The Witch Slay
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 La Chapardeuse

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Heljä
Oblivius
Oblivius



La Chapardeuse Vide
MessageSujet: La Chapardeuse   La Chapardeuse Icon_minitimeLun 15 Déc 2008 - 22:43

« Il est de ces petites choses qui peuvent vous transpercer
Comme les yeux d’une enfant. »


Les pas se pressaient sur le pavé, les marchands donnaient de la voix afin d’ameuter les clients, ne se rendant sans doute pas compte que plus ils hurlaient, moins les gens venaient… Les vieilles habitudes idiotes de Forbach, de partout… Et au milieu de tous ces gens drapés mais froids se cachait une petite chose qui évitait de se faire piétiner. Le temps aurait pu s’arrêter sur elle, la dense population se ruait sur ce qu’elle voulait, sans se soucier de ce que les autres pouvaient vouloir, sans se soucier de ce qui se tramait, absolument rien ne les perturbait. Des statues qui finiraient bien par s’écrouler sous les assauts de la pluie acide du temps. Leurs cœurs étaient déjà aigris et aveuglés…

Elle avait marché un moment, habillée comme elle pouvait, dans un morceau de pelisse sans doute pas assez douce pour une noble, trouvée dans l’arrière cour d’un tailleur. Elle avait réussit à la mettre sur ses épaules et à se couvrir ainsi, au moins pour un petit moment. Elle était donc une petite tâche marron foncé qui trouvait le moyen de passer dans les coupe-gorge les plus glauques, les ruelles les plus puantes sans se faire embêter. Elle était invisible… Ou plutôt, elle était ignorée. Ses cheveux blancs créaient un contraste dérangeant mais elle était bien trop menue pour que la masse daigne baisser les yeux sur une créature si insignifiante. Aux yeux du monde, elle n’avait jamais été. C’était une chose qui n’existait pas sur les registres de l’Eglise, donc qui n’était pas.

Ses pas parvenaient à se faire assez agiles pour qu’elle puisse se faufiler sans attirer l’attention… A vrai dire, c’était presque machinal vu ce qui régnait dans sa tête.

« Jure moi Heljä ! Jure moi ! » disait Rilke, suppliante, les larmes à la limite de ses fines paupières…

Peili secoua la tête, un mot incompréhensible s’esquissant vaguement sur ses lèvres fines et légèrement bleuies par un froid des plus vifs au niveau des jambes de tous ces gens pas toujours assez riches pour se payer des manteaux longs et donc protéger la petite fille du froid qui, d’ailleurs, fut secouée par un frisson. La foule, sans doute bien trop frigorifiée, commençait à se faire moins dense dans cette partie du marché et sans savoir pourquoi, l’étal de fruits d’un homme grassouillet occupé à discuter avec une vendeuse à côté. On pouvait supposer qu’il avait glissé ses pouces dans sa ceinture et la femme secouait sa maigre chevelure d’un blond légèrement crasseux. Il y avait des oranges amères, des poires de Savoie dont les prix faisaient frémir les plus grands amateurs de douceur mais surtout… Ces magnifiques pommes. Des jaunes, des violacées, des vertes comme l’herbe jeune et les rouges. Comme elles avaient l’air sucrées, parfaites à la dégustation…
Heljä se rendit alors compte que son estomac hurlait et lui provoquait moult crampes douloureuses. Elle n’avait mangé qu’un petit morceau de pain compact le matin même et l’après-midi bien avancée expliquait ce vide dans son estomac.

Que faire à présent ? Ses yeux grands ouverts sur cette marchandise honteusement offerte creusait un peu plus le néant au creux d’elle et provoquait un superbe gargouillis. Il y avait d’un côté cette voix qui lui disait d’y aller, de regarder cet homme gras dont les poches devaient être bien remplies, son attitude ouvertement dominatrice, toutes ces mimiques méprisantes qu’il offrait aux autres hommes. Et puis après tout, sa petite main trouverait facilement le moyen d’en attraper une vite. Ce n’était pas pour une pomme… En plus de ça, elle avait une faim de loup. De plus, la foule était dense, un geste furtif ne serait pas perceptible.
Mais de l’autre, il y avait cette voix qui lui disait que si tout le monde faisait comme elle, cet homme là serait sans doute mort et qu’il valait mieux qu’elle trouve un moyen plus honnête de manger. Qu’elle avait déjà oublié bien des fois son ventre, qu’il était temps de recommencer. Que si elle se faisait attraper, elle risquerait bien des ennuis.

Les arguments de sa bonne conscience ne tenaient pas la route, elle se mit donc en marche, lentement, comme une féline qui observe sa proie, un léger frisson d’excitation et de peur secouant son échine couverte de sa robe blanche, fausse pureté… Ses pas étaient silencieux sous cette foule, comme des insectes qui courraient partout. Les gens se bousculaient, comme les idées qui tourbillonnaient sous les cheveux blancs de la petite Heljä, de nouveau enfermée dans un costume de voleuse qui lui allait pourtant bien mal.

Belle pomme rouge, cesse de m’appeler, cesse de te refléter au fond de mes yeux…

Quelques secondes à peine étaient passées et pourtant, il lui avait semblé que ces quelques mètres avaient été l’affaire de plusieurs heures. C’était la course vers le fruit défendu, de nouveau. Drôle d’Eden, pestilentiel, gangrené de maladies et de gens vicieux, pieux en apparence… Frustes que vous êtes, idiots, vous n’êtes même pas capable de voir plus loin que votre bout du nez et plus loin que les sermons de votre curé qui braille un latin que vous ne comprenez même pas.

Toujours était-il que Peili était à présent à quelques centimètres de son but et elle hésitait encore. Il lui fallait ce déclic, comme un signe de son sixième sens pour lui dire « Allez Peili, allez, c’est le bon moment » à défaut de quoi elle pouvait attendre des heures…


Maintenant. Son bras se glissa souplement mais subitement vers la belle pomme rouge qui trônait devant elle, en train de la narguer sans bruit. Elle retira le fruit tout aussi vite et… La cacha en replaçant son bras juste contre son côté, comme si de rien était. Et là… Rien.

Elle soupira, se disant que le plus dur était fait et qu’à présent, il ne lui restait plus qu’à satisfaire sa faim qui la taraudait comme de mauvaises humeurs.
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