The Witch Slay
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-14%
Le deal à ne pas rater :
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 – RAM 8Go/SSD 256Go
799 € 930 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 En ton nom

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


En ton nom Vide
MessageSujet: En ton nom   En ton nom Icon_minitimeMar 26 Juin 2012 - 23:48

Sublime soirée de juillet. Crépuscule enivré du bruit des grillons et de la tiédeur bienfaisante qui suit la chaleur d’une longue journée. Il y avait précisément un an de cela, lors d’une soirée similaire, David s’oubliait au fond de bouteilles d’alcool dans une taverne en périphérie de la ville, pour finir par échoir dans l’étreinte réconfortante d’Aphrodite, concrétisant ainsi une des plus grandes erreurs de sa vie.

La situation était tellement différente à présent. Pourtant, il se trouvait toujours attablé dans une auberge, un verre d’alcool à la main. Il semblait que chaque été une nouvelle tragédie survienne, pire encore que la précédente… La saison estivale continuerait-elle, année après année, d’être l’ambassadrice d’événements funestes destinés à lui arracher ce qu’il avait de plus précieux?

Les voix autour de lui, parvenaient distordues à ses oreilles. Les lumières de l’Auberge de la Croix-Rousse, les éclats de rire, les mouvements des hommes excités par la chaleur, la boisson et le jeu… Il ne pouvait pas leur en vouloir. Indirectement, ils célébraient le seul bonheur d’être encore en vie.
Oubliant pour une soirée tous ceux qui ne l’étaient plus.

David se leva. Il éprouva soudain un besoin urgent, viscéral, de tout envoyer promener et d’être seul. Ce genre de crise impérieuse se manifestait de plus en plus souvent depuis… depuis ce fameux jour. Les cartes qu’il tenait lui échappèrent et se dispersèrent, dévoilant une main gagnante au cercle de joueurs qui lui jetèrent des regards surpris. Le jeune homme ne leur jeta pas un regard. Il abandonna son siège, sa bière, ses cartes et s’en fut de l’Auberge en claquant la porte.

Il était doué pour le jeu, pourtant. Ce qui n’était au départ qu’un simple passe-temps occasionnel était peu à peu devenu une passion. C’était en fait suite à sa dispute avec Sarah Geisler, il y a deux ans, qu’il avait commencé à passer de plus en plus de temps dans les tavernes… A boire, certes, mais également à jouer aux dés et aux cartes. Un vice de plus, prétendaient d’aucuns. C’était certes là considéré comme une activité peu vertueuse… mais il était doué. Par habilité ou talent, ou même une chance insolente, cela se transforma progressivement en une source de revenus. David procédait de façon classique, en conservant une partie de ses gains et en réinvestissant l’autre partie. Au fil des mois, il avait fini par constituer un pécule appréciable.

Pourtant ce soir, nulle passion ne l’animait, nulle envie de s’attarder ici plus longtemps. Ses pensées étaient bien trop accaparées; ces derniers temps, il ne parvenait plus à se concentrer.
La tiédeur de la nuit parvint à peine à calmer ses joues en feu tandis qu’il traversait Forbach à fond de train, ignorant totalement les saluts des personnes qui le reconnaissaient en marchant dans la rue. Il avait envie d’être seul. Une envie terrible, irrépressible, d’être seul, de se dissimuler aux yeux du monde. Une sueur froide se mit à couler sur son front.

Il se rendit au cimetière maintenant plongé dans la pénombre, mais s’immobilisa au niveau de la clôture d’enceinte. Quelques personnes étaient déjà sur place. Il n’avait sûrement pas envie de se trouver à proximité de quelqu’un, surtout dans un moment pareil… Le jeune homme fit volte-face et s’éloigna au pas de course.

Il traversa des rues, un bois, des champs… jusqu’à parvenir dans les cultures, savourant enfin la solitude extrême de l’endroit et ses grandes étendues balayées par le vent. L’herbe ondulait violemment sous l’effet des bourrasques. Sa destination était quelque peu dissimulée et à l’écart des chemins, mais David en connaissait le trajet par cœur et progressa dans l’obscurité presque totale sans aucune hésitation.

La masure était toujours là, évidemment. Sa silhouette en ruine figurait une grande ombre dans le paysage fuligineux. Une ombre réconfortante; il n’avait qu’une envie, s’y jeter et flotter dans le néant et le silence.
Le jeune homme s’effondra au milieu des lits de feuilles confectionnés entre les murs, souvenirs de soirées intimistes et privilégiées. Là, enfin totalement isolé de tout le reste, il put laisser se déverser toute sa rancœur et sa peine en un torrent de larmes.

Trois semaines.
Cela faisait trois semaines que Sarah Geisler était morte.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/inquisiteurs-f50/david-geisler-t
Narcissa de Saint-Loup
Apprenti(e)
Apprenti(e)
Narcissa de Saint-Loup


En ton nom Vide
MessageSujet: Re: En ton nom   En ton nom Icon_minitimeMer 27 Juin 2012 - 0:00

Cendres, grains de sable, fragments de mémoire. Arrachés. Du cœur verse l’amertume. Les survivants respirent par mimétisme. L’amant est une chaîne. Ici, on rêve d’une vie. Une vie sans l’autre. Avec l’autre, elle ne sait plus. Depuis trois semaines, elle ne sait plus. Si, elle sait une chose, juste ça. Il faut manger à dix heures, midi et vingt heures ; fermer les yeux à minuit et le reste… Le reste, elle ne sait plus. À moins que cela soit lui ?
Elle le tient dans ses bras, essuie leurs larmes, caresse son dos, baise ses joues. La peur qu’il se laisse mourir prend son sein, ses mains et ses lèvres examinent et tirent des conclusions, l’inquiétude est viscérale. Respirer, ne pas penser à l’avenir alors qu’il vous prend à la gorge. Plus que quelques mois à vivre, quelques mois, pour quoi faire ? Pourquoi elle et pas Sarah ? Lui, n’aurait pas souffert. Il l’aime c’est sûr, mais elle n’est qu’une roue du carrosse. Ils s’étaient habitués et avaient vécu leurs derniers jours ensemble. Ceux-là étaient déjà de trop. Sarah devait accomplir tant de choses, mais non, elle a prétendu le contraire. Alors elle est là, bête. Ne sachant que faire pour le guérir, mais de quoi ? Remplacer un quotidien par un autre. Pour un autre et ensuite ? Vivre. C’est quoi vivre ? Elle survit comme Sarah, elle ment comme Sarah, mais ne rit pas encore comme elle, désabusée. Peut-être pour demain ? À moins qu’elle le soit déjà. À moins que ce soit lui ?

À quoi pense-t-elle ? Elle ne sait plus. Quelle heure est-il ? Tard.

La viande doit être froide. La sauce avalée par la pâte de la tourte. Les fruits et les gâteaux de miel dans le panier, sur la table, eux doivent être bons. À moins que l’air soit bien plus sec que pensé. Lui pleure depuis combien de temps ? Elle ne compte plus. Pourtant elle devrait, la mère c’est un peu elle maintenant. Sarah lui a donné le flambeau. Mais Cassandra ne l’avait pas préparé à ça. C’était une tâche bien trop lourde pour ses quinze ans. Pourquoi avait-elle voulu vivre plus vite ? Ah oui, elle est morte depuis trois semaines. Non, c’est Sarah qui est morte et elle qui reste. Un an, encore. Et si elle y survivait ? Qu’a-t-elle fait ? Trop tôt, beaucoup trop tôt. Ses pouvoirs pourraient lui servir… Rien. Plus d’alliés, elle est seule. Il suffit que tout s’ébruite. Ça arrivera. Un jour. Et ensuite ? Une Chute, en pente douce ou non ? Si, il restera quelqu’un, oui, David est là. Il faut qu’il vive. Elle ne peut pas vivre seule. Non. Où est-elle déjà ? À la masure, toujours. Le retrouver n’est jamais bien compliqué, tu sais. Il garde des routines, il est sensible, prévisible avec toutes ces années, même avec l’amnésie. Oui, il doit manger. Instaurer une routine, la porter tous les jours avec sa peine à côté. Il y aura peut-être des joies ? Un peu de rires ? Sarah aurait bien aimé. Oui, c’est ça. Vivre. D’abord un pas, puis un autre, puis un autre, puis un autre…


-Cette fois-ci, il faut que tu manges. Un peu de foie, quelques légumes en tourte et des fruits. J’ai pensé à prendre de la paille pour garder un peu de chaleur, mais je peux réchauffer. J’ai un chauffe-plat et quelques bougies. Oh ! Quelle bonne idée de mettre un peu de lumière !

Elle se leva pour allumer avec son briquet le restant de chandelles sur le pique-cierge. Puis, elle sortit en tremblant, de son panier posé sur la table, à côté, des assiettes, couverts et quelques vivres.

-J’ai pensé à prendre des gâteaux au miel, si tu trouves le foie trop cuit. À moins que tu l’aimes avec de la confiture ? Ou de la moutarde ? Du persil ? Je-j-j’ai aussi un peu de vin, pour fêter notre anniversaire. Onze ans à moins que cela soit douze. À ton avis ? Oui, le chauffe-plat.

Injuste ! Si douloureux. Elle s’arrêta en plein milieu, étouffa un sanglot, se retourna et tenta de sourire.

-J’ai été dans ta chambre pour te prendre des vêtements et ton nécessaire de rasage. Seulement, si le cœur t’en dit. Préfères-tu que je le fasse pour toi ? J’ai oublié la brosse, mais j’ai mon peigne. Je…

Que faire ? Que dire ? Tout était si compliqué.

-Mangeras-tu un peu ? Si tu ne le peux pas pour moi… Pourras-tu le faire pour toi ? Ta santé m’inquiète beaucoup. Tu dois vraiment manger et ne pas picorer, s’il te plait. On a besoin de toi.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/narcissa-d
David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


En ton nom Vide
MessageSujet: Re: En ton nom   En ton nom Icon_minitimeMer 27 Juin 2012 - 0:02

Lune ou soleil, c’était toujours le même rayon qui venait transpercer les ténèbres de sa nuit. Peu importe où il s’enfuyait. Il n’existait nulle grotte assez profonde, nulle forêt assez dense, nulle contrée assez isolée, pour le cacher aux yeux de la femme vers qui portaient ses sentiments. Elle parvenait toujours à le retrouver.

Dès qu’il se trouvait en groupe, il éprouvait l’irrésistible envie d’être seul. Mais dès qu’il se retrouvait seul, la solitude le dévorait de l’intérieur et il souffrait de l’absence de compagnie. Pourtant, il repoussait toutes les mains tendues.
Toutes sauf une.

David jeta à peine un coup d’œil à l’arrivée de Narcissa, laquelle venait visiblement de dévaliser les cuisines de Frauenberg ustensiles compris, ainsi qu’un commerce de luminaires, une épicerie, la boutique d'un barbier et un fripier… Bientôt, elle aurait besoin d’une brouette pour acheminer tant de matériel. Mais il faut dire qu’ils entreposaient parfois quelques menus objets dans la masure, comme ce pique-cierge, la construction en ruine étant devenue un lieu privilégié de fréquentation…

…ta santé m’inquiète beaucoup. Tu dois vraiment manger et ne pas picorer, s’il te plait. On a besoin de toi…

"… « On » ?… Qui donc?"
marmonna-t-il sans daigner se redresser. Restant lové à l’angle d’un mur, en position fœtale, n’adressant pas le moindre regard à Narcissa qui déployait pourtant tant d’efforts. Il se surprit même à souhaiter, l’espace d’un instant, qu’elle parte et le laisse tranquille.

La laideur de cette pensée le frappa de plein fouet, avec violence. Il n’avait pas le droit de lui faire subir tout ça. De lui faire payer, à elle innocente, le prix de sa colère et de sa tristesse.
Elle n’était responsable de rien. Et surtout pas de sa survie par rapport à Sarah, dont elle devait se sentir si coupable.

Honteux, David se redressa enfin et cessa de lui tourner le dos. Accepta les petits soins, la nourriture, le rasage. Mâchant les aliments sans en sentir la saveur, le regard dans le vide… Trois semaines que Narcissa s’occupait de lui comme d’un impotent. Trois semaines que, soucieux de ne pas la faire souffrir en dépérissant, il se laissait entretenir par ces attentions… Mais il n’était pas décidé à fournir plus que le minimum syndical en matière de survie. Il n’avait plus goût pour rien.

En temps normal, David aurait eu honte qu’elle le voit dans cet état-là. Sale et maigre et faible et plein de larmes. Et c’est pourquoi il se cachait aux yeux de tout Forbach.
Mais avec Narcissa, il avait dépassé ce stade.

"A quoi sert tout ça…" Le dégoût dans sa voix désigna le repas, les bougies, le nécessaire de rasage, les vêtements. Etre propre et moins maigre et mieux habillé ramènerait-il Sarah? Bien sûr que non! Ces excentricités étaient inutiles et calamiteuses... Rien ne lui rendrait sa mère, jamais.

Alors à quoi servait l’avenir, si elle n’était pas là pour le partager avec lui? Ils avaient grandi ensemble et partagé chaque instant. Sarah avait sacrifié sa vie et son identité pour tout donner à son fils. Lorsque David, orphelin de père, avait connu des moments d’intense tristesse, Sarah Geisler était venue combler ce manque. Elle était un des seuls êtres dans cet univers si rude qui lui avait prodigué de l’affection sans rien demander en retour…

"Son rêve le plus cher.. c’était de retourner voir notre famille, à Nancy, une fois délivrée de son fardeau. Elle est morte sans en avoir eu l’occasion. Prisonnière de son identité d’empreint. (David passa la main sur ses joues recouvertes d’une barbe de plusieurs jours et perçut une sensation humide. Ses joues étaient baignées de larmes chaudes). Aux yeux de tous… aux yeux du monde… c’est Sébastien Garin qui est mort. Personne ne se souviendra de Sarah Geisler ni ne rendra hommage à la mère qu’elle a été… Je crois que c’est ça… qui me détruit le plus…"

La nourriture, les objets furent délaissés au profit d’une étreinte forte et lancinante. David s’accrocha à Narcissa comme à une bouée en pleine mer. Il eut la sensation que si il la lâchait, plus rien ne le retiendrait… à rien. Ce serait une fin.

"Tu as perdu ton père et je n’étais pas là…" Tandis qu’à présent… c’était elle qui le maintenait en vie.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/inquisiteurs-f50/david-geisler-t
Narcissa de Saint-Loup
Apprenti(e)
Apprenti(e)
Narcissa de Saint-Loup


En ton nom Vide
MessageSujet: Re: En ton nom   En ton nom Icon_minitimeMer 27 Juin 2012 - 0:10

-Quelques minutes avant sa mort, elle avait eu la possibilité d’enlever le voile qui l’entourait. Je crois, si tu me le permets, qu’elle a voulu choisir, en plus de te protéger, ceux qui devaient l’honorer. Je me sens privilégiée, car nous sommes encore en vie pour garder intacte sa mémoire. Je t’apprendrai, si tu le désires.

L’Hôtel particulier de Saint-Loup était un mausolée à la mémoire de son père comme l’est pour ses aïeux, le château de Rodez. Les veuves gardent la mémoire des gestes passés, jusqu’au jour où l’hommage est nommé politesse quand la raison est oubliée. Il y a toujours un défunt honoré quand on ne met pas ses mains sous la table, ou trinquer suffisamment fort pour qu’un peu du contenu d’un verre tombe dans l’autre, ou bien dans la façon de prier. Même si le nom a disparu reste les traces, c’est tout ce qu’il compte.
Cependant, la vie leur montra une manière différente de laisser une empreinte sur le monde, autant à leur compte que pour Sarah, bien moins pesante, mais moins reposante dans les mois voir les années à venir. Chose que Narcissa tentait désespérément de lui faire comprendre depuis deux semaines.


-Si nous avons une fille, pourrions-nous la nommer Sarah ? Voudras-tu que nous lui racontions l’histoire de sa grand-mère ? Oui, une fille…

Sera-t-elle rousse comme tous les Valdemar depuis le début des temps ? Puissante sorcière, intrépide exploratrice ou une mère attentionnée ? Aura-t-elle la chance de connaître l’amour de sa vie à ses quatre ans et le voir grandir ? Portera-t-elle un destin semblable à sa grand-mère ? Oh sa… Grands Dieux ! Elle avait besoin de David pour confronter à la vérité, la plus terrible de toutes les créatures de Dieu : sa mère. Jamais elle n’aura le courage de lui dire ou de lui cacher ! Et encore, cette révélation était de la roupie de sansonnet comparé au reste. Narcissa secoua David comme un prunier en espérant une réponse favorable.

- Regarde-moi bien. La dernière chose que je pense est que tu n’aies point été présent à la mort de mon père. Écoute-moi bien. Si tu oses mourir, j’irai chercher ton âme pour te ramener à nous, dussé-je affronter tous les tourments de la création. Tu auras le droit à ma colère la plus noire et fais-moi confiance, tu ne l’as connais point. Il y a des solutions pour que Sarah soit encore avec nous, alors tu te réveilles. Mais pour le moment, on a besoin de toi. Chéri, nous sommes enceintes.

Pourvu qu’il comprenne cette fois-ci. Mais au fait, ils étaient enceintes ou c’était elle ?
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/narcissa-d
David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


En ton nom Vide
MessageSujet: Re: En ton nom   En ton nom Icon_minitimeMer 27 Juin 2012 - 0:15

Etre secoué comme un prunier le sortit de sa torpeur. C’était un message porteur à la fois d’espoir et de respect qu’elle lui communiquait. Après trois semaines de noir absolu un soupçon de lumière venait envahir l’espace… Oui, Sarah Geisler avait eu le choix, avant de mourir. Elle avait choisi de garder secrète son identité. Sans aucun doute pour protéger son fils des conséquences d’une telle révélation, ainsi que la jeune personne pour qui battait son cœur… Ultime preuve de bravoure sans bornes, elle était morte en sacrifiant ses désirs personnels pour protéger avant tout sa progéniture, ainsi qu’elle l’avait toujours fait.

Et lui, comment récompensait-il ce sacrifice? En se laissant dépérir. Une véritable loque. En essayant de ruiner tout ce pour quoi elle s’était battue… Comment pouvait-il être aveugle à ce point? Sarah, était la personne la plus forte et courageuse qu’il avait connu et connaîtrait jamais. David avait le devoir de se battre pour lui faire honneur. Pourquoi mettait-il toujours tant de temps à comprendre ce genre d’évidences?

Non, il ne les comprenait même pas par lui-même… c’était grâce à Narcissa. Toujours, elle lui indiquait les chemins les plus adéquats, le menait à de meilleures pensées. La femme qu’il aimait savait tirer de la lumière dans un monde recouvert d’ombres. David n’osait aborder ces sujets très privés et intimes qu’avec elle, à l’exclusion de tout autre. Elle le comprenait si bien. Devinait ses angoisses, réussissait toujours à dire ce qu’il avait besoin d’entendre.

"En… enceinte? Tu veux dire… enceinte d’un bébé? Comme les mamans?" répéta-t-il bêtement, l’œil écarquillé. La surprise le cloua sur place avec la sensation que ses entrailles étaient tombées très bas, quelque part dans ses pieds. L’impression demeura quelques secondes puis s’en fut. A la place s’installa une autre sensation séculaire. Cette envie immémoriale, impérieuse, irrésistible, de s’enfuir au loin, de tout abandonner derrière lui, et surtout ses responsabilités. La même envie qui le poussait à fuir le monde entier depuis la mort de Sarah. La même envie qui l’avait fait fuir les adieux, lors du départ de Narcissa pour Rodez… Cette même envie qui le poussait à prendre ses jambes à son cou à cet instant précis. Non, non, jamais il ne pourrait assumer ça…

L’éclat d’effroi ne dura qu’une seconde; pour la première fois de son existence, il fut maitrisé, balayé par un vent beaucoup plus fort encore, une rafale de tendresse indéfectible, de respect, de loyauté sans bornes pour la femme qui se trouvait devant lui et qui portait son enfant.

Ce n’était pas un poids. C’était le plus merveilleux don que la vie pouvait leur offrir. Leur amour incarné en un être vivant… L’émotion coupa sa parole, alors il demeura silencieux quelques moments, encore sous le choc d’une telle révélation. Une vie quittait ce monde, presque en même temps qu’une autre naissait. David avait souvent entendu dire qu’il ne s’agissait là que d’un cycle ou d’une question d’équilibre. A vrai dire il s’en moquait. Tout ce qui comptait à présent, c’était sa raison de vivre supplémentaire.
Sarah avait sacrifié ses désirs les plus chers, pour les protéger tous les deux. A présent, ils allaient mettre ce temps et ses efforts à profit… pour fonder une famille.

"Je t'aime et j'ai failli te perdre…" Les erreurs passées ressurgissaient dans sa mémoire, lui montrant à côté de quoi il avait failli passer à cause d’un comportement immature. Il saisit les mains de Narcissa. "J'ai agi comme un con... Je t'ai blessée et bon dieu que ces minutes sans toi étaient douloureuses et interminables... Tu mérites plus que tous d’être heureuse. Je dois souvent me mentir pour ne pas montrer combien je ne suis rien sans toi."

Un nouvel éclat animait son regard, une flamme dépourvue de toute frayeur. Jadis, son esprit avait quelques fois imaginé la scène future où il apprendrait qu’il était père. Il pensait alors fuir, chercher activement un moyen de se débarrasser d’un encombrant fœtus… mais ces représentations n’avaient rien à voir avec la réalité. Au contraire, ses yeux révélaient à présent qu’il n’existe pas suffisamment d’amour à donner, de soins à apporter… elle promettait une loyauté éternelle.

"Alors oui, elle se nommera Sarah. Et je défie quiconque, noble ou mendiant, dieu ou mortel, d’être défavorable à sa naissance."

David passa une main dans le fleuve de cheveux roux.

"Quand nous serons prêts, nous irons parler à ta mère."
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/inquisiteurs-f50/david-geisler-t
Narcissa de Saint-Loup
Apprenti(e)
Apprenti(e)
Narcissa de Saint-Loup


En ton nom Vide
MessageSujet: Re: En ton nom   En ton nom Icon_minitimeMer 27 Juin 2012 - 0:16

De la brume à nos chemins, cache nos pieds, fait trébucher. Aux événements qui nous plient si bien que nos ramures sont incapables de se relever. Nous transforme en statue de glace. Un prisme qui déforme tout. Au point d’en être étonné quand pour une fois, tout va pour le mieux. Comme si Sarah venait de fendre leurs prisons, David redevenait l’homme aux mille promesses. Infiniment plus beau par ses faiblesses, terriblement humain par sa déclaration. Est-ce un sursaut avant que le givre l’ait de nouveau ? Ou le premier pas vers leur avenir ? Mais lequel ?
On ne pouvait pas compter sur la chance aux jeux, ni sur des capacités à guérir par chirurgie pour fonder une famille. Comment feront-ils pour la dot de Sarah ? La vêtir, soigner, nourrir, l’aider à grandir confortablement ? Même si la chance lui octroie un parrain et une marraine d’une lignée aussi haute que la sienne, la décence ne permet pas l’aumône et hors de question que Sarah vive loin d’eux pour servir une grande dame.
Leurs alliés sont puissants, mais n’œuvreront pas ensemble. Que feront-ils quand ils apprendront la nouvelle ? On ne compte pas d’enfant dans les unions entre un inquisiteur et une sorcière. Ses frères et sœurs prendront cette nouvelle comme une trahison ou se persuaderont d’un viol. Cette pensée la força à s’asseoir. Si cela arrivait aux oreilles d’Europe, il en était fini d’elle et de la jeunesse d’olrun, sans parler de sa tante. Et si personne ne comprenait pas qu’il y a trois semaines, elle a vécu une de ses plus belles nuits ? Verront-ils qu’elle fut dans son droit ? Les amis de David sans doute et ils ont des positions respectées dans l’Inquisition. La Baronne de Rosbruck dont le cœur s’incline à l’attendrissement, peut-être. Romain Zimmerman, son mari, ne semblait pas prompt au jugement, mais maintenant, Narcissa n’était plus un modèle de vertu ? Danie avec de la chance, mais dans un champ d’actions restreintes, car tout dépendait de son père. Alexandrine d’Hasbauer et son ami, en voyant les ressemblances dans leur couple ? La Prêtresse Elizabeth d’Hasbauer pour ses amitiés avec les membres de l’Église, non peut-être pas. Est-ce que Sarah Geisler avait respecté sa promesse ? Avait-elle parlé à maman de leur union ?
Cassandra avait caché sa nature toute sa vie et fit de même pour sa fille. Toutes les deux avaient affronté des lions et les forces les plus obscures de ce monde pour rester ensemble, même l’amnésie n’avait pu détruire leurs défaites et victoires. Elles n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre et savaient instinctivement le besoin de l’autre pour être heureuse ou mieux. Depuis la mort de son père, Cassandra n’eut pas peur de prendre ce rôle et fut bien meilleure qu’Amaël. Jamais elle ne lui dira et pourtant. Ces derniers mois pour se persuader d’un avenir, mère et fille organisèrent les détails d’un mariage et à chaque regard surpris et fier, Narcissa rougissait. Une joue pour avoir caché sa relation et une autre pour cette attention culpabilisante. La peur de décevoir devenait de plus en plus grande et étouffait à cet instant ses sanglots. Sa mère rejetait tout ce qu’il lui semblait indigne et jamais, en ces dernières semaines, Narcissa n’avait eu aussi peur. Elle désirait tant la voir veiller sur sa famille, voulait lui donner des petits-enfants un peu pour ne pas qu’elle s’ennuie, travailler pour rendre cette branche, des de Saint-Loup et Valdemar, encore plus illustre. Et si sa petite fée décida de la renier à son tour ? De lui enlever la mémoire une fois l’enfant né ? Son amant ne supportera pas de revivre cet enfer et haïra pour toujours son clan. Il était pourtant hors de question que Sarah vive dans la peur des sorcières et de Dieu, mais que faire ?

Elle caressa sa nouvelle bague, un gros cabochon diamantin entouré d’un large anneau d’or, tout en maudissant son égoïsme. Même si cela représentait une douleur atroce, sa vie se partageait au final pour trois ou quatre membres. David avait raison, il fallait absolument se préparer à tout dire et vivre pour de bon, au grand jour. Mais ne pas oublier le plus important, cette notion qu’elle désirait plus que tout entendre : Nous. Un Nous qui ne sera jamais séparé, se pliera aux vents violents, mais se relèvera toujours et pour le reste, on verra. Chaque jour suffit sa peine, après tout. Alors pour la première fois, comme pour son amant lors de sa déclaration, elle mit son âme à nu en pleurant de joie, soulagée de ne pas être forcée d’avorter. Sa confiance en l’avenir grandissait, car ils devenaient nous, enfin. S’il s’en voulait pour le mal fait, elle le supplia de plus alourdir son cœur, car il était pardonné à chaque fois qu’elle le voyait heureux et puis bon sang, si elle était en vie c’était bien grâce à lui. Elle le remercia pour son soutient quand il découvrit son amnésie comme après la Messe de Minuit, cette force pour se battre pour sa liberté et celle de sa mère à Rodez ainsi que pour continuer à vivre avec l’échéance de l’Ange en tête, pour ne pas vivre pour avoir, mais être, et toutes ces millions de choses encore. Elle lui expliqua qu’elle n’arrivait pas à croire, qu’il l’avait choisi, n’ayant rien d’exceptionnel. Si elle voulait s’améliorer constamment c’est toujours pour être à sa hauteur, car, elle l’aimait comme il était, avec ses forces et faiblesses, toujours plus fort chaque jour. Alors s’il se dépréciait encore une fois, elle le punirait en chantant une de ses meilleures compositions. Puis, se fut à son tour de demander pardon pour son égoïsme par peur de perdre sa mère et sa tante et lui expliqua leurs importances, puis lui promit que si on la renait ce n’était pas grave, qu’il ne devait pas s’inquiéter pour elle, puisqu’ils ont un nouvel horizon. Pour les autres risques, ils les connaissaient depuis bien longtemps.

Elle l’embrassa avant de l’interroger sur ses envies pour être mieux ce soir.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/narcissa-d
David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


En ton nom Vide
MessageSujet: Re: En ton nom   En ton nom Icon_minitimeMer 27 Juin 2012 - 0:19

Il perçut l’éclat dans les yeux tant aimés, et sut que c’était là, la plus belle récompense. Jusqu’au bout, il ne se sentirait pas digne d’elle. A l’annonce de sa grossesse, il avait d’abord pensé à lui-même et aux responsabilités futures. Alors que c’était Narcissa qui était enceinte. C’était bien ELLE qui portait l’enfant, et devait supporter le plus de poids, dans une situation beaucoup plus délicate que la sienne…
Jusqu’au bout, il ne se sentirait pas digne d’elle, mais jusqu’au bout il essaierait tout de même sans relâche.
Alors lorsqu’elle lui demanda de pardonner son égoïsme, David secoua la tête de droite à gauche. Il n’y avait rien à pardonner et encore moins d’égoïsme, au contraire.

"Je sais les doutes qui t’habitent… mais rassure-toi. Personne ne va renier ni perdre personne."


Toutes les inquiétudes de Narcissa, toutes ses angoisses, il les avaient déjà personnellement vécues et surmontées. Au moment de leurs retrouvailles, cet hiver. Longtemps, douloureusement, les doutes l’avaient auparavant tenaillé, car sa volonté si forte de partager la vie de cette personne merveilleuse, ne parvenait pas à éclipser le reste… ils étaient seuls. Ou peut-être auraient-ils des alliés, mais ça ne changerait pas grand-chose. Personne ne cautionnerait leur union, et ils étaient chanceux si tous ne s’y opposaient pas de manière unanime. Leurs milieux sociaux radicalement différents creusait un fossé, trop large pour être traversé aux yeux des autres. Les antécédents de David –violence, alcool, jeux, débauche- l’éloignaient plus encore d’une jeune fille de bonne famille.

Aujourd’hui, toutes ces différences, toute cette désapprobation, tous ces blâmes émanant du reste du monde, menaçait de retomber sur leur progéniture. Jadis, David aurait fui devant tant de pression. Il l’avait d’ailleurs dit clairement, en septembre dernier: « Je n’ai aucune envie de me battre pour toi ». Aujourd’hui, il mesurait à quel point c’était un mensonge. A quel point il était déterminé à soulever des montagnes, s’opposer à chaque être si c’était nécessaire. Il serait l’homme qu’elle mérite.

"C’est ta mère. Elle t’a mis au monde et elle t’aime énormément. Même si elle est en colère sur le moment, elle prendra le temps d’y réfléchir, tu verras. A nous de jouer pour présenter la situation sous un jour favorable… Nous allons répéter et nous entraîner."

Il la serra dans ses bras quelques temps encore.

"Je refuse que notre enfant naisse et vive dans un monde où sa grand-mère et sa tante renient son existence."

Ses yeux s’assombrirent, réminiscences de son propre vécu. Ne pas connaître ses grands-parents avait été douloureux. Mais peut-être, un jour, aurait-il le courage de se présenter chez eux en compagnie de sa nouvelle famille, et de tout leur raconter…

"C’est pourquoi nous allons nous battre. Tu ne seras plus jamais seule."
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/inquisiteurs-f50/david-geisler-t
Contenu sponsorisé




En ton nom Vide
MessageSujet: Re: En ton nom   En ton nom Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

En ton nom

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
The Witch Slay :: Parmi les Sylves - Alentours :: Les Cultures-