The Witch Slay
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 Qui conçoit en secret accouche en public

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


Qui conçoit en secret accouche en public Vide
MessageSujet: Qui conçoit en secret accouche en public   Qui conçoit en secret accouche en public Icon_minitimeDim 16 Sep 2012 - 22:31

Si un sentiment devait décrire Cassandra en ce moment, c'était la lassitude. Trop de choses s'étaient produites récemment, trop de maux, trop de souffrances. La perte de Sarah se faisait cruellement sentir. Chaque jour qui passait rappelait à la Veuve qu'elle était la survivante, celle qui allait fleurir les tombes oubliées. Sa solitude était toujours plus amère, comme s'il lui appartenait de boire sa coupe jusqu'à la lie, tandis que les siens partaient loin devant elle. Parmi les regrets de la Veuve, le plus fort était certainement celui de n'avoir pu honorer Sébastien Garin au su et au vu de tous, sous sa véritable identité. Elle s'était arrangée pour que personne n'approche le corps du Second lors de la préparation mortuaire, hormis David et elle. David, avec qui la réconciliation avait été aussi forte qu'inattendue. C'était devant la terre fraîchement retournée qui entourait la stèle de Sébastien Garin qu'un geste les avait uni. Cassandra était venue poser sa main sur l'épaule du jeune homme, pour lui signifier son soutien, son appui et, elle le réalisait maintenant, son affection. Jusqu'à la fin, elle était restée avec lui face au marbre blanc gravé qui témoignait du passage de Sarah Geisler sur terre, surprise même que Narcissa, en dépit de ce que le jeune homme lui avait fait vivre, reste avec eux veiller une dernière fois leur vieille amie.

Parce que oui, quels qu'aient été leurs différends, leurs oppositions et leurs incompréhensions, les deux femmes avaient été amies. Le temps qu'elles avaient passé ensemble avait tissé des liens qui, s'ils ne concurrençaient pas la relation qui l'unissait à Viviane, occupaient une place chère en son cœur. Cassandra se tenait ainsi, seule près de l'âtre du salon trop grand pour elle, à songer à tout ce que Sarah Geisler n'avait pas pu vivre ou faire. Chauffant ses vieilles mains près du feu, la Veuve songeait à quel point il était triste que la seule chose qu'elle ait pu faire pour reconnaître son amie à titre posthume, ça avait été d'ajouter dans l'épitaphe de Sébastien Garin une brève mention « à Sarah Geisler ». Tous pensaient qu'il s'agissait de feu l'épouse du Second. Ni David, ni Narcissa, ni elle n'iraient démentir.

Et voilà que Cassandra était devenue la tête de l'Inquisition. Le titre ne lui faisait ni chaud ni froid. Tout ce qu'elle y voyait, c'était des responsabilités. Si la situation avait été différente, si Sarah n'avait pas été tuée par son stigmate, Cassandra aurait certainement repoussé poliment et fermement l'honneur du Saint-Siège. Elle s'étonnait d'ailleurs toujours qu'il y ait eu certains de ses anciens alliés à Rome pour la faire désigner, en dépit de son passé de Mère Supérieure ayant osé quitter les ordres. Peut-être était-ce aussi le nom de Saint-Loup. Elle l'ignorait, et n'avait pas envie de le savoir. Au final, ce qui avait guidé sa décision, c'était son amitié pour Sarah Geisler. Le moins qu'elle pouvait faire pour rendre hommage à son amie, c'était de hisser pour elle l'emblème de l'Inquisition jusqu'à ce que le mal représenté par les sorcières noires soit éradiqué de Forbach. Jusqu'à ce que l'ange reconnaisse que la pureté avait regagné leur village maudit. La Veuve ne faillirait pas, elle l'avait juré devant la tombe de Sarah.

Le premier geste de la Veuve avait été de nommer David Geisler Sergent. Son choix avait surpris, tant dans les rangs de l'Inquisition que des externes aux affaires religieuses. Cassandra estimait qu'il pourrait la seconder efficacement pourvu qu'elle sache le tenir – et de cela elle ne doutait pas. Pourtant, même d'un point de vue rationnel, sa décision était la bonne : le meilleur moyen de garder David sous contrôle était de le garder près d'elle. Les premiers jours étaient satisfaisants et confortaient la sagacité de son choix, mais la Veuve réservait encore son jugement.

Réorganiser l'Inquisition selon les nouvelles dispositions du Saint-Siège avait été facile : Sarah avait presque terminé le travail sur le plan institutionnel. Sur le plan humain, en revanche... certains Veilleurs n'étaient pas à leur place. La Veuve voulait amorcer du changement, et elle imaginait bien la petite Carmélite à une place plus valorisante, et surtout, là où elle pouvait vraiment démontrer son efficacité. Mais c'était là du détail, et il fallait qu'elle en reparle avec David.

En parlant du loup... il se tenait sur le pas de la porte. Depuis combien de temps ? La Veuve ne l'avait pas entendu arriver. Et puis, voilà que se profilait dans son ombre la silhouette de... de Narcissa ? Ils s'étaient donc raccommodés ? Un peu perplexe, la Veuve leur fit un petit signe de tête, les invitant à tirer un fauteuil et à s'installer près d'elle plutôt que de rester plantés là.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/fiches-personnages-f3/mere-matte
David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


Qui conçoit en secret accouche en public Vide
MessageSujet: Re: Qui conçoit en secret accouche en public   Qui conçoit en secret accouche en public Icon_minitimeLun 17 Sep 2012 - 0:49

Il suffit parfois d'un fil pour se raccrocher à quelque chose. Le fil de David, n'était plus tout à fait une chose mais pas encore quelqu'un; c'était une masse informe et inconnue, presque indéterminée, et pourtant elle portait avec elle tant de souffle et d'espoir, que c'en paraissait presque surréaliste.

La seule chose qui l'avait poussé à ressortir de l'état d'apathie, dans lequel il était tombé depuis la mort de Sarah Geisler, c'était la petite étincelle de vie qui grandissait au sein du corps de Narcissa.

"Tout va bien se passer" glissa-t-il à Narcissa en lui passant une main rassurante sur l'épaule.

En pénétrant dans la demeure familiale, Narcissa et David passèrent devant un miroir. Le jeune homme fut intrigué par l'image que l'objet lui renvoyait. Il avait pourtant fait un effort d'habillement pour l'occasion… Mais c'était sur son visage, que quelque chose n'allait pas. Il avait le teint pâlot, les traits tirés. L'expression de quelqu'un profondément marqué par une souffrance récente.

Aller, se dit-il. Reprends-toi. C'est le moment de paraître sérieux et solide. Mais en fait, il ne se présentait pas aujourd'hui devant Cassandra dans un état de crainte. David s'en étonnait lui-même; mais il était calme, posé, presque détaché. Car il savait que quoi que la Comtesse put dire ou faire, quoi que le monde puisse penser, rien ne le séparerait plus de la rouquine à la haute silhouette, presque aussi grande que lui, dont il tenait la main avec fermeté et douceur.

"Merci" dit-il en attendant que Narcissa se fut assise dans un des fauteuils, pour faire de même à son tour.

Il avait effectué ce geste par politesse. Si ça n'avait tenu qu'à lui, David serait resté debout. Pour une raison mystérieuse, il avait toujours préféré rester debout pendant une conversation avec Cassandra et, en fixant le visage également las et fatigué de la Comtesse de Saint-Loup, plusieurs mois de souvenirs lui revinrent avec force en mémoire.

Qu'ils avaient eu un singulier parcours… Il y avait encore quelques temps, jamais il n'aurait pu penser se retrouver un jour dans ce salon, dans ces circonstances. D'autant qu'à l'époque, Cassandra l'abhorrait. Elle s'était adressée à lui avec un mépris ouvert, elle lui avait dit qu'elle ne voulait plus le voir, elle avait même initié une action en justice à son encontre…
Et pourtant sa main s'était posée sur son épaule, le jour de l'enterrement de Sarah. A ce moment, colère et rancœur avaient déserté l'esprit de David, et il s'était souvenu qu'elle avait toujours été là, autant pour lui que pour sa mère. Cassandra avait été son amie de Sarah, presque une des seules, lui apportant du soutien et allégeant son écrasante solitude. Elle avait accueilli David à plusieurs reprises pour les vacances, avait supervisé son évolution au sein de l'Inquisition d'un œil bienveillant… Malgré les griefs, elle ne l'avait pas laissé seul au moment où il avait été en détresse… Et puis, elle l'avait nommé Sergent. Preuve que leurs anciens conflits étaient loin, désormais.
Sarah Geisler à présent décédée, Cassandra de Saint-Loup était devenue la personne à qui il devait le plus. Et à présent qu'il avait changé, que ses disputes avec Narcissa et la grossesse de cette dernière lui avaient mis un peu de plomb dans la cervelle, qu'il était devenu plus mâture, qu'il pensait être quelqu'un de fiable… il réalisait à quel point son comportement, durant l'année passée, avait été puéril et infantile.

"Tout d'abord, je voulais vous remercier de tout ce que vous avez fait pour nous. Je veux dire, pour moi et ma mère. Je ne l'ai réalisé que très récemment… et nous n'avons jamais rien fait pour vous rendre justice, alors…"

Alors si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas. Le jeune homme ne prononça pas ces mots; Cassandra était de toute façon bien trop intelligente, pour ne pas les avoir devinés. Mais une grande dame d'expérience et au nom réputé comme elle… qu'aurait-elle eu à demander à un jeune sans naissance comme lui?
Il prit la main de Narcissa sans lâcher le regard de la Comtesse de Saint-Loup.

"Je ne vois pas 36 moyens de l'annoncer, alors je vais aller droit au but… Narcissa est enceinte". Il resta une seconde silencieux, puis se sentit obligé d'ajouter, en tant qu'explication: "Nous sommes ensemble depuis quelques mois déjà. Désolé de vous mettre ainsi devant le fait accompli… Nous aurions voulu vous annoncer tout ça plus tôt… Mais nous n'avons guère trouvé le temps entre la messe de minuit, la sentence de l'ange, et la mort de ma mère."
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/inquisiteurs-f50/david-geisler-t
Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


Qui conçoit en secret accouche en public Vide
MessageSujet: Re: Qui conçoit en secret accouche en public   Qui conçoit en secret accouche en public Icon_minitimeVen 21 Sep 2012 - 1:11

Elle ressentit davantage qu'elle ne vit les hésitations des deux jeunes gens. De plus en plus intriguée, Cassandra sentit ses entrailles se tordre douloureusement. Avec l'acuité des personnes âgées, elle devinait que la nouvelle dont ils étaient porteurs n'était pas bonne, et même, qu'ils craignaient presque de la lui annoncer. Soudainement inquiète, la Veuve réalisa à quel point Narcissa était pâle, et faillit faire mander des sels.

Mais les remerciements de David la prirent de court. Fait suffisamment rare pour être remarqué, la Veuve se retrouva sans voix. Elle avait toujours espéré et attendu la maturité de David. Avec une certaine impatience, elle avait prié pour que ses yeux s'ouvrent et que son cœur grandisse. Elle pensait voir cette évolution dans divers travaux, dans son attitude générale ou encore dans des prises d'initiatives sensées. Elle n'aurait jamais imaginé, même dans ses rêves les plus improbables, entendre un jour des remerciements dans la bouche du petit Geisler. La Veuve le regarda avec fierté. Le chemin qui s'ouvrait devant lui n'était pas vain, elle en était maintenant certaine. L'émotion lui noua la gorge, et c'est d'une voix rauque qu'elle répondit :

- Tu ne me dois rien, David. C'est avec plaisir que je l'ai fait.

Elle était également sensible à sa phrase demeurée en suspens. Cassandra n'attendait pas qu'il la finisse, elle savait parfaitement qu'il n'arriverait pas à aller plus loin. Il n'en avait nul besoin, d'ailleurs.

La Veuve, soulagée d'entendre qu'il n'y avait rien de grave, finalement, fit alors face à la plus terrible affirmation qu'elle avait jamais entendue. Pendant les premières secondes, elle crut avoir mal entendu. Quand ses vieilles oreilles lui confirmèrent qu'il n'y avait pas d'erreur et que c'était son esprit qui refusait d'accepter le contenu des paroles de David, Cassandra comprit la justesse de son premier pressentiment. Son regard passa aussitôt à Narcissa. Sa fille, son enfant chérie.

La peine de Cassandra était indescriptible. Si elle n'avait été aussi lasse, sa colère aurait été terrible. Mais la Veuve se devait également d'être lucide. Si Narcissa portait désormais un enfant, c'était parce qu'elle, en tant que mère, avait failli. Elle n'avait pas suffisamment encadré sa fille, lui avait laissé trop de liberté et l'avait mal instruite sur les conséquences de s'adonner aux jeux de l'amour. Comme elle regrettait, et d'une si grande force, d'avoir fait confiance à sa fille ! Elle avait été aveuglée par son amour et exposé Narcissa au pire en lui offrant une liberté de mouvement qu'aucune jeune fille de son rang ne possédait.

Effondrée, la Veuve laissa des larmes impuissantes couler sur ses joues. La déception, amère et cruelle, lui vrillait le cœur. Si elle n'avait pas tant aimé Narcissa, elle aurait été moins déçue, mais elle voulait le meilleur pour elle, ce qui venait de lui être irrémédiablement refusé. Voilà que tout était soudainement détruit : les rêves d'avenir et la respectabilité. Narcissa venait de perdre à la fois sa bonne réputation, sa jeunesse et sa liberté. Qu'aurait dit Amaël ? Qu'allait dire Catherine de Saint-Loup ? Et Viviane... Seigneur, Viviane allait devoir être mise au fait de la situation... La honte submergea la Veuve. Elle qui tenait un salon réputé pour ses bonnes mœurs, voilà que sa propre fille se faisait engrosser ! L'adage le disait pourtant : « C'est le fils du cordonnier qui est le plus mal chaussé ». Elle n'aurait jamais cru qu'elle pourrait l'appliquer à son foyer, encore moins de manière si atroce.

Hagards, ses yeux tombèrent finalement sur David. Il était le père de l'enfant. Cassandra prit douloureusement conscience que sa prise de maturité était vraisemblablement due à sa future paternité. De nouveaux regrets l'assaillirent. Elle avait considéré David comme son propre fils. Et il la remerciait en débauchant sa fille ? L'injustice de la situation lui apparut dans toute son étendue. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas que sa fille ait pardonné à David, elle ne comprenait pas qu'elle ait écarté inconsciemment ses cuisses pour un coureur de jupons, elle ne comprenait pas qu'elle ait tourné le dos à son enseignement.

Une dernière chose atteignait la Veuve en plein cœur. C'était David qui avait fait l'annonce, et pas Narcissa. Elle n'aurait jamais pensé que sa fille serait lâche.

Elle n'aurait jamais cru pouvoir encore pleurer. Ses larmes étaient silencieuses, sans un seul sanglot, sans un seul cri, sans un seul gémissement.

La Veuve eut envie de se retirer. Il n'y avait rien à dire. Il ne leur restait plus aucune marge de manœuvre. Narcissa venait de faire une croix sur la fin de sa jeunesse, pour entrer avec empressement dans le monde des adultes. Elle allait se marier – et c'était la première et la plus urgente des choses à faire – dépendre d'un homme et sortir du giron de Saint-Loup. Elle avisa le petit Geisler du coin de l’œil. Au moins, il semblait prêt à prendre ses responsabilités. La Veuve lui aurait ri au nez si elle en avait eu la force. Quelle situation avait-il à offrir ? Quel nom ? Quelle réputation ? Amaël devait se retourner dans sa tombe.

Il fallut un long moment à la Veuve pour qu'elle se sente la force de répondre. Sa voix ne tremblait cependant pas quand elle finit par dire :

- Tant qu'à être directs, allons-y franchement. Dès demain, je publierai les bancs de ton mariage, Narcissa. Peu m'importe le nom que tu souhaiteras accoler au tien.

Cassandra espérait de tout son cœur, tout en sachant que ce serait parfaitement impossible, que sa fille ne serait pas la risée de tout Forbach. Hâter le mariage était tout ce qui restait à la Veuve pour que l'opprobre soit limité à ce qui était déjà irrattrapable.

L'oisillon avait quitté le nid.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/fiches-personnages-f3/mere-matte
Narcissa de Saint-Loup
Apprenti(e)
Apprenti(e)
Narcissa de Saint-Loup


Qui conçoit en secret accouche en public Vide
MessageSujet: Re: Qui conçoit en secret accouche en public   Qui conçoit en secret accouche en public Icon_minitimeLun 24 Sep 2012 - 20:52

La pulpe de ses doigts monta et descendit les monts, les falaises. Sa sueur lustrait le métal, perlant sur le velours de sa poche. Une chaîne de montagnes arrondies par l’érosion, encerclant ce gouffre. Soulevés pour tomber sec. On voyait que par un faisceau rougeâtre se balançant dans un concert de métal grinçant. Un long couloir, sans fin. Elle sentit un morceau de viande souple sur ses orteils, à ses pieds du sang se fraya un passage dans les sillons pierreux. Sur l’un des murs, à sa droite, une fresque, des armoiries, la sienne. Elle se retourna, l’horreur – le choc dans ses yeux – en comprenant quel écho de son passé, son esprit voulait revivre.

— Je ne suis point une catin. Je ne suis point coupable. C’est un cauchemar.
— Catin plus pâle que le lait,murmura une voix rauque.
— Je suis innocente.
— Admire ce que tu as fait.

Elle ferma les yeux. Impossible malgré tous ses efforts de chasser cette image de sa pensée. Dans une cave, une foule d’hommes dessinant sur ses fesses une cible et Aramon hésitant à la sauver. Comment pouvait-on penser qu’un acte est simple à donner ? Qu’on puisse bénir une intrusion ? Pourtant à cet instant, ce n’était pas de questions qu’elle avait besoin, mais d’images pour la sauver.

— Ta mère est convaincue, Narcissa. On te déplace à l’envie. Théophile avait raison, tu es une fille facile. Pion, ouvre les yeux.

A sa gauche, une armoire à glace avec un pistolet, à sa droite, un qui tenait une corde. Les autres portaient des épées. Deux chances sur dix mille de s’en sortir, voire moins. Sa réputation fut le dernier de ses soucis, pour s’en sortir, elle se sentait capable de tuer. Mais pour générer la confusion dans leurs esprits et prendre une arme, il fallait déplacer durablement l’attention. Elle savait qu’elle devait se laisser faire, au moins une fois. Ils étaient cinq, si chacun prenait une jambe ou un bras, elle était foutue. Montrer qu’on serait sage, gagner leur confiance peut-être. Catin, catin, catin, répétait Théophile dans sa tête, tu n’as rien pour toi.

— Seras-tu sage ? On dit que tu l’es.Demanda l’un des hommes.
— Oui.

Elle enleva lentement sa robe de chambre. C’est un cauchemar, un mauvais rêve. Une odeur piquante lui monta aux narines, la même que pour l’Agent du Diable quelques mois plus tôt. Je vais me réveiller, cela ne s’est jamais produit. La soie tomba sur le sol, on la poussa vers le plus petit du groupe, sans doute leur chef. Il était désarmé, Narcissa eut un hoquet. Juste un, pas les cinq, juste un, après on tente de prendre une arme et on se fait tuer ou on tue. Juste quelques minutes et tout cela sera terminé. Tu sais ce que c’est de mourir, eux non, ils auront peur. Du calme, il faut se laisser faire. Le petit arracha sa chemise de nuit, et fit une moue.

— Elle est maigrichonne. Ils ne savent pas les nourrir là-bas ? M’enfin, pour la dernière de ta lignée.
— Je ne suis point la dernière.
— Détourne ta tête, je ne veux pas te voir.

Il recouvrit son visage de sa robe de chambre. BANG ! Narcissa hurla. BANG ! Narcissa enleva le tissu, voit deux morts et courut pour prendre une épée. BANG ! Une tête explosa, Narcissa embrocha le bras du plus proche. BANG ! BANG ! Tous morts, méconnaissables. Elle retourna un cadavre et commença à hotter son manteau. Aramon avait plus de ressources qu’elle ne le pensait et un sacré arsenal, il allait lui manquer. Elle regarda plus en avant et vit les cadavres de jeunes filles dénudés.

— Cecy ne regarde pas à ta gauche.
— Qu’allons-nous faire des corps ?
— Faire quelque chose de joli pour les vendre au boucher.
— Je ne sais point comment procéder.
— On ne va pas pouvoir tout découper, mais je sais quoi faire des os.
— Ai-je tué ?
— Tu n’iras pas en enfer pour quelques trous.
— Aramon, pourquoi les filles de mon âge veulent vivre ça ?
— Avant que tu poses la question, ta mère sait que tu n’es pas une catin. Ce que tu as vécu est une conséquence de cette rumeur, c’est tout. Tu n’iras pas en enfer et ta mère ne sera au courant de rien.
— Je ne pouvais point m’en sorti…
— Le reste on s’en fout. Et puis cette histoire te permettra de rester alerte pendant les nuits de veille. Pense à une image agréable, tu trembleras moins.
— Je vais revenir à Forbach, pour me marier avec David, nous serons heureux.
— Accroche-toi à ça et n’y démords pas. On s’en fout du reste. D’accord ? Prends mon couteau. Tu n’as pas mérité de vivre ça, bon sang. Les hommes ne sont pas tous comme ça, retiens ça.
— Je ne suis point une catin. Je ne suis point coupable. C’est un cauchemar.

BANG ! Ses angoisses la tueront plus rapidement que l’ange, en l’empêchant de dormir quand son emploi du temps lui accordait quelques heures. Une heure voir deux par nuit. Depuis quinze jours, elle dormait debout, quelques minutes, pour continuer son activité plus engourdie qu’avant. Elle jeta un rapide coup d’œil à sa mère puis à David, visiblement son rêve n’avait pas duré bien longtemps. Une minute voir deux.

Les compliments ne vous transforment pas en Viviane Valdemar, Louisa Zimmerman ou Cassandra de Saint-Loup, de même que quelques actions charitables ne vous élèvent pas en saint. Vivre dans les ombres des plus grands de ce comté, ne vous accordait aucune estime de soi. Alors quand votre mère porte pour vous un rêve de grandeur… Que la vie pouvait être bête. Autant être franc, autant se contenter de peu. Narcissa n’avait pas cette vie espérée, mais pour rien au monde, elle ne voudrait en changer, car pour une fois, même dans l’incapacité de dire quoi, elle était en train de réaliser quelque chose de bien. Son seul et unique regret fut pour son manque de confiance en l’avenir, car en prenant le temps, jamais elle ne compterait les larmes de sa mère et la vérité n’aurait pas éclaté. Aramon s’était trompé, une partie secrète de Cassandra croyait Théophile de Saint-Loup, parce que cet ordre sonnait comme une insulte. Comment pouvait-on penser qu’elle se donnait au premier venu ? Si la fatigue ne demeurait pas en son sein, son cœur saignerait.


— Je t’en supplie, maman, ne pleure plus. Je ne t’ai point désobéi. Je ne suis point une oie qui s’offre au premier venu. Bien que nous sommes en couple que depuis quelques mois, cette année, nous fêtons les onze ans de notre histoire. Maman, je suis étonnée que Sarah ne soit point venue te voir sur ce sujet. Elle nous a bénis. Si l’ange n’avait point promis de me punir, jamais nous n’aurions précipité les événements.

Allez un peu de courage ! Elle quitta la main de David et respira un grand coup.

— Quand papa a quitté l’ordre, il n’eut que quelques heures pour décider de son destin. Il est venu te voir et a fait sa demande. Je n’eus que deux jours à vivre et une question en tête. Comment voulais-je les vivre ? J’ai décidé de consacrer une journée et une nuit pour David et le reste pour toi. Nous avons alors exaucé notre rêve, même si nous aurions voulu avoir nos amis et notre famille à nos côtés, mais le temps manquait. La Duchesse de Deux-Ponts a été notre aide. Le dix-neuf juin, de cette année, devant Dieu, nous nous sommes mariés. Cette nuit fut notre lune de miel. Je suis enceinte de trois mois et j’aurais voulu te prévenir plus tôt, mais nos vies ont changé.

Elle sortit de sa poche, une alliance ornée d’une pierre opaline et l’enfila à son doigt. Elle regarda David, désolée d’avoir un peu débordé, puis fit un petit signe de tête pour savoir si ces mots lui convenaient. Elle n’était plus blanche, mais bleue.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/narcissa-d
Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


Qui conçoit en secret accouche en public Vide
MessageSujet: Re: Qui conçoit en secret accouche en public   Qui conçoit en secret accouche en public Icon_minitimeJeu 4 Oct 2012 - 22:37

Et enfin, Narcissa prit la parole. Cassandra lança à sa fille un de ces regards qui creusaient des fossés. Pourtant, elle était prête à accepter n'importe quoi qui excuse sa fille, ou qui l'excuse elle de son manque de vigilance. Et ce qui sortit de la bouche de Narcissa ne fit qu'accentuer sa douleur. Pire encore, ses paroles constituèrent autant de couteaux qui s'enfonçaient profondément dans le cœur de la Veuve. Sarah Geisler ! Ils avaient osé mettre Sarah Geisler au parfum avant elle ? Pourquoi avoir évité l'annonce commune ? Comment avaient-ils pu espérer qu'elle ne prendrait pas ombrage d'un tel manque de courage ? Pourquoi ce besoin de se cacher comme des voleurs ? Combien de jours Sarah Geisler aurait-elle balancé, entre peur et incertitude, avant de venir la trouver ? Comment son amie avait-elle pu garder une telle chose pour elle ?

Les larmes ne coulaient plus. Cassandra ne fit toutefois pas un geste pour essuyer ses larmes, ça aurait été reconnaître leur présence. Elle ressentait une jalousie et une rage féroces à l'encontre de Sarah Geisler, sa soi-disant amie, pour qui elle avait gardé tant de secrets... Et voilà que cette dernière la poignardait dans le dos, exactement comme son fils.

Narcissa aurait... voulu la prévenir plus tôt. Comme c'était délicat de sa part ! Quelque chose venait de se briser, de manière définitive, dans la relation entre la mère et la fille. Que son enfant ait sciemment décidé de lui cacher les deux tournants les plus importants de son existence par peur ou par goût du secret la dépassait totalement. Elle qui avait cru avoir un rapport privilégié avec Narcissa, voilà qu'elle était cruellement détrompée.

Au moins restait-il une chose, bien menue en vérité, mais qui devait être reconnue : avant de consommer son amour, Narcissa avait au moins eu le bon sens de se marier. C'était le seul fait, et bien le seul et unique, que Cassandra approuvait. Forbach dirait le contraire et la postérité ne retiendrait que la grossesse infâmante de sa fille, mais au moins, la Veuve saurait qu'au fin fond, sa fille ne s'était pas déshonorée. Qu'au moins une part de son éducation n'avait pas été vaine.

Narcissa semblait décidée à passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Du blanc crayeux et pâlot, elle venait de passer au bleu. Le feu brûlait pourtant dans l'âtre ; c'était le cœur de sa fille qui devait être gelé. En cet instant, la Veuve n'en avait cure. C'était le sien, de cœur, qui venait d'être arrêté.

- Approche-toi du feu, Narcissa, tu es toute bleue. Toi aussi, David.

Son ton était toujours aussi étrangement calme et mesuré. Sa voix était sur le point de se briser, mais rien n'aurait pu arrêter la réponse qui lui venait aux lèvres. Aussi difficiles qu'étaient ses mots, ils étaient nécessaires. Elle ne cria pas, elle posa simplement les évidences que les deux jeunes gens ne semblaient pas avoir perçues.

- À quoi vous attendez-vous de ma part maintenant, mes enfants ? À des félicitations pour la magnifique situation dans laquelle vous vous êtes mis ? À une bénédiction avant de faire face aux moqueries et aux humiliations publiques ? Tu dis que tu es étonnée que Sarah Geisler ne soit pas venue me voir, Narcissa. Tu es... étonnée. Je conviens tout à fait que le suivi d'un sujet d'une importance aussi triviale n'était finalement pas assez considérable pour requérir toute ton attention, mais je dois avouer que je suis surprise par le front tranquille avec lequel tu m'assènes pareille explication.

Si je comprends bien, David a eu le consentement parental, mais tu t'es bel et bien passé du mien, pour une raison qui m'échappe totalement. Puisque tu étais sur le point de mourir, et Dieu seul sait à quel point ce simple fait me rendait folle d'inquiétude, tu n'as pas envisagé un seul instant que ta mère, celle qui t'a mise au monde et élevée depuis, méritait d'être informée ? Il semblerait que je sois la dernière au courant. Il semblerait qu'au final, mon avis ne vous importait pas. Il semblerait surtout que vous ne l'avez pas assumé, votre mariage, parce qu'attendre de n'avoir d'autre choix que venir me voir avant que je ne le découvre par moi-même en voyant le tour de taille de Narcissa, ce n'est pas un comportement d'honnêtes gens. Le... temps vous a manqué, dis-tu. En trois mois, c'est une prouesse, je dois bien l'avouer. J'avais oublié à quel point tes activités pouvaient être prenantes, Narcissa.

Que vous m'ayez caché ce mariage pour recourir à des personnes extérieures à la famille, qui elles, ont miraculeusement eu le temps de par exemple venir de Deux-Ponts à Forbach, tandis que traverser deux rues semblaient trop longues pour me prévenir, est d'autant plus infamant.

J'ai bien compris que vos vies avaient changé. Je rendrai d'ailleurs votre union publique dès demain. Nous ferons témoigner sous serment le prêtre qui vous a mariés, ce qui devrait au moins satisfaire une partie de Forbach. Vous vous êtes précipités dans la vie d'adulte, il va vous falloir y faire face, dans tous ses aspects.


Et la tâche s'annonçait rude, ne serait-ce que pour les questions de dot, de statut et de conditions des nouveaux mariés. Le regret assaillait Cassandra. Elle avait presque pitié de sa fille. Le chemin qu'elle avait choisi serait long, douloureux, pénible. Loin de ce qu'Amaël et elle avaient rêvé pour leur descendance. Loin de Saint-Loup. Loin de l'opulence et de la noblesse qui avaient été siennes au berceau.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/fiches-personnages-f3/mere-matte
David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


Qui conçoit en secret accouche en public Vide
MessageSujet: Re: Qui conçoit en secret accouche en public   Qui conçoit en secret accouche en public Icon_minitimeDim 7 Oct 2012 - 19:33

C’est avec horreur que David vit des larmes couler en rigoles des yeux de Cassandra, elle qu’il n’avait jamais vue pleurer. Une de ces colères calmes et froides dont elle avait le secret aurait été plus prévisible, mais ce n’était pas du ressentiment qu’exprimait le visage de la Comtesse de Saint-Loup, simplement de la tristesse, de la déception et de la lassitude... Autant d’émotions qui le blessèrent tels des poignards. Que la Veuve fut en colère contre son enfant était légitime; mais elle pleurait à la place, comme si Narcissa s’était condamnée au pire destin du monde. Le jeune homme en fut vexé; à cet instant, il fut incapable de comprendre le sentiment éprouvé en tant que mère. Avait-elle donc si peu d’estime pour lui, croyant qu’il ne pourrait jamais rien offrir de bon à son épouse?

Pour ne rien arranger, Narcissa, très faible et pâle depuis quelques jours, sombra brièvement dans le sommeil. Inquiet par ces fréquentes carences d’énergie, David la soutint et l’amena près du feu à la demande de Cassandra. L’annonce du mariage fut un choc supplémentaire pour celle-ci, qui prononça ensuite un long réquisitoire, il devait l’admettre, parfaitement justifié. Ce n’était pas tant leur hymen, comprit-il alors, qui vexait la Comtesse, mais le fait que personne ne l’ai mise au courant. Pour ça, il ne pouvait lui en vouloir.

"Je vous en prie… Ne blâmez pas Narcissa de la sorte. Nous sommes deux à avoir pris ces décisions."
David prit une grande inspiration avant de poursuivre: "Cassandra… Je comprends votre tourment, il est tellement légitime, mais… Ne serait-ce qu’un instant, ne pouvez vous laisser tout ce qui est négatif, et tenter de voir le bon côté des choses? Nous sommes mariés, ma femme est enceinte, et nous allons connaître le bonheur de fonder progéniture et foyer. Beaucoup donneraient tout pour avoir cette chance, simple et merveilleuse. C’est un hymen d’amour... Toute la noblesse et les richesses de tous les prétendants du monde, n’auraient pu l’offrir à Narcissa, qui aurait bridé ses sentiments, de même que moi… Ne serez-vous pas heureuse pour nous?"

Etait-ce véritablement David, le gosse insolent et immature, qui parlait en cet instant? Jadis, rien qu’un an auparavant, jamais il n’aurait imaginé s’enchainer de la sorte aux contraintes de la vie conjugale. A l’aube de la mort certaine de Narcissa, ç’avait été au contraire son plus cher désir. Ainsi, son âme sœur décédée, ils demeureraient unis aux yeux du monde, et peu importe les conséquences ultérieures.

"Alors aussi incroyable que cela puisse paraître… Oui, c’est bel et bien ce que nous sommes venus chercher. J’aimerais tellement que vous puissiez accepter la façon dont tout cela s’est produit, pour qu’enfin cette union trouve grâce à vos yeux… Car je refuse que notre enfant naisse et vive dans un monde où sa grand-mère renie son existence" dit David en répétant mot pour mot, les mêmes propos qu’il avait tenu plusieurs semaines auparavant devant Narcissa. "En revanche, il apprendra l’histoire de ses parents, qui ont eu le courage de combattre l’opprobre pour pouvoir s’aimer au grand jour."

Car si Cassandra était bel et bien la dernière au courant, si Narcissa et David lui avaient tout dissimulé jusqu’à ce jour, c’était en effet par crainte de sa réaction. Une crainte fondée, comme le prouvait l’attitude de la Comtesse. Narcissa avait tout simplement eu peur que sa mère ne la renie. Pour l’instant, la Veuve, aveuglée par le ressentiment, ne pouvait le réaliser. Mais avec du recul et du calme, elle finirait par comprendre –c’était une mère après tout, qui aimait autant son enfant que Sarah Geisler avait aimé David. Cette volonté de prendre les formalités officielles en main le témoignait: Cassandra voulait se charger de cette partie et affirma son attention de rendre le mariage public dès le lendemain. David fit un geste vague de la main, affreusement gêné. Elle qui se plaignait d’être la dernière au courant, n’était pas encore au bout de ses surprises.

"A propos de ça… Désolé, Cassandra, ce ne sera pas nécessaire… il a déjà été rendu public, le jour-même de sa cérémonie. Si vous n’avez pas remarqué cette information, c’est sans doute parce que les noms qui figurent sur les registres d’état civil, ne sont pas ceux que vous connaissez –et aussi parce que les dits registres sont peut-être un peu loin de Forbach. (Il se racla la gorge pour déclarer): Nous, Narcissa et David Geisler de Fontigny, sommes désormais propriétaires du domaine de Fontigny, que nous avons acquis en même temps que notre mariage en complément de celui-ci. Rassurez-vous, ce n’est pas si loin… Par une météo clémente, comptez une journée de voyage tout au plus… "

Il se tut, conscient que ce détail trivial n’avait aucune importance comparé au reste. Cassandra devait être sous le choc. David en profita pour poursuivre avant qu’elle ne reprenne ses esprits:

"En ce qui concerne notre régime matrimonial… Je suis désolé de bouleverser une fois encore vos traditions, mais… Le régime dotal séparatiste des gens du sud, auquel vous avez sûrement pensé, ne nous conviendrait pas. Narcissa et moi partageons tout ou presque; nous souhaitons un hymen le plus égalitaire possible, malgré les mœurs de notre époque. Nous avons opté pour une communauté de meubles et acquêts. Rassurez-vous, cela nous permet quand même à tous les deux de conserver certains biens paraphernaux."

David tenait à être rassurant sur ce point, car c’était un choix de vie crucial et Cassandra aurait sans doute émis des réserves à l’idée que sa fille se retrouve sous une trop grande puissance maritale de David. Par ailleurs, celui-ci n’envisageait pas le moins du monde, de reléguer son épouse au rang de simple maîtresse de maison; dans leur futur domaine, toutes les décisions se prendraient à deux.

"C’était une façon peu orthodoxe de procéder, mais nous avons fait l’acquisition du domaine de Fontigny à deux, grâce aux économies de Narcissa et les miennes. A ce propos, rassurez-vous également… Nous n’aurons jamais le luxe opulent et éblouissant des nobles, c’est certain, mais je vous assure de toujours maintenir un niveau de vie plus que décent pour notre future famille. Mes revenus de Sergent dans l’Inquisition, sont complétés par l’héritage de ma mère, ainsi que d’autres sources financières qui me sont propres. (Inutile de dire à Cassandra, évidemment, que cet argent provenait de sa chance insolente aux jeux). Depuis quelques temps, nous sommes également fiduciaires des fonds d’un bon ami qui apprécie notre vision des choses, malgré son âge avancé."

David en avait presque fini à présent. Au fil de sa tirade, sa voix d’abord hésitante et gênée avait pris de l’assurance à mesure qu’il énumérait ses acquis. Même si il ne pourrait jamais être qualifié de « bon parti » en comparaison des grands noms de la noblesse, il n’était plus le gosse anonyme de jadis qui n’avait rien à offrir. Narcissa et lui s’étaient simplement très bien débrouillés, avec de l’audace, beaucoup de chance et surtout de très bons alliés.

"Dès demain, j’enverrai également une lettre à mes grands-parents, à Nancy. Il est plus que temps de les mettre au courant de la situation. Si possible, j’aimerais organiser ensuite leur venue à Forbach, afin de leur présenter ma belle-famille de manière officielle, et surtout enfin les revoir."

David redoutait ce moment autant qu’il l’espérait. Il poussa un soupir. Oui, ils s’étaient à présent rués vers la vie d’adulte… Mais lui avait déjà 22 ans et l’occasion d’épouser la personne souhaitée. Il ne voulait pas la laisser passer.

"J’ai fait beaucoup de conneries dans ma vie…" conclut-il à voix basse. "Et à chaque fois, je ne supportais pas les remontrances, parce que je savais qu’elles étaient justifiées, que mes actions étaient mauvaises et que je causais du tort… Mais pour la première fois de ma vie, les regrets sont absents. Pour la première fois… j’ai la sensation de faire quelque chose de bien et d’avancer enfin sur la bonne voie."
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/inquisiteurs-f50/david-geisler-t
Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


Qui conçoit en secret accouche en public Vide
MessageSujet: Re: Qui conçoit en secret accouche en public   Qui conçoit en secret accouche en public Icon_minitimeDim 7 Oct 2012 - 23:41

Il était temps de lâcher prise.

Le culot et les affronts répétés de David et de Narcissa, qui n'offraient même pas d'explication à leur comportement vis-à-vis d'elle et piétinaient sans aucune considération son amour-propre et sa dignité de mère finirent de convaincre Cassandra qu'elle n'avait plus sa place parmi eux. Ils l'avaient exclue de leur vie, et ils le lui signifiaient sans ciller. Eût-elle été moins atrocement blessée, elle en aurait hurlé de rage. Cassandra regretta profondément l'absence de Viviane. Sa sœur... comme elle aurait aimé l'avoir près d'elle à cet instant ! Et pour la première fois depuis longtemps, elle souhaita mourir, pour enfin rejoindre Amaël. Cela ne lui fut pas accordé, et Cassandra comprit qu'il lui fallait maintenant répondre.

- Je crains fort que vous n'ayez commis plusieurs erreurs d'appréciation.

Ils en avaient fait mille, en fait. On ne malmenait pas les sentiments d'une personne comme ils l'avaient fait pour ensuite lui arracher une bénédiction. Ils ne réalisaient pas l'affront qu'ils lui faisaient en lui énumérant tranquillement tout ce qu'ils lui avaient caché pour une raison inconnue. Ils avaient annoncé les nouvelles dans le mauvais ordre. Si Cassandra avait d'abord appris la nouvelle richesse et la situation de David, avant d'apprendre le mariage, elle n'aurait au moins pas eu peur pour l'avenir financier de sa fille. Si elle avait appris le mariage avant d'apprendre que Narcissa était enceinte, elle n'aurait pas tremblé pour sa réputation. Ils avaient joué avec ses réactions et ses sentiments, avec une cruauté que Cassandra n'aurait jamais soupçonné chez eux, encore moins chez Narcissa.

David parlait comme si elle était la méchante de l'histoire, celle qui faisait encore obstacle au grand amour de sa fille, alors que ce n'était absolument pas le cas. Il lui parlait comme si elle devait être ramenée à la raison et accepter ce que le bon sens dictait, alors qu'elle n'avait face à elle qu'un écart aux conventions et aux normes. Or, c'était bien elle qui avait bafouée, dans cette histoire, pas eux ! Qu'il ose ainsi retourner la situation la sidérait. Elle voulut lui rire au nez lorsqu'il parla de « courageux parents » – ceux-là même qui avaient tremblé trois longs mois avant de lui faire face – mais elle en fut incapable.

Que le contrat de mariage de Narcissa et de David soit en communauté de biens était le cadet de ses soucis. Au final, elle n'aurait même pas à s'en préoccuper, et c'était pour le mieux : elle était tellement lasse, maintenant, qu'elle n'aurait pas eu la force de mener sa tâche à bien. Elle avait surtout réalisé qu'avec le domaine qui leur tendait les bras, le couple allait partir s'installer au loin. Et Narcissa partirait vivre sa vie loin d'elle, foulant aux pieds tous les projets d'avenir qu'elles avaient jadis caressés.

- Je me rends compte. Je réalise que j'ai été exclue de votre vie. Je le déplore, mais il ne me reste qu'à le constater, malheureusement. Peut-être as-tu raison quand tu prouves qu'il ne s'agit plus de mon ressort, David. Eh bien, restons-en là.

La voix de la Veuve s'était brisée. Sa peine était si profonde qu'elle douta pouvoir jamais sourire à nouveau. Dire qu'Amaël avait réappris le rire à Cassandra ! Amaël... Jamais il ne lui avait plus manqué qu'à cet instant. La Veuve se leva lentement, prit sa canne et jeta un regard compatissant aux deux jeunes époux.

- Pour ce soir, je vais me retirer. J'ai des blessures à soigner et vous avez un avenir à construire.

Et elle s'éloigna d'un pas claudiquant. Il était temps pour la Veuve de retourner dans l'ombre. Ils réaliseraient bien tout seuls qu'elle ne leur avait pas donné de bénédiction. Elle ne la donnerait pas, pas après les circonstances qui avaient entouré l'événement et son annonce. Mais du plus profond de son cœur, elle leur souhaitait le meilleur. Sans elle, mais elle espérait que la vie leur sourirait. Davantage qu'elle ne lui avait souri, à elle.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/fiches-personnages-f3/mere-matte
Contenu sponsorisé




Qui conçoit en secret accouche en public Vide
MessageSujet: Re: Qui conçoit en secret accouche en public   Qui conçoit en secret accouche en public Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

Qui conçoit en secret accouche en public

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
The Witch Slay :: Sur les Pavés - Ville :: Les Quartiers Résidentiels :: Les Maisons Bourgeoises :: Hôtel Particulier de Saint-Loup-