The Witch Slay
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 Fin

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AuteurMessage
Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


Fin Vide
MessageSujet: Fin   Fin Icon_minitimeVen 4 Mai 2012 - 3:00

Des larmes coulaient le long de ses joues, sans qu'elle ne puisse les arrêter. Il en allait souvent ainsi ces derniers temps, elle pleurait, longtemps, sans raison, ou plutôt, si, une seule, mais la blessure était si ancienne... La douleur ne stoppait jamais, quoi qu'elle fasse. Les mots rassurants d'Antoine, les tisanes, les moments de joie feinte auprès de sa sœur et sa nièce, rien n'empêchait la plaie de saigner. Viviane était incapable de se pardonner. Elle avait tué. Tué...

Ce mot la hantait depuis des mois maintenant, Viviane était une meurtrière, elle avait assassiné quelqu'un volontairement. Cette mort était à l'encontre même de tous ses principes, de tout ce en quoi elle avait toujours cru, et pourtant, sans sourciller, elle avait mis fin aux jours d'Hélion. Elle, Prêtresse d'Olrun, qui souhaitait la paix pour Forbach autant que n'importe quel autre habitant se retrouvait d'un coup basculée dans le camp des « méchants », de ceux qui se battaient sans discernement au nom d'un idéal absurde ou fou.

Assise dans son fauteuil, seul au beau milieu du séjour de ce qui fut autrefois la maison familiale, Viviane se sentait plus seule que jamais. Le froid qui s'était insinué en elle quelques mois plus tôt ne la quittait pas, elle se sentait glacée de l'intérieur, détachée de tout, incapable du moindre sentiment. Toute sa vie n'était désormais plus qu'une simulation, un jeu qu'elle jouait, pour les autres. Mais ce jeu en valait-il la peine ? La rouquine n'était plus sûre de rien. Ces derniers mois, le sommeil l'avait fuie en permanence, elle revivait sans cesse le cauchemar de cette nuit-là. Des rides étaient apparues, au coin de ses yeux d'abord, puis dans la commissure des lèvres. Des mèches grises parsemaient sa chevelure autrefois d'une roux flamboyant, aujourd'hui terne. Des cernes bleuâtres et un teint pâle achevaient ce tableau d'une déchéance. Viviane n'était plus que l'ombre d'elle-même, ne se nourrissant que de bouillon. Son corps était décharné, elle avait la peau sur les os, l'appétit de vivre l'avait quittée au même moment que tout le reste.

Si Viviane était toujours en vie, c'était grâce à Antoine qui la soutenait, la poussait à continuer, Antoine qui ne cessait de répéter qu'elle n'avait rien à se reprocher, qu'elle avait fait ce qui était juste. Que de mensonges. Rien ne justifiait qu'elle ait pris la vie d'Hélion, pas même le danger que courrait Narcissa. Tout cela n'avait été qu'un prétexte à assouvir une faim qui la rongeait alors, la soif de vengeance, la volonté d'avoir le contrôle d'une situation qui lui échappait. Mais le meurtre n'apporte aucune sorte d'apaisement, la suite n'est qu'un long cauchemar dont on ne se réveille jamais. Peu importe qu'Antoine lui pardonne ses erreurs, elle-même en était incapable.

Sa main se reposa sur le verre d'alcool qui traînait sur la table, juste à côté de la bouteille de vin. Il était rempli, elle n'avait pas encore osé y toucher, ne sachant pas l'effet qu'il aurait sur elle. Mais elle n'y tenait plus, elle avait besoin d'arrêter de penser, besoin de fermer les yeux, tout simplement, et de ne plus rien ressentir, surtout pas la douleur. Elle bu une première gorgée du breuvage et le trouva amer. Qu'importe ! Elle reprit une deuxième gorgée. Ça passait mieux, mais le goût n'était toujours pas terrible. Peut-être aurait-elle dû prendre un vin de meilleur qualité, ça passerait mieux. Mais il était trop tard de tout façon. Se décidant à passer à la vitesse supérieure, Viviane avala d'un trait le reste du verre et s'en servit un deuxième. Elle ne put réprimer une grimace de dégoût, la piquette qu'elle avait achetée quelques heures plus tôt était abominable.

« À toi, Hélion, puisses-tu un jour me pardonner ! » Le deuxième verre fut avalé plus rapidement que le premier. Viviane ne ressentait pas encore les effets de l'alcool, aussi décida-t-elle de reprendre un troisième verre. Ne disait-on pas que l'alcool faisait sombrer dans l'oubli ? C'était tout ce qu'elle souhaitait : pour le temps d'une nuit, oublier. Le troisième verre ne fit pas long feu, et il semblait bien meilleur à la vieille femme. Ses pensées se faisaient moins cohérentes, plus douces. Viviane eut même envie de sourire l'espace d'une seconde. La lutte contre elle-même était plus facile, tout allait mieux. Les verres continuèrent à défiler, rapidement... Trop peut-être. Viviane sombrait chaque seconde un peu plus dans une fausse béatitude.

Le monde lui semblait moins compliqué, tout ce qu'elle voulait était à sa portée, il suffisait simplement de le vouloir. Elle se leva d'un bond, et entama des recherches dans la maison. Elle semblait poursuivre un but bien précis, remettant des choses en place, en déplaçant d'autres, grommelant de temps à autre. Elle griffonna un mot sur un bout de papier avec sa plume, le crissement dura à peine plus de quelques secondes, puis, elle reposa cette dernière et continua son petit manège.

Les choses étaient claires à présent, elle savait ce qu'elle devait faire. Nul sourire désormais sur ses lèvres, mais une totale résignation. Plus de larmes, plus de pli amer au coin de la bouche, une expression neutre, vide de tout sentiment. Une fois que tout fut en ordre, elle fila dans le jardin. Au dessous de l'arbre, la balançoire bougeait légèrement au gré du vent. Viviane avait un couteau dans les main, et d'un geste sûr, trancha la corde. La longueur lui sembla suffisante, et elle grimpa sur l'arbre. Ce n'était pas aussi simple qu'elle l'avait cru, mais elle finit par arriver à la hauteur souhaitée. Elle fit un nœud coulant à la corde puis l'attacha à une branche qui lui paraissait solide. Elle passa sa tête dans la boucle de la corde, vérifia que tous les nœuds étaient correctement faits et se jeta dans le vide.

Il y eut un crac sonore d'un cou qui se brise.

Puis il y eut le silence.

Un silence paisible d'une nuit comme les autres à Forbach.

Dans quelques heures, dans un jour ou dans une semaine, on retrouverait son corps.

Sur le papier dans le salon, il y avait un simple mot griffonné à la hâte :

« Désolée »

Spoiler:
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Fin

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