The Witch Slay
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% sur le Lot de 2 écrans PC GIGABYTE 27″ LED M27Q
429 € 539 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 Un dîner presque parfait – II/II

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Adrien D'Hasbauer
Mort(e)
Mort(e)
Adrien D'Hasbauer


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeDim 3 Mai 2009 - 21:17

[sujet précédent : Un dîner presque parfait - I/II]

Les présentations avaient été faites, ou plutôt, il était plus judicieux de dire que les convenances avaient été respectées. Et comme ils n'allaient pas rester là dans le Grand Hall à attendre que les choses se passent, surtout qu'Adrien avait bien mieux à faire que cela. Il fut presque soulagé lorsqu'on vint lui murmurer à l'oreille que la table était prête et le repas prêt à être servi. Il remercia le domestique qui tourna les talons et disparut dans l'ombre des couloirs, puis Adrien se retourna vers ses « invités », dont il se serait bien passé, mais cela, ils ne pouvaient pas le deviner. Après tout, il ne faisait seulement preuve que d'une retenue, conséquence de la politesse qu'il devait montrer à l'égard de ses hôtes, car lorsque le Vicomte devait jouer un jeu, il y parvenait presque à la perfection. Le regard glissant sur Alicia, dont il pouvait palper toute la haine qu'elle lui vouait maintenant, il embrassa l'assemblée de ses yeux vert-d'eau et finit par dire :

« - Le dîner va être servi, si vous voulez bien me suivre, nous allons prendre place dans la Salle à Manger. »

En se retournant, il glissa un regard discret à sa femme, un regard amoureux comme il n'en avait que pour elle. Elle était la seule personne ici, avec Europe, avec laquelle il aurait pu passer une véritable soirée autour d'une table à discuter, presque joyeusement, en cette soirée. Il prit ensuite la direction de la Salle à Manger, sans prendre la peine de vérifier si on le suivait, les couloirs résonnaient suffisamment des pas de ceux qui les parcouraient pour qu'il puisse se rendre compte s'il était le seul à faire mouvement vers ce qui allait surement être une table des supplices. Arrivé devant les deux grandes portes qui composaient l'entrée de la pièce, il appuya sur la poignée et d'un geste ample et presque théâtral, il les poussa en avant, découvrant ainsi l'intérieur.

Tout était lumineux, richement décoré comme devait l'être une telle pièce dans un aussi grand château. La table elle-même regorgeait de couverts, d'assiettes, de chandeliers allumés... On pouvait même se demander où la nourriture allait être déposée. D'ici quelques instants, ils seraient tous attablés autour d'elle et la soirée se passerait, doucement, mais elle passerait. Une fois terminée, tout le monde rentrerait chez soi, Adrien pourrait se concentrer sur des choses mille fois plus utiles qu'un vain dîner de convenance. Quelques domestiques firent leurs apparitions, bien prêts à indiquer aux personnes qui suivraient quelles seraient leurs places à table. Le plan de table n'avait pas été aisé à faire mais les quelques règles avaient été respectées, du moins dans la mesure du possible. A une extrémité, le Vicomte et sa femme, à sa droite, et face à lui, à l'autre bout de la table, le « Chef » des Exorcistes. Sur les côtés, Louis Institoris ferait face à Europe, à côté de cette dernière Alicia, et répartis équitablement de chaque côté, les autres exorcistes. Il était certain que la Comtesse n'apprécierait pas cela, mais Adrien doutait qu'elle apprécie plus de se trouver à sa gauche en bout de table... Bien que c'est ce placement là qu'il aurait préféré adopter.

Quoiqu'il en soit, il intima aux personnes présentes de se renseigner sur leurs placements et de s'installer confortablement. Lui-même s'occupa personnellement de sa femme, l'installant sur sa chaîse comme le voulaient les convenances. Il en profita pour la frôler discrètement d'un geste amoureux attirant ainsi son regard qu'il gratifia d'un sourire, et même si l'on sentait dans ce dernier l'inquiétude de la disparition de sa fille, on y sentait tout l'amour qu'il portait à sa femme. Il vérifia ensuite que chacun trouvait sa place et s'installa en dernier. Le repas n'allait pas tarder et les discussions commenceraient chacune de leur côté, ce qui laisserait un peu de répit au Vicomte, juste un peu...
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/Sorcieres-d-Olrun-f48/Adrien-d-H
Elisabeth d'Hasbauer
Prêtresse
Prêtresse
Elisabeth d'Hasbauer


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeDim 10 Mai 2009 - 1:47

Elisabeth sentait bien l’extrême énervement de son mari, même si celui-ci la cachait à le perfection camouflé parmi toutes ces convenances sous le masque de la personne qui représentait l’autorité. La présence de la Vicomtesse se fit apaisante lorsque Louis arriva, il émanait de la jeune femme quelque chose de tranquille qui contrastait avec la tension qui s’était de suite instaurée entre le chef de l’Inquisition et le chef des Exorcistes. Celui-ci ne lui était pas vraiment sympathique, lorsqu’il était arrivé, ses mots, son attitude complaisante et provocatrice, elle avait eut l’impression de se trouver face à un de ces mendiants qui quémandent le dimanche au sortir de l’église. Ils usaient de politesses qui leur étaient inconnues, pourtant, dans la mesure où elle ne su précisément identifier ce qui lui avait fait penser à cela, elle se dit que les circonstances n’étaient sans doute pas propices pour se faire une opinion objective sur ces hommes. Aussi contre toute attente, alors qu’au départ elle avait décidé de jauger ces hommes, elle décida de remettre son jugement sur ces gens à plus tard.
Dès lors, elle se détendit et par la même pu apprécier la présence d’Europe à ses cotés… ou plutôt aux cotés de Louis. Elle se demanda un instant ce qu’il y avait entre eux, mais cela n’était pas de son ressort et Europe savait ce qu’elle faisait. L’atmosphère n’était pas vraiment détendue et elle aurait presque trouvé cela amusant si ses pensées ne la ramenaient pas sans cesse à son enfant disparue.

Lorsqu’un autre jeune homme nouvellement arrivé à Forbach prit la parole, elle se dit que sa première impression sur leur chef était sans doute du à l’impression de pauvreté qui émanait d’eux et à rien d’autre. Aussi l’effaça-t-elle de sa mémoire, plus tard, il ne lui faudrait pas d’à priori pour se faire une idée sur ces Exorcistes. Finalement ce dîner serait peut-être intéressant et peut-être ces gens étaient-ils compétents, en tout cas, ils avaient pour l’instant le bénéfice du doute aux yeux de la Vicomtesse.

C’est alors qu’Alicia arriva, ce fut la nuit et le jour dans l’attitude d’Elisabeth, alors que la seconde précédente, sa présence était apaisante, à présent il n’émanait d’elle que haine. Le couteau qu’elle portait attaché à sa cuisse la brûlait, comme pour lui signifier qu’il était prêt à servir, sa main esquissa un mouvement pour le saisir et son esprit lui dit qu’une fois la lame enfoncer dans le cœur de la demoiselle, en sentant son sang couler sur ses doigts, une fois que la vie s’échapperait du corps de la traîtresse, elle serait apaisée. Mais la Vicomtesse se reprit, cela ne dura pas longtemps et elle reporta son attention sur les derniers Exorcistes qui étaient enfin descendus et étaient venus les rejoindre.
Elle avait retrouvé tout son calme en façade et elle savait qu’il en serait ainsi tant qu’Alicia se trouverait assez loin d’elle.

On vint avertir son mari que tout était prêt et Adrien les invita à passer dans la salle à manger. Il passa devant, Louis donna son bras à Europe ce qui était normal puisque c’était lui qui avait invité la demoiselle, quand aux deux rivales, chacune d’elle se retrouva au bras d’un Exorciste. Adrien mena le cortège à grand pas et ce fut à peine si Elisabeth eut le temps de faire la conversation, elle eut tout de même le loisir de demander s’il le jeune qui l’accompagnait avait beaucoup voyagé. Ce n’était en rien une demande de renseignement, c’était juste une envie d’évasion, sans doute. La Vicomtesse n’avait connu que la Bourgogne, Paris et Forbach. Et en ces temps ci l’envie de partir était grande, Le jeune homme parla bien, utilisant des mots qui firent s’évader la Vicomtesse en des contrées lointaines. Une fois arrivée à destination, elle alla prendre sa place, son mari l’installa avec un regard complice. Elisabeth était sereine, du moins c’était l’impression qu’elle donnait et voulait par le fait faire comprendre à son mari qu’il devait essayer de s’accommoder de la situation.

Elle avait veillé à passer devant Alicia, l’avoir dans son dos lui donna certes quelques sueurs froides, mais la fourbe intrigante n’oserait rien entreprendre ce soir. Du moins c’était ce qu’elle s’était répété lorsqu’elle avait pris cette décision. D’un autre coté, elle ne savait pas si elle aurait pu réprimer à l’infini cette envie de folle vengeance qu’elle mettait sur le compte du fait que cette femme lui avait enlevé son enfant si elle avait eu constamment sous les yeux Alicia, surtout si la femme lui tournait le dos.
Bref, tout cela, était déjà du passé puisqu’elle à présent assise au côté de son mari et qu’ensemble ils pouvaient affronter toutes les tempêtes et à cet instant c’était bien l’impression qu’ils donnaient.

Les invités avaient pris place, Alicia était du même côté de la table qu’elle ce qui faisait qu’encore une fois l’irritation du la présence, nécessaire au protocole, de la Comtesse était quelque peu calmé, même si elle n’était pas réduite à néant comme l’avait espéré Elisabeth.
Ce qui était dommage c’était qu’Europe était aussi dans cet alignement et qu’elle ne pouvait la voir sans croiser le regard de sa rivale. Aussi elle se veillait à se tenir droite et en arrière, pour ne voir personne de son coté de la table, espérant qu’elle ne soit pas forcée au cours du repas de se pencher.

Lors d’un bref moment, elle croisa le regard de Louis, sa main monta presque instinctivement à sa poitrine, là où trônait une broche en temps normale. Naturellement, puisque l’investigation de l’Inquisiteur devait rester secrète, elle n’allait rien en dire à haute à voix. Un petit signe de tête discret de Louis lui signifia que pour l’instant, il n’avait pas sa précieuse broche. Tant pis, de toute façon, avec la disparition de sa fille, ce bijou, bien qu’ayant de la valeur à ses yeux, était passé au second plan des choses devant être retrouvées.

Bref, elle reporta son attention sur l’Exorciste qui trônait en face de son mari et qui portait à présent un toast. Elisabeth se dit qu’il était très éloquent, il devait avoir l’habitude de prendre la parole. Elle releva les pics et les allusions qu’il fit et tous gratifièrent le discours, qui ferait sans doute office de prière d’un Amen plus ou moins sincère.

Bref, elle essaya d’engager la conversation avec le jeune homme en face d’elle alors que le premier plat arrivait, mais celui-ci était nettement moins loquace que les deux qui avaient déjà facilement pris la parole. Elle semblait détendue, pourtant dans son esprit sa seule pensée était de trouver comment faire en sorte d’écarter les Exorcistes qui la séparaient de sa proie.
C'était un trouble omniprésent en elle, bien que pas même une ombre dans son regard ne puisse trahir son état d'esprit.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/Premieres-Lueurs-c5/Le-Recueil-f
Louis Institoris
Dirigeant
Dirigeant
Louis Institoris


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeMer 3 Juin 2009 - 1:59

[Précédent : Le Hall d'Entrée - Un Dîner Presque Parfait I/II]

Louis eut une sensation étrange, lors de l’accueil des Exorcistes qui venaient tenter de prendre sa place à Forbach. Une sensation qu’il n’avait jamais ressentie depuis son arrivée dans cette ville, il y avait un peu plus d’un an. Face à ces hommes, ces étrangers, il se sentait pour la toute première fois chez lui entre ces murs. La Noblesse et ses attitudes étaient encore bien loin de lui plaire, mais ce jour-là, pour la première fois, il se sentait « parmi » ceux qui l’entouraient : le Vicomte, son épouse et Europe. Et, tous trois, habitants de Forbach, faisaient face à ceux qui pénétraient chez eux contre leur gré. S’ils avaient pu le faire, sans même avoir à échanger un seul mot, ils auraient réuni la force de leurs six pieds pour mettre dehors ces convives non désirés. Malheureusement, il n’en était pas de leur ressort : les instances supérieures les obligeaient à recevoir ces invités qui allaient « sauver Forbach » avec toute les convenances d’usage. Cependant, une chose était sûre : si leurs six pieds resteraient au sol et si les convenances d’usage seraient appliquées - rien de plus que ces convenances d’ailleurs -, ils n’hésiteraient pas à user de tous les moyens imaginables pour que ces hommes accomplissent le moins correctement possible la tâche qu’ils étaient venus réaliser dans leur Comté : y mettre le bazar. L’avis de la population, Louis n’en savait rien. Il palpait cependant dans l’air que ni Adrien, ni Elisabeth, ni Europe n’étaient prêts à accueillir avec joie ces fameux Exorcistes-aux-mille-et-uns-miracles. Europe venait d’ailleurs d’entrer dans le Hall dont les multiples éclairages faisaient rayonner la robe cramoisie, tenue qui n’était probablement pas inconnue de l’Inquisiteur. Cela, il ne le constata pourtant pas, ou du moins pas à cet instant. Il était obnubilé par le regard si dur qu’adressa Europe à leurs nouveaux « ennemis », puisqu’ils n’étaient rien d’autre pour Louis, et probablement pour elle aussi, au vu de l’accueil qu’elle leur avait réservé. En effet, en plus de leur lancer ce regard noir que Louis n’aurait su imaginer dans ses yeux lors de leur première rencontre tant elle semblait être la plus innocente des jeunes femmes qu’il avait pu rencontrer, Europe ne s’adressa à eux qu’avec ce fameux minimum de convenances exigées : froide et indifférente, puisqu’il ne fallait pas être antipathique, tant dans ses paroles que dans l’expression de son visage, la demoiselle semblait s’être inspiré de comportement du Dirigeant de l’Inquisition lui-même…

… Ou bien de celui d’Alicia de Sarrebourg. Louis ne fit pas très attention à l’arrivée de celle-ci. Il sentit cependant la confiance qui régnait dans leur petit groupe de quatre éclater en morceaux lorsque celle-ci apparu. Il n’eut pas le temps d’y penser très longtemps, car prenait maintenant la parole celui qui allait, à cet instant là, devenir l’un de ses pires ennemis. De taille moyenne, mais pas pour autant peu imposant, l’homme aux cheveux roux qui dominait le groupe des convives prit la parole. Louis fixa ces yeux tout sauf modestes, tout comme les paroles qui allaient être débitées d’ailleurs, qui lui faisaient face eux aussi. Avec très peu de subtilité, l’homme qui ne se présenta pas - et c'était d’ailleurs un manque de politesse, alors que les habitants de Forbach, eux, faisaient tant d’efforts ! - affirma être venu libérer Forbach, apporter son aide à l’Inquisition qui devrait « partager ses ressources » avec lui et ses hommes. En avait-il réellement besoin, des Inquisiteurs, avec les miracles par dizaines qu’il apportait dans ses bagages ? Malheureusement pour lui, il se rendrait bien vite compte que oui. Ce serait alors le moment venu pour l’Inquisition de prouver à nouveau au Roi et au Pape sa force et de faire que ces imposteurs s’en retournent jouer leurs spectacles dans la Scandinavie d’où ils venaient. En attendant, il faudrait patienter, probablement un peu plus longtemps que le long dîner qui s’apprêtait à débuter, et se préparer à agir, à revenir sur le devant de la scène, puisqu’il s’agissait maintenant pour l’Église d’être le meilleur à jouer la comédie.

La colère de Louis était palpable. C’était la raison pour laquelle ce fut dans un silence complet qu’il offrit son bras à celle qu’il avait invitée ce soir-là pour mieux pouvoir s’éclipser en sa compagnie. Tandis qu’ils s’en allaient vers la salle à manger et qu’Elisabeth bavardait courtoisement avec l’Exorciste qui l’accompagnait, Louis réfléchissait à la situation de Forbach. L’Inquisition s’était montré très discrète ces derniers temps, ne trouvant pas le moyen d’agir face à ces fantômes alors qu’ils avaient du mal à se débarrasser des « simples » sorcières, d’où la venue de ces Exorcistes… Exorcistes qui, justement, ne mesuraient pas l’étendue des dégâts, la difficulté de la situation dans laquelle se trouvait le Comté. S’ils pensaient devoir se charger d’une petite cabane hantée et d’une enfant délirante que ses parents croyaient possédée, ils se trompaient. C’étaient des centaines de masures, des dizaines de manoirs et même le Château de Frauenberg qu’il fallait débarrasser des fantômes. Les bois, les champs, les grandes places et les étroites ruelles de la ville étaient hantés. Par dizaines, les fantômes se promenaient à Forbach, tantôt visibles dans le reflet d’un miroir, tantôt palpables sous sa propre peau, dans son propre corps. S’ils croyaient avoir affaire à une simple maison hantée et une petite fille endiablée, ils avaient tord. Viendrait l’heure où ils s’en rendraient compte. L’heure du retour de l’Inquisition sonnerait à l’heure. Il fallait savoir être patient, encore une fois…

La patience, Louis, dont la colère lui rendait toute son énergie et sa motivation, l’avait. Du moins, celle d’attendre l’heure de gloire nouvelle qui venait pour l’Inquisition. La patience d’aller au bout de ce dîner, il ne l’avait pas. Loin de là. Lorsqu’ils arrivèrent près de la table, Louis fit s’installer Europe, et vint se positionner en face d’elle, comme le plan de table le lui demandait. Une nouvelle convenance qu’il aurait appréciée éviter. S’il avait été à côté d’elle, ils auraient pu mener l’une de ces discussions qu’ils avaient tant apprécié avoir les deux seuls fois où ils s’étaient rencontrés seul à seul. Ces conversations qui excluaient toute forme de politesse superflue, qui écartaient l’hypocrisie au mieux et qui devenaient ainsi intéressantes. Ce ne serait pas le cas ce soir-là. Louis devrait se contenter d’apprécier la vue du charmant visage d’Europe, peut-être même embelli par l’harassement qu’elle éprouvait de se trouver là, face à ces hommes qu’elle semblait apprécier au plus autant que Louis.

Alors que l’homme roux, qui se manifestait à nouveau au nom des intrus à cette table et qui ne devait donc être autre que Jonas Ângström, leur « chef de bande », portait un toast, Louis, n’écoutant volontairement pas ce que racontait celui qui osait l’attaquer si peu implicitement sur son propre terrain, détourna un instant ses yeux du pâle visage d’Europe pour apercevoir la Vicomtesse. Elle aussi, toute aussi belle et gracieuse qu’à ses habitudes, affichant un sourire sans faille malgré la situation difficile qu’elle était en train de traverser, le fixait. Alors que Louis comprenait déjà la signification de ce regard, elle posa délicatement ses doigts fins sur sa poitrine, comme pour confirmer ce qui lui paraissait déjà évident. La broche qu’elle voulait tant retrouver, Louis n’avait pas pu mettre la main dessus. Un hochement de tête de l’Inquisiteur suffit à faire comprendre à Elisabeth qu’il n’était toujours pas en la possession de l’objet. Elle aurait pu réagir durement, rappelant à Louis d’un plissement d’yeux les menaces détournées, mais surtout justifiées, qu’elle avait prononcées si gentiment qu’il ne pouvait même pas lui en vouloir d’avoir agit ainsi. Pourtant, elle ne le fit pas et se contenta de détourner son regard vers l’homme à l’autre bout de la table, toujours aussi bavard. Ce « temps de pause » qu’allaient lui accorder ces Exorcistes, qui n’étaient donc finalement pas si mal venus allait, devrait en plus lui permettre de se charger de cette affaire. La famille d’Hasbauer avait déjà bien assez de problèmes pour devoir partir elle-même à la recherche de ce précieux bijou de famille. Louis tiendrait sa promesse…

Une fois le verre que Louis avait levé « pour être convenable » reposé sur la table, les premiers mets furent apportés. En même temps que le début du repas, la pièce débutait et il en allait de même pour les bavardages qui en faisaient partie. Bavardages assurés notamment par la plus que bonne actrice Elisabeth d’Hasbauer, parfaite dans son rôle, alors qu’elle avait bien d’autre chat à fouetter. S’il n’avait rien su, Louis Institoris n’y aurait vu que du feu. Il en déduit qu’elle était habituée à ce genre de situation, de part la hauteur de son rang. De son côté, Silencieux, puisque les conversations l’intéressaient peu, l’Inquisiteur en vint à se rappeler d’une nouvelle importante qu’il avait reçu en début d’après-midi et qu’il se devait de confier à Adrien d’Hasbauer au plus vite, pour qu’il fasse ce qu’il avait à faire à ce propos, notamment avec leurs fameux invités. Discrètement, il se pencha donc vers le Vicomte et, sans remarquer qu’un instant de silence approchait à mesure que les dernières paroles des phrases de chacun étaient débitées, il lui murmura :


« Je dois vous avertir au plus vite d’une nouvelle, Vicomte. Le corps d’Athénaïs la Rouge, seconde de l’Inquisition, a été retrouvé inerte dans ses Appartements, en fin de matinée, dans des conditions qui ne laissent envisager comme origine de la mort que l’action de l’un de ces esprits... »


Dernière édition par Louis Institoris le Dim 23 Aoû 2009 - 18:37, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/viewtopic.forum?t=10
Europe
Fugitive
Fugitive
Europe


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeVen 5 Juin 2009 - 0:29

[Précédent = Un Dîner Presque Parfait I/II]

Dès son entrée dans le grand Hall, le regard d’Europe s’était fixé sur le premier Exorciste venu, un homme aux cheveux flamboyants et aux yeux perfides qu’elle identifia immédiatement comme le meneur, tant par ses paroles que son apparence; nul besoin d’être une empathe pour le deviner. En outre, la façon dont il s’était annoncé ne faisait aucun doute. L’arrivée des Exorcistes laissa à la Sorcière une impression mitigée; elle oscillait constamment entre l’indifférence que pouvait lui inspirer ces gens, si étrangers à ses problèmes, et le mépris de les voir ici se mêler de leurs affaires. Car la phrase d’introduction du meneur au cheveux roux avait été sans équivoques; il souhaitait clairement marcher sur les plates bandes de Louis et, sans vraiment savoir ce qu’elle faisait ni s’en rendre compte, Europe, solidaire, se posta à côté du Père Inquisiteur dans une posture qu’on pouvait aisément deviner menaçante, si l’on prenait la peine de regarder à travers le voile de l’hypocrisie. Un moyen de signifier à ces importuns, vous arrivez peut-être en territoire conquis ici, mais personne ne vous laissera faire si facilement.
Elle fut plutôt surprise de voir qu’aucun des Exorcistes ne se présentait individuellement, tandis que tous les hôtes de Forbach s’étaient donné cette peine. C’était un affront à la politesse qu’elle n’aurait pas été prête d’oublier, si elle n’avait pas été dans un tel état de lassitude -après tout, elle s’en moquait royalement et ne tenait pas le moins du monde à connaître les patronymes de ces dérangeants nouveaux venus.

Son regard parcourant le petit groupe d’Exorcistes, Europe écouta d’une oreille discrète le discours laudateur du chef, discours qui se voulait humble en apparence mais dont la signification ne faisait aucun doute. Elle n’y prêta pas grande attention, sachant déjà quel serait le contenu du message. La Sorcière trouva l’homme encore plus hypocrite que tous les gens présent ici et étrangement, cela lui inspira le plus grand mépris. Jadis, elle avait été habituée à côtoyer à la Cour ce genre de personnes -les nobles- mais les événements de l’année passée avaient changé sa vie, et elle ne pouvait plus voir en peinture les individus comme lui, qui atteignaient des sommets dans la fourberie mielleuse et faisaient de l’artificiel leur manteau, le genre qui ment comme il respire, qui contient plus d’air que de farine. Avide de changer d’horizon, Europe s’en détourna un moment pour observer les autres plus avant. Les trois derniers Exorcistes rentrés restaient d’un mutisme consternant et lui prêtèrent autant d’attention qu’à un porte-manteau, chose qu’elle ne pourrait cependant jamais leur reprocher puisque, somme toute, elle était ici pour jouer ce rôle… Mais comparé aux logorhées des deux premiers, ils faisaient également office d’éléments du décor, comme des gardes rapprochés silencieux et attentifs.
Car il semblait que le bras droit, un homme brun aux cheveux en bataille et aux prunelles d’un noir peu commun, s’était joint à son chef pour parachever la mise en scène et mettre les points sur les i. Europe l’observa un moment, plutôt intriguée. Le leader roux était charismatique, voyant, extraverti; la partie officielle de la chose. Son second lui, restait en retrait, parlait moins et laissait son chef s’exprimer, mais il ne faisait aucun doute que lui aussi tirait dans l’ombre les ficelles. Et la Prêtresse s’imaginait fort bien l’étendue de ses pouvoirs au sein du petit groupe. Un homme qui était du genre à glisser l’air de rien une brochure de Forbach sous le nez de son chef, pour lui faire croire que la décision venait de lui, et obtenir gain de cause en secret.

Son hypothèse s’en trouva vérifiée dans la seconde; l’Officieux en question, tentait en ce moment même de tempérer les propos de l’Officiel. Il faudrait se méfier autant de l’un que de l’autre… Puis il s’approcha d’Europe qui en conçut une certaine surprise, s’attendant à être plus ou moins ignorée dans ce début de soirée. Lorsqu’il prit la parole cependant, elle retint un sourire; les messages dissimulés derrière les propos de chacun, ce soir, semblaient si évident, qu’elle se demanda pourquoi il était encore utile de ne pas parler à cœur ouvert.
Une princesse fort sagace du nom d'Europe… La jeune femme sourit à l’allusion. Un Exorciste qui faisait de l’esprit? Ca s’annonçait encore plus terrible que ce qu’elle avait imaginé. Ou peut-être plus intéressant aussi, elle ne savait que penser. Quoi qu’il en soit, le message de l’homme était sans ambiguïté et Europe le reçut avec la première mine accueillante qu’elle consentit à se fabriquer depuis son arrivée. Le masque qu’elle se composa était de bien piètre qualité et ne trompait personne mais au moins, elle y mettait l’effort.


"Hé bien, tout le plaisir est pour moi de vous accueillir en ces lieux où, j’espère, vous vous plairez." Mentalement, elle eut un sourire cruel. Aller, c’était le moment de mettre sur le tapis ce tabou dont personne n’osait parler jusqu’à maintenant, sinon en de misérables termes réducteurs! Le moment de mettre tout le monde mal-à-l’aise avec des propos déconvenants. Le moment de leur faire entrevoir, à eux, une parcelle de son univers et de sa propre folie. Après tout, que risquait-elle à part plomber l’ambiance d’un dîner? Exaspérante dans son attitude comme dans ses paroles, Europe asséna sa phrase comme un gong. "Quand il ne grouille pas de fantômes à chaque coin de rue, Forbach est un endroit vraiment… charmant."

Une petite inclinaison de la tête plus tard, la Sorcière se mettait en chemin sur l’invitation d’Adrien, sans même attendre une réponse de l’homme à qui elle s’était adressée. Elle saisit le bras que Louis lui tendait sans mot dire, marchant le plus dignement possible en observant le dos de son amie d’Hasbaueur qui les guidait vers la Salle à manger.
Elisabeth avait eu le courage ou la folie, peut-être, de marcher devant Alicia jusqu’à là-bas; Europe n’essaya pas de tenter la même chose. Pour rien au monde elle n’aurait tourné le dos à sa venimeuse pire ennemie, qui lui apparaissait en esprit, suintante de fourberie et de cruauté; question de prudence la plus élémentaire. L’idée même qu’elle puisse se trouver dans la même pièce que cette femme, à quelques mètres d’elle seulement, sans rien pouvoir faire, lui hérissait les poils des bras et les cheveux sur la nuque. Et en outre pour la première fois, elle en avait peur. Peur que la folie meurtrière d’Alicia ne connaisse jamais de limite, comme son expérience le lui avait prouvé.
Le contact rapproché de Louis l’avait d’abord laissée indifférente; et très étrangement, sans que son état d’esprit n’aie changé d’un pouce, un délicate couleur rosée nimba ses joues, redonnant un peu de vie à son visage fatigué. Europe s’avisa soudain qu’elle devait paraître bien stupide ainsi; car même si son esprit ne semblait pas s’émouvoir de la proximité du Père Inquisiteur, son corps lui, en concevait forces agitations. Voilà que son enveloppe charnelle se mettait à faire ce qu’elle voulait indépendamment de sa volonté. Du jamais vu! Décidément, le monde ne tournait plus rond.

La table dressée faisait honneur au luxe de Forbach; Europe s’installa à son siège et remerciant Louis d’un murmure bas où perçait la gratitude. L’Inquisiteur avait été placé en face d’elle, comme si l’on lui rejetait encore une fois à la figure ses propres responsabilités auxquelles elle refusait de faire face, ses propres démons qu’elle ne cessait de fuir. Pour dissimuler ce sentiment qui n’avait de toute façon pas de nom, la Sorcière inclina la tête vers l’avant et garda le regard rivé sur son assiette pour l’instant vide.
Ce qu’elle vit alors fit s’emballer son rythme cardiaque, s’écarquiller ses yeux de surprise, se couvrir de sueur la paume de ses mains.
Le visage qu’elle voyait dans le reflet de l’assiette n’était pas le sien, mais celui d’Elena.


Dernière édition par Europe le Sam 6 Juin 2009 - 2:15, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/Premieres-Lueurs-c5/Le-Recueil-f
Europe
Fugitive
Fugitive
Europe


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeVen 5 Juin 2009 - 0:29

[HRP: crotte mon post est trop long Razz Bon, la suite!]

Elle détourna promptement la tête, le cœur battant à tout rompre. Non! Pas maintenant! Pas encore!
Elle en avait assez. Assez de voir le visage d’Elena partout et en toutes circonstances, comme si l’esprit de sa défunte amie la hantait. Ou pire, comme si elle devenait folle elle-même. Au début, les visions étaient surtout incroyables et dérangeantes; mais elles étaient vite devenues absolument terrifiantes. Elle était épuisée. Epuisée de voir, à chaque fois qu’elle posait les yeux sur un miroir, le visage de la jeune femme la regarder d’un air impassible, comme si elle se tenait derrière son épaule, alors qu’il n’y avait personne dans la pièce. Epuisée de voir que le même phénomène se reproduisait dans toute surface réfléchissante. L’eau. Les couverts… Epuisée de voir que chaque forme, chaque objet lui rappelait l’ancienne Prêtresse, si anodin fût-il. Et il lui était arrivé beaucoup trop de fois à son goût, de se mettre à tourner comme un lion en cage au milieu d’une foule, à toute vitesse, à toute allure, dans un kaléidoscope de couleurs, croyant voir le visage d’Elena partout autour d’elle, l’épiant sur les bords de son monde rond… Puis elle s’immobilisait, sa danse lui ayant donné le tournis, pour s’apercevoir que ceux qu’elle avait pris pour son amie étaient en réalité des courtisans lambdas qui la regardaient comme si elle était dérangée… Et dans la plus petite salle du palais on commençait à murmurer des rumeurs qui auraient vu la dame Eléanora-Sun devenir folle…

Europe sortait désormais le moins possible. Croiser des gens lui était presque devenu insupportable, quand elle ne les connaissait pas. Ses hallucinations entachaient sa réputation tandis qu’elle passait ses journées à se morfondre sur le divan de son imposant salon, seule et effarouchée. Qu’avait-elle fait, ô esprits, pour mériter cela? Elena était-elle en colère contre elle? Si c’était le cas, elle le comprendrait, mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour se manifester? Alors que, aidée par Adrien, elle s’était crue enfin délivrée de la partie la plus éprouvante de la culpabilité qu’elle ressentait vis-a-vis de la mort de son amie, les vestiges de la mémoire de celle-ci venaient faire de sa vie un enfer. Oui, le mot était juste. Sans aucune exagération.
Elle avait vu des choses que les autres ne voyaient que dans leurs cauchemars. Des choses qu’ils ne pouvaient même pas imaginer. Ni même voir… Des rêves dantesques, effrayants, blafards et immondes, aux significations aussi sanglantes que mortifères; dans lesquels elle était tour à tour victime et bourreau, des tortures imprononcées et implacables qui lui faisaient atteindre le paroxysme de la peur avec toujours, invariablement, éternellement, le visage impassible d’Elena fixé sur elle… Et quand elle se réveillait en sursaut, bondissant dans son lit moite inondé de sueur, alors qu’elle-même était trempée de sa propre transpiration et suintante d’angoisse, elle levait les yeux, se croyant enfin délivrée de son cauchemar horrible, et là… et là, debout au bord du lit, elle voyait Elena, pâle comme la mort mais aussi réelle qu’un cadavre, la fixer sans mot dire… Alors elle hurlait, sautait hors de son lit, courrait jusqu’à un secrétaire pour y allumer une bougie, pour découvrir que le fantôme de son amie avec enfin disparu.
Puis que la nuit suivante, il revenait, dans des cauchemars plus terribles à chaque fois.
La plupart des gens endoctrinés par la chrétienté avaient une conception de la mort revêtue de symboles et de clichés souvent exagérés; mais en réalité, c’était bien plus simple que cela. Les premières minutes, rien n’était beau, tout était de marbre, c’était concrètement… figé.
Puis au bout de quelques jours, ça vous prenait au ventre et ça commençait à devenir…
Profond.

Après plusieurs mois, ce n’était plus qu’une chose.
Constamment…

Terrorisant.

Elena brouillait les frontières de l’immanent et du transcendant; et Europe s’enfonçait plus chaque nuit dans sa propre démence. Elle avait exploré plus loin que jamais les territoires de la folie, sans pouvoir en revenir indemne; là où on ne rentre qu’une fois, là où l’inconnu est une seconde nature, où la raison s’arrête brusquement comme un gouffre insondable, là où le monde tel qu’on le connaît n’existe plus tant les repères sont brouillés, distordus, effrayants. Une psychose permanente, aux contours mortellement précis. Des chaos de morts, de râles et de sanglots; le frontière si fine, l’essence même de la non-existence. Des millions de passés accouraient dans une folle cavalcade, pour lui jeter au visage les affres d’une vérité encore plus terrorisante par son inéluctabilité que par sa nature, la sienne, la leur, pour recouvrir son être entier d’un voile d’épouvante. Et ses appels au secours s’envolaient dans l’air vicié comme les paroles d’une mélodie surglacée, à jamais condamnée à errer dans la souffrance et la folie… Cette folie qui ne devait appartenir pour toujours qu’aux non-êtres, elle s’était fracassée contre ses pensées incohérentes, hantées par des anticipations désespérées et des larmes qui matérialisaient devant ses yeux l’expression même de la douleur et du déni…

Depuis plusieurs semaines, Europe vivait avec la peur, ou plutôt dans la peur; et la peur se nourrissait de sa substance, comme une maladie gangreneuse. Elle ne pouvait plus faire un pas, voir un mouvement un peu trop brusque sans sursauter; apercevoir un visage sans qu’il se transforme ponctuellement en celui de sa défunte amie; dormir sans que la démence s’empare de son âme. Elle n’était plus qu’une loque, au mental ravagé par ce qu’aucun mortel n’aurait jamais dû voir de son vivant, n’aurait jamais du ressentir dans chaque fibre de son être. Dans la sorte d’animisme qui caractérisait les croyances d’Olrun, elle avait toujours été encadrée d’une sacralité bienfaisante et concrète, incarnée par les esprits de la nature; mais à présent elle voyait une magie redoutable, immense, indéfinissable et bien au-delà de simples mots… des choses qui appartenaient à un autre monde, devaient y rester à tout prix car quoi que ce fut, c’était pire que tout le reste…
Voilà la situation qu’elle vivait en cette instant, et à laquelle les Exorcistes étaient sensés répondre; mais dans ces conditions, comment espérer que des hommes pareils aient la moindre chance de réussir? Oui, en entrant, ils l’avaient déçue. Déçue de voir qu’ils n’étaient qu’une bande de pauvres mortels lambdas. Mais peut-être qu’elle en attendait un peu trop d’eux. Peut-être qu’elle n’aurait été satisfaite que par un miracle.

Europe mangea sans appétit, ne prêtant pas la moindre attention à ce qu’il y avait dans son assiette. Elle se nourrissait correctement sans parvenir à reprendre le poids qu’elle avait perdu avec le stress de ces dernières semaines. Et si elle avait perdu l’envie de lutter avec frénésie pour modifier le destin, le refus n’en restait pas moins là, dans son cœur. Le refus de n’être qu’un objet qu’on utilise pour réaliser un but, de n’être qu’une reproductrice dans l’objectif d’enfanter un monde meilleur. Un désir de hauteur, de construire son existence comme une œuvre d’art, dans une dimension qui est celle de la beauté… comme ç’avait été le cas lors de ses premières années en tant que Prêtresse… Et même si elle savait que c’était impossible…
La Sorcière, qui s’apprêtait à mettre en bouche un morceau de viande, suspendit soudain son geste et arqua les sourcils, jetant un regard de rapace aux deux hommes qui avaient prononcé les mots qui l’avaient interpellée: l’Officiel et l’Officieux, comme par hasard. Doucement, elle reposa sa fourchette, s’essuya la bouche et les considéra presque avec froideur.

"Le «problème»? «Ceux qui souffrent?» Mes chers invités, vous êtes loin du compte. Regardez autour de vous; la dernière fois que des touristes sont venus à Forbach il y a quelques années, c’était une charmante ville de Lorraine. Et puis personne ne sait ce qu’il y a vraiment eu au départ; mauvaises récoltes, complots, tueries, une chose est sûre, beaucoup d’innocents ou de coupables sont morts. Qu’ils aient péri trahis, dénoncés et assassinés, aujourd’hui la rancœur des esprits des défunts font frémir la région toute entière, et l'honnête homme, la veuve et l'orphelin qui tentent de dormir dans leur lit ne le peuvent sans subir les assauts constants de redoutables cauchemards. Vous parlez de gens qui souffrent?, c’est ce monde lui-même qui est maléfique." Paroles bien peu chrétiennes de sa part, surtout quand on songeait qu’elle était entourée du Père Inquisiteur et d’une troupe d’Exorcistes; mais, du moins l’espérait-elle, on allait quand même pas lui faire un procès maintenant que la réunion allait si bon train. Surtout pendant le dîner…
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/Premieres-Lueurs-c5/Le-Recueil-f
Alicia Loewenstein
Meneuse
Meneuse
Alicia Loewenstein


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeVen 5 Juin 2009 - 21:15

Tous les invités enfin réunis, l’exorciste qui parlait comme délégué de ses camarades adressa des mots d’une convenance toute pieuse à la Comtesse qui aurait, en temps normal, été tout à fait exaspérée, mais qui la firent sourire en vérité : ces exorcistes étaient d’un stéréotype mordant, le jeu risquait d’en valoir la chandelle. Et justement, la petite troupe quitta la lumière du grand lustre du Hall d’Entrée pour se diriger vers les chandelles de la Salle à Manger. La table y était déjà prête et les convives s’y installèrent en fonction d’un placement logique permettant au mieux que les personnes se connaissant puissent rester en contact proche. Ainsi les exorcistes se retrouvèrent alignés en deux courtes rangées se faisant face sur une partie de la table dont le bout était naturellement occupé par Jonas comme chef de troupe. Lui faisant face, comme le voulait la convenance, c’était Adrien qui trônait, sa femme à son côté. Louis quant à lui faisait face à Europe. De cette manière tous avaient un point d’interlocution assuré. Tous… à l’exception d’Alicia bien entendu. Elle faisait face à un exorciste dont le nom lui avait déjà échappé, à condition qu’il lui ait été mentionné…

Ainsi, alors que les entrées avaient été servies elle se tenait là, au milieu de cette grande table, se demandant au fond ce qu’elle pouvait bien faire ici, au centre d’une table dont le bout était parasité par l’usurpateur de son mari. Oh non… les choses ne se passeraient pas comme ça c’était certain... Mais pour l’heure, tandis que les entrées se terminaient, tous y allaient de leurs discussions, des plus courtoises aux plus sérieuses. Alicia n’entendait pas grand-chose au milieu de ce crépitement de couverts, de porcelaine et de discussions à mi-voix. Le couple d’Hasbauer parlait à coup sûr de sa chère fille manquante. Louis restait très silencieux, fidèle à lui-même. Alicia commençait à sérieusement se demander ce qu’Europe pouvait bien faire ici, avec le chef de l’Inquisition. Les exorcistes échangeaient de nombreux regards, quelques paroles encore timides. Lorsqu’Europe prit la parole la Meneuse l’observa sans vraiment grand intérêt, elle la trouvait soudainement volubile et grossière. La Prêtresse faisait ce qu’elle avait toujours su faire, encore et encore, sans cause ni finalité : se faire remarquer. Déjà la phrase d’un humour acide et déplacé lors de l’accueil dans le Hall avait fait régner quelques secondes de silence qui firent lever les yeux de la Comtesse au ciel. À présents ces paroles face au chef de l’Inquisition… Mais à quoi jouait-elle… Alicia se taisait. Elle observait sagement autour d’elle, renonçant définitivement à trouver sa place.

Le plat fut servi, alors que la Comtesse avait à peine eu le temps de terminer son entrée. À vouloir tout observer elle en oubliait presque sa faim belle et bien présente. C’est cet instant que choisit Louis Institoris pour faire une annonce privée à Adrien. Le danger des grands repas, ce sont ces célèbres « anges qui passent », lorsque toutes les discussions s’interrompent dans une synchronisation mystique, un instant, quelques secondes. Les mots confiés à l’unique oreille du Vicomte d’une voix grave et juste assez forte pour couvrir les autres discussions devinrent alors une annonce des plus audibles, une confidence ratée. « Le corps d’Athénaïs la Rouge, seconde de l’Inquisition, a été retrouvé inerte dans ses Appartements, en fin de matinée, dans des conditions qui ne laissent envisager comme origine de la mort que l’action de l’un de ces esprits...». Voilà une nouvelle qui risquait de ne pas rassurer les hôtes des mois à venir…

Alicia trouvait la situation si amusante présentement qu’elle ne put réprimer un très léger sourire - presque sadique il est vrai. D’une part elle comprenait mieux pourquoi Louis préférait rester le plus souvent dans ce mutisme sécurisant, d’autre part elle n’avait jamais réellement apprécié cette vieille folle fanatique et sa boule de puces. De nouveau les discussions reprirent poliment, afin d’éviter tout malaise au chef de l’inquisition. La tension entre les d’Hasbauer et Alicia était pour ainsi dire aussi visible qu’insaisissable : la Comtesse ne les regardait pas. Non pas qu’elle faisait insister son regard sur les autres, elle savait rester discrète et convenable, mais à eux deux : elle n’adressait rien, pas une seule intention. Elle les haïssait, chaque seconde davantage. Ils étaient là à l’extrémité de cette immense table, avec leurs traits toujours aussi fatigués et tristes. Si l’ordre naturel des choses avait été respecté, ce devrait être elle, elle et son beau Comte, avec des visages éclairés d’un bonheur sans égal. Elle n’en pouvait plus de cette prise de pouvoir ridicule. Il fallait qu’ils sachent que la Nature savait reprendre ses droits ! Un vide immense prit place dans l’esprit de la Comtesse : le bourdonnement des conversations privées s’assourdit jusqu’à l’extinction, son regard se fixa sur la laiteuse porcelaine de son assiette, une chaleur entre colère et excitation s’empara de la poitrine de la femme. Alicia posa délicatement sa fourchette, s’essuya précautionneusement les lèvres, puis se leva, haute de toute sa fierté naturelle.


« Mesdames et Messieurs, frères et seigneurs, je tenais à profiter de ce charmant rassemblement pour vous annoncer une nouvelle, véritable étoile en ce désert d’obscurité. Son regard se posa circulairement sur tous les visages tournés vers elle pour se poser sur celui d’Adrien, puis celui d’Elisabeth. J’ai appris il y a quelques temps que feu mon mari m’avait laissé, avant de se faire congédier, le plus précieux bien de son héritage : un héritier. Je suis infiniment heureuse de vous annoncer que je porte actuellement l’enfant du Comte de Forbach.»

Cette nouvelle était un véritable éclair en cet océan de morosité. Alicia se rassit, satisfaite de son effet, non pas sur les exorcistes qui ne devaient pas y trouver grande aide à leur mission, mais sur le couple d’Hasbauer. En effet, les lois de succession du comté étaient complexes et l’arrivée d’un héritier à majorité risquait fort de remettre la famille du Comte sur le grand siège… La machine était lancée.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/viewtopic.forum?t=9
Jonas Ångström
Oblivius
Oblivius



Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeMer 17 Juin 2009 - 0:44

Dire qu’ils n’étaient pas les bienvenus aurait été un euphémisme. Le Vicomte avait semble-t-il d’autres chats à fouetter et souhaitait expédier l’affaire que représentait leur arrivée au plus vite, sa femme, bien que d’un abord charmant, semblait quelque peu… ailleurs, le dirigeant de l’inquisition avait semble-t-il on ne peut mieux reçu le message de Jonas, Europe, la noble mystérieuse, était semble-t-il une sorte de lunatique qu’il les avait accueilli froidement sans raison apparente… si ce n’est qu’elle était étrangement proche de Louis Institoris, et la Comtesse, mise à l’amende par ses congénères, avait d’autres intrigues à réfléchir, apparemment.
Mais tout le monde ne se fichait pas de leur arrivée, l’ambiance était trop lourde, trop pesante, loin des habituels banquets d’une noblesse ravie de voir que quelqu’un va s’occuper à sa place de rassurer son peuple, non, il était clair qu’ils n’étaient pas les bienvenus, pour une raison secrète qui lui échappait encore pour le moment.

Ils s’installèrent tous à table. Jonas avait la place d’honneur face au comte, lui-même assis à l’autre bout de la table. Il était grand temps de faire la prière, de porter un toast, enfin, d’éclaircir un peu la brume environnante, en fait. Il se leva de manière ostentatoire pour montrer qu’il demandait le silence, et prit la parole.

« Mes amis, je vous nomme ainsi car je veux croire que nous pourrons prétendre à ce titre le jour de notre départ, mes amis donc, je lève un verre en votre honneur à tous, et avec l’espoir que cette journée sera la première de temps meilleurs pour le peuple de Forbach. » La franchise de Jonas était évidente, non ? Il continua d’une voix plus grave « Je sais, je sais qu’aujourd’hui nous avons plus l’air d’intrus débarqué d’on-ne-sais-où, d’inconnus venus mettre leur nez dans des affaires qui ne sont pas les leurs, dont ils ne savent rien, mais souvenez-vous qu’au travers de l’évêque, c’est le Pape lui-même qui nous a mandatés ici pour vous aider. Nous ne sommes là ni pour notre gloire, ni pour marcher sur vos plates-bandes, mais bien selon la volonté divine, pour réparer ce qui peut l’être et permettre à tous de vivre en harmonie selon la loi de Dieu notre père. » Il se fit plus souriant, les bras légèrement écartés, les paumes en avant. « Permettez-nous de nous présenter, avant toute chose. Le Vicomte, dans sa hâte de nous mener à bon port jusques-ici ne nous en a pas laissé le temps. Je suis le père Jonas, qui ait reprit le flambeau du père Marcus après son trépas malheureux, et voici les pères Lazlo, Piotre, Kerwan et Nathan. Quelques autres arriveront prochainement, pour nous prêter main forte, si la tâche s’avère trop ardue malgré la Foi inébranlable que nous avons en notre seigneur. » Il porta son regard sur chacun des convives un à un, s’ouvrant totalement à leur jugement. « Je ne puis vous demander qu’une chose, c’est d’avoir la Foi et de prier avec nous en cet instant, pour que les jours, les semaines, les mois, les années qui arrivent, puissent rayonner d’un éclat éternel sous la douce lumière de Dieu notre père à tous. Amen. »

Jonas se rassit, joignit ses mains, baissa les yeux et feignit de prier en silence. Voilà pour le numéro de la piété, une bonne chose de faite. Cela ne serait sans doute pas suffisant, mais ça irait pour le moment. De toute façon, si la noblesse n’était pas de leur coté et n’avait pas envie de croire en eux, un autre public serai sans doute bien meilleur et bien plus crédule : le peuple. C’était son cœur à lui qu'il fallait séduire avant toute chose, personne ne pourrai plus rien dire quand la liesse populaire les louerai devant le seigneur.

Les discussions reprirent d’elles-mêmes par la suite, avec l’arrivée du repas. Jonas observait les convives avec intérêt et s’efforçait de déchiffrer les inimitiés. Le Vicomte et sa femme s’aimaient avec ardeur à la manière dont ils se regardaient, ou alors ils donnaient admirablement le change, ce qui était amplement suffisant pour de bons chrétiens. Cette dernière par contre détestait ostensiblement la Comtesse, Alicia de Sarrebourg, qui avait fort à faire pour s’imposer, semblait-il, sans doute depuis la mort de son mari. Il n’arrivait pas à comprendre qui était cette Europe, qui se permettait tout de même de blasphémer assez ouvertement, et surtout ce qu’elle faisait ici en cet instant. Le seul indice valable était quelle était proche de Louis. Louis Institoris. Dirigeant de l’Inquisition. Quelle farce ! A en croire les rumeurs, cet idiot n’était pas fichu de s’occuper de simples ‘‘sorcières’’, et perdait même presque plus d’hommes dans ses rangs qu’il ne brûlait d’impies. D’ailleurs, sans doute n’avait-il brulé que de pauvres paysannes sans défense, à cause de leur rousseur ou de pratique incongru pour ses bonnes manières. Oui, l’Inquisition était une blague de mauvais goût et un bien mauvais procédé pour imposer la Foi au peuple. Mais ce n’était pas Jonas qui allait se plaindre de la bêtise et de la simplicité humaine, il en profitait trop lui-même pour cela.

Il se tourna, au milieu du léger brouhaha, vers Lazlo, à sa droite.

« Il nous faudra explorer les environs dès demain. » Derrière ces quelques mots anodins se cachait une signification bien plus grande ; il avait un plan. Sans doute avait-il forgé quelque ruse dans son esprit pour arranger la situation et placer les exorcistes à la place qui leur était due, c’est-à-dire aimés et loués de tous.

La soirée semblait devoir être placée sous le jour des grands évènements, car un peu après la révélation, quelque peu involontaire, de l’échec évident de l’Inquisition au travers de la mort de la seconde d’Institoris, la comtesse annonça une grande nouvelle. Elle attendait un enfant du comte. La nouvelle était charmante en elle-même mais était surtout d’une importance capitale pour permettre d’appréhender les relations complexes au sein de la noblesse de Forbach.

« Voilà une nouvelle merveilleuse ! Je vous avez dit qu’il fallait avoir la Foi, et que Dieu avait tourné son regard vers vous, et le voilà porteur de la bonne nouvelle ! Il est plaisant de voir que l’ordre des choses commence déjà à reprendre ses droits » dit-il, pour ponctuer l’effet sur le Vicomte et la Vicomtesse de la déclaration d’Alicia. Il tâcha ensuite de capter le regard de cette dernière, pour, discrètement, lui laisser entendre qu’il comprenait sa situation et ses enjeux… peut-être. La femme lui semblait des plus intéressantes, et paraissait plus qu’elle ne le laissait croire. Tout comme Jonas avait décidé de jouer avec Louis Institoris, de le faire enrager, il avait maintenant décidé de jouer la défense d’une Comtesse blessée et bafouée dans ses prétentions sur les Terres environnante… sans savoir que le jeu se jouait également à un tout autre niveau, et que ses interlocuteurs n’était pas juste les nobles qu’il semblaient être…
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/exorcistes-f61/jonas-anders-angs
Laszlo Plattz
Oblivius
Oblivius



Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeMer 17 Juin 2009 - 11:51

Du bout de l'index, Laszlo suivant le contour d'un verre placé devant lui. Le sillon se creusait dans la chair, à l'instar des conversations dans sa mémoire. Partie d'échecs en accéléré, anticiper les coups relevait de l'impossible. Chacun plaçait son chausse-trappe, son collet... Jusqu'à cette future mère qui, elle avait déjà dégainé son mousquet et avait fait comprendre qu'il n'était pas chargé à blanc. A l'inverse de Jonas, Laszlo n'avait pas la force de se lancer dans cette danse des sabres. Ni l'envie, d'ailleurs. Se lancer dans un discours ou de grandes révélations reviendraient à chercher l'épreuve de force... Une stratégie pour le moins hasardeuse.

Le chef des exorciste ne s'était pas embarrassé de ces réflexions. Volubile comme à son habitude, il tourbillonnait au milieu des tensions et des conflits larvés, derviche tourneur du verbe de salon, arpenteur de la haute société. Jonas montait au front, à Laszlo et aux autres de le couvrir. Si, depuis la mort du père Marcus, une seule règle avait été suivie, c'était bien celle-ci.
Seulement... Seulement jamais le petit groupe n'avait eu à faire à forte partie. Face à ce groupe inébranlable, paysans, petits seigneurs ou clercs à la foi plus qu'approximative ne pouvait que baisser les yeux et se laisser infliger mythes et histoires. Et petit à petit - Laszlo s'en rendait à présent compte avec un léger vertige - la facilité de cette vie avait érodé des intelligences autrefois fort vives. Seul Jonas, de par son rôle, avait entretenu sa vivacité et son esprit d'à-propos.
Mais voilà : ils se retrouvaient à présent dans cette ville qui, à défaut d'esprits ou de sorcières, était peuplées de clans puissants, rivés à leurs intérêts... Les exorcistes ne pourraient se déplacer bien longtemps en troupeau en ces lieux. Il leur faudrait sans doute se séparer et alors... Malheur aux imprudents.

C'est à cet instant que Jonas se pencha vers lui pour lui administrer une consigne. Se saisissant d'une aile de volaille pour la grignoter, Laszlo hocha lentement la tête. Mieux connaître les environs allait sans dire. Mais pour le moment, toute l'attention du jeune homme était focalisé sur les convives. Il s'astreignait à ne pas les observer un par un - cet examen, il l'avait déjà fait lors de leur arrivée - mais dans leur ensemble. Dans ce tableau vivant, certains se détachaient, accrochant la lumière des attentions, tandis que d'autres parvenaient à se fondre dans le décor. A commencer par les hôtes qui, Louis à leur côté, se faisaient de vivantes illustrations de la vie forbachienne : confidences (celle qui s'échappa de la bouche de l'Inquisiteur fut soigneusement mémorisée) et suspicion.
Les deux femmes invités l'intriguaient davantage. La Comtesse, perdue dans ses pensées quelques instants auparavant, avait réussi à capter tous les regards à un moment précis. Maneouvre ou talent naturel ? Difficile à dire.
Quand à la Princesse Grecque... Une fois de plus, elle était l'élément inconnu. Ses interventions semblaient chaotique, comme dans un désir perpétuel de brouiller une partie qui commençait à peine...

Un tintement clair le tira de ses réflexions. Jonas avait laissé choir son couteau. Le jeune homme se baissa pour le ramasser et un deuxième éclair d'argent rebondit sur le sol. Cette fois, il s'était échappé de la veste de Lasszlo.

Amusant.

Le jeune homme referma les doigts sur l'objet, en l'occurence un mécanisme de boîte à musique, qu'il avait dérobé quelques semaines plus tôt chez un artisan. Il n'avait su expliquer son geste, l'objet l'avait tout simplement fasciné. Se redressant à sa place, il posa le moulinet sur la table. Un objet incongru au milieu de conversations qui ne l'étaient pas moins. Musique mécanique dans les deux cas... Mais qui, c'était bien là la question, tournait la manivelle ?

Relevant le visage, Laszlo croisa le regard du Chef Inquisiteur. Cette fois-ci, il ne détourna pas le regard. Et combattit son impulsion première qui avait été d'étirer les lèvres en un sourire compassé. Non. Il se contenta de cette simple phrase. D'un ton mat et neutre.

"Nous sommes là désormais."
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/exorcistes-f61/laszlo-plattz-t55
Invité
Invité



Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeMar 30 Juin 2009 - 22:02

Assis à table, l'odeur des mets auraient pu suffire pour maintenir la bouche de Kerwan scellée. Il y avait d'autres éléments qui, néanmoins, permettaient à l'homme d'avoir des raisons de se taire. La discussion, à moins d'y être obligé, ça n'était pas son passe temps préféré, et les grands repas ne faisaient pas exception, bien au contraire. Kerwan s'assit convenablement, et fixa de ses yeux vifs le chef des exorciste tandis qu'il discourait. L'idée d'être à Forbach ne l'enchantait toujours pas, mais c'était son métier que de le nier fermement. Forbach devait devenir, aux yeux du Frère Kerwan, une ville remplie de pauvres pêcheurs voulant la paix de leur âme. Il fallait que Frère Kerwan ait envie de les sauver tous, les sortir de leur crasse pour les élever vers la voie céleste. Le Pape avait été clair sur la situation qu'il voulait voir pointer le bout de son nez à Forbach.
Tout cela fatiguait déjà Kerwan.

Les grandes tablées était le meilleur moyen connu de récolter des informations dans la haute sphère de la société. Mine de rien, les questions se posaient, et avec subtilité on pouvait récolter les réponses fleurissantes. C'était un exercice difficile, qui n'était exécuté que par les beaux parleurs expérimentés. Kerwan était un beau parleur, mais préférait les conversations plus intimes. Les dîners représentaient un risque trop grand, et une exposition trop marquée. Si la stratégie de Jonas était de foncer tout de suite, Kerwan préférait rester en retrait, de sorte qu'on ne le remarquât pas tout de suite, et devenir une surprise lorsqu'il déciderait qu'il venait le temps de se montrer. C'était un prédateur qui ne rêvait que de manger chacune de personnes présentes autour de cette table, et de se délecter des fluides vitaux. Oui, il rêvait souvent de sang, la religion ne lui avait jamais fait passer l'envie.

Il était néanmoins amusant de remarquer que chacun avait quelque chose à gagner dans ce dîner. Ou du moins, il semblait se diviser en différents clans. On pouvait voir le couple d'hôte, le chef Inquisiteur qui protégeait sa place, les exorcistes, et puis la Comtesse qui comptait reprendre la place due à son rang. Quelle révélation cela devait être pour tous ces gens ! Cela ressemblait à une explosion inattendue, et Kerwan ne put s'empêcher de sourire. Déjà, Jonas accourait aux pieds d'Alicia pour les couvrir de mille baisers hypocrites. Cela n'étonna aucun des autres exorcistes qui avaient pris le parti d'afficher un simple sourire ravi à cette nouvelle. Kerwan lança un regard amusé à Laszlo, pas loin de lui, qui ne voulait rien dire de particulier, sinon qu'il appréciait cette situation tendue entre chaque équipe. Il se sentait même prêt à compter les points.

N'en resta plus qu'une. Cette jeune femme que personne ne semblait voir au premier abord. Elle se taisait, ne récitant que quelques paroles de politesses, et ne semblait pas être importante. Elle s'était présentée en tant que Europe Eléanora-Sun, et Laszlo avait vu en elle une princesse. Kerwan, lui, n'avait vu qu'une petite idiote qui comptait prendre la défense de la veuve et de l'orphelin. Il ne comprenait pas ses paroles, ses interventions. Europe semblait aimer sa ville de Lorraine, cette ville déjà moisie, prise jusqu'à la moelle par des divagations collectives. Kerwan brûlait d'envie d'en savoir plus, d'écouter tout ce qu'on pourrait lui dire. Pour le moment, ses yeux s'attardaient, brûlants, sur Europe, désireux d'assouvir n'importe quelle envie, que ce soit celui de la chair, ou celui du sang. Car Kerwan désirait à un point fou poser ses mains sur ses joues - ces douces joues ! - pour les laisser descendre jusque son cou, l'étreindre fermement, les yeux dans les siens. Kerwan avait cette fièvre, contre tous ceux qui ne semblaient pas importants, ceux qui lui semblaient gênants, ou même simplement idiots. Kerwan voulait jouer, sentir son odeur, sa panique, et c'était sur elle que cela venait de tomber.
Sentant que son regard pouvait devenir gênant, et pour elle et pour la situation des exorcistes, Kerwan reporta son attention sur son repas, décidant mentalement qu'il n'était pas indispensable qu'il parle ce soir. Il préféra observer de ses yeux le manège qui se déroulait devant lui, s'amusant de toutes les situations qui se développaient, écoutant chaque phrase, retenant chaque mot, et paraissant, aux yeux de tous, un sympathique Frère prêt à sauver leur âme après avoir mangé.
Revenir en haut Aller en bas
Elisabeth d'Hasbauer
Prêtresse
Prêtresse
Elisabeth d'Hasbauer


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeMer 1 Juil 2009 - 21:12

La Vicomtesse était quelque peu déçu par ses invités, elle avait espéré qu’ils seraient un peu plu spontanés. A chacune de ses questions, elle se faisait l’effet d’être un Inquisiteur et visiblement, les Exorcistes n’y répondaient pas vraiment de bon cœur. Elle qui s’attendait à ce qu’ils racontent des histoires fabuleuses et fassent étalage de leurs gloires, au contraire, ils restaient modestes et ne parlaient que très peu de ce qu’ils avaient déjà accompli.
Pourtant, l’arrogance avec laquelle, ils avaient provoquer Louis n’était pas feinte, elle. Alors pourquoi ne se vantaient-ils pas plus ? Étaient-ils pieux à ce point ? Qu’importe, elle se reporta sur son assiette, comme la plus part des gens présents à cette table du reste.

C’était sans doute dommage, un semblant de conversation aurait – sans aucun doute possible – détendue un tant soit peu l’atmosphère de cette soirée. Il fallait dire qu’il n’y avait que des antipodes à cette table : deux clans ennemis de sorcières et deux clans rivaux du Seigneur. Cela l’aurait presque fait sourire, si elle avait eu le cœur à s’amuser ce soir.

Elle avait noté, comme tous les autres très certainement, le fait que le second de l’Inquisition soit mort, mais ne doutait pas qu’on le remplacerait au plus vite. De toute façon, cela n’était pas du ressort de son mari, elle fut cependant heureuse de constater que son époux avait la confiance du chef de l’Inquisition… dans une certaine mesure.

Cela promettait d’être un dîner long et ennuyeux, Elisabeth aurait souhaité avoir une excuse pour s’éclipser de cet endroit si désolant et de ces convives visiblement inintéressants. Attendre des semaines pour finalement s’apercevoir que ceux qui ont été la cause de tant d’anxiété n’était que des hommes si ordinaire, cela avait de quoi décevoir !
Seulement, il est des situations où il faut faire attention à ce que l’ont souhaite et lorsqu’Alicia prit la parole, elle se dit que c’était un de ces moment. Comment n’avait-elle pas pensée que cette garce jouerait les trouble-fête en voulant se rendre intéressante d’une quelconque manière !

Très inattentive à ce que disait la Veuve, il fallut un certain temps avant que les paroles de la Meneuse du Lys Noir ne se frayent un chemin jusqu’au cerveau de la Vicomtesse. Et un laps de temps supplémentaire fut nécessaire pour qu’elle comprenne bien les mots prononcés par l’intrigante. Sa première pensée fut que l’enfant ne pouvait en aucun cas être l’héritier du Comte que cela n’était qu’un vulgaire tour de passe-passe, comme toujours. Cependant, il lui serait impossible de le prouver sans avoir recours à la magie.
*Qu’importe, cela vaut bien de dévoiler mon secret !*
Elle secoua discrètement la tête, ses pensées ne pouvaient être les siennes ! Jamais elle n’aurait mis sa famille en danger pour une histoire de pouvoir, même si dans ce cas, l’enjeu était de taille.

Alors qu’elle paraissait plongée dans une intense réflexion pour le reste de l’assemblée, elle se dit qu’au moins Alicia n’avait pas eu le loisir de voir la colère, ni même la surprise sur son visage. Et pourtant, cette nouvelle l’affectait, la dague qui était présente sous sa robe ne lui avait jamais semblé aussi proche de sa main et pire encore elle ne lui semblait pas si éloigné du cœur de la Traîtresse.
*Ce n’est pas possible, je ne suis pas une meurtrière, même si je haïs cette femme au plus points. Et puis une fois morte, je n’aurais aucune chance de savoir ce qu’elle a fait d’Alexandrine !*

Sûrement très contente de son petit effet, Alicia s’était rassis, Elisabeth ne l’avait pas vu, elle avait juste entendu la chaise. La Vicomtesse prenait grand soin d’éviter de regarder Alicia. Celle-ci n’aurait même pas le droit à un seul regard de mépris et cela dans le but de bien lui signifier qu’à ses eux, qu’importe ce qu’elle manigançait, cela n’aurait pas d’impacte sur Elisabeth.

Combien de temps s’était-il écoulé depuis l’annonce de la semeuse de discorde ? Une heure, deux heures ? Sûrement beaucoup moins, mais le temps est tout relatif et Elisabeth prenait sur elle pour garder son calme. Alors que cela avait paru tellement naturel à faire jusqu’à présent, cette fois, elle sentait qu’elle se laissait submerger par cette haine qui s’insinuait malgré elle dans toutes ses pensées. La dague était toujours là, semblant prodigué un douce chaleur à sa cuisse et lorsque la dame ferma les yeux, ce fut l’image du sang chaud d’Alicia coulant sur ses doigts qui s’imposa à son esprit. Cette pensée aurait du la faire frémir, mais aucune trace d’émotion ou de remords, peut-être était-ce parce qu’elle n’était pas passé à l’acte.

Elle se leva, bien plus pâle qu’à l’accoutumer, mais cela elle ne pouvait évidemment pas le contrôler à l’instar de ses expressions. Le but premier de ce mouvement avait été d’aller féliciter Alicia et au moment de lui serrer la main, se servir de la dague…

Elisabeth vacilla percevant le silence qui s’était installé autour de la table. Depuis quand était-elle débout ? Elle n’arrivait plus à découper le temps correctement…
"Je vous prie de m’excuser…" Sans rien ajouter, elle sortie de la salle, laissant derrière les convives. De toute façon, il n’y avait rien de plus, il n’y aurait eu qu’un aveugle pour se rendre compte que la Vicomtesse se trouvait mal.

Elle marcha d’une façon automatique avec à l’esprit l’unique pensée qu’Alicia allait faire de sa progéniture un vrai monstre dans le but d’une vengeance vaine. Cela la révoltait ! Aucun parent n’aimant réellement son enfant n’aurait fait une chose pareille ! Elle devait se rendre à l’évidence, Alicia était folle…
Son pas était vif et elle ne faisait pas attention à ce qui l’entourait, peut-être que si elle avait été moins égocentrique, si elle avait porté son attention sur les autres convives, elle aurait pu rester assister à ce dîner. Mais non, c’était comme si elle était prisonnière de ses pesées qui n’était que haine et colère, le tout diriger vers une seule et unique personne.
Elle essaya de se vider l’esprit, mais l’envie qu’elle avait de retourner là-bas, d’affronter Alicia sans toute la mascarade de la noblesse, devint plus intense encore.

Lorsque les portes de ses appartements se refermèrent et qu’elle fut enfin à l’abri de tout, ou presque, elle se rendit compte qu’elle avait le souffle court. Avait-elle marché si vite sans pour autant en avoir conscience ? Avait-elle couru ? Il fallait se rendre à l’évidence : elle avait le trajet dans un état second.
*Il faut que je reprenne mes esprits* Mais l’annonce d’Alicia avait fait l’effet d’un ras de marrée et tout son cerveau ne pensait qu’à une seule et unique chose : faire obstacle à cette diablesse et contrecarrer ses plans!
Elisabeth était loin d’avoir dit son dernier mot…
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/Premieres-Lueurs-c5/Le-Recueil-f
Adrien D'Hasbauer
Mort(e)
Mort(e)
Adrien D'Hasbauer


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeJeu 2 Juil 2009 - 16:39

Quel dîner... A croire que décidément rien de bon ne sortirait de tout cela. Adrien n'avait pas la tête à passer des heures devant quelques assiettes et quelques convives en mal de reconnaissance, mais pourtant il était là, notamment parce que ses fonctions l'obligeaient. S'il avait pu déléguer, il ne se serait pas gêné, bien qu'il aurait bien pu prétexter n'importe quelle raison pour se dégager de cette obligation. Néanmoins, il ne l'avait pas fait, soucieux d'accomplir ce rôle qui lui pesait de plus en plus sur les épaules. Il n'avait cure d'être le Comte, le Vicomte ou quoique ce soit d'autre. Si on lui avait donné le choix, il aurait volontiers choisi une vie bien plus simple loin de tout, s'occupant simplement de prendre soin de sa famille, sans avoir en plus à adosser les manteaux de dirigeant politique et « culturel ». Pourtant, c'était une réalité et c'est pourquoi il faisait du mieux qu'il pouvait pour s'acquitter de ces tâches, bien que cela lui coûtait énormément, notamment du temps qu'il aurait pu passer avec sa femme et ses enfants, un temps qui lui aurait, peut-être, permis de veiller sur sa fille et ainsi éviter sa disparition soudaine, ou même pour participer plus activement aux recherches. En y repensant, il ne pouvait s'empêcher de se demander où sa fille pouvait se trouver. Il était fort peu probable qu'elle ait pu survivre dehors toute seule depuis autant de temps, aussi, il espérait qu'elle fut recueillie par quelqu'un, même si dans ce cas, on aurait du la retrouver depuis longtemps... Le Vicomte s'accrochait à cela, simplement parce qu'il ne supporterait pas de perdre sa fille, et même l'hypothèse de la savoir enlevée était réconfortante en soi, car elle présupposait que sa fille avait plus de valeur vivante que morte, même s'il n'y avait toujours pas eu de quelconques demandes de rançon. Adrien excluait tout mauvais coup du Lys Noir, Alicia le détestait suffisamment pour cela, mais il savait qu'elle agirait avec bien plus de « délicatesse » pour sa propre vengeance.

Mais, pas le temps de pousser la réflexion au sujet de sa fille, il y avait suffisamment à faire pour manœuvrer correctement la barque sur le flot tempétueux de ce dîner. En effet, il y eu d'abord la remarque de Louis, que ce dernier avait voulu partager uniquement avec le Vicomte mais dont les aléas de la discussion en ont décidé autrement. Ainsi tout le monde avait pu entendre que le Second du Chef de l'Inquisition était morte dans des circonstances troublantes, apparemment liées à l'apparition des esprits à Forbach. C'était une cause probable, surtout s'il n'y avait aucune trace pouvant mener à quelconque forfait. Adrien attendit un peu que les discussions reprennent avant de répondre d'une voix grave mais sincère à Louis :


« - Vous avez toutes mes condoléances, et si vous avez besoin d'une quelconque aide, surtout n'hésitez pas à venir me la demander. Je verrai ce qui pourra être fait ou en mesure de l'être. »

Lorsque l'Humanité était en jeu, le Vicomte était rarement indifférent à la chose. Que ce soit les ennemis potentiels ou des amis, il était toujours affecté par la mort inhabituelle de quelqu'un. La vie était courte de part l'essence même de sa nature, et il était fort dommageable qu'on vienne vous la prendre avant son terme.

Quant au discours du Père Jonas... Et bien ma foi, il n'en avait pas vraiment cure. Les faux-semblants semblaient sortir de toutes les fissures qu'il y avait sous ce masque pieu. Avait-il cette impression à cause des préjugés et de l'ombre qui entouraient ces hommes ? Du fait que lui aussi portait un masque d'adorateur de ce « Seigneur Dieu » ? Il n'aurait pu le dire en cet instant, mais il était certain que ce fameux discours sonnait bien creux à ses oreilles. Il n'avait aucune confiance, et si cela n'avait tenu qu'à lui, et surement à Louis, ces hommes n'auraient jamais approchés à moins d'une centaine de lieues de Forbach. Il ne s'agissait là que de problèmes supplémentaires et d'hommes manipulateurs à garder à l'œil, nul doute qu'ils n'allaient tenter de manigancer quoique ce soit. Le Vicomte soupira légèrement pour lui-même... Il regrettait sincèrement la tranquillité de sa maison, loin des intrigues et des problèmes divers.

Alors que le dîner se poursuivait, Adrien s'arrangeait simplement pour faire un brin de discussion, du moins juste assez pour essayer de faire passer cette soirée au plus vite. C'est alors qu'intervint Alicia. Et à bien y réfléchir, il la remerciait grandement d'avoir fait cette annonce. Il n'en avait pas perdu une miette et c'était un large et franc sourire qui s'était affiché sur son visage à l'annonce de cette nouvelle naissance. Il s'agissait là de la descendance de son cousin et malgré que ce soit celle d'Alicia également, le Vicomte n'avait rien de particulier contre elle, si ce n'est qu'il était désolé qu'elle se soit résolument déterminée à le détester. Il avait refusé de se joindre au Lys et elle n'avait pas supporté cela, songeant désespérément à une trahison. Il avait essayé de lui faire entendre raison, mais pour elle, il était désormais trop tard. Finirait-elle par comprendre l'étendue de ses paroles ? Un jour peut-être, il espérait simplement qu'il ne serait pas trop tard ce jour là. Toutefois, si ce ne fut pas l'annonce d'Alicia qui le troubla, ce fut la réaction de sa femme. Elle n'avait pas eu l'air affectée sur le coup, mais il savait, mieux que personne qu'elle était très douée pour conserver un masque d'impassibilité quelque soit la situation. Mais lorsqu'elle se leva en silence, semblant perdues dans ses pensées, le Vicomte avait bien compris que quelque chose n'allait pas.

Bien entendu, alors que sa femme se levait, l'ensemble de la tablée se tut peu à peu, s'attendant à quelconque parole mais rien ne vint. Adrien regardait sa femme d'un œil inquiet quand celle-ci s'excusa et prit congé. Troublé, le Vicomte la regarda disparaître derrière la porte puis se leva à son tour :


« - Je vous prie d'excuser mon départ, mais vous comprendrez mes motivations. Essayez de profiter de cette fin de soirée. »

Il se tourna ensuite vers Alicia, un large sourire sur le visage, et son regard presque étincelant de sincérité. Il n'y avait plus de masque, mais simplement un homme franc.

« - Toutes mes félicitations Comtesse, une telle nouvelle m'emplit le cœur de joie. »

Il fit une légère révérence puis sortit à son tour. Sa femme n'était déjà plus en vue, elle était surement retournée à ses appartements. Il irait la retrouver, il irait comprendre ce qu'elle avait bien pu ressentir, il fallait qu'il intervienne, pour comprendre et éventuellement rassurer. Elle n'aurait pas du agir comme cela, il y avait forcément une raison, il devait comprendre...
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/Sorcieres-d-Olrun-f48/Adrien-d-H
Louis Institoris
Dirigeant
Dirigeant
Louis Institoris


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeMer 29 Juil 2009 - 4:08

En quittant la chaise qu’il occupait autour de la grande table de la Salle à Manger du Château de Frauenberg, Louis, fort insatisfait et particulièrement en colère, se remémora tout ce qui venait de se dérouler derrière lui. Le bruit de ses pas s’écrasant sur le sol de la grande pièce disparaissait tandis que celui que produisait le choc des couverts des convives de la soirée se mettait à résonner à l’intérieur de sa tête…

Comme à l’accoutumée, Louis dîna silencieusement. La différence était que cette fois, il n’était pas seul, mais en compagnie de personnes dont la présence le dérangeaient. Il éprouvait de la sympathie envers le Vicomte et son épouse, de l’indifférence envers Alicia et… Une étrange - mais agréable, même s’il n’en était pas fort sûr - sensation en compagnie d’Europe. Pourtant, tous ces hommes, qu’il considérait comme les bouffons d’un misérable seigneur scandinave - qui les avait probablement mis à la porte de son petit manoir d’ailleurs - qui s’étaient inventé un passé de religieux et avaient réussi à duper de nombreux gens avec leur tours - probablement la seule chose qu’ils savaient faire correctement d’ailleurs - y compris les plus hauts représentants de la chrétienté - qui descendaient en conséquence fortement dans l’estime de l’Inquisiteur en Chef d’ailleurs -, ces farceurs l'agaçaient bien trop pour que ce qu’il éprouvait pour les quelques personnes autour de cette table qu’il appréciait puissent équilibrer la balance. Une seconde raison pour rester silencieux, effectivement. Puis, de toute façon, peu lui importaient l’avancement des études de la jeune fille de l’une des Madame-Noble de Forbach ou les récents travaux effectués sur les routes menant au Comté. Quoique, si une erreur de construction avait pu provoquer un quelconque accident sur le véhicule qui avait ramené ces hommes, il aurait bien aimé en être informé pour savourer rien qu’un instant le plaisir d’imaginer leur petite mésaventure…

Les conversations ne l’intéressaient pas et il ne les entendait déjà plus. Dans l’attente de l’arrivée de la prochaine mixture qu’il devrait avaler pour enfin quitter cette maudite table, il observa Europe. Son teint était plus pâle qu’il ne l’était lors de leur dernière rencontre. S’il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec cette femme, s’il l’avait simplement croisée dans les couloirs du Château comme tant d’autres, il aurait dit qu’elle avait soigné sa toilette bien plus qu’habituellement, pour paraître encore plus blafarde qu’elle ne l’était au quotidien, dans un seul but : qu’on ne puisse douter de sa Noblesse. Mais Louis connaissait Europe. C’était lui qui l’avait invitée. Et il savait que la blancheur de sa peau était à associer avec le trouble que ressentait son esprit, à cause de la mort qui traînait sans cesse dans les rues de Forbach et pouvait coincer sa faux sous votre cou n’importe où, n’importe quand, sans même qu’on ne l’ait vue venir. Il l’avait regardée, ces derniers jours : elle n’était plus aussi coquette que lors de leur première rencontre, un moment intact dans l’esprit de Louis Institoris, mais qui lui paraissait si loin... Son visage s’était affiné en plus d’avoir pâli. Cette souffrance reflétait aux yeux de Louis celle de tout le Comté… Il cessa d’y penser volontairement, ne voulant point recommencer à culpabiliser ainsi. Il fallait être fort, et faire face à ce qui arrivait. À ceux qui arrivaient, en fait...

Soudain, alors que son regard étudiait avec attention le plat qu’il allait maintenant devoir avaler, la voix de la jeune femme s’éleva, ainsi que le visage de l’Inquisiteur, en direction de son expression grave et quelque peu agitée par la colère et probablement la fatigue. Surpris par la brutalité de l’intervention, Louis n’écouta pas les mots, mais en capta le sens. Et l’audace de la jeune femme, ce cran qu’il connaissait pourtant déjà bien, l’étonna un peu encore une fois. Face à des - prétendus - hommes d’Église, elle n’hésita pas à prononcer des paroles pas vraiment catholiques avec un ton dont le niveau de respect laissait à désirer. Louis ne fut pas en colère à l’écoute de ces mots. Il n’aurait pas apprécié de telles phrases en temps normal, mais les circonstances faisaient que ses paroles ne s’éloignaient pas tant que cela de la vérité. Et puis, si cela pouvait heurter l’un des invités, Louis aurait peut-être accepté les pires blasphèmes ce soir-là. D’ailleurs, c’est la première chose qui lui vint à l’esprit alors qu’Europe achevait son discours : quelle serait la réaction des exorcistes ? Il n’aurait la réponse que pour l’un d’eux, ce grand brun aux épaules carrées - qu’il définit tout de suite comme la brute sans cervelle du groupe à la vue de son physique - qui capta son regard trop longtemps pour qu’il puisse s’intéresser aux autres. L’Inquisiteur vit le regard de l’homme se poser sur Europe, la dévisager, sans cesse agiter ses yeux sur tout ce qu’elle laissait apparaître de son corps, le reste restant caché sous la table - fort heureusement d’ailleurs ! - et ce pendant plusieurs minutes, sans cesse. Alors qu’il sentait certains de ses muscles se contracter, il décida de tourner la tête, vers Adrien. Il lui fallait quelque chose pour s’occuper l’esprit, éloigner son esprit de la pensée de ce voyeur qui était assis à la même table que lui.


« Je dois vous avertir au plus vite d’une nouvelle, Vicomte... », dit Louis, sans se rendre compte su silence qui s’installait au tour de la table.

Lorsque sa phrase fut terminée et que sa voix grave, pourtant habituée à la discrétion, s’éteint, Louis eut tout le loisir d’entendre ce grand silence dont il rêvait depuis le début du dîner et à chaque fois qu’il fréquentait les gens de la Noblesses. Étrangement, ce moment n’était pas aussi satisfaisant qu’il avait pu l’imaginé…

Le temps s’arrêta un instant et il eut le temps de réfléchir à l’annonce publique qu’il venait de faire. Louis se dit d’abord qu’il venait de faire tout ce qu’il n’aurait jamais dû, qu’il avait réussi à se ruiner face à ses adversaires sans que ceux-ci n’aient eu besoin de sortir leurs armes, jusqu’à ce que l’un d’eux viennent briser le silence d’un « nous sommes là désormais » qu’il lui dit en posant son regard dans le sien. Louis eut un sourire, qui apparut probablement comme un sourire de politesse. En réalité, Louis était rassuré : ils ignoraient où ils mettaient les pieds, tous. Ils étaient là où l’une des plus surnoises Inquisitrices, presque aussi futée que Louis lui-même, était morte aussi facilement que les plus idiots bûcherons du village. Ils étaient là où l’on assassinait un Comte le jour même de son mariage, alors que les gardes du Château étaient plus éveillés que jamais. Ils étaient là où l’ont empoisonnait l’eau à sa source même pour offrir une souffrance mortelle à quiconque souhaitait survivre à la soif. Ils étaient là où l’on répondait à tout cela par des bûchers et des pendaisons. Et, pour la première fois de toute son existence, Louis était en quelque sorte du côté de celles qu’il était venu combattre. Si l’on ne peut vaincre l’ennemi, alors il faut s’en faire un allié.

Depuis qu’il avait comprit que ce n’était qu’une question de temps avant que le rouquin et sa troupe de comédiens ne se fassent mettre dehors là où il se battait et s’en sortait fièrement depuis plus d’une longue année, Louis Institoris vit le dîner passer beaucoup plus vite que prévu. On parlait à nouveau du temps qu’il faisait à Forbach, on riait quelques fois à une histoire déjà entendue à une centaine de reprises, on annonçait que l’on portait en soi la descendance du Comte de Forbach, on écoutait chacun parler de sa rencontre avec tel ou tel Roi de l’Est, on regardait les plats s’enchaîner sur la table. Le regard de Louis se posa à nouveau sur le visage d’Europe, fatiguée. Il regretta quelque peu de l’avoir invité. Tout cela n’était visiblement pas une partie de plaisir pour elle, et c’était fort compréhensible.
Puis, sans même s’en rendre compte, l’Inquisiteur posa ses pupilles noires sur le grand gaillard qui avait dévisagé Europe quelques minutes plus tôt et, à nouveau, l’agacement grimpa en lui comme une flèche que l’on aurait tiré vers le ciel. Il ne savait pas vraiment si les yeux de cet homme étaient posés sur la jeune femme, mais il ne doutait pas que celui-ci ne cessait de l’observer, avec de légères pauses de temps en temps, pour éviter de paraître trop impoli. Louis fronça les sourcils et, encore une fois, ses muscles se crispèrent. Il ne savait plus comment se contenir de se lever à cet instant précis, mais, heureusement, on vint à son secours.

Elisabeth d’Hasbauer, visiblement complètement secouée, se leva avant Louis et quitta la table, suivie de près par son mari. Ces deux-là n’avaient pas une vie très facile, ces derniers temps. Il devaient gérer l’arrivée de ceux qu’ils considéraient bien évidemment comme des intrus, tout en étant à la recherche de leur enfant disparue à longueur de journée, enfant dont personne d’autre qu’eux ne se souciait vraiment, mis à part lorsqu’il s’agissait de faire, entre épouses de nobles et loin de la famille du Vicomte évidemment, des suppositions macabres sur ce qui était arrivé à la jeune fille. Louis n’y pensa pourtant qu’un instant.
Bien plus que de venir à son secours, Elisabeth lui avait offert une bonne excuse.


« Veuillez me pardonner, mais je ne peux m’attarder plus longtemps à vos côtés… »

Si les deux hôtes principaux n’avaient pas correctement justifié leur départ soudain de la Salle à Manger, peu importait ce qui les raisons de celui de Louis. Ce dernier obéit donc enfin à ses muscles et se redressa. Il su cependant se retenir d’obéir à cette petite voix qui lui ordonnait d’aller remettre en place le grand costaud qui se trouvait parmi les invités. Il se contenta de lui lancer un regard noir.

« Nous aurons l’occasion de nous revoir, je suppose. Bonne soirée à vous, messieurs. Mesdames. »

Ses yeux, reflétant toujours son exaspération, se posèrent alors dans ceux d’Europe. Avec ce regard froid, ils s’excusa à la fois de la laisser là sans pouvoir lui expliquer qu’il ne pouvait plus rester à table avec ces hommes-là - ou plutôt cet homme-là -, et lui proposait en même temps de le suivre là où il allait. Il tourna alors les talons, sans même lancer un coup d’œil à Alicia. Louis, fort insatisfait et particulièrement en colère, se remémora tout ce qui venait de se dérouler derrière lui. Le bruit de ses pas s’écrasant sur le sol de la grande pièce disparaissait lentement aux oreilles des convives restés à table, et s’effaça complètement une fois la porte menant au Grand Salon refermée derrière lui, dans un claquement qui résonna sur les murs de pierre de la vaste et silencieuse Salle à Manger.

« Ils ne tiendront pas un mois ici... »

[Suivant : Le Grand Salon - Au Clair de la Lune]


Dernière édition par Louis Institoris le Lun 31 Aoû 2009 - 18:22, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/viewtopic.forum?t=10
Europe
Fugitive
Fugitive
Europe


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeSam 22 Aoû 2009 - 23:37

Sa déclaration n’avait pas fait des émules, il fallait le reconnaître. Europe s’en était doutée, pourtant une fois encore elle n’avait pu s’empêcher de dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Cette franchise désarmante ne lui était coutumière que depuis quelques semaines, depuis qu’elle côtoyait Elena pour être précise. Elle parlait comme si sa mort était prochaine, comme si il fallait absolument qu’elle confesse des vérités jusqu’alors inavouables avant de disparaître pour de bon. Ou peut-être croyait-elle que si, pour une fois, elle formulait ses pensées à voix hautes au lieu de les ressasser pendant des heures, ses prières seraient peut-être entendues. Quoi qu’il en fut, elle n’eut droit qu’à des silences songeurs ou consternés, mais à y réfléchir c’était sans doute mieux ainsi. Lasse et fatiguée, elle n’avait aucune envie de se lancer dans un débat à tendance idéologique avec une troupe d’individus malvenus.

L’Officiel d’ailleurs, venait de se lever pour déclamer à voix haute une litanie que la Sorcière n’écouta que distraitement. Prétendre au titre d’ami? Qui croyait-il donc abuser par ces propos ouvertement hypocrites? Oui, ce n’étaient pas les Exorcistes qui avaient fait choix de venir ici, c’était le Pape qui les y avaient envoyés. Mais étant ses représentants directs, personne ne pouvait faire abstraction de la méfiance naturelle et d’une certaine animosité ressenties en leur présence.
Le Pape. Que savait-il de leurs problèmes, de leurs épreuves, des souffrances d’une bande de bouseux qui constituaient un pauvre village perdu de Lorraine, que tout le monde aurait oublié si il n’était pas le théâtre de manifestations surnaturelles et exceptionnelles? Rien, bien entendu. Pas si il restait bien à l’abri dans son église, entourée de fidèles urbains et autres illusions de sécurité, loin des ruelles glacées et terrifiantes, loin des nuits obscures, loin des apparition mystérieuses.
Discours presque inutile en somme, qui n’eut d’autre intérêt que d’apprendre enfin à Europe les prénoms de l’Officiel et de l’Officieux, ainsi que des autres présents –en omettant d’avoir cité leurs noms, peut-être par volonté de créer une futile illusion de sympathie entre les deux camps.

Le reste aurait été probablement très ennuyeux si Alicia ne s’était pas levée, surplombant l’assemblée, pour lancer la plus impromptue, la plus horrible, la plus détonante des nouvelles possible: la perfide Sorcière était enceinte.
Si elle avait espéré lâcher une bombe, c’était gagné. Avec ce genre de nouvelles, l’effet était irrémédiablement garanti: Europe eut l’impression qu’un vent dévastateur avait soufflé en une seconde les flammes de ses espoirs. Ou plutôt, qu’une force mystérieuse avait ravivé celle de ses craintes. Un enfant? D’elle? On ne pouvait imaginer événement plus catastrophique! Les yeux ronds, Europe s’avisa qu’elle avait la bouche ouverte et s’empressa aussitôt de la refermer.
La première infecte engeance pervertie de la meneuse du Lys Noir elle-même et du plus puissant personnage de Forbach; l‘héritier de deux figures, l’une de l’ignorance humaine et l’autre du Mal absolu, réunies dans une seule et même personne: un enfant qui, invariablement, engendrerait un monstre, un enfant déjà maléfique alors qu’il n’était même pas encore né au monde et méritait déjà de mourir à l’éternité... Sans s’en apercevoir, la main de la Prêtresse s’était refermée sur son couteau, dont elle serrait le manche à s’en faire pâlir les jointures. Dans sa coupe en cristal, devant ses yeux fixes, dans les plis des rideaux, le visage d’Elena revint, à la fois proche et lointain, et son contact glacé se posa sur sa main, la poussant à la lever, à brandir sa lame et l’enfoncer dans le ventre haï, dans cette rondeur offensante, délétère, vicieuse et qui lui semblait outrageusement exhibé…
Attaque… allez, tu en as toujours rêvé, tu ne peux le nier… fais toi plaisir, mets un terme à ce que tu redoutes le plus, avant que tu n’en sois plus capable…

Elle revint brutalement à la réalité.
Les conversations avaient repris, peut-être avec un peu plus d’entrain que tout à l’heure. Europe cligna des yeux, mettant quelques secondes à reprendre ses esprits. Il semblait qu’elle ait eu une absence, car elle ne se souvenait absolument pas des instants immédiats qui avaient suivi l’annonce d’Alicia. Impossible de se remémorer les réactions des convives: des silences? des exclamations? elle n’en savait rien. Alicia avait été visiblement satisfaite de son effet, cela se voyait à son petit sourire suffisant. Plus que jamais, Europe sentit des bouffées de mépris monter en elle, la haine suintant de tous les pores de sa peau. Plus que de la méfiance envers sa personnalité dangereuse, la Sorcière éprouvait pour cette femme une haine viscérale, de celle que se vouent les deux protagonistes opposés d’une grande pièce de théâtre…
Soudain, Elisabeth se leva, très pâle, et après quelques vagues paroles d’excuse, sortit de la pièce sans plus de façons. Vu son teint blafard, Europe craignit qu’elle n’eut eu des vertiges ou quelque chose de ce genre. Heureusement, Adrien se leva à son tour et alla rejoindre sa femme après quelques propos polis. Rassurée, la Prêtresse tourna de nouveau son regard vers la tablée; c’est à ce moment qu’elle aperçut le regard fixé sur elle.

Le dénommé Kerwan, si sa mémoire était bonne, la fixait comme on fixe une proie, un morceau de viande, ou encore la victime de son prochain meurtre. Ses yeux malsains, sombres et pervers s’attardaient sur sa gorge découverte, son cou, comme si il rêvait d’y serrer ses doigts jusqu’à ce qu’elle étouffe. Europe n’eut aucun doute sur ses intentions: il l’observait comme une oie qui gesticule alors qu’on va l’égorger, sentant l’approche de la mort et s’en débattant de toutes ses forces. Et selon elle, il n’y avait aucune ambiguïté sur la nature même de cet homme. Il était un meurtrier, un vicieux détraqué, peut-être même un cinglé psychopathe au masque d’Exorciste sobre et silencieux. Le genre de gros bras qui ne fait qu’exécuter les sales besognes ordonnées par les cerveaux du groupe… et qui y prend plaisir. Instinctivement, elle se recroquevilla un peu, comme pour se protéger de ses yeux de loup enragé. A ce moment là, la vérité s’imposa à elle, évidente. Elle détestait les Exorcistes, dangereux, fourbes et manipulateurs. Jamais elle ne leur ferait confiance.

Résumons: Adrien et Elisabeth partis, il restait à cette table Alicia et les Exorcistes, en bref toutes les personnes qu’Europe aurait souhaité esquiver en cette fin de soirée. Elle n’avait plus qu’une envie: rentrer chez elle, s’installer dans un sofa confortable et lire un roman. Mais une fois encore, la société ne le lui permettrait pas si facilement. Seul îlot de réconfort dans cette marée de visages indésirables, Louis demeurait assis, droit et digne, son regard se posant de temps en temps sur la Prêtresse avec dans les yeux, ce sentiment qu’elle avait déjà aperçu mais dont elle ignorait encore la nature. Oui, malgré toutes ses réticences elle devait l’avouer: la présence du Chef de l’Inquisition l’apaisait. Il était à présent le seul potentiel allié dans ce repas, même si pendant des mois elle l’avait considéré comme un ennemi. Mais quelque chose avait changé depuis. Comme si un voile depuis longtemps en place s’était entrouvert pour dévoiler un peu de ce quelque chose mystérieux, secret et magnifique.
Lorsqu’elle croisa son regard, y voyant enfin le prétexte parfait pour s’éclipser de cet horrible dîner qui pour tous, sauf peut-être pour cette garce d’Alicia, avait plus été une corvée qu’autre chose, elle n’hésita pas. La grande et pâle Europe se leva, presque fantomatique, et s’inclina face aux invités, omettant toujours volontairement de féliciter Alicia pour sa grossesse.


"Messieurs, je suis moi aussi au regret de vous annoncer que je dois vous laisser. Passez une agréable soirée et un bon séjour à Forbach. A bientôt."

Sur ces mots, elle tourna les talons sans un regard pour l’assemblée et s’en fut rejoindre Louis dans la pièce voisine.

[Suivant=Au Clair de la Lune]


Dernière édition par Europe le Mer 2 Sep 2009 - 20:16, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/Premieres-Lueurs-c5/Le-Recueil-f
Alicia Loewenstein
Meneuse
Meneuse
Alicia Loewenstein


Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitimeDim 23 Aoû 2009 - 2:35

Enfin, ce dîner prenait une tournure bien plus charmante !

Bien entendu Alicia resta un instant figée dans une expression dubitative en fixant le reflet d’Elisabeth dans un plat d’argent, cette dernière restait dans une attitude d’indigence totale. La Meneuse aurait-elle raté son coup ? À vrai dire… non. Il lui fallut quelques secondes mais la Vicomtesse se leva et quitta la table un peu pâle, juste le teint qu’il fallait à Alicia pour se sentir mieux à son aise à cette table dépourvue d’un premier parasite. La jeune femme cessa de fixer le plat argenté et se remit à manger de bon appétit, après tout : elle mangeait pour deux, et cette pensée la fit légèrement sourire. C’était une première victoire qu’elle remportait à cette table, dans ce château, dans ce comté, dans cette vie qui bientôt lui ré-appartiendrait entièrement. Elle refonderait son empire sur les ruines de sa désolation surmontée.

Adrien brisa l’infime sourire de la Comtesse lorsqu’il lui adressa des félicitations auxquelles elle ne s’attendait pas, et dont le ton trop appuyé faisait vibrer l’hypocrisie le long de chaque nerf de la belle qui étreignit plus fortement son couteau argenté. Chaque parole de ce traître était une écharde qui pénétrait son dos. Elle lui avait ouvert la porte et il la lui avait refermée sur le pied. Une telle nouvelle lui emplissait le cœur de joie n’est-ce pas ? Eh bien c’est ce qu’ils verraient ! D’ici peu Adrien suppliera pour ne plus avoir de cœur tant il souffrira. La joie, la Comtesse saura lui faire oublier ! Alicia ne prit pas la peine de regarder l’expression d’Adrien, son sourire et son regard, elle s’était déjà forgée une solide idée de ce que cette expression pouvait cacher, loup supplémentaire dans ce Bal sanguinaire. Alicia préféra fixer son assiette sans même répondre aux félicitations du Vicomte.

Elle se pencha légèrement pour écouter les paroles du chef des Exorcistes. Même ce concentré de mièvreries religieuses – à peine était-il arrivé qu’il parvenait à pomper la substance positive de cette annonce pour gonfler l’étendard de sa sagesse – résonnait plus justement en l’esprit de la sorcière. Alicia lui sourit largement avant d’ajouter d’une voix aimable et suffisamment forte pour couvrir la distance qui la séparait de lui tout autant que d’Adrien :


« Tout à fait mon frère, n’est ce pas là la justice divine ? »

Oui, les dieux étaient avec Alicia s’était clair à présent. Le Vicomte quitta la pièce et une fois que le couple d’hôtes eut quitté la pièce l’atmosphère sembla plus vivable, plus agréable. Alicia alla chercher un serviteur des yeux et lui indiqua d’un regard dirigé qu’il pouvait retirer le couvert du couple d’Hasbauer. Elle se sentait à nouveau détentrice de son espace, châtelaine de son univers. Alicia posa alors ses couverts et observa un second couple bien différent du premier et presqu’aussi détestable… Les regards flottants dans la mer de leur relation étaient d’une clarté des plus contrastantes avec cette eau trouble dans laquelle ils semblaient s’être trouvés. Mais lequel des deux avait pris l’autre en son filet ?

Une fois les deux comploteurs sortis de la salle, Alicia donna son dernier coup de cuillère à son dessert avant de se lever. Elle était là la dernière noble et son pouvoir de Comtesse n’en était que plus brillant. Elle observa les visages des exorcistes qui venaient en quelques heures d’assister à un court résumé de ce qui les attendait ici-bas. Elle s’interrogea sur le destin de chacun de ces hommes. Parviendraient-ils à galvaniser les masses en faisant montre de leurs pouvoirs ? Devraient-ils fuir Forbach et le courroux du Vatican ? Auraient-ils le temps de s’échapper ou bien sombreraient-ils dans la folie comme un bon nombre avant eux, enlacés par les ténèbres tentaculaires qu’agite perpétuellement la ville du Mal ? Une chose était sûre : rien n’était gagné et chaque coup allait compter. Alicia leur sourit presque avec pitié.


« Mes frères, en ma qualité de Comtesse je désirais vous souhaiter bonne chance plus que bienvenue. Vous pénétrez sur des terres bien sombres qui depuis des années couvent des mystères que plus nul ne veut inhumer. La courte soirée que vous venez de vivre en notre présence – et je m’excuse platement de l’attitude de mes confrères - n’est rien, sachez-le, face à l’étendue des tensions qui régissent ce château comme ce comté. Si je m’autorise un pareillement franc discours, c’est que je sais de par la réputation qui vous précède ici de quelques semaines, que les Disciples du Père Marcus seront à la hauteur du défi. Entre nous… vous n’avez pas trop le choix… et croyez-moi, le Vatican sera bien assez vite le dernier de vos soucis. »

Alicia leur sourit. Un peu plus de pression ne pouvait pas faire de mal. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle attendait. Peut-être voulait-elle commencer dès maintenant à les déstabiliser afin de pousser leurs limites au plus vite… Sans quitter ses convives des yeux, elle fit un gracieux mais sec mouvement de doigt pour montrer aux serviteurs qu’ils pouvaient débarrasser la table avant de quitter les lieux. Lorsque ce fut fait, elle termina :

« Je vous souhaite une bonne nuit à présent, je m’en vais dans mes appartements afin de vous laisser discuter un peu ensemble. Lorsque vous souhaiterez rejoindre vos chambres vous n’aurez qu’à vous adresser à un serviteur qui sera posté dans le Hall et qui vous conduira. Au revoir… »

Elle leur adressa un dernier sourire avant de leur faire une révérence des plus distinguée et de quitter la pièce en refermant la porte sans bruit. Cette soirée était finalement assez positive… Alicia avançait dans le couloir à nouveau pleine d’assurance et ses cernes remplacées par un air serein. Pourtant, en passant devant un miroir elle ne put s’empêcher de baisser les yeux subitement, l’inquiétude remontant à la charge de son esprit.
Revenir en haut Aller en bas
https://witchslay.forumsrpg.com/viewtopic.forum?t=9
Contenu sponsorisé




Un dîner presque parfait – II/II Vide
MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait – II/II   Un dîner presque parfait – II/II Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

Un dîner presque parfait – II/II

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
The Witch Slay :: Entre les Pierres - Château de Frauenberg :: Le Rez-de-Chaussée :: La Salle à manger-