The Witch Slay
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez | 
 

 Marquée... [Rosbruck]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anna Zimmerman
Oblivius
Oblivius



Marquée... [Rosbruck] Vide
MessageSujet: Marquée... [Rosbruck]   Marquée... [Rosbruck] Icon_minitimeLun 4 Juil 2011 - 11:56

Cette rivière n'était peut-être qu'à quelques lieues de Rosbruck, mais la densité de la végétation donnait l'impression de se tenir au cœur même de la forêt. Çà et là, sporadiquement, la lumière poudreuse de quelque rayon de soleil tombait sur une fougère, allumait un reflet dans une flaque ou faisait naître un éclat d'or dans les remous du petit cours d'eau. Mais la riche odeur d'humus qui saturait l'air laissait deviner que, en ce lieu, la lumière ne dictait pas ses lois.
Une trouée dans la canopée, toutefois, allégeait un peu cette atmosphère d'avant les Hommes : foudroyé pendant un orage dont nul ne se souvenait, un chêne immense s'était abattu de tout son long en travers de la rivière, créant dans sa chute une sorte de clairière naturelle. Si le feuillage du titan avait depuis longtemps disparu, le lierre s'était fait un devoir de recouvrir sa nudité d'un manteau dense comme une chevelure de femme. Rampant gracieusement le long de son bois, il avait peu à peu sucé les dernières gouttes de vie du géant exsangue. Puis quand l'arbre centenaire avait finalement rendu les armes, le lierre avait cessé sa croissance pour se lover, succube satisfaite, le long de ses membres secs. Et dans un dernier geste de tendresse morbide, celui du vampire envers le cadavre qu'il laisse glisser à terre, il resserra son étreinte et fit corps avec l'écorce, comme si, de tout temps, elle eut été sienne.

Mais les combats des arbres - leurs défaites- sont silencieux, et la fine silhouette assise en tailleur au milieu du lierre ne se doutait même pas qu'elle effleurait un assassin. Elle ne voyait que le feuillage vert sombre, somptueux, du végétal ; quant au chêne, lui qui avait été le roi de ce bout de forêt, il en était réduit à lui servir de promontoire au dessus de la rivière. Ainsi finissent les forts...

Pourtant, si Mlle Anna Zimmerman n'avait aucune idée des luttes sylvestres, elle n'en éprouvait pas moins un léger sentiment de malaise dans cet endroit. C'était en effet une gamine perceptive, dont la naïveté et l'inexpérience voilaient l'intuition sans parvenir à l'étouffer totalement. Si elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi cette si jolie clairière lui semblait un peu étouffante, Anya n'en sentait pas moins ce poids sur sa poitrine.
Ainsi ressentait-elle, de la même façon inexprimable, la tension subtile entre ses parents.

L'adolescente soupira, arrachant à Praline, restée sur la rive, un petit geignement interrogateur. Elle fronça le nez et lança à la chienne dorée un "chut" sévère, qui lui fit reposer la tête sur les pattes en soupirant d'agacement. Anna ne put retenir un sourire. Cette sale bête avait l'art et la manière de lui faire sentir quand elle en faisait trop.
Mais presque instantanément, le sourire s'évanouit et l'expression soucieuse qui ne l'avait pas quittée de la matinée reprit sa place sur les traits fins. En réalité, Mlle Zimmerman ne manquait pas de raisons de soupirer, n'en déplaise à dame Praline. Si ses parents n'étaient pas le genre de personne à faire des esclandres devant leur progéniture -Dieu merci, il n'en restait pas moins que l'ambiance à Rosbruck était entachée d'une sorte de gêne ; comme si, malgré tout leur amour, quelque chose restait en suspens entre le baron et la baronne, quelque chose d'irrésolu et d'un peu douloureux. Et si elle ne savait exactement de quoi il s'agissait, l'adolescente ne pouvait s'empêcher de faire le parallèle avec les récents événements de Forbach - événements dont, bien sûr, personne ne lui avait expliqué les tenants et les aboutissants.

Alors, depuis quelques semaines, Anya fuyait la demeure familiale et courait les bois avec sa chienne. Elle savait que sa mère l'avait remarqué et se doutait que cela ne la ravissait pas : ce n'était pas un comportement approprié pour une demoiselle, qui aurait du au contraire apprendre l'art de se comporter en société. Mais Louisa ne lui avait fait aucun reproche, comme si elle comprenait ; et ce détail inhabituel avait confirmé les craintes de sa fille.
Par ailleurs, la rougeur à laquelle elle n'avait pas fait attention au début (une peau aussi blanche s'irritait facilement) commençait à l'inquiéter. Sur son front, sous la lourde frange de cheveux bruns qui la dissimulait au monde et au regard maternel, la marque semblait comme... prendre forme. Mais bien sûr, c'était impossible.

La jeune fille laissa tomber son front dans ses bras en gémissant de lassitude. Pour couronner le tout, sa tête lui faisait maintenant mal toute la journée, et non plus seulement en plein soleil. Sa mère lui avait dit que cela arrivait fréquemment avant que ne surviennent les premières "périodes de femme", et Anna avait accepté cette explication avec un mélange d'appréhension et d'impatience. Enfin tout de même, si devenir femme faisait aussi mal, elle se demandait si rester une enfant ne serait pas préférable - tout compte fait. Ou alors, il lui fallait prier Dieu que cela arrive vite et que ces migraines cessent enfin. Mais était-il vraiment correct de solliciter le Seigneur à propos de quelque chose d'aussi... Enfin, de tellement...

Anna releva la tête, le feu aux joues. Oui, la période était vraiment déplaisante. Vraiment, vraiment déplaisante.
D'un mouvement fort peu gracieux, elle déplia ses jambes ankylosées par sa position et la fraîcheur de la rivière, et agita les orteils pour en faire tomber la mousse. Elle allait rentrer au manoir, voilà ce qu'elle allait faire, et Mère lui donnerait une tisane, un cordial, de l'arsenic ou n'importe quoi pour faire passer cette sal... cette migraine. Et ce serait tout ce qu'elle méritait, la garce.

Ce vilain mot qu'elle s'autorisait en pensée lui redonna le sourire et un peu d'allant. Elle s'étira comme un chaton, s'élança à petits pas assurés le long du tronc et sauta à terre d'un même élan. Glissant des pieds passablement sales dans ses souliers, elle secoua la chienne qui dormait comme une bienheureuse.


- Allons, mademoiselle la paresseuse, réveillons-nous ! Vous ne pouvez pas décemment passer la matinée à ronfler de la sorte, ce n'est pas correct pour une dame !

La chienne soupira et bailla, exprimant le peu de cas qu'elle faisait de l'étiquette et du ton précieux de sa jeune maîtresse. Puis elle se mit lourdement sur ses pattes et lui accorda tout de même un battement de queue. Praline, c'était le moins qu'on puisse dire, n'était pas rancunière.

D'un même pas tranquille, fille et chienne quittèrent la clairière pour reprendre le chemin de Rosbruck, abandonnant chêne, lierre et cours d'eau à leurs enjeux placides. Ceux des Hommes, bien plus bruyants et pressants, requéraient leur attention.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/t1062-anna-zimmerman#33710
Louisa Zimmerman
Baron(ne)
 Baron(ne)
Louisa Zimmerman


Marquée... [Rosbruck] Vide
MessageSujet: Re: Marquée... [Rosbruck]   Marquée... [Rosbruck] Icon_minitimeMar 5 Juil 2011 - 15:41

*Début juillet 1644*


Madame Zimmerman profitait de la fraicheur –relative- des derniers instants de la matinée. Elle avait trouvé refuge à l’ombre du beau manoir. David y avait fait monter une toile blanche quelques jours auparavant. Celle-ci permettait de fuir l’ascension solaire pour au moins quelques heures. C’était mieux que rien. On y avait installé un petit salon extérieur tout à fait charmant, qui éloigné des parfums du jardin, offrait un peu de répit aux sens exacerbés de la femme enceinte.
Louisa y passait beaucoup de temps. Sa jolie peau blanche, après avoir souffert du feu de coups de soleil, prenait peu à peu une couleur dorée. Ses longs cheveux fins reposaient toujours en chignon dans le creux de sa nuque. Elle était bien sage. Elle lisait beaucoup. Une activité qui ne demandait pas beaucoup d’efforts physiques. Fuyant toujours l’aiguille puisque ses doigts continuaient de trembler. Elle avait espéré que la mort de l’Agent et donc la fin du cauchemar fasse cesser tout cela. Mais il n’en était rien. La cause devait être bien plus profonde. Mais quoi ?


Elle observait rêveusement la vie autour du manoir. Les gens passaient et la saluaient tout en continuant de marcher. Dimitri avait demandé la permission d’aller sur les plantations. C’était l’été et les foins commençaient. Une période propice pour retrouver les petits copains et jouer aux adultes auprès des paysans. Oui ces enfants étaient en vadrouilles. Plus encore, depuis que Lou était ici, à plein temps. Ils savaient, que l’heure du retour n’importe plus, puisque aucun Fil Blanc ne retenait leur mère ailleurs.
L’autre raison ils n’en parlaient pas. Ces jeunes gens étaient trop fins pour éclairer brutalement les zones d’ombres. Mais de fait il se passait quelque chose entre ces murs. Le baron et la baronne tentaient d’entretenir une harmonie encore un peu fragile. Cette année avait été terrible pour la vie de ce couple. L’intransigeance de Louisa y était pour beaucoup.
Aujourd’hui elle faisait tout son possible pour réparer ses erreurs. Elle avait commencé un nouveau carnet. Un carnet spécial dans lequel se faisait progressivement son autocritique. Tout était bon pour sauver son histoire d’amour avec Romain. Elle y était d’autant plus déterminée alors que leur famille allait bientôt s’agrandir. Le fameux carnet reposait sur la table à côté d’elle. Il patientait. Elle préférait attraper et manger délicatement un abricot pour apaiser la faim qui la prenait chaque jour avant l’heure du déjeuner.


Anna et Praline arrivaient tranquillement. Lou les suivaient du regard sentant un sourire venir naturellement à ses lèvres. Les choses n’étaient pas faciles en ce moment pour l’ainée de la fratrie. Lou s’en voulait de n’avoir pas sut l’épargner. Les histoires d’adultes devaient rester entre adultes. Cependant la pertinence de l’enfance ne souffrait d’aucune cachoterie. Il était tout bonnement impossible de mentir à cette adolescente. La mère devenait à la courbure du dos et à l’expression du visage que sa fille était contrariée.


-« Anya… viens, s’il te plait. »

La dame se levait lentement –précautionneusement- en tenant le bas de son ventre dans un exercice d’équilibre. Cette grossesse était la plus pénible des trois. Le poids en plus épuisait tant les muscles que parfois elle n’avait même plus le courage de se lever. Balteau était allongé sous la table et relevait la truffe à leur approche. Les yeux noirs de la métisse détaillaient la silhouette dégingandée.


-« Ça n’est pas passé ? J’ai demandé à Miranda de ramener de la marjolaine pour te préparer une infusion. »


Louisa approchait sa main de l’épaule de la jeune fille pour y chasser une feuille. Elle lui souriait gentiment chagrinée de la voir mal fichue. Elle espérait être assez présente. Elle faisait son possible pour mettre de côté son propre état. Mais le terme arriverait bientôt et les petites inquiétudes venaient à nouveau. Quelque soi l’âge les questions étaient les mêmes.
Pour le moment elle se préoccupait surtout du bienêtre de la demoiselle.


-« Dis moi ce qui te ferai plaisir pour cette après midi ? Tu vas voir on va te faire oublier ces petites douleurs. »
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/fiches-personnages-f3/mademoisel
 

Marquée... [Rosbruck]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
The Witch Slay :: Sur les Pavés - Ville :: Les Quartiers Résidentiels-