La nuit avait été longue, trop longue, elle avait succédée à une rencontre imprévue avec une certaine Abigael, peut-être était-ce là la raison du temps si long qu'avait duré ce zénith lunaire. Et après cette nuit ? Lorsque le soleil succédât à la lune pour orner de ses milles lumières un ciel aussi sombre que l'être humain, une lettre était arrivée au chevet de l'inquisiteur. Un coursier lui avait apporté... Comment ce coursier avait trouvé Avatar qui errait dans la ville, ça restait un mystère, mais la lettre était cachetée. Un tampon de cire la fermait, elle devait renfermer en son sein un bien coûteux cadeau. C'était effectivement le cas, l'homme s'en rendit compte en découvrant ce petit bout de papier.
Il était enfin arrivé, ce moment tant attendu, Avatar pensait se remettre à rechercher ce Louis Institoris qui tenait d'une main de fer l'inquisition de cette ville quand la lettre lui est arrivée. Tel un cadeau du ciel -si tant est que le ciel ait une volonté- quelques mots annonçant à l'inquisiteur une future rencontre avec son supérieur ornaient cette petite lettre.
Lorsqu'il découvrit ce contenue un sourire apparut immédiatement sur ses lèvres, il allait avoir une entrevue alors "l'homme à déstabiliser", il allait pouvoir sonder le meilleur inquisiteur de cette ville, ou du moins celui avec le plus de relation -et de dévotion apparente. C'était un "honneur", et pour parfaire le tout la rencontre se déroulait au puit... Que demander de plus.

Le rendez-vous succédait de deux heures la découverte de la lettre, mais Ava, porté par une apparente gaîté, ne put s'empêcher de partir immédiatement après la réception pour la foret en question. De ce fait il arriva, sans presser le pas, une petite heure avant que les neuf heures ne sonnent, mais ce n'était pas grave, l'inquisiteur était patient et forgé pour savoir attendre. Ce qu'il fit avec grâce une heure durant.

Le temps passait plus rapidement maintenant qu'il connaissait le pourquoi de son attente. Il s'était installé non loin du puit, fixant celui-ci, évitant de s'approcher de trop près, ce n'était pas le moment pour qu'une scène se répète à nouveau en ces lieux, il avait déjà fait l'expérience et ce puit était l'endroit où les souvenirs étaient les plus féroces...
L'heure fatidique arrivait à grands pas, un vent léger s'engouffrait dans le lourd manteau du chasseur, celui-ci ne pouvait se soulever, il était contraint à se plier au poids de la lourde épée qui ornait encore et toujours le dos de l'inquisiteur, comme un fardeau symbolique désormais de son statut. Cette épée lui semblait presque légère, à ce géant, il la portait depuis tellement longtemps qu'il en avait oublié la présence, dans tous les cas elle ne servait que d'apparat.

... Un bruit, des pas, enfin ! L'heure est arrivée ! C'est le moment de se retourner, ce qu'il fit très lentement, son manteau accompagnant ce geste d'une ample danse. Et ils se retrouvèrent face à face, le dévot et l'hérétique. Le "chef" était accompagné ? De deux hommes, de surcroît, avait-ils donc si peur de ce puit... Ou si peu confiance en l'autre inquisiteur ? Dans tous les cas tous ces détails étaient masqués par une seule et même envie : se servir désormais de celui avec qui il a un contacte direct. Aucun soupçon ne vint troubler les pensées de l'inquisiteur, que celui qui lui faisait face soit un sorcier était bien trop gros pour que cela puisse être la réalité, et de toute façon il avait tout autre chose à préparer.

L'homme paraissait plutôt jeune, mais déjà fatigué par le poids des années, des soucis, quel beau gâchis. Mais le physique n'a aucune importance, le pouvoir de cet inquisiteur là ne réside pas dans ses muscles, ni dans la bible -laissons là aux faibles- mais il réside bel et bien dans son caractère, un caractère et une morale qu'Avatar se devait bien évidement de mettre à l'épreuve.
Une fois que cet homme fut à portée de voix il se stoppa, l'inquisiteur savait pertinemment pourquoi il était là, mais il se devait tout de même de lancer la conversation avec celui qui lui était, à plus d'un titre, supérieur.

"Louis Institoris, je suppose, celui à qui nous devons tous, pauvres inquisiteurs, notre vie et notre fidélité. Il m'a été dit beaucoup de chose sur votre personne, afin que je puisse vous trouver et vous parler. Qui aurait cru que c'est vous qui m'appelleriez."

Pour Avatar, le ton était courtois, mais la courtoisie du "bourgeois" n'avait rien à voir avec la soumission qu'il devait à son supérieur. Mais il ne fait rien comme tout le monde ce petit inquisiteur aux yeux si profonds.
Il sorti une main de sa manche un tantinet trop longue afin de relever de sa tète son couvre chef et de faire ainsi une minuscule révérence à celui à qui une bien plus important revenait de droit. Mais il ne s'en souciait pas et reprit la parole.

"Suis-je donc, monsieur, si effrayant que cela pour forcer deux de nos confrère à vous accompagner ? Ou bien est-ce ce puit qui vous peut ainsi troubler ? Etre à cinquante autours de lui ne changera pas son pouvoir, croyez moi sur parole. De toute façon je ne pense pas que vous désiriez vous abreuver de cette eau miraculeuse, alors une telle garde uniquement pour quelques gouttes d'eau n'est pas ce que l'on pourrait appeler une protection efficace, je pense même que, dans ce cas, une sorcière ne serait même pas un rempart correct au fléau qu'est cette eau... Enfin bon, l'argent qui paye ces inquisiteurs est présent, alors autant le dépenser en les traînant ici et là."

Un tel manque de tact cet inquisiteur. Enfin, l'homme qui lui faisait face le valait bien.

"Je ne pense pas trop m'avancer en affirmant que ma présence ici est en rapport avec cette eau ensorcelée. Or, ne sachant pas si je pouvais me permettre d'allumer un bûcher sans vous avoir au préalable rencontrer, je me suis mis à faire mes recherches autour de cette source... Que de belles découvertes j'ai fait à la suite... Et surtout que de rencontres... Intéressantes..."

Il n'avait cessé de fixer le regard de son interlocuteur, tentant tant bien que mal de le percer, de lui ôter la carapace due à son rang... Mais, sans que l'homme ne parle, cela n'aurait aucun effet.
Remarquez cependant que, pour changer ses habitudes, l'inquisiteur n'avait pas encore tourné le dos à son interlocuteur... Peut-être pensait-il qu'il ne valait mieux pas lui faire tel affront...

[Désolé d'pas avoir fait mieux que ça...]

[Il ne pouvait pas être mieux !]

L'Inquisiteur qu'il avait convié ici était précisement ce qu'on avait décrit à Louis Institoris. Un homme quelque peu imposant physiquement, tout autant qu'il était sombre, non seulement par son long manteau noir, mais plus par son regard. L'Inquisiteur en Chef avait déjà aperçu Avatar et avait bien évidement remarqué ses fameux yeux bruns, ceux pour lesquels d'autres Inquisiteurs avaient retenu son nom. À quiconque s'adressa-t-il, son regard était toujours aussi vide, vide d'une quelconque émotion. C'était en partie pour cette raison que Louis avait jugé cet homme comme un bon Inquisiteur, capable de l'aider ce matin là : un homme au yeux aussi insensibles était forcément un homme réfléchi, et, plutôt que de savoir manier une épée ou allumer un bûcher, là résidait la principale qualité d'un Chasseur de Sorcières. Le but de l'Inquisition était de débarasser les terres des hommes et des femmes de Dieu des disciples du Malin, mais ces êtres étaient tout aussi nuisibles que les autres mortels, et n'importe qui serait capable de leur retirer la vie s'il suffisait de les amener sur un bûcher. L'Inquisition avait été crée dans le but de traquer ces femmes malsaines, car leur principale force était celle de dissimuler avec brio leur identité première : celle de Sorcière.
Ainsi, l'Inquisiteur qui se tenait là, en face de son supérieur, n'était imposant que par son regard, et celà suffisait amplement. Louis ne fut pas déçu de ces premières phrases échangées sans aucun mot, simplement par leurs regards croisés. Comme il le savait, il ne serait pas le premier à parler : l'homme le salua d'abord, avec des paroles habituelles aux oreilles du Dirigeant, lui faisant comprendre que c'était là un honneur de le rencontrer. Durant une fraction de seconde, Louis esquissa un léger sourire, par habitude, car, bien que froid, il était un homme poli et respectueux de ses confrères. Puis celui-ci disparut de son visage. Un signe de la tête afin d'acquitter son nouvel interlocuteur de la position dans laquelle le mettait sa petite révérence. Ce dernier reprit tout aussi vite, tandis que Louis passait à côté de lui : il le questionna sur la présence de ses accompagnateurs, ce qui arracha cette fois un réel sourire à Louis. Pas une ignoble grimace exprimant une quelconque joie, mais un sourire appréçiant l'audace d'Avatar, qui se révélait alors un peu plus original des autres. Toujours quelque peu arrogant, certes un peu moins que d'habitude, il répondit lentement à l'homme dont les phrases et interrogations s'étaient enchaînées :

« Si j'avais voulu me protéger de quoique ce soit ou de quiconque, voyez-vous, ce n'est pas ces deux gringalets démunis de tout esprit que j'aurai choisit. Mais, comme vous l'avez bien dit, ces hommes... Que dis-je, ces bons à rien sont rémunérés, alors je me dois bien de leur donner un emploi. Ils m'auront aidé à porter cette besace jusqu'ici... »

Le terme ne convenait pas à la taille du sac, certes.

« ... Et, voyez-vous, si on constate leur force quasi-inexistante, il m'en fallait bien deux pour alterner le transport dont je les ai chargé. »

Avatar parut satisfait de la réponse. Il enchaîna sur la raison probable de sa venue là : il ne s'était pas trompé, et avait bien cerné la cause de son invitation, bien que cela ne fut probablement pas très difficile : en ces moments austères, s'il avait été convoqué près d'une quelconque source d'eau par son supérieur, cela ne pouvait pas être pour bavarder inutilement.
L'Inquisiteur en Chef hocha donc la tête et l'invita, d'un pas lent, à s'approcher encore un peu du Puits, tout en gardant un éloignement leur assurant une complète présence d'esprit. Cet Avatar était pour le moment à la hauteur de ce qu'il pensait : en effet, plusieurs Inquisiteurs auraient pu comprendre le rapport entre les problèmes dus à l'eau et une invitation près du Puits, mais celui-ci n'avait bien visiblement pas découvert cela à l'arrivée matinale du courrier de son supérieur. Ce dernier écoutait attentivement la conversation dont le fil lui permit sans aucune difficulté de continuer instantanément sur la question qu'il souhaitait poser. L'Inquisiteur disait avoir fait quelques recherches au sujet de cette eau ensorcelée, et que ses trouvailles avaient un interêt certain. Il est vrai qu'il aurait dû en informer Louis avant, mais celui-ci ne comptait pas le lui reprocher : il trouvait sympathique l'aisance de cet homme.

« Bien... Que diriez-vous de me raconter votre curiosité à ce sujet ainsi que les aboutissements auxquels elle vous a conduit ? »

Louis venait de questionner Avatar et avait commencé à approcher le Puits : il était à quelques pas devant lui. L'Inquisiteur s'avança un peu plus rapidement que son supérieur, pour le rattrapper, puis l'approcher de très près - une autre preuve de cette aisance qu'il possédait, et que Louis appréciait beaucoup -, puis le dépasser. Avatar se mit près du Puits, le toucha même, posant sa main dessus. Louis, qui n'avait pas pris se risque, comprit vite qu'il était inutile de rester éloigné de l'édifice : le gouffre qu'était ce puits était bien assez profond pour que l'eau ensorcelée qui s'y cachait ne puisse avoir aucun effet sur les hommes qui s'en approchaient. L'Inquisiteur fut alors rejoint par son Chef, qui n'avait pas été surpris par l'acte de son interlocuteur, qui était visiblement déjà venu ici. Louis interpréta donc le geste d'Avatar comme une justification, en quelque sorte : durant ses rechercher, il était probablement venu près du Puits et en avait déjà experimenté la potentielle difficulté de la proximité. S'approchant lentement de son interlocuteur, Louis prenait le temps d'écouter le récit qu'entammait son interlocuteur.

Avatar évoquait une source commune aux points d'eau de Forbach. Il avait en effet raison, et c'était d'ailleurs une idée qu'avait eu Louis : retrouver la source de l'eau provenant du Puits, encore inconnue de tous, pour déceler le mystère. Pourtant, Avatar, avec qui Louis était d'accord, proposait une thèse quelque peu différente. Il pensait que le Puits était en lui-même positionné sur la source qui alimentait l'étang de Diefenbach et le ruisseau de la Forêt Noire. Louis y réfléchit quelques secondes : c'était possible, certes, mais peu réaliste. Il était difficile à imaginer qu'un étang et un ruisseau puissent prendre source dans un minuscule puits. Mais si les ondes de ces deux endroits étaient elles aussi contaminées et que le Puits cachait la clef de l'énigme, alors cette thèse serait entièrement justifiée... Pourquoi pas ? De toute façon, cela ne changeait rien : le Puits serait malgré tout méticuleusement inspecté.

Avatar en vient donc aux rencontres sur lesquelles le chemin de son enquête l'avait guidé. Il disait avoir croisé une sorcière, mais ne parlait aucunement de son arrestation. Visiblement, celle-ci l'aurait « battu ». Visiblement, bien que Louis comprenait qu'Avatar était un homme effronté, ce dernier n'avait pas terminé de le surprendre. Mais le Chef Inquisiteur n'en fit pas paraître une trace sur son visage et continua a écouter avec attention ce qui lui était conté. Il n'était pas le moment de faire attention à la sorcière qui avait « glissé entre les doigts » de l'Inquisiteur, mais à l'interêt qu'avait son récit dans l'avancement de l'enquête.
Cette sorcière avait affirmé que les leurs n'avaient aucune relation à la malédiction qui flottait dans les eaux de Forbach, et Avatar approuvait cet avis. Il n'avait pas vraiment argumenté son point de vue, mais cela suffisait à Louis... Pour comprendre qu'il devrait désormais garder un oeil sur cet homme : le problème ne résidait pas dans le fait qu'il était d'accord avec l'une d'entre « elles », mais dans celui qu'il l'exposait ouvertement, et, qui plus est, à son meneur.

« Eh bien... C'est ce que nous verrons. »

Au même moment, Avatar questionna Louis sur la besogne qu'il avait donné à ses vassaux, et ce dernier les appelait d'un signe de tête. Cette concordance des actions fit sourire Louis, qui répondit brièvement. Les deux hommes dégagèrent de leur bagage un long filet qu'ils plongèrent immédiatement dans le puits. Le bruit de l'eau fit entendre qu'il était arrivé au fond.

« J'ai eu quelques conversations récemment qui me conseillèrent de chercher la source de ce mystère dans celle de toutes les eaux de la ville... Voilà pourquoi je suis venu ici. »

Lors des plusieurs vaines tentatives, le filet remontant vide, Louis faisait signe à ses Inquisiteurs de continuer. Il était bien sûr de lui... Et il avait raison de l'être.
Alors qu'ils remontaient à nouveau le filet dans un nouvel essai, un bruit sourd se fit entendre, accompagné de celui d'une éclaboussure. Le filet avait récupéré un objet d'une certaine taille, mais celui-ci venait retombé au fond de l'eau...
Louis hocha la tête, ordonnant aux hommes de persister, et lança un regard déjà légèrement satisfait à son interlocuteur.

« Nous touchons peut-être au but... »

[Désolé, je manque un peu d'inspi'... Et je dois faire avancer les choses, donc je me presse un peu.]

Avatar n’avait l’air ni surpris, ni très intéressé par la scène, bien qu’il l’observa quelques secondes. Louis compris qu’il attendait simplement la vue de l’objet ayant provoqué ce bruit sourd, au fond du puits. Il n’avait pas tord : il ne fallait pas se réjouir trop vite, ne jamais trop être sûr de soi, tout en ayant confiance en soi. Là était l’une des difficultés de tout Inquisiteur : être trop confiant entraîne à sa propre perte. Un nouveau point rendait l’homme bon Inquisiteur. Le Dirigeant de l’Inquisition trouvait cette personnalité intrigante, et se chargerai d’en savoir plus sur ce membre mystérieux de ses troupes, une fois les affaires actuelles réglées.

C'est-à-dire bientôt, probablement. Du moins, c’est ce qu’espérait Louis. Bien qu’il ne montrât pas sa lassitude, pour ne jamais paraître faible ou être imaginé bientôt désemparé par les populations, l’Inquisiteur en avait assez de courir après cette eau ensorcelée, meurtrière, et souhaitait nettement que cette histoire se termine. Il voulait retrouver, quelques temps, le quotidien de ses simples tribunaux, de ses bûchers et de ses visites quotidiennes à l’église de Zetting. Il toucherait au but, dans quelques minutes, tout au plus.

Comme il l’avait vu dans sa réaction, Louis pouvait désormais affirmer que son interlocuteur n’était aucunement étonné par ce bruit sourd, et qu’il ne s’en réjouissant pas spécialement. Avatar affirmait que Louis avait eu raison de venir ici, mais se demandait, probablement avec une pointe d’ironie, comment avait-il pu être le premier à avoir cette idée, après tant de temps.

« Eh bien, je me le demande aussi. Pourtant... Je sais parfaitement que je ne suis pas le seul à m’investir dans ces recherches, et vos dires confirment les miens, mais je n’ai eu ouie d’aucune indication sur les prospections de nul autre Inquisiteur, de personne. Alors, il me semble logique que je sois le premier à fouiller ce Puits : puisqu’aucune quête de celles que je dois connaître n’est assez poussée pour m’avoir été contée, aucune ne doit être assez avancée pour avoir mené son enquêteur ici. »

Louis observait, tout en discutant, le travail de ses deux hommes, remontant sans cesse de filet, en vain, sans plus aucun bruit.
Avatar repris son discours.

« Les Sorcières seraient divisées en deux clans. »
Louis tourna rapidement le regard vers Avatar, plus qu’intéressé. Il fronça légèrement les sourcils tandis que l’homme s’expliquait. Ses propos n’étaient pas à négliger, car probablement basés sur sa rencontre avec la sorcière dont il lui avait parlé tout à l’heure. Il y aurait donc deux clans de Sorcières, l’un empruntant une voie plus « saine » que l’autre, d’après ce même homme. Louis n’adhérait pas à ses propos : pour lui, aucune sorcière n’était plus saine qu’une autre, elles étaient tous les envoyées du Diable, toutes à intégrer dans une même catégorie : celle de celles qui devaient être exterminées, dont on devait purifier la Terre de Forbach, et la Terre toute entière.

Cependant, stratégiquement, il serait important de considérer ces deux clans, si toutefois ils existaient bel et bien, car rien ne garantissait à Louis que ce n’était pas un étrange piège tendu par ces sorcières, bien qu’il n’en voyait pas pour l’instant l’intérêt : elles auraient pu prévenir volontairement Avatar, le sachant Inquisiteur. Il fallait en effet admettre qu’elles restaient pleines de ressources, ces femmes-là...
Pourquoi pas ? Louis restait attentif au discours qui lui était proposé.

« Je vous remercie de m’avoir relaté cette histoire fort intéressante. Une fois l’affaire de cette eau empoisonnée réglée... »

Louis jeta un œil à ses Inquisiteurs, toujours actifs.

« ...Je tâcherai de confirmer ou d’exclure cette hypothèse, en lançant de nouvelles investigations, dont je vous tiendrais évidement au courrant. »

Le bruit du filet montant, puis redescendant dans les profondeurs du Puits, s’était arrêté, et l’un des hommes était venu faire une annonce le Chef de l’Inquisition.

« Peut-être voudrez-vous y participer, nous aurons l’occasion d’en reparler. »

Après avoir marqué une légère pause, il tourna les talons, invitant son interlocuteur à le suivre.

« Approchez... Découvrons ensemble la trouvaille de nos deux « enfin-capables-d’accomplir-une-tâche ». »

L’éblouissement qu’éprouva Louis, confondu, ne se vit aucunement sur son visage. Son regard intrigué fixait l’objet que l’un de ses deux hommes tenait à plat dans ses deux paumes. Il n’avait jamais vu une chose pareille. Il s’approchait de cette « pierre » pour la prendre entre ses doigts. Elle avait en effet l’air d’un caillou, du moins, elle en avait la texture, et mesurait quelques centimètres de diamètre. Mais, ce n’était ni sa constitution, ni sa taille qui surprenaient Louis. Non, c’était sa couleur. Jamais auparavant il n’avait vu un objet aussi sombre. En effet, la pierre était du noir le plus pur, le plus profond qu’il n’ait jamais observé : il avait l’impression de plonger ses yeux dans une sorte de vide, de néant de petite taille qu’il tenait entre ses doigts.

Louis affirma, à voix basse.

« Cet objet ne peut qu’être maléfique... »

Si c’était la chose qui avait ensorcelé l’eau, et c’était fort probable, voire entièrement sûr, alors elle n’avait de pouvoir que sur l’eau : seule, elle ne pouvait rien contre l’homme. Dans le cas contraire, les quatre présents seraient déjà dans un état bien trop grave pour ainsi réfléchir et observer l’objet...

Louis reprit ses esprits après une longue minute, puis fixa Avatar.

« Nous devons nous en aller, maintenant. Quelques rares personnes au courrant de cette histoire attendent impatiemment les réponses que nous venons sûrement de trouver, et j’aurai beaucoup de choses à régler. La culpabilité sera remise sur les provocatrices de ces graves dommages, il n'y a aucun soucis à se faire à ce sujet... »

Alors qu’il prononçait cette dernière phrase, le regard de l’Inquisiteur hochant légèrement la tête s’assombrit un peu. Il n’était pas question pour lui de laisser les Sorcières ayant causé tant de dommages s’en tirer ainsi.

« Je sais que vous n’êtes pas un fréquent visiteur du Château de Frauenberg, mais je dois m’y rendre. Je suppose donc que nos chemins se séparent ici ? Quoi qu’il en soit, notre rencontre fut très fructueuse, je pense avoir appris beaucoup de choses bien intéressantes à propos des sorcières… »

Divisées, elles en seraient peut-être plus faibles. Il acheva, souriant légèrement, les yeux plissés et le regard fixé dans celui d’Avatar.

« …Et sur vous. »

[ Suivant : Le Parvis de l'Église de Zetting - La Messe de Cendres ]

La réaction de Louis sur l'évocation des deux clans était prévisible, et elle créait sûrement, dans l'esprit du dirigeant, l'effet escompté. Si ce n'est maintenant alors ce sera plus tard, mais l'homme devrait comprendre bien vite qu'Avatar peut être utile et si cette découverte peut le faire se rapprocher de celui-ci... Que demander de plus.

Une chose qui allait arriver était, cependant, bien plus prévisible. Louis proposa à Avatar de regarder avec lui ce que les incapables avaient trouvé, comment refuser. Il suivit son supérieur jusqu'aux deux inquisiteurs qui avaient fait la "découverte" et entrevit la petite pierre noire. Fascinante petite pierre noire, elle serait magnifique au cou d'une jeune femme, mais ce n'était pas son avenir, apparemment.
Ava regardait plus la réaction du dirigeant de l'inquisition que ladite pierre, en elle même elle ne l'intéressait pas -tout ce qu'il voyait c'est qu'il perdait sa "potion de jouvence"- mais il scrutait avec attention la réaction de son "opposant". Il resta bloqué sur le caillou une minute durant, craignait-il donc ce petit bout de rien ? Ou bien imaginait-il déjà une théorie... Bancale pour accuser grâce à cet "indice" les sorcières de la ville... Quoi que, pour une fois, il est bien possible que cette chose ne soit pas des plus naturelles.

Bref, Ava avait eu tord d'exclure l'hypothèse de la sorcellerie apparemment, mais rien ne laissait voir une quelconque jalousie envers Louis ni un débout de n'avoir penser à cette solution. Il se moquait éperdument du pourquoi désormais, cette pierre était un moyen comme un autre d'aider la cause de l'inquisiteur... Pas sa cause officielle, bien évidement.

'Cet objet ne peut être que maléfique'
Mais, bien évidemment, tout comme le vent est contrôlé par la sorcellerie et les porcs par l'esprit d'une quelconque divinité. Ah la religion et ses adeptes. Comment ne pas trouver cette réponse préconçue et prévisible à souhait ? L'homme tombé sur un vulgaire joyaux voit immédiatement en lui l'oeuvre du démon.
Mais, c'est une vision normale pour un inquisiteur... Serais-ce donc en fait Avatar qui n'est pas normal ?...
Les mots de l'inquisiteur chef continuèrent, Ava ne put se retenir de répondre plus longtemps, mais il ne pu pas non plus empêcher un sourire satisfait d'atteindre ses lèvres... Il n'était pas satisfait pas la découverte de son interlocuteur, mais d'avoir put découvrir des choses essentielles pour son cheminement futur... Des choses essentielles sur le "patron de l'inquisition", quoi de plus délectable.

"Provocatrices ?... Oui, bien évidement."

Avatar parlait, mais il ne cachait pas le fait que ces mots lui arrachent la gorge, ni même celui qu'il ne veut qu'une chose : répliquer. Mais il ne peut se le permettre ici, pas devant cet homme... Bien qu'il le souhaite plus que tout. Mais il a bien d'autres solutions pour donner le point final à cette discussion, l'une d'elle est d'ailleurs déjà toute prête depuis le commencement de cette discussion.

"La place d'un simple inquisiteur n'est pas au château n'est pas dans un château, mais sur le terrain. Mais nos chemins ne pourront que nous réunir à nouveau, ce sont nos grades qui le veuille."

Et, quant bien même Ava perdrait son grade, l'inquisiteur qui lui fait face chercherait tout de même à ce que leurs chemins se recroisent, si ce n'est pour l'accuser de trahison ce sera pour le mettre sur un bûcher...
Sur ces mots l'inquisiteur tourna le dos à son dirigeant et s'enfonça un peu plus dans les bois... Disparaissant parmi les ombres qui ornent toute foret... Mais il s'arrêta un instant, alors que son interlocuteur était encore à une distance convenable. Il tourna à peine la tète, de quoi analyser les réactions, avant de parler d'une voix très audible à son supérieur.

"Je voulais vous dire. Deux des sorcières que j'ai rencontré étaient des nobles habitantes du château. N'accordez pas trop de crédits à ceux qui ne vivent pas les pieds sur terre, car ils peuvent être les plus dangereux."

Il n'avait pas perdue son sourire, mais il disparut au dernier mot sans plus de cérémonie.

[Désolé du petit post ^^]