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 D'un père à sa fille

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Adrien D'Hasbauer
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Adrien D'Hasbauer


D'un père à sa fille Vide
MessageSujet: D'un père à sa fille   D'un père à sa fille Icon_minitimeDim 27 Déc 2009 - 23:11

L’heure était enfin arrivée. Depuis tout ce temps, il n’avait pu qu’entrapercevoir sa fille au détour d’un couloir, ou même d’une rue. Il n’avait pas pu lui parler, ne serait-ce qu’un instant, ni même la serrer une fois dans ses bras. Sa fille était revenue, mais il n’avait pas pu jouir de cette joie avec elle, car Alexandrine n’était pas vraiment revenue. C’était ses traits, son corps, mais son esprit était supplanté par celui de l’Oracle, et, avec le temps, Adrien se demandait si l’esprit de sa fille n’avait pas été annihilé. A vrai dire, il avait eu suffisamment de nuits pour y songer, mais l’hypothèse que deux esprits puissent vivre dans le même corps lui semblait totalement incroyable. Même le cas des possessions ne rentraient pas vraiment dans cette catégorie, puisque l’Oracle semblait être beaucoup plus qu’un vulgaire fantôme. L’incroyable pouvoir qu’il, ou elle, dégageait, supplantait de loin celui de n’importe lequel de ces esprits venus et mués par la violente passion qu’est la vengeance. L’esprit d’Alexandrine avait-il été préservé ? Acculé dans un coin de son corps, attendant que l’Oracle achève son œuvre et la libère ensuite ? Le Vicomte ne pouvait répondre à aucune de ces questions et cela l’excédait, d’autant plus que l’Oracle ne l’avait pas autorisé à la voir, à lui parler. Il ne connaissait pas vraiment ces motivations, mais cette décision l’avait sidéré. Comme seule réponse, une lettre lui avait été donnée, par un coursier. Étrangement, il avait tout de suite reconnu l’écriture de sa fille, mais le vocabulaire employé était bien trop évolué et pesé pour être vraiment issu de la jeune fille, même si elle avait reçue une éducation poussée, il était certaines tournures de phrases, certaines façons de dire, que l’on n’apprenait pas auprès d’un précepteur.

Cette lettre annonçait clairement que le Vicomte d’Hasbauer, père de la petite Alexandrine, devait se tenir le plus à l’écart possible de la jeune fille jusqu’à la date-butoir du vingt-sept décembre de l’année seize-cent vingt-huit. Deux mois d’attente ! Et pour quel motif ? Celui, somme toute assez vague, de ne pas la déranger psychologiquement parlant alors qu’elle avait en tête de purifier toute la ville de Forbach des esprits venus la hanter. Quel mal y aurait-il eu à ce qu’il puisse voir sa fille et la serrer dans ses bras ? Rien qu’une fois ? Cela faisait tellement longtemps qu’il ne l’avait pas vu, qu’elle revenait, dirigée par je ne sais quel esprit, qui, en plus, lui interdisait de voir sa propre fille ?! Du joli n’est-ce pas ? Mais qu’aurait-il pu faire d’autre qu’attendre ? Rien bien sûr. Mais le père qui l’était avait souffert de cela, beaucoup souffert même. Il avait eu l’impression de devenir un étranger pour sa propre fille, son propre sang. Un parfait inconnu dont on ne soucis guère plus après l’avoir croisé. Comment ne pas souffrir dans cette situation ? Et diable pourquoi avait-il fallu que ce soit Alexandrine ? N’aurait-elle pu prendre personne d’autre ? Pourquoi pas lui à la place de sa fille ? Il aurait tellement voulu la préserver de ce genre d’évènements… Qui sait quelles séquelles cet épisode aurait sur elle ? Si tant est qu’elle reviendrait à elle une fois celui-ci passé ? Après tout, quelles garanties avait-il ? Sincèrement… Aucune.

Mais ce soir, cela changerait. Dans ses appartements, il attendait patiemment l’heure du rendez-vous. Elle devait se montrer ce soir, sinon, de gré ou de force, il verrait sa fille. L’Oracle lui devait des comptes, et avec deux mois d’intérêts. Ce soir il voulait des réponses à ses questions, et il les obtiendrait. L’Oracle avait beau s’attirer les faveurs de l’ensemble du peuple, ce dernier n’avait pas consenti à devoir abandonner sa fille pour autant de « miracles ». Tout étincelant et immaculé puisse-t-il être, il avait maintenant des comptes à rendre, et ses réponses avaient simplement intérêt à convenir, sinon il s’exposerait à la fureur d’un père…
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MessageSujet: Re: D'un père à sa fille   D'un père à sa fille Icon_minitimeLun 28 Déc 2009 - 17:40

Deux jours après Noël. C’était l’échéance fixée il y a des semaines de cela par l’Oracle pour qu’Adrien puisse s’entretenir avec elle. L’Oracle aurait pu lui offrir cette entrevue pour Noël, quel beau cadeau… Malheureusement elle savait fort bien que ce qu’elle avait à dire n’était pas digne d’un merveilleux don de Noël. Elle était de plus extrêmement occupée par des affaires de première urgence. Ainsi, en ce soir du 27 décembre 1628, l’Oracle marchait de son pas immuablement calme et rapide, encadrée de sa garde rapprochée simplifiée à deux soldats seulement dans l’enceinte du château. Les pans de son lourd manteau de fourrure blanche voletaient. Ses cheveux étaient coiffés en un haut chignon tressé de rubans bleutés. Son teint de peau était d’une pâleur extrême. Elle avait des airs de grande dame que sa taille et les traits de son visage auraient pu trahir si son regard n’était pas si intense, puissant et grave.

Les serviteurs s’écartaient en une révérence lors qu’elle passait dans les larges couloirs. Elle arriva devant la porte des appartements du Vicomte. Elle frappa trois fois. Le son de la voix d’Adrien attint ses oreilles. Un garde ouvrit la porte pour elle. Elle leur fit alors signe de la laisser seule dans cette chambre. Cette autorité naturelle émanant de l’Oracle était d’autant plus marquante qu’elle devait faire la moitié de leur hauteur. Ils se postèrent de chaque côté de la porte après l’avoir refermée. Une très légère clarté filtrait par les grandes fenêtres, harmonisant une lueur pâle et spirituelle à l’aura de l’Oracle mystique. Dehors la neige tombait. L’Oracle blafarde irradiait. Elle fit une révérence respectueuse à Adrien d’Hasbauer et attendit qu’il lui proposât de s’installer dans un fauteuil. Une fois assise face à lui, en un contact frontal et intime elle sourit poliment pour introduire son discours.


« Monsieur le Vicomte d’Hasbauer, nous tenons à vous prier de nous excuser d’avoir tant retardé cet entretien. Il en allait du bon fonctionnement de notre campagne d’exorcisme du comté de Forbach. Hier encore nous vivions une journée fort chargée. Vous êtes naturellement en droit de connaître bon nombre d’informations à notre propos et à propos de votre enfant. À commencer par notre choix d’hôte jusqu’à la raison de notre refus de prendre contact avec vous. Nous imaginons comme cela a du vous paraître cruel, mais nous vous prions de croire que c’était d’une absolue nécessité. Votre fille, Alexandrine, est le support de notre action. Nous agissons par son corps. Si nous l’avons choisie elle, c’est d’une part car elle était l’une des premières que nous rencontrâmes, d’autre part car elle est des plus pures et enfin car elle est bien connue des sorciers et sorcières qui sont la raison de notre venue, pour l’élection du Gardien. Ce choix était capital car nous ne pouvons pas changer de corps. Votre fille n’est pas morte, son âme est simplement endormie le temps que nous achevions notre mission. C’est là la raison de ce dispositif de sécurité dont nous nous entourons. Nous nous devons de protéger notre hôte pour mener à bien notre mission qui consiste également à ne pas endommager le corps de votre fille. Nous ne sommes pas là pour influencer l’Histoire. Notre présence ne doit influencer vos vies qu’au minimum nécessaire. Notre but est de vous restituer Alexandrine intacte. Elle aura dormi une année, c’est le sacrifice à payer… Si nous ne vous avons pas laissé approcher c’est parce que votre présence, votre contact, aurait pu réveiller l’esprit de votre fille, nous mettant dans l’incapacité de mener à bien le moindre exorcisme. Nous avions besoin d’être en pleine maîtrise de nos moyens. »

Ses mots pouvaient sembler dur dans le fond malgré leur forme qui se voulait la plus claire et diplomatique possible. Mais l’Oracle ne faisait pas dans l’approximatif et ce qu’elle expliquait était inaltérable. Elle avait les jambes croisées. Sa voix était légèrement plus grave que celle dune fillette, un peu double, comme rauque.

« Vicomte Adrien d’Hasbauer, nous sommes aujourd’hui prête à vous accorder un entretien avec Alexandrine, la vraie. Seulement, afin qu’elle ne prenne trop de place et nous empêche de terminer notre office, cette entrevue ne pourra qu’être brève, nous ne pouvons vous dire précisément combien de temps. Nous ne pouvons pas non plus vous promettre des retrouvailles idylliques, nous ne pouvons prévoir ses réactions face à un changement de situation aussi fort. De plus, nous ne vous imposons pas cet entretien car nous concevons qu’il puisse aussi bien être salvateur que traumatisant pour vous… »

Elle fixait Adrien, ni dure ni attendrie, simplement à l’écoute.
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MessageSujet: Re: D'un père à sa fille   D'un père à sa fille Icon_minitimeMar 29 Déc 2009 - 20:47

Assis dans l’un des deux fauteuils qui faisaient face à la fenêtre, Adrien contemplait la neige qui tombait dehors à la douce lueur de la lune blafarde dont le halo berçait Forbach vers une nuit douce. Il aurait voulu faire les cent pas, mais il s’était finalement résolu à attendre paisiblement installé que l’Oracle vienne honorer le rendez-vous qu’elle avait elle-même fixé. C’est d’ailleurs précisément à l’heure dite que trois coups à la porte des appartements du Vicomte vinrent troubler la quiétude de ce tableau apaisant et presque apaisé. Sans bouger, Adrien accéda à la requête muette sachant pertinemment de qui il pouvait bien s’agir. Il écouta en silence le bruit que fit la poignée, se courbant sous une main docile et volontaire, le bruit léger et presque silencieux de la porte qui s’ouvre, et le bruissement d’un vêtement d’une personne qui s’avance, à peine recouvert par le son de la même porte qui, à présent se referme. Il n’avait rien vu de la scène, pourtant il s’imaginait parfaitement cette dernière sans le moindre problème. Il visualisait parfaitement l’Oracle, à présent derrière lui, et percevait sans problème l’aura pâle et mystique de cette dernière, toutefois, toute Oracle qu’elle était, dans le reflet volatile de la grande fenêtre, c’était sa fille qu’il voyait. D’une main qui dépassa alors du fauteuil, il pointa son jumeau, tranquille et docile à côté du Vicomte, et dit d’une voix posée :

« - Je vous en prie, installez-vous. »

Il n’aurait bien entendu jamais vouvoyé sa propre fille, mais le fait était que cette jeune femme qui se tenait maintenant en face de lui, même si elle avait les traits de sa fille, n’en avait ni le regard, ni l’esprit. A cette vision, il ressentit un fort pincement au cœur, simplement parce qu’il aurait eu envie d’étreindre celle qui lui manquait tant depuis trop longtemps. Mais il devait s’y faire, ce n’était pas Alexandrine devant lui, ce n’était pas ce brin de jeune femme curieuse et rusée, ni cette jeune fille qu’il prenait dans ses bras quand il rentrait… Qu’il était loin ce temps, et encore une fois, Adrien regrettait d’avoir fait payer à sa famille les conséquences de ses propres choix à lui. Mais maintenant que le mal était fait, il fallait faire face… Tout comme Adrien du faire face aux terribles paroles de l’Oracle. Il devait faire face à la « nécessité » du sacrifice consenti, à l’obligation de laisser sa fille « dormir » une année entière pour le salut, relatif au demeurant, des Sorcières, faire face au devoir inhérent d’accepter de faire comme s’il n’avait pas de fille pendant toute cette période pour ne pas interférer… La fureur muette qui s’embrasa dans le cœur du Vicomte ne trouva écho que dans un silence apaisant. Comment pouvait-il mettre de côté sa fille ? Quel parent décent, aimant un minimum son enfant, pourrait-il accepter ce choix ? L’espace d’un instant, il failli exploser, envoyant Olrun, le Lys Noir, et tous les autres au diable. Il n’aspirait qu’à une chose, qu’on lui rende sa fille ! A présent qu’il avait du temps à consacrer à sa famille voilà qu’on la lui arrachait en partie !

Son regard croisa la neige qui tombait dehors, en silence, dans un calme absolu, chaque flocon suivant le chemin qui lui était destiné, à moins qu’un brin de vent le pousse un peu plus loin, lui permettant de découvrir d’autres horizons, peut-être moins propices. Le Vicomte s’aperçut alors qu’il était debout devant la grande fenêtre et que ses poings étaient serrés. Passant une main dans ses cheveux, il allait se retourner quand l’Oracle lui fit une proposition à la limite de l’indécence. Ne venait-elle pas lui demander de faire une croix sur sa fille ? Pourtant son cœur le désirait ardemment. Poussant un soupir, il se retourna vers la jeune femme qui n’avait, malgré les apparences, rien à voir avec sa fille. Son regard clair se faisait pourtant bien sombre, et en disait long sur son état d’esprit.

« - Gardez votre pitié pour vous Oracle, je n’en ai pas besoin. La seule chose que je veux de vous, ce sont des promesses, la promesse qu’une fois votre devoir, ou votre mission, achevé, vous disparaîtrez, laissant à nouveau le corps de ma fille pour elle seule. La promesse qu’elle ne gardera aucune trace embarrassante de cet épisode, et, bien entendu, la promesse de tout faire pour qu’il ne lui arrive rien durant l’entièreté du temps pendant lequel vous possèderez son corps. Je n’accepterai rien d’autre de vous à part cela. »

Adrien avait conscience qu'il venait de faire une croix sur la seule possibilité de revoir sa fille avant une année entière, et une partie de lui en souffrait terriblement, ce qui devait briller en fond, dans son regard, mais il lui avait fallu faire ce choix, c'est finalement... le plus sage, à défaut d'être le meilleur.
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MessageSujet: Re: D'un père à sa fille   D'un père à sa fille Icon_minitimeMer 30 Déc 2009 - 0:05

Ce corps qu’elle contrôlait, l’Oracle le contrôlait mieux que si son esprit s’était développé à l’intérieur. Elle ne bougeait pas, ses jambes toujours croisées, son regard grave mais tranquille, ses lèvres inexpressives et ses fins doigts délicatement posés sur ses jambes. Elle restait impassible face aux réactions d’Adrien qu’elle comprenait bien différentes des conventions qu’elle avait pu découvrir en quelques mois au sein de l’humanité et de la noblesse. Tout d’abord il ne l’avait pas regardée lorsqu’elle était entrée et qu’il lui avait proposé un siège. C’était une marque d’irrespect aux antipodes de la considération. Il y aurait eu de quoi être vexé. L’Oracle fixe gardait ses yeux sur lui, en rien inquiétée, simplement observatrice. Elle nota ainsi les poings serrés du Vicomte. Là encore elle avait appris que le poing serré était chez l’être humain soit une phase d’intériorisation de la douleur, soit une configuration martiale pour lancer une attaque violente telle que le crochet du droit, ou plus simplement, le direct. Là non plus elle n’avait à s’en inquiéter. Elle avait vu dans les mémoires des habitants du château et même chez certains petites gens qu’Adrien n’était pas d’une nature violente et qu’il était surtout d’une sagesse sans nom. Or frapper l’Oracle reviendrait à frapper sa fille. La séquelle ne serait pas pour elle.

La réponse du Vicomte à la proposition de l’Oracle ne la surprit pas. C’aurait probablement été une épreuve trop difficile pour un homme tel qu’Adrien d’Hasbauer, humaniste émotionnel. L’Oracle ne pouvait que respecter sa sensibilité. Les mots employés pour cette réponse étaient directs. L’Oracle lisait l’affect. Il se révélait finalement insultant en rejetant plutôt qu’en déclinant. Cet homme souffrait. L’instinct paternel n’était pourtant que peu prouvé et présent partout où elle était allée. Ici la haine contre l’Oracle était le versant amer de l’amour qu’il portait à sa fille. Si il était aussi vindicatif, c’est parce qu’il était terriblement aimant. Comprenant cette logique propre à l’homme, l’Oracle ne prenait rien contre elle. Elle n’en avait de toute façon ni le temps, ni l’utilité. Elle n’était là que pour clarifier la situation, elle était, pour ce faire, obligée de contrarier les idéaux immédiats du Vicomte, mais elle pouvait également ainsi le rassurer. Il lui redemandait ce qu’elle lui avait déjà dit. Il n’était qu’à moitié dans le raisonnement, face à sa fille et à ce que l’Oracle pensait pouvoir nommer d’elle-même son « anti-fille », le sentiment trônait.

Le ton autoritaire qu’il employait était la marque d’un désir d’obéissance de l’autre. Il se réfugiait sous la coupe de la domination et du pouvoir. Il « voulait » des « promesses », il ne daignerait « accepter » rien d’autre d’elle. Il ne se pensait peut-être pas en situation de force, mais ses mots trahissaient soit un dégoût menant à une animosité soit une peur menant à une animosité. Si ce n’était les deux… Quoi qu’il en soit ce ton était à l’évidence déplacé, inconvenant, et par-dessus tout inutile. L’Oracle en comparant cette analyse à ce qu’elle pouvait lire de son passé droit dans ses yeux, en déduisit que l’homme qu’elle avait en face d’elle n’était pas comme d’habitude et que c’était bien naturel face à celle qu’il considérait comme le preneur en otage de sa fille. L’Oracle sourit amicalement avant de prendre la parole.


« Vicomte, vous savez pertinemment ce que nous sommes et ce dont nous sommes capable… Nous ne sommes qu’une envoyée des Dieux, pas un Dieu. Nous ne pouvons pas vous donner la moindre assurance, la moindre promesse sur l’avenir car nous n’en avons pas les moyens. Nous aimerions vous promettre que tout finira bien, mais nous ne le pouvons pas. Nous sommes simplement un esprit façonné par ceux qui nous observent en cette seconde pour accomplir une mission. Ils ne nous ont pas créée de corps et nous en sommes navrée. Adrien, voici les promesses que nous pouvons vous donner sans mal : nous avons fait, nous faisons et nous ferons absolument tout ce qui est en notre pouvoir pour mener à bien notre mission qui consiste en partie intégrante à vous restituer votre fille telle que nous l’avons trouvée, jeune, belle, intelligente et aimée… Nous n’avons pas de corps mais croyez bien que nous avons un cœur qui est celui des dieux qui ne souhaitent qu’exaucer vos prières. Nous ne promettons rien quant à demain car ce n’est pas nous qui tirons les ficelles. Mais nous promettons de mener à bien notre mission et mieux elle se déroulera plus vite vous retrouverez votre fille. Si vous nous soutenez en notre tâche, car unis nous serons plus forts que séparés, vous participerez vous-mêmes au retour d’Alexandrine. Pour répondre à vos exigences nous devons donc en avoir une envers vous : nous promettez-vous de nous aider dans notre quête ? »
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Adrien D'Hasbauer
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Adrien D'Hasbauer


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MessageSujet: Re: D'un père à sa fille   D'un père à sa fille Icon_minitimeMer 20 Jan 2010 - 21:21

Déchiré par l'idée d'avoir du faire, et fait, une croix sur sa fille pour une durée d'une bien longue année, le Vicomte n'avait pas perdu ses moyens mais n'avait pas réussi à refouler totalement l'animosité qui l'animait en cet instant. N'importe quel père, doté d'un minimum d'amour pour sa fille, n'aurait pas supporté que cette dernière soit prise en otage de cette manière. Qui plus est, les paroles de l'Oracle étaient une chose, mais pouvait-on réellement lui faire confiance ? Le doute était quelque chose qui le rongeait terriblement, et s'il y réfléchissait un peu, il n'aurait pas eu ce doute s'il ne s'était pas agit de sa propre fille. L'Oracle semblait la clef de tout et augurait un futur un peu meilleur que le présent actuel, mais pourquoi avait-il fallu que ce soit sa fille ? Les raisons invoquées par cette « Entité supérieure » étaient recevables, valables, logiques... Mais Adrien d'Hasbauer était tout sauf rationnel ce soir. Après tout quelle logique continuerait-elle de suivre pour mener à bien son plan ? Irait-elle jusqu'à sacrifier des âmes innocentes pour y parvenir ? Il n'en savait rien, mais quelque chose au fond de lui, lui disait que c'était le cas. Et pourquoi les Dieux s'intéressaient-ils maintenant au sort de Forbach ? Auraient-ils enfin été touchés par les atrocités qui y ont été commises en leur nom ? Ou peut-être avaient-il décidés de mettre fin à cette mascarade et avait envoyé un émissaire pour cela. Tant de possibilités...Tant de raisons de faire confiance, de ne pas faire confiance... Pourquoi sa fille ? Pourquoi elle ? Il était convaincu qu'il y avait une autre possibilité, mais de toute façon c'était trop tard maintenant...

Le doute commençait à le tenailler, à s'insinuer dans chacune des brèches qu'il créait lui même, prêt à faire éclater tout ce qui pouvait encore être sûr à l'esprit du Vicomte. Il devait se reprendre, la panique ou une explosion de colère ne seraient pas la solution à tout cela. Plus il regardait sa fille, moins il avait l'impression de la voir, un peu comme si elle disparaissait au profit d'autre chose. Métaphoriquement, c'était ce qu'il se produisait, sa fille resterait une inconnue pendant une longue année, au profit de quelque chose dont il ne savait rien, hormis ce qu'elle daignait lui confier, à lui, comme aux autres, car, finalement, il n'en savait pas plus que n'importe qui. Elle était là pour désigner le nouveau Gardien, le successeur d'Abigaël. Elle avait exorcisé toute la ville d'un revers de la main et s'était approprié les bonnes grâces de tout le monde de l'autre. En même temps qui aurait pu aller à l'encontre d'une jeune fille qui venait de vous débarrasser d'un fantôme qui vous hantait depuis des mois ? N'importe qui se serait mis à genoux et aurait béni son intervention. Ce qui a du être le cas plusieurs fois sur son passage. Tout le monde ne parlait que d'elle, de ses miracles, et, par chuchotements, de ce qu'elle allait faire pour les Sorcières, pour ceux qui étaient au courant, bien entendu.

Sa réponse intrigua Adrien. Non pas qu'il s'attendait à de véritables promesses, mais au-delà de sa tentatives de nier toute responsabilité en cas de problème, l'idée qu'elle ait besoin de lui le fit frémir. N'avait-elle donc pas tous les pouvoirs ? Exorciser quelqu'un n'était pas de son ressort à lui, pourquoi aurait-elle besoin de son aide ? Bien entendu, il y ne restait plus un seul fantôme, mais Adrien ne se voyait pas d'une quelconque utilité pour celle qui semblait dotée de pouvoirs beaucoup plus importants que les siens. S'il n'avait pas été remplacé par Lorenzo à la tête de Forbach, il aurait pu également comprendre ce qu'elle lui demandait, mais là, que pouvait-il encore faire pour elle ? Le mystère planait encore dans un léger silence lorsqu'il se risqua :


« - Et qu'est-ce qu'un homme comme moi pourrait faire pour vous aider ? »

La volonté de l'aider n'était pas absente, juste le doute concernant l'utilité pour elle, car son intérêt à lui était de récupérer sa fille au plus vite.
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MessageSujet: Re: D'un père à sa fille   D'un père à sa fille Icon_minitimeJeu 21 Jan 2010 - 1:10

Cet homme était bon. Manifestement il transpirait ce que les hommes appelaient la bonté. Il ne souriait pas bêtement, il n’avait pas une voix suave ou doucereuse, il n’avait pas de manières sur jouées. Il parvenait à paraître naturellement bon, profondément. Comme tout homme il portait cette haine, cette colère, cette passion, celle de l’homme d’honneur honoré. Mais sa raison était aussi agile que celle d’un philosophe ou d’un mathématicien. Oui il aurait pu être un scientifique. Sa raison sondait toujours, créant le doute or le doute était bien un moteur d’évolution jusqu’à la limite de l’absurdité, c'est-à-dire au-delà de l’évidence. Ses valeurs, insufflées par ceux qui l’avaient éduqué puis par la vie elle-même à commencer par sa femme, en avaient fait un homme généralement respectueux et honnête, dans les mesures de la bonne humeur et de la bonne-foi qu’offrait son statut d’ancien administrateur de Forbach, prêtre d’Olrun, père d’une fille possédée par un esprit étranger. Adrien d’Hasbauer correspondait à un canon de grandeur d’âme, la plupart des mémoires que l’Oracle avait eu l’occasion d’analyser l’avaient confirmé. Ca ne voulait pas dire que c’était vrai. Ca voulait dire que c’était ce qu’il parvenait à faire ressentir autour de lui.

L’Oracle l’observait réfléchir, observait ce regard inquiet pour l’avenir, cette veine saillante à la lumière faiblissante, l’esprit de cet homme fonctionnait à toute vitesse, elle le voyait. Elle se disait aussi que ça pouvait paraître presque un peu cruel de le laisser compter les cartes qu’il avait en main alors que celles qu’il cherchait n’était pas dans son jeu. Il cherchait l’arcane, l’inconnue, la clef. Mais il ne l’avait pas, l’Oracle elle-même n’avait pas toutes les cartes. Les Dieux avaient-ils toutes les cartes ? La situation actuelle pouvait en laisser suspicieux. Or tout homme à qui l’évidence n’apparaît pas encore reste dans le doute. Adrien doutait, l’Oracle aurait pu le parier. Elle sentait cette tension distante de la méfiance animale. L’Oracle n’en était pas contrariée, elle en était plus que satisfaite. Afin de convaincre il est normal de faire douter. Elle savait qu’à l’heure venue tous doutes s’évanouiraient et que le Vicomte s’en voudrait d’avoir douté. Mais si en cette heure Adrien doutait alors l’Oracle faisait ce qu’elle devait faire : enclencher une réflexion dans son esprit. Elle n’était ni effrayée ni éblouie des lumières de la Raison humaine, elle comptait dessus.

Ce qui était dangereux pour sa mission était le doute de l’homme bon. Car cet homme bon était aimé et écouté des autres. Si cet homme bon transmettait le doute à ses amis et connaissances, une coalition non productive pourrait naître et là où seuls la méfiance et le doute étaient nés chez Adrien, ce serait un refus et un blocage qui se créerait chez tous envers l’Oracle. Car la Raison d’un homme pouvait être enrayée par la passion, la peur, d’un groupe. L’être humain était complexe car sociable. Elle devait compter sur l’entendement de cet homme et se demandait s’il aurait les épaules. Sa récente expérience, sa première appréhension, du genre humain, lui avait permis de comprendre que c’était lors de sa vie - et particulièrement de son enfance - que se créait un caractère prêt ou non à affronter les duretés de l’avenir. Si les paysans rudes résistaient le mieux aux déceptions quotidiennes et évènementielles c’était parce qu’ils avaient vécu dedans depuis leur plus tendre enfance alors que leur mère était morte en couche et que leur père alcoolique les battait. Adrien était né de parents qui s’aimaient, avait connu une enfance paisible, s’était à son tour marié avec une femme qu’il aimait et avait eu des enfants qu’il aimait. Depuis trois ans il était confronté à la douleur et aujourd’hui sa fille était face à lui mais toujours disparue. Aurait-il les épaules suffisamment solides pour tenir malgré ça et conserver un doute raisonnable or de la haine ? L’Oracle l’espérait, elle gardait foi en les valeurs d’Adrien.


« Vous êtes un homme bon et qui doutez… Les gens vous écoutent. Vous êtes prêtre, vous êtes vicomte, vous êtes humaniste, les gens vous apprécient, croyez-nous, plus que vous ne le pensez. Vous pouvez nous aider à les assurer de notre volonté d’y arriver, de notre volonté de les sauver. Votre doute est légitime et doit vous amener à prendre les bonnes décisions, nous avons confiance. Soutenez notre cause auprès des sorcières. Vos sœurs sont en danger et elles ont besoin de nous, vous et nous. Plus nous serons sûre de la fidélité des sorcières, plus vous serez sûr de retrouver votre fille. C’est simple, c’est logique, c’est cruel, mais c’est vrai. Nous vous laissons y réfléchir… »

L’Oracle posa un regard compatissant sur l’homme qui souffrait. Puis elle se leva en silence pour se diriger ver la porte. Elle tourna la poignée, promit à Adrien que la fin du cauchemar était proche, et s’engouffra dans le couloir ténébreux, créature blême suivie de ses deux ombres.
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