The Witch Slay
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 Douce voix de mon coeur.

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Douce voix de mon coeur. Vide
MessageSujet: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeMar 1 Sep 2009 - 0:57

L'après-midi s'effaçait avec une lenteur à faire pâlir l'homme le plus patient de Forbach. Il était assez tard pour que l'Eglise ne soit pas envahie par les fidèles, même pour ceux qui souhaitaient se montrer avant tout le monde. L'air frais s'engouffrait dans l'édifice comme une bénédiction pour tous ceux qui priaient. Les flammes des cierges dansaient, et les ombres qu'elles projetaient sur les murs adoptaient la même chorégraphie apaisante. Il paraissait certain que le ciel même voulait nier l'existence de ce bâtiment tant la lumière rougeâtre qu'il projetait changeait les couleurs originelles des vitraux dont certains étaient brisés. Le ciel flambait, et c'était un spectacle appréciable. L'Eglise semblait être sur un autre plan d'existence que le reste de la ville qui grouillait de monde, les activités ne manquaient pas pour les petites gens. Le bâtiment respirait à plein nez la panique ressentie quelques temps plus tôt par les mêmes petites gens.

Le ciel flambait, oui, et cela faisait plaisir à l'ecclésiastique. Les églises n'étaient pas son repère favori, même si au cours des mois on l'avait vu régulièrement dans les parages. Après tout, c'est dans ce genre d'endroit qu'il s'était forgé. Les années de silence à devoir recopier des manuscrits, à obéir à des règles de vie stricte avaient laissées leurs traces. Quelques mois plus tôt, Kerwan ne croyait en rien, sinon en lui. Aujourd'hui était différent. Après tout ce temps passé dans cette ville, et tous ces gens auxquels il s'était confronté, le doute ne faisait qu'empirer. Devait-il croire à tous ces mythes ? Les gens s'y accrochaient comme l'affamé s'accroche à un quignon rassi. Pourtant, leur victoire lors de la Saint-Jean n'avait pas été factice. Les gens avaient cessé de croire à ces esprit les hantant. Il n'avait même pas eu d'écho de la part de la Comtesse, qui, il s'en doute, si elle en avait eu l'occasion, n'aurait pas hésité à les dénoncer si un autre de ses cauchemars l'avait repris.

Cependant, il était toujours là. Lui ! Lui qui ne jurait que sur un départ ! Lui qui ne rêvait que de s'échapper ! Cette période de latence devenait douloureuse tant Kerwan était déchiré. Tous ces mystères que la ville lui offrait s'entêtait à ne pas trouver d'autre réponse que le mot "sorcière". Qu'allait-il devenir s'il devait partir ainsi, sans savoir ? Mais que deviendrait-il s'il devait rester ici ? Arriverait-il à tenir ce masque de douce piété alors que son âme lui hurlait une débauche attendue ?
S'enfonçant de plus en plus bas dans les questionnements, Kerwan s'était laissé entraîner dans l'Eglise de Zetting. Son silence, les règles strictes qu'elle lui rappelait, le forçait à la concentration et à la détermination. Ayant terminé son travail officiel à Forbach, l'homme estimait qu'il n'était plus dans l'obligation de porter sa bure qu'il ne portait que très peu, de toutes façons. Il avait donc enfilé une chemise blanche bouffante, portant les traces de différents voyages, ainsi qu'un pantalon souple, noir, et une paire de botte. La seule chose qui le différenciait de l'individu lambda était la croix en bois qu'il se sentait dans l'obligation de porter autour de son cou. Sa lèvre encore fendue du coup qu'il avait reçu jurait, elle, avec l'image de l'ecclésiastique sage et reclus dans son église.

Dans l'Eglise, il n'y avait pas grand monde. Du moins, il n'y faisait pas attention. Ses yeux parcoururent un instant l'autel, face à lui. L'Eglise semblait encore secouée de la Saint-Jean, et Kerwan sourit. Le vitrail n'avait pas encore été remplacé, mais on avait raccroché la croix. Il se signa, plia les genoux, et se demanda si ses gestes mécaniques avaient encore un sens. Naturellement, il se dirigea vers les cierges. Allumer une bougie avait toujours, en tous temps, symbolisé un espoir. Malgré son visage confiant et ses yeux hautains, Kerwan avait besoin d'espoir. Ou du moins, d'un espace calme pour réfléchir.


Dernière édition par Kerwan le Mer 2 Sep 2009 - 1:45, édité 1 fois
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Raphaël Casaviecchi
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Douce voix de mon coeur. Vide
MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeMar 1 Sep 2009 - 15:23

Dans la lumière aveuglante du couchant, rouge et sang et or moiré, une haute silhouette se dessina à contre-jour, projetant une ombre immense parmi les décombres de l'église.
Malgré la chaleur de l'été, un homme vêtu de noir, portant chapeau et manteau à large col, s'était arrêté sur le seuil de l'église, contemplant les ruines et les débris, les vitraux brisés que la lumière du couchant ourlait d'or et de pourpre.

Il ôta gants et couvre-chef d'un geste élégant, et franchit le portique ruiné, ses yeux clairs se promenant sur les pierres, les images pieuses et les croix penchées.

La plus grande indifférence se lisait sur ses traits prématurément vieillis, son regard glissait sur le désastre avec le plus grand calme, comme si tout cela ne le touchait même pas. Son pas régulier résonna dans le silence des prières, tandis qu'il se dirigeait vers la nef; parvenu face à la grande croix, il s'agenouilla et se signa, puis se redressa dans le même élan souple et rapide, qui semblait plus tenir de l'automatisme que de la réelle dévotion.

Mais un homme si secret, qui vivait sa foi de façon si intime, ne devait sans doute pas aimer faire ainsi étalage de ce faisait à ce point partie de sa vie.

Ceci fait, il se dirigea à son tour vers l'endroit où brûlaient les cierges. Dans la lumière violente du couchant, qui baignait d'une lueur d'incendie un lieu dédié à la pénombre et au recueillement, ces fragiles bougies ne brillaient plus, et semblaient plus que jamais vouées au néant et à l'éphémère. Un peu comme eux tous, après tout.
Raphaël saisit un cierge et l'alluma, puis le posa auprès des autres. Il ne prêta aucune attention à celui qui priait près de lui; ses pensées l'occupaient largement assez....
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeMer 2 Sep 2009 - 1:45

La plénitude du silence. L'Eglise ressemblait à un refuge, même après le massacre de la Saint-Jean. Le nombre de cierges avait augmenté, comme pour évité que les esprits ne reviennent. Peut-être ne voulait-on plus des exorcistes à Forbach. Leur présence inquisitrice avait mis les habitants encore plus mal à l'aise que s'ils n'avaient été des inquisiteurs. Kerwan aurait apprécié une discussion avec leur chef, Institoris. Pas en tête à tête, mais en compagnie d'un des exorcistes. L'ecclésiastique aurait été ravit d'écouter son avis à propos des sorcières, ou même des évènements derniers. Mais encore plus que les autres habitants de Forbach, Louis ne semblait pas porter les exorcistes dans son cœur. C'était compréhensible, leur arrivée sonnait comme une relève. Après tout, en quelques mois ils avaient réussi à chasser des esprits de la ville alors que les inquisiteurs étaient installés là depuis quoi ? Un an, deux ans ?

La flamme du cierge qu'il venait d'allumer dansait sous ses yeux fixes. Combien de temps était-il rester là devant, dans cette attitude pieuse ? Kerwan commençait à se dégouter lui-même. A force de jouer son personnage, il finirait par n'être que ça : un être attentif à l'autre, dévot, et sans un sou d'intelligence. Comme pour illustrer sa pensée, ses yeux firent le tour de la salle dans laquelle quelques âmes en peine étaient venues se réfugier. Ils n'étaient pas nombreux, et Kerwan ne les reconnut pas. Il en vit d'autres s'activer lentement et silencieusement à remettre un peu d'ordre à l'Eglise, de manière très primaire.

L'homme passa son pouce sur sa lèvre blessée et jeta un regard en coin à l'homme sur sa croix. Qu'est-ce qu'ils attendaient tous d'un mutilés ? En quoi s'adresser à une statue pouvait leur faire croire que leurs prières seraient entendues ? L'ecclésiastique leva les yeux au ciel, se retrouvant enfin. Il s'apprêtait à partir, sans ses réponses, mais après tout, où les trouverait-il ? Quelle était la sombre crétine qui se lèverait pour lui annoncer son statut de sorcière ?
Kerwan sourit d'un rictus mauvais. Inlassablement, ses pensées tournaient autour de la Comtesse, et il se demandait ce qu'il avait bien pu lui arriver pour qu'elle ne soit pas présente lors de l'ouverture des portes après la bataille de la Saint-Jean. Il n'envisageait pas une visite de courtoisie, loin de là, mais la curiosité le tirait en cette direction. Enfin, plus ou moins. Disons que quelques informations pinaillées ci ou là lui suffiraient. Il n'avait pas assez prêté l'oreille ces derniers temps, au château. Peut-être suffirait-il d'écouter à la porte, tout simplement ?...

Un mouvement à ses côtés le surpris. Kerwan vit la silhouette d'un chapeau en main, ce qui fut suffisant pour retenir son attention. Allez savoir pourquoi.
L'homme à qui appartenait le chapeau n'était pas d'ici, ça n'était pas difficile à percevoir. Son visage ne disait vraiment rien à l'exorciste et avait des airs d'ailleurs qui le firent rêvasser quelques petites secondes, juste le temps de se remémorer certains de ses pêchés, accompli dans divers endroits qu'il ne reconnaîtrait surement pas. Ce fut juste assez pour lui redonner la soif de l'alcool, et l'envie d'aller voir ailleurs, mais juste assez pour sourire de la présence de l'homme, d'un sourire ni bon ni mauvais, juste neutre.

Il n'y avait donc rien à perdre face à un voyageur.
Kerwan se tourna à nouveau vers les cierges, le regard fixé sur celui qu'il avait allumé un peu auparavant.


"Êtes vous un voyageur égaré et bien insouciant pour vous aventurer ainsi au cœur de Forbach ?"
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Raphaël Casaviecchi
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeMer 2 Sep 2009 - 15:31

Raphaël n'écouta que d'une oreille distraite la question du l'homme à ses côtés. Laissant de côté ses pensées et ses réflexions, il prit son temps pour répondre, posant un regard limpide sur l'inconnu.

-Égaré? Certes non. Voyageur, je le suis sans doute mais ce n'est pas le hasard qui m'a amené ici.


Contrastant étrangement avec son apparence ô combien austère, quelque chose dans son accent et dans sa belle voix grave faisait chanter les syllabes et ensoleillait ses paroles pourtant bien anodines.
Il se tenait droit et raide comme la justice, son maintient trahissant une certaine faiblesse du côté gauche; à peine eut-il détaillé son interlocuteur du regard que Raphaël reporta ses yeux clairs sur les flammes des bougies devant eux. Laissant échapper un soupir las, il gratifia les environ d'un regard rapide et un brin perplexe.


-Cette église est en sale état,
commenta-il du ton détaché, voir ironique, qui le caractérisait.

Cette simple phrase, assortie d'un rictus sans joie, en disait long sur sa propension à lâcher çà et là cet humour sinistre qu'il affectionnait.


-Que s'est-il donc passé?
Demanda-il après un silence.

L'église ressemblait, par bien des aspects, à un corps éventré, exposant à la lumière cruelle des parties qui ne devraient ne jamais connaître de la lueur du jour qu'un bref aperçu; il régnait dans ces ruines une atmosphère de secret éventé, de silence brisé. C'était à se demander comment la sainteté pouvait encore y survivre, au milieu des décombres à ciel ouvert.
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeJeu 3 Sep 2009 - 2:04

Le souffle limpide du vent. Ce fut comme une évidence, en cet instant. Kerwan se reconnut soudainement en cet homme dans ses silences. L'exorciste les utilisaient comme manipulation, une arme absolue pour tromper les gens, car ils en avaient peu conscience, mais il existait une telle variété de silence que cela pouvait devenir un art. Et il excellait tellement dans cet art que c'était à en devenir paranoïaque, quitte à chercher dans le moindre recoin du monde sans bruit ce qui pouvait se cacher. Que cachait cet homme à la voix chantante ? Avait-il des secrets ? Il était bien loin de chez lui...

Oui, bien sûr qu'il en avait. Forbach semblait attirer tous ceux qui cachaient une part de leur être, de leur histoire, comme si un aimant les obligeait à emprunter la voie de cette ville. Kerwan ne s'intéressait que très peu aux secrets des autres, hormis si ceux-ci lui étaient utiles, et son esprit s'activait pour le moment à résoudre le mystère qui encadrait Forbach.

Ses yeux se posèrent à nouveau sur l'individu, allant jusqu'à le détailler des pieds à la tête de ce regard de prédateur. S'il lui ressemblait dans ses silences, il fallait noter que le style ne collait pas du tout à l'exorciste. Il se faisait simple, dans une piété totale alors que l'étranger semblait étrangement exubérante dans sa conduite droite et cette tenue noire à vous rappeler une mort constante. Il avait à vue de nez au moins dix ans de plus que Kerwan, mais ce détail ne l'inquiétait pas pour autant. Son ignorance pour les récents évènements à Forbach indiquait clairement que c'était un imbécile, comme les autres venant se rajouter au troupeau déjà bien trop fourni. Il cacha son dégoût en détournant son regard un tiers de seconde avant de le reporter sur son interlocuteur qui, de toute façon, ne le regardait pas. L'ecclésiastique décida qu'il était temps de jouer la comédie. De toute évidence, c'était la question qu'il attendait pour jouer son rôle.


"Vous ne savez pas ?" demanda-t-il d'une voix calme, posée, à peine étonnée. Pensive, plutôt. "Il y a eu quelques perturbations, dirions nous. C'est étrange que la rumeur ne soit pas encore arrivée plus loin que quelques kilomètres, sachant que le pape lui-même devrait être informé de la situation."

En maître des mots et du tempo, Kerwan laissa une seconde s'écouler. Une fois le temps écoulé, il ressemblait à un conteur racontant ce qu'il avait vu. Sa voix s'animait par moment, brûlante de souvenirs.


"Cette ville n'est pas de tout repos. Le bruit courrait dans tout le pays que les habitants de Forbach étaient hantés par des fantômes appartenant à leurs passés. La situation critique, le Pape a envoyé quérir les disciples du Père Marcus, des exorcistes, afin de remédier à la situation. Ça a éclaté pour la Saint-Jean, les esprits sont apparus haineux, agressifs, et il a bien fallu les chasser. Ça a été un sacré carnage, ça oui, je veux bien l'avouer. Il n'y a qu'à voir l'état de cette église pour en témoigner. Néanmoins le résultat est là, je n'ai plus rien entendu à propos d'esprits. L'exorcisme est un art fin, subtil, mais efficace."

Il aurait été bien trop facile de se déclarer exorciste tout de suite. Mieux valait conserver le mystère et jouer la carte de l'ecclésiastique modeste, n'étalant pas sa victoire aux yeux de tous. Même si ce fut un jour de gloire pour le groupe des disciples du Père Marcus.
Frère Kerwan, tourné vers l'étranger, laissa un sourire flotter sur son visage à ce simple souvenir.
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Raphaël Casaviecchi
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeJeu 3 Sep 2009 - 13:14

-Je vois.

Raphaël n'apprécia que très moyennement l'ironie déguisée sous les paroles du religieux. Le prenait-il pour un simple d'esprit? Ce pouvait être un avantage, on se méfiait rarement des idiots. Encore fallait-il que l'ombrageux sicilien acceptât de mettre de côté le peu d'estime de soi qu'il possédait encore...
Un mince sourire étira, l'espace d'un instant, le coin de ses lèvres.


-Je n'aime guère prêter l'oreille aux rumeurs. Rien ne vaut un témoignage de première main, et le vôtre me renseigne bien plus que tous les commérages que je pourrais récolter, d'ici à Nancy.


Le regard posé sur les flammes dansantes des bougies, il esquissa un nouveau sourire, qui ne dépassa pas l'ampleur du précédent. Comme s'il avait perdu cette habitude, et que toute manifestation de joie ou d'humour sur sa face tannée par le soleil ne pouvait pas dépasser le stade du commencement de début d'esquisse timide.

-Les nouvelles sont parvenues jusqu'à Versailles, bien que fort vagues, et manquant singulièrement de crédibilité,
poursuivit-il du même ton tranquille. Je m'y suis intéressé, et je me suis dit que ma présence pourrait y être utile.

Quittant Paris, il avait voyagé jusqu'à cette bourgade de Lorraine, traversé des pays vidés par la guerre et les épidémies, contemplé une fois de plus l'affreux visage de la misère. Mais rien n'avait remué son cœur figé, rien n'avait éveillé en lui la moindre pitié. Ce n'était pas par grandeur d'âme qu'il était venu se perdre ici; fatigué des Amérique, lassé de Versailles, la sinistre Lorraine avait semblé être un écho satisfaisant à son être dévasté.
Écoutant avec attention le récit de l'inconnu, il hocha doucement la tête, songeur, passant une main sur son menton que bleuissait une barbe mal taillée.


-J'ai du pain sur la planche, si je comprend bien. Si les esprits dont vous parlez ont disparu, les sorcières demeurent, et contre cela, je puis faire quelque chose.

Il tourna vers l'ecclésiastique un regard inquisiteur et perçant.

-J'ignorais que des exorcistes officiaient ici. Je suis curieux de les rencontrer...

Laissant sa phrase en suspens, Raphaël le gratifia d'un sourire un brin plus large que les précédents.

-Ils ont l'air effectivement plutôt efficaces, en effet; et vous, monsieur, quel fut votre rôle dans ces évènements? A vous entendre, vous semblez avoir assisté à nombre de choses..
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeJeu 3 Sep 2009 - 15:28

Cette attitude droite, pincée, stricte, faisait mouche dans un tel lieu. Il semblait froid, distant, voire même d'un autre temps. Comme si rien ne l'affectait. Kerwan aurait pu sourire de cela, mais il s'en fichait. Cela lui prouvait bien qu'il était totalement différent de cet homme, même en sa nature profonde. Il portait un masque, constamment, mais arrivait à se lier avec les gens. Que ce soit de manière dangereuse, ou d'une réelle affection. Car malgré tout le mal qui sommeillait en lui, comme des impulsions du malin, Kerwan pouvait ressentir autre chose que de l'envie, du désir, ou du besoin de sang. Jusqu'à aujourd'hui, la seule personne a laquelle il fut réellement attachée fut son père, à qui il vouait une aura particulière. Même si son meurtre l'avait touché d'une manière particulière, il continuait à l'aimer, et chérissait sa pensée lors des moments les plus vides de son existence.

En l'occurrence, ça n'était pas le moment de s'apitoyer sur le sort de quiconque. La conversation prenait une tournure intéressante, puisque l'étranger se révélait être un chasseur de sorcières. Cela suffit amplement à amplifier encore la curiosité de l'ecclésiastique qui le détailla une nouvelle fois, sous un jour nouveau. A n'en pas douter, cet homme avait déjà eu affaire à des sorcières. Sinon, pourquoi faire tout ce chemin pour une petite ville de Lorraine ? Se sentait-il prêt à subir le joug des sorcières du pays ? Elles ne s'étaient pas encore révélées, mais l'exorciste brûlait d'envie d'en rencontrer.

Il était facile à une femme de se confier à Frère Kerwan, mais il ne savait pas comment s'y prendre pour attirer un homme de fort caractère à lui. Il ne s'était jamais risqué à l'expérience puisque la vie avait voulu qu'il ne rencontre que des naïfs voulant protéger femmes et enfants. La roue tournait et le voilà face à un homme aussi perçant qu'intelligent. Du moins, c'est ce que déclamaient ses yeux vides la plupart du temps.


"Versailles, vous dites ?... Alors vous avez fait une très longue route. Chaque histoire rapportée de Forbach semble empreinte de fantasque, sortie d'un imaginaire improbable. Il est malheureux de se rendre compte, une fois arrivé, que les choses sont vraies. Et une fois que nous avons mis le nez dans les affaires de ces gens, il est impossible d'en sortir. Il est trop tard, nous avons pris goût au mystère de Forbach."

Les yeux dans le vague, la voix à peine murmurée, Kerwan semblait avoir dit ça plus pour lui que pour quiconque. Il avait toujours ce sourire amusé sur le visage, qui flottait, tangible, et pourtant comme sur le point de s'effacer. Ses traits adoucis par le sourire lui donne presque un côté charmeur, si différent du prédateur présent dans ses prunelles grises.

En sentant l'intérêt qu'on lui portait, l'exorciste reporta vivement son regard sur le chasseur, et soutint son regard inquisiteur avec une lueur de défi dans les yeux. En arrivant ici, jamais il n'avait pensé devoir empiéter sur les Inquisiteurs, seulement, l'intérêt changeait. Les esprits envolés, sa curiosité maladive à propos des sorcières s'éveillait largement, comme si elle devenait sa seule échappatoire. Jonas n'avait pas encore sonné le départ, sûrement attendait-il quelques jours pour que leur départ ne paraisse pas précipité, et Kerwan savait pertinemment que le temps qui lui restait ne serait jamais suffisant pour connaître le fin mot de l'histoire. Cette période d'attente ressemblait à un piège qui se refermait doucement sur lui. Autant dire que c'était à le rendre fou.

"Oh oui, j'ai vu pas mal de choses au cours des années, mais rien qui ne ressemble à cet endroit. La terreur qui se lit dans les yeux de ces gens n'est pas dû à la simple présence des sorcières, si sorcières il y a vraiment car je n'ai pas eu la chance d'en voir une jusqu'à présent. Les gens sont terrifiés à la simple idée de devoir croiser la route d'un membre de l'Inquisition. Alors oui, si vous être un Inquisiteur, ce que vous semblez insinuer, alors vous avez du pain sur la planche. Je ne suis là que depuis quelques mois, mais j'ai pu me rendre compte que la confiance avait déserté ces lieux. Si vous voulez trouver les sorcières, vous allez devoir gagner la confiance de tous ces gens, ce qui n'est pas chose aisée, loin de là."

Kerwan préférait garder son statut d'exorciste secret, comme si cela lui épargnerait la vie, ou peut-être qu'une telle révélation lui donnerait un coup d'avance sur la prochaine partie. Il n'avait pas envie de devoir faire ses preuves devant un étranger, alors que l'efficacité des exorcistes avait déjà était faite. Néanmoins il s'amusa de voir que l'homme l'appelait "monsieur", ce titre ne lui était plus consacré depuis un petit moment. Le fait qu'il ait déclaré sa curiosité à l'égard des exorcistes ne semblait pas si anodin aux oreilles de l'ecclésiastique. Comme quoi, la promesse d'un départ rendait les gens paranoïaques.

"Avez-vous déjà rencontrer Monsieur Institoris ? C'est un homme d'une très bonne conversation, je pense, lorsqu'il est de bonne humeur. Il me semble que c'est à lui de vous expliquer la situation. Après tout, vous n'avez pas besoin de commérages supplémentaires."
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Raphaël Casaviecchi
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeJeu 3 Sep 2009 - 16:43

Raphaël l'écouta parler, sans cesser de le fixer; il garda longuement le silence, comme s'il réfléchissait tout en assimilant toutes les informations -dites ou seulement suggérées- que pouvaient lui apporter le discours de cet homme. Un pli d'étonnement perplexe souleva ses sourcils épais, et il sembla perplexe, songeur, ses longs doigts ornés d'une unique et massive chevalière frottant pensivement son menton.

-Seigneur Dieu, dit-il après un instant de silence. Si l'on m'avait dit que tout ce que l'on raconte sur ce village est vrai, j'aurais un peu plus prêté l'oreille à toutes ces rumeurs, même les plus folles. Mais j'avais besoin d'entendre un véritable témoignage, pas seulement des racontars de bouche à oreille, forcément déformés. J'ai du mal à croire les on-dit, et je préfère cent fois un bref récit de première main à de longs discours rapportés d'on ne sait où.

Soulageant enfin le prélat de son regard insistant, il reporta ses yeux clairs sur la lueur dansante des cierges.

-J'ai une fâcheuse habitude des situations périlleuses, dit-il d'un ton tranquille. Nous verrons bien si je m'en sors cette fois...

A nouveau, un sourire sinistre étira ses lèvres. Quel sens de la litote... Situation périlleuse? Il avait survécu aux guerres contre les indiens, aux épidémies, à la jungle, aux rivalités avec les espagnols et à pas mal d'autres aléas où d'autres avaient laissé la vie; pour lui, ce nid de sorcières ne serait pas bien différent...
Quoique. Il repensa aux visages qu'il avait croisés, à l'église en ruines et au récit du frère près de lui. Un mystère, une terreur, tout semblait indiquer que Raphaël se casserait les dents sur cette affaire; même Institoris, le grand Institoris, n'avait semblé pouvoir faire quoi que ce fut pour extraire de cette terre la lèpre qui la rongeait.


-Je n'ai pas eu l'honneur de rencontrer frère Institoris,
dit-il soudain, comme s'il pensait à voix haute. Un homme compétent, si ce qu'on dit de lui est vrai. J'ai hâte de vérifier par moi-même l'exactitude des rumeurs. Peut être a-t-il hérité de la clairvoyance de son aïeul, mais je lui espère une fin moins tragique.

Comme un automatisme, son éternel rictus lugubre lui vint aux lèvres et repartit aussi sec.

-Vous avez raison, lâcha-il avec un petit rire sans joie. A peine ai-je mit les pieds ici, à peine vous ai-je écouté raconter quelle insondable terreur sévit dans ce village, que je n'ai qu'une seule envie: découvrir de quoi il retourne, même si je dois pour cela y laisser ma peau.

Ses yeux verdoyants revinrent se poser sur son interlocuteur, et il sourit, avec bien plus de sincérité qu'auparavant.

-Je crois bien que ma curiosité me perdra. Pouvez-vous m'en dire plus?
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeVen 4 Sep 2009 - 19:02

Tout se passait, à priori, à merveille. Kerwan avait esquivé la question qui le taraudait avec facilité, et se sentait même prêt à renouveler l'exploit. Ce fut comme une sensation d'intelligence supérieure qui l'assaillit, et faillit faire monter le sourire aux lèvres. L'engourdissement provoqué par une telle sensation en rajoutait une couche, comme si ça n'était pas assez. S'il avait eut plus d'orgueil, Kerwan aurait pu se croire le plus intelligent de tous ici. A vrai dire, il n'était pas très loin de cette croyance.

Il observait l'étranger comme on observe un spectacle : dubitatif, et inquiet. La lumière semblait jouer avec ses traits, comme si le noir de ses vêtements pouvait être mis en valeur par le flambant du ciel. Et dans l'univers dévasté de l'église, témoin réel d'une lutte fantasmée, le chasseur de sorcières était à sa place, comme si chaque élément présent l'appelait, comme un être victorieux. C'était à se demander si le dénouement de cette pièce ne serait pas le vol de la victoire de la Saint-Jean, par les Inquisiteurs. Oseraient-ils faire cet affront aux disciples du Père Marcus ? Kerwan ne doutait pas que ce soit possible, au contraire, et surtout, il ne voyait pas pourquoi l'Inquisition devrait avoir peur de quelques types en bure. Il fronça les sourcils, contrarié par cette simple pensée avant de l'effacer soudainement. Son esprit lui jouait certainement des tours. Le nombre étonnants de témoins pour cette lutte entre humains et esprits rayait cette possibilité, du moins, une bonne partie.


"Voyant votre prestance, je suis surpris que vous ne sachiez pas que la vérité se cache souvent plus dans les racontars que dans les récits de première main. Il n'est pas rare que les gens bien pensants arrangent des histoires pour se mettre en valeur. Il vaut mieux comparer les récits de première main, par ce qui se dit aux coins des rues, croyez-moi."

Sans le vouloir, l'exorciste avait pris un ton taquin, complice, qui lui servait en temps normal à jauger le sang-froid de son interlocuteur. Nul doute qu'ici aussi, ce serait utile, mais cela venait peut-être un peu vite. D'un autre côté, Kerwan s'amusait de l'attitude de l'étranger, cet être pincé au regard dur qui ne voyait pas à qui il parlait. Se portait-il toujours ainsi, ou était-ce un privilège réservé à Frère Kerwan ? Est-ce que la parole d'un Frère valait mieux que la parole du premier paysan qui passe ? En ce cas précis, bien sûr que non, même si l'exorciste ne lui racontait pas de sornettes. Et puis, dans cette église, il ne représentait rien, si ce n'est un homme avec une croix en bois autour du cou. L'ecclésiastique sourit en songeant au pouvoir que donnait la religion au premier fou qui s'y emmitouflait. Et pourtant, cette couverture ne donnait ni chaleur, ni réconfort, simplement l'espoir d'un après. Dérisoire espoir que celui qui vous promet de n'être pas qu'un tas de poussière.

"Vous en dire plus ? Mais sur quoi ? Que vous faut-il savoir, Monsieur ? Voulez vous connaître les histoire que se racontent les enfants pour se faire peur ? Ou bien les rumeurs qui proviennent du château ? Voulez-vous savoir comment s'est passée la lutte de la Saint-Jean ? Ou encore les terribles méfaits qu'on commis les sorcière durant la dernière année ? Je serais bien heureux de pouvoir renseigner l'Inquisiteur qui se présente dans cette église, mais je vous préviens que je ne pourrais vous en dire plus que ce que sait un paysan ayant l'oreille qui traîne. Ce que me confient les gens, ma foi, n'est qu'une histoire entre Dieu et eux."

Le visage poli, Kerwan bouillonnait intérieurement du personnage qu'il tramait aux yeux de cet Inquisiteur. Oh, il était bien évidemment dangereux de jouer ainsi, mais l'exorciste n'en était pas à son premier coup d'essai. Et puis l'image du Frère sympathique et respectueux était celle qu'il confectionnait depuis le début. S'il brûlait son être à tenter de paraître pour ce qu'il n'était pas, cela l'amusait énormément, sous couvert de la peur de ne plus être que l'ombre de lui-même.
Mais dans cette conversation entre deux hommes ayant subis des épreuves, Kerwan aimait être ce conteur dont la parole était prise pour une parole sainte. Il voyait déjà toute l'importance que cela lui donnait.
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Raphaël Casaviecchi
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeDim 6 Sep 2009 - 23:34

-Je vois, dit Raphaël d'un ton pensif. Vous soulevez effectivement un grand nombre de questions, et j'ai comme l'impression que plus j'ai de réponses, plus celle-ci soulèvent d'interrogations.

Il manipula distraitement quelque chose dans le col de son habit, puis reprit du même ton distant, détaché, qu'il avait depuis le début de la conversation.


-C'est à l'auditeur attentif de faire le tri entre les mots, et de déceler ce qui se cache dans les histoires. Avec certaines personnes, c'est aisé; mais d'autres gardent tous leurs secrets... C'est un exercice qui me plaît. On peut en apprendre beaucoup, si l'on se montre perspicace. Et certains cachent derrière leurs paroles bien plus d'informations que n'en délivreraient de longs discours.


Sous-entendu que l'inquisiteur n'était pas si dupe que ça. Il y avait quelque chose, sous la façade paisible de l'ecclésiastique; quelque chose qu'on lui cachait, à dessin, ou involontairement. La façon qu'avait l'homme de s'enflammer soudainement au souvenir des récents évènements, par exemple. Le fait qu'il ne se soit pas présenté, pas plus qu'il n'ait décliné son rôle ici. Mais il semblait étrangement au courant, et sans nul doute avait-il prit part, d'une façon ou d'une autre, à ces mêmes évènements.
Un mince sourire lui vint aux lèvres.

Le mystère, encore et toujours. Il avait l'impression de s'enfoncer dans une brume toujours plus épaisse, et que les réponses qu'il recevaient ne dégageaient que de petites parcelles de lumière, qui révélaient d'autres zones d'ombre, encore et encore... Peut être sa quête serait-elle dénuée de sens, il l'ignorait. Mais au moins avait-il un but, ou à tout le moins un cap vers où se diriger, au milieu des eaux troubles où il surnageait depuis des années.


-Au risque de paraître insistant, puis-je connaître votre nom? J'ai horreur de m'adresser à quelqu'un sans savoir comment l'appele
r.

Ce disant, il eut un autre de ses sourires figés. Tournant sa tête brunie vers l'ecclésiastique, il y eut quelque chose d'inquiétant sur sa face, dans l'insondable de ses yeux noirs et froids; Raphaël n'était pas quelqu'un d'un naturel rassurant.
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeVen 11 Sep 2009 - 20:46

Lançant une nouvelle fois dans la foule des émotions de Kerwan un "je vois" d'une froideur à faire pourrir un glaçon, l'étranger faisait passer un étrange message. Du genre à calmer l'ecclésiastique, ou du moins, à le mettre sur ses gardes. Relevant un peu la tête devant cet intrus au regard d'acier, il se demanda s'il n'était pas venu ici pour lui voler son rôle de manipulateur, tout du moins celui d'homme qui se cache. Pas apeuré pour un sou, ni même inquiet à outrance, l'homme d'église continuait d'observer son interlocuteur d'un sourcil intrigué.

Voyant qu'il ne répondait pas à sa tirade de questions, et qu'il se contentait de répliquer une affirmation que Kerwan connaissait sur le bout des doigts, l'exorciste se contenta d'un hochement de tête poli, détaché, montrant sans affront que ce genre d'idées n'étai
t soit pas un secret pour lui, soit d'aucun intérêt à ses yeux. Il laissa donc mourir un instant la phrase du chasseur de sorcières dans les débris de l'église, retenant un sourire.

Son exaltation ressentie quelques minutes auparavant venait de se dissiper face à son interlocuteur si peu prolixe. Il portait un intérêt non-négligeable à tout ce qui se rapportait aux sorcières, de près ou de loin, mais il ne semblait pas prêt à prendre parti dans toutes les cordes que lui lançait l'exorciste.
Il était néanmoins très intéressant de remarquer que même les étrangers croyaient aux histoires de sorcières qui se narraient jusqu'à Versailles. Ou s'ils n'y croyaient pas, ils trouvaient l'histoire assez intéressante pour venir jeter un œil, et même chercher quelque chose de sous-entendu sous les beaux discours d'un paisible homme d'église.


"Je suis Frère Kerwan."

Et pour illustrer ses propos, il s'inclina, humble, cachant son envie d'exercer le pouvoir de ses mots sur cet Inquisiteur. La voix froide de ce dernier exprimait une tranquillité non déguisée que l'exorciste trouvait étrange. Tous les Inquisiteurs qu'il avait rencontré jusque là semblaient heureux de purifier le monde. Etait-il possible qu'il se soit trompé, et que cet homme ne soit pas sous le commandement de Louis Institoris ?

Pensif, et soudainement distant, Kerwan se retourna vers les décombres de l'Eglise en faisant quelques pas. Il n'y avait que très peu de personnes présents, et ceux qui étaient là priaient avec ferveur, ce qui n'était pas surprenant en voyant l'état des lieux. Les secrets de leurs prières semblaient tous se ressembler, puisqu'il ne faisait aucun doute qu'ils priaient pour que les esprits ne reviennent plus les hanter. L'exorciste trouvait cela méprisable, et, dos à l'étranger, il s'autorisa une petite grimace au bruit des murmures de ferveur remontant à ses oreilles.
Il tourna son visage lentement vers son interlocuteur, une lueur amusée luisait dans ses prunelles tandis que son visage s'entêtait dans une expression neutre. Trois quarts dos à l'Inquisiteur, le soleil couchant créant une ombre qui s'allongeait à n'en plus finir sur un mur, Kerwan reprenait un aspect de grandeur dont il ne semblait pas s'apercevoir. Il leva son bras gauche, et d'un mouvement ample désigna toute l'église Zetting, sous entendant son état.


"Dîtes-moi, Monsieur, vous qui avez fait un si long voyage pour voir de vos yeux ce qui se raconte sur Forbach, quelles sont vos impressions ? Devant le spectacle désolé de cette église, quelles sont vos pensées ? Croyez-vous, comme il se raconte, que les sorcières sont à l'origine de l'apparition de ces esprits ?"

[ Je suis désolée du temps mis à répondre, j'ai des soucis en ce moment. ]
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeMar 29 Sep 2009 - 21:19

[désolée de mon retard à moi aussi, mon pc est tombé en carafe... ^^"]

-Je n'ai jamais rien vu de pareil, mais je n'ignore pas de quel mal sont capable certaines, qui ont de bien moindres pouvoirs. Les sorcières qui sévissent ici semblent particulièrement redoutables, frère Kerwan.

Il resta silencieux un instant, comme s'il réfléchissait plus au simple nom du religieux qu'à tout ce qu'il venait de dire.
Raphaël fit quelques pas, poussant du pied quelques décombres, puis passa en revue le reste des lieux.


-Je préfère ne rien laisser au hasard, reprit-il. Il est effectivement probable qu'elles ont pu invoquer ces esprits, aussi il convient de prendre toutes les précautions. J'irai m'entretenir avec frère Institoris, ainsi qu'avec les exorcistes, afin d'en savoir le plus possible sur ce qui se passe ici; je crains de ne pas être très utile si je ne sais pas exactement quels évènements ont eu lieu, et quelle a été la nature des démons dont vous parlez.

Il se gratta pensivement le menton, puis eut encore un de ses sourires fugaces.

-Je préfère ne pas tirer de conclusions trop hâtives, aussi je m'abstiendrai d'émettre autre chose que des hypothèses.

Un silence passa, à peine rompu par les murmures des prières.

Raphaël réfléchit un long moment, passant en revue ce qu'il avait vu ou apprit; il brûlait de se perdre dans les eaux troubles du mystère où il s'engageait, de mettre sa raison et son esprit au défi, de percer à jour cette énigme dangereuse... Se jetait-il dans la gueule du loup? En aurait-il été sûr qu'il n'aurait pas reculé. Peu importe ce qu'il y perdrait, il ne lui restait plus rien qui eût encore de la valeur à ses yeux, hormis peut être quelques souvenirs fanés.

Enfin, après s'être un peu éloigné au fil de sa marche pensive, il revint auprès de Kerwan.


-Vous êtes peut être également las de demeurer dans l'incertitude quant à mon identité. Je me nomme Raphaël Casaviecchi.

Ce disant, il fit une petite courbette, dont l'élégance trahit -involontairement ou non- la noblesse de ses origines.
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeVen 2 Oct 2009 - 20:31

La manière dont l'Inquisiteur avait prononcé le nom de l'exorciste fut telle qu'il resta en suspens dans chaque recoin de l'Eglise. Kerwan en fut amplement satisfait, sentant, bien évidemment que son identité tracassait l'étranger. Mais plus le temps passait, et plus il sentait qu'il avait fait le bon choix d'esquiver les questions en rapport avec son rôle dans l'affaire de la Saint-Jean. Les questions qui semblaient brûler les lèvres de l'Inquisiteur à l'accent chantant ne paraissaient pas rassurantes pour un imposteur.

D'une douceur acerbe, sa voix résonnait dans l'église comme si elle cherchait une cible à pourfendre. Kerwan s'étonnait d'un tel calme, et de la hargne qui semblait émettre une lueur, au fin fond de l'intonation de sa voix. On lui avait dit, un jour, que l'orgueil caractérisait les habitants de Forbach. Peut-être que cet Inquisiteur pouvait alors demeurer à Forbach tout le reste de sa vie. Ses mots glissaient sur le faciès de l'exorciste toujours trois quarts dos à son interlocuteur. Déjà ailleurs, les yeux fixant un point sur l'habit de l'homme, il ne semblait plus n'écouter que d'une oreille.

Esquissant un sourire sans adjectif pour le décrire, l'exorciste finit par se détourner complètement du dénommé Raphaël Casaviecchi. Face à son ombre, à l'abri des regards de l'Inquisiteur, Kerwan agrandit son sourire quelques instants. Tout à son rôle, ce-dernier s'abandonnait complètement pour paraître un autre que ce qu'il était. Etait-ce ainsi que le reste de sa vie devait se dérouler, ou pourrait-il enfin vivre pleinement ce qu'il était réellement ? Y avait-il un monde plein de pulsions pour lui tendre les bras ?

Dans le ton de sa voix, et surtout dans ses paroles, Kerwan avait perçu l'envie de savoir, cette même envie qui l'animait. L'espace d'un instant, il se demanda s'il ne pouvait pas se faire un allié, mais l'idée semblait trop précoce pour pouvoir germer. Toujours dos à Raphaël, l'exorciste haussa un sourcil, mécaniquement. Et puis, tout son faciès redevint neutre.


"Avant que vous ne partiez faire votre enquête, dites-moi pourquoi vous semblez convaincu que votre présence pourrait faire la différence."

Finalement, Kerwan se retourna arborant un visage d'une neutralité absolue, la tête très légèrement inclinée vers le bas. Le jeu qu'il jouait avec Raphaël était tellement différent de celui qu'il avait pu jouer avec la comtesse, ou n'importe quel habitant de Forbach. Il n'était plus le bon homme d'église cherchant la confiance des pauvres âmes.

"Loin de moi l'idée de mettre en doute vos capacités, mais je me demande simplement en quoi vous pouvez être différent des Inquisiteurs qui cherchent à maintenir l'ordre par la terreur. Sans le résultat escompté."

La curiosité l'avait emportée. Kerwan voulait voir la réaction de l'étranger pour se faire un avis sur ce nouveau protagoniste.
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Raphaël Casaviecchi
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeVen 1 Jan 2010 - 17:17

Raphaël haussa les épaules et cette fois, son sourire parut presque sincère, et ne fut pas seulement un mouvement automatique des muscles de son visage; quelque chose dansa, brièvement, dans ses yeux impassibles. Une étincelle de vie, l'ombre d'un sentiment, d'une émotions qui traversa sa face tannée le temps d'un rictus.

-Mes confrères et moi-même avons peu ou prou tous les mêmes méthodes, frère Kerwan. Il n'y a pas trente-six manières d'extraire l'épine de la chair. Mais visiblement, tout ce qui a été entreprit a échoué, aussi, il est vrai que nous devrions songer à une autre méthode. Je m'entretiendrai avec mes supérieurs, ils sauront sans doute quoi faire à présent; je ne suis qu'un simple homme de main, et "l'innovation" ne rentre certes pas dans mes attributions.

Il sourit à nouveau, brièvement, les yeux dans le vague.
Rien ne le différenciait, en effet, du plus binaire des porte-lames... Sauf que lui avait une croix, et un mandat de la part de l'Eglise. Mais excepté cela, ses méthodes étaient parfois tout aussi expéditives que celles du premier troufion venu; Raphaël avait depuis longtemps cessé de croire en ce qu'il faisait, et ne voyait plus que dans le sang des femmes celui de l'exécrée Federica, dont le spectre le hantait sans relâche, quoi qu'il fisse de sa pauvre existence.

Après un moment de silence, Raphaël enfila ses gants avec grand soin, et rajusta machinalement le col de son habit.


-Un homme seul peut parfois faire la différence, ou tout du moins apporter sa pierre à l'édifice; je tâcherai de me rendre utile du mieux que je pourrai, nous verrons bien si cela aura un quelconque effet.


Il resta silencieux un moment, gratifiant les environs d'un large coup d'œil vaguement indifférent; enfin, il salua d'un geste, et se détourna, s'apprêtant à partir.

-Je vais aller m'entretenir avec frère Institoris, que je puisse avoir sa version des faits; peut être pourra-il me dire quel rôle serais-je amené à jouer ici, et en quelle mesure je pourrais lui venir en aide.

Raphaël termina ses paroles avec un léger sourire sinistre, ses yeux perdus dans les ombres longues qui zébraient le carrelage de l'édifice.

-Peut-être serons-nous amenés à nous rencontrer de nouveau, frère Kerwan; en attendant, que Dieu vous garde.

Sur ce, il s'en fut, son manteau effleurant les gravats, comme un spectre flottant parmi les ruines, son visage masqué par les cheveux qui tombaient sur son front; ses yeux clairs restèrent baissés, comme s'il en avait assez vu de cette demeure ruinée, exposant à tout vent ses entrailles de pierre.
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MessageSujet: Re: Douce voix de mon coeur.   Douce voix de mon coeur. Icon_minitimeDim 31 Jan 2010 - 2:31

L'inquisiteur, cherchait-il à s'excuser, ou à l'impressionner ? Voulait-il prouver sa valeur de simple homme de main ? Kerwan fut déçu. Déçu de ne pas voir l'intelligence sous ces yeux, mais juste un besoin d'action. Raphaël Casaviecchi n'en restait pas moins un dangereux prédateur, mais ne possédait pas de potentiel pour les initiatives autres que violentes.

L'innovation... l'innovation ! En voilà un bien joli mot pour dissimuler des actes de pure barbarie. Il faudrait qu'il y pense à l'avenir. Ça avait un goût doux, de progrès et d'avancées. Ça avait une odeur de confiance et d'envie. Quel bonheur.

Kerwan se contenta de hocher la tête, le regard ailleurs, pensif, silencieux, vêtu de sa cape d'homme d'église, sans révéler celle d'exorciste. Et puis, comme las, il reporte son regard sur l'homme qui enfilait ses gants. A vrai dire, il n'avait rien contre les massacres. L'exorciste n'avait rien contre le sang, la violence, le désir, mais frêre Kerwan, si. Alors il devait se détacher, avec ce regard dur et sévère. Soucieux, même, de la protection des fidèles et pauvres gens.


J'espère que vous apporterez la paix à cette ville, en faisant preuve "d'innovation", comme vous le dites si bien. Ou bien que vous vous contenterez de sacrifier les coupables, et seulement eux. C'est en cela que vous serez utile.

Et puis, l'homme au parler exotique le salua et sortit, ne manquant pas de le faire garder par Dieu. Lorsqu'il fut assez loin, Kerwan s'autorisa un petit sourire amusé par cette simple phrase. Fallait-il qu'on ne croit pas en soi pour avoir besoin d'invoquer un dieu quelconque au milieu d'une discussion.

Enfin, cette dernière avait été intéressante, assez surprenante, même. Tous les inquisiteurs étaient des volontaires, ça en devenait surprenant. Eux, les exorcistes, avaient été traînés de ville en ville, contraints par des règles et un enseignement. Les Inquisiteurs étaient libres, eux.
Ah... douce liberté...


Kerwan attendu quelques longues minutes, impassible, immobile, avant de sortir à son tour de l'église, toujours aussi pensif, mais une décision faisait son petit brin de chemin en lui. Il suffisait simplement de l'écouter...
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