The Witch Slay
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 Etre ou ne pas être... un Geisler

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David Geisler
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David Geisler


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MessageSujet: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeJeu 8 Sep 2011 - 21:50

"RASSEMBLEMENT!"

David fit un bond et se réveilla en sursaut, saisissant par réflexe un coutelas dissimulé au pied de son lit. Mais tout était calme et plongé dans la pénombre. Ou plutôt, le calme avait disparu maintenant qu’il entendait la Collégiale s’animer et bruire des sons habituellement diurnes.
C’était bien la voix déguisée de sa mère qu’il avait entendue. Que voulait-elle cette fois? Pourquoi ordonner le rassemblement en plein milieu de la nuit? Peinant à se débarrasser des brumes du sommeil, David s’extirpa de son lit, passa quelques vêtements en vitesse et se rendit dans la cour.

Il avait fait un étrange rêve. Le jeune homme devait plus tard apprendre que tous les habitants de Forbach avaient rêvé du même discours, prononcé par le même ange mais sous des formes différentes. Le sien était banal à pleurer: une statue crayeuse, aux orbites vides, posée sur du nulle part, le fixait en faisait parler sa bouche de pierre, déclamant un laïus abscons d’une voix d’outre-tombe. Il y avait de quoi se perdre en conjectures concernant le sens de ce songe, mais en cet instant David s’en fichait comme d’une guigne.

De très mauvaise humeur, comme à chaque fois qu’il était tiré du lit, le jeune Geisler se rendit dans la cour encore plongée dans le noir. Il faisait nuit, et froid, car l’été glissait derrière eux maintenant. Pour couronner le tout, un crachin humide se mit à tomber des cieux. Tous les Inquisiteurs présents grommelaient et râlaient contre ce Second incompris et incompréhensible aux caprices de plus en plus récurrents. David n’eut pas besoin de tendre l’oreille pour en entendre plusieurs dire qu’ils avaient rêvé d’un ange et de son effrayant discours. Comment était-ce possible? Un songe collectif? L’adolescent n’était pas suffisamment pieux pour trouver un écho biblique ou mythologique à ses supputations.

Agacé par le climat et le léger fracas insistant de la pluie, David laissa son regard se poser sur Sébastien Garin qui, remarqua-t-il, avait revêtu pour l’occasion cette cuirasse cloutée qu’il affectionnait lorsque le but était d’impressionner un éventuel adversaire. Et il se demandait franchement qui Sarah Geisler pouvait bien avoir envie d’impressionner au beau milieu d’une nuit (presque) anodine de septembre… Si c’était là une énième volonté de faire une démonstration d’autorité, elle avait très mal choisi son moment! L’avis de David était partagé par nombre de ses pairs, qui commencèrent à le houspiller afin qu’il tente d’intercéder en leur faveur –parce qu’il était le fils du Second bien entendu. Ces demandes ne firent qu’exacerber l’agacement de l’adolescent, jusqu’à ce qu’il cède et se dirige à grand enjambées vers sa génitrice.

Il s’était rarement retrouvé seul avec elle depuis ce fameux dîner, presque un an auparavant. En vérité depuis cette date, rien n’avait plus été pareil. Une sorte de distance, de fossé les séparait maintenant, un fossé qui n’était vraiment ni de la haine ni de la rancœur, mais plutôt un mélange de sensations trop complexes à définir. Les paroles cruelles de Sarah Geisler résonnaient encore dans sa tête, blessantes au possible. Pourtant lui aussi avait des torts puisque durant cette année elle avait affronté beaucoup d’épreuves, et que, conséquence logique de cette dispute, il n’avait pas été là pour la soutenir. Exemple type: le faux espoir provoqué par la soi-disant démobilisation de l’Inquisition… Ou l’arrestation ratée de la Comtesse de Sarrebourg.
Oui, beaucoup de choses avaient changé et surtout l’eau avait coulé sous les ponts depuis. David avait gagné en crédit en sauvant la vie de l’héritière des Saint-Loup, arrêté l’Agent du Diable, puis mis fin à sa vie. Il n’avait jamais pensé à se demander si ces exploits trouvaient vraiment grâce aux yeux de sa mère, ou si elle considérait une fois encore qu’il s’était fourvoyé. De toute façon, attendre des félicitations aurait été un peu trop présomptueux.

"Mais qu’est-ce que tu es en train de faire? C’est quoi ce délire?"

Il désigna la scène d’un geste mécontent de la main: les hommes et lui-même, aux visages pas complètement réveillés, déjà trempés par le crachin et pataugeant dans la boue à la faible lueur de quelques torches. Au fil des ans les Inquisiteurs finissaient aigris d’être dirigés par un énigmatique chef dont on ne savait pas du tout où il allait. Pire, David était conscient qu’il n’était pas acquis que Sébastien Garin lui-même le sache.

"Ils en ont marre. Tes sautes d’humeur sont de plus en plus fréquentes! Quel est le problème?"
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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeDim 11 Sep 2011 - 14:37

Rentre dans le rang, soldat!

C'est ce que faillit sortir Sarah Geisler à son fils, et heureusement qu'elle réussit à se contenir. David n'aurait pas supporté, et c'était peut être le meilleur moyen de le perdre définitivement, déjà que l'année écoulée n'avait pas brillé par la proximité et la chaleur que s'étaient témoignés les membres de cette famille tordue. La faute à David? C'était la première chose qu'on avait envie de dire, mais ce n'était pas juste non plus: elle n'avait pas plus fait d'efforts que cela, ni même tenté de rattraper. Il y avait des milliers d'excuses et de souffrances qui pouvaient être invoquées, mais Sarah Geisler avait décidé d'arrêter de se cacher derrière, elle avait décidé ainsi en enfilant cette cuirasse grotesque. Celui qu'elle cherchait à impressionner avec son équipement milicien, c'était elle même, pour se gonfler et avoir davantage confiance en elle.

Elle ne savait pas ce qu'avait compris David, mais elle en avait tiré sa morale du rêve: la dernière Croisade de Forbach commençait cette nuit, ici et maintenant.

Pour une fois, la douleur liée à la marque était un aiguillon qui la poussait en avant, qui l'embarquait peut être dans une ultime folie, allez savoir. Au milieu du crachin qui lui balançait autant d'aiguilles de glace et de la boue qui alourdissait dix fois ses bottes, elle découvrait que la douleur et la souffrance n'était pas que des handicaps, mais pouvait être aussi récupéré pour faire avancer. La douleur était un feu qui détruisait, mais elle pouvait être aussi forge d'où on tirait des armes. Face à une telle découverte, comment ne pas être dans un état exalté? Comment ne pas se retrouver à exercer tout d'un coup une autorité dont on appréciait pour la première fois toute l'étendue.

Elle se désintéressa de David, pour parler à toute la troupe. Elle garda une main sur son épaule pour ne pas qu'il parte, parce qu'elle avait envie de lui parler malgré tout. Cependant, elle n'avait pas besoin d'un intermédiaire pour parler à ses hommes de mains, dont elle n'avait tout d'un coup plus aucune crainte:

« J'ai fait un rêve! »

Elle ne savait pas si elle était la seule ou pas à l'avoir fait, mais même s'il avait été collectif, elle l'avait reçu avec plus d'acuité que n'importe qui, à cause de son stigmate probablement. Elle était capable de redessiner le visage angélique et de répéter le discours de l'intrus mot pour mot.

« Un ange est venu me parler, et m'a dit plusieurs choses. Vous les saurez toutes le moment venu, mais ce que je veux que vous sachiez à cet instant, ici même, c'est très exactement ceci: IL N'Y AURA BIENTÔT PLUS QU'UN SEUL CLAN A FORBACH! »

Elle l'avait dit avec conviction, avec assurance, d'une façon qu'on ne lui connaissait pas. Cela lui permit au moins de ne pas être interrompue, ni d'être moquée. Le respect n'était pas encore là, mais on se taisait néanmoins. En attendant cette suite:

« Alors nous allons de nouveau entrer en campagne, nous allons à nouveau renouer des liens avec l'action, et oser brandir à nouveau l'étendard de l'Armée de Dieu! Nous allons traquer toutes les paiennes et les déicides, nous les offrirons au Jugement Dernier, et quand nous auront fini avec elles, ce sera le tour des hérétiques, des athées et des judaïques. Et d'ici la fin de cette année, il n'y aura plus qu'un seul clan à Forbach, et ce ne seront pas les sorcières. »

Des paroles dont l'équivalent n'avait pas été prononcé depuis quinze ans au moins, et certainement pas par Sébastien Garin. Elles tenaient plus de l'antique Gabriel Touchedieu en vérité, avec quelques gros mots en moins. Le fait de sortir de tels fantômes firent frissonner la plupart, non pas par crainte, mais par exaltation, une décharge d'adrénaline pure.

L'ange l'avait dit: il lui fallait un exploit pour regagner le Ciel, et il avait constaté à quel point le Mal prospérait. En éliminant les Sorcières on éliminerait le Mal, et la créature de Dieu remonterait vers les siens, avec probablement les noms de ses libérateurs sur les lèvres. Oui, Sarah Geisler était persuadé qu'il fallait agir ainsi, et ses flammes de colère et de douleurs ronronnaient confortablement en réponse.

« Il fallait que je vous le dise le plus vite possible, parce que dès demain matin, nous allons nous ré équiper et nous ré entraîner. Je veux que chacun vienne me montrer ses talents d'interrogateurs, aussi, et que l'on sorte de son apathie. Repos! »

Un concert de conversations en petits cercles remplit alors l'étendue de la cour. On était effrayé parfois, surpris toujours, mais on ne regrettait rien. Sarah Geisler, qui n'avait plus sur elle tout les regards de tous les hommes de main, put enfin se tourner vers David et lui dire, de sa voix plus féminine:

« Alors, fils, tu es satisfait maintenant? Cela ne valait il pas le coup de se rassembler en pleine nuit? »

Et le crachin qui continuait de la glacer...
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David Geisler
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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeLun 12 Sep 2011 - 16:37

L'Inquisition était dans une impasse, et ce depuis longtemps. Hiérarchiquement parlant du moins... Son chef Louis Institoris n'était plus qu'un fantôme, son Second lui, n'était pas du tout sur la même longueur d'onde que ses hommes qui passaient leur temps soit à médire derrière son dos, soit à se demander quel serait son prochain caprice. Même dans l'intimité -surtout dans l'intimité- il fuyait son rôle de Sébastien Garin. Ce soir était l'ultime stade de la directive dénuée de sens: sortir en pleine nuit sous la flotte et sans but apparent.

Pourtant, David ne s'attendait pas du tout à manière dont allaient tourner les choses. L'annonce que fit Sarah Geisler ne lui était pas exclusivement destinée; sa mère s'adressa aux autres hommes présents, dans des termes qui le clouèrent sur place.

Ainsi elle avait fait un rêve également et, plutôt que de l'ignorer (une attitude qui aurait semblé habituelle de la part de Sébastien Garin), tâchait présentement d'en sublimer le sens guerrier, déclarant d'une voix vibrante d'autorité et de conviction que la chasse aux hérétiques était ouverte, la chasse aux sorcières plus d'actualité que jamais, et qu'une épuration était nécessaire d'ici un an. L'adolescent était ébahi, stupéfait, et mille fois plus encore; jamais il n'avait vu sa mère parler de la sorte, ou du moins pas depuis si longtemps que sa mémoire en avait occulté le souvenir. Elle qui d'habitude était si timorée, ne désirant que se fondre dans l'ombre et ne pas faire de vagues, prônait à présent la plus grande vindicte, d'une manière qui rappela curieusement à David les paroles emportées de Touchedieu.

Cela faisait si longtemps qu'il attendait ça! La chasse aux sorcières avait toujours été pour lui une préoccupation récurrente, mais le fait de mettre ou non les bouchées doubles ne dépendait pas de son bon vouloir. Plutôt de celui de Sarah Geisler, auquel il était obligé de se plier... Mais en cette nuit de septembre, il semblait qu'elle laissât pour de bon derrière elle les doutes et les hésitations, fermement décidée à traquer tous ceux qui ne rentraient pas dans le droit chemin.

Abasourdi, David mit une bonne poignées de secondes à réagir, surtout après la dernière phrase de sa mère qui cette fois, lui était exclusivement destinée. Ses réflexes le poussèrent instantanément à étreindre avec fougue Sarah Geisler, mais il suspendit son geste à peine esquissé. Avait-il le droit de faire cela? Une telle démonstration affective ne serait-elle pas bizarre après toute une année d'éloignement et d'incompréhension?
Quelques mois auparavant, il avait promis à Narcissa qu'il aurait une discussion avec Sébastien Garin, afin de crever enfin l'abcès. Cette discussion n'avait jamais eu lieu car comme de coutume David faisait beaucoup de promesses en l'air. Mais n'était-ce pas le moment idéal? Il observa le visage de sa génitrice. Pâle, mais contrastant brillamment avec la nuit. Cerné, mais où brillait à présent une flamme vive.
Elle est à bout. Montre-lui que tout est oublié! Elle n'attend que ça. Tu es peut-être encore le seul à croire que ce serait une honte, ou un crime.
Cédant à son impulsion, David la serra dans ses bras.

"Wahouu... Tu m'éblouis" confessa-t-il avec sincérité. Il fit tout de même attention à ce que son étreinte soit un minimum virile, car officiellement, c'était son père qu'il étreignait ainsi. Sarah Geisler avait réalisé un de ses vœux. Tout à son allégresse il ne remarquait pas à quel point cette décision la consumait -ou plutôt, il fit semblant de ne pas le voir.
C'était tellement étonnant! Une nuit avait suffi à lui faire prendre un virage à 180 degrés.

"J'ai fait ce rêve aussi. On l'a tous fait, d'ailleurs... Mais je le prenais pour une sorte d'affabulation. Alors, tu y crois?" Une question de rhétorique à laquelle il avait déjà une réponse limpide: Sébastien Garin y croyait dur comme fer. Une autre chose aussi était certaine: il ne la décevrait pas. Il ne décevrait pas la mission quasi-divine qui leur était confiée. Des instances bien supérieures communiquaient avec eux à travers les rêves, preuve indéniable de leur existence.
David prit le bras de Sarah Geisler et le serra fort.

"Dans un an, d’une manière ou d’une autre, tout sera fini. On ne perdra pas cette bataille. Ensuite… on pourra…"

Il eut du mal à le dire. Il avait envie de le dire depuis si longtemps déjà, mais les mots restaient toujours bloqués dans sa gorge et il ne trouvait jamais d’occasion propice. Mais ce soir tout était différent. Lui qui n’admettait presque jamais ses torts, aurait été prêt à s’excuser mille fois si sa mère le lui avait demandé. Il esquissa un léger sourire penaud en guise d’excuse.
Pardon de ne le dire que maintenant, alors que tu l’attendais depuis si longtemps.

"On pourra rentrer… si ça te dis..."
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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeMer 14 Sep 2011 - 15:44

Un ricanement de hyène lui répondit. Un ricanement aussitôt regretté, mais qui était néanmoins parti du fond du cœur.

Sa décision était prise : elle ne rentrerait jamais à Nancy, quand bien même elle serait libérée de l’Inquisition. Elle ne savait pas si ces parents étaient même en vie, elle ne pouvait être sûre d’avoir gardé qu’un frère, qui à son âge avait sa vie, sa famille et aucune sœur. Aucune sœur. Quelle gêne incommensurable faudrait-il affronter lorsqu’on allait les retrouver ? Que répondre à la question « qu’as-tu fait pendant tout ce temps ? » On pouvait y répondre sereinement quand on n’avait passé que deux ans sous couverture.

Mais lorsqu’on avait eu un fils, qu’on l’avait élevé jusqu’à en être un homme, qu’on l’avait envoyé en vacances dans le sud de la France et que l’on n’avait toujours eu peur de quitter sa place à Forbach, qu’on avait organisé sciemment des opérations de larmes, il n’était plus du tout évident d’assumer. Sarah Geisler, ou qui qu’elle était maintenant, était surchargée de péchés divers qui l’éloignaient de ses parents, qui lui faisait craindre plus que tout une quelconque retrouvaille. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, elle était une jeune fille fiancée en deuil. Aujourd’hui, elle avait oublié jusqu’à leurs visages.

« Pardon, je ne voulais pas rire comme ca… »

Elle ne voulait pas exprimer cette vase boueuse là, mais ne faisait rien pour l’enlever : l’opération s’annonçait titanesque et épuisante. En attendant, le ricanement était là, sec méchant et hargneux, et il ne partait pas.

« Disons que… c’est trop tard pour moi. Trop tard. Mes parents ont perdu leur… enfant il y a trop longtemps pour que je puisse encore être considérée comme de la famille. Ce serait même scandaleux que je me repointe chez eux et dise « Bonjour, me revoilà, vous vous souvenez ? » après vingt ans de… d’ombre. »

Et de multiples choses rôdaient dans l’ombre qui faisait de Sarah Geisler tantôt une victime, tantôt un bourreau, gâchant toutes chances de rédemption. Antoine et Aurélie Geisler n’étaient pas non plus aussi saints pour accueillir sous leur propre toit un homme/femme traître à la famille, rebelle jusqu’au bout.

« Mais toi… toi tu peux revenir chez eux. Ils vont pâlir, probablement, ils vont te poser une myriade de questions, je ne sais pas s’ils t’accueilleront. Mais ils seront probablement plus soulagés de découvrir un petit-fils sorti du néant que de retrouver une… un enfant disparu en fracas et sans explication. »

Oui, David serait mieux accueilli. David devait y aller. Parce que si jamais lui aussi devait renoncer à cette famille, alors il resterait à tout jamais un homme seul et sans passé, sans racines auxquelles se référer. Il n’était pas obligé de bien s’entendre avec ses grands parents et son oncle, mais il devait au moins connaître leur existence et s’être frotté à eux au moins une fois. C’était une des conditions pour qu’il devienne un homme sain, un homme bien. Un homme qui peut être rachèterait les péchés de sa mère et aurait une famille stable et «normale ». Il n’arriverait pas à faire une famille normale s’il n’avait que comme exemple sa relation monoparentale et complexe avec Sarah Geisler. Il fallait qu’il voit Antoine et Aurélie Geisler, et qu’il se calque sur eux.

« Et en ceci, je t’aiderai mon fils. Je donnerai par lettre, par des objets, par tous les moyens des preuves que tu es un Geisler, et tu leur donneras tous les détails que tu connais sur moi. Ils finiront par te reconnaître. Après, tu es un homme désormais… fais tes choix. »

Une hésitation, une occasion qui se présentait…

« Cependant… si jamais ils sont intéressés par me revoir malgré tout, fais le moi savoir… je me présenterai. »

Son fils serait peut être son sauveur, il pouvait la réconcilier avec son passé, l’émissaire entre avant et après son viol. Son fils était un homme désormais, il pouvait l’aider et la soutenir. Cet homme était son fils.

« Serre moi encore contre toi ! »

Elle le fit avant même qu’il ne réagisse, ayant trop manqué de sa présence l’année précédente, avec tant de retard à rattraper, alors que le temps se raréfiait…
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David Geisler
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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeMer 21 Sep 2011 - 23:10

Sarah Geisler n’eut pas l’air d’en vouloir à David d’avoir été si long à la détente. Et pour cause, même si elle avait souhaité qu’il lui propose de rentrer ensemble à Nancy depuis de longues années déjà, la donne semblait avoir changé. Preuve en était de ce rire si caustique, si consumé, qu’il eut du mal à le reconnaître. L’adolescent regarda sa mère sans comprendre. Elle était vide. Usée. Abîmée depuis trop longtemps. Pourquoi ne s’était-il pas réveillé avant? Pourquoi avoir attendu un an avant de faire le moindre pas? Et surtout attendu que le temps leur soit compté pour s’apercevoir de ses erreurs… A présent il ne la reconnaissait plus, mais ce n’était pas le fait d’avoir une étrangère devant lui qui l’oppressait. Non, car Sarah Geisler était la personne la plus forte qu’il connaisse.
C’était plutôt le fait qu’elle considère l’échéance de l’année suivante comme un fin en soi.

"Ta marque" dit-il d’une voix rauque. "Est-ce que… ça te fait mal?"

Ce légume rouge et bizarroïde sur son front signerait peut-être sa mort. Il n’avait pas eu le temps d’analyser correctement le rêve de l’Ange, mais pour Sébastien Garin, cela semblait être une évidence. Anaël n’avait pas précisé de quelle façon les stigmatisés seraient punis, pourtant… Le pire était envisagé et une épée de damoclès pendait à présent au-dessus de la tête des porteurs de la marque. David se demanda fugitivement si Sarah Geisler était désespérée au point de considérer la mort comme une délivrance.
Il voulut croire que non. Pas après cette pointe d’espoir, énoncée d’une toute petite voix, que ses parents veulent bien d’elle de nouveau un jour.

"Je ne te laisserai pas tomber. On se battra jusqu’au bout."

Sa mère le serra de nouveau dans ses bras et il lui rendit son étreinte. Regrettant l’épaisseur de cette embarrassante cuirasse entre eux. Heureusement ils avaient à présent assez d’intimité pour ce genre de scène car personne ne prêtait plus attention à eux, les Inquisiteurs tous pris dans de grandes conversations passionnées sur l’annonce qui venait d’être faite.

David ferma les yeux quelques secondes. Il y avait tout juste quelques mois, jamais il n’aurait accepté de quitter Forbach et revenir à Nancy. Certains événements avaient eu lieu depuis, événements qui portaient le nom de cette fleur rousse au destin cruel, et qui avaient tout changé. Il espéra que Sarah Geisler ne l’interroge pas là-dessus, bien que ce virage radical suscite forcément beaucoup de questions. Puis il pensa à ses grands-parents, aux espoirs qu’elle mettait dans cette rencontre.

"Oh, je… Je ne suis pas sûr de vouloir y aller sans toi…"

L’hésitation perçait dans ses propos. Se retrouver seul face à ce couple et leurs questions, sensés être de la famille alors qu’il ne les avait jamais vus, serait une épreuve qu’il ne s’imaginait pas affronter seul. De plus il aimait trop sa mère pour la voir rejetée par ses propres parents… En conséquence de quoi, il ferait tout son possible pour la réhabiliter auprès d’eux.

"Je ne leur demande pas de m’accueillir. Je veux juste les rencontrer, les voir… Il peut en être de même pour toi, tu sais."

Il ignorait totalement que Sarah Geisler considérait cette rencontre comme nécessaire à son équilibre interne et mental. D’ailleurs, cela l’aurait véritablement vexé, et prouvé qu’elle soupçonnait encore en lui les prédispositions d’un homme odieux. Bien entendu, il ne comprenait rien, ne pouvant se douter que ses inquiétudes étaient liées à son ascendance.

"Dans ce cas, il ne faut pas attendre si longtemps. Un an, c’est trop long. Il faut aller les voir avant, tu ne penses pas?"

Car d’ici un an, la vie de Sarah Geisler serait peut-être éteinte telle une flamme, et alors il serait trop tard, revenir à Nancy n’aurait plus aucun intérêt. Sans prendre la mort de sa mère pour acquis, David voulait au moins qu’elle ait l’assurance de voir une dernière fois ses parents avant de… hé bien, avant ce qui l’attendait.

"Bon, tu ne veux pas enlever ce machin?" sourit finalement David en tapotant les coudières renforcées de la cuirasse. "Juste pour aujourd’hui. Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas fait un de ces dîners, toi et moi."

La faute à qui, imbécile! lui cria la voix de sa mauvaise conscience. David l’ignora superbement. Mieux valait tard que jamais! Car enfin il avait compris que ce qui pouvait soulager le plus ponctuellement sa mère, était de la faire redevenir Sarah Geisler une fois de temps en temps. Le problème, c’est qu’il n’était plus sûr que cette équation soit d’actualité, maintenant que l’état d’esprit du Second de l’Inquisition avait changé si radicalement.

C’est le moment que choisit Erythrós, l’épagneul breton pour faire son entrée attiré par tout ce grabuge. Il secoua vigoureusement son pelage d’un blanc crème tacheté de roux afin d’en chasser les gouttes, qui atterrirent toutes bien sûr sur les deux Geisler. David amusé lui flatta le crâne.

"Si c’est Lorenzo Maestriani qui est à l’origine de tout ça, avec son rituel, il faudrait commencer par chercher dans ses appartements. On peut peut-être y trouver un moyen de neutraliser ce soi-disant Ange plutôt que de se plier à ses caprices."
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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeJeu 22 Sep 2011 - 14:15

« Oui, oui… nous organiserons la chasse demain matin. Et nous aurons l’occasion de trouver un moyen de retrouver mes parents. »

Un petit moment de faiblesse passa, puis elle se raffermit sur ses jambes et lanca à l’attention de tous :

« Repos ! Et allez vous coucher si vous le souhaitez. »

Qui donc put l’entendre, elle ne sut pas, mais il n’y avait pas besoin de confirmation pour que chacun se tourne vers son lit et sa paillasse, ils en avaient trop besoin. Aucun n’avait comme Sarah Geisler des draps qui même s’ils étaient de soie paraitraient trop rêches, ou bien étaient condamnés à être dans une pièce glaciale ou tropicale, sans jamais un tiède entre les deux. Ils pouvaient dormir eux, et sans soucis.

« J’espère que tu as le temps pour un dîner. Ca me ferait très plaisir oui. »

Enfin un sourire. Pauvre, pâle, mais bien présent et qui en disait beaucoup plus que ce qu’il paraissait. Elle était heureuse d’avoir retrouvé une partie de son fils qui lui avait considérablement manqué, le meilleur de lui en fait. Être une femme, une mère pour deux heures… ca ne tenait plus aux vêtements, auxquels elle était habituée maintenant, mais à pouvoir simplement utiliser du féminin dans ses phrases, à penser comme une femme et ne pas jouer un rôle martial et viril.

« Mais je n’ai guère que du pain et du fromage à cette heure ci. Ce sera notre dîner le plus frugal jusqu’ici. »

D’habitude, elle faisait toujours cuisiner de bons repas pour ces occasions. Aujourd’hui, elle s’en fichait, l’important n’était pas là. L’important était pour l’instant de tourner la poignée, pousser la porte et la refermer. L’important était de se diriger vers ses appartements, et de se retrouver dans le bureau. L’important était de retirer cette cuirasse grotesque, inutile à présent.

Sarah Geisler était en simple chemise de corps, et on pouvait voir la forme de ses seins à travers, qu’elle n’avait pas bandé pour une fois, étant donné que ce n’était pas censé se voir sous le cuir. Le pantalon ajusté n’avait pas non plus cette bourre de tissu qu’elle mettait habituellement pour figurer le membre viril qu’elle était censé avoir, par manque de temps. Personne ne s’en était rendu compte. Dans cet accoutrement, elle était paradoxalement plus féminine que dans une robe, plus féminine que jamais. Sarah Geisler n’avait plus dix huit ans depuis longtemps, bien au contraire, mais en la regardant, on pouvait comprendre ce qui avait attiré David Noistier. Et le Frère François…

« Il fait trop froid ici, je préfère encore ma chambre. »

La température dans le bureau était pourtant clémente et tout à fait supportable pour peu qu’on soit couvert. Ce n’était pas ce qu’elle ressentait. Et on pénétra dans la chambre surchauffée par deux braseros qui avaient été réactivés, où là il faisait bon et agréable, sans plus. Le front de Sarah Geisler se couvrit de sueur comme si on était dans les moissons en plein été. Visiblement ce n’était pas le premier jour, mais aucune femme ne s’arrêtait de vivre pour une hypersensibilité ou une quelconque maladie. Elle ouvrit un placard et sortit une grosse miche au lard et un fromage tellement crémeux qu’il en était quasiment liquide. La petite table qui servait de dépotoir général fut débarrassée de façon barbare et elle invita David à couper le pain.

Et là, quelque chose de magique, au bon sens du terme se passa chez elle : un rappel d’un autre temps, quand David était un adorable bambin qui faisait la moitié de sa taille, ils mangeaient au même endroit, à peu près la même chose, et il suçait, mâchouillait, triturait d’une façon peu orthodoxe… A force de se plaindre, elle en avait oublié qu’elle avait aussi et surtout passé des moments heureux avec son fils, et qu’elle l’avait embrassé bien assez dans son enfance.

Un moment les gestes en suspens, elle se reprit et acheva de mettre la table. Elle tira un tabouret, laissant la chaise à son fils, et s’assit. Le bois poncé de la table lui râpa désagréablement la main, faisant bientôt apparaître des rougeurs.

« Voyons voir ce que ce fromage peut encore nous offrir… »

Le goût était fort à la base, mais dans les narines de Sarah Geisler il était aussi puissant que du piment. Tout était comme ca depuis deux mois, elle s’y habituait. Il n’empêche que si seules les pommes de terres cuites à l’eau était consommables sans arracher le palais, c’était dommage.

« Vraiment dommage ce trop-plein de sensations. Il est apparu en même temps que la marque sur mon front. »

Elle mangea encore une bouchée de pain, les gencives demandèrent grâce alors que Sarah Geisler mordait dedans.

« Tout est toujours trop chaud ou trop froid, trop rêche, trop fort… Le monde est soudainement devenu plus agressif on dirait. »

Elle ne niait pas un lien entre son hypersensibilité et le stigmate, ni le lien entre le stigmate et l’ange. Seulement, elle ne paniquait pas à cause de celui-ci, tout lui échappait de toute façon. A moins de retrouver le grimoire de Lorenzo. C’était presque rassurant : sa vie était entre les mains de Dieu, pour le mieux ou pour le pire.

Une boulette de pain faillit s’échapper, Sarah Geisler la rattrapa de justesse, le dos de la main contre la bouche. Du coin de l’œil, elle aperçut David qui la regardait ; elle avala et se redressa en lâchant un petit gloussement heureux. Enfin.

« Enfin, tu es avec moi de nouveau… »

Et elle ne craignait pas une quelconque concurrence : jamais aucune femme ne peut remplacer une mère, chez aucun homme. Elle ne demandait plus l’homme tout entier, elle souhaitait juste le fils en David Geisler, et cela suffisait à son bonheur.

Et son bonheur se voyait : souriante, dans des habits normaux, avec des cheveux courts assumés, elle rajeunissait jusqu’à ressembler à la Sarah Geisler d’il y a vingt ans, avant même qu’elle ne soit Sébastien Garin.
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David Geisler
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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeLun 26 Sep 2011 - 0:18

David se demanda si elle pensait vraiment ce qu’elle disait, puisqu’elle était souvent du genre à faire semblant de maîtriser la situation même si c’était faux. Sarah Geisler avait des moments de faiblesse malgré sa brusque résurrection. Il coula vers elle un discret regard inquiet mais ne dit rien pour ne pas paraître trop insistant.

Les Inquisiteurs rompirent au signal du Second, chacun rejoignant leur dortoir. C’était le milieu de la nuit mais les circonstances avaient maintenant parfaitement réveillé David. De même il accepta volontiers une collation proposée par sa mère malgré l’horaire incongrue. De toute façon son rythme de vie n’avait jamais été très calé sur l’alternance nocturne/diurne…

"Aucun souci. J’adore le pain et le fromage" dit-il pour signifier à Sarah Geisler que la frugalité du repas lui importait peu.

David était bien des choses –insolent étant la première- mais il n’était pas ingrat. Conscient des sacrifices de sa génitrice et de leur condition, il ne s’était jamais plaint de leur niveau de vie simple, lequel lui convenait totalement.

Rien ne semblait la faire plus redevenir elle-même qu’abandonner son rôle dans l’intimité. Pourquoi ne s’en était-il pas rendu compte avant? Il avait été bien cruel de la priver de ces dîners pendant tant de mois, ces seules occasions où elle pouvait enfin rajeunir et fleurir.
Il la suivit dans les locaux et l’observa intrigué lorsqu’elle voulut changer de pièce à cause de la température. Il faisait pourtant bon ici, et encore meilleur dans la chambre où régnait une douce chaleur languissante, que Sarah Geisler semblait subir telle une fournaise.

"Tu… tu es sûre que ça va?"

Il coupa le pain en l’observant du coin de l’œil, prêt à réagir si elle faisait un malaise. Sa mère semblait paradoxalement en souffrance et au sommet de sa forme en même temps. Etait-ce sa présence, la réconciliation, ce dîner qui la faisait rayonner ainsi malgré sa mauvaise santé? Si tel était le cas, il avait été un véritable monstre de la priver ainsi de son affection pendant aussi longtemps. D’anciennes paroles de Sarah Geisler jaillirent dans son esprit. « Pourquoi es-tu aussi méchant? ». A l’époque il n’avait pas compris ce qu’elle voulait dire. Maintenant il en saisissait la juste mesure et réalisait qu’il s’était conduit en gosse tyrannique.

"Tu sais… J’ai fait pas mal de conneries jusqu’à maintenant et je t’en ai fait baver… Mais c’est fini maintenant. Tout ça va changer."

Il aimait à penser qu’il avait mûri durant ces douze derniers mois, par corollaire à de nouvelles expériences. Ce qu’il avait vécu avec l’Agent du Diable, Béatrice ou même Narcissa l’avait responsabilisé à différents niveaux.

David sut enfin en quoi consistaient les symptômes de Sarah Geisler: une hypersensibilité. Il aurait pu aussi le deviner aux grosses gouttes de sueur coulant sur son front ou aux grimaces que lui arrachait les bouchées de ce fromage à maturité. Cela devait lui rendre la vie impossible et physiquement douloureuse…

"Si ce n’est que des bouffées de chaleur, c’est peut-être la ménopause" plaisanta David pour détendre l’atmosphère. Aussitôt après il se traita d’idiot et espéra ne pas l’avoir vexée. De toute façon ce n’était pas fondé. Sarah Geisler était une femme d’âge mur mais fort bien conservée par les efforts d’une vie rude; ce soir même le bonheur émanant de son visage lui donnait du charme. Elle n’était ni vieille ni sénile. Il tenta cependant de se rattraper:

"Il y a au moins un bon côté des choses. L’hypersensibilité, ça peut servir. Pour un combat ou pour trouver quelque chose…"

Comme un grimoire par exemple. David engloutit un morceau de nourriture puis un souvenir éclaira son esprit. Il laissa sa mère quelques minutes seule le temps de marcher jusqu’à sa propre chambre, d’y prendre un objet et de revenir.

"C’était… ton cadeau d’anniversaire… Je voulais te le donner en octobre dernier mais…" Mais ce n’était pas vraiment le moment, un mois à peine après cette dispute aux nombreuses conséquences. David se demandait de quoi il aurait eu l’air si il avait offert à Sarah Geisler un cadeau à cette période-là. Elle se serait sans doute imaginée qu’il voulait l’acheter. Pour se faire pardonner.

Il s’agissait d’un petit peigne en ivoire. L’objet était d’une joliesse quelconque et c’était un cadeau simple, mais élégant. Certes Sébastien Garin portait une coupe courte et ne passait pas officiellement son temps à se pomponner devant un miroir. Mais David n’avait pas oublié à quel point ses cheveux étaient le symbole de la féminité de sa mère. Sa tignasse, anarchique à cette heure, avait une histoire.

"On m’a un peu aidé à choisir…" avoua-t-il d’un ton penaud, car ce genre d’attention ne venait pas exclusivement de lui. Il n’aurait sû quel présent sélectionner sinon. "J’ai eu les bons conseils de Na…" David s’interrompit au moment de prononcer le prénom fatidique. Il ne tenait pas du tout à amener la conversation sur ce terrain-là. "Euh… Nadeige. Une amie."
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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeMer 28 Sep 2011 - 13:47

Sarah Geisler inspecta le peigne sous toutes ses coutures, en souriant de façon détendue. Elle ne releva pas le Nadège, elle ne la connaissait probablement pas, comme la plupart des fréquentations de David du reste. Elle lui pardonna aussi le coup de la ménopause. Ce n’était pas le genre de chose qu’on disait à une femme et encore moins à sa mère, mais c’était David : plus franc que méchant. Elle acheva de l’inspecter sous toutes ses coutures et commenca à l’utiliser, face au miroir qui était pas loin : Elle eut l’impression de s’arracher les cheveux un par un, mais ne cessa pas. Elle ne s’arrêterait pas parce qu’elle avait mal. Malgré quelques grimaces, elle était très satisfaite de ce cadeau et remercia David en l’embrassant sur la joue qu’il avait maintenant de plus en plus râpeuse.

« Merci David. Merci beaucoup. »

Elle allait finir par redevenir adolescente à force de laisser autant couler de bons sentiments, et ce n’était pas une bonne nouvelle, aussi se reprit-t-elle un peu et évita d’ouvrir à fond la vanne des larmes. Il y en aurait bien assez avant la fin.

« Mais qui est donc cette Nadège qui est de si bon conseil ? Une amie, ou bien… une petite amie ? »


Le fait est qu’elle n’avait jamais trop mis le nez dans les fréquentations de David, parce que ce n’était pas autorisé dans les limites de son rôle masculin. Ce qui ne l’avait pourtant pas empêché de vouloir tout savoir, avec jalousie parfois, mais ses informations étaient lacunaires. La dernière histoire qu’elle connaissait était Laetitia Gaumont, qu’elle avait prudemment laissée suivre son cours, jusqu’au naufrage prévisible. David devait se faire ses propres expériences, seul un père pouvait lui indiquer les raccourcis, pas vraiment elle.

Pourtant, ca ne l’empêchait pas de vouloir savoir, de savoir quelle autre femme aspiraient à entrer dans la vie de son fils, et quelle autre femme était de taille à la remplacer par la suite. Contrairement aux femmes, un homme ne peut vivre sans la compagnie du sexe opposé, il substitue la mère à l’épouse bien souvent, ou juste la maîtresse, s’il se contentait du stade de la bête. Sarah Geisler prenait à cœur les aventures amoureuses de David, tout en adoptant une neutralité prudente dans celle-ci, afin qu’il n’y ait aucune interférence de sa part qui gêne son fils.

Cette limite n’était pas encore franchie alors qu’elle cherchait juste à savoir qui était cette fille. Qui plus est, elle ne connaissait aucune fille du village qui portait ce prénom plutôt rare. Pas chez les Castelli, ni chez les Eisenhower, pas non plus chez les Byche et les Gaumont. Ni chez toute autre famille qu’elle connaissait qui abritait en son sein des adolescentes en fleur. Enfin, il y avait d’autres familles à Forbach et heureusement.

« C’est juste par curiosité, hein, si ca te dérange, je me tais. »

Elle ravalerait plutôt. Les histoires de David, qu’elles quelles soient, avaient un côté rafraichissant qui distrayait de toute façon Sarah Geisler : alors que son avenir à elle était bouché, que la majeure partie de sa vie était écrite et qu’aucune surprise ni révolution ne pouvait plus arriver, David Geisler avait toute la vie devant lui encore, à un point qu’il ignorait lui-même : il avait ses chances dans la vie, il ne faisait pas fuir les filles, il pouvait encore évoluer et s’éduquer… Les dernières parcelles d’envie de vivre de Sarah Geisler se retrouvaient surtout en son fils, autant pour qu’il s’en nourrisse que pour la nourrir elle. Parce que David avait une vie à écrire, dont il possédait maintenant toutes les commandes.


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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeMer 5 Oct 2011 - 0:04

Toutes les commandes certes, mais à condition qu’il sache s’en servir, et rien n’était moins sûr. David se raidit imperceptiblement lorsque Sarah Geisler orienta la conversation sur ce terrain glissant. Il n’avait jamais eu de véritable échange profond avec sa mère concernant ses relations. Elle ne pouvait pas lui donner les informations que d’ordinaire seuls les pères prodiguaient à leurs fils. Il n’avait pas pu non plus s’enquérir auprès d’autres adolescents de son âge, un cercle d’amis étant plutôt une jungle où l’on prenait chaque jour le risque d’essuyer des moqueries. David apprenait donc en autodidacte et c’était peut-être pour cela que ses expériences avaient été foireuses jusqu’à maintenant. Mais il n’y avait pas de solution miracle.

"Oh, non, juste une amie."

Il répondit en essayant de se donner l’air détaché, relax, calé confortablement sur sa chaise. Sa mère était-elle comme Narcissa, dotée de cette faculté de remarquer immédiatement lorsque David mentait? Il préféra ne pas se poser la question. Parler de tout ça ne le mettait pas à l’aise. Premièrement parce qu’il n’avait jamais eu ce genre de discussions avec elle, deuxièmement, car elle avait toujours semblé observer de loin ses déboires sentimentaux comme on lit un roman afin de se distraire. Peut-être se moquait-elle même de lui de temps en temps, en apprenant ses faits et gestes par le biais des rumeurs… C’est pourquoi David voulut clore le sujet; mais il décida auparavant de lancer un dernier coup de sonde.

"Mais j’aime bien Alexandrine d’Hasbauer. Que penses-tu d’elle?"

Sarah Geisler connaîtrait forcément le personnage. D’une part parce que le nom de cette famille noble était célèbre à Forbach à cause des événements qui y étaient liés (une fonction de Vicomte, un assassinat…) et d’autre part, surtout parce qu’Alexandrine avait été le corps d’emprunt de l’Oracle quinze ans auparavant. Impossible pour sa mère d’oublier cette entrevue.
L’hameçon était lancé avec un leurre au bout: David ne s’était jamais intéressé le moins du monde à cette fille. Il avait cité son nom pour deux raisons: premièrement, pour brouiller les pistes et empêcher sa mère de deviner le prénom de Narcissa. Deuxièmement, pour savoir ce qu’elle penserait de lui et de son intérêt pour une fille noble. Après tout, la petite rouquine aussi faisait partie de la caste supérieure. C’était là un moyen indirect de savoir si Sarah Geisler cautionnerait ce genre d’ambitions ou si au contraire, elle lui dirait qu’il fallait tout de suite arrêter de rêver comme un grand naïf. Etrangement il avait l’intime conviction que la deuxième option serait la bonne…


David garda un instant le silence. Même si elle ne fuyait pas ouvertement, sa mère restait évasive sur le sujet du rêve insufflé par l’ange, du stigmate sur son front et de la Dernière Croisade annoncée cette nuit. Il pressentait qu’il y avait plus sous cette histoire que ce que Sébastien Garin avait bien voulu en dire. Et puisqu’ils étaient dans l’optique « nouveau départ », ils pourraient profiter de l’occasion pour être à partir de maintenant, parfaitement honnêtes l’un envers l’autre…
Bien entendu, David aurait pleuré si il avait pris conscience de sa propre naïveté à ce moment-là.

"Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis si radicalement? Est-ce uniquement le rêve de l’ange? Si il y a autre chose qui te tracasse, tu peux me le dire."



[HRP: sorry c'est trop pourri xD ^^"]
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MessageSujet: Re: Etre ou ne pas être... un Geisler   Etre ou ne pas être... un Geisler Icon_minitimeMer 12 Oct 2011 - 20:08

Alexandrine d'Hasbauer? La dernière fois qu'ils s'étaient vus, Alexandrine était l'Oracle, elle avait quasiment une dizaine d'annés alors que David était petit, et ne se rendait pas encore bien compte de tout. Il y avait une différence d'âge, gênante quand on était jeune. Il y avait une différence de niveau social, Sébastien Garin était un scribe plus qu'un noble et Sarah Geisler n'avait jamais voulu paraître autrement que sous ses manières de petit-bourgeois, on se moquait déjà bien assez d'elle. Ca faisait un choc. C'était une grosse nouvelle, presque trop grosse, que David avait lâché avec beaucoup de décontraction, alors qu'il avait toujours tu ses histoires précédentes. Il ne lui avait déjà pas avoué facilement l'histoire avec la petite Gaumont, qui était pourtant de son âge et de son rang, alors l'imaginer avec Alexandrine d'Hasbauer, et l'avouer tout naturellement, c'était suspect. Une femme savait détecter cela très vite.

« Alexandrine d'Hasbauer? C'est cela oui... »

Un sourire sarcastique vint confirmer à David qu'il avait râté sa tentative de diversion. En fait, c'était pire: s'il n'avait pas tenté de détourner l'attention, Sarah Geisler n'aurait pas plus fait attention que ca à cette Nadège, mais en faisant cette erreur, il avait convaincu sa mère d'une chose: il y avait quelqu'un. Elle ne savait pas qui, mais il y avait quelqu'un. Elle décida rapidement d'aller voir Cassandra ou mieux, Narcissa pour savoir qui pouvait fréquenter David. Après tout, elle était une très bonne amie.

« Enfin, tu es un homme désormais. Un vrai. »

Il lui manquait encore un peu de maturité, soyons honnêtes, mais le processus était engagé et irréversible. Un véritable homme qui aurait des choix d'adultes à faire plus que bientôt et il valait mieux être prêt. Le choix de sa compagne était un de ceux-là, et il fallait faire attention à celui-là. Sa mère le laissait tranquille pour ce jour. Et puis David la relança sur le discours dans la Cour.

Sarah Geisler avait elle aussi des choix à faire, ou en tout cas des décisions à assumer. La décision de brandir à nouveau l'étendard de la guérilla sainte était de ceux-ci à l'heure actuelle. Elle prit le temps de la réflexion, pour savoir quoi répondre, et sortit ce qu'elle avait de plus sincère:

« Il n'y aura plus qu'un clan. C'est ce que l'ange a dit. J'ai vécu assez longtemps dans ce village pour savoir que le surnaturel a le dernier mot en fin de compte. »

Le surnaturel gagnait toujours, bien que, curieusement, pas toujours les sorcières. Le surnaturel avait toujours un coup d'avance, le rationnel et l'Inquisition n'était pas bien armés contre lui.

« Je ne veux pas mourir. Plus encore, je ne veux pas que tu meures. »

Quelle serait sa trace si elle mourrait? Elle serait fine, et en plus faussée. Quelle serait sa trace si les deux Geisler de Forbach mourraient? Disparue à tout jamais de la surface de la terre. La vie de Sarah Geisler avait déjà été assez triste, rajouter une mort définitive et brutale à son nom était immérité.

« Je ne fais pas confiance aux tribus d'Olrun et du Lys Noir pour laisser vivre les inquisiteurs, alors il faut bien s'adapter. C'est une lutte pour notre survie. Et nous la remporterons, David. Nous tuerons ceux qui veulent nous tuer. »

La Sarah Geisler habituelle n'était pas aussi portée sur la violence. Elle ne pensait pas autant à la mort, mais elle avait mal depuis un mois, et la douleur rappelait la mort. Elle se sentait fragile et vulnérable, acculée. Un animal acculé est tout simplement plus dangereux. Elle n'avait rien à perdre, aucune réserve à avoir. Il se pouvait bien qu'elle batte ses propres records de férocité. Ce n'était pas ainsi qu'on mourrait de vieillesse, mais Sarah Geisler était-t-elle destinée à vieillir? Elle ne se voyait pas en cheveux blancs. Gabriel Touchedieu en son temps avait refusé la vieillesse également, et il était mort debout, en un certain sens. Geisler ne suivrait pas son exemple, mais si la mort devait venir, elle ne l'attendrait pas couchée.

« Du moins ca m'a semblé ce qu'il y a de plus simple, mais tout est parti si vite, c'a été si spontané... »
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