In Vino Veritas..?

Meneuse

Le lieux n'était pas ce qu'on peut appeler rassurant pour une personne de la classe d'Alicia, cependant il aurait été mentir que d'insinuer qu'elle n'était jamais venue, bien sûr que si c'était d'une suffisante rareté pour que personne ne la soupçonne ni ne la reconnaisse, mais c'était évidemment déjà trop si quelqu'un venait à la démasquer. Une tunique noire, une capuche longue cachant une bonne partie de son visage, elle faisait une entrée se voulant discrète. Quelques regards se tournaient généralement vers elle mais la prenant pour une étrangère en voyage la laissait en paix...

Ce jour-ci, la Menause arriva dans l'encadrement de la porte sur le coup de 20h00, le soir avait commencé à jouer de lumières charmantes égayant la pièce qui à l'évidence n'en avait pourtant pas besoin... En effet, l'eau ne pouvant plus être approchée par les villageois, ces derniers finissaient leur labeur et s'en allaient sans même passer par chez eux à l'Auberge de la Croix Rousse pour se désaltérer à l'aide d'alcools populaires. Lorsqu'Alicia vit le désastre humain qui s'étalait sur ces chaises, ces tables et même au sol, elle n'eut qu'un réaction dissimulée par l'ombre de sa cape: un sourire. Oui Alicia savait bien à quoi s'attendre et n'était pas là pour rien, elle contait bien jouer du célèbre adage : In Vino Veritas... A cette heure les langues devraient être aussi déliées que les choppes étaient vides.

La silhouette d'Alicia entravant le passage de la lumière couchante imposait devant elle une ombre allongée s'étalant jusqu'à une serveuse au bar en face d'elle. Cette dernière semblait fatiguée autant que désespérée du comportement général de cette beuverie. La sombre silhouette silencieuse s'avança dans l'allée, cette fois-ci tout les regards étaient tournés vers elle et quelques sifflements mêlés à des cris quasi-bestiaux participèrent à troubler encore un peu l'ambiance de l'Auberge.

Alicia s'installa à une table seule, croisa les jambes et observa la bague qu'elle portait à l'index gauche. Alors la serveuse vint lui demander ce qu'elle désirait et Alicia de répondre : "Juste un verre de vin" La serveuse plus étonnée de rien soupira et s'en alla chercher la commande d'un pas non chalent.

Alicia lança un regard circulaire et remarqua alors que ce n'était pas qu'une impression, de nombreux regards se portaient bien sur elle, beaucoup étaient vides, d'autres simplement mauvais...
Une voix retentit alors derrière elle à ses oreilles.

"Biensûr installez vous..." lui répondit la mystérieuse étrangère. [c'est donc Alicia qui parle ^^"]

[Alors qui est la voix ? A qui voudra ! (sachant que bien évidemment, comme vous l'aurez compris je cherche à avoir des informations sur les évènements actuels...)]

Oblivius

[ < Qu'ils sont pauvres ces nobles! ]

L'homme avait, quelques heures auparavant, quitté le vicomte d'Hasbauer, sa femme et sa fille qui lui avaient offert généreusement quelques informations sur l'inquisition dans la ville... Informations qui restaient à vérifier. Les questions qu'il avait posé à ce sujet avaient un but précis : si on lui offrait de faux renseignements, les chances que ses interlocuteurs soient des sorciers étaient augmentés considérablement car on fait tout pour initier le chaos chez nos ennemis, mais si les renseignements s'avéraient fondés les chances qu'ils soient sorcier ne diminuaient pas pour autant car les gens on des réactions différentes face à un inquisiteur, quand l'un mentira pour se cacher, l'autre se dévoilera pour se protéger... Mais, venant d'un noble, les informations récoltées seraient sûrement vraies... Ce qui n'empêche pas de les vérifier... Au cas où...
Et, depuis cette rencontre, Ava avait passé un peu de temps dans l'auberge, réservant une chambre pour s'y reposer quelques instants afin qu'il soit prêt pour les futures rencontres qui s'offriraient à lui... Il descendit quand la lune commençait à se lever... On dit que toute créature sombre dans la folie si elle est privée de rêves, 3h de sommeil suffisent-elles à un homme pour rester sain d'esprit ?... Apparemment non...
Il était armé, comme à son habitude, et lucide. Une fois en bas il scruta la salle d'un oeil intéressé, Ava avait une particularité : il n'avait pas besoin d'être bourré pour parler, et cette particularité facilitait de dialogue avec tous les piliers de bar, comme avec tous les autres... On se dévoile plus facilement face à quelqu'un d'ouvert... Et l'inquisiteur venait de trouver une personne intéressante dans toute la palette de pale personnalité qui s'affalait dans la salle. Cette personne se cachait ouvertement -si je puis dire- des regards des pochtrons et autres V.I.P. de l'auberge qui représentaient, à eux seuls, un bon pourcentage du chiffre d'affaire. Il s'en approcha lentement, ses pas résonnaient dans le plancher, mais comment voulez-vous percevoir un bruit si commun dans le flot d'insanité que débitaient les hommes de l'auberge à la minute ?... De plus, une bonne partie de ces "mots mal placés" avaient pour cible l'inconnue, chose qui facilitait l'arrivée silencieuse du géant, elle avait bien plus à s'occuper avec les mots des pochtrons qu'avec l'arrivée, dans son dos, d'Avatar.

"Je peux ? Lui demandât-il d'une voix grave alors qu'il s'approchait d'une des chaise disposée autours de la table de l'inconnue. Le fait de m'avoir à vos cotés calmera peut-être les divagations de cette... "Elite de la population"..."

L'inconnue accepta... Ava s'installa et ôta son chapeau, il ne s'attendait bien sure pas à ce que la personne en face de lui en face autant, elle semblait vouloir conserver son anonymat, et il y avait de quoi... Mais c'était visiblement une femme, sa silhouette, les contours de son visage qui, sous l'ombre de sa capuche, apparaissaient par instant ainsi que le fait que tous les hommes de la salle se soient mit au "garde à vous" en la voyant entrer... Une serveuse vint demander à l'inquisiteur s'il prenait un simple verre de lait, comme d'habitude, il répondit d'un hochement de tète et il fut servit plus vite que n’importe qui, emmenant par la même occasion la commande de l'inconnue.

"Pathétique, ce à quoi en est réduite la population, le peu d'argent que les impôts ne leurs volent pas ils le dépensent ici, à boire, à se détendre entre le moment où ils quittent leur travail arasant et celui où ils rejoignent leur famille qui les épuisera le soir venu... Jamais je n'ai envié les autres hommes, ceux qui sont obligés de vivre pour travailler plus que de travailler pour vivre... Mais je n'envie pas non plus les nobles et autres gros bourgeois qui s'en mettent plein les poches sur leurs dos, remarquez... Ma place me convient, observer et étudier sans se mêler aux sujets... C'est le moins dangereux, et c'est, je pense, ce que vous faites à l'heure actuelle."

... Une femme du peuple n'aurait pas commandée de vin, trop chère, réservé aux personnes plus élevées. Mais, par opposition, une femme d'un rang plus élevé ne se serait pas abaissée à venir traîner en ce trou malfamé... Alors, bourgeoise, noble ou paysanne ?...
L'inquisiteur but une gorgée de lait -autrement dit, la moitié du verre y passa d'un coup- puis il rabaissa le regard vers la jeune femme et l'observa, du même regard dont il gratifiait tous ceux qu'il cherchait à comprendre, à percer... Du même regard qu'il regardait le monde... A la fois distant et proche, vivant et mort, interrogateur et réprobateur... Un regard qui, dans le fond, ne signifiait plus rien tant les gens étaient habitués à le voir inscrit sur le visage de cet homme...
Etrangement, les discutions à propos de la jeune femme commencèrent à se taire, les regards se détournaient de la table et les plus proches d'Avatar s'écartaient afin de lui laisser un "espace vital" dans lequel ils jugeaient bon de ne pas se trouver. Ava ferma les yeux, écoutant les voix s'estomper, sentant les regards glisser sur lui, puis dériver et un sourire lui apparut au coin des lèvres. Il rouvrit les yeux, ses pupilles se fixèrent dans l'ombre que portait sa capuche sur le visage de son interlocutrice et il repris la parole.

"L'inquisition à ses défauts mais entrer dans une pièce en déclinant en déclinant mon identité suffit à faire désaouler... Ou bien est-ce parce que je fais une tète de plus qu'eux ?... En tout cas, à chaque fois que vous prononcez le mot "inquisiteur" ici vous avez deux serveuses à vos pieds et tous les clients prêts à vous aider... Avoir peur d'une institution initialement créée pour protéger, n'est-ce pas là une preuve d'imbécillité ? S'ils n'ont rien à se reprocher alors pourquoi être apeuré ?... Parce que tous ont quelque chose à cacher... Vous et moi les premiers."

Il finit son verre, la serveuse lui proposa de lui en rapporter un, il refusa en ajoutant qu'il ne voulait plus être dérangé. Continuant de fixer la jeune femme il plaçait ses coudes sur la table, joignait ses mains et approchait son visage de ses poings. Le bruit de fond se faisait de moins en moins présent, comme pour le laisser se concentrer... On aurait vraiment dit qu'il avait éduqué tous les saoulards présents entre ces murs...

Meneuse

Alors que les paroles et les paris sur l’origine de « l’inconnue » fusaient entre les gorgées, un certain froid envahit la salle. Les exclamations devinrent murmures, et Alicia ne connaissait que peu de personnes ayant le charisme et l’autorité naturelle de faire pareils miracles, très peu de personnes oui, bien trop peu pour que la présence, qui à l’évidence arrivait dans le dos d’Alicia, ne soit anodine… Alicia ne comptait pas tourner la tête de peur que ce fut un noble au quel cas elle aurait put être démasquée bien trop rapidement. Elle ne paniqua pas, fidèle à elle-même, elle observait plutôt les regards qui se tournaient tous vers lui sans pour autant oser laisser transparaître une once de défiance… Le cœur e la Meneuse avait fait un bon dans sa poitrine lorsque l’homme s’était adressé à elle. Elle était cependant rassurée, la voix ne semblait pas lui être familière. Les premiers mots de l’homme qui s’installait face à elle la firent bien rire intérieurement, rire qui extérieurement se traduisit par une minime extension de ses lèvres causant l’apparition d’une ride légère et amusée. L’ironie et l’humour n’étaient pas données au sots, cette idée confortait la femme dans sa perspective de réponses…

L’Homme était très grand son visage était fin mais quelques chose de sombre se dégageait de lui, peut-être due à l’ambiance de plus en plus crépusculaire des lieux. Il semblait bien armé. Alicia ne pouvait et ne devait se cacher les évidences elle entrait en contacte avec un de ses Chasseurs. Elle allait devoir se jouer des apparences pour protéger sa vie et celle de ses consoeurs… L’Inquisiteur retira son chapeau, et petit à petit les paroles se taisaient. La serveuse connaissait d’avance la commande. A l’évidence cet homme était un habitué. Il ne fut pas surpris qu’Alicia ne retire pas sa capuche et semblait l’accepter en continuant la conversation, ou plutôt en débutant une vision amer de cette « Élite de la population » ainsi que des gens moins misérables. Cette vision insultante de son rang l’aurait naturellement poussée à le faire exécuter sans sommations, mais la situation aurait été évidemment également en charge contre elle, de plus son but en cette soirée n’était surtout pas de commencer à hurler à un crime de lèse majesté ! Alicia était donc à l’évidence tombée sur un philosophe engagé, mais à l’évidence que dans la théorie ? De plus en plus méfiante elle poursuivit :

« Soit, leur place n’est pas enviable surtout en ces temps difficiles, moi-même suis plutôt à l’abri du besoin, il me serait donc hypocrite d’en faire le réquisitoire ou bien la plaidoirie , je reste en effet comme vous le dites si bien, une observatrice… »

Les regards se détournaient difficilement du duo étrange qui faisait graviter autour de sa table bien des questions qui cependant ne se posaient pas ouvertement. Alicia voyait bien qu’elle était observée et scannée, non plus par toute une population imbibée, mais par un buveur de lait invétéré. Le regard du Bourreau était insatiablement vide. Le genre de néant qui appelle à lui la sagesse, le genre de vide qui ne transmet rien mais qui cherche à comprendre. Ca peut inquiéter un néant animé d’avidité… Mais Alicia connaissait ce genre de regards, elle vivait dans un milieu où tous cherchaient à se percer et pas uniquement à l’aide de fleurets. Elle, dissimulait son regard dans la pénombre, ça pouvait paraître lâche, c’est incontestable, pourtant l’Homme, malgré ses analyses introspectives, ne semblait pas émettre de quelconque jugement… Comme le laissaient percevoir ses dires, il faut le dire, pouvant paraître prétentieux, il avait bien l’autorité d’un Inquisiteur, mais comme le ressentait Alicia ainsi que le montrait le calme qui figeait quelque peu toutes les tables, il avait le Charisme d’un homme déterminé.

« La Peur est l’une de nos réactions les plus animales, la seule façon que nous avons de retrouver notre humanité lorsqu’elle nous étreint est de l’affronter… Seulement voilà la peur est avant tout un symptôme d’incompréhension, la nuit et le noir ont toujours fait peur à tout les petits ainsi qu’à bien des grands, pour une seule et bonne raison… Nous ne pouvons pas voir ce qui s‘y cache. Ce à quoi je veux venir par ces paroles je le reconnais un peu sophistes est que si ils ont peur de vous, c’est parce qu’un grand mystère vous entoure, vous, votre but profond, et que si ils n’ont pas eu la chance d’avoir une éducation minimum, ils doivent avoir bien du mal à lier les causes à leurs effets pour vous comprendre. Ensuite je dirais qu’en réalité il s’agit sûrement plus de méfiance que de peur. In Vitium Ducit Culpae Fuga… »

Elle avait prononcé ses paroles avec distance et calme, d’une voix assez affirmée pour que son interlocuteur l’entende bien, mais moins fort que lui avait parlé, car il ne fallait pas oublier que les personnes visées par leurs discours étaient avant tout, les personnes qui les entouraient, alors soit, il faut avoir le courage de ses opinions, mais il est également conseillé de ne pas sombrer dans la provocation… Alicia préférait ne pas aller plus loin dans son argumentation, elle aurait débordé sur son avis personnel et c’est justement ce qu’elle préférait éviter… Elle réalisa soudain que l’homme n’avait pas décliné son identité, puis releva également qu’elle-même n’avait pas dévoilé la sienne. Sûrement cette conversation resterait elle dans l’anonymat. Alicia après avoir bu délicatement une gorgée du verre que venait de lui apporter la serveuse se lança doucement dans le sujet de sa présence ici…

« De plus il ne vaut mieux pas juger les réactions des gens en ce moment, vous vous en doutez. Vous-même sûrement avez été tourmenté ? »

La transition était en lignée, et l’introduction légère. Alicia se rendit compte qu’elle n’osait indiquer clairement de ce dont elle voulait parler, non pas qu’elle s’inquiéta que l’homme comprenne, il semblait avoir un esprit sain, et le lait n’allait sûrement pas interférer, mais elle réalisait que plus elle y repensait plus elle repensait à ces souvenirs si douloureux, ces scènes dont elle connaissait la fin mais qu’elle voulait étrangement revoir jusqu’au bout…

Oblivius

Impassible, immobile le regard fixe, comme tentant de dévisager la jeune femme sans pouvoir y parvenir. Un sourire, masqué par ses mains. Un comportement de moins en moins anodin, sans doutes les deux interlocuteurs cherchaient-ils quelque chose dans les paroles de l'autre. Ava, comme à son habitude, buvait littéralement les mots de la jeune femme, cherchant des indices, au mieux des preuves... Un bûcher est si vite arrivé...
Il retira ses coudes de la table et se reposa sur le dossier de sa chaise sans que son regard n'eu quitté celui de son interlocutrice. Toujours ce même sourire au coin des lèvres... Avait-il trouvé, dans les mots de la jeune femme, une information plus précieuse que la parti de son esprit qu'elle a bien voulu lui dévoiler ?

"Je dirais noble... Vous avez des idées bien trop encrées pour être une grasse bourgeoise dont la langue -dont elle se sert si mal- est bien plus aiguisée que l'esprit. De plus, la connaissance du latin ne me permet de vous classer que chez nos chers sangs bleus. Enfin, dites moi si je me trompe, mais vous semblez également comprendre l'inquisition et ses membres... C'est du moins ce que vous affirmez en ne vous incluant pas dans les personnes ne pouvant lier les causes et leurs effets."

Le regard de l'homme se faisait de plus en plus distrait, essayant de faire comme s'il en savait plus long sur la jeune femme que ce qu'il ne souhaitait lui dire ainsi peut-être se laisserait-elle aller à craindre qu'Ava l'ait découvert... Chose qui pourrait être utile si cette crainte se transformait en aveux dans lesquelles elle tenterait de s'expliquer sur les causes de sa présence ou d'autres informations qui seraient précieuse à l'inquisiteur. Mais les chance que ceci marche avec une femme comme elle étaient... Quasi-nulles... Mais que perd-t-il à essayer ?

"Et non, je ne suis pas d'accord avec vous, c'est de la crainte qu'ils ressentent. Malgré leur ignorance, ils savent très bien, au fond d'eux, qu'il n'y a pas que des coupables qui finissent sur le bûcher. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a été créer : pour montrer aux autres ce qu'on est capable de faire pour les chasser. Ainsi pensent-ils que la magie est le mal, et ils se tiennent à carreau pour ne pas être les prochains à être soupçonnés... Le trop d'attention qu'on porte au danger nous fait bien souvent y tomber comme vous l'avez si justement dit alors faisons en sorte qu'ils portent plus d'attention à la mort qu'à la sorcellerie, nous risquerons moins gros..."

Il avait baissé d'un ton, seule la jeune femme pouvait l'entendre. Comme s'il savait pertinemment que son grade l'appelait normalement plus à soutenir la grande inquisition qu'à l'enfoncer... Que risquait-il ? Le bûcher ? Etre le chasseur chassé ?...
Quand il reprit la parole, ses yeux s'étaient un instant animés d'une étrange luminosité, comme s'il venait d'effectuer un autre lien... Tous ici étaient au courrant des "problèmes" liés à l'eau en ce moment, mais nul n'en parlait librement de peur d'être objet de soupçons menant droit au bûcher. Mais elle, cette jeune femme, ne cherchait-elle pas avec un moyen détourné de parler de ces faits ?... Se risquerait-il à aborder le sujet ?...

"Au fait, je ne me suis pas, à vous, présenté. Toutes mes excuses, je me fais nommer Avatar. Oui j'ai été tourmenté par une revigorante réapparition de souvenirs lointains, comme tout le monde. Mais le passé est seul créateur de l'avenir, alors ça ne peut être une mauvaise chose que de revivre nos erreurs, ne pensez vous pas. Enfin, peut-être la nature cherche-t-elle à juger de la résistance des êtres qu'elle a créée."

Il risquait gros, parfois, allant jusqu'à nier presque ouvertement l'existence de dieu en disant que c'est la nature qui créa l'homme... C'est un jeu dangereux que de chercher à activer les plus profonds réflexes chez ses interlocuteurs... Une approbation de cette dernière phrase par la jeune femme pourrait vouloir dire qu'elle croit également, comme les sorcières, que la nature est l'alpha et l'oméga... Comme elle pourrait vouloir dire que la jeune femme pense que cet effet est purement naturel et qu'il suit le cours normal de l'existence en montrant à l'homme ses erreurs passées... Dans les deux cas l'approbation soulignerait une croyance en un seigneur peu fiable, bancale et en aucun cas fanatique... Pas hérétique pour autant... Cette dernière phrase n'avait-elle donc aucun intérêt tant les analyses probables des réactions étaient nombreuses ?...

Meneuse

Alicia fut encore confortée dans l’idée qu’elle était examinée par l’homme lorsqu’il émit une possibilité de rang sur la femme. C’était presque déplacé se disait-elle. Elle se dit alors qu’en quelque sorte elle était déjà prise en chasse… Une poursuite intellectualisée mais à double tranchant plus dangereuse encore. Il était perspicace, bien trop perspicace pour qu’Alicia laisse à nouveau transparaître quoi que ce soit ! Elle s’était elle-même mise dans un jeu dangereux, et il allait lui falloir jouer d’ingéniosité pour le réorienter lentement vers une « autre vérité » disons.

« Peut-être cherchez vous trop noir ou bien trop blanc, trop rouge ou bien trop bleu… Et sauf votre respect, vous semblez sombrer bien vite dans les préjugés, or les généralisations n’ont jamais aboutis aux plus purs jugements. Ensuite oui je crois pouvoir affirmer comprendre l’Inquisition et ses Inquisiteurs ; j’imagine leurs pensées, je me doute de leurs méthodes et je vois leur but. »

Alicia ne mentait pas vraiment, elle comprenait, oui elle comprenait, mais ce n’est pas pour autant qu’elle approuvait, ça non. Elle ne le livra bien sûr pas à son interlocuteur, une sorte d’ablation de son développement protégeant sa pensée profonde.
Les deux personnages sans nom se dévisageaient dans une recherche réciproque d’informations complémentaires voir d’argument subversifs. Puis après la réponse donnée par Alicia l’homme semblait dans son attitude avoir saisi quelque chose d’assez subtile pour qu’Alicia l’eut laissé passé, mais pourtant d’assez fort pour amuser l’Inquisiteur. Ne jamais perdre son assurance ! Alicia ne faiblissait pas, seules ses lèvres pouvaient exprimer ses sentiments, ses yeux toujours dissimulés par des ténèbres protecteurs. Et ses lèvres s’arrondirent alors sur le rebord de son verre.

Alicia attendait que le Chasseur reprenne la parole, et c’est ce qui advint. Ses paroles plus basses allaient presque toucher la confidence, et pour cause, Alicia entendait de sa bouche les vérités qu’elle avait toujours pensée sans pouvoir les exprimer. Elle croyait rêvée et elle eut presque envie de sourire, heureusement elle n’eut même pas à le réprimer, elle arrivait à se contrôler bien suffisamment. Alicia n’était pas encore folle, et elle se demandait sérieusement si ce discours révélateur n’était pas un piège finement tissé… Elle n’eut alors aucune réaction mais pas aucune parole :

« Bien qu’en effet j’ai reçu de ces échos d’innocence enflammée c’est un étrange discours pour l’un de nos protecteur de l’hérésie… Et malgré ce que vous me dites ici, vous trouvez toujours fois en votre mission ? »

Les paroles d’Alicia, prononcées à même hauteur que les siens, s’étaient voulues soupçonneuses pour ne pas lui faire croire une seule seconde qu’elle croyait aveuglément en ces mots, ou bien qu’elle était en accord avec. Les regards sondaient et les paroles creusaient alors que le ciel s’assombrissait, allongeant toujours plus le masque obscur de l’inconnue. L’homme enfin décida de dévoiler son nom, Avatar ? Peu commun, peu modeste également si on s’en référait à une certaine religion asiatique.

« Eh bien, Avatar je suis enchantée de vous rencontrer, et m’excuse de ne pouvoir vous livrer à mon tour mon identité, mais je ne suis pas seule engagée, je suis ici au service d’une cause qui pour l’instant à pour but la vérité, ma personne n’a pas d’importance réelle. »

Enfin Avatar avoua à son tour qu’il avait vu resurgir ses souvenirs, Alicia fut rassurée, mais également très étonnée de voir la philosophie avec laquelle il prenait la chose, ainsi que sa philosophie elle-même. Non seulement il y voyait une sorte ce bien, mais dans sa réflexion, son Dieu était tout bonnement remplacé par son passé puis ensuite par la Nature! Alicia devait-elle y voir un manque de fois, ou bien encore une fois la suite d’un piège ? Dans le premier cas, Avatar aurait livré sur lui des informations bien dangereuses… Dans le second cas, soit il « tentait sa chance » soit il se doutait de quelques chose...

« C’est une vision bien personnelle de la chose que vous me montrez là, vous y voyez donc pour votre part une épreuve… « Naturelle ». Moi j’y aurais plutôt vu un châtiment divin, seulement voilà, dans la conjecture actuelle, peut-être est-ce une forme débutante de paranoïa qui me fait penser ça, mais j’y ai vu un acte bien moins céleste… »

Ses dires étaient suffisamment indirects pour ne pas exprimer d’orientation religieuse trop implicitement non plus… Elle demandait également de manière détournée, en donnant gentiment son avis, si l’Inquisiteur n’avait pas pensé avant tout à un acte de sorcellerie. Cette idée, si elle se révélait véridique apporterait à la femme des informations bien précieuses sur notre chasseur.

Oblivius

L'un avance un pion, détournant ses questions afin qu'à des autres elles répondent sans soupçons. L'autre déjoue les pièges dans un élégant stratagème, volant entre les nuages, ni trop près du sol, ni trop près du soleil, il serait dommage qu'elle abîme ses ailes... Ava s'attendait à ce qu'elle comprenne, il y avait cependant matière à travailler dans les mots de la gente dame tant que dans ses mouvements. Aux premiers mots du chasseur, la proie répondait à coté, de manière détournée pour lui faire oublier, l'essence de sa question. Ca n'avait pas d'importance, Ava était désormais certain que la jeune femme était noble car avoir du temps à perdre à chercher de comprendre l'inquisition ce n'est pas donné à grand monde. Aux mots de la jeune femme il acquiesça, d'un léger signe de tête, en direction de celle contre qui il luttait.

"Je n'ai pas besoin de chercher pour voir le mal partout. Mon métier le demande, il faut savoir douter, grand bien cela me fait qu'on me le fasse remarquer. Si je vous disais que je n'ai pas de doutes sur vous ce serait vous mentir et je ne peux, volontairement, vous gratifier d'un tel manque de... Confiance ? Donc, je vous le dis clairement, le simple fait que vous puissiez vivre sur cette terre est déjà, pour ma part, gage de malveillance et sujet de doutes. Cependant vous pouvez imaginer tout ce que vous voulez à propos de nous, notre but est la seule chose dont vous pourrez être sure, car dans nos esprits règne le chaos, comment, sinon, pourrions-nous faire brûler sans pitié ?"

Sur cette phrase il se stoppa, il avait patiemment écouté tout ce que la jeune femme avait à lui répondre et il tourna son regard vers tous les piliers de bar. Inintéressants, tous autant qu'ils sont, mieux vaut à l'instant retourner son regard vers celle qu'on veut percer. Le défi n'était pas clairement lancé mais il se laissait entendre dans les mots de chacun, comme une phrase perpétuelle cachée dans chaque interrogations qui émanaient de la table : "A nous deux, maintenant" disaient ils sans relâchement à chaque fois qu'on question échappait de leurs bouches...

"J'ai foi en ma mission, mais ma mission n'est pas la foi. Ce n'est pas celle de tous les autres mademoiselle."

Seulement deux phrase, il ne souhaitait pas se dévoiler plus, il voulait seulement ajouter une autre question dans la tète de son interlocutrice, alimenter le mystère un peu plus, car il savait très bien qu'aucun des secrets que portaient les protagonistes ne resteraient longtemps retenus.

"Si votre personne est au service de cette cause alors elle a forcément de l'importance... Surtout que les nobles passent plus souvent leur temps dans le château que dans une auberge comme celle ci... Et, comme vous êtes une noble d'une part et une femme d'autre part, peu de missions vous seraient confiées... Voila pourquoi je ne vous demanderais mème pas qui est à la tète de cette cause, je peux cependant vous dire que mes soupçons vous concernant ne sont pas près de disparaître, sans vouloir vous manquer de respect."

Clair, net et précis... Tout ce qu'Ava n'est pas en ce moment, mais, mine de rien, il est également entrain de se construire une solide protection : Si la jeune femme déclare qu'il est hérétique, il aura le temps de parler de ses soupçons à quelques hauts gradés qui se feront une joie de finir cette enquête... Ou de soustraire une somme d'argent importante du coffre de la jeune femme... Et elle le savait sûrement, elle ne pouvait pas se permettre de le faire disparaître, ce serait une preuve ouverte de sa culpabilité.

"J'y ai vu un acte de sorcellerie, comme tous les inquisiteurs, comme vous et comme tous les poireaux se trouvant autours de nous... Mais je ne penses pas qu'elles iraient jusque là... Elles n'iraient pas s'en prendre aux paysans pour toucher les inquisiteurs... Et il n'y a aucune revendication, rien, tout cela nous laisse à penser que les sorcières ne sont pas la cause de ce mal... En tout cas pour que ce soit un châtiment divin... Il faudrait que divin il y ait. Enfin bon, ces convictions ne concernent que moi... Et quelques autres personnes qui ne voient pas en la vie une création divine mais une création naturelle..."

Nier l'existence de dieu... Il avait déjà essayé contre cette femme, ça n'avait pas marché... Il risque gros à recommencer... Mais il voulait qu'elle se découvre, qu'elle se laisse dévoiler, avant que l'obscurité n'ait entièrement couvert son visage car alors même ses lèvres seront cachées... Il était prêt à tout désormais, elle n'avait pas l'air de s'affirmer en tant que fervente chrétienne, peut-être s'affirmerait-elle en tant que sorcière... Avec un peu de chance il tombera enfin sur une proie intéressante... Déjà qu'il est tombé sur une adversaire intéressante, alors autant faire d'une pierre deux coups... En tout cas tous deux risquaient gros dans leur sondage de l'autre.... Ou dans leurs tentatives du moins, car Ava était pour l'instant plus entrain de se révéler que la jeune femme... Faute d'inattention ou piège anticipé ?...

Meneuse

Les pions forment leurs rangs, libèrent les diagonales, et que dansent les fous ! Les tours cependant, elles, restent toujours auprès des reines... A longueur que le temps passait, les défenses s’éprouvaient, les mots se liaient, les pièges se tendaient, et les stratagèmes pleuvaient. Alicia entendait, écoutait les paroles d’Avatar, et voyait en chacune de ses phrases une légère saveur de victoire, trop bien dosée à son goût, pour qu’il ne s’agisse d’un arôme authentique. Ainsi, il ne lui faisait pas confiance, comme le laissaient entendre ses paroles paradoxales. Alicia n’en demandait pas tant, et cette réaction de l’interlocuteur lui fit vite comprendre que, comme toute personne discutant posément avec une autre personne en qui elle a des doutes, l’homme avait un but précis et ne s’en écarterait pas. Or à l’évidence ce but si convoité par l’homme était le regard de la femme. Chasse bien particulière que vivait en cet instant la Meneuse, elle, prise pour proie à un mètre de son prédateur, et elle, qui tantôt montrait fourrure blanche mais qui cherchait également le cou de son assaillant. Avatar continuait et présentait la pensée Inquisitrice comme étant dominée par le « chaos » en effet, comme il le disait si justement, comment autrement pouvoir invoquer la mort de femmes simplement accusées d’être soupçonnées coupables ? Comment un être aux pensées si claires pouvait-il soutenir une visée aussi immorale ? La confusion était semée, au plus grand bonheur de l’illusionniste à n’en pas douter. Il ne fallait surtout pas qu’Alicia se laisse berner. A l’évidence son interlocuteur était plein de paradoxe et en jouait, ou bien était il entrain de jouer de paradoxes sans en être investi ? Qu’importe la combinaison, elle serait de toute façon dangereuse…

« Le Doute est une protection et une arme tournée vers le mensonge, la paranoïa est une prison et une arme tournée vers soi-même. Sommes nous alors plus en danger ou en sécurité avec l’Inquisition à nos côtés selon vous ? »

Toujours très distante, elle ne donnait pas d’informations sur ce qu’elle pensait, elle retournait le doute vers le premier penseur à fin de le percer encore un peu plus. Avatar dans ses réponses indiquait toujours plus fortement sa ségrégation à la pensée première des Inquisiteurs, ainsi il ne considérait pas sa mission comme étant la foi… Pourtant autant que le sache Alicia, le tribunal de l’Inquisition est ici pour traiter les affaires d’hérésie et donc de foi. Là encore Avatar bien qu’alimentant les questions de la femme, lui apportait d’autres informations. Sauf, bien sûr, s’il continuait dans un stratagème ambiguë et dangereux. Pourtant Alicia, sans pour autant omettre cette hypothèse la voyait faiblir, un homme de ce charisme se rendrait-il à ce genre de jeux ?
Avatar en vint au sujet de la présence de l’inconnue ici, et fit graviter son analyse autour du fait qu’elle était noble. Soit la vision était bonne, mais Alicia trouvait l’esprit presque arrogant bien que flatteur…

« Vous avez une grande confiance en vous, vous faites donc vos arguments sur mon rang sans même avoir confirmation de vos hypothèses qui deviennent à votre bouche axiomes… C’est quitte ou double… »

Le sourire de la femme fut alors amusé, la mise en garde était légère, sans réelles « menaces », elle ne se cachait plus comme noble à présent, elle avait bien d’autres apparences à jouer…
L’homme avoua ses soupçons envers l’inconnue. Cela rejoignait ce qu’il venait de dire il y a quelques instants, renforçant l’effet d’attente de sentiment de malaise ou d’alerte de la part de la femme à n’en pas douter. Chose qu’elle maîtrisait relativement bien.

« Vos doutes sur ma personne trouvent-ils racines dans une certaine aura démoniaque ? dans la peur ? dans le mystère ? »

Elle jouait, ça se sentait en son ton et refaisait appel aux idées qu’elle avait évoquées au tout début de leur entretient.

Avatar poursuivit le sujet concernant l’Eau en comparant la femme aux alcooliques notoires qui les entouraient. Passant outre l’indélicatesse avec un sourire et une gorgée de vin, Alicia écouta attentivement les idées développées par l’Inquisiteur qui pensait donc que bien qu’en cette circonstance ce ne fut pas le cas, le but premier des sorcières était d’atteindre les Inquisiteurs. Il est vrai, ce lui fit rappeler, que ces derniers n’étaient en rien au courant des histoires qui déchiraient les tribus. Ici donc, Avatar pensait qu’il n’avait pas affaire à de la sorcellerie. La vision était intéressante, mais la Meneuse en doutait et lourdement… La fin de la réplique d’Avatar fut on ne peut plus révélatrice, son manque total de foi pour son Dieu unique paraissait là en toute sa grandeur. Les mots avaient étés débridés, le sens direct ! Il ne se voyait pas comme chrétien alors ? Ses propos laissaient même transparaître un rapprochement au culte des sorcières qu’il aurait alors vu comme plus naturel que diabolique.

« Vos propos sont forts, et vous n’êtes pas homme à ne pas savoir la visée de vos paroles, ne vous perdez pas à trop chercher. Mais je serais curieux de savoir monsieur, sauf votre respect, quel feu vous anime alors en votre quête ? »

A la fois bien consciente des mots de l’interlocuteur et sans être à son tour inquisitrice, presque provocatrice malgré elle, Alicia attaquait un pion…
Mais il ne fallait tout de même pas qu’elle oublie son but premier :

«Je vous prie d’excuser ma curiosité, mais puis-je vous demander, où exactement avez-vous subit ce mal ? »

Les pièges que certains tendent ne sont en fait que des rallonges pour ceux des autres, mais au milieu de tant de nœuds qui saura relever le filet si celui-ci n’a pas déjà été déchiré ?

Oblivius

Aux paroles de la jeune femme le jeu reprenait de plus belle, les questions s'avouaient presque désormais, plutôt que de s'insinuer dans leurs discours. C'est sûrement ce que les deux partis désiraient : que les plus gros pièges fassent le plus de dégât.
En tout cas L'inquisiteur entrevoyait déjà la fin de cette conversation : désormais ce serait lui ou elle, mais il ne se laissera pas faire... Pour une fois qu'une noble possède un esprit aussi tordu et manipulateur que l'inquisiteur, il faut en profiter pour se confronter.
Il attendit patiemment, que la jeune femme ait totalement finie de parler, elle s'arrêta sur un question bien claire visant les informations que l'inquisiteur avait amassées... Il la laissa patienter quelques secondes avant de parler, reprenant les mots de la jeune femme du premier au dernier, les tournant dans tous les sens pour trouver comment la percer... Et il trouva une possibilité.

"Doutiez-vous du fait que l'église guérisse le "mal" par un mal bien pire ? L'inquisition... Un tribunal omnipotent dans le domaine de la sorcellerie qui, juste car il voit dans les yeux d'un autre un preuve d'hérésie, à la possibilité de le faire torturer... Encore et encore, jusqu'à ce qu'il avoue... Jusqu'à ce qu'il en meurt. Sans pouvoir il n'y a pas de guerre, mais avec un tel pouvoir il n'y en a pas non plus... Ce n'est qu'un génocide, un fratricide même, peut-être, que de s'en prendre au fils et aux filles de die... De la nature..."

L'inquisiteur aurait-il fait une telle faute, d'ordinaire ? Détruisant presque son apparence d'hérétique en mettant les hommes comme fils de dieu plutôt que de la nature ?... Quand un filet se brisait alors deux plus gros se tendaient... Si la jeune femme réagissait correctement alors le doute deviendrait plus grand... L'inquisiteur pensait-il réellement ses mots ou était-il prêt à faire mine de renier son dieu pour faire avouer autrui ?...

"Excusez-moi pour cette erreur. Je n'en commet que rarement, mais quand certains mots veulent sortir on ne peut les retenir"

Que rarement... Ou plutôt uniquement quand c'est nécessaire et calculé...

"Sachez, madame, que si je n'avais pas confiance en moi je ne pourrais immoler sur de simple suppositions... Et, de toute façon, je vois mal ce qui forcerait une femme de forgeron à venir en cette taverne récolter des informations... Le bas peuple compte sur nous, les inquisiteurs, pour régler ce problème, alors à quoi bon vouloir tenter de nous devancer ?... Et si vous connaissez des paysans ayant été éduqués pour connaitre le latin alors présentez-les moi, ce sera une grande joie... Et, pour finir, jamais il ne vous ai venu à l'idée de nier mes hypothèse qui s'avèreront donc être des vérités."

Si la jeune femme se sentait piégées alors peut-être chercherait-elle à s'en aller... Chose qui s'avèrerait intéressante dans le cas où ils se recroiseraient, seuls les coupables fuient... Seuls les coupables se cachent... Seuls les coupables on besoin d'être poussés à avouer... Et pousser à l'aveu était apparemment une chose que les deux cotés maîtrisaient assez bien... Enfin, peut-être l'un mieux que l'autre car Ava se révélait plus que la jeune femme... La preuve en est qu'il ne connait même pas son nom...

"Je ne sais pas ce que les gens appellent une Aura, en tout cas, si vous en aviez une, elle serait sûrement aussi bien cachée que votre personnalité, que votre identité et que vos pensées. La peur ne m'a encore jamais permis de mettre quelqu'un sur le bûcher, ni de l'accuser d'ailleurs. Quand au mystère, je le cultive également avec beaucoup de personne alors, pensez-vous bien, ce n'est pas ça non plus qui me fait douter... Je vous l'ai dit, je soupçonne tout le monde... D'autant plus si on me laisse apercevoir quelques indices... Mais, je vous rassure, vous cachez bien les vôtres, j'ai quelque mal à les trouver, si votre question voulait que j'en arrive à cette conclusion. Ne vous en faites pas, en tout cas, mes doutes son bien fondés, vous ne ferez, je pense, que les alimenter en tentant encore et toujours, à mes yeux, de vous cacher."

Il en venait au plus intéressant désormais : Le feu qui l'anime... Une idée qui a déjà fait se trahir quelques sorcières tant ce feu les exaspère. Il annonce haut et fort que la magie est dangereuse, à ça la plupart ne peuvent s'empêcher de répliquer que ce sont les hommes les dangers... Chose réelle et qu'Ava pense également, mais une telle réaction fait oeuvre de jugement, et après ça le bois s'enflamme...

"Je me bats pour eux qui nous entourent, qui se noient dans l'alcool et se meurent dans le travail, je me bats pour eux, dans leurs châteaux, qui se noient dans le vin et se meurent dans l'oisiveté, je me bats pour eux, dans leurs églises, qui se noient dans la foi et se meurent dans le culte... Je me bats pour elles, dans leurs forets, qui vivent de la nature et meurent par le bûcher... Je me bats pour l'homme, et j'utilise d'horribles procédés : ceux du saint clergé..."

Il n'ira pas plus loin, pas maintenant, il faut laisser l'idée fermenter dans la tète de son interlocutrice... Il se bat pour les sorcières en les faisant brûler... Bien étrange façon de penser. C'est ce qu'il cherchait à montrer par cet autre opposé : Quand le croyant est dangereux, l'hérétique l'est encore plus. Dans ses contradictions il distillait sa façon de penser au compte-goutte afin d'attirer dans ses filets celle qui, de son coté, les évitait.
Enfin vint la dernière réponse que donnerait l'inquisiteur... Les fameuses révélations qu'elle attendait sur les mystères de l'eau... Le sourire de l'homme se fit plus prononcé lorsque les mots purent s'échapper.

"Ca m'est arrivé ici et là, la seule constante étant l'eau, comme vous pouvez le deviner."

Si elle voulait en savoir plus alors elle devra se dévoiler.

Meneuse

Les assauts étaient toujours plus cruels, car les questions étaient toujours plus traîtresses. Les filets se mêlaient se croisaient, une toile d’araignée géante dans laquelle il devenait presque ardue de ne pas se faire croquer, mais qui au juste était l’araignée ? Alicia l’esprit alerte observait les gestes, analysait les mots, sondait les pensées. Mais à l’évidence ni l’un ni l’autre ne rendrait les armes. Avatar lui, continuait dans une perspective qui aux yeux de la femme était subversive au plus haut point, l’Église, l’Inquisition, Dieu… Tout ce en quoi son statut l’aurait poussé à aimer et à protéger par son propre sang, il le sapait et même, semblait se battre pour les discréditer. Si ses pensées étaient comme le laissaient transparaître ses mots, alors il était bien différent de tout ses collègues, ce qui le rendait pour le moins imprévisible et donc dangereux. Et si ses mots n’étaient là que pour servir son esprit manipulateur, alors c’était la perversité qui primait ce qui ne le rendait encore une fois que plus dangereux. Qu’importe donc le chemin, l’arrivée était la même.
Soudain cependant, l’Inquisiteur implacable faillit, ou du moins sembla faillir. Un lapsus malencontreux qui remettait toute son idéologie présentée à la femme en question. La première réaction de la Meneuse fut d’y voir la bouchée absolue, la révélation qui confirmait finalement la première pensée consistant à voir « l’inquisiteur hérétique » comme un appât empoisonné. Seulement voilà, cette réaction intérieurement victorieuse fut vite stoppée lorsque l’Homme de charisme et d’autorité, s’excusa avouant platement une erreur de sa part. Peut-être était-ce le fait qu’Alicia vivait dans un milieu ou la faute, même si possible car avant tout humaine, ne se voyait jamais avouée, mais elle y vit encore un piège. Ainsi à cet instant, l’hérétique passait fidèle, mais le fidèle passait hérétique, le point était le même…

« L’Erreur est humaine rassurez vous, et même enfants de Dieux nous restons humains. »

Il est un miracle de la langue française, qui joue des mots et de leur prononciation, ainsi, alors que les pensées de la Meneuse se tournaient vers le panthéon que les autres inquisiteurs redoutaient avec ses multiples entités, ses paroles sans pour autant virer au mensonge laissaient l’esprit de son interlocuteur naturellement se tourner vers le Dieu unique… Il est bien connu que pour convaincre autrui il faut déjà se convaincre soi-même.

Avatar continuait à être persuadé du rang d’Alicia et exposait des arguments tenant sa thèse, et Alicia bien que n’étant plus vraiment sur cette bataille tint tout de même à relever :

« Eh bien laissez moi vous raconter rapidement comment, une fillette ayant perdu ses parents fut élevée non si loin d’ici par des sœurs qui ferventes catholiques lui lisaient des textes authentiques en latin, la jeune fille avide de pouvoir en voir plus pria de pouvoir comprendre cette langue. On refusa de lui apprendre à lire, car ce n’était pas dans les conditions de son âge, mais on accepta de l’instruire de quelques mots et expressions. Bien plus tard, elle se maria à un bourgeois de la ville de Forbach, bien dans sa condition qui amoureux l’entretint aussi bien qu’on puisse entretenir une femme. Puis un sombre jour, alors que comme tous les soirs elle l’attendait dans leur chambre, celui-ci ne venant pas, la femme le retrouva après quelques minutes de recherche, dans la cuisine, la tête dans une flaque laissée par un seau d’eau renversé. Il n’est pas mort, mais juste fou. De quoi animer en elle un désir de comprendre pour ne pas sombrer. Bien sûr il y a les Inquisiteurs, mais elle n’est pas femme à rester immobile, elle ne se considère pas non plus comme femme du bas peuple, ce serait insulter sa moitié. Eh bien cette histoire monsieur, pourrait être la mienne… »

Encore une fois ce n’était pas un mensonge, juste une histoire racontée avec cœur…

« Il ne me serait jamais venu à l’idée de nier vos hypothèses ? Il est presque arrogant de croire pouvoir deviner les pensées d’une femme vous savez… » Alicia esquissa un sourire discret.
« Pour terminer si je les niais je vous indiquerai un chemin qu’il ne m’est peut-être pas profitable de mettre en lumière ? »

Les paroles de l’Inquisiteur comme d’habitude étaient contradictoires, il doutait donc d’avantage lorsqu’il avait des indices, mais en même temps le fait que l’inconnue ne lui en donne aucun le faisait douter… Avatar sous entendait tout de même des attentes claires vis-à-vis d’Alicia, les menaces semblaient presque proche pour la Meneuse.

« Mais monsieur, qu’est ce qui vous laisse penser que c’est à vos yeux que je me cache, oublieriez vous que nous ne sommes pas deux en ce lieu ? »

Le mot égocentrisme ou paranoïa n’avait pas été prononcé mais presque insinué bien qu’à un degré moindre.
Lorsque Avatar énonça sa façon de voir sa quête, Alicia ne fut plus surprise de rien, comme toujours, cela confirmait cette idée de contrariété qui peut-être essayait de donner désespérément sens au chaos de son esprit…

« A vouloir tous les sauver ne risquez vous pas de tous les détruire ? »

Alicia faisait ici apparaître cette opposition qui, d’après ce que montrait Avatar, illustrait son âme. En sa question, elle les confrontait.
Ce dernier comme réponse à la question finalement principale d’Alicia lui indiqua ce qu’elle savait déjà et d’une telle façon que le chantage semblait presque écrit. Alicia semblait voir les toiles de resserrer sur elle. Il faut bien l’avouer, elle avait tissé bien des filets de questions, mais aucun de secours. Et à cet instant, elle se voyait soit obligée de se découvrir à fin d’avoir ses réponses, ou bien de partir sans en demander plus…
Avec toute la puissance de son esprit, la Meneuse recréa ce que l’on peut nommer un franc sourire. Le rendu était plutôt bon.

« Qu’attendez vous de moi Avatar..? »

Oblivius

Elle avait changée de jeu, l'inconnue, c'est du moins ce que cru voir l'inquisiteur. Elle était plus... Humaine, peut-être... Ca en devenait moins intéressant, désormais elle réagissait comme bien d'autres avant elle, retournant les questions contre celui qui les avait posé, ne faisant pas d'un poil avancer la conversation, ce fut un jeu moins risqué si tant est qu'elle s'en eu été servie plus tôt. Un tel changement de comportement était fortement révélateur. L'énonciation de son "probable" passé n'avait, en soi, rien de bien compromettant, mais le fait qu'elle en dise d'un coup tant paraissait déjà plus suspect, surtout que son discours, à lui tout seul, devait bien représenté un tiers des mots qu'elle avait jusqu'à lors prononcé.

"Je n'attend rien, mademoiselle. Ou, du moins, si j’attends quelque chose ce n'est point de vous mais de vos paroles et de vos gestes. Et je crois attendre de ceux ci la même chose que ce que vous attendez de mes paroles et de mes gestes : un aveu sur votre vrai nature, une énonciation claire et nette de vos objectifs, de votre façon de penser, de votre façon d'être... De votre religion..."

Finissant sur ces trois mots il eut soudain une "illumination" : Et si la première phrase de la jeune femme n'était pas un autre piège mais juste une preuve qu'elle était tombée dans l'un de ceux qu'avait laissé derrière lui l'inquisiteur en chasse ? Si elle le croyait fanatique jouant un personnage créé de toute pièce ce serait peut-être une carte importante dans le jeu de l'inquisiteur... Mais comment s'en servir ? Qu'avait-il prévu dans ce cas de figure ?... Rien ?... Avait-il seulement pensé que la femme ne pourrait que voir le piège et l'éviter encore par un habile jeu de mot ?... Etait-ce le cas ?...
Avatar resta pensif quelques secondes, il jouait trop de cartes, trop vite, déplaçant des pions qu'il ne pouvait contrôler, mettant à nue des défenses qu'il souhaitait protéger... Le simple fait qu'il mette tant de temps à parler montrait à la jeune femme qu'elle avait une chance de gagner...

"Ne vous en faite pas, mademoiselle, je sais qu'en aucun cas je ne pourrais tous les sauver, je choisis ceux que je pourrais sauver, et ceux qui devront être condamner. C'est peut-être horrible, mais c'est le pris à payer pour que jamais la magie ne pourrisse la nature humaine. Pour que jamais plus homme ne soit corrompu par le pouvoir que Satan a offert aux sorcières. C'est le prix à payer pour que nous n'ayons pas tous à pâtir d'un excès de pouvoir d'une de ces malveillantes créatures."

C'était là le plus compliquer... Il venait encore de se contredire, changeant littéralement son fusil d'épaule il parlait là comme un véritable fanatique... C'était un jeu compliqué, une carte qu'Ava n'avait pas l'habitude de jouer... D'ordinaire il se sert de sincérité pour tenter de faire avouer... Que c'était dur de tenir un discours allant à l'encontre de ses idées... Que c'était compliquer de tenter de remporter une partie en jouant sur deux personnalités.

"Je sais bien que nous ne sommes point que deux en ce lieu, si vous le désirez nous pouvons sortir, ainsi, selon vos dires, pourrez-vous m'avouer ce que vous voulez plus cacher à des hommes ivres morts qu'à un inquisiteur ne s'étant accommodé que d'un simple verre de lait... Notre partie, ma chère, commence à durer mais c'est un plaisir que de la jouer à vos cotés."

Pourquoi cette dernière phrase ? Même lui l'ignorait. A cela de nombreuses réponses étaient possibles, aucune n'aurait d'intérêt... Mais il peut toujours espérer... Trouver une perle rare dénonçant sa religion était toujours une possibilité... Et après ? Une fois qu'il saurait ?... Pour l'instant il joue, il ne pense pas à la récompense. De plus, savoir ce qu'il gagnerait lui gâcherait à la fois le plaisir de gagner que le plaisir de se faire platement écraser... Tout enseignement est bon à prendre, surtout lorsqu'il vient d'une telle partie.

(Désolé, je m'essouffle là... Ou alors j'suis entrain de me faire coincer -_-" ^^ J'dois me rattraper, j'aime pas perdre une partie lol)

Meneuse

La réponse à la question la plus directe qu’avait posé Alicia jusqu’à présent, avait en quelques sortes quelque chose de rassurant. Car dans tout ce qu’il avait l’air de désirer, dans tout ce qu’il laissait paraître désirer, il n’y avait rien qui ne puisse être voilé, détourné… Il cherchait ouvertement, non pas la personne mais ce qui en émanait, ce qui avec certaine personne est une erreur. Un silence non négligeable accompagna ses mots, Alicia ne l’interpréta pas vraiment comme un signe de faiblesse à proprement parler, plutôt comme un signe de doute ou bien de questionnement silencieux.

« Avatar… Ma vraie nature, saurai-je moi-même la définir ? Sauriez vous me la décrire ? Êtes vous capable de démontrer la vôtre ... ? Mon objectif, je vous l’ai déjà livré : La Vérité. Ma façon de pensée, d’être, ne s’énonce pas clairement, elle se vit… Pour terminer ma religion… est la vôtre. »

Sur ce dernier point Alicia profitait pleinement du jeu de son adversaire, elle venait à l’instant d’amener l’un de ses pions à la ligne adverse et de récupérer une Reine. Il avait voulu jouer, être hérétique pour devenir fanatique, puis fanatique visant l’hérésie… A lui d’interpréter l’ « aveu » de l’inconnue, ou plutôt de ne pas pouvoir l’interpréter… Alicia s’en sortait encore par une pirouette.

A la suite, Avatar changea son discours, changeant une énième fois la tendance, redevenant fanatique. Après avoir critiqué violemment l’Église et l’Inquisition, prônant des valeurs « naturelles », le voilà qui plaçait les Sorcières comme tout les autres Inquisiteurs et l’Église elle-même : Les filles de Satan. Alicia commençait à y voir une forme de ridicule ou de schizophrénie légère… Rien de très rassurant pour elle, autant que pour lui.

« A écouter vos paroles vous vous prenez pour le Créateur lui-même, vous vous insufflez donc le pouvoir de décision ultime, de vie et de mort… Pourtant vous n’êtes qu’homme, vous risquez bel et bien de vous détruire vous-même avec tant de pouvoir. A moins bien entendu que vous pensiez pouvoir rivaliser avec lui. Dans votre quête je n’entends jamais venir l’évocation à Dieu ou bien au Christ… »

Alicia changeait de jeu elle aussi à présent, puisqu’à l’évidence c’était la règle, elle savait danser sur les deux pieds, elle devenait à présent plus offensive, elle refermait ses griffes petit à petit sur les failles de son adversaire, prête à les planter. Le duel était serré, mais Alicia malgré les pertes, avait toujours son Roi bien protégé et les fous en action. Et alors que ce ballet effréné durait, l’ombre emplissait toujours plus la pièce, couvrant progressivement les douces lèvres de la Meneuse.
Avatar avait dit également des mots qui avaient, il ne faut pas se le cacher, touchés Alicia. Ces paroles dénigrant la Magie « pourrissant la nature humaine ». Alicia sentait cette insulte profondément, une insulte à l’essence même de son être, à ce en quoi elle croyait et ce qui l’unissait à ses Sœurs. Mais bien entendu, Alicia se doutait pertinemment que ça faisait parti du Jeu de son adversaire, la déstabilisation, et elle trouvait même ça gros et s’en voulu presque de l’avoir pris ainsi même intérieurement. Elle ne répondit pas, si elle mentait et l’appuyait, il y verrait sûrement une tentative grossière, si elle disait ce qu’elle en pensait, il n’est pas sûr qu’elle puisse rendre implicites ses mots … Mieux valait-il rester muet, le laisser croire que son avis était peut-être partagé. L’inconnue se mit à caresser circulairement le bord de son verre.
Lorsque l’Inquisiteur proposa de sortir du lieu, de façon à ce qu’elle puisse se livrer d’avantage, Alicia qui lors de sa provocation avait bien redouté ces paroles, sourit. La réaction de l’Homme était en réalité si prévisible, c’était presque enfantin. Elle prit alors un ton amusé :

« Ma confiance a des limites… Sortir seule avec vous, je ne sais de vous que votre nom et votre rang d’Inquisiteur, et comme pour tout Inquisiteur pour me référer à vos paroles, je dirai que je ne connaît pas vos pensées… De plus aimeriez vous vous retrouver seul avec une personne qui a ouvertement des doutes sur vous et dont les doutes mènent souvent à des conclusions brûlantes ? Là encore je m’appuie sur votre définition de l’Inquisition… »

Dans ses paroles Alicia, encore une fois, n’abattait pas ses cartes mais retournait celle de l’autre joueur.

« Notre « partie » Monsieur, n’a qu’un sens pour moi… Où avez-vous ressenti les effets de l’Eau ? Je suis prête à partager ma propre expérience, à moins bien sûr que la Vérité ne vous effleure pas… »

Alicia avait recentré son but d’une manière directe, elle reprenait les rênes de son Jeu.

Oblivius

La jeune femme avait parlée, Ava avait écouté, c'était désormais clair, il avait perdu. Aucun moyen d'interpréter aisément les paroles de son interlocutrice, aucun moyen de retourner contre elle ses pièges. Alors, me direz-vous ? Et bien, alors rien. Echec et mat. Sorcière, bravo, l'inquisiteur est K.O.
Il prit tout de même la peine de relever certains propos de la jeune femme et de lui répondre, en s'avouant vaincu.

"Si j'étais à votre niveau alors je n'aurais aucune crainte de me retrouver seul avec un inquisiteur se prenant comme je l’ai fait dans vos filets. Cette partie vous l'avez gagnée. Je vais avouer, je cesse de jouer."

Il se colla contre le dossier de la chaise, celle ci craqua sans que l'inquisiteur n'eut peur qu'elle céda, il se contenta de conserver son sourire aux lèvres et son vide dans le regard.

"Pour que je me prenne pour dieu lui même il faudrait que j'accorde une importance, serait-elle infime, à une si énorme illusion qu'est le tout puissant. Et, si dieu il y avait, vous seriez bien plus digne de le remplacer que je ne le suis."

Il pensait pouvoir mettre au grand jour le jeu de la jeune femme, il s'était bien trompé. Il a joué, il a perdu, ainsi voit-il qu'il y a, même chez les nobles, des gens étant capable de le contrer. Grand bien cela lui fit, il savait désormais que jamais plus il ne devrait se reposer sur ce qu'il sait... La défaite est meilleure conseillère que la victoire.

"Sachez cependant que je ne jouait un jeu que lorsque je tenais des propos fanatiques, ne dites donc pas avoir la même religion que moi, car je n'ai pas de religion. Enfin bon, je vais donc vous dire ce que je sais : Les premiers effets se sont faits sentir près d'un puit, dans la foret, j'y ai rencontré une jeune femme qui a ressenti les même troubles que moi là bas, elle disait penser qu'une sorcière était l'origine de tout ça. Plus tard, près de l'étang, dans la même foret si je ne m'abuse, j'ai ressenti de nouveaux troubles, une nouvelle femme m'a fait part de ses connaissances lorsque, ensembles, ce fléau nous toucha. Mais, personnellement, je ne vois pas ce qu'auraient à gagner les sorcières à empoisonner ainsi toute une population..."

Il s'arrêta, hésitant à divulguer réellement ce qu'il savait... Ou non. La décision vint rapidement.

"Que ces sorcières appartiennent à un camp ou à l'autre, d'ailleurs."

Cette phrase, si Avatar avait bien calculé ce coup, elle devrait faire mouche. Si la jeune femme réagissait alors il aurait là un nouvel indice, si elle ne réagissait pas... Alors la situation ne serait pas plus avancée que maintenant pour l'inquisiteur.
Jouait-il un nouveau jeu, divulguant sa vérité pour la faire avouer ? Non, il se doutait bien que les informations qu'il donnait ne lui reviendraient pas, il avait juste perdu un duel et il en payait le prix.
Il leva la main droite et une serveuse vint lui demander ce qu'il désirait.

"Un verre d'eau s'il vous plait."

Le verre arriva bien vite, il fut posé devant l'inquisiteur qui le plaça ensuite au milieu de la table avant de reprendre son placement initial, les coudes sur la table et assez avancé pour distinguer quelques mouvements des lèvres de la jeune femme. Il y avait un but précis à cet acte... Qui se dévoilerait peut-être si la jeune femme tirait des conclusions des révélations de l'inquisiteur...

Meneuse

Les pions étaient tombés, les fous avaient joué, et le Roi était coincé. C’est ce qui apparaissait comme évident. Les paroles d’Avatar étaient claires, il s’estimait comme vaincu. Alicia en fut soulagée, mais pas dupe. Elle redoutait une sous-partie derrière la partie, et c’est ce que laissait en réalité entendre Avatar en parlant de « Cette partie ». Alicia n’avait pas encore gagné la guerre, elle avait gagné une bataille… Elle ne baisserait donc en aucun cas sa garde. Cependant il déposait bel et bien les armes à l’évidence. Pour le final, l’Inquisiteur rechangea de facette, redevenant l’hérétique, pourtant cette fois-ci, il avoua son jeu en assurant ne pas être l’Inquisiteur fanatique. Alicia devait-elle prendre ces propos comme vrai ? Pourquoi le croire maintenant ? Car il disait lui-même avoir perdu ? Mais un homme victorieux est il moins dangereux qu’un homme à l’Orgueil réajusté ? Alicia ne le croyait pas, après tout, peut-être était-il déjà sur la seconde bataille, glissant lentement en une illusion quasi-parfaite…

Enfin l’Homme dit ce qu’il savait à propos de l’Eau. Près d'un Puits dans la Forêt, près de l'Étang, voilà de quoi faire des liaisons… Il parla également d’une femme y voyant un coups de sorcière, presque banal dans la paysannerie hélas. Alors qu’Alicia se perdait dans ses pensées, à chercher à tout prix le lien, Avatar dit cette phrase. Une phrase qui mit Alicia dans une sensation de faiblesse, elle se sentait à nu. Car qui parlait des deux clans parlait de toute l’Histoire de la ségrégation, et donc de la Meneuse, ce revenant jusqu’à elle… Et aussi doué soit-on pour contrôler ses réactions, lorsqu’elles sont brusques, comme un frémissement presque imperceptible de la lèvre inférieure, elles sont humainement impossibles à empêcher. Et Alicia était humaine avant tout…
Humaine mais entourée de certaines forces du hasard nommées Chance. A l’instant de sa faiblesse, l’ombre était déjà à son menton, ce furent donc les ténèbres qui la protégèrent du regard inquisiteur de son Chasseur. A présent il fallait assurer son coup de façon audacieuse, en rassemblant au mieux ses facultés, et toute cette concentration émotive et mentale intensive aboutit à un :

« Pardon ? »

Il était si franchement posé, avec un flegme remarquable, peut-être trop bien posé en y repensant. S’il avait été trop poussé, la réaction aurait été démasquée, mais le fait qu’il soit si calme pouvait indiquer un manque d’étonnement de la part de l’Inconnue. D’un autre côté, elle n’avait pas véritablement eu de réactions à chaud depuis le début de cet entretien… Encore une fois, donc, Alicia abandonnait un indice à double flèche.

Avatar demanda un verre d’Eau que la serveuse s’en alla chercher d’un pas nonchalant.

« Avatar à quoi jouez vous ? »

Elle ne savait plus où il voulait en venir, à vrai dire elle ne l’avait jamais su, mais là elle se demandait à quel jeu funeste il pouvait bien s’amuser, car lui-même à la vue de cette Eau pourrait retourner à de bien moins amusantes pensées. Le verre arriva sur la table, Alicia ne le regarda pas, la tentation était cependant si grande, étrangement au fond d’elle-même, il fallait qu’elle revoie la scène qui l’obsédait en entier.

Oblivius

Trop tard pour analyser désormais, Avatar aurait dut perdre plus tôt mais il n'avait pas prévu cette défaite, il avait du improviser, se dévoiler... Et n'avait reçu pour réponse qu'une interrogation... Un simple pardon, cependant ? Ne chercherait-elle donc pas plus d'explications ?... Etrange pour une femme recherchant la vérité, toute information sur les sorcières devrait lui paraître utile, susciter des interrogations plus ouvertes qu'un "pardon ?".

"Cette eau qui déchaîne passions et frissons se trouve devant nous.. Peut-être dans ce verre ?... Sûrement dans la ville en tout cas... Ou dans ses alentours. Cependant vous ne m'avez pas dit, vous, où ces choses vous sont arrivées, ce sont les quelques pièces qu'il me manque... Pour choisir ou non de boire ce verre. L'alpha et l'Oméga se sont déchaînés pour nous soumettre ce test et j'ai besoin de vos informations, maintenant que vous avez les miennes, pour décoder tout cela."

Ils parlaient, la lumière baissait, Avatar avait-il tiré quelque chose du "Pardon ?" de la jeune femme ? Qu'avait-il vu dans ce simple mot ? Que lui révélaient ces six lettres le composant ?... Seul lui possède ces réponses. Il jouait désormais un tout autre jeu : le jeu de la vérité...
Et le verre, entre eux deux, dont la peau qui tapissait l'eau contenue restait impassible aux mots de l'inquisiteur, tout comme la jeune femme. Mais en apparence seulement, car à l'intérieur de l'eau l'écho de la voix de l'inquisiteur résonnait encore et encore... Ainsi fut-il également dans la tète de son interlocutrice s'il avait bien calculé son nouveau jeu. L'ombre ambiante faisait de cette eau claire une ombre parmi tant d'autres, éclairée désormais à la lueur des chandelles, cette eau, aux allures mystérieuses, laissait planer dans la tète de la jeune femme une vive interrogation et dans celle de l'inquisiteur une future révélation. Déjà mettait-elle en place le dernier piège de l'inquisiteur, son coup de chapeau marquant la fin du numéro, sa grande illusion...
La femme était plus forte que lui, c'était un fait... Mais se doutait-elle seulement de l'étendu du piège qui se tendait autours d'elle ? Perdue par son esprit trop intelligent et dans un labyrinthe d'incertitudes masquées apercevait-elle vraiment le nouveau obi de l'inquisition ?...
Et, au fond, savait-elle vraiment ce que cherchait l'inquisiteur ?...

"Je ne joue point, mademoiselle. Ce n'est pas moi qui, sur mon visage, fais planer l'ombre et sur mon nom dresse de nombreuses protections. Vous en savez plus sur moi que je n'en sais sur vous. Je n'attends qu'une chose, savoir où on eut lieu vos visions. Et soyez franche, car je l'ai été."

Il glissa sa main droite au dessus du verre d'eau, ne le touchant pas, ne l'effleurant même pas. Il ne faisait qu'accentuer l'ombre qui sur lui se portait, il ne faisait qu'alimenter le mystère qui autours du verre planait. Fixant l'obscurité qui masquait le visage de la jeune femme il reprit sa dernière phrase, comme une lugubre mélodie.

"Je ne joue pas, je ne fait qu'avouer ce que vous me demandez. Faites-en dont de même, je vous en serait gré."

La jeune femme réfléchissait, et le piège se tissait...

(Alors, des idées sur ce que je fais ? ^^)

Meneuse

[J'imagine beaucoup de choses, mais rien de bien rassurant ^^"]

Elle avait remporté la première manche, avait de ce fait récolté les informations l’intéressant, elle pouvait à présent partir sans rien dire de plus, son nom n’en serait pas sali puisqu’il n’avait été prononcé… Alors qu’est ce qui pouvait bien l’empêcher de s’en aller alors que son interlocuteur était, à quelques centimètres d’elle, entrain de dresser de nouveaux pions sur une nouvelle planche de Jeu… Un amour du risque ? Non lorsqu’une tribu compte sur vous, ce n’est pas vraiment le genre de petits jeux auxquels on s’adonne. Une forme de reconnaissance envers son adversaire peut-être… Sans promettre, elle avait mis sous sa parole qu’elle lui révèlerait ce même type d’informations. Unique ennui, le lieu dans lequel ça lui était arrivé, l’Inquisiteur ne le connaissait pas, et il ne fallait en aucun cas qu’il ne le connaisse ! A moins que parmi les informations on ne peut plus compromettante qu’il avait réussi à récolter pour en venir à la conclusion qu’il y avait deux tribus de sorcières, il est réussi à savoir l’emplacement de leur salle de « réunion ». D’ailleurs il n’avait pas eu la réaction qu’attendait Alicia lors de son « Pardon », il n’avait pas plus approfondi, était-ce juste pour la faire frémir et douter, n’en savait-il pas plus ? Si la Meneuse en demandait plus, l’Inquisiteur y verrait sûrement un indice, mais… si elle n’en demandait pas plus…

« Excusez moi, mais j’ai cru comprendre que vous aviez dit qu’il y a deux camps de sorcières ? »

Lorsqu’ Avatar répondit à la question qu’avait posée Alicia à propos de son « Jeu », les paroles de ce dernier semblèrent bien amères, on y voyait presque des reproches. Il avait réellement tenu à ces informations sur l’Inconnue, et sûrement s’en voulait-il de ne pas avoir pu les récolter. L’Inquisiteur se jouait des ombres mouvantes qu’il provoquait par le mouvement de sa main, Alicia trouvait ça assez arrogant de jouer ainsi avec des forces obscures dont il n’était pas certain. Plus l’Inquisiteur parlait plus son but semblait clair en cette nouvelle manche. Chacune de ses phrases étaient marquée d’un besoin de réponse à propos du lieu des visions. Alicia en revenait donc à son problème, fallait-il lui mentir ? La question ne se posait pas, il était évident qu’en disant la vérité, elle vendrait son âme et celle de ses sœurs. Il était cependant inutile de fausser sa réponse de A à Z…

« Eh bien voilà, personnellement ces souvenirs intempestifs me sont venus au ruisseau dans la Forêt, et c’est au ruisseau également que nous prélevions notre Eau… »

Le Mensonge en lui-même et surtout pour ce qu’il représentait était plutôt minime. En effet, si l’Inquisiteurs voulait, comme il le disait, faire comme elle les liens, ça lui suffirait amplement. Car au-delà du fait qu’Alicia rappelait par le « nous » son histoire possible de mari fou, il se trouve que la Fontaine au Corbeau qui tenait place dans le Sous-sols du Château, et où Alicia avait subit ses réminiscence avec Carlyn, cette fontaine prenait bien source quelque par dans le Ruisseau. Elle était bien placée pour le savoir étant donné que l’aménagement de ce lieu avait été orchestré par elle-même. Et c’est également le fait qu’en son esprit, le mensonge livrait les mêmes éléments de réponse que la vérité, qui rendit la révélation de la Meneuse aussi convaincante.
Alicia qui continuait le mouvement circulaire de son doigt sur le bord de sa coupe se demandait encore vers quelle idée l’emmenait le Chasseur.

Oblivius

"Bien..."

Il ne prit même pas la peine de relever la première remarque de la jeune femme à propos des deux camps, cette réponse était trop tardive, elle n'était qu'un détail mais elle alimentait un peu plus les soupçons d'Avatar à propos des réelles croyances de son interlocutrice.
Il ne répondit à celle-ci que par un mot, ce simple "bien" qu'il prononça avant de se lever et d'aller voir l'aubergiste. Il lui parla sans que la jeune femme ne puisse entendre la conversation, puis il revint et se rassit.

"Le ruisseau, l'étang et le puit."

Il approcha un peu plus le verre de lui, prenant soin de le faire très lentement sans renverser ne serais-ce qu'une goutte de son contenu.

"Trois points placés non loin de la ville."

Il fixait la jeune femme, le verre avait cessé de bouger désormais. Ava ne souriait plus. Il avait les indices qu'il souhaitait, fussent-ils faux ce n'avait pas vraiment d'importance de toute façon, la jeune femme ne pouvait pas mentir sans avoir une base de réflexion réelle, elle ne pouvait pas lui dire un lieu au hasard, car le hasard n'existe pas dans l'esprit humain, du moins selon l'inquisiteur...

"... La proximité de la foret est le seul point commun..."

Il ne réfléchissait pas avant de parler, il savait très bien ce qu'il dirait... Et avait calculé la façon de le dire...

"... Ce point commun n'a pas grande importance à mon avis..."

Chacune de ses phrases était coupée par plusieurs secondes durant lesquelles l'inquisiteur fixait la jeune femme... Et faisait tourner le verre sur lui même, à peu près de la même façon à chaque nouvelle intervalle.

"Reste une autre liaison... Une autre liaison qui ne serait existante que si le puit, le ruisseau et l'étang prenaient source au même endroit..."

Il finirait là dessus ? Uniquement sur cette phrase inutile ? On peut vite en venir à se demander si lui même sait ce à quoi il joue... Ses actions semblent sans lien, ses réflexions sont totalement désorientés et ses mots incompréhensibles... Et son regard reste impassible... Ne cherchait-il pas en fait à orienter l'esprit de la jeune femme plutôt qu'à le capturer ?... Seul l'inquisiteur possède certaines réponses et le verre, quand à lui, avait cessé tout mouvement. Depuis la table il observait la scène, il était pourtant la clé de ce que cherchait l'inquisiteur...
Qu'avait-il donc été demander à l'aubergiste, pourquoi réfléchissait-il tout haut, pourquoi ne réagissait-il pas à certaines phrases de l'inconnue ?... Tout vient à point à qui sait attendre... Tout deviendra clair... Si tout se passe bien...

Meneuse

Les ombres s’étendaient toujours plus, emplissant la pièce d’une ambiance quasi mystique, l’aubergiste avait allumé trois ou quatre bougies pour permettre la distinction des formes. Or à présent dans cette taverne, les silhouette s’étaient presque toutes dissoutes, seuls restaient celles d’Avatar et Alicia. De leur table, la tension était palpable, une chose presque perceptible gravitait autour d’eux, leurs pensées peut-être… Alicia se sentait toujours plus traquée, malgré tout les efforts possibles, elle ne voyait toujours pas clair dans le Jeu de son Chasseur. Après tout peut-être continuait il à essayer de perdre la proie ? Ce cas aurait été bien risqué étant donné la leçon que devait lui apporter une première défaite. A l’allusion aux deux camps, Avatar ne répondit pas, passa outre, en réalité, peut-être avait-il compris que sa tentative avait été ratée au quel cas il n’aurait pas intérêt à instruire de ces informations une femme hors de l’affaire. Peut-être idyllique tout de même, se mit à penser Alicia. Bref de toute façon, son adversaire avait beau prétendre au jeu de la vérité, tout en lui s’annulait, s’anéantissait, ses vérités trouveraient sûrement de quoi se corrompre elles même. Dans de pareilles conditions, Alicia ne voyait pas l’utilité de continuer à chercher en ce terrain, et mieux valait-il continuer comme elle l’avait commencé, et comme elle était sortie vainqueur, en envisageant dans toutes ses pensées, de façon parallèle, les deux cas de figure. L’Inquisiteur se permit ensuite d’aller s’entretenir quelques secondes avec l’Aubergiste avant de revenir s’asseoir à table. Alicia n’avait rien entendu, et en vérité elle commençait à se lasser des jeux de son adversaire qui ne cessait de tourner en rond… Ce dernier continua son discours en touchant au verre. L’Inquisiteur faisait ses constatations, ses observations, en tournant le verre, isolant chaque phrase par un silence. Les éléments que donnait Avatar étaient logiques, rien d’extrêmement novateur ou bien de génial, et leur mise en forme commençait à s’allonger au sentiment d’Alicia. Sa remarque sur le fait que la forêt n’avait en son sens pas grande influence sur le phénomène, était déjà plus intéressante. Alicia n’y avait en fait pas pensé, car si il s’agissait bien d’un sortilège, comme elle ne cessait de le penser, si celui-ci avait visé la Forêt, l’envoûtement aurait véritablement porté sur le lieu et non pas juste sur l’eau qui en sort. Non selon Alicia le sort, le poison, l’hallucinogène, peu importait l’effet était bien similaire, devait porter sur l’eau, ainsi que le disait l’Inquisiteur. Elle suivait bien son idée de source commune, c’était l’hypothèse la plus plausible. Mais sur ces mots l’homme s’arrêta. Décidément Alicia ne voyait pas où il voulait en venir. Il semblait s’investir dans une partie où seul lui comprenait les règles et attendait une adversaire qui ne pouvait venir. Après tout Alicia avait ses réponses, les liens étaient fait, il n’y avait plus qu’à remonter à la source, alors rien ne la retenait là face à lui…

« Eh bien pour suivre votre pensée, je sais pour ma part que le Vieux Puits est en amont de l’Étang dans la Montagne, et sûrement le Ruisseau descend-il de l’Étang… »

A présent Alicia avait sa réponse. Et qu’importe celui auquel Avatar s’adonnait, son jeu à elle prenait fin, son but était atteint. Elle n’avait plus qu’à partir de cet endroit, envoyer une fois au Château un émissaire on ne peut plus discret et muet pour aller au puits, et lui rapporter ce qui y gisait. Pourtant elle ne le fit pas, du moins pas immédiatement, peut-être par peur de paraître un peu trop triviale vis-à-vis d’Avatar qui à l’évidence attendait quelque chose son verre à la main.

« Cette Eau, vous paraîtrait-elle salutaire ? »

La phrase était courte et bien dite. Ainsi présentait-elle que l’idée qu’Avatar l’invitait à suivre demandait plus de lumière, et le ton qui y était donné présentait bien un départ proche de l’inconnue…

Oblivius

La voilà, la réponse qu'Avatar attendait, celle qui mettait un terme au jeu, qui stoppait net toute nouvelle opposition entre les deux protagonistes qui avaient tentés de se jouer l'un de l'autre tout au long de la discutions...
Enfin... S'en était presque finit dirait-on plutôt, l'inquisiteur ne semblait pas encore prêt à tirer sa révérence, même s'il savait très bien qu'il ne serait pas le premier à partir. Il prit alors la parole alors que son regard se posait sur la flamme d'une bougie qui luisait sur le comptoir, présente mais sans aucune consistance propre, devant ses yeux sans qu'il puisse l'attraper, à portée, sans qu'il ne puisse s'en approcher, un jeu dangereux qu'il se devait de remporter... Ce feu, c'était son but...

"Donc c'est bien le puit la source de tout. Il doit donc devenir la source de nos interrogations. Qui a accès à ce puit ? Tout le monde. Qu'est-ce qu'il s'y cache ? Rien, à mon avis, mais ça nul ne peut le prouver. Comment trouver la cause de tous ces maux ?... Si je m'avançais, ne serais-ce qu'un peu trop, je dirais volontiers que ce fléau nous est infligé par la source même de notre existence, par la terre elle-même. Je ferais condamner le puit et m'arrangerait pour que cette histoire s'oublie..."

Les mots coulaient de sa bouche vers sont interlocutrice, comme si toutes les réactions de celle ci avaient étés anticipées et qu'il avait déjà réfléchit aux réponses qu'il pourrait donner... Ce serait, cependant, lui donner beaucoup de crédit... Beaucoup trop, sûrement, mais alors d'où venaient ces mots qui ruisselaient sans qu'on eu l'impression qu'il les ait réfléchit ? D'une capacité d'orateur plutôt cachée ou d'une réelle aptitude pour anticiper... Ou bien, tout simplement, d'une ignorance telle qu'il ne réfléchit même pas à ce qu'il dit...

"Je ferais ça si bien sure je m'avançait à renier un dieu qui n'a d'ailleurs, toujours selon mes idées, jamais existé. Mais je n'arriverais pas à cette extrémité et me contenterais d'enquêter."

Il ne voulait s'avancer à renier son dieu ouvertement mais dit dans la même phrase que celui ci n'est qu'une création de l'esprit ?... Si la jeune femme ne se perd pas là dedans... Peut-être est-ce là sa force, ne donner de ses idées que des grandes lignes qu'il s'efforce ensuite de faire diverger.

"Mais chaque pensée, chaque idée, chaque déduction que je parviens à tirer de ces quelques indices me mènent droit à un petit groupe d'hérétiques : Les sorcières, je ne voit qu'elles qui puissent faire une telle chose... Et pourtant d'autres indices, d'autres idées, ne me laissent à penser qu'à une seule hypothèse à leur sujet : elles sont innocentes et accusées à tord, comme toujours... Je me dis que l'homme, perfide et vile créature qu'il est, serait bien capable d'empoisonner lui même les siens pour en tirer quelconque bénéfice, si médiocre qu'il soit..."

Le verre, il était toujours là, entre eux deux, attendant patiemment que l'inquisiteur en arrive à parler à son sujet... Si tant est qu'il le fasse... Ce verre, avait-il une réelle importance ? Au final, était-il réellement la réponse à tout, la clé libérant les secrets, dissipant les mystères ? En attendant il patientait.

"Aucun poison, à ma connaissance, n'est capable de nous faire revivre des scènes de notre passé qui sont... Si bien choisies. Quand la plupart des gens verront en ces souvenirs des images inutiles, pour d'autre ils feront office de véritable ligne directrice. Et me revoilà au point de départ..."

Il se décida enfin, prit le verre dans sa main et le porta près de ses lèvres. Son souffle fit se rider la peau de ce verre d'eau alors que l'homme pensait encore à de probables coupables...
Il ne put le garder bien longtemps, ce verre, il finit par le reposer en fermant les yeux. Son visage se tourna légèrement vers le coté et son sourire avait changé... A quoi avait-il encore pensé...

Meneuse

Alicia ne portait guerre d’importance aux quelques lumières posées sur les tables alentours et sur le comptoir. Trop éloignées d’elle, ou bien dans le mauvais angle, pour l’heure son visage jouissait toujours de ténèbres protectrices. Elle ne s’aperçut du risque de ces bougies que lorsque l’Aubergiste en alluma encore deux, puis en observant le regard furtif d’Avatar vers cette bougie non loin de lui. Alicia sourit, il semblait camper sur ce combat, tandis qu’elle le pensait clos. Qu’est ce que son visage apporterait à cet Homme ? Qu’est ce que son prénom lui promettrait ? Alicia ne jouait pas sur son identité, ce n’était pas son jeu, elle la conservait cachée pour la simple raison qu’il serait mal venu de la savoir ici.

« En effet, le Vieux Puits… C’est de là que découlent finalement tous ces souvenirs. Tous peuvent y avoir accès et à l’heure où nous parlons seul le criminel sait ce qui s’y trouve. »

Les mots de l’Inquisiteurs semblaient directs et vrais, mais son regard, lui, restait indifféremment insondable pour l’inconnue, comment décrypter pareil personnage ? Alicia s’était résolue à ne pas perdre son temps à ça et à ce concentrer sur sa première tache qui se résolvait enfin. Elle avait prononcé ses paroles avec la même fluidité que son chasseur, en miroir. Avatar semblait toujours camper en son rôle d’hérétique, Alicia devait-elle s’y référer ..?

« C’est pourquoi je ne pense pas que condamner le Puits soit la meilleur des solutions, je reste persuadée qu’il y a un ou une coupable d’origine non divine, et la Vérité doit remonter jusqu’à cette personne… »

Le ton était décidé mais pas enlevé, elle restait calme, prouvait sa détermination encore une fois sans laisser penser à son interlocuteur que cette histoire prenait le dessus sur son propre contrôle.
Avatar continuait à ses propos explicites au sujet de Dieu. Franchise poussée ou bien exagérée ? Enfin ce dernier changea subitement d’avis. Après avoir exposé l’avis d’un châtiment de la Terre elle-même, il optait à présent pour les Sorcières, et à moins qu’il les considère comme le vecteur de la volonté tellurique, ces deux idées étaient bien éparses, et comme les paradoxes de notre Inquisiteur n’arrivent jamais seuls, il les voyaient coupables mais en même temps innocentes « comme toujours »… La Meneuse à force de prendre du recul pour bien analyser toutes ces idées commençait à partir peu à peu. Il était quelque peu amusant à l’esprit d’Alicia d’entendre dire « un petit groupe d’hérétique », elle savait bien qu’Avatar en savait déjà bien plus qu’il ne le devrait, mais le fait est qu’il les appelait toujours les « hérétiques » alors que lui l’était tout autant. De plus peut-être n’avait il pas de réelle notion de leur nombre…
Le Chasseur prit le verre, le temps semblait alors épargner la table, une bulle figée mais mouvante en son intérieur. Alicia ne dit rien, elle observait très attentivement les faibles lueurs qui dansaient dans ce verre qui se porta aux lèvres d’Avatar. Enfin il se décidait à intéresser l’inconnue… Mais finalement non. Son sourire en disait long, mais dans quelle direction ?! Alicia avait ses réponses, le jeu complémentaire durait trop…

« Avatar, je vous remercie pour tout ces précieux renseignements, vous avez illuminé ma quête de Vérité… »

La jeune femme prit son propre verre de vin et finit les quelques gouttes. Le Départ était ainsi clairement annoncé, elle n’attendait plus qu’un mot de son interlocuteur avant d’aller programmer la suite de ses recherches au Château…

Oblivius

Absorbé par la clarté de l'eau que contenait son verre Avatar écoutait la jeune femme parler, le départ était donc annoncé désormais. Il se leva le premier tout en restant le regard fixé sur la jeune femme, il avait trouvé ce qu'il voulait : l'identité de l'interlocutrice n'était qu'un élément secondaire, son but premier était la découverte de la source des maux qui frappent la région. D'un léger mouvement il pris dans sa main droite le verre avant de reculer d'un pas.

"Voila donc le temps des séparations. De toute façon nous nous reverrons, je n'en doute pas, si nous cherchons la même chose alors nous ne pouvons qu'arriver au même endroit. Enchanté de vous avoir parler et désolé de n'avoir put plus vous aider."

Sur ces mots Ava se retourna et repris le chemin des chambres. Le verre à la main il s'enfonçait chaque seconde un peu plus dans l'ombre qui régnait dans le fond de la pièce. Il se retourna cependant une dernière fois avant de disparaître et adressa une dernière phrase à celle qui l'avait battue.

"Bonne chance pour la suite, mademoiselle, trouvez la solution à ce mystère avant moi, ces choses se règlent 'en famille'."

Il venait presque là d'accuser ouvertement la jeune femme de sorcellerie, mais on lisait dans ses mots une simple provocation qui n'avait d'autre but que de terminer la partie. Après cette phrase il disparut, n'attendant même pas de réponse de la part de celle qui lui avait permit d'être désormais quasiment sur de l'endroit de ses futures recherches.
Ava marcha lentement, très lentement, jusqu'à arriver dans la chambre qu'il occupait pour quelques heures encore. Son visage fermé passait dans le couloire, accompagné du verre qu'il tenait toujours précieusement. Une fois dans la chambre il clôt la porte et s'assit juste devant en posant le verre en face de lui. La nuit était totale dans cette partie de l'auberge, et Ava était seul, seul face à quelque chose, seul face à une partie de lui-même... Seul face à son inconnu passé.

"Toi qui viens du puit, montre moi ce que j'ignore et fais en sorte que ce soit important pour une fois !"

Sur ces mots il attrapa le verre et le but en une gorgée, son regard se figea dans la seconde qui suivit, son visage se vida de toute expression et son esprit disparut dans un néant effrayant, dans son tortueux passé.

Spoiler:

Après ça Ava réouvrit les yeux, il était de retour dans l'auberge, effondré au sol, comme le corps qu'il avait quitté après cette séance de torture. Aujourd'hui, c'est finit, plus personne ne le touche comme ça, plus personne ne le touchera jamais comme ça et, en souvenir de cette époque où il était faible... En souvenir de ces temps lointains, il travaille pour ses bourreaux...
C'est ça, la fatalité ? Etre aux portes de la mort à cause d'une chose si futile que la religion, la haire, la maudire, et finir par la faire haire par d'autre en perpétuant un génocide ?...
Non, car si ce n'est pas Avatar qui tue celles qu'il chasse alors ce sera un autre... Et qui sait ce qu'un autre ferait à sa place ? Il violerait ? Il torturerait ? Il capturerait les enfants pour les livrer à l'église ?... Les enfants des sorcières sont mieux morts... Car désormais Ava préfèrerait mourir sous la torturer que revivre les années où il a résisté...

Le soleil était levé, ses rayons traversaient les vitres, Ava, quand à lui, se leva et sortit de la chambre, puis de l'auberge, la tète pleine de ces souvenirs atroces, la bouche pleine de ces cris qu'il ne pouvait autrefois retenir. Il sortit le poing fermé, prêt, sur un coup de tète, à tuer le premier homme d'église qu'il verrait... Mais il a grandi depuis, et son esprit sait que c'est la moins bonne des solution, aujourd'hui il sait que c'est de l'intérieur qu'il ferra le plus de dégât dans les rangs de l'inquisition, il sait que c'est de l'intérieur qu'il vengera le mieux ce garçon sans défense...