Une odeur sucrée flottait dans l'air délicatement comme une onde onctueuse se déplaçant suavement à travers la cuisine de Mademoiselle Grais , puis le jardin , où les roses anglaises pâlirent de jalousie, pour s'élever ensuite dans le ciel où des flagrances de ce délice s'enfuirent vers la fenêtre grande ouverte de la chambre de Clarisse et vinrent chatouiller les narines délicates de la Belle au bois dormant qui se reposait encore tardivement telle une enfant dans son lit à baldaquin à voile rose.
Il n'en fallait pas moins pour réveiller la demoiselle. Son nez se mit à titiller et ses lèvres esquissèrent un sourire de bonheur. Ses cils papillonnèrent et deux yeux verts pétillants de malice s'ouvrirent doucement. La jeune femme s'étira lentement en baillant aux corneilles puis se mis en position assise pour se réveiller en prenant tout son temps. Elle avait tellement horreur de démarrer une journée brusquement!
C'est avec les yeux mis-clos que Clarisse écarta les draps et couvertures, posa ses pieds nus sur le parquet ciré, se mis debout, enfila un long peignoir en satin blanc par dessus sa chemise de nuit et encore à moitié bercé par le cadeau du marchand de sable se dirigea vers la cuisine.

" Hmmmmmm l'odeur suave du gâteau au miel...J'en ai l'eau à la bouche ! "

La jeune femme souria, descendit lentement le grand escalier en ébène s'aidant de la rampe sculptée avec art pour ne pas rater une marche et ceci étant ce rituel qu'elle pratiquait chaque matin pour prendre son petit déjeuner. Clarisse ouvrit le porte de la cuisine, entra dans la pièce s'arrêtant à quelques pas de l'entrée et s'étira en baillant bruyamment tout en en se frottant les cheveux d'une main. Puis, la jeune aguerrie se mit à la recherche de ce délicieux met qui l'attendait. Etrangement il n'y avait aucune odeur particulière dans la cuisine mais cela ne l'empêcha point de fouiner par-ci, par-là.
Rien sur la table, rien dans le four ni sur le rebord de la fenêtre. Son faciès si souriant auparavant exprimait désormais le dégoût et la colère.
Clarisse sentait son sang bouillir et avait compris que cela ne pouvait être que les exquis gâteaux de sa voisine.

" Et ben Mademoiiiiiiseeelle Grais déjeunera bien ce matin!! "

Mains sur les hanches, cheveux en batailles, elle soupira puis se mit à ranger le bazare qu'elle avait mis. Sarah la servante n'était pas là et elle venait juste de tilter qu'elle lui avait accordée son congé.

" Oh pauvre de toi Clarisse ! Tu aurais put lui demander de te faire un somptueux met mais elle n'est pas là!! Aller ma chère! Tu vas tenter d'en faire un! Cela n'a rien de compliquer !"

Dieu sait ôh combien de fois avait-elle cuisiné avec sa chère maman de superbes desserts mais en grandissant Clarisse c'était rendu compte que seule, ceux-ci étaient ratés. Une vague de douleur se fit sentir dans son coeur.

" Non! Tu na vas pas commencer ta journée à pleurer Rose ! Ressaisis toi !"

Elle pensa alors à préparer le matériel et les ingrédients nécessaires à l'élaboration de la recette après avoir fouiné dans le cahier de recettes de Sarah. Si elle remettait tout à sa place après avoir cuisiné celle-ci n'allait pas lui en vouloir. Il est vrai qu'elle n'était juste qu'une employé, mais si Clarisse osait montrer sa nature odieuse les ragots s'échapperaient vite de la bouche de cette dernière pour finir par être contées par chaque habitant de la petite ville. Son image de gentille et douce jeune femme serait alors finit.
Oeufs frais, farine, lait, miel, beurre furent accumulés dans un saladier en porcelaine puis fouettés, transvasés dans un moule à gâteaux et enfin placés dans le four.
Clarisse était fière d'elle...enfin...elle le fut...jusqu'à ce qu'elle se rendit compte que la pâte faisait des bulles et que cela mettait vraiment beaucoup de temps pour cuire. A la fin de la matinée, après de nombreuses tentatives de rattrapages il n'y avait rien à faire; le gâteau était raté une fois pour toute! Même les chiens avaient hésité avant de se décider à l'avaler quand la jeune femme le leur avait balancé de façon furax l'incroyable mixture mi-cuite par endroit, mi-calciné sur l'autre partie.
Non, elle n'avait pas envie de ranger la cuisine après ce qu'il s'était passé. Le vrai champs de bataille pouvait tenir jusqu'à ce soir...ou même demain matin étant donné qu'elle était seule au manoir puisqu'elle avait finalement donné congé à tout ces domestiques qui souhaitaient se rendre à la fête d'un village voisin.

" Tan pis ! Je vais aller à la pâtisserie ! "

La demoiselle fit délicatement sa toilette prenant soin d'enlever toute trace de farine ou morceau de pâte qui trainaient dans ses cheveux ou sur sa peau. Elle se vêtit, prit sa bourse, sortie du manoir et marcha jusqu'en ville. Quel horreur! Elle qui aimait tellement se rendre en ville en calèche...elle devrait se contenter de ses jambes.

" B'Jour Mad'zelle McGregor ! Z'avez décidé de faire une petite promenade à ce que je vois ! Z'avez bien raison ! Z'êtes encore jeune...pas comme moi! Héhé! "

C'était un vieux paysan du coin qui revenait du marché. Il avait un certain don pour exaspérer la jeune femme qui pourtant se montrait si gentille avec lui.

" Bonjour Matthias ! Il fait si beau aujourd'hui que je ne pouvait m'empêcher de faire un petit tour à pieds. Bonne journée à vous! "

Clarisse avait dit çà sur un ton tellement aimable et de bonté que n'importe personne passant par là aurait pensé que c'était une vrai sainte.

" C'est clair qu'avec ta vieille charogne qui sent le porc et le fumier à dix kilomètres à la ronde tu ne peux que te traîner sur le sol comme un vieux vers de terre... "

s'exprima t-elle une fois seule sur le chemin menant à la ville.
D'un pas joyeux elle entra dans la boutique des Doigts Sucrés, la pâtisserie la mieux réputée même parmis les villes alentours. Il en émanait un parfum délicieux qui s'étendait jusque dans quelques boutiques alentours et elle, Mademoiselle McGregor, avait le bonheur de faire partie de ces chanceux.

" Bonjour ! "

salua poliment Clarisse tout en entrant dans la boutique.

Malgré que la file d'attente soit longue, ce qui agaçait par-dessus tout la jeune femme en fort état d'impatience, c'était ces vieilles bourgeoises qui jacassaient comme des oies prêtes à êtres menées au gavage. Clarisse avait repéré tout particulièrement un groupe composé de plusieurs femmes âgées d'une quarantaine d'année, vêtues richement et au-dessus de leurs moyens, ragot que connaissait chaque bonne ménagère qui se respectait. Oh ces femmes! Chaque habitante les avaient en sainte horreur! Des femmes toujours affamées , connus pour leur appétit féroces et leurs fortes dépenses, qui aimaient se faire remarquer en parlant fort.

* Et voilà le trio des grosses truies!!! Quelle chance !! Et qui viennent s'engraisser encore et encore, dépensant tout l'argent de leurs maris pour faire boudiner leur doigts, éclater leur corset...Hmmmm d'ailleurs comment font t-elles pour maintenir leur énormes ventres pendouillant de graisses? Cela se compact comme le mélange chair-gras dans le saucisson où est-ce que cela dépasse de part et d'autre du sous-vêtement? *

Clarisse réfléchissait à cette question existentielle tout en tordant une de ses boucles autour de son index de la main gauche et en se mordillant l'ongle de son autre index. Cela lui donnait un air tellement mignon et enfantin qu'on eut dit une poupée de porcelaine avec sa belle robe rose bonbon et sa marguerite attachée délicatement dans sa chevelure. Ce fut Madame Bergerac qui la fit sortir de sa torpeur. Elle s'était tournée vers la jeune demoiselle avec une telle vivacité que pour sûr elle avait certainement une information intéressante à lui raconter.

" Oh Bonjouuuuuuuur Clarisse! Comment allez-vous chère enfant? Etes vous au courant pour cette ogresse d'Armande ? Il paraît qu'elle a dépensé une telle fortune en pâtisserie et accessoires de mode ce mois-ci que son mari a dû se séparer d'un de ses apprentis! Quel honte ! "

* Et vous on devrait couper votre langue ma chère dame! Tellement pleines de saletés...Qui plus est quel ironie, dire de telles choses sur l'une des membres de ce trio de vieilles greluches alors que ces dames en dise de même à votre compte! Occupez vous de votre cher époux qui dépense son salaire en alcool et prostitués et peut-être que vous mangeriez à votre faim vous qui êtes si maigrichonne! "

La jeune femme lui rendit pourtant son salut après avoir eu une telle pensée si aigre et détestable. Non elle ne pouvait point lui dire sa pensée si véridique pourtant et finit par lui répondre avec douceur et semblant de peine les yeux humides.

" Oh mais quel horreur ! C'est pour cela que Jeannot était partit tôt dans la matinée avant-hier! J'ai de la peine pour lui! Il était si bon ! Mais je pense que cela doit être maladif chez cette dame toute ces dépenses! On dit qu'elle a eu une enfance si difficile où elle ne pouvait point manger à sa faim et se vouait à sa fratrerie telle une mère ! Cela a dû avoir un impact terrible sur sa vie! "

Son interlocutrice resta là comme bouche-bée, la dévisageant de ses grands yeux marrons d'où se formait des pâtes d'oie et des cernes certainement causés par l'inquiétude suscité par la frivolité de Monsieur Bergerac. Sa bouche rouge et trop mince s'ouvrit alors laissant entrevoir une rangée de dents jaunies et trop serrées les unes aux autres.

" Oh vous êtes tellement bonne Clarisse! "

s'exprima t-elle l'oeil légèrement rosie par l'émotion qui l'envahissait.

" Vous ne vous arrêtez pas sur ces racontars. Vous trouvez toujours du bon en chacun de nous mademoiselle et cela vous rapproches de l'état de sainteté ! Oh Clarisse je me sent tellement mesquine à côté de vous. J'espères que vous ne m'en voulez pas! "

Clarisse ne pouvait dire si elle se sentait énervée contre cette simple d'esprit ou tout bonnement amusée.
Tout à coup elle se sentit comme observée. Elle tourna la tête et apperçut Douce Ambrée alias la borgne qui se situait un peut plus haut dans la file. Elle, Clarisse McGregor préférait l'appeler la pouilleuse dans son fort intérieur ou la Sardine. Oui, la demoiselle lui faisait penser avec sa robe et ses cheveux à un vieux poisson abandonné sur le pavé après le marché.
La jeune femme regarda Douce droit dans les yeux et lui sourit avec son air le plus guilleret possible, au limite de la naiveté étincellante.

" Bonjour ! Comment allez-vous Mademoiselle? "

Douce ne pouvait empêcher ses oreilles d'entendre les paroles de ces femmes, car elles se trouvaient à côté d'elle, et parlaient la même langue qu'elle. Face à cette conspiration évidente du destin, Douce ne put que supporter. Elle se retenait d'attraper la dague coincée dans sa bottine et de refaire la décoration de la boutique avec gout, en rajoutant un peu de rouge, quelques patchwork de peau fraiche. Peut-être faire des guirlandes avec des cheveux, ou elle ferait glisser des yeux pour la couleur. Tant de choses étaient possible avec le matériel présent et sa dague. Quel gachis. Elle ne pouvait se permettre de rendre ce genre de services, même s'ils partaient d'une bonne intention, car elle ne pourrait survivre suffisamment longtemps pour profiter des bonheurs que lui réservait cette vie. Quoique, ce serait une belle façon de mourir.

Oui, elle était bien étrange, folle peut-être, il n'y avait pas de bien en elle. Cependant, ce n'était pas une raison pour qu'elle apprécie tout ce qui pouvait être considéré comme "mal". L'hypocrisie la dégoutait. Si elle avait eut quelque chose dans l'estomac, elle se serait sans doute fait vomir pour se débarrasser de cette sensation nauséeuse. Pourquoi paraitre quelque chose de plat et repoussant, lorsqu'il y avait la possibilité d'éventuellement montrer la noirceur de son être, ce qui rendait une personne unique, intéressante, belle. Ces femmes n'avaient rien d'uniques. Elles étaient conformément immondes.

Quand à la nouvelle arrivante, qui s'appelait Clarisse apparemment, Douce ne pouvait déterminer si elle était bonne ou hypocrite. Et cela ne l'intéressait pas, les deux cas se valaient. Pour elle, la bonté n'existait pas, c'était simplement du vide, un vide insipide ou la malice n'avait pas estimé intéressant de s'installer.

Clarisse lui adressa la parole, la réduisant à un être humain, et non plus une ombre à éviter. Un sourire en coin se forma sur ses lèvres.

"Mademoiselle" ?, répéta-t-elle avec amusement. Généralement le "mademoiselle" précède patiemment le madame n'est-ce pas ? Comme je ne serais jamais madame, qu'à ma mort mon corps pourrira dans la virginité, et que les vers seront donc mes premiers amants, vous pouvez vous passer de telles appellations inutilement respectueuses.

Douce était une boute en train, elle aimait bien dire des plaisanteries, même si celles-ci criaient toujours de vérité dans son esprit.

En tout cas, je suis en bonne santé. Je ne vous renvoie pas la question, la réponse ne m'intéresse pas, à moins qu'elle ne concerne une gangrène.

Elle parlait d'un ton neutre et détaché, après tout cette conversation était en somme assez basique.

Clarisse était fortement amusée par les paroles de Douce. Sa réponse était tellement ...étonnante, pleine de sarcasme et d'allusions sombres. Toutefois la jeune femme n'avait pas apprécié cette manière si vulgaire de lui rendre son salut. Quelle idée de parler de perdre sa virginité en servant de festin à des vers? Quelle horreur! Jamais au grand jamais l'aguerrie pensait que cela comptait comme perdre son innocence! Oh non elle avait tort cela ne pouvait point compter comme tel!

Non elle n'allait pas s'outrer comme bon nombre de clientes qui s'étaient retourner pour dévisager la jeune femme et dire ôh combien il eu été préférable que celle-ci sorte de la pâtisserie où la bonne odeur de confiseries et autres douceurs contrastaient avec la pourriture et charogne des paroles de la demoiselle. Qui plus est certaines dames un peu trop sensibles avaient finis par sortir de la boutique tout en jetant un regard mauvais à cette dernière qui avait gâché leur appétit pour de si bonnes choses. On ne plaisantais pas avec ces choses-là, surtout avec la mort et ce qui avait un attrait sexuel.

* Ahhhhh mais qu'elle horrible personnage! Si froide, glaciale comme la mort et qui plus est grossière. Elle mériterait bien une gifle cette sotte! Comment ose t-elle me dire que ma santé ne l'intéresse guère? Devrais je lui répondre qu'effectivement j'ai une gangrène ou plutôt un ulcère causés par de tel propos stupides et malsain? Non cela lui ferais trop plaisir...Qu'elle ignoble saleté *

Clarisse prit son air habituellement doux et tout en joignant ses mains en un geste lent, souriant avec délicatesse répondit :

" Oh c'est une drôle de pensée de voir les choses de cette manière. Je n'y avait jamais encore songé mais pourquoi pas!
Mais qui dit que vous ne seriez jamais mariée chère demoiselle? Vous êtes jeune, pleines de vivacité, intelligente et imaginative comme je puis le constater. Mais je suis toutefois heureuse de savoir que vous êtes en bonnes santé. J'avoue que je ressent une certaine douleur, non causée par une gangrène mais par vos propos si pessimiste, surtout chez une jeune femme dans la fleur de sa jeunesse. "

Sa voix était naturellement douce, comme si elle avait parlé à une enfant ou une personne désespérée. Madame Bergerac qui avait un visage devenue si paniqué et se tenait droite comme un piquet après avoir entendu les propos de Douce feignait de pleurer et de gémir comme un chiot par l'émotion que lui avait de nouveau suscitée les paroles réconfortantes de Clarisse.

* Mais faîte donc taire cette vieille branche! Qu'elle stupide femme. Pourvu qu'elle finisse au bûcher un jour!! *

Clarisse même amusée après les propos précédents de Douce ne put s'empêcher d'exprimer des yeux ronds devant de tels propos. Comment cette jeune femme pouvait-elle être aussi grossière? Parler de viol devant tant de monde? Cela était insupportable d'entendre de tel propos et même si cela était une réalité on ne pouvait parler de tout en publique. Surtout dans une boulangerie...
Qui plus est discuter de vomissure dans une boutique pareille était une immondice!
La jeune femme repris vite ses esprits et après un léger raclement de gorge regarda de nouveau Douce dans ses yeux...enfin...plutôt son oeil gris et encore valide. Elle se mit à rire intérieurement. Effectivement, à moins d'être saoul, aveugle ou ayant une étrange attirance pour les monstres il n'y avait pas de risque qu'on l'agresse ni même qu'on ne veuille l'épouser. On eut dit un cadavre !Peut-être qu'un vieil homme et manquant cruellement de compagnie aurait aimer la prendre pour femme. Clarisse se surpris à rire intérieurement face à son sarcasme. Elle était devenue tellement mauvaise...Ses lèvres délicatement rosées avaient envie de s'ouvrir et de laisser sortir comme une tornade tout ce qu'elle en pensait réellement mais elle ne le pouvait devant la présence de tant de monde, elle qui arrivait à faire croire aux habitants si naifs de cette ville qu'elle était la fraîcheur et la bonté même!
Au moins elle avait eu l'intelligence et l'esprit d'arriver à reconnaitre l'hypocrisie de Clarisse et pour cela la jeune femme ressentait un léger intérêt et une certaines curiosité pour ce phénomène de foire.
Quitte à jouer la carte du mensonge autant jouer jusqu'à la fin. Qui sait, peut-être que Douce allait repenser à cette accusation...une erreur de jugement?
Elle prit un air sincèrement peiné posant une main sur le bas de sa gorge.

" Cela me fait de la peine que vous pensiez que je suis une menteuse. Je me montres seulement gentille avec vous! Vous dîtes qu'aucun homme ne voudrait de vous mais vous avez un joli teint, une chevelure ébène magnifique, long, lisse et soyeuse! Je suis sûre que vous pouvez trouver un..."

Mais à ce moment là tout s'embrouilla dans sa tête certainement causé par une crise d'hypoglycémie, ou au raffut des vendeuses et clientes hurlant au scandale à moins que cela n'était autre que dû aux gargouillis insistants de son estomac...

"...nécrophile! "

Mince, elle l'avait dit haut et fort...A ce moment là tout les regards se braquèrent sur elle. Aiie qu'elle imbécile!Elle aurait put dire au moins fossoyeur mais ce mot était sortie trop vite de sa bouche! Clarisse exprima un sourire gêné se mordillant la lèvre inférieure sous le regard médusé de ses voisines puis se mit à rire après avoir lancé un regard franc et mesquin à Douce. Non, elles n'avaient pas l'air de lui en vouloir, au contraire cela avait été ce qu'elles attendaient tous, un signe de départ pour exprimer de la moquerie alors qu'auparavant celles-ci ressentaient du dégoût et de la peur. Qu'elle incroyable lâcheté! Mais la jeune aguerrie n'en était point étonnée.

Clarisse n'en revenait pas d'entendre de pareils propos! Comment cette jeune femme à l'air de psychopathe et de cadavre pouvait-elle se permettre de lui parler de ses pulsions malsaines? Non, la jeune femme n'était pas comme cela! Elle avait eu certes un propos peut-être déplacé mais nullement Clarisse McGregor n'avait un esprit aussi sale!
Intérieurement la jeune aguerrie bouillonnait. Si elle avait horreur d'une chose c'était bel et bien qu'on tâche sa réputation de belle fleur blanche.

Ses yeux verts regardèrent froidement et cruellement l'espace d'un instant l'oeil gris de Douce. Oh combien aurait-elle aimé lui donner une bonne gifle! Toutefois elle se reteint parfaitement jugeant que cela aurait nuit à son image. Elle devait être gentille et douce et non une jeune fille se laissant aller à des pulsions violentes même hypocrite soit-elle. Clarisse jeta un coup d'oeil autour d'elle. Bon nombre de clientes dévisageait la jeune insolente d'un air totalement outré.
Ce fut une grosse dame vêtu d'une énorme robe rose bonbon qui commença a exprimer ce qu'elle pensait.

" Comment osez-vous avoir de tel propos? Mademoiselle McGregor est une jeune femme si bonne et pure! Et vous, pauvre gueuse que vous êtes vous osez dire que cette jeune dame est malsaine d'esprit, qu'elle a le diable au corps? "

Son visage si gras était devenu cramoisi et d'autres femmes en firent de même. La boutique était remplit d'un brouhaha incohérent où toute une horde de femmes rouge pivoine braillaient comme des truies.
Clarisse savaient que malgré ce qu'elle pouvait dire, même aussi puant soit-il, les clientes de cette charmante pâtisserie n'en tiendrait point compte et l'approuverait.
Toutefois la jeune femme préféra garder son image hypocrite de gentille et de douce vierge.
Elle demanda alors à toute femme ici présente de cesser de se comporter de cette sorte puisque Dieu n'aurait jamais voulu qu'elles se conduisent de cette façon même dans une situation si difficile.
Puis Clarisse se tourna lentement vers Douce, lui adressa son plus beau sourire et visage de bonté.

" Ohhhhhhh...Je trouves cela d'une tristesse effroyable que vous pensiez que chaque personne soit aussi vile et malsaine. J'avoue avoir eu tort de répondre de cette sorte et vous demande pardon pour cette sottise. Il ai vrai que chacun possède une part de ténèbres en lui car nous sommes imparfait et donc tous tenté par le pêché. Mais il n'en reste que nous pouvons nous rapprocher le plus possible de la sainteté si nous le souhaitons! "

Clarisse adorait jouer à cette comédie. Elle avait vite compris que répondre par la violence aurait été un certains apport de joie pour Douce. Répondre par une forme de candeur au contraire ne pouvait que l'achever.

" Et je puis ajouter que le fait que vous souhaitez rester vierge fait de vous une femme de vertu ! Cela vous donne une grande pureté d'âme même si certains peuvent penser le contraire et je me réjouit de voir une jeune femme qui veuille rester aussi blanche qu'une colombe! "

La jeune aguerrie lui adressa alors le visage le plus mielleux et innocent qu'il soit ce qu'elle trouvait extrêmement amusant et jouissif.