The Witch Slay
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

Partagez | 
 

 Quand on frappe à la porte

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Joan Witham
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeMer 23 Juil 2008 - 5:49

Le vent faisait fouetter les branches des arbres sur la toiture de la maison, autrefois charmante et invitante maintenant laissée quelque peu dans un état d'abandon, le temps et l'énergie manquant pour l'entretenir. La raison était excellente: aucun homme ne demeurait dans cette chaumière, seulement deux femmes. Pour être plus précise, une jeune femme timide à l'allure vulnérable et une vieillarde malade de toux chronique et de douleurs articulaires que seules quelques décoctions d'herbe pouvaient soulager, les remèdes dits «conventionnels» ne pouvant rien y faire.

Ainsi les deux habitantes de la maisonette s'y trouvaient en cet après-midi nuageux et venteux. Catherine, la cher nourrice de Joan, dite la Rouge en raison de sa chevelure rousse flamboyante et de son teint de lait qui devenait d'un rouge aussi éclatant que ses cheveux lorsqu'elle se retrouvait gênée, donc Catherine la nourrice présentée à tous comme la tante que la jeune fille était allitée en raison d'une faiblesse comme il lui arrivait souvent. En fait, depuis des années, les quelques pas qu'elle faisait autour de la maison étaient devenus sa seule activité tant ses os lui faisaient mal. Elle avait déjà eu de longs cheveux ondulés noirs dans sa jeunesse, mais la rudesse de la vie les lui avait fait blanchir bien avant son temps.


«Je t'ai préparé ta tisane Tatie, ça va te faire du bien... Du moins, plus que ces remèdes de charlatan de médecins... enfin, de ces hommes qui se disent médecins»

«Pas de mépris mon enfant, ne t'abaisse pas à ce niveau»

«Je sais Tatie, je sais»

Mais Joan avait du mal à ne pas ressentir uen certaine antipathie envers ces hommes qui refusaient aux femmes le droits de se dire médecins. Non, c'était plutôt des sorcières. Ce n'était pas faux ça non-plus, mais les sorcières n'étaient pas ce que les gens croyaient. Ce mots était devenus péjoratif avec le temps. Dans des temps plus anciens, il était commun d'avoit une sorcière dans un village, mais Joan ignorait comment, la belle guérisseuse s'était transformée en amante de satan dévoreuse d'enfants. Sur ces pensées, la rouquine cacha la sauge et les feuilles de frêne qu'elle utilisait pour ses décoctions apaisantes dans un coffret en bois portant les initiale de son aimé père, le seul de ses deux parents qu'elle regrettait sincèrement. Sa mère, Dieu seul savait si elle était encore en vie. Mais soudain, des coups frappés violemment à la porte se firent entendre.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/joan-witha
Athénaïs la Rouge
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeVen 25 Juil 2008 - 17:45

Le Maître de l’Inquisition avait parlé, et le Maître serait sans nul doute obéi.
A peine sortie de la Collégiale Athénaïs la Rouge se dirigeait vers l’Église quand une idée l’arrêta dans son entreprise. Bientôt chacun saurait que l’inquisition allait de maisons en maisons pour rechercher et arrêter les succubes et alors chacune d’elles s’armeraient jusqu’aux dents. Il fallait donc prendre le taureau par les cornes tant qu’il était encore temps et tenter une intrusion le plus tôt possible… Le plus tôt possible se traduisant bien entendu par immédiatement.


-Gabriel !

Le chien vira aussi de bord et emboîta le pas à sa maîtresse, curieux des événements à venir. Quand la Mère Supérieure avait cet air pincé et réfléchi il savait qu’il valait mieux ne pas trop se manifester et de la laisser tranquillement à ses songes. Déjà la religieuse rêvait de bûcher et de cris, de purification des âmes et de pardon divin. Elle espérait voir bientôt les champs reverdir et les paysans en fête, les animaux à nouveaux engraisser et les sourires joviaux des habitants… Ses pas et ses pensées l’amenèrent inconsciemment devant une vieille maison campagnarde où luisait faiblement une lumière pâle. Des pauvres gens à n’en point douter et pour ne pas risquer d’entrer chez des personnes brusques elle se pencha pour regarder de ses yeux sombres l’intérieur de la maisonnée à travers une vitre embrumée. Il fallait dire qu’Athénaïs n’avait pas la carrure requise pour se dresser contre un puissant homme mais elle était cependant consciente d’avoir un esprit qui ferait plier les esprits les plus forts. Un sourire naquit sur ses lèvres diaphanes. Un spectacle bien désolant se déroulait sous son regard impitoyable.
Deux femmes vivaient misérablement dans une pièce terne. L’une d’elle semblait malade et toussait avec force tandis que l’autre tentait de la soigner avec ferveur. C’était là une bien triste scène qui malheureusement se multipliait par dizaine quotidiennement par les temps qui couraient. La Religieuse finit par hausser les épaules et tapa avec force sur la lourde porte de bois avant de reculer de quelques pas. Prudence. Il n’était pas rare que les habitants ouvraient leur habitat avec une fourche en main et la Rouge ne voulait pas être victime de ces absurdes coutumes. Un grand sourire bienveillant se peignit sur ses lèvres et ainsi elle passait sans difficulté pour une religieuse venue en amie passer ses amitiés aux pauvres gens en ces temps difficiles. Ses longs cheveux noirs flottaient dans le vent et ses mains jointes sur son estomac faisaient comme une sphère hyaline dans les ténèbres qui commençaient déjà à tomber sur une Terre sans espoir. Gabriel était docilement assis aux pieds de sa maîtresse, attendant et regardant cette dernière la suite des événements.
Une ombre passa devant la chandelle à l’intérieur de la maisonnette, faisant danser d’inquiétantes lueurs par les fenêtres. Au loin hurla une chouette qui prit aussitôt son envol vers la lune naissante. Une brise glaciale hanta les airs vicieusement et pourtant la religieuse ne frissonna pas. Comme une icône imperturbable elle resta immobile, inflexible aux milieu des événements naturels. Une curiosité envahit soudainement son esprit: qu’allait-elle trouver dans cette demeure ? Pourquoi ces deux femmes vivaient donc seules ? Quelle était l’origine de la maladie de la vieille femme ? La punition de Dieu ? Pratiquaient-elles la sorcellerie ?
Gabriel émit un léger grognement.


-Patience, Gabriel, patience. Montre toi sage et n’agresse pas ces gens tant qu’on est pas persuadé de leur culpabilité.

L’animal se calma et bientôt leur attente sur le perron prit fin.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/le-recueil-f3/sainte-mere-athena
Joan Witham
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeSam 26 Juil 2008 - 1:23

On frappait bel et bien à la porte. C'était inhabituel. D'autant que les coups étaient durs et forts. Ce ne pouvait être son aguerrie qui était la seule personne à leur rendre visite. Joan se crispa, les yeux ronds, légèrement inquiète, elle chercha rapidement sa voilette pour se couvrir les cheveux, une vieille habitude, parce qu'elle ne concevait toujours pas l'idée de les dévoiler à des inconnus, qui qu'ils soient. Évidemment, celle-ci ne couvrait pas tout, quelques frisotis arrivait à en sortir encadrant le visage pâle couvert de taches de rousseur.

Mais tout ceci n'était pas forcément une mauvaise habitude. Particulièrement en ces temps sombres, les cheveux roux n'étaient pas de bonne augure. On n'accusait pas forcément les roux d'être sorciers ou sorcières, mais ceci pouvait s'ajouter à la liste des preuves, si par malheur un rouquin ou une rouquine faisait l'objet de soupçons concernant la sorcellerie. Pourtant, la couleur des cheveux n'avait rien à voir avec l'enfer ou le paradis. Sans avoir de notions de génétique en raison de cette époque reculée, Joan le savait bien. Son père lui racontait, lorsque les autres enfants riaient de sa couleur, qu'il ne fallait pas en avoir honte, c'était l'héritage de ses ancêtres : en Irlande, tout le monde avait les cheveux roux, c'est ce qu'il lui disait du moins.

Ainsi, malgré le souvenir des paroles de son père, Joan ne prendrais pas de chance. Les coups résonèrent à nouveau à la porte... elle faisait attendre ses invités surprise. Plaçant son tablier du mieux qu'elle put, elle ouvrit enfin la porte. Elle s'attendait à tout excepté à cela : une religieuse... accompagné d'un étrange petit chien. Joan ne parla pas tout de suite. En un instant, elle repensa à sa mère. Elle n'avait pas bien regardé le visage de la nonne et en l'espace d'un instant, elle crut que sa génitrice était revenue. Mais en regardant mieux, elle ne reconnut pas la femme qui se trouvait devant elle. Malgré tout, elle comprit vite que cette femme et sa mère se seraient bien entendue ; même regard dur, même faciès sévère. Reprenant ses esprits, Joan se vit bien obligée d'inviter la religieuse à entrer.


«Ma soeur! Je suis désolée, nous n'attendions personne par ce temps! Je vous en pris entrez...»
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/joan-witha
Athénaïs la Rouge
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeDim 27 Juil 2008 - 17:58

La religieuse eut un sourire satisfait à l’ouverture de la porte et elle nota avec curiosité la présence du voile sur la charmante chevelure de la villageoise. Athénaïs n’avait jamais eu de préjugés quant aux caractéristiques d’autrui mais elle nota que la méfiance de la jeune femme était de bonne augure. On ne savait pas ce qu’il pouvait se passer avec les temps qui couraient… Surtout quand on vivait seule avec une vieille dame mal en point. Elle entra, suivie de son animal qui flairait le sol avec curiosité reniflant sans doute quelques miettes signant le vestige de quelques repas passés.

-Merci ma fille pour votre accueil. Je ne vous importunerais pas longtemps.

La Mère Supérieure jeta un regard inquiet sur la vieille dame qui eut une quinte de toux terrible à cet instant. D’un geste lent elle sortit de sa large cape une bible reliée magnifique et la posa sur l’unique table en bois massif peuplant les lieux. Elle laisserait ce don à la petite maisonnette en guise d’avertissement si la sorcellerie hantait les âmes y vivant, en guise de soutient si ces même âmes s’avéraient pures.

-Par les temps qui courent, je crains que seule la présence de Dieu puisse nous être bénéfique à tous. Les prières et les eaux pures ont su redonner aux corps incertain leur santé d’antan. Il n’y a pas de miracles à la médecine, ma fille, ni d’illusions perdues… Il y a de la ferveur, de la croyance, un espoir ou une lumière à laquelle s’accrocher et c’Est-ce que je souhaiterais retrouver dans les yeux de tous à Forbach.

La Mère Supérieure avança vers le lit de la souffrance en claudiquant et s’appuyant avec amertume à sa canne à demi cachée par son immense cape de geais. Lentement elle se pencha sur la table de nuit de la vieille femme et ses narines se dilatèrent avec étonnement. Cette odeur, cette illusion… serait-ce possible ? Les souvenirs maussades de cave rancie envahirent l’esprit de la Religieuse. Il n’y avait pas de doute, cette femme était soignée à l’aide de mixtures sataniques, de plantes pernicieuses qui ne tarderaient pas à avoir raison d’elle. Mixture faite maison ou achetée en désespoir à quelques succubes ? Athénaïs se tourna vers la jeune femme, son sourire bienveillant n’avait pas quitté son dur visage.

-Quel est-ce Mal, ma fille, qui semble ronger cette créature de Dieu ? Et comment le combattez-vous donc ?

La vieille dame voulut répondre, mais une toux impitoyable la coupa dans son élan. La religieuse lui posa sa main glacé sur le front tout en évaluant l température de son corps. Elle ramena bientôt la main sur sa cape sans un mot. Il était grand temps que ces fléaux cessent au risque de voir émerger dans les coins lugubres d’impitoyables charniers. La mère supérieure soupira lentement et regarda la jeune femme rousse sans dire un mot de plus. Comment donc la misère pouvait-elle s’immiscer à ce point dans les demeures ? Ces dames étaient-elle victimes ou responsables de leur malheur ? Des multitudes de questions sans réponse se bousculèrent dans l’esprit sain à une vitesse vertigineuse. Si au moins chacun pouvait se rendre compte du danger qui courait par les campagnes alors la faim ne tiraillerait plus les estomacs enfantins. La veille encore une orpheline de pas cinq années était arrivée en pleurs dans l’église condamnant des remèdes douteux qui auraient tué sa famille. Instinctivement le regard de la religieuse se reporta sur la vieille femme. C’était peut-être déjà trop tard pour elle, pour elle comme pour combien d’autres encore ?
Immobile, Athénaïs sembla soudainement perdue dans ses pensées. Son regard maintenant était d’une tristesse inégalable et sa tente légèrement penchée trahissait une grande fatigue intérieure. Gabriel s’immobilisa à son tour, guettant avec un intérêt croissant une souris dans un coin qui lentement se délectait de quelques restes jonchant le sol.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/le-recueil-f3/sainte-mere-athena
Joan Witham
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeLun 28 Juil 2008 - 3:23

Joan se sentie soudainement mal-à-l'aise. La religieuse n'avait rien de la bonté et de la bienveillance que dégageaient certaines épouses du Christ. Non, cette femme était méfiante. Ce n'était pas par hasard si elle était entrée dans sa chaumière. La Bible, sagement déposée sur la table était le signe. C'était le symbole que la religieuse croyait que la foi et la piété ne faisaient pas suffisamment parties de ces lieux. Joan n'avait en rien renié Dieu, sa toute première confession, seulement, il était devenu plus que le Dieu jugeur de la religion catholique. Pour elle, Dieu était tout, comme le lui avait montré Catherine : il était l'énergie, la nature, le vent, les saisons... Il s'incarnait en deux entités pour celles qu'on appelaient les sorcières : la Déesse mère et le Dieu cornu. Mais avec la propagation du Christianisme qui avait commencé bien au-delà des temps que pouvait imaginer Joan, la Déesse mère s'était transformée en femme soumise et, en la virginisant, on l'avait dépourvue de tous ses attraits sexuels pourtant essentiels à la vie. Ainsi dépouillée, elle devenait inoffensive aux yeux des hommes, elle n'avaient plus de pouvoirs car la Déesse mère était celle des moisson et de la fertilité. Comment être fertile sans le sexe?! Ainsi était né le mythe de la mère de Jésus Christ virginale. Quant au Dieu cornu, il avait été diabolisé, rien de moins. Les cornes étaient devenus le symbole du malin, Satan portait maintenant ces cornes et cette queue divines, qui devaient représenter au départ les mois d'hiver et l'action de chasser pour se nourrir et survivre. Lui aussi avait un rôle essentiel, mais qui avait été réduit à néant par les hommes qui ont voulu imposer leur foi. Heureusement que certaines personnes s'en souvenaient : les fidèles aux anciens rites païens qu'on appelaient maintenant sorciers et sorcières, et qu'on diabolisaient au même titre que le Dieu Cornu. Le crime de la soi-disant copulation avec le diable n'était que sottise. On confondait les actes et on se méprenait sur les symboles. Voilà pourquoi Joan n'avait pas besoin de cette Bible. Mais devant la religieuse, elle devait acquiescer et assurer qu'elle était une bonne croyante et pratiquante. Ainsi se cachaient les sorcières... Ainsi se parjuraient-elles?! Mais la survie était plus importante. Comment faire vivre la croyance si tout le monde se sacrifie pour sa foi?

Malgré la froidure apparente de l'ecclésiastique, celle-ci s'enquit de la santé de Catherine, dont la bourrasque de vent à l'ouverture de la porte avait ramené la toux qui avait commencé à se calmer par la bonne tisane que lui avait préparé Joan.


«Ma tante a travaillé fort toute sa vie ma soeur. Elle a été ma nourrice, elle m'a enseigné à lire et à écrire, elle a pris soin de moi lorsque mes parents s'en sont allés. Elle a ruiné sa santé à essayer d'obtenir quelque chose de notre vieille terre qui s'est tarie. Vous savez, ce sont des maux communs chez les paysans, ma tante n'est pas seule à en souffrir et tout ce que les médecins proposent pour ceux-ci est le repos, des repas chauds, et la prière. Ainsi je travailles pour deux, je cède les meilleurs morceaux de viande à ma tante et nous prions tous les jours.»

Bien évidemment, Joan avait passé outre de parler de ses tisanes et remèdes maison, tout comme de mentionner le destinataire de ses prières. Elle n'avait pas menti.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/joan-witha
Athénaïs la Rouge
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeMer 30 Juil 2008 - 18:57

-Ma Mère je vous prie. Je pense que j’ai trop d’âge pour prétendre être de votre génération, ma fille.

La religieuse avait sorti ces paroles d’un air calme et serein. Des repas chauds, certes… Mais que diantre cette composition pâteuse ainsi posée sur la vétuste table de nuit pouvait-elle contenir ? Athénaïs rejeta furtivement un œil dessus sans toutefois s’en approcher. Demander la composition de ce remède serait là du temps perdu. Non seulement la jeune fille se méfierait définitivement d’elle mais en plus la réponse serait un mensonge inventé à la dernière seconde et en général ce n’était pas ce qui était le plus beau à entendre. Par contre, la tirade de la jeune fille était touchante sans toutefois tirer le moindre tiraillement dans le cœur de la Mère supérieure. Chaque jour elle visitait ou rencontrait la population la plus modeste et l’habitude de cette situation s’était installé dans l’esprit de la religieuse. La seule chose à faire était de prier et prier encore pour se promettre une éternité heureuse en contraste avec la piètre vie que Dieu leur avait octroyée. D’ailleurs, en y pensant, les saints maintenant loués n’étaient-ils pas tous à la base bergers ou pauvres gens ? Si, bien entendu. La foi savait mener l’être le plus insignifiant à la gloire spiritueuse et là on le priait et le respectait jusque dans les chapelles royales.

-Mais enfin, quel travail effectuez-vous donc ? Comment pouvez-vous vous résoudre à vivre ainsi sans mains masculines qui vous seraient secourables ma fille ? Vous seriez toutes deux chauffées, il pourrait vous confectionner de meilleurs meubles, et cela vous donnerait le temps de soigner votre tante, de cuisiner convenablement et…

Athénaïs marqua un court instant dans sa phrase durant laquelle ses yeux parcoururent la pauvre demeure encrassée.

- … et de vous occuper de votre intérieur.

La prière quotidienne ? Sans doute. Pourtant la religieuse avait beau faire de gros efforts de mémoire elle n’avait jamais vu cette jeune fille à l’église, que ce soit le dimanche ou pour quelques fêtes religieuses importantes. Et puis qu’importe ? Maintenant elle aurait au moins une bible à feuilleter, à penser que cette pauvre demoiselle sache lire… L’Œuvre divine présentait toutefois de belles esquisses et se destinait à tous publics. Faute de connaissance des lettres elle pourrait au moins interpréter les icônes à sa façon comme le faisaient les orphelins de l’abbaye à qui cette activité plaisait plus que tout.
Un détail soudain dérangea la religieuse. Comment aurai-elle pu passer outre les dernière paroles de la jeune fille ?


-De la viande dites-vous ?

Voilà un met de luxe par les temps qui couraient ? Comment donc ces pauvres gens trouvaient assez d’argent pour s’en procurer ? Ça vivait dans la pauvreté, ça se plaignait de la maladie et ça mangeait de la viande ? Un lourd regard soupçonneux se posa sur Joan. Un sourcil plus élevé que l’autre la mère supérieure réfléchissait . Avait-elle affaire à des voleuses, des catins ? Avec les temps qui couraient les affaires de prostitution avaient été recalées au second rang par la noble inquisition… Non, pire, ces dames pourraient elle aussi être… des sorcières ?!
Athénaïs se gronda intérieurement. Non, il ne fallait pas donner de trop hâtives conclusions. La jeune fille rousse resterait sous surveillance jusqu’à preuve de son innocence… ou de sa culpabilité.


-Où donc vous procurez-vous de la viande ?

Athénaïs ouvrait grand ses oreilles. Si le nom du fournisseur était craché alors il serait aussi visité. Les orphelins mourraient de fin et si de la viande bon marché courait dans la région il serait bon de pouvoir s’en informer au plus tôt.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/le-recueil-f3/sainte-mere-athena
Joan Witham
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeJeu 31 Juil 2008 - 4:38

Qu'y avait de si incroyable à manger de la viande?! Certes, celle-ci était chère, mais Joan travaillait et elle devait en acheter pour que Catherine ait quelque chose de consistant à se mettre sous la dent. Qui plus est, la religieuse sèche l'avait demandé avec un tel soupçon dans la voix, ce qui surprenait d'autant plus Joan, parce que celle-ci se la procurait de façon tout à fait honnête.

«Nous connaissons un gentil marchand. Il avait le béguin pour ma tante lorsque celle-ci était une jeune femme et lui bien trop jeune pour se raser. Il sait qu'elle est maintenant malade et il nous fait un bon prix. Je crois qu'il a pitié de nous. Mais nous n'en avons pas beaucoup. Nous nous contentons d'un morceau de porc, la chair la plus bon marché, une fois par semaine quand nous sommes chanceuses. Et honnêtement, je me contente d'avantage des morceaux de tirailles et de gras... question de changer un peu le goût du chou.»

Joan réfléchit un court instant.

«C'est un... ami, je crois qu'on peut l'appeler ainsi» dit-elle sur un ton reconnaissant comme si le marchand en question était là et qu'il pouvait l'entendre, elle qui ne se contentait que d'un bref merci quand elle le voyait. Elle aurait voulu lui dire toute sa reconnaissance en personne, mais les mots se coinçait dans sa gorge à chaque fois.

Ce n'était que la pure vérité. Si la mère supérieur, Joan n'en avait eu aucune idée avant que celle-ci ne la reprenne sévèrement, avait des soupçons sur ces dires, elle était une bien piètre investigatrice. Elle était là assurément parce qu'elle cherchait des sorcières, Joan n'en avait plus le moindre doute à présent. Ses remarques un peu déplacées sur le fait qu'elles vivaient seules toutes les deux et que Joan n'avait pas de mari l'en avait persuadée. Le fait que la rouquine n'ait pas encore convolé en justes noces n'avait rien à voir avec une quelconque magie. Elle fuyait le regard de tout le monde, y compris des hommes. Elle en rêvait parfois , mais elle était d'une extrême timidité. Elle se sous-estimait étonnament.

«Pour répondre à votre première question, j'offre mes services de couturière, en tout genre. Je peux coudre une robe, comme je peux faire des raccomodages ou de simples broderies.»

Mais Joan hésitait à donner la réponse concernant l'absence d'un mari. Elle en était quelque peu gênée. Comment expliquer une timidité telle qu'elle ne pouvait regarder un homme dans les yeux?! La religieuse, la regardant déjà avec une pointe supériorité dans les yeux, elle la prendrait très certainement pour une débile. Il est bien vrai qu'un homme dans la maison rendrait la vie plus facile, mais d'un autre côté, Joan ne se sentais pas la force de se marier juste pour exploiter les talents d'un homme sans l'aimer. Elle était une grande romantique, elle s'était dit que le jour où elle rencontrerait son futur époux, elle le saurait. Aussi s'était-elle gardée d'utiliser une quelconque décoction d'amour pour s'attirer cette bonne fortune. Obliger quelqu'un à vous aimer de corps était toujours mal, parce que l'esprit n'était pas au rendez-vous.

«Je ne suis pas mariée, parce que... je suis seulement très timide, ça a toujours été.»
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/joan-witha
Athénaïs la Rouge
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeDim 3 Aoû 2008 - 18:58

[HRP: Je m'excuse du petit retard !]

Athénaïs sourit aux dernières paroles ingénues de la demoiselle. Ainsi était-elle charmante en vérité ! L’histoire du boucher passa bien, quoiqu’on aurait pu sans peine penser que les modes de paiement pouvaient tant être des travaux de couture que d’innommables saletés. Au fond d’elle, la religieuse accuserait davantage la rouquine de tapinage que de sorcellerie. Quelque chose semblai anormal dans ces lieux, on lui cachait quelque chose, assurément, et elle finirait bien tôt ou tard par le découvrir… Mais pas ce soir, non. Le temps ne savaient que trop faire les choses et mis à part l’odeur singulière qui émanait du bol de la vieille femme aucun indice n’était à l’œil nu décelable en ces murs. Rien ne pouvait témoigner de l’entière culpabilité ou innocence de ces âmes.

-Vous saluerez donc bien bas Mr le Boucher, sa charité est en effet bien grande, lui qui ne peut que se sauver un restant de lard pour faire le soir manger toutes les bouches de sa famille !

L’ironie d’Athénaïs était insupportable et cependant on ne saurait si elle avait sorti cette phrase cyniquement ou moqueusement. D’après tout quelle importance ? Les paroles s’envolaient si vite par les temps qui couraient. Pour le moment, la mère supérieure avait tous les renseignements dont elle avait besoin. Bien entendu, elle ne se dérangerait pas pour surgir dans la mansarde tôt ou tard, peut-être qu’avec un peu de chance trouverait-elle ce généraux boucher sur la nasse de la rouquine. Un air de dégoût traversa les yeux de la religieuse. A ce moment là, ses orbes ne s’intéressaient pas à la jeune fille. Dix heures sonnaient au loin. On devait s’inquiéter à l’abbaye, il se faisait tard et les religieuses attendaient son retour avant de s’endormir. Pour le repas, qu’importe… Elle ferait chauffer les restes de la soupe sur le feu. Pourvu que les enfants aient été sages… A qui déjà étais-ce le tour de les coucher ? A Sœur Thérèse lui semblait-il. Ah ! Pauvre femme ! Même une misérable aurait plus de sévérité qu’elle ! Ça avait dû être une catastrophe… Et pourtant, la mère supérieure l’aimait bien sœur Thérèse. Depuis toujours elle avait vécu entre les murs froids de l’abbaye, depuis toujours oui… Elle y avait été injustement jetée à son enfance, comme nombre de religieuses d’ailleurs. Un sourire flotta sur les lèvres de la religieuse qui bientôt se dirigeait lentement vers la sortie.

-Je ne manquerais pas de venir vous saluer une autre fois, ma fille. Je viendrais en journée, quand je serait sûre qu’on ne s’inquiète pas de mon absence dans l’abbaye. En attendant faites attention aux éléments pernicieux qui peuvent vous entourer et préférez la cueillette des fruits de saison à celle de la mandragore !

La dernière phrase avait été sortie avec un amusement certain, les yeux d’Athénaïs brillaient de malice sans toutefois faire poindre la moindre once d’insolence ou d’accusation. Pourquoi ne pas donner gentiment un avertissement ? Si jamais cette jolie rouquine devrait passer sur le bouger la mère supérieure se sentirait innocente et saurait qu’elle avait fait son travail pour que les âmes s’adonnent au pardon éternel.

-Je m’excuse encore pour mon intrusion de ce soir. Gabriel !

L’animal la suivit docilement sans broncher et se retourna en même temps que sa maîtresse sur le pas de la porte.

-Vous serez la bienvenue aux messes, ma fille. Soignez vous bien, enfant de Dieu.

La dernière phrase adressée à la pauvre vieille dame n’eut comme réponse qu’une grosse toux grasse. La religieuse sortit tout en resserrant sa cape autour de son corps frêle. La nuit glaciale traversait les âmes de ses lames impitoyables et encore cette nuit dans les rue de Forbach des gens mourraient.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/le-recueil-f3/sainte-mere-athena
Joan Witham
Mort(e)
Mort(e)



Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitimeLun 4 Aoû 2008 - 4:22

Enfin, elle était sortie! Jamais Joan ne s'était autant sentie méprisée qu'en la présence de cette religieuse bien peu catholique selon l'avis de la rouquine. En mentionnant le gentil marchand qui avait pitié d'elle, la paysanne avait sentie le regard perçant de l'invitée non désirée sur elle. Elle la regardait comme si elle était une putain, une chose sale et vile. Mais qu'importait ses pensées tordues probablement reflets de ses propres fantasmes refoulés sous sa guimbe noire et blanche de soit-disant bonne soeur, Joan n'avait honte de rien car elle ne faisait rien de mal, elle le savait.

Et que dire de cette allusion au pauvre boucher et ses enfants. Qu'en savait-elle, elle ne le connaissait pas. Aussi généreux qu'il pouvait être, il n'aurait jamais poussé l'audace jusqu'à vendre son dernier morceau de porc à rabais pour ensuite donner des navets à sa famille. Cette femme était d'une méchanceté repoussante aux yeux de la Rouge qui voyait ce défaut ignoble sortir par tous les pors de la peau de cette dame squelettique. Souvent, on prenait Joan pour une idiote, dû à sa trop grande timidité, cependant, il n'en était rien, elle avait vu clair en cette femme acariâtre. Elle ne servait Dieu que pour le pouvoir que cela pouvait lui apporter, elle se faisait vertueuse, et sermonnait sur la pauvreté et les pauvres âmes se complaisant dans leur propre misère alors qu'elle n'en avait rien connu. Elle avait dû passer toute sa vie dans les couvents à prier pour les pauvres, mais à ne jamais rien faire pour y changer réellement quelque chose. Joan bouillonait de rage à l'intérieur d'elle-même, elle tentait de se rapeller ce que disait Catherine sur ces sentiments, mais cela n'y changeait rien. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que la femme qui s'était introduite chez elle ce soir aurait tou fait pour transformer sa vertue en vice.

Mais maintenant, elle et Catherine n'étaient plus à l'abris, la mère supérieure les surveillait. La rousse jeta un coup d'oeil à la bible laissée sur la table, elle aurait voulu la brûler simplement par colère et pour l'institution qu'elle représentait et qui transformait ces temps difficiles en véritable de cauchemar. Serait-elle obligée de se présenter à l'Église maintenant qu'elle était gardée à l'oeil?! Joan devrait bien s'y résigner, les bûchers s'allumaient comme autant d'étincelles jaillissaient du feu qui créputait dans l'être à ce moment. La mort par le feu était une perspective bien trop effrayante pour s'amuser à se rebeller. Il était clair que la religieuse la soupçonnait de quelque chose. Son avertissement déguisé en ironie à propos de la mandragore n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Si au moins, la religieuse avait su ce que ce mot signifiait réellement. Mais elle était bien comme tous les autres, elle avait diabolisé tout ce qui ne lui ressemblait pas. Et cela se voyait à ce chien qu'elle avait fait entrer dans la maison sans aucune attention à la vieille dame qui se mourrait de toux dans le lit. Seule une telle femme n'aurait pas qualifier cet animal de démoniaque avec les yeux éteint qu'il arborait.


«Joan, ma chérie, je sens de la rage en toi. À quoi penses-tu?»

«Je pense que cette religieuse pourrait payer bien cher son arrogance.»

Joan marqua une pause.

«Une maladie impromtue et mortelle s'attrape si vite en ces temps difficiles» poursuivit-elle en faisant allusion aux propos de la religieuse.

«Joan, je te l'interdit. Jamais la vengeance n'est utile, tu t'en ressentiras, et trois fois plus que tu ne le pense. De plus, tu n'est pas habilitée à ce genre de chose et il est hors de question que moi ou ton aguerrie ne t'aide dans ce projet. Prie plutôt le grand tout que cette femme voit la vérité un jour.»

«Pardon, je vais chasser ces mauvais sentiments de mon esprit, je le jure. En attendant, je prépare une autre tisane.»

Joan se remit à ses tâches, troublée, mais essayant tout de même d'oublier la religieuse qui lui rappelait trop sa mère.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/sorcieres-d-olrun-f48/joan-witha
Contenu sponsorisé




Quand on frappe à la porte Vide
MessageSujet: Re: Quand on frappe à la porte   Quand on frappe à la porte Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

Quand on frappe à la porte

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
The Witch Slay :: Sur les Pavés - Ville :: Les Quartiers Résidentiels :: Les Masures Paysannes-