, Lorenzo se permit quelques coups d'œil dans la foule pour regarder les nommés. Il fut surpris de ne pas voir Owen Mansholther, l'Enquêteur Royal, dans la salle. Peut-être ne désirait-il pas partager les festivités, lui, qui, au final, n'avait pas fait grand chose dans cette affaire à part chercher des noises aux habitants. Il esquissa un sourire satisfait avant d'observer le Second de l'Inquisition, Sébastien Garin. Il ne semblait pas très à l'aise dans tout ce beau monde, n'appréciait-il donc pas le côté festif de son métier ? Certains ne vivaient cet Enfer que pour se voir invités aux frais des nobles locaux et ainsi ripailler en toute impunité. Il haussa un sourcil puis laissa le Second à ses méditations intérieures avant de saluer quelques personnes de sa connaissance. De purs lèches-bottes, il fallait l'admettre, mais il ne pouvait pas ne pas leur dire quelques mièvreries de bon ton pour donner le change. Un jour cela serait différent, entièrement différent.

Avec amusement, il observa le fils d'Alicia prononcer quelques mots sur sa mère et sa volonté d'aider l'Inquisition. Apparemment, il n'y avait pas que lui qui était capable de jeter le voile sur des évènements importants. Mais qu'importe, tromper le monde n'était pas suffisant pour Lorenzo, il fallait faire preuve de bien plus de malice pour réellement parvenir à ses fins, et pour l'instant, personne n'avait réussi à en démontrer davantage que lui. Alors que le garçon quittait la scène, il monta à son tour sur l'estrade, imposant le silence de lui-même, le bruit de ses bottes sur le bois suffisant à demander le silence.


« - Voilà un jeune homme qui connait sa place et sait se montrer courageux dans l'adversité. Je me contenterais de rajouter que mes hommes, en collaboration avec l'Inquisition font tout ce qui est possible pour retrouver les traces de mon épouse. Laquelle je soupçonne de s'être liée à moi pour convoiter davantage de pouvoir dans l'exercice du sien, maléfique. »

Il marqua un silence et rajouta :

« - Néanmoins, l'heure est aux réjouissances, aussi n'est-il pas nécessaire de vous ennuyer davantage. Acclamons plutôt le héros de cette soirée, je veux bien entendu parler de Monsieur Garin, Second de l'Inqusition de Forbach. »

Amusé, il avait attisé les applaudissements de la foule pour cet homme qu'elle allait aduler. Les bras tendus vers l'homme qu'il venait de nommer, s'il pouvait le dire ainsi, il lui laissa ensuite la place avant de rejoindre sa place, un sourire carnassier sur les lèvres.
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Luc de Rohan
Apprenti(e)
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Luc de Rohan


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeLun 6 Juin 2011 - 15:24

Cette soirée n'était pas vraiment au goût de Luc. Complètement ailleurs depuis que Soeur Béatrice l'avait giflé, il n'avait plus réellement envie de rien, préférant s'enfermer dans sa chambre pour dormir, dans le petit bureau de la bibliothèque pour lire ou bien dans la salle d'entrainement pour taillader l'air de son fleuret ou du sabre – selon l'humeur -, l'idée d'être entouré de personnes qu'il ne connaissait pas, ne lui faisait pas vraiment envie. Qui plus est, aller en territoire ennemi pour fêter l'arrestation d'un homme qu'il n'avait pas connu, ou si peu, de réputation. Néanmoins, Eléna s'était forcée, ou plutôt avait été forcée par son frère, bien décidé à aller faire honneur à cette réception. Par compassion, ou lui-même forcé par son Aguerrie, il fit également le chemin pour ce Manoir et y passer probablement la soirée la plus longue de sa vie. Petit déjà il n'appréciait pas les soirées mondaines et cela ne s'était pas arrangé avec l'âge, croyez-moi.

Grimpant sur Flèche, il avait suivit la calèche des Mirova au petit trot, pas très pressé d'arriver. Pourtant, la distance fut bien vite parcourue et il fut introduit dans la grande demeure. Pour lui, c'était du pareil au même. Un rapide regard aux visages alentours pour se rendre compte qu'effectivement il ne connaissait personne. Il attrapa une coupe de vin ainsi qu'un petit amuse-bouche et se mit dans un coin de la pièce, plus pour observer qu'être vu. Quitte à s'ennuyer ferme, autant essayer de voir des scènes amusantes de la vie « quotidienne » des nobles, notamment lorsque ceux-ci entrent en contact avec les paysans. Il suffit de voir leur air dégoûté pour en rire pendant quelques minutes. Décidément... Près d'une fenêtre, il prit sur lui pour subtiliser un plateau et faire glisser les mets vers la populace. Après tout, il n'y avait pas que les Nobles pour avoir le droit à la bonne chair.

D'un oeil et d'une oreille, il suivit les différents discours, plus ennuyeux les uns que les autres. Décidément, cette soirée promettait réellement d'être barbantes à souhait. Assis sur le rebord de la fenêtre, il se prit à s'imaginer parcourant la Forêt Noire sur le dos de Flèche, loin de cette agitation inutile. A quoi bon fêter une arrestation ? Pourquoi ne pas se contenter d'une pendaison rapide et expéditive, un petit feu de joie au milieu de la place, quelques danses et quelques sangliers rôtis au feu de bois et on n'en parlerait plus. Au lieu de cela, il fallait s'évertuer à faire de belles paroles pour ne rien dire de plus que ce qu'une exécution, presque silencieuse, aurait fait tout aussi bien. En plus, Luc aurait pu davantage échapper à une telle exécution. Il soupira une nouvelle fois lorsque le Conti, Lorenzo Maestriani, exhorta une nouvelle personne à prononcer quelques mots.

* Ca n'en finira jamais...*

Décidément, l'idée de fuir devenait de plus en plus passionnante...
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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
Conseiller de la Suprema
Sébastien Garin


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeMar 7 Juin 2011 - 16:33

Sébastien Garin aurait volontiers laissé tout à Louis Institoris, s'il l'avait pu. Mais ayant supervisé toute les activités des Inquisiteurs durant l'année, il ne pouvait pas laisser à d'autres le soin de se montrer. Nul autre que lui n'avait une vision assez globale et en tête tous les accords secrets passés entre les Inquisiteurs et les Sorcières. Cassandra par exemple aurait pu rallumer les feux de la chasse au sorcières, Frère Ethan attiser le religieux chez tous, et Sarah Geisler n'avait pas assez confiance en son fils pour ménager les sensibilités des sorcières, dont Europe, celle qui avait tout organisé, n'était pas la dernière... Sébastien Garin était peut être le plus mauvais inquisiteur de Forbach, mais il était le plus réaliste de tous. Nul ne pouvait encore le remplacer.

Il s'appliquait cependant à paraître inaperçu, à ne parler avec personne et à viser le bon moment pour se défiler et rentrer à la Collégiale. Petite bourgeoise d'éducation, Sarah Geisler se sentait aussi à l'aise qu'un éléphant dans un magasin de porcelaines, et n'osait pas même toucher au buffet de peur d'enfreindre une quelconque règle de savoir-vivre. De plus elle n'était là que parce qu'elle ou il était le Second, un notable quasiment de Forbach, autrement sa place était dans les jardins.

Elle se fit donc prier pour donner son discours, et Amael Loewenstein, qu'on n'avait pas vu depuis longtemps en public, avait même eu le temps d'arriver et d'y aller de son petit postillon. Même après lui, Sarah Geisler ne se lanca pas tout de suite, cherchant les premiers mots de son discours, et priant que la suite pourrait venir toute seule après. Ne sachant pas vraiment quoi faire, si ce n'est se rapprocher de ceux qui parlaient et décider, elle se mit à son tour au centre de la pièce et se racla la gorge d'un son légèrement aigu, qu'elle corrigea après coup en adoptant une voix un peu plus grave que d'habitude, comme si sur septante témoins, il y en avait un qui s'acharnait à prouver qu'elle usurpait son identité.

« Merci, Comte Loewenstein, je me souviendrai de vos paroles, et nous verrons demain si nous avons besoin de vous. Ce soir, mangez, buvez, soyez en paix. Bien. Hmmm... »

Un silence insupportable et trop long prit place, le temps que Sébastien Garin trouve le bon angle d'attaque de son discours, lui qui était de plus en plus un rat de bureau qui restait derrière son meuble.

« Le... dernier mal de Forbach est neutralisé. Je vous rappelle le placard sur la porte de l'église vers la fin de l'année dernière, qui a conduit à l'annulation de notre ordre de démobilisation. A partir de ce moment, nous avons fait autant qu'il nous était possible pour pouvoir arrêter l'Agent du Diable, ou quelque soit son nom, mais ce démon s'est avéré être aussi délicat à saisir qu'un serpent venimeux, nous n'avions pas le temps de recevoir une plainte que déjà il frappait ailleurs. Nous avons eu des victimes dans nos propres rangs, ce qui je pense est la preuve de nos efforts pour l'arrêter. »

Elle se gratta la tête assez sauvagement, voulant abréger son discours au plus vite.

« Nous n'avons pas réussi à le faire avant qu'il ne s'en prenne -pour la deuxième fois- à Inès Gallois, l'alerte a été donnée bien assez à temps pour que nous puissions intervenir. Seuls. »

Ca faisait longtemps que les forces policières de Forbach ne trouvaient plus de débouchés que dans des bagarres de taverne. Une rivalité tenace les opposait aux inquisiteurs, mais les trois agents de la bourgade ne pouvaient rivaliser avec les hommes de main du Vatican, et tous les cas intéressants et un peu d'envergure échoyaient entre les mains de l'Inquisition, police religieuse devenue en partie civile.

« Nous avons eu encore à déplorer deux morts, mais l'Agent du Diable a fini dans les geôles, et malgré notre interrogatoire infructueux, a tout de même fini par avouer quelques éléments au dénommé Owen Mansholter, un... le... »

Le fait est que l'Inquisition et Owen Mansholter n'avaient pas collaboré: ils avaient poursuivi le même but juxtaposés sans s'aider l'un l'autre et au dernier moment, le Loup de la Reine avait forcé la main aux Inquisiteurs pour interroger à son tour l'Agent du Diable. Au moins avait-t-il obtenu des résultats, sans cela, Sébastien Garin aurait encore eu en travers de la gorge cet épisode.

« Owen Mansholter. J'espère qu'il arrivera bientôt pour vous raconter tout ceci. Pour moi il faut retenir surtout ceci: le Monstre n'est plus. J'espère que maintenant que l'Agent du Diable est promis à l'enfer et que les sorcières n'ont toujours pas manifesté de signe de présence, nous puissions accomplir ce qui a été avorté il y a neuf mois: la démobilisation. »

Discret rappel à Europe du marché reconduit il y a si peu de temps dans la douleur.

« Bien. J'ai fini. »

Sarah Geisler se mit vite dans un coin où on ne l'embêterait pas, et attendit d'apprendre les derniers détails sur l'Agent du Diable. Ensuite elle rentrerait, et attendrait David, s'il venait.





[Sujet bloqué pour le moment, merci de ne pas répondre tout de suite Wink]
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Owen Mansholther
Enquêteur Royal
Enquêteur Royal
Owen Mansholther


L'Agent du Double (#14) Vide
MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeVen 10 Juin 2011 - 23:58

C'était le pas lourd qu'Owen se dirigeait, résolu, vers le Manoir Eléanora-Sun, où le tout Forbach fêtait l'arrestation de l'Agent du Diable et la paix qui allait en découler. Certains devaient déjà jaser sur son absence, prétextant qu'il ne voulait pas se montrer, honteux de n'avoir pu arrêter cet homme lui-même, d'autres devaient déjà dire à qui voulait l'entendre, qu'il était retourné en Angleterre chasser les petits malfrats, tellement apeuré à l'idée d'annoncer la nouvelle à son Souverain. Mais cela, il s'en fichait royalement, à vrai dire, il aurait tôt fait de clouer le bec à ces personnes s'il devait y en avoir, et il y en aurait, il en était intimement convaincu. On avait suffisamment médit dans son dos pour qu'il se doute que ses détracteurs se jettent sur l'occasion presque inespérée de le discréditer davantage. Mais ils avaient tous tort, ils le sauraient bien assez tôt, du moins lorsqu'il serait arrivé au Manoir, car s'il n'y était pas encore. Avant de s’y rendre, il avait du faire un détour pour récupérer ce dont il avait besoin, les instruments de sa vérité, de LA vérité. Cette vérité que croyaient détenir ses détracteurs. Et bien, la vraie vérité leur ferait probablement un véritable choc. Car, comme toujours, Owen ne marchait pas seul vers son objectif. Accompagné, de la vérité entre autres, il allait faire éclater au grand jour ce que certains n’auraient surement jamais pu imaginer pour la plupart.

Lorsqu’il arriva aux abords du Manoir, son premier contact fut avec la foule. Comme convenu, il ne passa pas réellement aperçu, après tout, il restait l’étranger, presque l’attraction de la ville aux yeux de certains. Néanmoins, c’est avec autorité et respect qu’il se fraya un chemin parmi les gens, même si à vrai dire, la foule s’ouvrait plus devant lui qu’il n’essayait de les écarter de son chemin, leur silence le précédant, leurs murmures le suivant. Il arriva enfin aux portes du Manoir, fermées pour l'occasion mais Owen ne se gêna pas pour les ouvrir de lui-même, ayant prit un peu d’avance, les aidant d'un coup de pieds bien senti dans un grand claquement sonore. Solides comme elles étaient, elles ne risquaient pas grand-chose, et cela avait le mérite d'attirer l'attention de l'assemblée. Il referma les portes d’un grand geste. Apparemment, il venait d’entrer alors que Sébastien Garin faisait un discours, soit. Il semblait également qu’il avait terminé, tant mieux. Alors qu’il quittait l’estrade, Owen prit la parole en se dirigeant vers l’estrade profitant de son effet de scène qui avait conduit à l’attention de la foule qui était dorénavant surement toute ouïe.


« - Mesdames, Messieurs. Pardonnez cette entrée quelque peu brutale, mais j'avais besoin de votre entière attention, ce que je suis certain d’avoir maintenant. »

Il monta sur l’estrade et se tourna vers son « public ».

« - Je suppose qu’on a déjà du vous faire une petite pléthore de discours sur l’éradication du Mal à Forbach, sur l’arrestation d’un dangereux criminel qui terrorisait la ville. Et bien laissez moi vous faire un discours à moi aussi, qui, j’en suis assuré, sera bien plus captivant et intéressant que tout ce qu’on a pu vous raconter jusqu’à maintenant. »

Il posa son regard sur Sebastien Garin dans l’assemblée et se retourna vers la masse de l’assemblée alors qu’il le pointait du doigt.

« - Cet homme vous a menti. A vrai dire, tous ceux qui vous ont affirmé que le Mal représenté par l’Agent du Diable est dissipé vous ont menti. Ou plus exactement, leur méconnaissance des faits et des preuves les ont conduits à de fausses conclusions. Ils se sont arrêtés aux évidences, à l’écran de fumée que l’on crée pour cacher le véritable incendie. Car le véritable Mal court toujours, pire encore, ce Mal est présent ici même. »

Il s’arrêta encore, posant des silences où il le jugeait nécessaire.

« - Lorsque je suis arrivé à Forbach, je pensais avoir à faire avec un meurtre ordinaire, je me suis bien vite rendu compte que ce n’était pas la réalité. Cette ville porte un bien lourd passé qu’il m’a été nécessaire de comprendre pour mener à bien cette enquête et aboutir à mes conclusions. Mais avant tout, permettez moi de partagez avec vous mon raisonnement, dans une version plus agréable, bien entendu. »

Il prit une petite inspiration et reprit, toujours aussi impérieux.

« - Dans une grande majorité des cas, lorsque le meurtre est unique, le coupable se trouve dans un entourage proche. Intéressé par le cas de Laura de Montfort, c’est donc dans son cercle intime que j’ai commencé à chercher. Compte-tenu de sa réputation, des querelles entre nobles, presque tous les scénarios et les coupables étaient envisageables. Rien de bien intéressant jusque là. »

Il jeta un coup d’œil dans l’assemblée, un sourire naissant sur ses lèvres.

« - Peu après mon arrivée, voilà qu’un « Agent du Diable » se déclare au grand jour, affirmant qu’il continuera de tuer si je reste à Forbach. Serait-ce le meurtrier de Laura ? Difficile de remettre en question cette hypothèse. Et pourtant… Son nom de scène ne vous choque-t-il pas ? Il se proclame l’Agent du Diable. Certains me diront qu’il s’agit de faire effet, de semer la panique et la terreur dans la ville. Oui, probablement. Mais s’il agissait véritablement pour le Diable, ou, plutôt, pour quelqu’un se faisant passer comme tel ? Réfléchissez un peu. » Il eut un sourire. « Ne pensez vous pas qu’il pourrait s’agir là de la ruse idéale ? Engager quelqu’un qui se montrera au grand jour pour endosser le chapeau à votre place. L’idée pourrait paraître saugrenue, mais je vais vous donner la raison pour laquelle elle n’est que plus valide. »

Encore une pause.

« - Vous n’êtes pas sans savoir que le criminel ne s’est pas limité à Laura de Montfort, qui n’est que la partie immergée de l’iceberg, si vous me permettez cette expression. D’autres cadavres ont été mis à jour, avec cette même particularité, des cadavres remontants à plusieurs années, tués, selon une méthode bien précise, un mode opératoire des plus strictes. Or, le modus operandi de l’Agent du Diable est loin d’être similaire à celui-ci. Qui plus est, lui d’ordinaire loquace et vantard n’a pas su m’expliquer pourquoi ces cadavres présentaient des yeux décolorés. Troublant n’est-ce pas ? »

Il posa un regard sur Europe.

« - De plus, il a été porté à ma connaissance que les victimes déterrées avaient toutes le point commun d’être des sorcières, ou du moins déclarées comme telles. Certains pourraient me discuter cette preuve provenant d’une lettre d’Alicia Maestriani, notamment après les récents évènements, mais cette confession date de bien avant les accusions qui furent portées contre elle, si de telles accusations sont fondées, ce qu’on est en mesure de douter devant le fait accompli que l’Inquisition en ce lieu semble porter quelques œillères, ce qui me porte à croire que ces confessions sont parfaitement valables »Bref silence. « Ces meurtres seraient donc reliés, en fond et en date, d’après mes propres observations sur les cadavres, à des rituels occultes dont, apparemment, la ville elle-même est friande. Or, les meurtres et agressions de l'Agent du Diable ne suivaient aucune logique propre si ce n'est celle du hasard, les gens terrorisés, agressés ou tués n'avaient simplement pas de chance. Mais pour utiliser l’Agent du Diable, fanatique occultiste, il faudrait bien sûr vouer également une passion pour ce domaine mais également être riche, car notre homme n’est pas du genre à se contenter de sucre. »

Il commença à faire quelques pas sur l’estrade, comme s’il réfléchissait et qu’il partageait sa réflexion à haute voix.

« - Compte-tenu des interrogatoires que j’avais passé jusqu’alors, ainsi que ces considérations d’activités et de richesse, une unique solution s’imposait comme légitime : Europe Eléanora-Sun, votre hôte en cette magnifique soirée. Tout coïncidait, la richesse, sa mésentente avec Laura, sa réticence à me répondre, sans oublier sa proximité avec Louis Institoris qui devenait alors un accès direct à l’occulte de cette ville. Un comble n’est-ce pas ? Inviter tout Forbach fêter la victoire de la ville et sa victoire. » Il s’amusa et rajouta. « Une accusation qui ferait sans doute d’elle une sorcière, ne croyez-vous pas ? »

Il laissa un petit blanc et reprit, un peu plus fort.

« - Mais… Ce n’est hélas pas le cas. Il m’est apparu que notre coupable ne pouvait être qu’un homme, chose que n’est décidément pas notre inestimable hôtesse. Pourquoi donc ? Et bien je citerai cette phrase que l’on m’a confessée : « La Mort n’est ni un étalon ni une jument… C’est une femme. Le Diable n’est pas une femme… Il entretient une différence majeure avec la Mort. Il n’a peur de rien ! ».Il marqua encore une pause, appuyant la citation. « Aussi mes soupçons se sont déplacés sur une autre personne et ne l’ont plus jamais quitté, jusqu’à l’ultime confirmation. Mais vous révéler moi-même cette solution ne serait que trop simple. »Il fit un petit signe en direction de la porte. Tandis qu’il continuait celle-ci s’entrouvrit. « Je vous propose la vérité de la bouche de l’autre personne qui la connait, de celle qui m’a aidé à la confirmer, de celle qui va révéler à tous la personne que je défie ce soir, ce Diable qu’il dit servir, celui qu'il a servi comme Agent. »
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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeSam 11 Juin 2011 - 21:42

Lorsqu’on lui apprit qu’une fête serait donnée à Forbach en l’honneur de sa capture, l’Agent du Diable sortit de sa chemise sale la bague funeste aux reflets de feu avec un sourire béat. Car il le savait, ce soir, au nom du Diable, les habitants de Forbach riraient pour la dernière fois de leurs misérables vies. La nuit tombée, la porte des cachots grinça, le cliquetis des clefs s’approcha et la lourde grille pivota sur ses gonds d’acier.

« Suis-moi »

L’Agent avait levé la tête avec un regard plein d’espoir. Oui, c’était l’heure ! Enfin, il allait pouvoir faire tonner une Némésis à nulle autre pareille. L’Agent contempla les yeux sombres du délivrant sauveur, il se leva et le frôlant huma l’odeur neutre de ses cheveux noirs longs et lisses. David Geisler, fils du Second, figure de l’ange déçu… L’inquisiteur le saisit par le col et le mena sans ménagement vers la sortie. Il semblait en colère. L’Agent savait pourquoi. Le jeune homme avait été privé de sortie au Manoir pour garder l’assassin. Il l’amenait à présent avec lui sur ordre d’Owen Mansholther, il n’y avait qu’un homme pareil pour irriter ainsi un inquisiteur. L’Agent du Diable sourit de plus belle car il savait que ça ne pouvait signifier qu’une chose : l’anglais allait affronter l’infernal. Il respectait sa promesse et permettait à l’Agent d’assister au duel.

Les yeux fermés il imagina un instant l’effusion de sang, de poudre et de flammes qui allait se produire. Le Manoir exploserait dans un jaillissement bariolé, organique et minéral, tout allait se mélanger. L’Agent se demanda un instant si les habitants de Forbach seraient tout à fait conscients de la chance qu’ils allaient avoir de mourir en spectacle.


« Avez-vous bien récité votre neuvaine mon ami ? »

L’Agent du Diable éclata de son rire dément habituel. Ils arrivèrent au Manoir. Dans les jardins les roturiers se turent. Le passage se libéra sans besoin d’ordre. Un femme hurla, l’Agent du Diable tourna violemment la tête pour la dévisager. Il semblait se nourrir de la peur. « Aurais-je tué vos enfants Madame ? Ah oui, ça me revient. Elles étaient magnifiques… » Les portes s’ouvrirent et l’assemblée était déjà pétrifiée. « Je vous ai tant manqué ? » ricana l’Agent enchanté. David le mena sur l’estrade auprès d’Owen Mansholther. Cet homme avait du cran. Pourvu que le Diable lui permette de lui arracher le cœur… L’inspecteur émit sa demande : qui était le Diable ? L’Agent sentit dans son thorax gonfler un souffle de fierté. Il allait pouvoir permettre au Diable de supprimer tous ces misérables, leur montrer que peu importait son identité humaine, il régnait sur la Terre et nul ne pourrait l’empêcher, jamais. Il ne suffisait plus que de le délivrer de sa couverture.

L’assassin fut désentravé et fit un pas en arrière pour bien observer toute la salle. Lentement, il enfila la bague maudite, symbole de l’inanité divine, puis leva son doigt noueux ainsi orné vers le ciel. Accusait-il Dieu ? Le doigt retomba à l’horizontale, braqué comme un pistolet sur David Geisler. Il s’approcha de l’inquisiteur, sourit, puis modifia sa visée. Il cibla Owen Mansholther sans plus rire du tout. Il descendit les marches de l’estrade à reculons et modifia à nouveau l’accusation en direction de l’assemblée. Sans l’ombre d’un doute, le doigt désignait Europe, puis circulairement Noâz, Romain, Inès à la fenêtre, puis Antoine, Viviane, Luc à l’intérieur, Elena, Louisa, Sébastien près de l’estrade. Il arrêta sa frénésie tourbillonnaire les yeux écarquillés à l’extrême, s’approcha du Second, le doigt tendu, fébrile. Il le voyait enfin ! Dos à l’inquisiteur, une immense glace reflétait l’assemblée. L’Agent du Diable fit brutalement volte-face et désigna, les larmes aux yeux, l’administrateur du comté.

« Montrez-leur ô Seigneur des ténèbres !!! »
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Lorenzo Maestriani
Mort(e)
Mort(e)



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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeSam 18 Juin 2011 - 9:37

Tout avait si bien commencé. Le spectacle s'était parfaitement agencé, acteur par acteur, discours par discours. Lorenzo n'aurait probablement pas pu espérer mieux que ce qui se jouait sous ses yeux. Même lui y était allé de sa petite phrase histoire d'enfoncer le clou et de parachever l'œuvre qui s'était jouée ce soir sans aucune anicroche. Et pourtant, alors que la coda devait prolonger la fête et achever sans fausse note la symphonie fantastique de cette nouvelle page de l'histoire de Forbach, un élément perturbateur vint perturber la tenue de l'ultime note, froissant les partitions d'une musique réglée au demi-ton près. Owen Mansholther. Lui qui aurait du se terrer dans un coin sombre de la ville, voire même être déjà parti pour la Capitale, avouer ses échecs, ou les masquer, peu importait pour le Conti, le voilà qui faisait une entrée, fracassante, dans le Manoir s'en donnant à cœur joie dans l'emphase et le mélodrame. Comme tous les autres, Lorenzo le regarda s'avancer dans la foule et rejoindre l'estrade pour annoncer comme on jette un pavé dans la mare, que tout ce qu'on avait pu dire n'avait été que mensonge et que, lui, allait dénoncer la vérité, la jeter aux yeux du monde en soufflant l'écran de fumée, en abattant l'arbre qui cachait la forêt.

Comme tout le monde, il s'était retourné vers l'estrade, observant l'énergumène qui faisait la bête de foire et étalait son savoir devant les gens. Avait-il besoin d'un spectacle avant de terminer sa révérence ? Ne pouvait-il donc pas se contenter d'admettre sa défaite ? Fallait-il en plus qu'il se ridiculise devant tout le monde en accusant un parfait inconnu avec un raisonnement que personne ne comprendrait, mais surtout que personne n'approuverait... La culpabilité de l'Agent du Diable ne faisait aucun doute. Il n'y avait qu'un imbécile sur de lui, comme l'Enquêteur Royal, pour oser affirmer le contraire et tenter de le démontrer. Mais alors que certains auraient du contester, ces pauvres moutons c'étaient contenté de l'écouter palabrer. Le Conti opina de la tête, soupirant légèrement avant d'écouter le flot de stupidité que débitait l'Anglais.

Et le discours commença. Pompeux et verbeux. Une litanie sans fin qui relevait des indices aux allures fantasmagoriques et fantastiques. Il se targuait d'avoir décelé des preuves là où personne n'aurait pu en voir, et pour cause ! Il n'y en avait pas. Ces balbutiements étaient forgés de toutes pièces sur des prédicats erronés aux allures d'hypothèses fumeuses faisant de la démonstration déclamée, une farce gigantesque ab absurdo. Mais qui croyait-il berner avec de telles déclarations ? Y'avait-il seulement quelqu'un dans la salle pour donner du crédit à ses paroles sans queue ni tête ? Il suffisait de voir ses conclusions pour se rendre compte à quel point c'était ridicule... Europe, parfaite bouc-émissaire pour mettre en scène de tels crimes. Voilà qui était magnifique. Europe la Sorcière qui maintenant devenait le danger public numéro un, celui qui avait lâché le lion sur la ville, pour dévorer les faibles et les imbéciles. L'idée était amusante, mais au combien blessante. Owen faisait preuve de fort peut d'intelligence finalement.

Puis finalement, il semblait qu'il ne s'agissait que d'une mise en scène particulière, car l'Enquêteur n'avait pas terminé. Rajoutant emphase sur emphase, empilant des arguments branlants pour étayer une réflexion fébrile et sans intérêt aucun. Lorenzo devrait-il lui-même mettre fin à cette mascarade ? Il allait le faire lorsqu'Owen fit entrer un témoin impromptu. Alors que la foule s'exclamait de « ah », de « oh » et de toutes ces imbécilités que peuvent dire les personnes surprises et sottes, Lorenzo observa posément l'Agent du Diable rentrer dans la pièce. Que faisait ce meurtrier ici ? L'Anglais avait-il donc perdu l'esprit ? Voilà qui était tout bonnement incroyable... C'était lui qui allait dénoncer le Diable ? Une farce, voilà ce que tout cela était. Pourtant, c'est un peu fébrile qu'il observa le manège de l'assassin, la course de son doigt sur la foule, qui glissait de personne en personne, cherchant un but dont il devinait déjà la fin... Quand enfin le doigt s'abattit sur lui, le Conti ne cilla pas, regardant le sous-fifre qui l'acclamait comme le Seigneur des Ténèbres.


« - Quelle est cette farce Mansholther ? Êtes-vous à ce point tombé si bas pour tenter de vous rattraper en montant une argumentation douteuse appuyée par le témoignage peu crédible d'un criminel ? Quel marché avez-vous passé avec lui pour obtenir sa dénonciation ? Ne pouvez-vous pas reconnaître votre échec face à l'Inquisition ? Ne devriez-vous pas vous réjouir de l'arrestation d'un criminel ? Préférez-vous vous ridiculiser davantage avant de tirer votre révérence, allons, rien de tout ceci ne tient debout, vos preuves ne sont que des suppositions ab nihilo que vous élucubrez de toutes pièces pour tenter de convaincre des esprits incapables de faire la part du vrai et de la chimères dans vos dires. »

Il marqua une pause.

« - Vous êtes pitoyable, Mansholther. »
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Owen Mansholther
Enquêteur Royal
Enquêteur Royal
Owen Mansholther


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeLun 20 Juin 2011 - 13:13

Enfin la vérité venait d'éclater au grand jour, sous les échos de stupéfaction d'une foule encore en proie au doute et à la surprise. Oui, Owen avait ramené l'Agent du Diable à cette petite fête, oui, il s'en était servi comme un simple détecteur à criminel, lui promettant un duel épique, non seulement pour pouvoir accuser le seul homme qui aurait été capable de tous ces crimes, mais également pour anéantir l'idée incongrue de l'assassin sur gages que cet homme n'était pas doté de pouvoirs surnaturels et qu'il avait été tout simplement berné. Ce dernier point n'avait pas véritablement d'importance juridique, mais c'était, dirons nous, une simple vengeance personnelle. Alors qu'il avait suivit l'Agent du Diable diriger son doigt de manière théâtrale dans la foule, à la recherche de celui qui l'avait engagé, Owen attendait patiemment, déjà au fait de la surprise, la suite n'avait plus grande nouveauté pour lui, aussi se permit-il d'observer la foule aux regards d'horreur, de crainte, de surprise... Avaient-ils peur d'être dénoncés ou seulement peur de cet assassin ? Il est vrai que le laisser ainsi errer aurait pu être dangereux, mais non seulement il était trop excité à l'idée de ce duel entre Owen et le Diable, et en plus, il était désarmé.

Lorsque la dénonciation fut effectuée et que le Conti fut mis en lumière de la plus exécrable des manières, Owen fit un signe et trois inquisiteurs fendirent la foule pour se saisir de l'Agent du Diable, juste pour être certain qu'il ne lui viendrait pas une mauvaise idée. Pendant ce temps, Maestriani commençait doucement à crier au scandale avec une mauvaise foi et un ton qui étaient probablement digne de tout notable accusé d'un crime d'une telle gravité. Ce qu'il ne savait pas, c'était que les preuves à charge contre lui n'étaient pas juste le doigt d'un criminel coupable d'agressions, mais bel et bien plusieurs éléments qui s'agençaient très bien les uns avec les autres. Aussi, Owen encaissa parfaitement les paroles verbeuses de l'Administrateur du Comté avec un petit sourire aux lèvres, car plus fort il protesterait, clamant son innocence, plus dure serait la chute lorsque l'Enquêteur reprendrait la parole. Une fois le plaidoyer du noble terminé, l'attention de la foule s'était naturellement reportée à nouveau sur l'Anglais, en attente de ce que pourrait opposer le policier face à la défense – entièrement relative et succincte – du principal accusé.


« - Vous êtes seul juge de votre opinion, Monsieur Maestriani, mais permettez-moi peut-être de détailler davantage ce qui me pousse à croire que vous êtes effectivement le meurtrier qui se cachait derrière l'Agent du Diable. Peut-être changerez-vous d'avis sur moi. »

Quittant le regard de l'Italien, il se reporta sur la foule, prêt à entamer une nouvelle et ultime explication.

« - Commençons par le commencement voulez-vous. On dit souvent que la première impression est souvent la bonne. Hors, lors de mon premier entretien avec Monsieur Maestriani ici présent, il s'est avéré que ce dernier m'a menti lorsqu'il m'a avoué sans détour qu'il « aimait sa femme ». Or, il m'est clairement apparu dans mes investigations ultérieures que ce n'était pas le cas. Quel intérêt un homme aurait-il à me mentir ? Mais mieux encore, s'il est capable de mentir sur un lieu commun aussi peu utile à l'Enquête, se pourrait-il qu'il cache quelque chose de plus... compromettant ? »

Owen marchait doucement sur l'estrade et fit demi-tour en arrivant en bout de course.

« - C'est bien peu, j'en conviens, mais ce n'est pas tout. Comme je vous l'ai dit plus tôt, les morts semblaient suivre un certain rituel, une sorte de mode opératoire qui visait à sacrifier de « puissantes âmes » à trois éléments pour invoquer une quelconque créature affiliée au quatrième d'entre eux. Or, comme vous le savez, il m'a été donné de retrouver plusieurs corps dans l'Etang et dans le champ où nous avons retrouvé Laura, deux lieux liés aux éléments de l'Eau et de la Terre. Laura est morte cette année, en 1644. La mort du corps le plus récent retrouvé dans l'étang a pu être datée à l'année dernière, quand au second corps le plus récent retrouvé dans le champ où Laura avait été enterrée, on a estimé sa mort à l'année 1641. Grâce à des identifications liées à des objets personnels que portaient les cadavres ou retrouvés parmi les ossements, on peut ainsi remarquer que les meurtres suivent une cyclicité parfaite. »

Il marqua une petite pause, fixant son public et poursuivit :

« - Tous les cadavres enterrés ont disparu, commençant par Laura, en 1644, 1641, 1638, 1635 et 1632, soit tous les trois ans. Les corps retrouvés dans l'étang, quant à eux, datent de 1643, 1640, 1637, 1634 et 1631, soit, encore, tous les trois ans. Mais que faire des années 1642, 1639, 1636, 1633 et 1630 ? Notre meurtrier aurait-il décidé de ne pas tuer ces années-là ? Non, bien sur que non... Mais si les premières victimes ont été sacrifiées à la Terre et à l'Eau, il se pourrait très bien que d'autres aient été données en pâture au Feu, et le Feu, comme vous le savez très bien, ne laisse pas de traces... »

Owen jeta un oeil sur le Conti, amusé, et reprit :

« - Cette description historique et morbide nous révèle bien la présence d'un rituel réglé comme une horloge, visant à sacrifier tour à tour à la Terre, au Feu et à l'Eau, des sorciers et sorcières dans le but d'accomplir un obscur rituel à des fins probablement démoniaques... Mais jusque là, vous me direz, il n'existe pas de preuve affirmant la culpabilité de Monsieur Maestriani, soyez rassurés, j'y viens. »

L'enquêteur marqua une nouvelle pause, tenant son auditoire en haleine et finit par poursuivre :

« - Je suppose que tous ici se souviennent de feu Adrien d'Hasbauer, précédent régent de Forbach. Tous ici se rappellent qu'il s'est sacrifié pour sauver sa fille. Et bien, il semblerait, lorsque l'on porte foi à ce genre d'histoires, que les âmes des sorciers prennent plus d'importance avec l'âge. Si Monsieur Maestriani ici présent a réussi à se débarrasser de l'Oracle dans le corps du Vicomte, il pouvait très bien le faire dans le corps de la petite Alexandrine, n'est-ce pas ? D'ailleurs, c'est même pour cela qu'Adrien s'est proposé pour prendre sa place et permettre, avec un dévouement que j'admire, à sa fille de vivre une vie qu'on menaçait de lui voler. Mais... Néanmoins, cela faisait les affaires de notre Conti qui échangeait ainsi une âme sans importance, avec celle d'un homme d'expérience et de caractère, en même temps qu'il tuait l'Oracle, la belle affaire. Car dois-je vous rappeler la date de la mort du Vicomte ? 1629. » Il avait particulièrement appuyé la prononciation de la date. « Soit très exactement en accord avec la périodicité des crimes liés à la Terre, hors vous savez, tout comme moi, qu'Adrien d'Hasbauer a été enterré. »

Son petit effet réalisé, il poursuivit :

« - Voilà pourquoi le Conti voulait être seul ce jour de l'an 1629. Pour pouvoir se débarrasser d'Adrien et commettre son premier crime. Voilà pourquoi il a été ramené à la veuve Elisabeth D'Hasbauer, déjà « préparé » pour la veillée mortuaire, les yeux clos. Simplement parce qu'il aurait été étonnant, pour ne pas dire dérangeant, que le cadavre du Vicomte soit observé avec des yeux vides et blancs. N'est-ce pas Monsieur Maestriani ? »

Il posa son regard sur l'Administrateur.

« - Alors oui, Conti, tout conduit vers vous. Et malgré le fait que je ne sais pas comment vous est venue cette connaissance presque surnaturelle du passé et de l'avenir, cette assurance de ne tuer que des sorcières et des sorciers ou même quelle est cette manière de tuer qui décolore les yeux de vos victimes, il ne fait nul doute que vous en êtes le principal coupable et je veillerai à ce que vous en payez enfin le prix, et, croyez-moi, avec quinze années d'arriérées à la Cour, ce n'est pas les intérêts qui manquent. »

[HRP : A vous les p'tits loups ! Faites vous plaisir ![/HRP]
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Inès Gallois
Prêtresse
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Inès Gallois


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeLun 20 Juin 2011 - 14:24

Inès était en train de discuter avec son amie Viviane lorsque du coin de l'oeil elle aperçut Owen qui se dirigeait vers le manoir. Elle prit congé de sa consoeur en s'excusant avant de suivre Owen. Elle voulait juste lui dire bonjour, lui dire qu'elle était là, qu'elle attendrait qu'il reparte pour rentrer elle aussi, elle voulait lui proposer de passer chez elle boire un verre. Mais il ne semblait même pas avoir remarqué sa présence. Il était rapidement rentré dans le manoir, et Inès, curieuse s'était dirigée vers l'une des grandes fenêtres du rez-de-chaussée pour voir ce qui se passait à l'intérieur.

A travers les vitres, elle entendit le discours de l'enquêteur. Avait-elle bien entendu ? Il annonçait à la foule que toutes les victimes étaient des sorcières, ou tout du moins auraient pu passer pour telles. Avait-il compris ce qu'elle lui avait caché ? Non, c'était tout bonnement impossible. Et puis, il lui avait dit lui-même ne pas croire en la magie...
Si déjà ces révélations avaient ébranlé la jeune femme, ce qui suivit la tétanisa littéralement. Owen annonça l'arrivée de l'homme qu'elle haïssait le plus au monde, celui qui avait failli lui ôter la vie par deux fois. L'Agent du Diable. Elle ne put réprimer un frisson d'angoisse le long de son échine alors que l'assassin entrait dans le manoir à son tour, escorté par le jeune Geisler. Ses mains pressées contre la vitre commençaient à devenir moites, son coeur s'accélérant dans sa poitrine.

Non... C'était impossible. Pourquoi ? Pourquoi ce meurtrier était-il hors de sa cellule ? Pourquoi Owen l'en avait-il fait sortir ? Etait-ce vraiment nécessaire pour confondre le véritable coupable ? N'y avait-il donc aucun autre moyen ?
Sous ses yeux horrifiés, l'Agent du Diable désigna tour à tour plusieurs personnes dans l'assemblée, et lorsqu'il pointa son doigt vers elle, elle ne put s'empêcher de pousser un cri étouffé, reculant d'un pas en se couvrant la bouche. Les larmes lui montèrent aux yeux en se souvenant de tout ce qu'elle avait subi. Elle aurait voulu pouvoir partir, quitter la fête qui n'en était plus vraiment une, se sauver et rentrer s'enfermer à double tour chez elle, mais non, elle ne pouvait pas. Ses jambes refusaient catégoriquement de lui obéir. Alors elle se contenta d'écouter la suite, tremblante.

Lorsque l'assassin désigna le Conti comme le Diable, elle sursauta. Lorenzo Maestriani ? L'instigateur de tous ces crimes ? Une révélation surprenante ! Enfin... A bien y réfléchir, pas tant que ça. Sa défunte femme étant, de son vivant, une vipère aux yeux d'Olrun, son époux ne pouvait qu'être le Serpent lui-même. Oui, cela tenait la route... Mais pourquoi avoir engagé ce meurtrier ? Pour s'en être pris à elle ? Bien sûr, à la base, tout cela n'avait été qu'un malheureux concours de circonstances. Si elle n'avait pas réagi lorsque l'Agent du Diable avait mis à sac sa boutique, jamais il ne l'aurait touchée. Mais si c'était à cause de Lorenzo qu'elle avait eu à endurer tout ça, alors elle réclamait justice. Elle voulait voir deux têtes tomber : celle du Conti et celle de son Bras Armé.

Lorenzo, d'ailleurs, avait joué les innocents, mais Owen avait démontré avec finesse que ce qu'il avançait était étayé de preuves, de faits et autres choses d'importances. Mais Inès était bien loin de comprendre tout cela. Pour elle, à cet instant, peu de choses comptaient : de un, Owen avait permis à un criminel dangereux, celui-là même qui l'avait agressée, de sortir de sa geôle. De deux, cet assassin en question savait où elle était, et rien ne lui garantissait qu'il ne chercherait pas une nouvelle fois à la tuer. Et de trois, le commanditaire de tous ces meurtres étaient la personne la plus influente de Forbach.

La respiration vint à manquer à l'herboriste, qui papillonna des cils avant de s'écrouler sur le sol, inanimée. C'en était trop, bien trop pour elle...
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Elena Mirova
Aguerri(e)
Aguerri(e)
Elena Mirova


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeLun 20 Juin 2011 - 16:34

Alors que Narcissa, ou plutôt ce qui en restait était aux côtés d'Elena à parler, le flot de leur discussion fut rapidement interrompu par une entrée des plus fracassantes de cet enquêteur anglais que la Cours avait fait mandé ici bas pour élucider les macabres meurtres. Owen Mansholther. Elena n'avait pas eu l'occasion de parler à cet étranger si mal vu dans les contrées orientale de la France et dans un sens, elle n'espérait pas avoir trop à faire à lui. Le loup de la Reine après s'être fait grandement remarqué monta à son tour sur l'estrade des discours et clama qu'il avait à présent le coupable de ces crimes. Alors que tous devait se dire qu'il passait pour un charlatan, voilà que le clou du spectacle pénétra dans le Manoir de cette chère Europe. La prêtresse d'Olrun avait de quoi pâlir comme le reste de ces invités. L'Agent Du Diable, le seul et l'unique criminel passé pour arrêté se trouvait libre, devant eux! Un mouvement de foule se fit, chargé du haut le cœur que tous pouvaient éprouver face à cet enfant du démon. Elena fixa tour à tour Owen et le criminel en cherchant à comprendre ce qui se passait et son inquiétude monta quand le doigt accusateur tournoya et vint se poser sur elle et sur Luc, sans parler de Narcissa et d'autres personnes. Tous ou presque des sorciers à n'en point douté et Elena déglutit quand le doigt était passé par elle. Elle eu la désagréable impression de sentir le sol se dérober sous ses pieds. Elle jeta un rapide coup d’œil à Luc. Quelque chose qui les dépassaient semblait se tramer et elle n'aimait pas la sensation de perdre le contrôle de la situation.

La course effrénée de l'accusateur se termina en tirant droit vers le maître du Comté. Un nouveau mouvement de foule et un "oh" choqué s'animèrent. Elena oubli Narcissa pour ce moment et se concentra sur les explications que l'étranger pouvait fournir à cette mascarade écœurante comme le disait le Comti. Mais ce n'était pas une mascarade. Ce n'était pas Europe, comme il l'avait dit plus tôt. Et ce n'était pas tout ces gens qui venaient d'être pointé du doigt. C'était quelqu'un d'autre, de plus puissant et c'était le mari de feu la Meneuse du Lys Noir! Elena le foudroya des yeux en écoutant le plaidoyer de cet homme. Il affichait les preuves une à une et plus son raisonnement se déroulait, plus Elena cherchait des yeux son apprenti. Elle voulait lui dire qu'elle avait une mauvaise impression, un pressentiment qui ne présageait rien de bon. Mais il n'était pas visible. Au lieu de ça elle aperçu Noâz, Europe, Narcissa. Elle tenta de se décaler pour mieux y voir mais rien n'y faisait. Ce n'était que des sorciers ou passé pour tel qui c'était fait massacré! Et si Lorenzo Maestriani avait trouvé le moyen de détecter le don des sorciers?


*Impossible!*

Inquiète, elle continua de lentement se mouvoir parmi la foule pour retrouver son apprenti. Quand elle le vit enfin elle lui lança un regard. Il ne regardait pas.

*Abruti tourne la tête bon sang!*

Comme si il allait l'entendre penser! Elena se sentit bien idiote et incapable de réagir à nouveau. Cela commençait à devenir une sale habitude. Elle perdait trop souvent le contrôle et ce pressentiment la tenaillait toujours plus fermement. Luc était trop loin d'elle pour être à porter de voix et elle ne pouvait pas se décaler plus sans devoir bouger un des bernicles de l'assemblé qui restaient scotchés. Nerveuse, elle continua de suivre ce que disait l'enquêteur et observa attentivement le comti.
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Danielle Byche
Initié(e)
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Danielle Byche


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeJeu 23 Juin 2011 - 17:02

Danielle voyait le soleil continuer de décliner. Elle était encore dans la grange. L’un des moutons s’était foulé une pate sur le chemin du retour. Il gémissait de douleur dés qu’il essayait de la poser au sol. Cela faisait presque une heure qu’elle essayait de le rassurer pour pouvoir le soigner. Mais ce bougre était vraiment têtu. Malgré toute sa patience la jeune fille soupirait de découragement.

Ninon et Emilie étaient déjà en route pour le manoir d’Europe. La belle sorcière accueillait le village pour une nouvelle fête. L’affreux tueur avait enfin été arrêté ! La nouvelle avait parcouru les lieux plus vite qu’une trainée de poudre. Et la petite bergère allait manquer ça ! Elle voulait partager la joie et le soulagement de tout le monde. Mais jamais elle ne pourrait laisser le pauvre blesser sans s’en vouloir dés son arrivée à la soirée.

Dépitée la jeune fille s’asseyait dans la paille en regardant l’animal couiner. Il plongeait ses yeux humides dans les siens avec un air suppliant. La fille et la bête partageaient un silence malheureux. *Si seulement tu me laissais te soulager tête de mule.* Un petit sourire attendri embellissait le visage juvénile. Si ça se trouve Mathieu était allé là bas lui aussi. Elle voulait voir les filles…

On entendait les hommes rentrer à la ferme en se donnant rendez-vous pour le soir même. Tout le monde allait s’amuser ce soir ! Danie lissait sa tenue de travail avec un rien de frustration.


-Bon !

Dans un mouvement vif la bergère se levait apparemment très déterminée. Ses jolis yeux verts brillaient à la lueur du crépuscule. Elle en avait assez d’attendre. Sa poitrine se soulevait doucement alors qu’elle inspirait profondément. Son esprit se focalisait sur le mouton avec grande concentration. Elle s’était entrainé des dizaines de fois sur des moineaux. Elle pouvait le faire. Le contact visuel était maintenu. Sa voix ne fût d’un lège murmure plein de compassion.

-Somno Oppressus…

Sa pauvre victime s’effondra au bout de quelques secondes. Danielle ouvraient deux grands yeux étonnés. Elle poussa un petit cri de victoire en accourant prés de lui. Elle ne perdit pas une minute et commença le traitement habituel tout en le caressant avec un air un peu coupable. C’était un peu de la triche. Mais ce n’était pas tout les jours qu’il se passait quelque chose d’aussi excitant !

Elle retourna rapidement dans la masure familiale. Son reflet dans l’eau lui tirait une petite moue dubitative. Elle était couverte de taches de rousseurs et de poussière. Sous l’œil curieux de Pinceau l’adolescente fit une rapide toilette et lui fit un petit clin d’œil avant de filer hors de la ferme. Elle courait presque. Le cœur du village était presque désert. Curieuse la sorcière se dirigeait vers le quartier des riches.

Les lumières et les sons étouffés la guidaient. Elle voyait les lanternes dans le grand jardin. Aussi excitée qu’une puce elle cherchait un passage pour rejoindre ses amis. Au fur et à mesure qu’elle approchait de la foule une espèce de silence s’installait. Intriguée, Danielle ralentissait un peu le pas, et observait. Elle entendait une voix d’homme porter vers l’extérieur. Elle n’entendait pas tous les mots mais ça n’avait pas l’air très gentil.

Un peu intimidée elle cherchait des personnes qu’elle connaissait. Elle aperçue plusieurs visages. Son premier réflexe fût de trouver sa chère Aguerrie. Fine et vive Byche se glissait parmi les convives. Elle s’excusait d’une petite voix timide. Elle entendait les gens murmurer de plus en plus. Mais que se passait-il au juste ? Il y avait vraiment beaucoup de monde. Cela ne la mettait pas si à l’aise que ça. Était-ce bien le dos de Narcissa là bas ? Un petit attroupement attirait son regard. les voix alentours lui indiquaient que mademoiselle Gallois venait de perdre connaissance !

Cette nouvelle eu l’effet d’un coup de sang. Danielle jouait des coudes pour passer. Elle haussait de la voix. Finalement elle arrivait prés de sa chère amie que quelqu’un venait d’installer un peu mieux sur l’herbe sèche. Les pensées de la sorcière allaient trop vite. Que lui avait-elle dit sur les évanouissements, déjà ? *Aller Danielle, la mémoire, la mémoire !* Une main tremblante allait doucement repousser les cheveux sur le visage de la jeune femme. ses yeux verts allaient vers l’intérieur. Le héros de la belle en détresse pouvait apparaître maintenant !

Ce n'était plus du tout drôle cette affaire !
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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L'Agent du Double (#14) Vide
MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeJeu 23 Juin 2011 - 21:37

Une invitation à se rendre chez Europe Eléanora-Sun. Cassandra ne savait que penser de cette invitation, dont elle savait que Viviane avait reçu la même. Ses rapports avec Europe avaient toujours été polis, jamais cordiaux. Et Narcissa avait violemment refusé l'idée d'aller vivre chez elle, même après leur agression par l'Agent du Diable autoproclamé. Narcissa... la Narcissa d'avant, en fait.

Depuis quelques jours, Narcissa n'était plus Narcissa. Le petit Geisler lui avait ramené une jeune fille détruite de l'extérieur comme de l'intérieur. Le premier réflexe de Cassandra avait été d'ordonner un départ immédiat pour Rodez. Là-bas, sa fille aurait été en sécurité. Là-bas, elle aurait repris des couleurs. Là-bas, elle se serait refait une santé, sous le soleil du sud, loin de la brume maudite de Forbach. Et elle serait parvenue à convaincre Viviane de les suivre, ne serait-ce que temporairement, pour Narcissa. Mais tous ses projets étaient tombés à l'eau avant même d'avoir réellement pris forme. Envers et contre tout, Cassandra était une femme de parole, loyale à en mourir. Elle avait fait une promesse à Sarah Geisler, c'était aussi simple que cela. Alors, elle rongeait son frein, attendant avec impatience le jour où elle pourrait rentrer avec sa fille chez elle.

Narcissa ne se souvenait plus de rien. Elle était en vie, et c'était le principal, mais depuis que sa fille avait vécu ce terrible affrontement avec l'Agent du Diable – et elle n'avait pas été là pour la sauver – et encaissé les horribles séquelles, Cassandra pleurait tous les soirs avant de s'endormir. Viviane lui avait bien donné une herbe apaisante – et Cassandra espérait sincèrement qu'il n'y avait rien de louche là-dessous – mais rien n'y faisait. La douleur rongeait le sang de la Veuve. Que n'avait-elle surveillé chaque pas de sa fille ? Elle avait failli ! Aujourd'hui, parce qu'elle n'avait pas été là au bon moment, sa fille ne se souvenait même pas qu'elle était sa mère. Cassandra ferma les yeux. Elle allait se remettre à pleurer. Elle inspira, réprima un violent frisson et se laissa tomber sur le fauteuil le plus proche avant que ses genoux ne la lâchent.

Elle avait tout fait. Dans la plus grande discrétion, elle avait fait mander des grands médecins au chevet de Narcissa. Mais le verdict avait été le même : amnésie. Avec de la chance, amnésie temporaire. Sans, elle préférait ne pas y penser. Alors, elle s'était tournée vers Viviane, imploré un sortilège – du jamais vu – mais le savoir de cette dernière avait été dépassé. Et comme toujours, il n'était resté à la Veuve que la prière. Seule la foi pouvait sauver sa fille, maintenant. Le Seigneur l'écouterait, parce que ceux qui priaient étaient toujours exaucés.

Cette réception chez Europe... La Narcissa d'avant aurait-elle voulu y aller ? Non, bien sûr que non. Mais elle aurait voulu voir Viviane, et cette réception était leur première occasion d'apparaître avec elle dans le beau monde de Forbach, sans doute la dernière avant longtemps. Alors, finalement, elles avaient décidé d'y aller. Oui, elles, parce que Cassandra n'aurait jamais forcé sa fille à faire une apparition publique dans son état. Mais la volonté de la petite Narcissa ne ployait pas et demeurait résolue. Alors, oui, elles avaient revêtu tant bien que mal des tenues appropriées, avec l'aide de plusieurs servantes, avant de quitter le Château de Frauenberg. Leur nouvel hôte, le fils de la sorcière – qui d'ailleurs portait le même nom que feu son mari – venait seulement de quitter la demeure. Elles n'avaient qu'à aligner leur départ sur le sien.

Au moment de partir, Cassandra eut un très mauvais pressentiment. Tout en vérifiant qu'elle n'oubliait rien, elle réalisa ce qui n'allait pas. Elle partait désarmée, alors que plus rien n'était sûr à Forbach. Fêter l'arrestation de l'Agent du Diable... quelle farce de mauvais goût. Elle n'avait pas le don de prescience, mais elle se souvenait. Tout ce qui n'était pas sous le voile de l'oubli, elle s'en souvenait parfaitement, comme pour défier ce sceau avec lequel elle mourrait. Or, toutes les fois où Forbach avait voulu se réjouir et laisser la liesse éclater, tout avait tourné au drame. Et ce soir, même avec l'Agent du Diable sous les verrous, la Veuve se méfiait. Elle se méfiait à en mourir. La seule perspective de retrouver Viviane la poussait à aller chez Europe, sans quoi elle se serait fait porter malade sans hésiter. Elle devenait peut-être vieille et têtue, paranoïaque par-dessus le marché, mais c'était ainsi. Elle revint sur ses pas en murmurant à Narcissa d'aller l'attendre dans leur voiture.

Franchissant les portes de leurs appartements une à une, elle se précipita dans le cabinet de curiosités de sa fille. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle cherchait, mais elle savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de se présenter armée d'un pistolet ou d'un poignard au Manoir Eléanora-Sun. Comment aurait-elle expliqué leur présence à sa ceinture ? Alors, elle avait besoin d'autre chose, dans le genre exotique, que personne ne connaîtrait à Forbach, ou à peine. Cassandra posa soudainement le regard sur le dernier arrivage oriental. Oui, c'était exactement de cela dont elle avait besoin !

Sous le regard intrigué de Narcissa, une fois dans leur voiture, Cassandra bricola tranquillement la sarbacane dont elle s'était emparée dans le cabinet de curiosités. Elle ne savait pas ce qui allait lui arriver, ce soir, mais elle savait que certaines choses ne s'expliquaient pas. L'Agent du Diable avait résisté aux armes à feu. L'Oracle avait résisté aux prières. Il fallait essayer autre chose. Et ce soir, si le besoin s'en faisait sentir, elle utiliserait... le poison.

Une pointe trempée d'un violent poison malais reposait au fond de la sarbacane, dont la portée s'approchait des dix mètres. La force physique de la Veuve était dérisoire, et elle se savait incapable de se défendre, sa deuxième rencontre avec le démon l'avait prouvé. Alors, elle utiliserait d'autres armes, celles qui étaient à sa portée. La Veuve ajusta une vieille paire de lunettes sur la sarbacane, certaine que personne n'oserait commenter l'horrible résultat. D'un point de vue esthétique, c'était sans doute la pire lorgnette qu'elle ait jamais portée. Mais il était impossible de réaliser que... sa lorgnette n'était pas une lorgnette. C'était l'avantage d'être une vieille bique intraitable, personne ne se risquerait à lui faire la moindre remarque – à moins que le petit Geisler ne se sente l'âme suicidaire, ce soir.

Leur entrée dans la demeure Eléanora-Sun fut des plus protocolaires. Cassandra se débrouilla pour dispenser très vite Narcissa des politesses et ne l'obligea qu'à saluer leur hôtesse, gardant la longue liste de salutations pour elle, sachant parfaitement que l'apparence de Narcissa serait sa meilleure excuse. Quand elle voyait son état, elle avait seulement envie de rentrer chez elle. Mais la Veuve ne renonçait jamais et elle continua à faire bonne figure – pour peu que le terme « bonne figure » puisse s'appliquer à elle. Et elle se sentit lésée en terminant les salutations. Viviane – qui avait insisté pour se rendre par elle-même au Manoir – n'était pas là ! Où était donc passée sa sœur ? Les retards ne lui ressemblaient pas. La Veuve eut rapidement la réponse à sa question, en jetant un coup d'œil par les fenêtres. Oh non ! Mais comment avait-elle pu être aussi stupide ! Forcément... Viviane occupait à Rodez un statut indéfini, mais avait toujours été traitée à l'égal de Cassandra, parce qu'elle était sa sœur et qu'elle était appréciée dans la Maison de Saint-Loup. Chez Europe – sa soi-disant amie, hein – elle était reléguée aux jardins comme une malpropre. Cassandra serra les poings, dégoûtée que la seule perspective réjouissante de la soirée lui soit enlevée. Au moment où elle allait rejoindre les jardins sans autre forme de cérémonie, leur hôtesse prit la parole, figeant Cassandra à sa place, pas trop loin de Narcissa, entre la Duchesse de Deux-Ponts – quelle malchance – et la Baronne Zimmerman.

Europe Eléanora-Sun prit la parole avec beaucoup de grâce, mais l'âge lui conférait une certaine suffisance que Cassandra n'était pas certaine d'apprécier. Au contraire, cette fête donnée en l'honneur de l'arrestation de l'Agent du Diable renforçait son sentiment de malaise. En voyant Amaël Loewenstein s'exprimer à sa suite, introduit par leur hôtesse, Cassandra compara sans même le réaliser le petit à son défunt époux. Aucune ressemblance physique, ni même spirituelle. Avec l'arrogance de ses seize ans, il jugeait sa mère avec une froideur qui fit à Cassandra l'effet d'un coup de fouet. En tant qu'Inquisitrice, elle approuvait un tel discours – restait à voir dans quelle mesure il était calculé, vu qu'elle se souvenait d'Amaël comme un garçon particulièrement proche de sa mère – mais en tant que mère, elle ne pouvait que désapprouver. Il parlait de sa mère ! N'avait-il aucun sentiment pour celle qui lui avait donné vie ? Déchirée entre deux sentiments tout aussi forts l'un que l'autre, Cassandra chercha sa fille du regard. La Maestriani avait certes été une sorcière des plus mauvaises, mais... avait-elle été mauvaise envers son fils aussi ? Avait-elle été pervertie à ce point ? Au point de ne pas chérir ses propres enfants ? Narcissa lui adressa un petit signe de tête et Cassandra se sentit mieux. Dieu merci, ce n'était pas à elle qui ça risquait d'arriver.

Lorenzo Maestriani prit le relais, royal. Forcément... Maître de Frauenberg depuis la disparition de sa femme, comme aurait-il pu se comporter autrement ? Cassandra le regarda un instant. S'était-il senti trahi par la défection de son épouse ? Avait-il été aveuglé par ses charmes surnaturels, du temps de leur jeunesse ? Déjà, il donnait la parole à son amie, Sarah Geisler.

L'attitude de Cassandra se modifia aussitôt. Prête à soutenir férocement le Second de l'Inquisition – Louis Institoris avait filé, comme d'habitude – elle leva le regard. Pourvu que le Second parviennent à... le Second ne changerait jamais. Toujours cette difficulté à s'exprimer en public. Mais... c'était rapide, efficace. On ne lui en demandait pas plus, après tout. Ses paroles étaient trop rudes et ne convenait pas au gratin auquel il s'adressait, mais peu importait. L'essentiel était là. Cassandra se tourna vers Owen Mansholther, qui venait d'arriver. Son discours raviva une ancienne flamme chez Cassandra, l'espoir insensé qu'il avait fait honneur à sa réputation et qu'il avait arraché à l'Agent du Diable ce que les Inquisiteurs n'étaient pas parvenus à lui faire cracher. Et son sentiment se transforma en véritable fureur tout au long de sa démonstration. Il allait laisser l'assassin fou dangereux qu'ils avaient attrapé avec tant de difficultés... libre ? Mais cet homme était un grand malade ! Quelle mouche le piquait ? Avant même que quelqu'un n'ait l'opportunité de protester, les événements s'enchaînaient. Le démon désignait au hasard, prouvant par là même sa folie. Cassandra ne tenait plus en place. Tout ceci allait très mal se terminer, c'était évident. Elle raffermit sa prise sur la sarbacane. Sa respiration s'était faite plus lourde, presque menaçante.

Elle mit un moment à comprendre que Lorenzo Maestriani était vraiment responsable. Elle refusait d'accorder du crédit aux paroles de l'Agent du Diable et la défense du Conti lui paru des plus sensées. Puis, Mansholther s'en mêla, et Cassandra changea d'avis petit à petit. Lentement, au fur et à mesure que la vérité éclatait au grand jour, ses barrages cédèrent, laissant le pas à la colère, et surtout, à la haine.

Elle n'en revenait pas. Lorenzo Maestriani, commanditaire de l'Agent du Diable ? L'avait-il récupéré en sang après qu'il ait reçu une balle en plein cœur ? Peut-être, puisqu'il vivait également au Château... Et personne n'aurait été fouiller sa chambre ! Cassandra tremblait, consumée dans une rage sans pareille. Contenant à grand peine un hurlement féroce, elle arracha brusquement les lunettes de la sarbacane. Owen Mansholther avait bien fait son travail, finalement. Et il ne se trompait pas, elle le savait. Sinon, il n'aurait rien dit du tout. Elle regarda le Conti à travers des yeux haineux. Plus rien n'existait, hormis elle et ce... monstre. Démon ? Sorcier ? Ordure ? Peu lui importait, maintenant.

Cet homme avait rendu sa fille amnésique. Il en portait la lourde responsabilité. Et il ne méritait qu'une seule chose pour avoir répandu le mal sur Forbach. Il devait mourir. Justice expéditive ? Oui. Justice irrationnelle ? Oui. Simulacre de justice ? Oui. Elle s'en fichait. Elle prenait sur elle la responsabilité de sa mort, et elle la porterait sans faillir. La Veuve vengeait sa fille, et tout de suite.

Elle savait qu'elle n'avait aucune chance au corps à corps, sans quoi elle l'aurait étripé de ses mains. La Veuve porta la sarbacane à ses lèvres et souffla puissamment dedans. Le trait jaillit et se planta dans la chair de Lorenzo Maestriani avant de tomber au sol. Ça avait dû faire l'effet d'une piqûre de moustique, mais le Conti mourrait à petit feu, comme il le méritait. Cassandra lâcha la sarbacane. L'avait-on vue ? Elle s'en fichait royalement. La critiquerait-on ? Elle s'en fichait royalement. L'accuserait-on ? Elle s'en fichait royalement.

Et soudain, Viviane fut là, imposant sa présence à la soirée. Sa sœur, véritable tornade rousse, s'attaqua physiquement au Conti. Un instant confondue d'admiration pour sa sœur qui osait, Cassandra se souvint rapidement qu'il était dangereux de s'attaquer à ce genre de personne et ressentit au plus profond d'elle-même la peur de perdre Viviane. Alors que Louisa Zimmerman condamnait froidement le Conti - et osait même une gifle qu'elle aurait applaudie en d'autres circonstances, Cassandra ajouta, en écho, en s'avançant vers Viviane pour l'arrêter d'un simple mais ô combien haineux :

- Il mourra.

Et c'était l'affirmation de ceux qui savaient. Viviane la connaissait depuis toujours. Comprendrait-elle qu'elle pouvait lui faire confiance et cesser de risquer sa vie en attaquant Lorenzo Maestriani ? Il avait déjà un pied dans la tombe.

En sursis.
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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeJeu 23 Juin 2011 - 21:43

Viviane n'eut guère le temps de parler avec Inès. À peine avaient-elles échangé quelques mots que l'Enquêteur Royal fit son entrée et Inès partit le rejoindre après un mot d'excuse. Pendant ce temps, le Comte Lorenzo avait pris la parole pour un autre discours plein de platitudes inintéressantes. Sébastien Garin, un héros ? Mais depuis quand ? Ce n'était qu'un petit lâche qui faisait pitié, incapable de commander d'autorité ses hommes. Viviane n'avais jamais pu lui pardonner le fiasco dans lors de cette fameuse soirée où ils avaient failli faire naître un démon.

À son tour, Garin prit la parole et débita quelques âneries pour faire bonne figure. Cet homme n'avait décidément aucun charisme et aucune autorité, à tel point que c'en était presque navrant. Viviane, dans la foule, cherchait du regard sa sœur et sa nièce, qui devaient probablement se trouver dans les parages. Penser à sa nièce faisait particulièrement bouillonner Viviane. Lors de sa seconde rencontre avec l'Agent du Diable, Narcissa avait été totalement affaiblie et était amnésique depuis. Songer que sa nièce n'était plus capable de reconnaître en elle sa tante, marraine et amie lui faisait de la peine. Mais ce n'était pas tout, les séquelles physiques et mentales n'étaient pas les seules suites de sa rencontre avec l'Agent du Diable, depuis cette date, elle ne contrôlait plus ses pouvoirs. À tout moment, elle pouvait endormir une personne sans le faire exprès.

Tout ça à cause d'Hélion...

La colère se lisait sur le visage de Viviane qui n'écoutait pas un mot de ce que Sébastien racontait. Comment pouvaient-ils tous parler de victoire alors que les victimes de l'Agent du diable étaient si nombreuses ? D'accord, tout n'était pas de sa faute dans les malheurs de Narcissa, mais Viviane n'en pouvait plus. Elle n'en pouvait plus de voir sa famille attaquée, encore et toujours plus. De voir les siens tués, blessé par la soif de pouvoir des autres. Les hommes étaient-ils donc incapables de se contenter de ce qu'ils ont ? La colère qui grondait dans les tripes de Viviane était plus violente que jamais, la soif de vengeance annihilait toute pensée rationnelle qu'elle aurait dû avoir. Hélion le paierait !

Quand Owen prit la parole, les mots qu'il prononçait n'atteignaient le cerveau de Viviane que petit à petit tant elle était concentrée sur ses désirs de vengeance. Mais quand elle comprit que l'Agent du Diable n'agissait que sous l'ordre d'un des puissants de Forbach, elle bondit et recentra son attention sur ce qu'il disait. Comme les autres, il aimait prendre des détours, faire durer le suspense, mais Viviane n'en pouvait plus. Elle voulait des coupables, et elle voulait qu'ils paient pour leurs crimes. C'est alors que l'Agent du Diable lui, tout juste amené par Owen prit la parole, et tour à tour accusa au hasard des personnalités de la ville. C'était ridicule, toutes ces simagrées auraient été risibles si la situation n'avait pas été aussi dramatique.

Mais lorsque le serviteur du mal tendit son doigt vers Lorenzo, un frisson parcouru l'échine de Viviane. LUI ? C'était LUI ? Le Comte de Forbach, celui qui était censé les protéger ? Sa ridicule diatribe de protestation ne convainquit personne, il faisait parfait coupable. Et parfait, uniquement parce que c'était lui. Owen contra chacune des réfutations de Lorenzo par des preuves accablantes. La respiration de Viviane s'accéléra, à la limite de l'essoufflement bien qu'elle n'avait pas prononcé un seul mot ou bougé d'un pouce.

Lorenzo était donc non seulement coupable d'avoir amené l'Agent du Diable ici, mais aussi d'avoir tué au cours de ces quinze dernières années tant d'innocents ! Viviane n'était plus simplement en colère, elle était furieuse. Elle sentait le bout de ses doigts picoter et l'envie pressante de faire déguster cet infâme traître ! Pourquoi ne pas le foudroyer d'un éclair bien placé ? Ou alors l'envoûter pour le mettre à la merci de la foule qui n'allait sans doute pas tarder à faire éclater son mécontentement.

« À MORT ! TUEZ-LE ! CET HOMME NE MÉRITE PAS DE VIVRE ! »

Voyant que personne ne bougeait vraiment, sans trop percevoir l'agitation provoquée par le projectile de sa sœur, elle s'élança contre celui qu'elle estimait pour l'instant responsable de tous ses malheurs. Aucune chance, elle n'avait aucune chance contre lui, mais elle n'en n'avait cure. Tout ce qui lui importait, c'était faire mal, blesser. Le faire souffrir autant qu'elle avait souffert. Peu importe que ses coups de poings fussent sans effets, ils étaient libérateurs.

Dans l'agitation qui régnait autour d'elle et de Lorenzo, elle ne put que remarquer la présence de Louisa et Cassandra, qui semblaient tout aussi déchaînées qu'elle. Même trois femmes d'âges mûrs ne pouvaient rien contre lui, mais qu'est-ce qu'elle prenait du plaisir à frapper de ses poings faibles.
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Louisa Zimmerman
Baron(ne)
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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeJeu 23 Juin 2011 - 21:44

Louisa observait cette foule. Chacun avait une –plus ou moins- bonne raison de célébrer l’arrestation du criminel. Elle connaissait tout le monde depuis ou presque depuis l’enfance. Elle pouvait deviner les sentiments de certains uniquement grâce aux lueurs dans leurs yeux. Viviane était apparue pour mieux disparaître. Elle n’avait jamais vraiment apprécié ce genre de soirée. Lorenzo prenait place. Il avait probablement raison. la sorcière avait cherché la meilleure position sociale, pouvoir, protection, influence, c’était rusé.


Les applaudissements de la baronne vinrent un peu en contre temps. les Silvianov avaient la rancœur tenace. Elle n’appréciait pas cet inquisiteur. C’était ainsi et ce sentiment était trop encré en elle pour qu’elle cherche à l’y délogée. L’affection de Narcissia pour le fils de Garin retenait touts gestes ou paroles malencontreuses. L’eau avait coulée sous les ponts. Retracer toutes les étapes de cette affaire était-il nécessaire ? Louisa n’avait pas confiance envers cet ordre. Elle était sur la réserve qu’en à la véracité de ces explications.
Cependant la dernière information glissée provoquait un saut de cœur. Ses yeux se mirent à briller d’une joie égoïste. Ils allaient partir. Les inquisiteurs allaient quitter Forbach. Que voilà une excellente raison de faire la fête !


L’entrée fracassante d’Owen fit sursauter la couturière. Elle portait doucement la main à son cœur affolé. Son rythme cardiaque s’accélérait bien vite. Elle sentit un mouvement de protestation dans le creux de son ventre. Avec un tendre sourire, ses doigts allaient caresser les petits bosses, créés par l’agitation interne.
Le ton et le regard de l’inspecteur la mettait sur ses gardes. Ses jolis sourcils noirs se fronçaient progressivement. Les allégations firent trembler les auditeurs. Lou perdait son sourire. Ce n’était donc pas terminé ! Elle n’avait pas envie d’entendre cela. Elle reculait un peu et effleurait la main de son époux avec inquiétude. Elle se souvenait de ce que Romain lui avait dit. Il y avait peut être plusieurs Agent… ou comme on le leur démontrait un Maître et un Acolyte. Un désagréable frisson venait à sa nuque.
Oui tout ceci était … troublant. Quelqu’un avait décidé de supplanter les serviteurs de Dieu dans la chasse aux sorcières ? Mais qui, et pourquoi, ça n’avait aucun sens. Qui dans cette ville était assez fou et assez riche pour engager un fanatique ? Un homme, la noblesse de Forbach était peu nombreuse, de quoi réduire considérablement les possibilités.


Son souffle se coupait tandis que l’on retirait ses chaînes au tueur. Madame Zimmerman se souvenait à temps qu’Anna et Dimitri était au manoir avec Miranda et David. Ils n’avaient rien à craindre. Ses yeux onyx le dévisageaient avec une flamme noire dans les yeux. Ce monstre s’amusait encore à leurs dépends. Ses extravagances mettaient les nerfs de la dame à l’épreuve. Elle le regardait faire en retenant une réplique acerbe. Cette réception était sensée être un moment de fête.
Lorenzo Maestriani. Non. La belle métisse observait le comti. La surprise et le rire se bousculaient sur ses traits blancs. Elle ne pouvait pas croire à une chose pareille. Elle connaissait cet homme depuis plus de quinze ans. Il était plus cartésien que le loup de la reine lui-même ! L’imaginer en sataniste était invraisemblable. Cependant Louisa n’avait pas non plus deviné la nature de l’épouse, une sorcière. De plus le jugement d’Owen avait toujours été logique et imparable. Elle était désarçonnée. Elle attendait que Lorenzo démonte l’argumentation mais il se contentait de démentir…


En quelques minutes les habitants étaient replongés dans leurs plus sombres souvenirs. Toute sa jeunesse était retracée sous l’orne de toutes les disparitions. Peu à peu les pièces s’agençaient. Le passé était mit en lumière de façon terrifiante. Lou se souvenait parfaitement de la tristesse qu’avait entrainée le sacrifice de leur ancien dirigeant. Son cœur se serrait un peu en revoyant le visage en larme de la veuve. De toutes ces personnes que l’on n’avait jamais retrouvées.
Le silence était tendu à craquer.


Et puis il y eu ce sifflement, doux et vicieux, à l’oreille. Lou connaissait ce son car elle avait un fils de neuf ans qui adorait joué aux tireurs. La silhouette de l’italien s’agitait quelque peu. Poison ? Dans un éclair de compréhension la baronne avançait droit vers l’estrade. Elle voyait à peine les autres personnes présentes. Elle était déçue, et en colère, très en colère. Les ires de madame Zimmerman étaient devenues légendes.
Viviane était juste à côté d’elle. Elle avait l’air tout aussi furieuse. Un instant après la sœur venait se joindre à elles. Trois femmes, faites démones, pour venger leur famille et leurs amis. La claque de la sorcière annonçait celle de la couturière. Louisa cherchait le regard de Lorenzo. Elle avait respecté cet homme. Dans une autre histoire elle aurait même put l’aimer.


-« La pendaison. »
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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeJeu 23 Juin 2011 - 23:29

Ils n’avaient pas compris. Ils ne pouvaient pas comprendre, ils n’avaient pas vu ! Cet homme était le diable ! L’énoncé de preuves accablantes d’Owen Mansholther en était bien la preuve non ?!! Cet être fantastique tuait depuis plus de quinze ans dans ce comté. Il arrangeait chaque meurtre à la perfection, avec une méticulosité d’artiste. Tout ça pour être plus fort… Lorenzo Maestriani – puisque c’est ainsi qu’il se faisait nommer – était le diable. L’Agent du Diable n’en avait jamais eu aucun doute. Il était l’incarnation de l’inhumanité, de la cruauté, de la puissance, des forces obscures.

Et pourtant, tout grand dieu des ombres qu’il était, il baissait la tête face à cet homme arrogant, Owen. Car l’inspecteur avait découvert le machiavélique rituel, car il détenait « la vérité », le diable fléchissait ? Il se montrait donc plus faible qu’une larve vagissante qu’il aurait du embraser d’un revers de main ! L’Agent en tomba sur les genoux avec un cri de fureur. Son Dieu se faisait écraser par Owen Mansholther. Quel opprobre… Se mêlèrent rapidement à sa plainte des dizaines de hurlements, de conspuassions. Un mouvement de foule incroyable créait un tropisme convergeant à première vue irréductible dont le centre était le Conti. Tous en cet instant voulaient sa mort.

L’Agent n’était pas en reste. Son Dieu le trahissait. Pour la seconde fois… Il regarda stupéfait et béat la foule essayant de tuer Lorenzo Maestriani à mains nues. Mais rapidement l’inquisition retint l’afflux meurtrier. Sur les ordres du Second tous se mirent en position pour protéger Lorenzo Maestriani. C’était le monde à l’envers. Que voulaient-ils ? Le juger ? Quelle bonne blague !

L’un des trois inquisiteurs chargés de la garde de l’Agent du Diable s’en alla renforcer l’escorte de Lorenzo. Profitant de la distraction des deux autres qui lui tenaient chacun un bras, l’Agent plia brutalement les bras pour donner un coup de coude dans les côtes des inquisiteurs qui le lâchèrent trop endoloris. L’Agent ne se rua pas immédiatement dur Lorenzo comme les autres habitants, il n’avait pas d’arme et aucun couteau disponible ici-bas… Il se dirigea à toute vitesse vers Sébastien toujours à côté de l’estrade, devant le grand miroir.

À quelques mètres devant lui un homme de main tenta de protéger le Second, l’Agent saisit un chandelier à portée et lui envoya dans l’abdomen. Il profita qu’il soit recroquevillé pour utiliser ses épaules comme tremplin et faire un bond magistral qui s’interrompit brutalement lorsqu’il s’écrasa violemment contre le miroir qui se brisa en mille morceaux. L’Agent tomba au sol en même temps que les bouts de verre mais avec moins de poésie. Il prit en main un éclat long et pointu si fermement que le sang emperlait entre ses doigts.

Sans attendre davantage, il reprit sa course, cette fois-ci sur l’estrade au bout de laquelle il sauta comme un dément prédateur, l’arme luisante comme un rubis à bout de poing, droit sur Lorenzo que son élan et la hauteur du promontoire lui rendaient atteignable. Mais alors que sa vengeance allait pouvoir s’accomplir dans la plus sanglante et bestiale tradition, tout s’ombra. Lorenzo disparut. La foule en colère aussi. Les inquisiteurs partirent en fumée. Le manoir tout entier fut avalé par la gueule froide et putride du destin.

Ainsi, l’Agent du Diable s’éteignit en plein vol, sans jamais connaître la Chute.
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David Geisler
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David Geisler


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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeVen 24 Juin 2011 - 0:25

Owen Mansholther était venu le voir le jour même de la réception, aux premières lueurs du jour.
Ses requêtes –qui avaient valeur d’ordres, il ne fallait pas se faire d’illusions- avaient mis le jeune Geisler en colère, et ce n’était même pas parce qu’elles le privaient de la réception mondaine. Il aurait de toute façon passé la soirée comme les autres Inquisiteurs, auprès de Sébastien Garin à surveiller le déroulement des opérations sans pouvoir s’amuser… Non, il sentait la fureur affluer en lui à chaque fois que ses yeux se posaient sur l’Agent du Diable, et qu’il avait la vision de cet homme –non, de ce monstre- en liberté au milieu d’une foule. Qu’avait donc dans le crâne l’enquêteur royal? Il était peut-être doué pour résoudre des mystères insolubles, mais il manquait cruellement de bon sens. Ce n’était pas une bande de nobles forbachois, même nombreux, qui pourraient l’arrêter en cas de problème. Car la dernière fois que l’Agent du Diable s’était retrouvé encerclé de la sorte, sa vendetta sanglante avait conduit à la mort de plusieurs inquisiteurs, dont des compagnons de David.

Il était en colère pour ça. Mais encore plus pour la deuxième agression de Narcissa.

Se retrouver en face de cet assassin était à chaque fois plus surréaliste. Tapis dans l’ombre de son cachot, tel une ombre lui-même, une parcelle d’obscurité qui ne s’en détachait que par le teint blafard de ses sourires cruels… David aurait préféré avaler des clous plutôt que de l’avouer, mais le psychopathe était un excellentissime bretteur, cascadeur et manipulateur. Il savait se sortir de situations extrêmes, il avait même survécu à une balle en pleine poitrine… alors le jeune Geisler ne pouvait s’empêcher de penser que si l’Agent du Diable était derrière les barreaux aujourd’hui, cela était forcément volontaire, et faisait partie d’un plan soigneusement orchestré.

L’Inquisiteur était plus que jamais aux aguets en amenant l’assassin chez Europe Eléanora-Sun, surtout quand ses fers lui furent retirés. Les nobles et personnalités d’importance se trouvaient tous dans la salle; par conséquent Sarah Geisler, Narcissa et Cassandra aussi. Cela faisait trois bonnes raisons d’être particulièrement vigilant.

Lorsque les accusations, réquisitoires et scènes spectaculaires commencèrent, David eut la confirmation que l’Agent du Diable n’était pas qu’un simple psychopathe dérangé, mais que ses actions avaient été sous l’empire d’une force qui dépassait tous les individus ici présents. Tous sauf deux: Owen Mansholther qui avait fait jaillir la vérité, et Lorenzo Maestriani. Le niveau de la conversation dépassait de loin David qui n’était pas du tout concentré sur toutes ces répliques; cependant il en comprit assez pour réaliser que le monstre n’était pas l’Agent du Diable. C’était le Conti lui-même, le commanditaire, celui qui avait ordonné tout cela et par conséquent en outre, l’agression de Narcissa.
C’était lui. Le Diable, c’était lui.

Aussitôt après, il entendit la voix de Viviane Valdemar hurler et tous les regards se tournèrent dans la direction de la rouquine furibonde qui se jeta sur le Conti, suivie de près par Cassandra et la Baronne de Rosbruck. Eberlué, David eut quelques secondes d’inattentions devant le prodigieux mouvement de foule qui s’ensuivit. Lorenzo Maestriani venait d’être accusé publiquement des pires crimes commis à Forbach tout le long de l’année; et nombre de veuves éplorées, d’époux blessés, d’âmes lésées se jetaient sur lui comme un seul homme afin d’obtenir justice.
Et David ne pouvait que leur donner raison.
Comme disait Louis Institoris, la justice des hommes ne sert à rien lorsque l’on a pour soi la justice divine.

L’Agent du Diable bondit à son tour.
David le vit se diriger vers sa mère et son cœur rata un battement. Il s’élança aussitôt, cria tandis que l’assassin vrillait un formidable coup dans le thorax d’un autre inquisiteur, et le vit s’envoler telle une chauve souris géante, faisant planer au-dessus du monde son ombre mortel. Aussitôt, David dévia sa course, éclaboussé d’un millier de bouts de verre brisés. Le jeune Geisler dégaina, fit voler un de ses poignards dans sa main et chargea au moment où l’Agent du Diable s’élançait vers Lorenzo Maestriani, son arme de fortune brandie comme la menace d’une punition divine.

David allait sauver d’un attentat à sa vie l’homme qui était le commanditaire de tous ces meurtres.
Mais il n’en avait cure. Le Conti avait peut-être orchestré tout cela dans l’ombre… mais c’était bien l’Agent du Diable le bras armé et le responsable des malheurs de Forbach.
Et David l’avait sû au moment où il avait appris que Narcissa s’était faite agressée la première fois par le psychopathe.

Il tuerait cette ordure de ses propres mains.

La lame de son poignard s’enfonça avec une hargne incandescente dans la poitrine de l’assassin tandis que David l’interceptait en plein vol. Le choc de leurs deux corps les projetèrent violemment à terre, un peu à l’écart de l’attroupement. Le jeune Geisler se releva d’une roulade sans perdre de temps, retira son couteau de la chair de l’ennemi dans une giclée d’hémoglobine, et frappa derechef plusieurs fois afin de s’assurer que l’Agent du Diable avait bien quitté ce monde.

Précaution inutile; le monstre était mort dans une rosace d’un vermillon très sombre, étalée en corolles surréalistes.
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MessageSujet: Re: L'Agent du Double (#14)   L'Agent du Double (#14) Icon_minitimeSam 25 Juin 2011 - 1:25

Choisir une robe ne fut pas une tâche évidente, ayant toutes une surenchère de dentelles, de bijoux et de couleurs que cela lui donnait presque le mal de mer. Comment pouvait-on trouver ce genre de choses jolies ? Ou encore portable ? Cette Narcissa cherchait-elle à cacher son corps par ce genre de frasques ? Mais c’était ridicule, elle avait un corps magnifique même avec toutes ces cicatrices et on voulait ne pas lui rendre honneur ? Ah ça non ! Si l’ancienne Narcissa arborait un goût douteux, la nouvelle serait par conséquent sobre et élégante. Ainsi, elle réussit à contrecœur à choisir la moins riche d’entre toutes : mousseline et soie avec des broderies de perles de verre gris perle, avec fine dentelle plus claire sur le col. Son avantage était qu’elle épousait suffisamment ses formes pour tenir solidement ses fins bandages et par la chair ainsi mieux tenue, éviter d’autres douleurs pendant les mouvements. Le seul souci fut que pour l’enfiler, il eut besoin de plusieurs servantes pour ne pas ne pas que les bandages puissent bouger pendant l’opération. Narcissa prit courage en pensant à cette fête afin d’avoir peut-être l’occasion de revoir David et sa tante…
Une heure plus tard à cause d’un petit retard dû à sa mère voulant absolument posséder une lorgnette originale à partir de sa sarbacane, elles pénétrèrent dans la grande salle où se déroulaient les festivités, mais elle fut reconnaissante que sa mère réussisse à trouver un moyen de la dispenser de toutes les politesses et salutations –sauf des nécessaires- pour éviter impair et fatigue.

Une jeune femme d’une touchante franchise vint à sa rencontre, mais avant de pouvoir répondre, la maîtresse des lieux prit rapidement la parole, la sorcière décida alors d’opter pour un sourire courtois avant de donner son entière attention au nouveau maître du château qui avait pris la place ; bien heureuse d’avoir d’autres éléments importants à certains événements, jusqu'à avoir des chatouillis dans la nuque. Il avait un sens de l’humour particulier, un certain charisme, une soif de pouvoir, mais sans comprendre la raison, bien qu’attirant, il émanait de lui une aura indescriptible, puissante presque inquiétante. Puis sa pensée fut coupée par d’autres sensations étranges. Ressentant alors que ce discours avait ébranlé sa mère, Narcissa la regarda et attendit que cette dernière la cherche du regard pour connaître son avis. Une minute plus tard, Cassandra se tourna et sa fille fit une petite moue désapprobatrice et hocha la tête discrètement, pour ensuite se concentrer sur les discours à venir. Celui qui suivit, un certain Comte Lorenzo, l’avait beaucoup gêné, il semblait trop content, trop sûr de lui. Et sa récente expérience avec l’Agent du Diable lui avait montré ce que ce sourire carnassier cachait : jamais rien de bon. Une grande méfiance naquit, la jeune fille se promit de convaincre sa mère de déménager au plus vite.
Vint le tour de la mère de David, c’était rapide, direct et hélas son manque d’assurance ressortait beaucoup trop ; mais fut touché de voir à quel point son fils pouvait lui ressembler. Narcissa observa ses voisins afin de connaître la popularité de Sarah et vit des mines réjouies par cette faute ou encore un certain dédain, sauf la Duchesse de Deux-Ponts aussi consternée qu’elle. Si seulement elle avait la santé pour l’amie de sa mère, afin de trouver un moyen pour que tout aille mieux, il ne lui manquait pas grand-chose ! Un rapide coup d’œil pour sa mère qui semblait être dans un autre monde, pas le bon. Narcissa ferma les yeux et respira bien fort.
L’Enquêteur Royal à sa suite commença ainsi un joli coup théâtral, dont elle s’intéressa que moyennement, car quelques minutes plus tard l’Agent du Diable entra avec David et certains nobles s’amusèrent à la dévisager, pour ensuite reculer d’effroi en voyant une main osseuse et longue se poser sur son épaule. Non, la Duchesse ne voulait pas que cette jeune fille, dont elle avait tenu le chevet une après-midi pour une mission importante, ne souffre de ces peigne-culs ! Narcissa tint la main de sa protectrice et lui donna un triste sourire pour regarder la suite des événements… Enfin observer son ange d’un peu trop près, avant de devenir aussi rouge qu’une pivoine pour avoir osé admirer ses fess… vêtements qui le mettait bien en valeur, voilà… s’il se trouvait tout nu, il serait mo… Même pas, elle l’avait vu torse nu et il fallait dire qu’il était vraiment divin avec cette grâce féline quand il bougeait ses muscles, son odeur électrisante, son regard brûlant, mais si addictif, ses mains douces et fermes, et puis sa peau était si… et cette timidité, ah la la… cela lui donnait l’envie de… non, mais pourquoi elle l’avait pensé tout nu ? Narcissa toussa légèrement, transpirante, le feu aux joues. La Duchesse se mordit la lèvre pour ne pas rire.

Allez courage Narcissa, tu vas tenir ! Il ne faut pas… Non, non, non !

Et c’est ainsi qu’on arriva au dénouement final : l’accusation du Comte qui ne la surprit pas et la rassura sur l’état de son intuition. Ce qui lui permit de ne pas penser trop longtemps sur la façon trop craquante de David de se concentrer en fronçant les sourcils avec cette petite veine tout près de la tempe qui battait doucement, ah la la… non, mais ! Fallait qu’elle arrête là ! Donc, elle pensa à l’Agent du Diable dont elle ne ressentait rien du tout, juste qu’il était tout aussi idiot qu’elle par contre David… Non, non, non, elle devait penser à une chose bien triste comme la fois où ils pensaient ne plus se revoir, voilà, on y arrive ! On respire calmement, voilà. Non, mais, on ne se rend pas compte, il est venu avec ses petites jambes, c’est incroyable quand même ! Puis, tout à coup, l’excitation tomba aussi vite tellement elle se trouva idiote ! Évidemment qu’il est venu avec ses jambes, il n’allait pas arriver en marchant sur ses mains ! Que lui arrivait-il ?
Mais ! Stupéfaite, elle vit sa mère souffler dans sa sarbacane ! Elle comprit d’emblée que c’était sa vengeance, sa façon de faire au coupable proclamé subir toutes ces horribles journées à espérer que sa vraie Narcissa lui revienne. Apeurée, elle vit sa tante hurler comme la Baronne de Rosbruck puis toute la foule se diriger vers le Comte pour demander justice, avant d’être contenue par les Inquisiteurs. La Duchesse pour la protéger, l’éloigna du mouvement vers un endroit plus calme. Là, Narcissa ne riait plus, toute son attention était concentrée sur David, priant pour que rien de mal ne lui arrive. Cette foule était si impressionnante, si puissante… Pourquoi demander vengeance ? Cela n’allait qu’apporter plus de souffrances et de tristesse ! Elle regarda sa protectrice afin de trouver des réponses, mais fut affolée par le rugissement de l’Agent du Diable, connaissant son agresseur sur le bout des doigts, Narcissa s’époumona pour prévenir son ange :


— David, fais attention à toi !

La Duchesse la prit dans ses bras, car ses jambes avaient perdu leur force. Elle ne voulait pas le perdre, pas son âme sœur. Elle trembla par l’angoisse en voyant un de ses collègues voler à travers la foule, devenant impossible à supporter en voyant son ange fondre sur ce dément dans un dernier combat. Elle regarda la Duchesse, abattue, il n’allait pas survivre ! Il n’allait jamais savoir qu’elle l’aimait depuis leur première rencontre et que ce sentiment devint plus fort et profond lors de ses nombreuses visites. Ils se complémentaient, connaissaient instinctivement les forces et faiblesses de l’autre. Il était bien plus que son meilleur ami maintenant elle le comprenait. Elle était entière et plus forte, elle était protégée, en sécurité quand il était là. Elle voulait le rendre heureux, le soutenir, le faire rire quand il était triste, tout faire pour ne pas qu’il souffre, pour ne pas qu’il s’ennuie, partager ses joies, ses passions, se faire toute petite au besoin… Elle voulait partager sa vie, être avec lui et pour mille autres raisons ! La Duchesse lui susurra qu’il avait survécu, Narcissa se tourna et pleura de soulagement en le voyant debout près de sa… victime ! Il avait besoin d’elle, il ne devait pas vivre cela tout seul, elle se devait de le rejoindre, mais les nobles et sa famille allaient les juger, il y aurait des rumeurs et peut-être pire encore ! Et si David constatait avec du recul que cette nouvelle Narcissa ne lui plaisait pas ? S’il l’abandonnait ? Narcissa trouva la force de se redresser, mais pas pour l’aider, effrayée d’être seule si son amour éclatait au grand jour. Sa protectrice prit la tête de la jeune fille dans ses mains et la fixa attentivement afin que chaque mot ait une répercussion :

— Ils ont tous souffert et ont voulu s’enfoncer dans des sables mouvants pour diverses raisons. J’ai souffert certes, mais presque comme vous, j’ai décidé de ne plus penser au passé et j’ai avancé. De là vient toute la différence, car j’ai appris à voir et à vivre autrement. Et quelle vie, mon enfant ! Quelle vie ! Je vous aime ainsi et je suis persuadée que votre charme a déjà agit pas que sur un certain jeune homme prometteur, me trompé-je ?

Narcissa essuya ses larmes, et ria nerveusement à cette pointe d’humour.

— Je… Je ne sais que penser, mais les êtres qui ont partagé mon quotidien me préfèrent. Pourtant, toutes les personnes aimées en particulier ma mère semblent chercher des traces de leur Narcissa à tout prix. Je dois bien avouer que le peu que je sais sur cette âme ne m’enchante guère. Elle semblait aimer chercher dans le passé des autres les secrets les plus sombres pour faire chantage, avait un goût des plus extravagants et ostentatoire, ne s’aimait pas et cherchait toujours un moyen de se mutiler, d’une manière ou d’une autre. Et sa façon de vouloir à tout prix s’attirer la lumière en forçant l’admiration, en jouant le rôle d’une jeune fille vulnérable en lutte contre le monde entier pour le bien de tous… Et pourtant, elle ne cherchait que la solitude pour apprendre encore plus, pour avoir plus de pouvoir et d’ascendant sur les autres. Elle ne respectait pas les décisions ou choix si cela ne venait pas d’elle-même. Elle n’avait aucune patience et je sais également qu’elle était un despote en sa demeure. J’ignore qui je suis, mais je sais que je ne suis pas leur Narcissa. J’espère que quand j’ouvrirai les yeux de ne point être seule.

— Vous êtes maintenant une belle personne et si certaines gens vous rejettent, c’est que vous n’êtes que trop bien pour eux. Ne craignez point de vivre une telle infortune, vous trouverez bien mieux par la suite. Ayez confiance en votre avenir, mon enfant.

Elle se pencha pour lui murmurer :

— Quand vous connaîtrez toutes nos lois et règles par cœur, vous saurez comment vous en dégager pour vivre votre vie comme vous l’entendez. Mais en attendant, vous avez mon aide et ma protection, mon enfant. Ne pensez pas à ce panier de crabes. Profitez de ce que la vie vous offre. Ne vous posez plus de questions, vous ne risquez rien, je suis là. Vivez sans crainte et sans souffrances. Ne vous laissez point influencer, mais agissez toujours avec douceur. Volez, volez dans ses bras et surtout restez comme vous êtes.

La jeune fille émue la remercia chaleureusement avant de rejoindre David en boitant, la Duchesse en fut plus que ravie, l’ancienne Narcissa n’aurait jamais agi ainsi, elle venait de faire le bon choix.

La foule ne regardait pas encore son sauveur bien trop occupé à tenir leur vengeance ; Narcissa n’eut aucun mal à la contourner pour rejoindre celui dont son cœur avait choisi. Peu lui importait la morale et les autres, la vie était courte. Elle devait être avec lui pour le soutenir, sa vraie place était là. Elle enjamba l’Agent du Diable sans lui adresser un regard, il était mort et donc du passé, il n’était plus son problème. Puis, tint doucement le bras de David…
Émue, elle avait si peur que ce meurtre le traumatise au point de se perdre… Son cœur battait si fort qu’on pouvait presque l’entendre. Elle enleva un morceau de verre de ses cheveux pour le laisser tomber, sa main caressa doucement sa joue puis ses doigts effleurèrent ses lèvres – signe qu’elle ne lui en voulait pas pour son geste, bien au contraire — pour terminer sa course près de son cœur. Terriblement inquiète, elle le regarda presque suppliante pour avoir quelques informations pour qu’enfin dans cette épreuve ils soient ce nous tant rêvé, pour tout partager, le bien comme le mal. Ce n’était peut-être pas la bonne manière de faire ou de penser, mais à cet instant elle ne réfléchissait plus, plus rien n’existait d’autre que l’homme qu’elle aimait plus que tout.
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