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 Le jeu s'arrête ici

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Mère Marie-Théodosine
Conseiller de la Suprema
Conseiller de la Suprema
Mère Marie-Théodosine


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MessageSujet: Le jeu s'arrête ici   Le jeu s'arrête ici Icon_minitimeDim 31 Mar 2013 - 23:29

Lorsque Cassandra devait se réveiller ce jour-là de sa longue phase d’inconscience, après avoir héroïquement brandi l’épée du Gardien pour vaincre le séraphin de feu, c’était pour découvrir que quelqu’un l’avait transportée dans les sous-sols de la collégiale. Elle se trouvait assise sur une chaise en bois dur, dans une salle d’interrogatoire baignée d’obscurité, au sein de la zone réservée aux cachots –cette même salle en fait où David, des éons auparavant, avait convoqué Viviane après l’arrestation ratée d’Alicia Maestriani. La main de la Comtesse de Saint-Loup avait été enduite d’un onguent anti-brûlures puis bandée.

"Je n’aurais pas permis que tu succombes à tes blessures. Je ne te laisserai pas quitter ce monde si facilement, Mattéa… Pas avant d’avoir obtenu des explications."

La voix redoutable de Mère Marie-Théodosine –car c’était bien d’elle qu’il s’agissait- transperça le silence et le noir. L’envoyée du Vatican n’était pas bien grande, mais lorsqu’elle se dressait de toute sa hauteur, généralement personne n’osait lui tenir face. Debout devant Cassandra tel un juge devant un condamné, la Clarisse croisa les bras, laissant son sourire aux dents noires fendre les rides de son visage.

La mise en scène ne prêtait pas à confusion. Une salle obscure, humide, crasseuse. Les murs de pierre nus abîmés par le temps. La chaise unique de l’interrogé. Deux sentinelles qui gardaient même la porte. Et au-delà du couloir, les cellules dans lesquelles on avait jadis entendu les cris de sorcières suppliciées…
Cassandra était vraiment, vraiment dans de gros ennuis.

"Qu’as-tu à dire pour ta défense? Non, ne dis rien, finalement. Il n’y a RIEN à dire. Tu t’es jouée de nous, Mattéa! Tu nous as fait croire que tu étais du côté de l’Inquisition, tu en as même pris les reines, alors que pendant tout ce temps tu jouais un double jeu… Ne cherche pas à nier, c’est fini maintenant. Ta soi-disant autorité naturelle ne te protège plus. Tu n’as plus d’alliés. Et nul n’a plus peur, surtout pas moi, de dire haut et fort que dorénavant il est certain que CASSANDRA DE SAINT-LOUP, L’INQUISITRICE GENERALE EST UNE SORCIERE!"


Des murmures choqués se firent entendre au-delà de la cloison. En tournant le regard vers la porte, on pouvait voir une affluence de visages qui tentaient de voir et entendre ce qui se passait dans la pièce à travers le vasistas. Dans sa perfidie habituelle, Mère Marie-Théodosine avait interdit aux troupes inquisitoriales l’accès au cachot comme si l’entretien était privé; et en même temps elle avait tout fait pour que les hommes puissent suivre la scène, que Cassandra soit dénoncée sous les yeux de ses propres soldats, qu’elle soit désavouée devant eux et que tous en soient témoins.

"L’évêque de Metz a béni l’épée dont le contact brûle désormais les mains impies. Nous avons presque tous touché cette épée sans en subir le moindre mal… Mais toi, Mattéa! Tu l’as empoignée à pleines mains hier et ta peau a été brûlée! Des dizaines de témoins t’ont vue faire! Je dois te remercier pour ça. Tu m’as épargné la corvée de devoir rassembler les preuves de ton hérétisme en l’affichant en public."


Mère Marie-Théodosine eut un geste univoque, qui semblait signifier à quel point elle trouvait ce scandale inqualifiable.

"Des soupçons avaient déjà pesé sur toi du temps de Sébastien Garin. Alicia Maestriani, la sorcière la plus connue de Forbach, avait cité ton nom juste avant de disparaître! C’était donc vrai… Je ne sais pas comment tu t’en es sortie, si tu as ensorcelé le Second de l’Inquisition pour qu’il te laisse tranquille, mais ta double-vie s’arrête ici, Mattéa."
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Le jeu s'arrête ici   Le jeu s'arrête ici Icon_minitimeLun 1 Avr 2013 - 16:17

Ce ne fut pas la lumière qui réveilla la Veuve, ce fut le froid. En prenant petit à petit conscience de ce froid qui l'entourait et engourdissait ses membres, Cassandra en vint à l'éveil complet. Elle ne s'attarda pas trop sur les conditions qui semblaient l'entourer : elle ne les connaissait que trop bien. Elle avait déjà mené des interrogatoires, elle savait ce que c'était. Elle ne se raidit pas contre la chaise dure, c'eût été inutile. Avec surprise, elle porta son regard sur la main qui avait tenu l'épée, qui ne l'élançait pas. En fait, la Veuve ne ressentait rien. Elle se demanda avec un étrange détachement si elle serait encore capable de la bouger. Alors, la voix de Marie-Théodosine s'éleva dans le noir.

Ainsi, c'était donc elle qui allait l'humilier et l'interroger. La torturer, peut-être – mais alors, pourquoi l'avoir soignée ? La Veuve ne doutait pas un instant de parvenir à rendre la Clarisse folle de rage. Le contrôle qu'elle exerçait sur ses propres peurs l'empêcherait de céder aux méthodes classiques de la question – et cela, Marie-Théodosine devait bien en être consciente. Si elle décidait de la confronter, c'était donc parce que... parce que... Les bruits des Inquisiteurs lui parvinrent, étouffés. Ah... la chute du chef était toujours plus douloureuse lorsqu'elle s'accompagnait de la perte d'estime et de respect de ses anciens subordonnés. Car Cassandra ne se faisait aucune illusion : si elle était sur sa chaise, face à une Clarisse trop heureuse pour le montrer, c'était que son autorité avait été suspendue et que la loi vaticane avait été déclarée, menant sans aucun doute la Clarisse au sommet effectif de la hiérarchie.

Elle n'écouta que d'une oreille les récriminations de Marie-Théodosine. La Clarisse s'était bien gardée de montrer le bout de son nez pendant l'attaque. Elle faillit rire, d'un rire sec et bref, aussi décharné que sa main d'épée. Elle, l'Inquisitrice Générale, traînée dans la boue et accusée de sorcellerie. À travers sa disgrâce, c'était l’Église entière qui était compromise et qui devenait la risée des bouffons.

Qui était-elle ? La Veuve se devait de réfléchir avec lucidité. Analyser sa situation avec calme, avant de décider ce qu'elle voulait faire. Oui, en cet instant, la loyauté de l'incorruptible Cassandra de Saint-Loup basculait et perdait son intransigeance pour voler au service du Clan Valdemar. Elle avait été une femme d'Église, la plus dure et sans doute la plus acharnée, quoique ce titre puisse lui être disputé par la Clarisse – son ancienne amie. Elle avait toujours servi les intérêts de l'Église et même au-delà, du Seigneur. Elle avait protégé Viviane et Narcissa parce qu'elle prenait en pitié les sorcières blanches qui sacrifiaient leur foi et leur âme pour venir en aide à l'humanité. Elle avait admiré sa sœur pour avoir renoncé à la foi en toute connaissance de cause. Et récemment, elle n'avait pas compris cette alliance avec les sorcières noires, avec le Lys Noir, malgré les paroles de Viviane. Étaient-ils les enfants perdus de Dieu, qu'il fallait ramener au bercail ? Peut-être. Mais malgré tout cela, jamais elle n'avait cessé de croire au message divin, à la force de la chrétienté et à la justesse de ses vues. C'était avec sincérité qu'elle avait pris la charge d'Inquisitrice, pour terminer le travail de Sarah Geisler. L'Église traversait une crise qu'elle allait résoudre, pour le bien du monde visible et invisible. C'était ce qu'elle avait toujours pensé. Et il avait valu la peine de jeter toutes ses forces dans la bataille. Mais qu'avait-elle reçu en retour de son dévouement à l'immense structure ecclésiastique ? Un bûcher de sorcière, préparé pour une erreur de jeunesse. Pour un aveuglement aux desseins célestes.

Alors l'Église-Institution pouvait aller au diable. Le message chrétien, pour Cassandra, c'était l'amour de l'autre et le plus grand bien – sans qu'elle le sache, ses pensées étaient l'écho des paroles de Viviane, quelques heures plus tôt. Les sacrifices, elle les connaissait. Elle en avait même fait de sanglants au cours de sa vie, sans trembler, ni même hésiter, alors qu'ils impliquaient parfois d'autres vies. Mais c'étaient alors d'autres vies qui menaçaient l'équilibre. Si l'Inquisition – l'Église – n'était pas capable de transcender cet idéal, ni de pardonner le passé à une de ses plus éminentes combattantes, c'était qu'elle n'était pas capable de transmettre la volonté du Seigneur.

Cassandra cligna des yeux, surprise. À dater de cette heure, elle mettait toutes ses forces et toute sa volonté non plus au service de l'Église institution, mais des siens – Viviane, Narcissa, David, leur enfant à venir qu'elle ne connaîtrait peut-être pas, finalement. Elle demeurait une catholique convaincue, mais elle ne pouvait plus croire en une hiérarchie vide de sens. Tout en ayant le sentiment de devenir apatride, Cassandra songea que les voies du Seigneur étaient impénétrables, et que s'il lui donnait la force d'apporter son message de paix, elle y parviendrait. Avec un abandon qu'elle n'avait plus ressenti depuis longtemps, elle remit son destin entre Ses mains.

La Veuve releva le menton. Elle regarda la Clarisse droit dans les yeux, reconnaissant la valeur de son adversaire, mais lui indiquant clairement que... qu'elle ne pouvait pas gagner. Même dans sa position de faiblesse extrême, Cassandra semblait faite d'acier. Sa volonté était inébranlable, et son avantage était qu'elle n'avait pas peur de la mort. Sa voix ne tremblait pas lorsque sa réponse fusa, cette même voix habituée au commandement et au pouvoir. Cette voix qui défiait le monde entier en un simple et froid :

- Effectivement, je n'ai rien à te dire.
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Mère Marie-Théodosine
Conseiller de la Suprema
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Mère Marie-Théodosine


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MessageSujet: Re: Le jeu s'arrête ici   Le jeu s'arrête ici Icon_minitimeLun 1 Avr 2013 - 20:28

Cassandra semblait retirée dans un autre monde. Son esprit voyageait dans une autre dimension. Son corps n’était plus que l’enveloppe charnelle d’une dame âgée, blessée et fatiguée ; mais son âme était encore plus dure que le roc. C’est ce qui frappa le plus Mère Marie-Théodosine. Cet éclat dans ses yeux. Cette étincelle de défi et d’insoumission qui l’insupportait plus que tout autre chose au monde.

"Pourquoi…" siffla-t-elle lentement, et sa voix caverneuse frôla en échos les murs de la prison. "Pourquoi as-tu fait ça, Mattéa? Pourquoi as-tu tourné le dos à des personnes qui pensaient te ressembler? Pourquoi t’es-tu détournée impunément d’une voie que tant d’autres s’acharnent à suivre? Pourquoi vous, les sorcières, vous croyez toujours tout permis?"

Le ton allait crescendo dans la colère et explosa avec hargne. L’envoyée du Vatican saisit Cassandra par le col, transfigurée par son ire. Elle ne comprenait pas! Et cette expression dans les yeux de l’ancienne Mère Mattéa l’agaçait encore plus…
Il était évident que la femme qui se trouvait devant la Comtesse de Saint-Loup en cet instant n’était plus la même personne que la rivale et amie qu’elle avait jadis connue à Rome.

"Tu veux jouer la carte du silence? Très bien! Tu aurais pu parler pour tenter d'alléger ton châtiment, vieille sotte, mais tant pis. Gardes! Saisissez-la!"


Les deux sentinelles massives qui gardaient l’encadrement de la porte s’avancèrent et saisirent Cassandra chacun par un bras, soulevant ce corps âgé et fatigué sans effort, en l’enserrant fermement. Marie-Théodosine les avaient bien sûr choisies soigneusement parmi ses partisans au sein de l’Inquisition. Et tandis que les deux miliciens s’avançaient vers la porte, la Clarisse qui l’ouvrait au même moment, s’arrangea pour crier dans le couloir, afin que la sentence soit entendue par tous:

"Cassandra de Saint-Loup, Comtesse de Rodez, jadis connue sous le nom de Mère Mattéa, résidant à l’autel de Saint-Loup en le comté de Forbach, je te déclare coupable du crime de sorcellerie, t’accuse d’avoir par l’hérétisme renié ta foi en notre sainte mère l’Eglise, et te condamne en conséquence à être brûlée vive sur le bûcher. Puisse les flammes emporter toute trace du culte impie que tu portes en toi."

Le battant s’ouvrit dans un grincement insupportable. Les sentinelles la franchirent en emmenant Cassandra.
Alors, elle passa devant une marrée de visages humains. Des yeux levés vers elle, des visages familiers –ceux de tous les soldats qui avaient servi sous son commandement et auraient été prêts à la suivre si loin, cette image de l’Inquisitrice Générale, fervente catholique et femme exemplaire, qui avait été leur dirigeant. Pourtant en cet instant le silence était de mise. Pas une voix ne s’élevait de la foule qui s’écarta pour laisser passer les deux sentinelles et leur captive. Les visages, entre consternation, tristesse, colère, incompréhension, demeuraient muets.

"Rompez!" leur cria Marie-Théodosine alors qu’ils parvenaient, au terme d’un parcours très bref, à la porte en barreaux d’une cellule creusée à même le roc.

Les Inquisiteurs s’exécutèrent lentement, toujours dans le silence le plus complet. Les gardes placèrent Cassandra en cellule, verrouillèrent la porte et se retirèrent à leur tour. Il ne resta plus que Cassandra et cette femme –cette envoyée du Vatican qui portait le nom de Marie-Théodosine.
Cette dernière avait voulu tourmenter Cassandra, que celle-ci tente de se disculper, argumente, supplie même. Mais l’Inquisitrice Générale déchue restait de marbre. La Clarisse cependant, n’avait pas abattu toutes ses cartes.

"Tu n’auras pas de prêtre pour te confesser"
lança-t-elle pour te faire souffrir. "Mais je suppose que ça t’es égal à présent. Par contre, ça t’intéressera sans doute beaucoup plus de savoir que je suis au courant. Pour ta sœur. C’est une sorcière elle aussi, évidemment."

Comment Marie-Théodosine savait-elle cela? Elle sourit d’un air cruel et mystérieux sans révéler comment elle était entrée en possession de cette information. Cassandra aurait tout le temps d’y réfléchir, seule à ce morfondre dans ces quatre mètres carrés de pierre crasseuse, au sol recouvert de paille et d’anciennes déjections.

"Tu vois… J’avais une sœur, moi aussi. Je n’ai jamais compris pourquoi c’était la préférée. Je la haïssais, j’ai voulu ne plus la considérer comme ma famille. Et puis un homme m’a dit un jour que la famille, c’était important. J’ai cru qu’il cherchait à se moquer de moi… alors je l’ai abattu. (L’envoyée du Vatican écarta les bras comme pour se décharger de sa responsabilité). L’ennui, c’est qu’il avait raison. C’est important, la famille. Alors ne t’inquiète pas: ta sœur et toi, vous serez réunies. Il ne me reste plus qu’à la coincer et elle te rejoindra sur le bûcher."
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Le jeu s'arrête ici   Le jeu s'arrête ici Icon_minitimeMar 2 Avr 2013 - 19:48

Voir Marie-Théodosine perdre son sang-froid emplit Cassandra de satisfaction. Elle ne bougea pas, ni pendant la violente invective de la Clarisse, ni même quand cette dernière la secoua rudement. Quoi qu'il lui en coûte, il ne fallait pas répondre. La condition de la Veuve était critique, ce dont elle n'avait que trop conscience. Il lui fallait maintenant agir au plus stratégique, pour couvrir sa fille et sa sœur, tenter de restaurer la dignité de son nom le temps de fuir Forbach, ou plutôt tenter de sauver ce qui pouvait encore l'être. L'heure n'était plus au sentimental (comme l'attachement à une terre natale) ou au choix : puisque l'Inquisition l'accusait, elle ne tarderait pas à accuser Viviane, puis Narcissa, puis David – savait-il seulement qu'il avait lié son avenir aux sorcières ? Une vague glacée étreignit la Veuve. Elle n'y avait même pas songé, mais là, réaliser l'importance de ce secret fit battre son cœur irrégulièrement. Seigneur ! Il ne savait pas. Il ne pouvait pas savoir, sinon... il aurait réagi, et elle l'aurait remarqué, d'une manière ou d'une autre. Il n'aurait pas été surpris en la voyant lâcher l'épée. Cassandra se sentit plus vieille que jamais. David allait être blessé au plus tendre, là où la douleur serait cuisante. Peut-être ne leur pardonnerait-il jamais. Mais peut-être comprendrait-il ce qu'elle avait ressenti, elle, en étant écartée de leur vie, pour qu'ils n'aient pas pris la peine de lui parler de leur mariage. Que Narcissa n'ait pas parlé de sa sorcellerie à son mari emplissait Cassandra de tristesse. Pourquoi avait-elle reculé ? La Veuve pensa que le temps où sa petite fille lui racontait tout était définitivement révolu. Elle ne le saurait pas, et si elle voulait avoir une chance de savoir, elle avait tout intérêt à commencer par se préoccuper de sa situation présente, au lieu de pleurer sur ce qui allait arriver aux siens.

Elle devait commencer par leur épargner sa mort, par vaincre Marie-Théodosine et par créer l'opportunité nécessaire pour que les siens puissent prendre la fuite. Échapper à Forbach, à l'Inquisition, à la folie du Vatican. Elle ne fit pas à Marie-Théodosine le plaisir d'une réponse. Parce qu'en dépit de son lourd passé il était évident qu'elle n'était pas une sorcière, tout d'abord, parce qu'elle ne se croyait pas tout permis ensuite.

Les gardes qui la saisirent avaient été soigneusement choisis et ne la portaient pas dans leur cœur. Cassandra y voyait la patte prévoyante et clairvoyante de Marie-Théodosine. Choisir quelqu'un comme Sigmund ou David aurait été une erreur fatale. La Veuve se plaça volontairement entre les gardes, décidant qu'elle marcherait d'elle-même, sans être traînée comme un vulgaire paquet, vers ce que la Clarisse lui avait préparé. Sa sentence ne la surprit pas.

Ce qui la surprit, en revanche, ce fut l'expression sur les visages des Inquisiteurs. Elle percevait la déception, la rage, la colère, l'incompréhension, et... un désir fou de la disculper. La Veuve n'était pas stupide : elle savait reconnaître une marque de respect quand elle en voyait une. Elle réalisa que si ses hommes – enfin, les hommes de Marie-Théodosine – étaient là, ce n'était pas seulement pour témoigner de sa chute. Il ne leur manquait qu'une étincelle pour qu'ils se rebellent. Cassandra jeta un bref coup d’œil à la Clarisse. Il était impossible qu'un tel élément ait échappé à l'instinct du nouveau chef de l'Inquisition. Était-ce une erreur d'appréciation, ou une épreuve ? La Veuve comprit qu'elle avait peut-être là sa planche de salut, si elle parvenait à jouer correctement. Parviendrait-elle à retourner l'Inquisition contre Marie-Théodosine ? Cela valait la peine d'essayer. Si elle pouvait utiliser l'Inquisition pour sauver les siens, elle n'hésiterait pas. Après tout, c'était une question de vie et de mort.

Droite et aussi rigide qu'à l'habitude, Cassandra traversa la foule d'inquisiteur sans baisser les yeux ni céder un pouce de terrain. Il fallait commencer par conserver son attitude de chef. Lorsqu'elle eut dépassé le dernier inquisiteur, elle se retourna et dit calmement :

- Aux versets 12 et 13 du chapitre 16 de L'Ecclésiastique, il est dit que la miséricorde et l'indignation sont toujours avec Lui. La supplication est puissante sur Lui, et Il répand néanmoins Sa colère. Ses châtiments égalent Sa miséricorde, et Il juge l'homme selon ses œuvres.

Ils avaient décrypté ensemble les mauvais vers des sorcières. Puisqu'elle était accusée de faire partie des leurs, autant utiliser leurs moyens – version biblique, tout de même – pour faire réfléchir les Inquisiteurs. Elle était consciente qu'une phrase sibylline ne suffirait pas, même si cette phrase la positionnait ni plus ni moins comme relevant d'un tribunal divin et non plus terrestre. Il leur faudrait des preuves, et Cassandra avait la plus éclatante des preuves contre elle, raison pour laquelle elle invoquait le droit divin : si Dieu l'avait jugée au travers de l'épée et laissée en vie, c'était bien qu'elle n'était pas condamnable. Qui allait oser la juger après Dieu ? Sa citation lui donnait simplement du temps. Le temps nécessaire pour dresser un plan réalisable.

La Veuve s'attendait à être enfermée en cellule, sans doute pour la rendre folle de peur en attendant le jour de son exécution. Quelle ne fut pas sa surprise en constatant que Marie-Théodosine la suivait dans sa cellule, dans un but évident de vilenie.

Les deux attaques suivantes furent d'une violence inouïe. La Veuve accusa le coup, le souffle court. Pas de confession ? Son regard croisa celui de la Clarisse. C'était une vengeance personnelle, pas la voie du Seigneur. Chaque condamné avait droit à un prêtre. Cassandra se reprit de justesse, mais son cœur hurlait au scandale. C'était une injustice sans nom. Marie-Théodosine abusait de sa position de pouvoir. Sans remords, en plus.

Mais ce n'était rien en comparaison de la menace qu'elle fit peser sur la tête de Viviane. Le cœur de Cassandra s'arrêta. Viviane avait-elle déjà été arrêtée ? Est-ce que ses pouvoirs lui avaient permis d'échapper à ses poursuivants ? La Veuve savait que sa sœur avait atteint le sommet de sa hiérarchie. Son niveau de maîtrise des arts occultes était donc logiquement le plus puissant de la tribu, ce qui signifiait qu'à l'instar d'Europe Éléanora-Sun et feu la Maestriani, elle serait capable d'échapper à l'Inquisition. Il le fallait. Seigneur, étends ta main protectrice sur les Valdemar.

Cadenasser ses peurs. Penser rationnellement. Ne pas laisser la colère prendre le dessus. Marie-Théodosine et elle avaient marché aux côtés de géants. Elles avaient appris, elle s'étaient hissées au sommet, elles s'étaient éloignées, elles avaient vécu, et maintenant... elles se combattaient. Alors pourquoi ce sentiment si fort de compassion lorsqu'elle apprit un pan du passé de Marie-Théodosine qu'elle ignorait complètement ? L'histoire, Cassandra n'avait pas besoin de la connaître en entier. Les misères passées, elle les devinait autant qu'elle pressentait leurs dégâts dévastateurs sur la Clarisse. Malgré son empathie – inattendue – la Veuve ne se laissa pas distraire. Elles étaient l'une contre l'autre, avec sa vie dans la balance.

- Veux-tu que je verse une larme sur ton passé, Marie-Théodosine ? Tu as la chance de te souvenir du tien, pour le moins.

Une piqûre de rappel n'était jamais superflue. Si Marie-Théodosine parvenait à mettre bout à bout les événements et cette bribe d'information, peut-être qu'elle comprendrait la véritable situation de Cassandra de Saint-Loup. Et si elle ne le faisait pas, il resterait d'autres recours à la Veuve pour sortir.

- Je pense qu'il est temps de nous dire au revoir, Marie-Théodosine.

Aucune faiblesse, aucune faille dans l'armure de la Veuve. Mais un trou déjà béant à l'intérieur, nourri d'inquiétudes et de prières pour des femmes aux cheveux de feu.
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David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


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MessageSujet: Re: Le jeu s'arrête ici   Le jeu s'arrête ici Icon_minitimeMer 3 Avr 2013 - 0:22

Ils étaient sortis des cachots, mais il n’y avait nulle part où aller. Seule la partie souterraine de la Collégiale était intacte. Les trois quarts de l’édifice de surface s’étaient effondrés, comme dans une métaphore architecturale et majestueuse de ce qui arrivait à Cassandra en cet instant: des dizaines et des dizaines d’années d’efforts réduits à néants l’espace de quelques minutes, par un souffle de violence.

Les amis de David s’éparpillèrent parmi les décombres. Ils n’avaient pas vraiment eu le temps de reprendre leurs esprits depuis l’attaque du séraphin de feu la veille au soir. Ils étaient logiquement sensés attendre un ordre de la part de Marie-Théodosine, puisqu’elle occupait désormais le sommet de la hiérarchie; mais cette vieille peau de vache fripée n’avait même pas daigné se montrer durant l’affrontement de la veille et depuis son arrivée, elle ne s’était pas intéressée une seule seconde aux Inquisiteurs, aux blessés, à la Collégiale en ruine… ayant focalisé toute son attention sur Cassandra.
Alors ils erraient, en attendant… Une fraction d’entre eux surveillait le quartier de la grande rue comme l’avait ordonné David.
D’autres allaient rendre visite aux blessés de la veille, d’un nombre non-négligeable.
Pour le reste, ils étaient aussi démunis que des pauvres hères, encore hébétés du choc qui venait de s’abattre sur eux.

Des vestiges d’années passées en ce lieu, résumées en des meubles et des objets fracassés, défilaient sous les yeux de David dans la lumière du midi. Ici, autour de cette table renversée et brisée, il avait bu avec ses compagnons et pris certains de ses repas. Là, dans ce meuble qui dépassait à peine des décombres, des papiers importants avaient été stockés... Autant de mémoires fragmentées en un puzzle brisé et incohérent.

"Bougez-vous au lieu de traîner la patte!"

La voix de Marie-Théodosine le fit sursauter. Il se retourna pour la voir émerger de l’escalier en colimaçon menant aux sous-sols. Son entretien avec Cassandra avait été beaucoup plus court que prévu.

"Faites en sorte de récupérer tout ce qui peut l’être. Surtout la paperasserie. Je veux un rapport à la fin de la journée! Et souvenez-vous que personne ne doit parler à la condamnée!" ordonna la harpie d’une voix sévère avant de prendre la poudre d’escampette –sans doute pour aller délasser ses fesses ridées et flasques dans un bon bain chaud au château de Frauenberg.

Il aurait dû la détester pour ça. Et c’était le cas en temps normal. Mais tout ce qui habitait le jeune homme en cet instant ne ressemblait plus qu’à du désespoir.
Il descendit aux sous-sols et se heurta aux deux sentinelles fidèles à l’envoyée du Vatican. Ces dernières ne voulurent pas le laisser voir Cassandra. David tenta de forcer le passage et se fit rejeter brutalement. Désemparé, il retourna à la surface… et expliqua son plan à ses amis.
Ils redescendirent à neuf dans le souterrain et se scindèrent en deux pour se jeter sur les gardes et les immobiliser. David en profita pour subtiliser les clés du couloir à l’un des cerbères et bondit vers les entrailles des sous-sols.

"Je vous en dois une!" cria-t-il à l’intention de ses amis qui, enfin, lâchèrent les sentinelles. Celles-ci se précipitèrent vers David qui referma le lourd battant du couloir sous leur nez, et verrouilla la porte de l’intérieur grâce au trousseau de clés. Il savait qu’il lui faudra ressortir d’ici tôt ou tard. Il lui faudrait alors affronter le courroux de Marie-Théodosine, tout comme ses complices… mais ceux-ci avaient accepté de l’aider malgré les représailles. Ce n'était pas le moment de tout gâcher et de rendre vaine cette solidarité; il s’occuperait des conséquences plus tard. Pour l’instant, il allait juste mettre à profit ce moment d’intimité, arraché par la force aux ordres de la harpie.
David n’avait pas le choix, c’était vital. Il devait parler à Cassandra.

Et pourtant... Lorsqu’il se retrouva en face d’elle, après avoir parcouru un bref itinéraire dans le souterrain en passant devant les geôles vides, il ne sut que dire. La cloison de barreaux les séparait. En fait, tout les séparait.

Lorsqu’elle avait été interrogée par la Clarisse, il avait espéré que Cassandra nierait de toutes ses forces. En fait, même si elle n’y avait pas mis toutes ses forces, même si elle avait nié faiblement, sans conviction… Une seule et unique dénégation, aussi minime soit-elle, aurait suffi pour que David la croit envers et contre tout. La situation était très similaire à celle qu’il avait vécu lorsqu’il avait demandé à sa mère, si elle était bien la femme enceinte arrivée en état de choc au monastère de Calis, selon le récit de la mère supérieure. A cette époque là, il avait fait un choix. Il avait décidé que malgré tous ses doutes, si sa mère lui disait qu’elle n’était pas cette femme, il la croirait. Même si des suspicions demeureraient à vie, il la croirait, et la croyait encore aujourd’hui.
Si Cassandra avait nié même une seule et unique fois… il l’aurait crue.

Mais elle n’avait rien dit.

"Quand je pense que vous nous reprochiez notre manque d’honnêteté, à Narcissa et moi" lança-t-il avec un rire nerveux, dénué de tout reproche, dans une tentative lamentable de faire de l’humour. Sa voix se brisa sur la dernière note. Il n’avait pas la force de rire.

"Pourquoi?" demanda-t-il d’une voix blessée à vif. "Vous savez que… que je vous aurais suivie au bout du monde si il l’avait fallu… et Narcissa… vous lui avez menti aussi? Vous… Je…"

Il s’interrompit et écarta les bras, à court de mots, comme pour signifier à quel point son abattement était sans limites. Il y avait à la fois trop à dire et pas assez. Ses doigts enlacèrent les barreaux dans un geste révélant un profond mal-être. Il n’y avait pas de colère dans sa voix. Ni une once de rancœur… Seulement une infinie tristesse. A la place de Cassandra, dans cette cellule humide et minuscule et obscure, c’était la silhouette et le visage de Manon qu’il voyait. La première personne qu’il avait aimée –la seule avant Narcissa- s’était révélée être une sorcière qu’il avait vue périr dans les flammes. Tout valait mieux que de revivre ça…

Sa pensée suivante fut pour sa mère. Sarah Geisler de son vivant était-elle au courant que son amie et alliée était une sorcière? Non… sûrement pas. Mais à présent Sarah Geisler ne faisait plus partie de ce monde et ç’avait été pour David, l’épreuve la plus difficile à surmonter de sa vie. Un des piliers de son existence s’était effondré. Il en restait trois à l’époque: Narcissa, Cassandra, et l’Inquisition. A présent, il n’en subsistait plus que deux. Même pas deux entiers si l’on regardait l’état interne de l’Inquisition et de sa Collégiale…
Deux piliers ne suffisaient pas à soutenir un édifice. En cet instant, David était à l’image du lieu au-dessus de lui: un tas de ruine, couvert de poussière et de gravas.

Tout cela était vain. Le jeune homme secoua la tête.

"Je n’aurais pas dû venir" dit-il en reculant dans l’ombre, commençant à tourner les talons.

Après sa mère vint la pensée de son enfant. Un enfant qui ne connaîtrait jamais sans grand-mère. Ou plutôt, qui la connaitrait comme le conteraient les mauvaises langues, les vieilles bonnes femmes ou les livres d’histoire: une sorcière malveillante ayant abusé les siens depuis des années avant de révéler sa véritable nature et de périr par le feu.
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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MessageSujet: Re: Le jeu s'arrête ici   Le jeu s'arrête ici Icon_minitimeMer 3 Avr 2013 - 18:43

La Clarisse quitta sa cellule d'un pas enragé, laissant la Veuve dans le froid et les ténèbres. Cassandra soupira et s'assit à même le sol, épuisée. Ses vieux os semblaient transpercés par des piques de glace, et le tissu de sa robe n'était pas assez épais pour empêcher la froideur de la pierre de l'atteindre. Elle finit par se relever pour réduire la surface de contact et préserver le peu de chaleur humaine qu'il lui restait. Sans crier gare, son esprit lui représenta une image vieille de plus de quinze ans. Elle revit un homme, un barbare, fait de violence et de vulgarité, seul et abandonné dans un cachot puant. Gabriel Touchedieu, qu'elle avait détesté. Ses yeux étaient secs, mais son cœur se serra à l'idée que sa fin serait peut-être aussi misérable que la sienne.

Quel atout lui restait-il ? Quelle carte pouvait-elle encore abattre, alors que tous lui avaient tourné le dos ? Loin de Marie-Théodosine, la Veuve pouvait laisser libre cours à ses peurs. Elle chevauchait côte à côte avec l'angoisse : il était bien plus difficile d'être vaillante avec les rats pour uniques témoins.

Quand David Geisler s'introduisit dans sa cellule, Cassandra faillit se mettre à pleurer. Elle avait envie de lui crier qu'il était un idiot, qu'il devait filer et protéger sa future famille, qu'il avait fait une monstrueuse erreur en revenant la voir. Tout ce qu'elle espérait, c'était le salut des siens. Et David en faisait partie, alors le voir là détruisait tous ses espoirs.

Elle l'écouta avec attention, et son cœur saigna quand ses craintes se confirmèrent, et qu'elle réalisa pleinement que David était blessé jusqu'au plus profond de son être. Ses paroles de loyauté lui réchauffèrent l'âme, mais le plus dur restait à venir. Alors qu'elle n'avait parlé qu'à David Geisler de Fontigny, Second de l'Inquisition, ces derniers temps, Cassandra s'apaisa et choisit de parler enfin à David. Tout d'abord, elle avança sa main à travers les barreaux et la posa sur son épaule, pour le retenir, et ne pas le laisser partir. Cassandra était face à une personne de son clan, elle pouvait parler librement, et lever le sceau du secret.

- Je ne sais pas si tu le sais, mais vingt années de ma vie sont scellées sous un voile de sorcellerie. Selon ce que je suis parvenue à reconstituer, j'ai été une sorcière de la tribu d'Olrun. Pour une raison que je soupçonne mais dont je ne suis pas certaine, j'ai quitté la tribu et subi un puissant sortilège d'amnésie, que même les plus grands exorcistes de Rome n'ont pu lever.

Ce n'était pas un plaidoyer. C'était simplement l'explication de ce qui était arrivé. Les yeux de Cassandra exprimaient tout sa désolation. Parce qu'elle faisait confiance à David, elle lui offrait ce que Marie-Théodosine n'avait pu arracher.

- Ce sont mes erreurs de jeunesse. Je ne savais pas alors quelle serait ma voie. Aujourd'hui, je suis une femme de Dieu. Je respecte la loi du Seigneur et je vis de sa parole, pourtant l'épée m'a brûlée pour ce passé qui, bien qu'il me soit inconnu, me colle à la peau.

La voix de Cassandra était emplie de compassion. Envers elle-même ou envers son Second ? Elle n'aurait pu le dire. Restait le plus dur, ce qui arracherait sans doute des larmes de sang au petit Geisler.

- David, il y a encore une chose que tu dois savoir. Certaines sorcières ont renoncé au salut de leur âme pour venir en aide à l'humanité et tenter de faire le bien dans ce monde, à leur échelle. Elles portent le blanc, et je pense qu'elles ont bien choisi leur couleur. Ce courant est... commun aux... aux femmes de... notre famille.

Les mots étaient sortis dans le désordre. Le reste il devrait le demander à Narcissa. La Veuve regarda le jeune homme droit dans les yeux, l'invitant à se reposer sur elle et à lui abandonner son fardeau. En cet instant, elle croyait en lui, en ce qu'il pouvait faire et en ce qu'il allait devenir.

- Pars, David. Sauve ce qui peut encore l'être.

En laissant parler son cœur, la Veuve en avait oublié que la condamnée, c'était elle.
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David Geisler
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MessageSujet: Re: Le jeu s'arrête ici   Le jeu s'arrête ici Icon_minitimeMer 3 Avr 2013 - 23:59

Pas tout à fait une sorcière. Pas tout à fait une Inquisitrice. Une sorcière oubliée, une Inquisitrice déchue… Cassandra marchait sur des frontières entre lumière et ombre. Et David aurait eu beaucoup, beaucoup à lui dire et à lui demander, si elle n’avait pas terminé ses propos en révélant que la nature de sorcière était partagée par les femmes de sa famille.

Naïvement, le jeune homme pensa d’abord à Viviane, et avant d’avoir pu en déduire les conséquences, il comprit enfin où la Veuve voulait en venir.

Narcissa était une sorcière. Sans doute depuis le tout début.

"N… non…" nia-t-il en secouant la tête.

Il fit plusieurs pas en arrière, par réflexe, s’arrachant à l’étreinte de la main de Cassandra sur son épaule. L’obscurité sembla l’avaler comme à regret. David entendit une légère plainte s’élever parmi les ombres avant de réaliser qu’elle venait de lui. Lorsqu’il passa sa main sur ses joues, il s’aperçut qu’elles étaient baignées de larmes.

Ses pires craintes venaient de prendre corps sous ses yeux. Cassandra n’avait aucune raison de mentir –pas dans cette situation. Elle lui avait dit la vérité.
Un des deux piliers restants venait de s’effondrer à son tour.

"Il n’y a plus rien à sauver" dit-il d’une voix blanche en reculant plus encore; et, avec effroi, il réalisa que c’était vrai.

Ses bruits de cavalcade dans le couloir obscur, furent tout ce qu’il laissa en guise d’adieu à Cassandra. David se rua vers la sortie. Lorsqu’il ouvrit la porte, il fut stoppé net dans son élan par des invectives et deux poignes de fer qui refusaient de le laisser partir.
Les sentinelles de Marie-Théodosine… il les avait oubliées. Ce n’était vraiment pas le moment. David tenta de se dégager, mais des renforts étaient arrivés entretemps. Les rares Inquisiteurs fidèles à la Clarisse –une minorité parmi les leurs. Trois d’entre eux encadrèrent David et l’emmenèrent sans lui demander son avis au château de Frauenberg, devant Marie-Théodosine, qui l’harangua à flots continus pendant de nombreuses minutes pour avoir désobéi délibérément aux ordres donnés. Pour finir, elle prononça sa mise à pied jusqu’à, dit-elle, « qu’elle juge bon de le réintégrer une fois qu’il aurait un peu plus de plomb dans la cervelle ».

Lorsque David sortit du château, il avait l’impression de ne plus pouvoir marcher droit… Mais le pire l’attendait encore. Son premier réflexe fut dicté par ses vieux démons: se mettre en quête de la taverne la plus proche pour boire comme un trou jusqu’au petit jour et noyer son chagrin dans l’alcool. Il doutait avoir la force de surmonter tout ça sans quelques bonnes bouteilles de tord-boyaux… Ou plutôt, il n’était pas certain de pouvoir le surmonter tout court.

Narcissa, une sorcière.
L’accepter telle qu’elle était?
Prétendre ne rien savoir et continuer comme avant avec ce fardeau?
Lui en parler, se disputer, divorcer?
La dénoncer?

Et son enfant?

En chemin, il se mit à pleuvoir. Une averse violente qui détrempa la terre. David était presque arrivé sur son lieu de beuverie quand une douloureuse céphalée frontale, identique à celle ressentie la veille pendant la poursuite de l’ange, le plia en deux. Il tomba à quatre pattes dans la bouillasse du sol, le souffle court, en sentant une intense chaleur sous ses cheveux.

Une grande flaque s’étendait devant lui. Il s’y pencha pour contempler son reflet, dont l’image était déformée et mouvante à cause de l’ondée. Pourtant même ainsi, il aurait fallu être aveugle pour ne pas le voir…

Le stigmate d’Anaël ornait désormais son front.



Il s’écoula de longues minutes avant que David ne bouge. Il se releva avec un calme et un prosaïsme qui défiaient l’entendement. Le jeune homme regarda autour de lui d’un air neutre, puis compta sur ses doigts.

La mort de sa mère. La mort de bon nombre de ses amis, tués de la main de l’agent du diable. Le massacre de la messe de minuit. La « trahison » de Cassandra. La destruction de la collégiale. Narcissa se révélant être une sorcière. Sa mise à pied. Le stigmate qui le condamnait désormais à mourir dans trois mois. De même que Narcissa. Leur enfant qui grandirait sans connaître ses parents ni sa grand-mère.


Cassandra se trompait, quand elle croyait en ce qu’il pouvait devenir. En cette après midi de mars 1647, les épreuves avaient triomphé de lui.


Vite. Un cheval. Quitter Forbach. Aller le plus le possible.
Pour ne plus revenir en arrière.

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