The Witch Slay
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

Partagez | 
 

 La Messe de Minuit (#17)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeDim 25 Déc 2011 - 2:03

La Messe de Minuit (#17) Messe_10

Sois sans crainte, Marie, car tu as
trouvé grâce auprès de Dieu.

Voici que tu vas être enceinte,
tu enfanteras un fils
et tu lui donneras le nom de Jésus.

Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut

(Luc 1, 30-32).


Mains jointes et front pieusement baissé vers le sol, David à l’instar de tous les forbachois rassemblés, écoutait les paroles du prêtre de l’Eglise de Zetting emplir les lieux de leur consonance caverneuse. Ce soir l’édifice débordait de fidèles, les plus chanceux et les plus riches bénéficiant du luxe d’être assis sur les bancs de prière, tandis que les gueux se tenaient à genoux sur le sol glacial et tête levée vers l’autel, à guetter et implorer un soutien divin qui ne venait jamais.
Des grands vitraux encastrés aux murs de pierre émanait une pulsion lumineuse et sépulcrale, relayée par d’innombrables chandelles qui la faisait voyager en douceur. David expira et vit de petites volutes de buée condenser son souffle dans l’air froid. Il les suivit des yeux pour ensuite observer le prêtre officiant à la lueur des grands cierges dont les flammes faseyaient telles de l’or volatile.

C’était une messe de minuit comme il y en avait chaque année. Pourtant, rien ne l’impressionnait plus que l’Eglise en cet instant.

Parce que la célébration de la naissance du Christ avait réussi là où tous avaient échoué et continuaient à échouer depuis des décennies. Car ils étaient rassemblés. Malgré les tensions, ils étaient tous rassemblés. Une guerre totale se jouait jour après jour entre souffrances, traîtrise et massacres collectifs; Forbach était à feu et à sang depuis près d’un quart de siècle, et pourtant… Noël leur rappelait à quel point ils n’étaient finalement que des hommes, si semblables dans leur quête de survie, lorsque pesait sur eux l’ombre angélique de la mort dispensée par Anaël qui exigeait un miracle.
Ils étaient tous rassemblés en un même lieu. Au même instant. Prêts à fêter le même événement. A l’unisson dans l’espérance d’un avenir meilleur.
De temps en temps ce genre de scénario surgissait inopinément de la routine. David en voulait pour preuve le rassemblement en l’honneur de la naissance des jumeaux Zimmerman, dernier événement notable en date. Qui alors s’était soucié des sorcières, des clans, des conflits? N’avaient-ils pas été tous rassemblés sans arrières pensées, simplement réjouis à l’idée de célébrer l’avenir? Ce soir, après avoir festoyé tout le jour, en se tenant présentement dans cette Eglise aux murs surglacés et étrangement accueillants, l’Inquisiteur avait le sentiment que tout était possible. Ou du moins, il sentait que si il existait un lieu sur terre, et un moment parmi l’éternité, où les prières pourraient être entendues, c’était celui-ci.

Alors à l’instar de ses congénères, il priait, en écoutant le prêtre réciter l’évangile selon saint Luc.
Mais il ignorait que quelque part, une autre Marie, qui aujourd’hui avait quitté ce monde, avait donné naissance à un autre Jésus, promis lui aussi à un grand destin. Que ce Jésus par ses actions autant que par sa filiation, serait toujours comparé à sa terrible mère; qu’il cherchait à se venger cette nuit sainte, et que l'idéal de paix qui s’esquissait à peine dans l’Eglise en cet instant, allait être entaché du rouge du sang de ses ennemis, pour finir par voler en éclat sous ce poids.



Le bruit violent d’une déflagration embrasant un canon retentit entre les murs en faisant sursauter tout le monde. Un sombre murmure agita les bancs de Zetting tandis que tous levaient la tête pour voir le prêtre debout devant eux, les yeux écarquillés. Pendant une poignée de secondes, il ne se passa rien. Forbach s’effondra autour d’un silence immobile. Puis une rosace violacée naquit sur la poitrine de l’homme d’église, s’auréolant sur son habit blanc, déployant ses corolles telle une fleur. Toutes les têtes se tournèrent alors vers l’Inquisiteur anonyme qui, seul levé parmi la foule, braquait son mousquet fumant vers le prêtre, les yeux opacifiés d’un éclat de verre, métallique et froid.

David ne s’aperçut pas que ses propres yeux revêtaient la même couleur surnaturelle. Il ne s’aperçut pas non plus quand son esprit glissa pour quitter la réalité de ce monde et annihiler tout contrôle sur son corps. Sans même être maître de ses gestes, il se leva à son tour. Dans un silence glacé, il dégaina son arme, visa son homologue Inquisiteur et tira. La bille de plomb faucha sa cible et la silhouette s’effondra entre les bancs dans une giclée écarlate.

Un cri suraigu retentit dans l’Eglise et dès lors, ce fut le chaos.
La dame noble qui avait hurlé eut le visage repeint en rouge instantanément. Un deuxième Inquisiteur s’effondra à ses pieds, une lame fichée dans ses entrailles rougeoyantes qui dégoulinèrent mollement sur le sol. La violence s’amplifiait de minute en minute, allant crescendo à mesure que dans la panique ambiante, les cris et les mouvements de foule, au milieu du sang et de la peur, tous comprenaient l’horrible vérité: les Inquisiteurs étaient en train de s’entre-tuer.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/inquisiteurs-f50/david-geisler-t
Noâz Loewenstein
Fugitif
Fugitif
Noâz Loewenstein


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeDim 25 Déc 2011 - 8:14

Pâleur spectrale éblouissante. Blancheur ancestrale, symbole de mort. Blancheur royale, symbole de deuil. Tout le marais étincelait de cristaux glacés. La tourbe glauque avait figé et le vent d’hiver avait recouvert la terre, les eaux et les troncs d’une neige sableuse que le souffle des sylves cliquetantes faisait tournoyer en bourrasques alambiquées au raz du sol gelé. Seule faute infligée à cette nature blafarde, cet homme en cape noire et haut col monté, agenouillé sur le roc de glace, les mains posées à même le sol. Son souffle brumeux seul trahissait son existence. S’était formé tout autour de lui au milieu du lac blanc un très large disque, sombre et vaporeux : sa chaleur avait fait fondre progressivement le manteau neigeux, révélant la surface noirâtre des eaux troubles mais désormais immobiles du marais. Noâz y observait les ramures paralysées, les bulles de cristal s’enfonçant dans les ténèbres des profondeurs. Ses lèvres froides scandaient presque silencieusement des formules adressées aux esprits endormis de la Schwarzwald. L’écho lui était rendu d’un susurrement rauque et grave qui faisait – il le sentait malgré l’engourdissement du froid dans ses doigts – frissonner le marais.

Perdu dans ses méditations entre notre monde et d’autres, infiniment plus anciens et plus hauts, le Meneur ne semblait pas avoir vu qu’un appelé de la nature pâle avait fait son entrée, gracieuse et secrète, sur les eaux enneigées de la tourbière. Un loup au pelage blanc, maigre comme un agneau sans pré, s’approchait lentement de Noâz. Le jeune compte semblait avoir cédé au chant des sirènes bleues du monde glacé, les yeux rivés sur les ténèbres du bas, immobile et sans plus nul souffle. Le loup, les dents saillantes et le museau retroussé, s’approcha encore et encore, jusqu’à transgresser la limite fumante du cercle noir. Le vent cessa, un grondement long et sourd précéda un craquement lugubre. Alors que la bête était arrivée devant sa proie, prête à lui sauter à la gorge, la glace céda sous elle et le grognement se transforma en gémissement désespéré. Noâz saisit la longue dague qu’il gardait cachée sous sa lourde cape et, se penchant sur le loup qui se débattait contre les eaux, lui enserra la tête sous le bras en ramenant l’animal à la surface pour l’égorger d’un geste droit et net. Le sorcier recueillit le sang dans un bac argenté en couvrant l’agonie pathétique d’une incantation sacrée :

« Fenrir, loup de fureur, puissent tes pleurs rappeler ton père, Loki, sombre seigneur de la discorde, sur notre terre souillée de tes larmes. Qu’il venge ton honneur des abreuvés de ton sang. »



Et l’avantage de s’attaquer à l’inquisition était qu’ils s’abreuvaient beaucoup. Notamment lors de déjeuners conviviaux et chaleureux entre les pierres froides de la Collégiale, tel qu’il en fut pour le dîner de la veille de Noël, quelques heures avant la messe de Minuit. L’inquisition se fournissait gratuitement en vin auprès du château et Noâz avait compté sur quelques sœurs du Lys attachées aux cuisines pour diluer quelques goûtes du sang sacrificiel dans les bouteilles impeccablement rebouchées et envoyées aux inquisiteurs ripailleurs. Tout se mettait progressivement en place pour mener à bien l’une des plus belles stratégies que le Lys ait mises au point afin de porter un coup dantesque aux forces inquisitrices. La magie invoquée était la plus sombre et la plus ancienne qu’Alicia Loewenstein, avant de mourir, avait pu ressusciter et graver dans son Livre du Crépuscule tant de fois relu et admiré par son fils.



Alors que le prêtre adipeux vomissait son flot ininterrompu de boniments chrétiens, le nom d’Emmanuel fut prononcé pour la troisième fois. Tel était le signal. Toutes les sorcières et tous les sorciers du Lys Noir se mirent à formuler en silence l’incantation qui parachèverait le rituel :


« Loki, souffle hurleur, vent écumant, inspire leurs cœurs de ta rage, de ta fureur »

Le premier inquisiteur - trahissant aux yeux du Lys son amour du vin, addiction qui lui serait fatale en ce jour - se leva lentement. Placé au fond de la nef, seuls quelques regards d’inquiète réprobation se tournèrent vers lui.

« Loki, exilé du royaume des Ases, traître à ton rang, semeur de troubles, lie les fauteurs de la haine qu’en ce jour ils réprouvent »

L’inquisiteur brandit son arme avec suffisamment de lenteur pour laisser s’amplifier une vague d’effroi hurlante et des cris d’alerte, mais trop rapidement pour que nul ne surmonte le choc, abaisse cette arme, neutralise ce fou.

« Loki, fils de Farfaute et de Laufeia, laisse éclater ta colère dans un tonner de mort »

Le prêtre fut exécuté.
Vent de panique. La foule transie d’effroi. Nulle issue.
David Geisler à son tour se leva, les yeux sans âme, et vengea le prêtre. A côté d’un homologue lui-même prêt à tuer un confrère d’un coup de poignard entre les pupilles, un troisième inquisiteur menaça David. Celui-ci fut stoppé par Sébastien Garin qui se jeta sur lui, évitant de justesse le plomb d’un énième tireur fou. Hommes et femmes se ruèrent vers la porte principale, verrouillée par les inquisiteurs qui craignaient une attaque des sorcières et ne voulaient les laisser fuir en cas de combat au corps à corps. Un inquisiteur brisa la mâchoire de son acolyte d’un coup de chandelier. La foule ne savait plus où aller, ils étaient partout prêts à toutes les violences. Que des morts. Un. Puis deux. Puis quatre. Des inquisiteurs fratricides. Partout. Un massacre. Une vierge sans peine. Des saints sans cœur.

Derniers îlots de raison : les sorcières du Lys Noir éparpillées dans la nef, au milieu des jets de sang et des éclats de plomb, scandaient sans plus nul besoin de silence la formule de discorde, amplifiant de phrase en phrase l’horreur humide et tiède qui submergeait l’Église de Zetting, inondée, de cris, de larmes, de peur. Les consignes du Meneur avaient été claires : sans pitié, pas de quartier. Il ne s’agissait pas d’une joute d’essai, c’était une bataille à gagner d’une guerre ouverte, déjà légendaire, déjà noire de sang.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/t1192-noaz
Elena Mirova
Aguerri(e)
Aguerri(e)
Elena Mirova


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeDim 25 Déc 2011 - 14:11

Le soir de Noël. Une joyeuse fête qui prenait les habitants de la ville dans un joyeux tourbillon d’allégresse et de chaleur. Malgré la température glaciale et le vent sec qui tourbillonnait dans les plaines et la fôret de Forbach, tout le monde avait prit de quoi se présenter à l'Eglise de Zetting quelques temps plus tard. Loin de l'agitation de la ville se trouvait la maisonnée Mirova. Elena avait interdit à ses gens de sortir ce soir là, elle ne voulait pas qu'ils prennent froid. Une servante l'implora de se saisir d'un nouveau manteau plus épais.

-"N'attrapez pas la Mort Ma Dame."
-"Merci Felicia. Restez bien ici. Je ne voudrais pas que vous preniez froid. Installez vous près du feu et priez le Seigneur. Il entendra vos paroles, j'en suis sûre."


Après un sourire bienveillant, elle quitta son Manoir accompagné de Luc. Vincent aussi était convié et il aurait aimé venir mais sa sœur avait usé d'une ruse pour qu'il soit malade. Rien de grave, mais elle avait en sa tête les paroles de son Meneur. Ce soir, ce n'était pas un soir de fête et le sourire qu'elle revêtait était aussi éphémère que faux. Elle avait embrassé son frère sur le front et l'avait longuement regardé avant de lui souhaité une bonne nuit. C'était une raison de plus pour que ces gens ne sortent pas prier. Elle rajusta son châle et s’emmitoufla dans son long manteau de fourrure sombre. Elle jeta un dernier regard à son Manoir et souffla quelques mots à Luc.

"Allons-y."

Toute cause mérite sacrifice. Dans la Bible, le sacrifice était une coutume pour prouver son allégeance. Il suffisait de savoir ce que le pauvre Abraham avait bien voulu faire pour son Dieu. Près à sacrifier son fils pour prouver sa foie. Difficile de faire plus explicite. Lorsque Noâz avait parlé de cette cérémonie noire, la jeune femme avait vu au départ une vengeance pure et dure. Mais avaient-ils le choix? Elle jurait honneur et droiture auprès de cet homme, alors comment ne pas aller en son sens. Les inquisiteurs avaient commis assez de dégâts. Elle espérait juste qu'Aphrodite ne se mêlerait pas à la fête. Mais qu'avait-elle pour l'en empêcher. Elle pria pour elle avant d'arriver à l'Eglise dans sa calèche, accompagnée de son apprenti. Luc la regarda un dernier instant avant qu'ils entrent dans l'Eglise.

Tous deux savaient pertinemment ce qui les attendaient. Rajustant ses gants avant de pénétrés dans le lieu saint, la jeune femme pinça les lèvres et pénétra dans l'enceinte des pierres gelées. Le port haut, elle avança avec dignité entre les bancs et rejoint une des places à l'avant de la nef. Devant l'autel. Noâz était présent. David Geisler aussi. Elle ne lui adressa aucun regard, pour ne pas se trahir. Il paierait ce soir l'affront qu'il lui avait fait subir. La sorcière s'installa et pria encore une fois pour Béatrice.

*Seigneur, toi qui fut un guide pour cette femme, protège là. C'est la dernière chose que je puis te demander avant ce que je vais m’apprêter à commettre. La haine n'est pas dans tes désirs et je comprendrais que tu m'abandonnes. Veille sur mon frère et Aphrodite. Veille sur Luc, lui qui refusa de participer à notre attaque.*

Elle allait rompre sa fidélité envers Dieu ce soir si crucial. La naissance de Christ allait être la mort des inquisiteurs. Ils n'étaient restés que trop longtemps dans ces terres et la présence d'Anaël compliquait les choses. Il fallait agir donc très vite et abattre ces cartes les unes à la suite des autres. Alors, quand Emmanuel fut évoqué une dernière fois, la détonation de l'arme à feu d'un inquisiteur tua sans crier gare le prêtre. Les murmures silencieux des sorciers du Lys se faisaient plus intense, noyés dans le brouhaha général et le chaos qui s'installait.

"Loki, souffle hurleur, vent écumant, inspire leurs cœurs de ta rage, de ta fureur.
Loki, exilé du royaume des Ases, traître à ton rang, semeur de troubles, lie les fauteurs de la haine qu’en ce jour ils réprouvent .
Loki, fils de Farfaute et de Laufeia, laisse éclater ta colère dans un tonner de mort."

Plus la violence s'abattait sur l'Eglise plus les paroles des formules augmentaient. Elle continuait de réciter ces paroles avec ferveur, les yeux emprunt d'une lueur sur naturelle. Ils visaient les inquisiteurs et uniquement eux, mais quelques balles perdues risquaient de toucher ceux qui courraient en tout sens. Récitant toujours plus haut et plus fort, cela formait une sorte de chant funéraire noyé dans la panique. Et Loki œuvrait sans peine, distillant l'incompréhension des hommes et femmes. Personne n'était naïf au point de se demander ce qu'était cette vague de violence. Des gens hurlaient déjà aux sorciers. Mais qui les entendraient? Qui allaient les contrés? Le petit paysan qui gémissait dans un coin de l'Eglise. Ceux qui frappaient à la porte pour tenter de l'ouvrir? Ceux qui hurlaient de peur à la vie du sang. Ils ne valaient pas beaucoup mieux que ces inquisiteurs. Ils ne comprenaient donc pas que l'ennemi ce n'était pas ceux qui était marqué de la croyance envers Olrun. Ils étaient trop peu conscient de la vérité qu'ils accusaient le premier qu'ils voyaient. Pour paraître plus naturelle, Elena c'était redressée et c'était décalée de sa place et avait suivit un peu la foule. Elle continuait de réciter les incantations avec ferveur serrant les poings sous son long manteau.


Dernière édition par Elena Mirova le Mar 3 Jan 2012 - 18:42, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/t1105-elena-mirova
Danielle Byche
Initié(e)
Initié(e)
Danielle Byche


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeDim 25 Déc 2011 - 17:23

C’était la coutume. Tels les bons chrétiens qu’ils étaient, les époux Byche, amenaient leurs filles à la veillée de noël. Chaque année leur mère sortait une grande malle de sous le lit parental et en extrayait les robes les mieux faites. Car après l’époux c’était Dieu le premier pour qui une femme devait s’apprêter. Jeanne était la plus impatiente de toute et pressait la maisonnée, depuis la fin du soupée, pour que tout soit prêt. Elle n’avait qu’une idée en tête rejoindre son amoureux, dans sa jolie robe, avant la messe. Elle pestait contre sa petite sœur qui ne songeait qu’à jouer avec les rubans et bloquait le couloir en amusant les chats.

Danielle était dans l’étable où elle passait le plus clair de son temps pendant l’hiver. Elle appréciait, la lumière ténue et le calme des bêtes, qui était plus supportable. L’allégresse familiale lui parvenait de façon lointaine. Depuis qu’elle avait vu le grimoire de l’italien, elle était enfermée dans une humeur un peu sombre. La conviction, qu’il n’existait pas de remède contre Amaël, s’insinuait sournoisement au fond de son cœur. Elle se sentait piégée.

A force de cajolerie Henriette avait réussi à l’attirer dans la chambre. Elle s’était occupée d’elle, comme si Danie, avait été sa poupée géante. Sous la terre et la neige, s’était progressivement dessiné le joli visage, d’une jeune bergère de tous justes dix-sept ans. Il lui faudrait attendre encore au moins toute une année avant d’espérer devenir une confirmée ! Ce qui ressemblait à une éternité. Son reflet était plaisant, car dés qu’elle faisait un peu attention à sa tenue, elle devenait une vraie jeune fille. En voyant les yeux verts de sa petite sœur se teinter d’admiration son cœur avait fondu et la légèreté était revenue.

Ruth était déjà assise sur l’un des derniers bancs avec son époux. Ils avaient même gardé une place pour les parents. Il n’y avait plus, que les quatre Byche les plus jeunes, qui se retrouvaient à genoux à même les dalles de l’église. Les quatre sœurs formaient une ligne silencieuse. Leurs cheveux de la couleur du miel et leur robe simple mais propre les identifiaient immédiatement. Danielle était la plus proche de l’allée. De là elle pouvait épier le côté droit de la salle. Son regard était irrémédiablement attiré vers les premiers bancs, où elle espérait apercevoir Narcissa. Déchue où non son amie restait l’une des plus belles nobles de la ville !

… et tu lui donneras le nom de Jésus.

Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut …


Elle reconnaissait rapidement le dos de David et celui d’autres jeunes de Forbach. Tout le village était là ce soir. Danie se sentait mal à l’aise. Elle éprouvait un sentiment d’insécurité. Le Lys n’avait pas encore exercé sa puissance. Un rassemblement comme celui-ci pouvait être une occasion en or. La jeune fille tapotait l’épaule de la benjamine pour lui dire de se tenir et d’écouter le sermon du prêtre…



Mais soudain la Nef toute entière s’était arrêtée de respirer. Les quatre paysannes avaient sursauté à l’unisson. Danielle avait immédiatement prit la main de sa plus jeune sœur dans la sienne. Elle avait levé les yeux, juste à temps, pour voir l’Inquisiteur tomber de tout son long.

Citation :
… Un cri suraigu retentit dans l’Eglise et dès lors, ce fut le chaos. …

Les inquisiteurs étaient pris de folie. Danielle avait bondit sur ses pieds et attrapé la main d’une autre de ses sœurs. Son instinct lui hurlait que la magie était à l’œuvre. Ses yeux verts cherchaient la présence d’Olrun autour d’elle. Seule une prêtresse avait assez de connaissance pour dire de quoi il était question. Pour manipuler autant de personne il fallait un charme très puissant et beaucoup, beaucoup de sorciers ! Où était Inès ? Elle saurait quoi faire.

L'odeur du sang remuait ses tripes. Les cris de peur lui vrillait les tympans. C'était pire qu'un cauchemar.

Dans la panique générale Cécile, l’une des plus âgées se tournait dans leur direction pour les rejoindre. Une balle frôlait son épaule. Ce fut à ce moment que le sang de Danielle se glaçait pour de bon. Elle venait de voir le regard envouté de l’attaquant. Le Lys transformait la messe en sabbat. A partir de ce moment tout fut clair dans l’esprit de la jeune fille. Elles devaient contre-attaquer ! L’adrénaline coulait dans ses veines. Ses lèvres articulaient les premières paroles protectrices qui lui venaient en tête.

Que Olrun leur vienne en aide.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/t1167-danielle-byche
Raphael D'Escaut
Aguerri(e)
Aguerri(e)
Raphael D'Escaut


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeLun 2 Jan 2012 - 22:31

Raphaël attendait calmement ses parents qui finissaient de se préparer dans une bonne humeur tout à fait étrangère à maisonée des D'Escaut. Mais c'était Noël, et ce mot semblait pouvoir tout expliquer. C'était comme un argument implacable et d'une logique évidente quee les gens abattaient à tout va. Pouquoi cette allégresse soudaine ? C'est Noël, vous répondait-on. Pourquoi ce joli sourire tout à coup ? C'est Noël, était la réponse la plus probable. Tous les actes et comportements des gens semblaient s'expliquer par ce jour Saint, de la naissance du Christ.
Non qu'il n'y était pas sensible, mais Raphaël n'avait jamais vraiment compris cet engouement pour les fêtes de Noël. Oui, les décorations du villages rendaient plus joyeuse la ville de Forbach, oui les femmes revêtaient leurs plus beaux atouts, oui tout le monde semblait de bonne humeur. Enfin...
Ces parents furent enfin prêt et commencèrent à descendre. Bien qu'il détesta son père, il ne pouvait pas descemment le tuer. Or Noâz avait été clair, tous les Inquisiteurs devaient être présents. Le conflit d'interêt était immense, et bien qu'il n'ait nulle affection pour son père, Raphaël en avait pour sa mère. Et son géniteur mort, équivaudrait à une tristesse et une douleur sans nom pour Lucie. Il soupira discrètement, se tourna vers ses parents et fit son choix. Il murmura un léger sort d'endormissement qui fit briller ses yeux de glace et les porta au lit. Puis après une dernière caresse à son chien loup, il sortit et prit le carosse seul en direction de l'église.

Il descendit devant le majestueux batiment, qui se dressait dans toute sa splendeur de pierre blanches, qui se détachaient sur le ciel nocturne, piqueté d'étoile. Le froid lui mordit la peau mais Raphaël esquissa un sourire et se accompagna le flot de nobles qui rentraient dans l'église. Il s'assit à un banc, saluant des connaissances. Mais son attention était déjà fixée sur les Inquisiteurs présents, et sur le discours que le prêtre commença à réciter.
A la troisième énonciation d'Emmanuel, le temps sembla se suspendre un instant. Dans ces moments où vous avez l'impression que tout se passe au ralenti. Le coup de feu, la fleur pourpre s'épanouissant lentement sur le torse du prêtre, sa chute, l'Inquisiteur tombant...

Puis le temps reprend son cours normal alors que la foule se met à crier, en panique. Mais Raphaël n'écoute déjà plus, murmurant depuis un moment déjà, le sortilège qu'il se devait de lancer en même temps que tous ses confrères et consoeurs :


-Loki, souffle hurleur, vent écumant, inspire leurs cœurs de ta rage, de ta fureur.
Loki, exilé du royaume des Ases, traître à ton rang, semeur de troubles, lie les fauteurs de la haine qu’en ce jour ils réprouvent .
Loki, fils de Farfaute et de Laufeia, laisse éclater ta colère dans un tonner de mort.


Sans cesser de scander ses paroles, il se leva et suivit le mouvement de foule afin de garder une certaine discrétion. Personne ne s'étonnerait de son calme, car son sang froid et son impassibilité était connue. Cela lui était bien utile dans des moments comme celui ci...
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/t1362-raphael-d-escaut-finie
Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeVen 20 Jan 2012 - 3:16

Noël était la seule fête Chrétienne que Viviane appréciait, non pas pour ce qu’elle représentait, mais pour l’esprit qui régnait en ville à cette période de l’année. Emplis d’espoir à nouveau, les gens étaient plus aimables, plus souriant, comme si fêter la naissance de celui qu’ils appelaient leur Sauveur leur apportait un quelconque soulagement. Si ces croyances échappaient totalement à Viviane, elle n’était pas contre le peu de répit qu’elles lui procuraient.

Ce réveillon se passait pour le mieux, même s’il avait lieu à la Collégiale. C’était sous les instances de sa sœur que Viviane avait accepté de s’y rendre, non sans une certaine réticence. Malgré la présence de sa sœur, ce n’était pas un endroit où elle se sentait à l’aise et à sa place. Narcissa et Cassandra s’étaient attachées à ce qu’elle passe tout de même une bonne soirée, et c’était exactement ce qui était en train de se passer. Elle avait fait la connaissance de la jeune Sœur Agathe, qui semblait pétrie de bonnes intentions et de douceur, bien différente de la plupart des autres Inquisiteurs. La soirée s’écoulait, tranquillement, le vin coulait à flot dans les verres, mais ce soir, c’était autorisé. Viviane, quant à elle, se contenta de boire de l’eau, depuis l’été dernier, elle détestait perdre le contrôle d’elle-même et refusait la moindre goutte d’alcool.

Lorsqu’il fut l’heure, tous ensembles, ils se dirigèrent vers l’Église pour la Messe de Minuit. C’était une tradition à laquelle Viviane ne pouvait guère transiger. Toute personne ne venant pas à la messe, dans cette ville, était suspecte aux yeux de l’Inquisition. Or, pour le moment, il valait mieux éviter d’attirer l’attention. C’est donc avec le plus grand naturel qu’elle s’installa aux côtés de sa sœur pendant que Narcissa choisissait une place un peu plus loin. Les chants ne tardèrent guère à retentir, clameur d’un peuple en mal d’amour. Les voix, à l’unisson pour une fois, transcendaient les différences comme si la paix, l’espace de quelques heures, serait retrouvée.

Mais cela, c’était sans compter les rivalités entre clan qui déchiraient Forbach depuis des dizaines d’années. Lorsque le coup de feu retentit, Viviane, comme les autres, ne comprit pas tout de suite ce qui venait de se produire. Le temps s’était arrêté sur l’instant de la détonation, et un silence glacial s’installa pendant quelques secondes sur l’assistance. Puis tous la virent, la tache de sang, grandir, s’épanouir, telle une tâche d’huile, poisseuse, sur la soutane du prêtre qui officiait. Des murmures d’effrois parcoururent la foule, l’Inquisiteur responsable du coup fatal était toujours debout, comme possédé. Puis, ce fut l’hystérie, les Inquisiteurs restant se relevèrent de leur chaise et se mirent à s’entretuer. Tentant de s’échapper par tous les moyens de cet enfer, les gens courraient dans tous les sens, se bousculant et s’écrasant les uns les autres.

Au milieu de tous ce chaos, Viviane resta étrangement calme, comme si rien de ce qui se passait sous ses yeux ne pouvait l’atteindre. Mais ce n’était qu’une trompeuse apparente, au fond d’elle, la Prêtresse bouillait. Il ne lui avait pas fallu plus de quelques secondes pour comprendre que le Lys était responsable de tout cela. Et bien qu’une part d’elle approuva la tentative de neutraliser les Inquisiteurs, les moyens utilisés la faisaient trembler de rage. Puis, elle sentit Cassandra bouger et à ses côtés. Comprenant ce qui allait se passer, elle apostropha les deux sorcières d’Olrun les plus proches et leur intima de suivre ses instructions. La Prêtresse ne prit même pas le temps de regarder de qui il s’agissait, tout ce qu’il importait pour le moment, c’était de sauver Cassandra.

« Oh, déesse Olrun, protège les innocents ! Que ta bonté protège les merveilles de ce monde ! Empêche le sang de se répandre en ce lieu sacré. Ne les laisse pas souiller ton monde avec leurs formules impures ! Protège Cassandra, je t’en conjure ! Protège ma sœur qui fut tienne un jour ! »

Récitant les formules encore et encore, Viviane se refusait à lâcher une once de terrain sur le sort du Lys qui luttait contre le leurs, elles n’étaient pas trop de trois pour une telle bataille. Alors même qu’elle était une Prêtresse, Viviane sentait ses forces s’amenuiser rapidement. Plus rien ne pouvait capter son attention à part le sortilège. L’effort qu’il demandait était tellement violent qu’elle se mit à saigner du nez, mais elle n’en n’avait cure. Tant que cette tuerie ne serait pas terminée, elle ne laisserait pas Cassandra libre de ses mouvements.

Puis, brusquement, toutes ses forces la quittèrent, et elle s’écroula sur le sol, au bord de l’évanouissement. *Pitié*, songea-t-elle, *ne m’enlevez pas Cassandra encore une fois !* Et dans un demi-brouillard, elle vit sa sœur s’avancer vers un autre Inquisiteur : Sébastien Garin. *Non, non, non...* Si Cassandra était encore en vie au moment où elle ferma les yeux, qu’en serait-il au moment où elle les ouvrirait ?
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/fiches-personnages-f3/viviane-va
Sœur Agathe
Religieuse
Religieuse
Sœur Agathe


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeDim 22 Jan 2012 - 18:13

Un fin manteau blanc s’était répandu sur Forbach dès les premiers jours de l’hiver. La neige avait une saveur d’enfance et de foyer douillet pour Sœur Agathe, qui appréciait particulièrement cette période, aussi en raison de la fête de Noël. Ce jour-là était véritablement spécial pour elle, et ce, depuis toute petite. Tous les jours, elle ressentait la présence de Dieu dans chacun des moments qu’elle vivait. Mais ce sentiment était accru en un jour comme celui-ci où on fêtait la naissance du Sauveur, elle se sentait alors parfaitement en phase avec le Seigneur et remplie de paix. Ce qui la rendait d'autant plus heureuse, c'était que la sérénité des fêtes s'étendait à tous, comme si une trêve muette et implicite était mise en place.

Depuis son arrivée à Forbach, Sœur Agathe avait eu beaucoup à faire, entre accueillir les âmes égarées à l’Église, et poursuivre les enquêtes contre les différents habitants soupçonnés de sorcellerie, elle n’avait que peu de temps pour elle, mais cela lui convenait parfaitement. Toutefois, elle avait trouvé l’occasion d’aller revoir ses parents et le reste de sa famille l’une ou l’autre fois, ce qui lui avait fait beaucoup de bien. Voir comment tout ce beau petit monde avait évolué était une source de plaisir pour elle. Le jour de Noël, elle avait eu la permission de passer le repas de midi avec eux, sans qu’elle ne l’ait pour autant demandé, mais elle n’avait pas osé refuser ce privilège. Le temps passé auprès des siens, et elle avait dû rejoindre la Collégiale plus tard dans l’après-midi pour participer aux festivités des Inquisiteurs.

L’ambiance au sein des Inquisiteurs était moins bon enfant que chez elle. Trop frais dans les mémoires était le souvenir du cafouillage concernant le grimoire de Lorenzo. Se l’être fait voler dans la Sacristie au vu et su de tous avait été une leçon particulièrement humiliante. Mais la jeune sœur n’était pas du genre à se laisser abattre pour si peu. Si elle admettait leur échec dans cette mission, elle ne se morfondait pas dessus et préférait aller de l’avant. Mais ce soir, personne n’était là pour ça, tous voulaient faire la fête, et le vin coulait librement dans les gosiers. Sœur Agathe elle-même s’était laissée tenter par un verre. Le goût était légèrement amer et un peu trop fort pour elle, mais elle n’en n’apprécia pas moins la saveur fruitée.

Au cours de la soirée, elle eut l’occasion de discuter avec nombre de personnes, des visages de son enfance pour certains, totalement inconnus pour d’autres. C’est ainsi qu’elle parla quelques minutes avec une certaine Viviane Valdemar, sœur de Cassandra de Saint-Loup, avec qui elle discuta également. L’occasion lui fut offerte d’échanger quelques mots avec le jeune David Geisler qu’elle sut apprécier à sa juste valeur malgré ses récents écarts de conduite.

Enfin vint l’heure d’aller à la Messe de Minuit qui, comme d’habitude, serait sans doute l’une des plus belles de l’année. Le prêtre qui allait officier avait été choisi avec soin, et les chants répétés par les choristes pour que tout soit parfait. La Messe de Noël serait intense, comme chaque fois, mais ce que Sœur Agathe ignorait encore pour quelques instants, c’était qu’elle serait bien trop intense. Lorsque le premier coup de feu retentit, elle ne comprit pas ce qu’il venait de se passer. D’où venait ce bruit, qu’était-il ? Assise au premier rang avec d’autres Inquisiteurs, elle n’avait pas entendu l’homme se lever. Quand le prêtre s’effondra sur l’estrade devant l’Assemblée, l’horreur de ce qui venait de se produire la frappa de plein fouet. Qui pouvait avoir fait une chose pareille en pleine messe de Noël ? Qui osait fouler aux pieds la paix sacrée de la nuit sainte ? Le choc était trop fort, trop incompréhensible.

Alors même que l’hystérie et la panique gagnait peu à peu tous les convives, la jeune fille se sentit étrangement calme. Tout était parfaitement clair pour elle maintenant, il suffisait qu’elle se laisse aller. Non loin d’elle, elle repéra Cassandra de Saint-Loup, celle qu’il fallait abattre. Comme guidée par une force invisible, elle fit un premier pas, puis un autre, et encore un autre. Sans trop savoir comment elle allait s’y prendre, la jeune Inquisitrice savait qu’il ne fallait pas que son aînée sorte de l’église vivante. Plus que cinq pas... Quatre... Et là, brusquement, elle s’arrêta net. Un « Oh » de surprise se figea sur ses lèvres et une douleur fulgurante lui traversa les entrailles. Un autre Inquisiteur qu’elle se souvenait d’avoir vu à la réception venait de la poignarder. Elle posa un genou à terre, trop abasourdie pour ébaucher un geste de défense. Le sang maculait sa robe à une vitesse alarmante et Sœur Agathe était totalement désemparée. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et songer à appuyer de toutes ses forces sur sa blessure pour qu’elle ne saigne pas trop.

Mon Dieu... Qu’était-il en train de se produire dans cette église ? Quelle folie les gouvernait tous ?
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/t1234-sour-agathe
Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeMer 1 Fév 2012 - 16:10

Passer Noël à la Collégiale… avait été une épreuve devant laquelle Cassandra avait été sur le point de reculer. Après l’épisode du procès, il n’était guère évident de jeter les bases d’une nouvelle relation, ils l’avaient tous trois – Sarah, David et elle – appris dans les jours suivants. Et puis, Cassandra n’avait pas vraiment besoin de passer la plus belle fête de l’année entourée d’Inquisiteurs de l’âge de David. Et surtout, elle ne voulait pas que Narcissa passe un mauvais réveillon. Aussi avait-elle au début décidé de passer les fêtes à l’Hôtel avec Viviane et sa fille, juste comme ça, à trois.

Et puis, quelque chose de totalement inattendu était arrivé. Sarah Geisler, au détour d’une conversation portant sur l’âge et le sexe des effectifs de l’Inquisition, lui avait presque timidement demandé :

- Et… tu passes bien le réveillon avec nous tous, à la Collégiale ?

Cassandra avait été tellement surprise qu’elle avait dit oui sans réfléchir. Elle s’en était mordu les doigts pendant les trois nuits suivantes. Puis, elle s’était résolue à convaincre Viviane – pas évident non plus, vu la réticence naturelle de cette dernière pour tout ce qui était lié à l’Inquisition – et surtout à convaincre Narcissa – qui promit que tout irait bien tant qu’elle ne devait pas s’adresser à David.

Le grand jour était arrivé, et tout s’était bien passé. Au début extrêmement tendue à l’idée qu’un prêtre ou qu’un exorciste invité en dernière minute ne démasque sa sœur et sa fille, Cassandra s’était peu à peu détendue et en était venue à savourer le vin servi à la Collégiale. Ils avaient fait bonne chère, discuté sans éclats, même un peu ri. Et même si elle trouvait le sourire de Narcissa un peu forcé, ses yeux ne reflétaient pas le malheur indicible qu’elle y avait lu pendant les dernières semaines.

Et puis, il avait fallu se rendre à la traditionnelle messe de minuit. Il y avait foule, comme toujours. En s’installant aux côtés de Viviane, Cassandra songea avec sérénité qu’elle avait bien fait d’accepter la main tendue de Sarah Geisler. Le soir de Noël, ils pouvaient bien mettre leurs différends de côté. Même David l’avait compris. La messe débuta, et Cassandra en profita pour rendre grâce pour l’année écoulée. Après le véritable enfer de leur été, le calme du blanc immaculé qui couvrait Forbach était bienvenu. Cassandra était lasse de jouer au plus fort. Elle avait tenu à Rodez, parce qu’il le fallait, mais elle se faisait vieille. À Forbach, elle était chez elle. Sur les terres d’où elle était issue, là où elle voulait mourir.

Mourir… Ses pensées en étaient à ce point précis quand le prêtre qui officiait s’écroula. Cassandra ne jeta même pas un œil sur le côté. Restant tout à fait calme, elle approuva de la tête et se leva à son tour. Voyons… qui méritait de mourir en premier parmi les Inquisiteurs ? Le petit Geisler, c’était évident… Avec quoi pouvait-elle l’atteindre, depuis qu’elle n’avait pas d’arme ou de…

Soudainement, elle sentit, du plus profond d’elle-même, une voix lui hurler qu’elle devait se reprendre, et surtout pas se laisser ensorceler une fois encore. Ensorcellement… ensorcellement… ensorcellement ! Oh Seigneur ! Que lui arrivait-il ? Comment pouvait-elle ? Comment était-il seulement possible qu’elle pense à blesser son propre clan ? Qui osait ? Terrifiée d’avoir retrouvé ses facultés mentales sans avoir retrouvé ses facultés physiques, Cassandra vit ses pieds continuer d’avancer. Puis trembler… puis se suspendre. Et autour d’elle, elle ressentait la même saveur douce-amère de son passé où elle chantonnait mystère tendre… Olrun. Nul besoin d’être sorcière pour voir la main de Viviane derrière tout cela. Mais, avec la même vivacité avec laquelle elle avait senti l’emprise s’adoucir, elle la sentit revenir. Terrorisée à l’idée que les pouvoirs surnaturels de sa sœur ne suffisent pas, elle tomba à genoux, en profonde prière.

La prière avait toujours été son refuge. Et Cassandra continuait de s’y dévouer plusieurs fois par jour. Alors, tandis qu’elle récitait avec toute la force de son âme un « Ave Maria » latin, elle réalisa qu’elle parvenait à ignorer l’impulsion puissante qui la poussait contre les siens. Elle pressentit que pour évincer totalement le sortilège, il aurait fallu qu’elle tombe en méditation profonde, mais elle ne pouvait pas se le permettre. Espérant que le mouvement n’affaiblirait pas sa prière, Cassandra se releva péniblement, attrapa sa canne et claudiqua vers Sarah Geisler, sans cesser ses litanies. Il fallait qu’elle lui dise, qu’elle lui explique… Mais comment ferait-elle pour parler au Second et prier en même temps ?

La Veuve choisit de miser sur son manque de moyens offensifs. Après tout, les coups d’une vieille femme n’étaient pas mortels. Et elle pouvait bien se laisser prendre par le sortilège, si c’était pour que tous les Inquisiteurs puissent se défendre…
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/fiches-personnages-f3/mere-matte
Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
Conseiller de la Suprema
Sébastien Garin


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeVen 3 Fév 2012 - 19:23

Sarah était percluse dans une insupportable douleur. Le stigmate rendait toute cette cacophonie insupportable. Elle ne se sentait pas mourir, bien au contraire, et pourtant elle aurait souhaité ne plus exister. Elle fixait Marie portant son enfant, un regard de peur, un regard de désespoir. Elle se trouvait minuscule, elle la trouvait cruelle. Mais à mieux l'implorer, Sarah sentit quelque chose changer dans ce regard. Dans le tumulte, Sarah reconnut une voix et des mots amplifiés grâce à sa malédiction. C'était Cassandra récitant un Ave Maria. Et soudain elle ne se sentit plus minuscule mais elle sentit Marie immense. Et elle comprit que si Marie portait sur la scène un regard cruel, ce n'était pas contre ses serviteurs mais contre l'esprit malin qui les jugulait. Sarah sentit en elle une énergie sans nom, une force transmise d'une statue à une femme, d'un archétype à une novice, de la Mère à une mère. Elle se retourna vers la scène de carnage, dans l'alignement parfait de la vierge, au choeur, de manière à ce que sa voix, plus forte et autoritaire qu'elle ne le fut jamais, emplisse toute la nef et saisisse l'attention de la foule encore consciente.

« Auguste reine du ciel !!! »

Plusieurs visages se tournèrent vers Sarah. La prière était connue en Lorraine. Mais jamais personne n'aurait pensé l'utiliser.

« Souveraine des anges », continuèrent-ils tous en choeur, faisant émerger d'autres faces hors de la peur.

Il s'agissait d'une oraison qu'on apprenait aux jeunes enfants pour qu'ils la récitent lorsqu'ils se retrouvaient seuls dans l'obscurité de leur chambre de façon à vaincre leurs peurs tout en ancrant toujours un peu plus la valeur de la religion dans leurs esprits. La plupart des hommes et des femmes ici présents n'avaient plus employé cette formule que pour calmer leurs enfants. Car les forces du mal se cachaient si bien derrière les masques des hommes que plus nul n'avait peur qu'en présence de ses semblables et qu'un couteau était alors plus convainquant qu'une prière. Les convictions forbachoises n'étaient en cet instant pas vraiment ébranlées : le mal venait des hommes. Mais à pareille échelle, il fallait rentrer les couteaux et unir les voix.


« A toi qui as reçu de Dieu le pouvoir et la mission d'écraser la tête de Satan », dirent-ils tous d'une voix la plus claire possible.

Des yeux de la vierge emperlèrent des gouttes de sang noires.


« Nous te demandons humblement de nous envoyer les légions célestes ! », incantèrent-ils tous de plus en plus nombreux d'une voix forte.

L'air devint lourd, saturé d'un bourdon mystique. Tout se mit à répondre à l'écho des voix, un frémissement.


« Qu'elles poursuivent les démons, les combattent partout !! », poursuivirent-ils au bord du cri de guerre, couvrant les hurlements et le chaos.

Les bancs de l'église tremblèrent. Les cierges s'enflammèrent tout entier. Tout se mit vibrer et des statues des saints on put entendre la réponse catarrheuse aux prières suppliantes.


« Répriment leur audace !!! », clamèrent-ils.

Dans un crissement infernal les dalles du sol et les pierres des murs se fendirent, la porte elle même se fractura, les vitraux éclatèrent. Les yeux des saints se mirent à leur tour à pleurer des larmes de sang.


« Et les repoussent dans l'abîme !!! »

Au paroxysme du chant qui ralliait Ciel et Terre, derrière Sarah, derrière la Vierge, les yeux du grand christ de bronze sur sa croix de bois rougirent, incandescents. La lueur s'éclaircit en s'étendant progressivement, veinant le crucifix de ramures rougeoyantes.

« AMEN !!! »


Un miracle. En l'espace d'une parole, tout se tut dans une déflagration de lumière. Du Christ explosa une nitescence aveuglante qui souffla hors de l'église de Zetting l'esprit malin et libéra les inquisiteurs de leur envoûtement. La lumière mit quelques instants à se dissoudre dans l'air. Mais Sarah fut la première à pouvoir rouvrir les yeux. Il fallait qu'elle la repère. Vite ! Tout était évident à présent ! La lettre du Lys Noir disait donc vrai ! La tribu d'Olrun avait utilisé le Grimoire de Lorenzo ce soir, avait attaqué les légions inquisitrices, avait rompu le pacte de non agression passé entre elle et Europe. Il fallait qu'elle la trouve. LA !!!

« EUROPE ELEANORA-SUN !!! », hurla-t-elle en la pointant du doigt.

Tous les regards encore hagards se tournèrent vers elle.

« Je vous arrête pour pratiques hérétiques, comme Grande Prêtresse de la tribu d'Olrun, et instigatrice de cette diablerie criminelle ! »

Elle avait joué un jeu dangereux. Mais elle avait mal calculé les risques qu'elle prenait à attaquer l'Inquisition dans sa propre demeure et en présence de tous les coeurs chrétiens qu'elle protégeait. Elle venait de perdre. Il en était fini d'elle.

[Prochain post = Europe]

(Compte tenu de l'absence du joueur de Sébastien Garin et avec son accord, ce post a été rédigé par le staff de TWS)
Revenir en haut Aller en bas
Europe
Fugitive
Fugitive
Europe


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeDim 5 Fév 2012 - 1:28

Comme de coutume, Europe tout au long de la soirée n’avait pas partagé le sentiment de liesse générale. Elle voyait au contraire les festivités de Noël et la Messe de Minuit comme des événements qui allaient lui faire prendre du retard sur son emploi du temps, puisqu’en la forçant à apparaître en public, elle ne pourrait pas consacrer sa journée et sa soirée à se plonger dans l’étude du Livre des Ombres, plus passionnant à chaque relecture, et celle du Livre des Anges, le grimoire de Lorenzo Maestriani récemment acquis par la tribu grâce à l’intervention de Viviane Valdemar et Danielle Byche.

C’est pourquoi la Grande Prêtresse d’Olrun s’endormait un peu pendant la vêpre, sans relâcher toutefois sa vigilance, car elle savait qu’invariablement tout rassemblement collectif à Forbach se terminait en pugilat. La clairière aux muguets… les noces du comte Loewenstein… la réception en l’honneur de l’arrestation de l’Agent du Diable… Ce fut donc sans la moindre surprise qu’Europe vit le prêtre officiant s’écrouler au beau milieu de la messe, perforé d’une balle. Les Inquisiteurs étaient devenus fous. Leurs yeux portant clairement la marque d’un sortilège, ils se mirent à s’abattre mutuellement, à coup de pistolets ou d’épée ou carrément à mains nues pour certains d’entre eux. Europe succomba un moment à la panique ambiante, craignant pour sa vie, avant de s’apercevoir qu’elle n’était pas une cible de même que les autres sorcières, puisque les Inquisiteurs n’avaient pour proies que leurs homologues. Elle les laissa donc s’entretuer avec une pointe de satisfaction… teintée d’amertume tout de même, car invariablement le Lys Noir était derrière tout ça.

Il se produisit alors une chose que nul n’aurait pu prévoir. Les Inquisiteurs progressivement joignirent leurs voix, à l’unisson d’abord sur un Ave Maria entonné par Cassandra de Saint Loup, puis sur une oraison que Sébastien Garin déclamait d’une voix forte, comme habité –mais pas par le sortilège, non, il s’agissait d’une présence d’une toute autre nature… Alors dans des fulgurations lumineuses éblouissantes, les vitraux explosèrent avec fracas, la porte de l’Eglise se brisa en son milieu, les yeux de Marie se mirent à pleurer des gouttes d’un fiel noir… Une kyrielle de phénomènes invraisemblables explosa tout autour des fidèles tandis que l’air se saturait d’une présence incroyablement dense, invisible et impalpable, reconnaissable entre mille…


"EUROPE ELEANORA-SUN !!!"

La concernée sursauta, le calme n’était même pas revenu que déjà Sébastien Garin pointait sur elle un doigt aussi accusateur que la foudre divine… Elle eut une grimace de surprise et de consternation. Quelle sale petite punaise!!!! Elle venait d’être dénoncée publiquement! Sa vie tranquille de noble forbachoise était foutue! Ainsi après avoir fait tant de simagrées mélodramatiques, cette misérable travestie se permettait de pisser sur leur accord?!
Europe se redressa, prête à arracher la tête de Sébastien Garin; mais tout autour les Inquisiteurs obéissaient déjà à l’ordre de leur Second et entamaient un mouvement collectif pour encercler la Grande Prêtresse. Celle-ci les balaya de ses yeux glacials; elle n’avait que quelques secondes pour réagir.


"Mes sœurs!" cria-t-elle d’une voix forte, qui n’eut aucun mal à se faire entendre de tous dans l’Eglise, puisqu’un grand silence angoissé régnait à présent. "Ne bougez pas! Ne faites aucun geste!"

Pour l’instant, seul l’alibi d’Europe était fichu. Si les sorcières d’Olrun restaient immobiles, elles pourraient s’en sortir, les Inquisiteurs ne les identifieraient pas parmi la foule… Pourtant, la Grande Prêtresse ne put retenir un cri d’effroi lorsque, en dépit de ses directives, une dizaine de ses consoeurs se précipitèrent vers elle dans le but de protéger leur dirigeante, quittant leur immobilité et leur anonymat, se dénonçant instantanément aux yeux des soldats inquisitoriaux…

"PAUVRES FOLLES!" hurla Europe. Seule, elle aurait pu s’en sortir sans problèmes. Mais elle ne pouvait protéger sa vie en plus de celles de dix sorcières en même temps! Elle ne pouvait plus rien faire pour ces sottes!

Alors que les Inquisiteurs se ruaient sur elle, la Grande Prêtresse exécuta un mouvement tournoyant de ses mains, récitant une courte formule entre ses dents serrées. Une explosion tentaculaire de fumerolles blanches envahit l’Eglise telle un brouillard âcre, plongeant ses occupants dans une confusion totale. Les volutes cristallines furent si denses qu’elles donnèrent aux personnes présentes l’impression d’être sclérosées. Lorsque la nébulosité de dissipa peu après, tous purent s’apercevoir qu’Europe avait disparu des lieux.

Plusieurs secondes furent nécessaires aux Inquisiteurs pour reprendre leurs esprits; ils s’étaient fait bernés au dernier moment d’une façon qui n’était pas sans rappeler l’arrestation ratée d’Alicia Maestriani.


"Attrapez-les!" cria alors David Geisler en désignant la dizaine de sorcières qui s’étaient portées vainement au secours d’Europe.

Ses homologues s’exécutèrent aussitôt, barrant le chemin de la porte fracturée de l’Eglise par laquelle la Grande Prêtresse avait fui à l’insu de tous. Leur seule possibilité de retraite coupée, les sorcières se replièrent en courant vers la nef, une foule d’Inquisiteurs à leurs trousses. Elles gravirent les escaliers à toute vitesse, cherchant une issue pour fuir dans les entrailles de l’Eglise de Zetting; mais les Inquisiteurs les poursuivaient toujours et bientôt, elles furent acculées dans le clocher, contraintes de choisir entre la mort par les mains des autorités d’un côté, et sauter du haut de la tour de l’autre…

Ce qu’elles firent. Donnant à tous le loisir d’entendre les brefs cris inhumains qui retentirent cette nuit-là, juste avant le bruit des corps disloqués s’écrasant à terre.

Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/Premieres-Lueurs-c5/Le-Recueil-f
Isaline Silberholz
Sage
Sage
Isaline Silberholz


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeDim 5 Fév 2012 - 18:42

Isaline adorait Noël.
Cris de joie et effusion d’amour tendre.
Tous ces enfants auxquels elle faisait de tendres sourires. Il y avait les nourrissons auxquels elle faisait une grimace que son âge rendait si monstrueuse que les bébés traumatisés n’avaient plus qu’à pleurer jusqu’à ce que leurs parents ne les ramènent chez eux pour ne pas perturber la messe. Les bambins innocents, qui lui demandaient si elle allait bientôt mourir. Et elle de leur répondre que oui, elle mourrait bientôt mais que son esprits aigri et vengeur viendrait hanter Forbach et les masures de leurs parents à la recherche de petits enfants à dévorer. Et enfin les naïfs, lui promettant qu’ils avaient été sages et que Saint Nicolas leur amènerait une belle orange et peut-être un jouet ! Mais mes chers enfants… Saint Nicolas n’existe pas…
Cris de haine et larmes de crocodile. Tout était dans la transmutation, l’alchimie de la cruauté.
Isaline adorait Noël.

Plus encore car elle avait toujours une personne de son apanage pour la soutenir dans ses forfaits discrets : sa sœur.


- Regarde Iso, j’en ai fait pleurer trois.
- Tu t’améliores, répondit-elle distraite.
- Qu’est-ce que tu regardes ?
- Tu ne sens pas ?


Isaline trop occupée par ses enfantillages séniles n’avait pas senti les plans vibratoires entrer en révolution. C’était un vrombissement sourd, une fréquence inférieure à la rumeur de la foule qui, sous l’effet du stigmate, était devenue un brouhaha cacophonique. En se concentrant elle le perçut, très fort. Quelques petits malins tentaient de mettre de l’ambiance ce soir… Elle donna un coup de coude à sa sœur pour lui signifier d’un regard d’écouter le jeune homme derrière elles. Elles ne le connaissaient pas, ce n’était pas un sorcier d’Olrun, et à en croire les mots qui sortaient de bouche – mots que le stigmate des vieilles sœurs rendait presque claires – ce n’était pas un inquisiteur. En parfaite synchronie, elles se regardèrent, écarquillèrent les yeux, tournèrent leur tête vers l’inquisiteur qui se levait, faisant immédiatement le lien avec les paroles du jeune sorcier.

Bang ! On pouvait décidément dire tout le mal qu’on voudrait du Lys Noir, ils avaient résolument le don de l’efficacité… Un peu bourrins parfois… Mais souvent spectaculaires. Isaline se souvint de la prêtresse Elena Dymphna, empoisonnée sous ses yeux dans la Clarirèe sacrée. Lorsque vous vendez votre étique à la sournoiserie, peu de choses peuvent encore vous arrêter… Pauvre Elena, avait dit Philiberte, une aguerrie très moche et très bête. Isaline l’avait regardée de travers. Peu importait Elena, déjà ressortissante du passé, importait désormais le choix que ferait Abigael pour la remplacer ! Moi,moi, moi ! Pensait alors Isaline avec allégresse partageant un rictus complice avec Isorine.


- Allez Iso ! On va quand même pas laisser le Lys s’amuser tout seul… Qu’est-ce qu’il dit le gamin ? « Loki, souffle hurleur, vent écumant, inspire leurs cœurs de ta rage, de ta fureur »…

Puis ce fut la panique. Isaline resta assise immobile les yeux ronds et grands. Quelle bande de fous. À gigoter dans tous les sens ils allaient lui faire perdre le fil de son compte des morts. Puis tous se mirent à incanter l’oraison à la Vierge Marie. Crénom de nom !!! Tricheurs ! Rabat-joies ! Ce fut la convulsion mystique. Tout éclata. Isaline se recroquevilla sur elle pour cacher sa tête dans ses bras tant la détonation fut tonitruante amplifiée par la malédiction. Enfin Europe fut dénoncée. Comme tout un chacun Isaline se demanda s’il était de son devoir d’intervenir pour sauver la Grande Prêtresse à qui elle avait prêté serment d’indéfectible soutien. Dieu merci Europe balaya l’interrogation en un ordre stricte et clair. Ouf ! Après tout, avait elle secourue qui que ce soit ce soir de juin 1640 où des dizaines de sorcières d’Olrun furent arrêtées sur le parvis ?

Europe s’en tira en un tour de passepasse mais tel n’en fut pas des greluches qui s’étaient levées dans un immense esprit de sacrifice totalement dénué de bon sens. Isaline n’eut pas véritablement envie de sourire en cet instant. Car au-delà du fait que sur la dizaine de sorcières certaines étaient jeunes et déjà condamnées, la perte effective infligée ce soir à la tribu d’Olrun serait immense. Et de cela il n’y avait rien de risible. Le bruit mat des corps s’écrasant au pied du clocher provoqua un haut-le-cœur qu’Isaline réprima avec une expression haineuse. Le Lys était encore allé trop loin. Elle regrettait d’avoir récité leur formule. Ils savaient décidément comment infecter tout un système en une piqure.
Ils le leur paieraient cher.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/t1401-isaline-silberholz
Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeDim 12 Fév 2012 - 16:43

Lorsque Viviane reprit conscience quelques minutes plus tard, le chaos régnait toujours, mais Cassandra était encore en vie. Debout, en cœur avec Sébastien Garin, elle priait pour le salut de leur âme. Et Viviane sentit la force de la conviction qu’ils déployaient pour contrer le sort du Lys, et aussi étrange que cela put paraître, cela fonctionnait. Peu à peu, les Inquisiteurs qui se joignaient à la prière reprenaient leurs esprits et cessaient leur massacre. Mais combien de corps s’étaient accumulés avant qu’ils ne réagissent ? Combien de blessés, encore ? Combien de morts ? Amaël avait-il seulement conscience qu’il venait de massacrer des innocents ? Quel jeune imbécile ! Mais la partie n’était pas finie, loin de là. Quand ils eurent fini leurs prières et que le calme fut revenu peu à peu, Garin pointa un doigt accusateur sur Europe et devant tout le monde l’accusa d’être une sorcière.

Viviane sentit son sang se figer dans ses veines mais eut suffisamment de présence d’esprit pour le cacher au mieux. Elle suivit à la lettre l’injection d’Europe de ne pas bouger d’un pouce, mais quelques sœurs stupides se précipitèrent à ses côtés ! Europe avait raison, quelles folles elles étaient ! Elles venaient de se condamner à mort ! Jamais la Grande Prêtresse ne pourrait faire quoi que ce soit pour elles. Il ne lui fallut d’ailleurs pas plus de quelques secondes pour lancer un dense brouillard dans l’église et s’échapper. Viviane en conçu un immense soulagement avant de réaliser qu’Europe venait une fois de plus de franchir une limite. Comment pourrait-elle encore assurer la Grande Prêtrise de la Tribu alors que toute l’Inquisition serait à ses trousses ?

David Geisler ordonna rapidement que les sorcières qui s’étaient dénoncée soient arrêtées. Le Lys venait probablement de porter un coup sans précédent à l’Inquisition et à sa Tribu ennemie. Viviane n’était pas pour autant prête à laisser tomber. La guerre était une fois de plus déclarée. Les précautions d’Europe ne les avaient, une fois encore, protégées de rien. Le temps n’était plus à se cacher et à renier ses convictions. La Tribu devait retrouver sa puissance d’antan, et pour cela, le grimoire de Lorenzo leur serait d’une grand aide. Si jamais ils y trouvaient le remède au stigmate, Viviane guérirait les siens, ceux qui importaient à ses yeux, mais ce jeune crétin d’Amaël pourrait croupir dans sa merde, tout comme Geisler à qui elle ne pourrait pardonner d’avoir condamné Europe à l’exil, quand bien même cette situation offrait une opportunité sans précédent pour Viviane.

Pour l’heure, il fallait sortir de cette église. Péniblement, la Prêtresse se releva et ne jeta pas un regard aux Sœurs qui étaient emmenées sans ménagement. Nul besoin d’une autre condamnation ce soir. Elle s’assura que Narcissa allait bien, tout comme Cassandra qui était prête à s’affairer après des blessés. Viviane n’était officiellement pas réputée pour ses bons soins, alors elle n’avait aucune raison de rester pour soigner les blessés.

« Cassandra, je m’en vais. Je ne te serai d’aucune aide ici. Si tu veux, je peux ramener Narcissa avec moi et la mettre à l’abri, à l’hôtel. »

Balayant du regard la scène de désolation qui se déroulait autour d’elle, Viviane vit combien de familles avaient été touchées, combien de veuves éplorées en larmes s’agenouillaient auprès du cadavre de leur mari... Elle aperçut aussi Sœur Agathe se faire soigner pas quelqu’un qui lui était inconnu. Elle vit la froide détermination dans le regard des Inquisiteurs qui en avaient réchappé. Elle vit la peur dans celui de ses Sœurs, mais ne put leur offrir aucun mot de réconfort. Dans un coin, elle repéra même ces vieilles folles d’Isaline et Isorine, qui pour une fois, ne semblaient pas s’amuser du malheur des autres. Peut-être ressentaient-elles la perte immense que la Tribu venait de subir.

Le Lys allait payer pour tout cela, Viviane ferait en sorte qu’ils ne s’en sortent pas indemnes ! Elle se le jura intérieurement.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/fiches-personnages-f3/viviane-va
Narcissa de Saint-Loup
Apprenti(e)
Apprenti(e)
Narcissa de Saint-Loup


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeMar 21 Fév 2012 - 20:24

*Sur mes genoux, tu dors les yeux ouverts. Autour de nous, le néant. Les survivants dansent d’avant en arrière, avec plus ou moins d’ampleur. Les hurlements sont des berceuses, pour les morts dans leurs bras. À côté, une statue de Marie à l’enfant. Au sol, la lumière se brise dans les morceaux de vitraux sur les flaques écarlates. Tout est plus beau sans le son. Alors, c’est une belle journée, car nous nous avons l’un l’autre, une maison, des préceptes, et les cheveux des défunts seront dans un des placards ; celui tout à gauche près de l’entrée, entre les manteaux et les bottes. On oubliera le poignard à lame noire sur une des étagères de la cuisine. On jettera nos vêtements en sang, dans le ruisseau, à deux lieues d’ici. Nos Anges prieront pour le salut de nos âmes, toi au ciel et moi sur terre. Mais ton corps comme les autres nourriront les lierres du cimetière, qui ramperont sur les marbres des statues en attendant les gravures des noms. Toi, la voyageuse, seras la dernière, car je dois attendre l’ami qui dessinera les contours de ta vie, pour comprendre les raisons qui t’ont poussé à vouloir me tuer. Dehors, je vois ceux qui trébuchent sur les plaques de sang verglacé, quand ils tournent vers le clocher, beaucoup vomissent. Quelques hommes crachent sur un morceau de poitrine. Il n’y a que les étoiles qui n’ont pas été souillées. L’odeur de graisse de mouton sur un tablier de lin emplit l’air.
Deux mains prennent ton visage et le déposent à terre. Sa barbe jaune cache ses mots, je plisse les yeux, alors Joshua griffonne sur son vieux carnet en peau. Je me concentre pour lire, mais les prières pour rompre les maléfices du Comte de Forbach m’ont fatigué. Mon barbier grimace et tente une autre approche, des mots avec quelques dessins. Je secoue la tête pour montrer mon désaccord, hors de question de te laisser seule. Il soupire, inquiet, et deux pressions sous mes bras me font voler vers un groupe de barbiers. De loin, tu es si fragile. On détourne mon attention sur un morceau de papier, pour dire qu’ils sont là et que les vivants ont besoin aussi de moi. Je regarde mes doigts dont ton sang se transforme en poussière. Si l’Église n’avait pas refusé l’utilisation de certains savoirs et outils, j’aurais apporté ma trousse et tu aurais eu une chance d’être parmi nous. Les moyens sont minces pour donner aux blessés la force de continuer leur route et le temps est compté. De toute façon, avant que je me rende compte, j’étais en train de nettoyer les plaies d’un Inquisiteur, un ami de David je crois, qui tentait de me séduire avec des signes. Je ne comprenais rien, cela nous fit rire ; j’avais oublié l’effet que cela faisait. Je ne dormirai pas ce soir, ni demain, pas tant qu’il y aura un blessé dans cette église transformée pour l’occasion, en hôpital. Je dois vivre pour deux.*
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/narcissa-d
Danielle Byche
Initié(e)
Initié(e)
Danielle Byche


La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitimeSam 10 Mar 2012 - 18:44

Difficile de discerner les visages dans cette scène apocalyptique. Alliées et ennemis apparaissaient et disparaissaient trop vite. Danielle n’osait pas bouger de sa position. Elle ne voulait pas s’éloigner de ses sœurs et les priver d’un semblant de protection. Un bourdonnement de plus en plus intense envahissait son champ auditif. Il était si puissant que peu à peu il l’empêchait de comprendre les phrases paniquées de sa cadette. La douleur familière prenait de nouveau son crâne en otage.

Des corps tombaient, gisaient, tout autour d’elles. Le blanc des inquisiteurs était maintenant rouge vermeilles. L’odeur du sang étouffait progressivement celui de la cire. Forbach sombrait une fois encore dans la folie. Danie empêchait de justesse un homme de dieu de taillader le vendre de son aînée. Elle serrait le poing et l’enfonçait dans la mâchoire de l’homme de toutes ses forces.

Et soudain comme part magie un cœur de voix d’homme entamait une prière. Les Byches reprenaient l’oraison avec ferveur poussées par la peur et l’espoir. Leurs voix mélodieuses raisonnaient contre les murs de la Nef. L’Initiée en appelait elle à Olrun. Dans un sursaut elle voyait les yeux de la Vierge devenir pupilles diaboliques. La malédiction était-elle entrain de se répéter ? Un ordre infaillible jaillissait de ses lèvres.

La famille se tenait main dans la main pour résister au tremblement. Les yeux verts de la jeune fille étaient fixes. Ils assistaient au réveil du Christ. Au fond de ses entrailles une angoisse sans pareille venait la décorer. Elle connaissait les sortilèges. Elle savait le pouvoir des Valkyries. Mais ce qui se passait ici dépassait ce qu’ils avaient le droit de faire … Olrun comme Lys. En même temps que l’assistance Danielle cachait son visage pour protéger sa vue de la trop forte lumière.

La paix ne fut que de courte durée. Dans le début de silence l’horreur tombait à nouveau sur la tribu. Le cœur de la jeune sorcière refusait de battre. Ses muscles étaient tétanisés. Son esprit refusait de croire à ce qui se produisait. Un élan de loyauté la poussait à hurler au mensonge. Mais une petite voix dans sa tête lui ordonnait de se taire. Le visage tendu la blonde tentait, tant bien que mal, de ne pas se trahir. L’ordre d’Europe lui faisait monter les larmes aux yeux.

Elle dut se mordre la langue jusqu’au sang pour ne pas crier en cœur avec leur cheffe en voyant ses sœurs se lever. Non. Pourquoi ne pas avoir obéit ? Une prêtresse avait suffisamment de connaissance pour en réchapper. Ce qui devait arriver… arriva. Ses sœurs, loyales, étaient arrêtées devant ses yeux. Une immense peine s’installait dans ce regard. Ce n’était pas juste. Rien de tout ceci ne l’était. Lorsqu’elles passaient à sa hauteur Danie chuchotait un mot de réconfort que seule sa petite sœur aurait put répéter.

Les quatre sœurs se redressaient lentement. La plus jeune courait vers le père Byche. Inès n’était pas en vue. Mais Viviane passait prés d’elle sans se retourner. La migraine était là. Les yeux étaient humides. La jeune bergère se frottait les paupières de la paume de ses mains. Elle regardait le carnage sans savoir par où commencer. Et puis avisant que les soignant essayaient de s’organiser elle les rejoignait en silence. Quand sa mère vint la chercher pour la ramener à la ferme elle refusait avec obstination. Non.

Ce qui venait de se passer était en partie la faute des siens. Danielle entendait bien se faire pardonner. Aux côtés de Narcissa elle se transformait en infermière de fortune. Ses doigts savaient coudre dans la chair des moutons. Ce n’était pas si différent de la chair des hommes. S’occuper des blessées l’aidaient à enfouir sa peur pour quelques instants. Elle ne parlait pas. Elle faisait de son mieux pour sourire. Sourire à toutes ces personnes qui venaient de voir leur vie partir en fumée. La guerre ne cesserait donc jamais…

Maintenant elles étaient encore plus en danger. Si c'était ça leur miracle alors Danie n'en voulait pas.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/t1167-danielle-byche
Contenu sponsorisé




La Messe de Minuit (#17) Vide
MessageSujet: Re: La Messe de Minuit (#17)   La Messe de Minuit (#17) Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

La Messe de Minuit (#17)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
The Witch Slay :: Sur les Pavés - Ville :: L'Église de Zetting :: De la Nef au Confessional-