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 Le Doute pèse sur Europe

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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
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Sébastien Garin


Le Doute pèse sur Europe Vide
MessageSujet: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeLun 28 Mar 2011 - 22:26

Sébastien Garin détestait les répétitions. Dire deux fois les choses, vivre deux fois les mêmes évènements... Cela avait quelque chose de profondément triste que de se dire que la première fois avait compté pour rien, et que les efforts ou la salive avaient été gaspillés en vain. D'ordinaire, il était simplement agacé d'avoir à répéter ou refaire. Mais pour cette redite là, c'était une sainte colère qui l'habitait.

Par deux fois, il avait été près de pouvoir quitter Forbach et disparaître aux yeux de l'inquisition: en seize cents quarante et cette année seize cents quarante quatre, avant l'Agent du Diable. Non, en fait il n'y avait eu qu'une seule vraie chance de fuir cette vie: avant ce coup d'éclat des sorcières qui avait été aussi incongru qu'un coup de tonnerre dans un ciel d'été. Un coup d'éclat qui sonnait exactement comme une trahison des accords passés avec Olrun, une insulte d'Europe envers Sébastien Garin.

On pouvait arguer que si les inquisiteurs étaient restés dans leur Collégiale ce jour là, il ne se serait rien passé, mais en retournant l'argument, si les sorcières n'étaient pas sorties, il ne se serait rien passé non plus. Objectivement, personne n'avait raison dans cette affaire, mais en revanche, une chose était sûre: Sébastien Garin n'était pas responsable de ce désastre. Il avait fait tout ce qui était humainement possible pour retenir ce Guillaume Tavers de suivre son idée, il avait fait moisir sa lettre, il avait découragé, infantilisé, humilié l'inquisiteur éclairé, avait traité d'improbable son idée qu'il puisse y avoir un rassemblement de sorcières sous prétexte d'un alignement stellaire rare.

Guillaume Tavers était un inquisiteur qui était arrivé à Forbach après l'Oracle, et qui était raisonnablement ouvert sur les sciences occultes et d'autres domaines plus avouables comme l'astronomie. Associé à un esprit intelligent et perspicace, il avait su prédire à l'instinct le rassemblement de ce jour funeste de 1640. Sébastien Garin aussi avait très vite compris dès qu'il appris la date de cet alignement. Ce n'était pas par instinct ou par réflexion, mais par expérience qu'il l'avait vu. Et il avait été effrayer de rompre le pacte: bien sûr que les sorcières sortiraient ce soir là, mais le pacte pourrait ne pas être rompu si les inquisiteurs regardaient ailleurs, s'ils étaient aveugles ce soir là, si tout le monde l'ignorait... Dans cette bataille entre l'idéal inquisitorial et la real-politik de Forbach, c'était Tavers qui avait fait céder Garin. S'en était suivi le désastre.

Sébastien Garin prit bien soin d'envoyer le Père Tavers se faire féliciter au Vatican, et s'assura qu'il y obtienne une carrière suffisamment intéressante là bas pour qu'il ne lui prenne jamais l'envie de revenir remuer la vase du comté de Forbach. Il se souvient encore de la lettre de recommandation louangeuse et hypocrite qu'il lui avait donné... Pour les sorcières cependant, le mal était fait, et le pacte rompu. Sébastien Garin ne fit pas pour autant arrêter et brûler Europe car tout devint beaucoup plus calme qu'avant, et visiblement, il valait mieux garder un ennemi que l'on connaissait plutôt que de le remplacer par un ennemi inconnu.

Mais cette fois, se présentait de nouveau l'occasion d'arrêter Europe, pour une raison plutôt sérieuse. La différence avec quatre ans en arrière, c'est que de toute façon tout était perdu: l'ordre de démobilisation avait été annulé en début d'année, Sébastien Garin était appelé à parasiter Sarah Geisler pour une durée indéterminée.

Aujourd'hui était une répétition de l'entretien qui avait eu lieu il y a quinze ans en arrière. Mais cette fois, pas de marché secret. Europe subirait le sort qu'elle aurait dû subir alors, et sans échappatoire. Cet interrogatoire n'en était pas un, Sébastien Garin ne la laisserait dans cette pièce que le temps de lui dire ses quatres vérités.

Puis Europe passerait quelques heures en prison. Avant minuit, elle serait attachée au poteau avant même d'avoir pu prévenir qui que ce soit, et le Second allumerait lui même les fagots.

Une différence par rapport à quinze ans en arrière: il n'y avait pas de mise en scène. Le bureau était dans son état habituel, couverts de papiers plus ou moins ordonnés, et Sébastien Garin n'avait aucune tenue particulière, juste sa chemise dont le seul ornement était un jabot de dentelle et un pantalon de velours brun, ses bottes noires. Et un regard gris métallique, traversé par un éclair.

Lorsque la porte fit un bruit d'ouverture, il se retourna en vitesse du foyer et se jeta quasi littéralement sur l'escorte pour happer le coude de la sorcière. De plusieurs gestes excessifs et impatients, il chassa les hommes de main et dès que la porte fut fermée, il siffla à l'attention d'Europe:

« Traitresse! »

Il pinca fort, puis relâcha pour de bon et s'éloigna de plusieurs pas.

« Traîtresse! Vous aviez promis de me libérer, vous aviez promis d'être discrète! »

Il se retint de cracher, mais Garin avait de toute évidence perdu son contrôle sur lui même.

« Mais cette fois, c'est fini, j'ai une dénonciation contre vous, et puisque notre marché est fini et que je SAIS que vous êtes vraiment une sorcière, vous ne verrez plus l'aube cette fois ci. »
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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeMar 29 Mar 2011 - 19:49

[Précédent = Vous prendrez bien un peu de thé?]



Une convocation.

Allons bon. Mais que lui voulait donc encore cet empafé? Europe commençait à en avoir assez des caprices de Sébastien Garin, bien qu’elle n’en fut en général ni la cause ni l’objet. Mais elle savait que ces derniers temps, l’Inquisition déraillait de plus en plus, sous l’impulsion d’un chef en train de virer à la folie et au mélodrame. Elle était tranquillement assise à son bureau, en train de remplir de la paperasse comme d’habitude, lorsque son domestique vint la quérir d’un air effaré en lui apportant un petit pli cacheté, et lui montrant du doigt par la fenêtre le Manoir devant lequel patientaient cinq bras armés de l’Inquisition.

Nullement impressionnée, et en réalité plus irritée qu’autre chose, Europe avait consenti à reporter ses tâches et suivre les cinq brutes qui l’escortèrent –en fiacre bien sûr, n’exagérons rien- jusqu’à ce trou à rats puant, autrefois connu sous le nom de Collégiale. Malgré son détachement, elle avait conscience des enjeux d’une deuxième conversation de cette sorte avec Sébastien Garin. Ou plutôt: son détachement
prouvait qu’elle avait conscience de ces enjeux. Ce serait sa vie qui se risquerait de nouveau aujourd’hui, comme quinze ans auparavant. Le dirigeant de l’Inquisition ne l’avait jamais convoquée au-delà de cette seule et unique fois où tous deux avaient mis en place un marché, dans lequel la mauvaise foi de la dirigeante d’Olrun était certes caractérisée, mais celle des Inquisiteurs également. Si Sébastien Garin avait honoré les termes de leur accord et fermé les yeux sur cette histoire de rituel occulte en 1640, il aurait eu ce qu’il souhaitait: une discrétion maximale des sorcières. Alors pourquoi n’avait-il pas pu se la fermer, pour une fois? Le coup de filet de ce soir-là avait été un véritable désastre, un coup porté à la tribu dont elle avait eu du mal à se relever et dont Europe ramassait encore les pots cassés à l’heure actuelle. C’est pourquoi elle se trouvait dans de fort mauvaises dispositions lorsqu’ils arrivèrent finalement à la Collégiale et que la Grande Prêtresse descendit du fiacre, empoignant les plis superflus de sa robe pour que la bouillasse des rues ne la souille pas.

Elle se souvenais parfaitement de la première fois qu’elle avait été amenée ici. A ce moment là, dans son esprit la raison avait cédé aux transports, laissant se déverser une peur et des regrets terribles. Et Europe avait craint de mourir, tout simplement… elle avait craint de ne plus respirer cet air, de ne plus sentir son cœur battre, de ne plus jamais savourer le contact de la main de Louis dans la sienne. Craint de tout abandonner derrière elle, son amant, ses amis, sa tribu…

Oui, elle n’était alors pas prête à quitter ce monde.

Certes à l’époque, elle aurait pu décider de faire un sort aux sentinelles qui l’entouraient à coup d’invocations magiques; mais alors cela l’aurait contrainte à fuir pour protéger sa vie, errer sous une autre identité, peut-être même se cacher dans les bois, condamnée à graviter autour de Forbach sans pouvoir y remettre les pieds au risque d’être reconnue. Qu’est-ce qui avait changé depuis cette époque? Tout. Aujourd’hui, rien n’était pareil et devoir abandonner le confort de son logis lui semblait un bien maigre sacrifice, une préoccupation matérielle d’une outrageante futilité en comparaison du fait de vivre. La Grande Prêtresse avait revu l’ordre de ses priorités. Sa tribu comptait désormais avant tout; Europe y avait consacré une bonne partie de sa vie, s’y vouant corps et âme, se laissant peu à peu détruire et corrompre par ce rôle de dirigeante qui la bouffait littéralement de l’intérieur. Pour rien au monde elle ne l’abandonnerait ni le déléguerait à quelqu’un; elle en avait besoin. Elle devrait être démasquée et s’éloigner des sofas douillets de son Manoir? Soit. Elle était prête à renoncer même au monde entier si cela la maintenait sur le trône.
Son état d’esprit était nouveau et c’est avec un regard plein de défi qu’elle pénétra dans le bureau du Second, toujours le même qu’à l’époque mais cette fois d’une simplicité inondée de paperasses. A la vue de Sébastien Garin, elle haussa simplement un sourcil. Il semblait dans un état de nerfs passablement exacerbé, le regard fou et les cheveux en bataille; elle se contenta de le fixer sans mot dire, retenant à grand peine une moue de mépris. Il lui pinça le coude et lui fit mal; mais elle ne dit rien encore, le surplombant de toute sa hauteur.
Oui, tout avait changé et en priorité, le fait le plus important.

Elle n’avait plus peur de Sébastien Garin.


"Oh… arrêtez, je tremble de peur" fit Europe d’une voix morne en réaction aux menaces de morts, ne se donnant même pas la peine de mimer l’effroi.

La sorcière leva les yeux au ciel. Le venin craché par le Second lui semblait tellement bas, tellement fade! Et cet adversaire manquait tellement d’intérêt, par rapport à… disons, Alicia par exemple. Avec une nouvelle moue de mépris retenue de justesse, Europe constata que malgré son âge avancé, elle était toujours plus grande que lui d’une bonne tête. Oui, elle ne craignait plus Sébastien Garin depuis longtemps! Elle était la Grande Prêtresse, la dirigeante d’Olrun: c’est-à-dire la même sorcière qu’avant, mais avec un surplus de pouvoirs, un caractère radicalement changé et quinze années d’expériences en plus! Depuis leur dernier entretien, elle avait dû gérer tellement de situations délicates, faire face à tant d’épreuves, manipuler tant de gens que cette petite mascarade ressemblait désormais à un jeu d’enfant. Elle avait affronté une nouvelle rencontre avec Alicia; elle avait vu Adrien mourir, une dizaine des siens être capturés par sa faute, elle s’était abîmée dans l’exploration de nouvelles arcanes aussi inconnues que dangereuses, elle avait manipulé Viviane, corrompu la hiérarchie d’Olrun en nommant Inès pour soulager sa conscience, tissé sa toile pendant des années, organisé un procès partial pour Alexandrine sans en informer Elisabeth, trahissant la confiance de toute une existence, et allant jusqu’à menacer sa fille de subir le rituel d’amnésie! Même ses pairs la craignaient désormais!! Alors à côté, le caprice du Second de l’Inquisition, franchement… Si elle le voulait, même sans ses pouvoirs Europe aurait pu mettre une raclée à ce petit écervelé, sa frêle silhouette et ses traits féminins. Il avait d’ailleurs été d’une bêtise et d’une imprudence crasse en s’enfermant seul avec elle… Oh oui, il ne se doutait pas un instant de son potentiel offensif. Et lorsqu’elle en aurait fini avec lui, elle s’occuperait des gardes au-dehors; mettre les cinq hors d’état de nuire, ou même leur retirer la vie, ne lui prendrait pas plus de quelques secondes grâce à ses dons magiques. Pareil pour le reste de la Collégiale. Pareil pour tous ceux qui se dresseraient ensuite sur son chemin! Et si ça ne suffisait pas, elle pourrait encore lever les bras, psalmodier, mettre la Collégiale sans dessus dessous, déchaîner la foudre, invoquer une tempête, faire trembler les fondements de Forbach même!!! Elle avait combattu Alicia, que diable! Elle avait tenu bon presque deux décennies face à la plus puissante et la pire sorcière que le monde ait porté. A côté de cela, les piaillements aigus de ce nain sautillant lui paraissaient aussi dérisoires que le cri d’une souris écrasée sous son talon. Pfff… elle avait tellement honte en se remémorant leur premier entretien. Et dire qu’elle s’était montrée dans toute sa faiblesse, s’était mise à pleurer, avait été jusqu’à supplier d’avoir la vie sauve devant cette… fiotte.


"Bien. Maintenant que vous avez fini de brailler comme une pucelle surexcitée, nous allons pouvoir re-préciser les termes de notre accord."


Et Europe s’avança dans le bureau sans plus de façons, droite et impériale, emplissant l’espace d’une façon singulièrement différente de la première fois. Sur son visage ou plutôt dans ses yeux, on pouvait lire le danger potentiel qu’elle représentait. Sébastien Garin, si il était intelligent, sentirait à quel point elle était différente, sûre d’elle, puissante. Si il avait de la jugeote encore, il ne prendrait pas le risque de s’opposer à elle. Et si il était malin enfin, il calmerait ses ardeurs, mettrait la passion de côté pour privilégier la raison, et tâcherait comme elle de trouver un nouvel accord –un accord qui cette fois-ci, répondait à SES conditions.


Dernière édition par Europe le Ven 10 Juin 2011 - 0:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeMer 30 Mar 2011 - 18:03

« Notre accord? Foutez le dans votre cul et torchez vous avec. IL NE TIENT PLUS CET ACCORD! »

Il y a quinze ans, jamais autant de vulgarité ne serait sorti de la bouche de Sébastien Garin. Il y a quinze ans, jamais il n'aurait crié sans déraper vers les aigus. Il y a quinze ans, une sainte colère comme celle là n'aurait jamais pu exister. Elle n'appartenait pas au personnage qui existait il y a quinze ans, ne lui ressemblait pas.

Peut être était ce ridicule, peut être n'était ce que de vaines gesticulations, du vent prononcé pour rien, mais bien qu'il en soit conscient, le Second n'avait aucune intention d'agir autrement: ce qu'il avait sur le coeur devait être dit et tant pis si ce n'était que du fiel macéré pendant longtemps. Même immonde, même méprisable, la colère était un sentiment qu'il fallait expulser. Et si elle pouvait blesser la Sorcière par la même occasion, ce serait un appréciable bonus. En vérité, Garin avait une colère aussi aveugle qu'un prisonnier oublié dans une tour pendant quinze ans.

Jamais Sarah Geisler n'aurait jamais crié il y a quinze ans. Elle aurait accueilli la provocation avec un visage mortifié, aurait été réduite au silence, puis se serait faite menée durant tout le reste de la rencontre jusqu'à la fin, trop angoissée par ce qu'elle pourrait perdre si elle refusait: à l'époque, elle pouvait perdre son identité, elle pouvait perdre aussi son masque, et en conséquence sa sécurité et sa vie. Sa vie plus celle de son fils de cinq ans. A cette époque là, oui, elle se serait tue et aurait laisser passer. A cette époque, l'Europe telle qu'elle était aujourd'hui aurait pu vaincre sans dommages.

Mais il/elle n'avait plus vingt cinq ans. Il/elle en avait quarante, et était resté bloqué/e dans cette schyzophrénie de fait qui n'aurait jamais dû être prolongée au delà de la mort du Frère François, les risques pour la santé mentale étant de plus en plus graves au fur et à mesure de la durée. C'était comme si le déguisement s'était accroché à la peau et fusionnait progressivement à celle ci, comme s'il s'amalgamait au reste du corps. Sarah Geisler ne souffrait pas d'un dédoublement de personnalité, elle souffrait de la prise de contrôle grandissante du personnage au détriment de la vraie personne.

Europe avait tenu entre ces mains le salut de Sarah Geisler. Europe l'avait jeté. Europe allait souffrir.

Souffrir autant que elle avait souffert, qu'elle souffrait encore, et qu'elle allait souffrir. Sarah ne savait pas encore comment, mais cette femme et sa morgue n'étaient définitivement pas faites pour vivre plus longtemps en paix. Le bûcher et l'enfer était une méthode trop expéditive, plutôt que d'abréger sa vie, Sarah Geisler voulait plutôt briser la vie d'Europe. Elle ne savait pas comment voilà tout.

Et où étaient donc passées les peurs qui l'auraient retenues, une décennie et demi auparavant? La peur de perdre son masque, son fils, sa vie? Europe en vieillissant et croissant en importance en était arrivé à ne plus avoir peur de la mort. Sarah Geisler était allée encore plus loin, en commençant tout doucement, sans se l'avouer, à la souhaiter: En cette date, ses parents étaient probablement morts, ou bien avaient définitivement oublié qu'ils avaient eu une fille. Sa mémoire devait être condamnée auprès de ses proches, le retour en arrière ne marchait plus. La seule voie de délivrance et de paix semblait être l'interruption brutale de la comédie, qui délivrerait l'actrice de son personnage envahissant.

Quant à David, il était grand, il était adulte désormais, il souhaitait s'arracher à sa mère, sans comprendre le mal qu'il lui causait. Il saurait fuir, se cacher, et il pourrait démarrer sa vie ailleurs. Il était adulte, qu'il vole de ses propres ailes donc.

« Le Vatican exige de nouveau des résultats, de nouveau du travail. Pourquoi croyez vous que je voulais me retirer de Forbach? Par humanisme? Pour arrêter toute effusion de sang? Parce que j'aime les sorcières? »

Son visage était aussi déformé par la rage que celui d'Europe était déformé par l'orgueil. On touchait à des choses sensibles, à l'intimité même de l'âme du Second, et l'on approchait de l'explosion.

« Je HAIS les sorcières, je HAIS l'Inquisition, je HAIS Forbach et cette Collégiale. Je hais ces vêtements, je hais cette coiffure, je hais... tout!! Tout tout tout ici, jusqu'à votre arrogance... p.... m... f... »

Se déchaînant au point de s'embrouiller avec ses mots, Sébastien Garin poussa un rugissement de rage pour se rattraper.

« Cet accord pouvait me délivrer, cet accord DEVAIT me délivrer. Vous n'avez pas idée à quel point vous m'avez rendue MALHEUREUSE! »

Sarah Geisler sursauta comme si ce fut le pape en personne qui avait vu clair. Elle n'eut pas envie de corriger, se contentant de se mordre les lèvres avec passion.

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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeMer 30 Mar 2011 - 22:59

Parce qu’elle n’était pas du tout habituée à un tel déferlement de grossièreté, surtout venant de la part de Sébastien Garin, Europe resta un instant abasourdie de ces propos outrageusement vulgaires, qui lui arrachèrent finalement un sourire caustique. L’accord ne tenait plus? Quelle surprise… cet accord était de toute façon complètement pourri et inutile. Et pour cause: c’était le Second lui même qui en avait défini les termes! Il n’y avait pas de fumée sans feu.

"Vous savez, si les gens ne soulèvent pas les rochers pour voir ce qu’il y a en dessous, c’est qu’il y a une bonne raison" persifla Europe en observant Garin gesticuler et brasser de l’air.

La sorcière se retint d’énoncer le reste du fond de sa pensée; le Second de l’Inquisition, les cheveux en bataille et le visage en sueur, semblait sur le point de faire une crise d’apoplexie. Et elle ne souhaitait pas
franchement que cet homme lui crève entre les pattes, surtout pas à un moment pareil. Aux yeux d'Europe, une telle vulgarité, une telle fureur le faisant sortir de ses gonds ne pouvait signifier qu’une chose: elle avait eu raison. Sébastien Garin était en train de devenir à moitié dingue, complètement halluciné. La dirigeante d’Olrun avait toujours été quelqu’un de plus ou moins empathique; présentement, elle sentait à quel point son interlocuteur était dévoré de l’intérieur, habité par une présence perfide, incrusté dans son rôle au point de ne pouvoir s’en défaire. Finalement, ce n’était pas difficile à analyser… car il arrivait exactement la même chose à Europe –hormis qu’elle, avait souhaité de son plein gré sa situation. A l’inverse de Sébastien Garin qui lui sortait maintenant des propos grandiloquents et mélodramatiques sur les sentiments humains, le monde et tout ce baratin foireux… Lui disant en bafouillant et se mélangeant pitoyablement dans les mots qu’il n’avait pas désiré ça, qu’il était passé à côté de sa vie et autres jérémiades, qu’il était malheureux… malheureuse…

En réalité, ce lapsus serait passé
complètement inaperçu dans l’esprit d’Europe si ce n’était l’interruption soudaine des propos du Second, son air effaré, son sursaut et ses lèvres mordues dans une attitude de remords extrême. La Grande Prêtresse fronça les sourcils, cherchant pendant quelques secondes à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas… et tandis que dans son esprit, une pensée nouvelle et complètement hallucinante faisant son chemin, elle s’immobilisa et écarquilla les yeux en grand.

Elle venait de comprendre. De
tout comprendre…

"Vous… vous êtes une… f…"

Elle resta encore quelques secondes éberluée, ne pouvait revenir de sa surprise, puis pencha légèrement la tête en arrière pour éclater de rire.

Un rire glacial, méprisant, qui balayait tout sur son passage; mais le premier rire
véritablement amusé qu’elle ait eu depuis des années et des années. Sébastien Garin! Une fille! Une femme, une donzelle qui se faisait passer pour le Second de l’Inquisition lui-même! Et dire que pendant tout ce temps, des dizaines d’hommes avaient été sous ses ordres, abusés par une femelle obligée de déguiser sa voix et de se donner l’air intimidant… qu’ils reçoivent leurs directives d’un homme petit, frêle et androgyne était déjà en soi l’apex du ridicule; mais une fille! Ha! L’idée était tellement risible qu’Europe ne parvenait pas à se calmer. Elle s’appuya sur un mur de la pièce, guettant un soutien bienvenu car ses abdominaux se contractaient dans de violents accès d’hilarité. Une fille! C’était bien la meilleure! Quelle mascarade… les Inquisiteurs étaient bêtes comme leurs pieds, au point de se laisser diriger par une femmelette qui tous les jours avaient dû sortir les épaules, rendre sa voix plus grave, se maîtriser pour ne pas valser dans les aigus à la première colère ou porter des vêtements amples pour dissimuler ses seins et le joli liquide rouge offert en cadeau par mère nature tous les mois… Il ne fallait pas se demander pourquoi Europe n’avait jamais trouvé Garin impressionnant!!! Il était déjà minable en tant qu’homme, mais en tant que femme, c’était encore pire. Du moins en comparaison de la Grande Prêtresse avec son port altier et sa longue silhouette élancée.

"Pfff… pauvre ratée… vous… vous n’êtes même plus une vraie fille!" parvient à susurrer Europe, le souffle court car elle ne parvenait plus à reprendre sa respiration à force de rire.

Son hilarité, presque silencieuse, connut un regain sonore qui résonna dans tout le bureau, sans que la sorcière ne se force à la moindre discrétion. Au contraire, elle alla même jusqu’à donner quelques petites tapes sur le meuble en bois, symbole de son hilarité. Aaaah! Rire ainsi lui faisait tellement de bien! Elle n’avait pas ri de manière sincère depuis près de seize ans. C’était une véritable libération; et toute à son intérêt égoïste elle ne s’aperçut absolument pas de l’effet dévastateur qu’avait son rire sur Sébastien Garin. Ou plutôt, non, comment devait-elle l’appeler désormais? Sébastienne? Sébastine peut-être? Elle se bidonna de plus belle à cette pensée.


"Et votre rejeton, c’est une fille aussi? Est-ce qu’il est au moins au courant que son père a un creux entre les jambes?"

Europe éclata derechef de rire à sa bonne blague, se tenant les côtes et des larmes perlant au coin de ses yeux tandis qu’elle imaginait David Geisler affublé d’une robe rose. Hé bien… Sébastien Garin lui faisait déjà pitié avant mais là, c’était le bouquet! Définitivement, ce n’était plus une femme. Comme ce n’était pas un homme non plus, on était en droit de s’interroger sur sa véritable nature. Un travesti asexué, voilà tout… Parvenant enfin à se calmer un peu, Europe s’approcha et poussa son culot jusqu’à toucher brièvement la poitrine du Second de l’Inquisition.

"Ah! Je comprends mieux comment vous parveniez à les dissimuler" glissa-t-elle avec un grand sourire étalé sur son visage, faisant référence à la taille des seins de son interlocutrice. "Votre dernière prétendante a du avoir une sacré surprise quand vous vous êtes mis au lit…"
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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeLun 4 Avr 2011 - 18:13

La première gifle fusa comme un diable hors de sa boîte et claqua nettement.

La deuxième de l'autre main fit encore plus mal, car elle était quasiment un poing fermé.

La troisième finit dans le vide.

Sarah Geisler aurait voulu encore frapper, griffer, mais Europe n'était pas un mannequin immobile et elle était hors de portée. Au moins avait elle arrêté ce rire infernal, qui poignardait joyeusement à l'âme et au coeur, comme un orgasme de violence. Qu'y avait il de drôle? De s'être faite prendre par un homme sans consentement, d'avoir porté un enfant comme un péché, de l'avoir gardé comme un espoir de rédemption? D'être allé s'enterrer dans une tombe brumeuse, après une vengeance sans gloire?

QU'Y AVAIT IL DE DRÔLE?

Europe n'avait jamais été dominée par un homme, Europe s'était toujours éloigné des enfants, Europe avait eu un succès bien plus grand globalement que Sarah Geisler, elle était arrivée là où elle voulait et avait toujours maîtrisé sa vie, bien confortable dans son manoir. Comment osait elle? De quel droit considérer Sarah Geisler comme un pitre? De toutes les personnes sur Terre, elle faisait partie de celles dont les critiques auraient été les plus mal venues, cela n'avait pas empêché qu'elle ouvre son crachoir, et dégueule son rire puant. Un rire dont Sarah Geisler voulait prendre tous les échos dans sa main et les faire rentrer physiquement dans la gorge d'Europe, quitte à ce qu'elle crève durant l'opération.

Jamais de toute sa vie, Sarah n'avait été aussi gravement blessée. Jamais non plus, Sarah Geisler n'avait été dans une rage aussi noire, aussi totale. Cette rage la possédait littéralement, elle était une autre, bien plus dangereuse que le personnage habituel ou que la femme d'origine. Cette rage était surtout une protection: complètement hors d'elle même, Sarah Geisler n'entendait qu'une partie, ne comprenait qu'une autre, et ne se sentait concernée que par une infime partie. Mais rien que cette infime partie l'encourageait à enrager encore.

On n'aurait pu imaginer de mots plus blessants, plus venimeux pour lui causer du mal. La méchanceté qui habitait Europe en ce moment précis justifiait amplement tous les enfers de toutes les religions, et si Sarah Geisler aurait été assurée de pouvoir les y envoyer, elle aurait été capable de brûler la Collégiale, Forbach, tuer son fils et se suicider par dessus. C'était de terribles envies de meurtre qui la prenaient, qui n'étaient adoucies par rien. Des envies de meurtre et une promesse de jouissance si elle y parvenait, comme une récompense céleste. Purifier la Terre de chacals comme Europe ne pouvait être un péché, au contraire, tout bon chrétien devait le faire.

Sarah Geisler n'avait strictement aucune arme ni sur elle ni autour d'elle. Pas même un tisonnier près de la cheminée, avec lequel elle aurait pu taper le crâne de la Grande Prêtresse d'Olrun jusqu'à lui faire gicler les yeux des orbites. Elle n'avait que ses yeux pour pleurer et ses mains pour tuer. Alors, elle tuerait Europe par ces moyens, même un ignorant les connaissait.

Etrangler Europe jusqu'à ce que son visage soit bleu et congestionné, arracher les yeux d'Europe avec les ongles en tirant brutalement, briser la mâchoire d'Europe en dix morceaux et la défigurer à vie, mordre au cou d'Europe jusqu'à la saigner comme le ferait un vampire, éclater la tête d'Europe contre le mur jusqu'à répandre la cervelle, mettre Europe dans la cheminée et la faire prendre feu, puis la laisser rôtir et sa peau se détacher.

Ce fut avec ces pensées que Sarah Geisler se rua de nouveau à l'attaque, sa relative faiblesse physique très largement compensée par sa rage aveugle. Elle frapperait pour tuer.
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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeMer 6 Avr 2011 - 1:29

Besoin de ça, tellement besoin de ça. De l’humilier de la pire des manières, jusqu’à ce que son visage semble se congestionner sous la fureur, jusqu’à ce que ses jointures blanchissent, que la haine exsude, que son aura ne soit plus qu’un vortex de folie meurtrière. C’était tellement bon de se sentir supérieure. Il n’existait pas de mots pour décrire à quel point cette hilarité, qui continuait à la traverser de part en part, était salvatrice.
Car elle lui permettait littéralement de s’envoler au dessus du monde et de ses miasmes et de sa fange, dans lesquels se débattaient des mécréants aux vies minables aussi pourries que des charognes gorgées de vers.
Car elle lui permettait de sentir que
sa propre vie n’était pas si misérable… puisqu’il y avait pire qu’elle!! Europe ne pouvait s’extirper des bas-fonds par ses propres moyens; elle ne pouvait élever son existence toute seule. Pour y parvenir, elle avait besoin de grimper sur la tête des autres quitte à les faire s’écrouler et cela marchait fort bien. Quelques années encore auparavant, la Grande Prêtresse n’aurait jamais assumé une telle manœuvre… Mais opposer un visage rigide, des paroles froides, des moqueries à ses interlocuteurs, étaient devenu sa seule manière d’interagir avec le reste du monde.

La première gifle l’atteignit et fit valser sa tête sur le côté, stoppant son hilarité instantanément. Car un réflexe physique évident l’empêchait de rire le visage tourné ainsi, la trachée légèrement comprimée. Mais à l’intérieur, secouée par des spasmes silencieux, Europe riait encore. Mieux, elle jubilait, triomphait de ses attaques verbales. De voir que Sébastien Garin n’avait pas eu la moindre parcelle de maîtrise de soi, et qu’il –non,
elle!- avait si facilement cédé à la violence physique constituait en soi une victoire, une preuve de sa supériorité. La dirigeante d’Olrun était capable de désaxer un être humain rien que par un rusé groupement de phrases harmonisées autour d’un sujet pertinent. Le Second de l’Inquisition lui, avait besoin de ses points, de sa hargne. Elle gagnait sur tous les tableaux.

La deuxième gifle avait eu des allures de coup de poing et avait rejeté Europe en arrière. Sa mâchoire émit un bruit très sec qui ressemblait à un craquement, et aussitôt la souffrance inonda le bas du visage de la sorcière. Elle faillit pousser un mugissement de douleur, puis fut occupée à esquiver un troisième coup de Sébastien Garin. Mais en réalité, plus le Second la frappait et plus elle jubilait… Etait-elle une masochiste qui s’ignore? Peut-être. Mais ce déferlement de colère était tellement jouissif, il lui prouvait tellement l’impact qu’elle avait sur lui, le
pouvoir qu’elle avait sur lui… et c’était tellement mieux que de l’indifférence! Les cheveux en bataille, l’écume aux lèvres et les yeux fous, Sébastien Garin se rua sur elle avec la hargne d’un animal en pleine charge et les deux femmes roulèrent violemment à terre, se cognant dans les meubles. Le tibia d’Europe heurta un coin du bureau et les larmes lui montèrent aux yeux tandis qu’elle essayait de lutter contre les assauts furieux de son adversaire, protégeant son visage de ses bras, sentant son corps bourré de coups de poings, lacéré de griffures, ses cheveux tirés…

"P… pitié… arrêtez…" La Grande Prêtresse se recroquevilla sur elle-même, à bout de souffle et les cheveux complètement défais, son chignon n’ayant pas tenu plus de quelques petites secondes dans cette mêlée. Son ventre se contractait violemment et elle n’arrivait plus à reprendre sa respiration; même sa lucidité semblait s’être envolée. Une toute petite accalmie, provoquée par on ne savait trop quoi, lui permit de reprendre une bouffée d’air et d’adresser une nouvelle supplique à Sébastien Garin. Alors, Europe put redresser la tête et écarter ses cheveux épars, dévoilant son visage crispé, sclérosé, dans un énième rictus.
Elle était littéralement morte de rire.
Un rire de démente, silencieux et effarant.

Pitié, arrêtez. Mes abdominaux vont lâcher. Je vais me faire dessus.

Cela ne contribua sans doute pas à mettre le Second de l’Inquisition dans de meilleurs états d’âme, et cela justifia aussi probablement le déferlement de violence démultiplié qui s’en suivit. En Europe, un déclic se fit soudainement. Ça y est, elle avait gagné de toute façon; à présent il ne restait plus rien à prouver à Sébastien Garin. Ils étaient seules dans la pièce. Le moment était venu de se faire plaisir, à elle aussi. La violence physique était comme la dépravation: une bassesse. Une bassesse tellement jouissive. Une bassesse qu’elle ne prenait le temps de savourer qu’après avoir assurer ses appuis, comme elle venait présentement de le faire. A présent… autant s’en donner à cœur joie!
La dirigeante d’Olrun changea soudainement d’attitude; elle qui n’avait jusque là tenté que de se protéger, gardant résolument une attitude défensive, cabra soudain le dos pour déstabiliser son adversaire qui la maintenait à terre de tout son –maigre- poids. Elle lâcha la bonde à son adrénaline, sentant une vague électrifiée monter en elle; brusquement, sans que rien ne le rendit prévisible, son bras se détendit comme un ressort et abattit son poing fermé en plein sur le nez du Second. Poussant un feulement haineux, Europe tenta de saisir les poignets de la travestie et elles roulèrent toutes deux dans un enchevêtrement chaotique, se battant comme des chattes en furie, griffant et attaquant avec les moyens du bord.


"Ridicule type sans roubignolles!" parvint à cracher la sorcière au milieu de la bataille. "C’est n’est pas ainsi que tu vas compenser l’absence de bijoux de famille!"

Son insulte grossière et sans finesse lui donna les milisecondes de répit nécessaires pour éviter de se faire arracher la tête. Europe avait mal partout, son tibia arborait une contusion bleutée, sa peau était constellée de griffures écarlates dont certaines saignaient, et elle sentait une terrible nausée lui tenailler le ventre, là où les pieds du Second l’avaient atteinte. Alors que la main de son adversaire passait à portée de visage, la dirigeante d’Olrun lui décocha un méchant rictus. Puis elle prit une grande inspiration et mordit de toutes ses forces dans le poignet de Garin.
Ses dents s’enfoncèrent, profondément, férocement. Après le coup de poing qu’elle s’était reçue en pleine mâchoire, mordre dans quoi que ce soit lui faisait un mal fou, mais la sorcière prit son courage à deux mains et mordit encore plus fort. Le seul fait de voir la tête de son adversaire ainsi en valait la peine. Alors elle investit ses mâchoires endolories de chaque gramme de fureur, sentant bientôt la peau se déchirer et un filet de sang couler dans sa bouche.

Europe aurait fini la tête comme un melon éclaté si elle était restée dans cette position, à portée de son ennemie. C’est pourquoi elle rompit brusquement le contact et s’éloigna, le souffle court, les jambes flageolantes et des envies de meurtre dans les tripes. Alors que le Second se lança dans un énième assaut, elle tendit brusquement le bras, paume vers lui, et cria:


"STOP!"


Sans aucun doute, un simple cri n’aurait pas arrêté Sébastien Garin si ce cri n’avait pas été chargé de toute la puissance magique d’Europe, ou presque. Le regard haineux, la respiration saccadée, elle fixa son adversaire dans le fin fond de ses yeux clairs et glacés comme des billes, lançant déjà les tentacules invisibles de son sort d’Envoûtement. Aussitôt, elle sentit le pouvoir magique répondre docilement à son appel, une sorte de fourmillement électrique lui parcourant l’échine. Par corollaire, son emprise sur l’esprit de Sébastien Garin s’affermissait. La Grande Prêtresse connaissait ce sort par cœur, pour s’être entraînée des milliers et des milliers de fois avant d’en arriver à la plus parfaite maîtrise. Et elle connaissait le chemin dans un esprit humain pour s’y être déjà faufilée; celui du Second, bien que confus et suintant de rage, ne faisait pas exception à la règle. Dans son grimoire de magie, chaque Apprenti de la Tribu apprenait au départ la même chose sur le sort d’Envoûtement, la description qui en était faite n’ayant pas varié d’une ligne depuis des temps immémoriaux. « Il varie selon le niveau du pratiquant. Le sorcier par ce procédé peut simplement suggérer une image furtive ou bien aller jusqu'à obséder de diverses choses les pensées de sa "victime" »… Trente-deux ans après avoir lu ces lignes pour la première fois, Europe devait admettre être allée bien au-delà d’une pratique littérale et stricte des préconisations textuelles. Non seulement elle connaissait avec précision la procédure de suggestion et d’auto-suggestion, tirant sur telle ou telle ficelle pour l’imprimer une pensée dans l’esprit de son interlocuteur, mais elle savait aussi faire le tri dans les souvenirs, catégoriser les songes, saturer l’esprit de mauvaises idées pour le faire tendre vers la folie, occulter des pans entiers de mémoire, et bien d’autre choses encore… L’esprit commandait le corps. Le sort d’Envoûtement touchait directement le cerveau de l’ensorcelé. En s’introduisant dans celui-ci, Europe pouvait faire ce qu’elle voulait de sa victime, dans une certaine mesure. C’était ce genre de choses qu’Alicia et ses consoeurs du Lys Noir avaient pratiqué pendant des années. Prendre des sorts basiques et les ré-interpréter en dérivé, de façon à ce que leur champ d’application varie à l’infini… Ce genre d’arcanes occultes, maintenues secrètes car trop dangereuses puisqu’elles touchaient parfois à l’intimité, aux fondements même de la personne ensorcelée… mais aujourd’hui Europe ne se limitait plus aux frontières de la morale, depuis longtemps elle s’était résolue à faire des essais sur ces sciences interdites revendiquées par les sorcières du Lys Noir. Et ça marchait parfaitement! En cet instant même, Sébastien Garin était aussi immobile qu’une statue et ne pouvait plus faire un seul mouvement. Pour cause: Europe le lui interdisait. Ou plutôt: elle exerçait son contrôle sur le cerveau du Second, qui le lui interdisait, figé dans une paralysie artificielle qu’elle ne relâcherait que lorsqu’elle aurait eu ce qu’elle voulait.

"Calmez. Vous. C’est. Un. Ordre."

Sa voix était glaciale. Il était évident que leur entretien ne pouvait pas se finir ainsi; les deux femmes n’allaient pas rentrer chez elles le plus naturellement du monde après s’être battues. Non, Europe avait un nouvel accord à proposer au Second. Mais avant, elle souhaitait attendre qu’il soit un peu plus réceptif, plus calme. Qu’allait-il se passer maintenant? Sébastien Garin ne pouvant plus l’atteindre physiquement, allait-il continuer à cracher son fuel, ou allait-il comme au début, lui dévoiler ses états d’âme, sur le point de pleurer? La Sorcière aurait aimé que cela se passe ainsi. Car alors, elle mimerait la compassion. Elle s’excuserait de son « comportement odieux », ferait semblant d’écouter sagement l’histoire de la petite travestie mélodramatique, lui dirait qu’avec elle son secret est bien gardé, lui caresserait les cheveux comme un bon toutou et ainsi, le secret d’Europe aurait pour assurance de ne jamais être divulgué.
Mais comme elle n’avait aucune certitude, la Grande Prêtresse préféra se tenir aux aguets, prête à pallier à toute éventualité au cas où Garin crierait à la garde.
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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeSam 16 Avr 2011 - 18:31

Je n'ai pas fini, il faut la tuer. Calmez. Vous. Elle va me dénoncer. Calmez. Vous. Elle va m'enlever mon fils. Calmez. Vous. Je veux lui éclater la tête. Calmez. Vous. Je dois bouger! Calmez. Vous. Elle m'a insulté de la plus douloureuse des façons. Calmez. Vous. Elle m'a mordu, blessée. Calmez. Vous. Elle va me tuer. Calmez. Vous. Elle me contrôle? Calmez. Vous. Non ce n'est pas possible. Calmez. Vous. C'est une sorcière, elle peut peut-être. Calmez. Vous. C'est la grande-prêtresse, je ne connais pas tous ses pouvoirs. Calmez. Vous. Quelle est cette voix? Calmez. Vous. Est ce moi qui me dit ca constamment? Calmez. Vous. Non, je n'en ai pas l'impression. Calmez. Vous. Ca paraît si réel et si distinct. Calmez. Vous. Qu'est ce que c'est que cette voix? Calmez. Vous. MAIS QU'ELLE SE TAISE!!!



Calmez. Vous.

***
Sarah Geisler n'avait clairement plus l'initiative, et était désormais à la merci de la Grande Prêtresse d'Olrun. Sans être conscient à aucun moment de l'envoûtement, elle se rendait cependant compte que quelque chose ne tournait pas rond et que ce n'était pas naturel. Europe en était donc forcément coupable. Toute énergie s'était envolée, elle se sentait fatiguée de se battre alors que le brasier qui l'avait animé il y a une minute encore n'était toujours pas retombé, il continuait de gronder mais en sourdine... Sébastien Garin ne se sentait plus le courage d'agir, ne se sentait même plus le courage d'hausser la voix. Mais qu'est ce qu'il en avait envie pourtant. Ce n'était pas naturel ce mélange de volonté et d'incapacité...

« Je vous hais. »

Cela il pouvait le dire. Sarah Geisler aurait voulu lui balancer à la gueule, elle l'avait dit sur un ton monocorde absolument frustrant. Elle était condamnée à la voix monotone et basse pour dire les pires de ses pensées sur celle qui cristallisait les pires de ses sentiments les plus noirs.

« Je vous hais. Je vous hais comme toutes les sorcières, comme toute l'inquisition,comme toute cette ville. Je vous hais avec toute la force que m'ont laissé ces vingt dernières années, je vous hais davantage que le Frère François. Je vous hais, filles du diable, filles d'Olrun, putes du Démon. Je vous hais vous et vos soeurs, pour ce que vous êtes, pour ce que vous faîtes. »

Obligé de compenser la faiblesse du ton par la gravité des mots, Sarah Geisler cherchait à mettre des mots sur les ressentiments les plus profonds et les plus noirs qui l'agitaient, et s'obligeait à les dire tels qu'ils venaient, et surtout sans aucune censure. De toute façon, Europe avait déjà ravagé son âme, alors quel intérêt de garder caché ce qui était déjà tourné en dérision? Le pire, c'est que Sarah n'espérait même pas faire mal à Europe, de cela elle avait perdu l'espoir, mais elle espérait encore qu'en expulsant ainsi sa colère, elle pourrait enfin retrouver un peu de paix intérieure.

Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Même si cet espoir est qu'une vie prenne fin, ca reste un espoir.

Ce qu'elle avait espéré pendant longtemps c'était de revenir à une vie simple et paisible. Ce qu'elle espérait maintenant c'était de ne plus souffrir.

Etait ce donc si dur à comprendre ou bien c'est parce qu'il fallait plus de compassion que la moyenne?
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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeVen 22 Avr 2011 - 2:30

Les paroles de Sébastien Garin atteignirent en plein cœur une Europe hors d’haleine, autant essoufflée par l’affrontement physique que par l’énergie mobilisée pour lancer le sort. Son interlocuteur –ou plutôt interlocutrice… il allait falloir un bon moment avant qu’elle s’y habitue- semblait tout simplement à bout; le ton monocorde employé n’était qu’une résultante de l’enchantement, et il ne fallait pas être un génie pour sentir toute la hargne investie dans le moindre de ces mots. La Grande Prêtresse se les prit de plein fouet, ne sachant dire même avec la meilleure sincérité du monde si ils l’avaient blessée ou au contraire renforcée.

Je vous hais. Je vous hais comme toutes les sorcières, comme toute l'inquisition, comme toute cette ville.

"Alors ça nous fait au moins une chose en commun"
marmonna-t-elle sombrement. Oui, Europe détestait Forbach, cette ville-même qui l’avait enchaînée à ce qu’elle redoutait le plus. Elle haïssait l’Inquisition, qui les avait persécutées pendant tant d’années. Elle haïssait les sorcières, autant celles du Lys Noir et Alicia que ses propres consœurs d’Olrun; ces moutons stupides l’ayant portée au rang de dirigeante avant de critiquer à outrance ses décisions, ces tas d’imbéciles dont pas un n’était foutu de la comprendre, de la soutenir ou même de vraiment l’arrêter, eux qui étaient si pitoyablement faiblards mais possédaient le bonheur des ignorants et des idiots dont elle était tant jalouse… Et par dessus tout, elle se détestait elle-même pour éprouver de tels sentiments, et pour ressentir du plaisir à en éprouver, un peu plus à chaque fois.

Elle était définitivement perdue et de voir une vie aussi misérable que la sienne avait quelque chose de suprêmement réconfortant.


"Maintenant écoutez-moi bien, car je ne le répéterai pas."

Europe ne savait pas qui était le père François et n’avait pas envie de le savoir. Elle aurait souhaité répliquer à Sébastien Garin que la chaîne des malheurs de Forbach avait été au départ déclenchée par les persécutions de l’Inquisition, mais elle se retint. Elle aurait souhaité répliquer qu’elle non plus, ne parvenait jamais à trouver ce qu’elle cherchait. Qu’elle aussi, elle haïssait le monde entier. Et que sa vie, c’était de la merde. Au lieu de ça, la Prêtresse prit une grande inspiration et s’approcha de Sébastien Garin au plus près que lui permettait la décence, plongeant son regard dans ces yeux si clairs, à la couleur si cristalline, pourtant assombrie par la colère et un passé chargé de haine.


"Toutes deux nous souhaitons finalement la même chose: la tranquillité. Il est inutile de préciser que si la moindre information sur ce qu’il s’est passé entre nous filtre de cette pièce, le monde entier saura que Sébastien Garin n’est qu’un pitoyable travesti qui a abusé l’autorité vaticane pendant des années. Alors peut-être que ma tête tombera, oui… mais croyez-le ou non, ce serait un soulagement, et je vous emporterai dans ma chute. Je suppose que vous ne souhaitez pas cela, j’en suis même convaincue. Ce que vous souhaitez, c’est la tranquillité. Enfin pouvoir quitter Forbach.

Jusque là rien de nouveau; c’était grosso modo le résumé de leur premier entretien, quinze ans auparavant. Les yeux d’Europe se plissèrent.

"Moi aussi, je souhaite le départ de l’Inquisition. Et même si il m'en coute de l'avouer, les torts sont partagés: les sorcières auraient du se tenir tranquille, et vous auriez dû fermer les yeux en 1640. Faisons table rase de tout ça et concentrons-nous sur l’unique objectif qui vaille encore la peine: la démobilisation."

D’un revers de main, Europe essuya sa lèvre meurtrie, boursouflée, d’où s’était échappé un petit filet de sang. Sébastien Garin était peut-être une femme mais elle n’y était pas allée de main morte…

"Je sais qu’après ce qu’il s’est passé, vous n’avez plus aucune confiance en moi, alors je vais vous prouver ma bonne volonté. Faites votre tête de mule et c’est une véritable guerre qui s’engagera entre nous –et croyez moi, j’ai l’assurance d’en sortir victorieuse. A l’inverse, respectez les termes de notre accord et je ferai en sorte que vous soyez relevée de vos fonctions. Rapidement. Vous avez pu constater une petite partie de l’étendue de mes pouvoirs… imaginez-vous maintenant qu’ils soient employés pour servir votre cause. En tant que sorcière, il n’est aucune formalité administrative qu’il me soit impossible de falsifier. De plus au cas où ce détail vous aurait échappé, Louis Institoris est mon compagnon. Et si c’est l’Agent du Diable qui pose encore problème, je vous fournirai mon aide pour le capturer si nécessaire. Alors?"

Europe retint son souffle, attendant une réaction. N’importe quelle personne sensée aurait accepté sans hésiter ce compromis arrangeant, mais Sébastien Garin était à bout, hors de lui, prêt à commettre un meurtre. Il pouvait très bien choisir de pisser sur cet accord, ou de mimer la satisfaction et se faire libérer de l’enchantement avant de pisser sur cet accord. Oui, la colère pouvait fort bien occulter la raison et le pousser à faire des choses… déraisonnables. Alors il fallait qu’il choisisse bien. Car en cas de réponse négative, Europe n’avait qu’une seule alternative: prendre la vie du Second de l’Inquisition.
Elle y laisserait son alibi de noble et sa confortable vie à Forbach… mais finalement, ce n’était pas trop cher payé pour éliminer le dirigeant de la faction adverse, non?

Au final, Sébastien Garin n’était pas le seul poussé dans ses derniers retranchements.
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MessageSujet: Re: Le Doute pèse sur Europe   Le Doute pèse sur Europe Icon_minitimeLun 16 Mai 2011 - 18:10

Cette étrange répétition était à la fois rassurante et exaspérante. Se revoir non pas quelques semaines, ni quelques mois mais des années plus tard était exaspérant: les positions étaient strictement les mêmes qu'en 1634, comme si rien n'avait changé depuis. C'était plus qu'exaspérant c'était démoralisant en fait. Pour le Second, la solution était même un peu pire que la première fois: Europe avait de quoi le faire chuter plus bas que terre cette fois ci, et définitivement. Mais aussi rassurant: l'accord pouvait être re-signé. Et Europe proposait davantage qu'une sorte de neutralité: elle proposait de l'aide. C'était plus que rassurant c'était réjouissant en fait. Cette répétition était à la fois démoralisante et réjouissante.

Le sort d'envoûtement empêchait la folie provoquée par ce paradoxe.

Pour Sébastien Garin il n'y avait pas de réel choix: entre la possibilité d'en finir avec rôle et celle de mourir, on n'hésitait pas. Elle n'aurait hésité que si elle avait eu le choix entre le statu quo et la mort. Elle aurait très bien pu préférer passer devant le tribunal, et tenter d'y faire passer Europe en même temps. Mais cet accord... était souhaitable. Peut être le sort d'envoûtement s'était t il allégé, ou bien était t il simplement sélectif, mais ces réflexions se faisaient encore librement dans l'esprit de Sarah Geisler. Elle ne pouvait pas se décider à faire un seul pas, mais elle pouvait réfléchir à l'accord.

Et ce fut la voix sans émotion qui répondit.

« D'accord. »

Il n'y avait pas de débordements de joie ni de soulagement excessif. Il n'y en aurait pas eu davantage sans le sort. C'était une froide nécessité qui s'était imposée, rien de plus. Autant Sarah Geisler avait été follle de rage, autant elle était froide maintenant.

« Contre un peu plus que de la neutralité je peux le faire. Je peux accepter de risquer ma vie pour votre soutien. »

Europe était une personne intelligente qui n'aurait pas besoin de davantage pour tout comprendre. Elle n'aurait peut être même pas besoin qu'on lui dise que le jour où Sébastien Garin chuterait, elle chuterait avec lui. Elle échapperait peut être à la mort, mais pas à la déchéance, qui était une mort morale. Elle s'en était peut être déjà rendu compte.

«Relâchez moi s'il vous plaît. »

Après un temps indéterminé, Sarah Geisler regagna à nouveau le total contrôle de son esprit et de son corps. Et elle n'en profita pas pour crier, bondir ou faire un acte inconsidéré. Même son regard n'exprimait plus de colère, mais juste une méfiance de bon aloi face à ce qui restait une sorcière. Sarah Geisler resta d'un calme absolu alors qu'elle se dirigeait à pas comptés vers la table de bois. Un morceau de papier, une plume et de l'encre et elle écrivit debout un blanc-seing. Les griffures de la plume furent le seul bruit qui couvrait le silence indécent qui régnait maintenant, après les fracas du combat.

Elle tendit ses griffonnages de roturière à Europe Eleonora-Sun.

Ordre est donné de laisser repartir librement Europe Eleonora-Sun. Aucune charge n'ayant pu être prouvée contre elle, elle est relâchée.

Sébastien Garin, Second de l'Inquisition à Forbach


« Que de mensonges. » dit Sarah Geisler d'un air amer.

Le premier mensonge était qu'Europe était innocentée. Le deuxième était « Sébastien Garin, Second de l'Inquisition à Forbach ».
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Le Doute pèse sur Europe

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