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 Tout reste à faire

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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


Tout reste à faire Vide
MessageSujet: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 21:10

Orage et Nuit.
Un vieux dicton de l'enfance de Mattea disait que les chemins sans voyageurs étaient fréquents, mais que les voyageurs sans chemin étaient légion. Cette fois-ci, elle n'était pas perdue. Elle savait précisément qui elle était et où elle allait. Si Mattea n'avait pas peur de voyager seule, parce qu'elle se savait protégée par son statut, elle n'en mesurait pas moins les risques. Elle n'avait rien qui puisse intéresser les brigands de grand chemin, mais n'était pas à l'abri d'un revirement soudain, transformant un hypothétique vol en meurtre ou pire, en déshonneur, ni d'un scélérat impénétrable à la crainte de Dieu. Pour le moment, elle avait voyagé sans encombre. De plus, sa monture était bonne et tenait la distance. Il ne restait plus que quelques lieues avant Forbach. Sous la lourde pelisse, Mattea haussa les épaules. Repasserait-elle par ce lointain endroit où, ce jour néfaste dont elle ne savait que penser, avaient commencé ses souvenirs ?

Si elle y passa, elle ne reconnut pas l'endroit. Mattea atteignit Forbach sans passer par le lieu qu'elle redoutait. Elle ralentit son cheval de prix, le mit au pas et pénétra la ville. Une capuche recouvrait ses traits et elle s'en sentit soulagée. Pour rien au monde elle n'aurait voulu que quelqu'un surprenne son regard ébahi. Ses yeux suivaient la ligne inégale des toits, ne se déposant qu'un bref instant sur chaque élément digne d'importance. C'était comme si, d'un coup, elle voulait tout découvrir et tout comprendre. Mattea découvrait Forbach, elle s'en imprégnait. Ici, un jour, il s'était passé quelque chose. Les sorcières et elle. Elle et les sorcières.

- C'est donc à ça que tu ressembles, Forbach...

Mattea savait où elle allait : à la Collégiale. Elle tenait à découvrir par elle-même l'endroit où le bâtiment se cachait, comme si débusquer ce premier lieu la plaçait dans de meilleures dispositions pour débusquer les sorcières. Et puis surtout, elle n'était pas femme à demander son chemin.

Elle ne prit pas le temps de descendre dans une auberge : elle aurait largement le temps de le faire après son entrevue avec le chef de l'Inquisition locale. Elle ne prit pas non plus le temps de se changer. Les frasques larges et confortables du voyageur lui convenaient. Elle venait de décider de ne pas revêtir son uniforme le temps de sa mission. Sa mission disait qu'elle pouvait prendre les mesures nécessaires à l'accomplissement de son objectif. Il était temps de commencer. Porter le voile et la croix en bois serait amplement suffisant.

Lorsqu'elle attacha son cheval devant la Collégiale, payant grassement un gamin pour qu'il veille dessus, elle tenta un instant d'imaginer la personne qu'elle allait rencontrer. Quelle personne avait bien pu être chargée de l'Inquisition, tout en conservant assez d'influence pour ne pas se faire détrôner, malgré le manque de résultats ? Mattea franchit l'entrée de la Collégiale sans s'éterniser sur ces questions. Elle aurait la réponse bien assez vite.
Mattea fut rapidement abordée par un domestique. Sans lui prêter plus d'attention qu'elle n'avait coutume de le faire à Rome, elle le regarda durement avant d'énoncer simplement, comme la personne qui a naturellement l'habitude d'être obéie :

- Menez-moi aux quartiers du Chef de l'Inquisition.

Le domestique avisa un instant le voile et la croix de Mattea, avant de répondre avec un signe de la tête :

- Si vous voulez bien me suivre.

Mattea avança derrière lui sans hésiter. Ils prirent un couloir, puis un second, avant de s'arrêter devant une porte. Aucun nom. Peu importait : elle saurait très rapidement à qui elle avait affaire.

- Qui dois-je annoncer ?

Mattea n'hésita pas. Elle était dans le doute quant à la façon de se présenter face à celui qui serait son supérieur dans les mois à venir, mais il était hors de question de le montrer à son interlocuteur. C'est sans marquer de temps d'arrêt qu'elle répondit :

- Mère Mattea, de Rome.

Elle n'ajouta rien et attendit patiemment d'être introduite. Elle s'avança d'une démarche assurée dans la salle, détaillant déjà chaque aspect de la pièce, incapable de se départir de son regard inquisiteur. Dossiers, plume et livres : à n'en pas douter, elle était dans l'antre de celui qui consignait tout par écrit et organisait le suivi des affaires. Son regard se baissa sur l'homme qui occupait la pièce. Bien qu'elle n'en laissât rien paraître, elle fut hautement surprise. C'était cette crevette, le Chef de l'Inquisition ? Elle qui était habituée à la carrure impressionnante d'Amaël de Saint-Loup et des autres Chevaliers, elle se demanda si elle n'avait pas affaire à un mignon. Puis, elle rejeta l'idée avec force. Au sein de l'Inquisition ? Certainement pas. Elle s'approcha encore, jusqu'à rencontrer le regard de son interlocuteur. Et elle ressentit plus qu'elle ne comprit sa tristesse. Elle aurait dû le deviner aux livres : c'était une mélancolie qui émanait du Chef de l'Inquisition. Au fond de lui-même, cet homme doit être implacable, pensa-t-elle. Sinon, comment expliquer sa position ?

D'une voix calme, elle se présenta :

- Je me nomme Mattea. Normalement, un courrier de Rome vous a informé de mon arrivée.

Si ce n'était pas le cas, la déduction serait facile : elle aurait été trompée par le domestique. Elle regarda l'homme qui lui faisait face et termina, sans se rendre compte que sa froideur avait quelque chose d'impressionnant :

- Je viens d'arriver à l'instant, mais peu importe. Parlez-moi de Forbach. Je ne doute pas qu'il y ait beaucoup de choses à savoir.
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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
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Sébastien Garin


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MessageSujet: Re: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeJeu 4 Mar 2010 - 0:17

    Il y avait tant à faire. Entre les quelques inquisiteurs et les hommes de mains, c’étaient plusieurs dizaines de personnes qui devaient manger, dormir, aller aux latrines. Il fallait gérer la logistique de tout ceci et sans aucune aide. Le Second avait droit à aucun secrétaire, aucun intendant pour cela. De même il y avait la population à recevoir, à rassurer. Il fallait un interlocuteur qui n’était pas le Chef, qui avait besoin de temps et d’un minimum de tranquillité pour diriger, mais cet interlocuteur devait tout de même être assez haut placé pour que l’on n’ait pas l’impression d’être mal reçu. C’était donc le devoir du Second, et la population de Forbach en profitait. Depuis que l’Oracle était arrivé, il y avait cependant moins de plaintes mais elles étaient d’autant plus graves. Les affaires graves nécessitaient un dossier important d’où la pile de papiers qui encombrait le bureau de Sébastien Garin.

    Il fut dérangé dans sa lecture par un des rares domestiques de la Collégiale qui annoncait la venue d’une certaine Mère Mattea. Un nom pareil n’était pas courant, et un « inquisiteur » pareil non plus. Sur son ordre de mission, il était indiqué qu’elle provenait de l’Ordre des Carmélites et que, sauf avis contraire, elle continuait d’y appartenir. Sébastien Garin compara la véritable Mère Mattea à l’image qu’il en avait. Nettement plus jeune, les seuls signes distinctifs de son appartenance aux ordres était son voile et le gros crucifix qu’elle portait autour du cou, pour le reste, ses vêtements de voyage cachaient tout. En tout cas, ce n’était pas le genre de femme à qui on pouvait marcher sur les pieds, son regard dur le prouvait suffisamment, elle n’était pas là pour jouer un rôle de pion. Le Second soupira, mais il se consola en se disant qu’elle ne pouvait pas être plus indocile que Touchedieu.

    En plus de l’intérêt qu’elle portait en tant que Second, Sarah Geisler s’intéressa à Mère Mattea en tant que femme. Femme dans l’Inquisition comme elle, mais leurs parcours n’étaient certainement pas les mêmes. Dicté par un désir de vengeance pour Sarah Geisler, certainement par ambition pour Mère Mattea. Sarah Geisler était entrée dans l’inquisition par fatalité, Mère Mattea était entrée… pour quoi ? En tout cas, c’était de son plein gré.

    « Votre ordre de mission ? Oui, bien sûr que je l’ai reçu. Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue. Je suis Sébastien Garin, le Second de Louis Institoris.»

    Sébastien Garin tritura une pile de papiers pendant quelques secondes puis abandonna : ce n’était pas important. Il convia son visiteur à s’installer dans les fauteuils de cuirs autour de la cheminée. Il claqua des doigts et envoya le domestique chercher du vin chaud. Enfin seuls, il se cala dans son fauteuil d’une façon un peu avachie et put répondre à la question de Mère Mattea avec cette voix à mi-chemin entre le grave et l’aigu, entre le masculin et le féminin :

    « J’espère que vous avez fait un bon voyage, Mère Mattea, vous voilà désormais à Forbach. Je vous épargne toute la poésie du lieu, personnellement ce brouillard éternel me tape sur les nerfs. Retenez surtout que Forbach n’est pas situé bien loin de la Porte des Enfers : Nous sortons tout juste d’une année très pénible où de véritables revenants nous ont assaillis. Les exorcistes envoyés par le Vatican se sont révélés être tout à fait impuissant, à la limite de l’escroquerie. L’église du village est en cendres, c’est grâce à eux.

    Tout ceci c’est la faute des sorcières.

    Henri Institoris a décrit les Sorcières par les images que vous connaissez : une vieille crochue sur son balai, où elle va sacrifier je ne sais quel chat noir à son sabbat. »

    Le Second fut interrompu par trois coups à la porte.

    « Entrez. »

    Le domestique apporta les coupes de vin chaud et les déposa sur une table basse à portée de main. Sébastien Garin en prit une et continua de discuter en époussetant un peu son pantalon.

    « Louis Institoris, son petit-fils est confronté à un autre type, autrement plus dangereux. Oubliez tout ce que vous savez sur elles, tout ce que vous avez appris. Ici, le démon c’est le voisin, l’ami voire le frère. Les sorcières sont cachées parmi la population et elles sont inextricablement liées à elles. Une par une nous les enlevons mais il semble y en a toujours autant. Voilà pourquoi l’Inquisition ne rencontre pas autant de succès à Forbach que dans d’autres localités. Mais nous y arrivons petit à petit. »

    Il but avec une certaine décontraction une gorgée de vin. Sarah Geisler s’amusait pour la première fois depuis longtemps dans son rôle d’homme. Elle tâchait de se montrer convaincante, elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de devoir tenir sa couverture face à une femme.

    « Je serais curieux de mon côté de savoir pourquoi le Vatican vous à envoyé ici. Il y a des choses qui ne s’écrivent pas dans les ordres de missions… »
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeVen 5 Mar 2010 - 15:02

Aussi étrange que cela puisse paraître, puisqu'elle comptait bien être présentée au Chef de l'Inquisition, Mattea fut profondément soulagée de réaliser qu'elle n'était en présence que du Second. Elle comprenait mieux. Aucun sourire n'éclaira ses traits, mais ses yeux se firent moins durs. Elle avisa la silhouette qu'elle jugeait frêle de... comment avait-il dit ? Sébastien Garin ? Incrédule, elle réfléchit rapidement. Quel âge lui donnait-elle ? Une vingtaine d'années ? Comment n'avait-il pas encore mué ? Pourquoi respirait-il la féminité alors qu'il aurait dû compter parmi les durs ? Avait-elle affaire à un planqué, un de ces hommes aux désirs contre nature, qui se réfugiaient au sein même de l'Inquisition pour ne pas avoir à payer leurs crimes ? Mattea ne se serait jamais attendue à ce que sa première rencontre à Forbach lui pose tant question. Quelque chose, une infime intuition, lui soufflait de ne pas condamner trop vite Sébastien Garin. Si elle avait été à Rome, elle n'aurait pas hésité. Mais justement, elle n'était plus à Rome...

Profitant des quelques instants durant lesquels elle s'installa dignement dans les fauteuils proposés par Sébastien Garin, elle se demanda ce qu'il convenait de faire. Ne pas rencontrer Louis Institoris lui convenait. Moins l'autorité locale lui parlerait, mieux cela vaudrait. Elle était tenue de se présenter au responsable local, tant mieux si elle n'avait affaire qu'à un second. Les paroles de Sébastien Garin la firent sursauter, justement. Il s'agissait d'un premier contact, et le garçon – homme ne convenait définitivement pas à son interlocuteur – lui confiait déjà des choses qu'elle estimait personnelles. C'était vrai que c'était bien plus intéressant que des platitudes sur Forbach et que ça lui serait beaucoup plus utile que des banalités, mais tout de même... Très vite, plusieurs questions se bousculèrent dans l'esprit de Mattea. Des exorcistes incompétents ? Voilà qui n'était guère nouveau... Au fond d'elle-même, elle espéra qu'il n'en restait plus beaucoup à Forbach. Quelle ironie si son voile de sorcellerie venait à être découvert à Forbach ! Elle laissa Sébastien Garin terminer avant de demander, avec une méthodique austérité :

- Vous avez beaucoup d'exorcistes à Forbach ?

Elle but lentement une gorgée de vin, tentant de ne pas assaillir Sébastien Garin de questions alors qu'elle-même peinait à suivre le rythme effréné de sa vivacité d'esprit. Au moins, ce garçon à la moralité certainement contestable et elle avaient un point commun : ils haïssaient les sorcières ; les apparences pouvaient être trompeuses : peut-être les haïssait-il plus encore qu'elle.

- Je suppose que vous avez fait de la reconstruction de l'Église une de vos priorités. Y a-t-il un autre endroit saint à Forbach ? Qu'avez-vous choisi comme lieu de substitution, en attendant ?

Pensive, elle réfléchit au fait qu'il y avait vraisemblablement un véritable congrès des erreurs de la nature à Forbach. Sorcières, exorcistes et mignons... Mais cela expliquait la longueur de l'affaire Forbach. Quand Sébastien Garin voulut en savoir plus sur elle, Mattea répondit sans hâte, posant d'abord sa tasse sur table :

- Justement, Monsieur Garin, ces choses sont précisément omises pour ne pas être évoquées. Je ne vous demande pas si vous êtes marié.

Considérant que si elle n'amendait pas rapidement sa dernière phrase, elle serait cataloguée trop rapidement parmi les éléments perturbateurs de l'Inquisition par le Second, Mattea fit l'effort de sourire, comme si sa pique avait été inoffensive, et ajouta :

- Rome n'est pas satisfaite des résultats de Forbach. Mais ne vous méprenez pas. Je ne suis certainement pas ici pour reprendre les choses en main et structurer à nouveau ce qui vient de devenir notre action. Au contraire, je suis la preuve que le Vatican vous soutient puisqu'il m'envoie, moi.

Il n'était pas utile que Sébastien Garin en sache plus. Il n'avait pas besoin de savoir qu'elle était la Mère Supérieure du plus grand carmel de son Ordre s'il ne le savait déjà. Mais quelque chose souffla à Mattea qu'il était temps pour elle d'assurer ses arrières. Quelles que soient ses réserves envers le garçon qui lui faisait face, elle travaillerait sous ses ordres pour les semaines à venir.

- Je suis là pour vous aider. À partir de maintenant, nous sommes dans le même bateau.

La phrase était étrange dans la bouche de Mattea. Il était rare qu'elle en dise de ce genre. Peut-être était-ce sa façon de dire qu'elle ne condamnait pas encore Sébastien Garin, et qu'elle acceptait d'attendre d'en savoir plus sur lui avant de le vouer aux flammes de l'enfer...
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MessageSujet: Re: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeDim 7 Mar 2010 - 16:18

    Mère Mattea semblait osciller entre insoumission et respect de la hiérarchie. C’avait le mérite de ne pas être un rejet franc de l’autorité, cela ressemblait plus à une poussée d’indépendantisme. Théoriquement, cela n’aurait pas dû être accepté, et le Second aurait dû la condamner. Mais cela faisait longtemps que Sarah Geisler savait qu’elle n’avait pas le charisme nécessaire. Théoriquement, l’autorité était du domaine de Louis et elle devait assumer simplement le lien entre la population et l’inquisition, ou conseiller Louis sur les actions à faire, étant donné que le Second avait un caractère assez complémentaire à celui de son chef. Seulement voilà, le Chef désormais dormait dans des draps de soie, et dédaignait la bure de la Collégiale. Résultat le Second se retrouvait à une place qui n’était pas forcément la sienne au départ.

    Sarah Geisler faillit prendre la mouche, mais y renonca : un tel spectacle n’était pas approprié, et surtout elle commença à deviner pourquoi Mère Mattea la regardait ainsi… La pique à propos de sa possible épouse confirma son idée, et ce fut très embarrassant. Elle n’était pas la première à le penser, mais jusqu’ici personne ne prenait cette idée au sérieux, et on plaisantait au sujet du physique du Second plus qu’on y croyait. Ils n’étaient pas assez perspicace pour remarquer que le Second n’avait jamais besoin d’un barbier, qu’il se comportait avec son fils adoptif d’une façon qui n’était pas spécialement froide, que sa voix n’avait jamais mué. Il aurait fallu qu’ils voient Sarah Geisler torse nu, ou bien alors qu’elle brûlait des linges tâchés de sang au début de chaque mois. Le genre d’erreur qu’elle ne faisait jamais.

    Mère Mattea elle, n’avait visiblement pas besoin d’un indice aussi grossier pour deviner. Si elle avait été intéressée au départ, Sarah Geisler dût se remettre sur la défensive, et arrêter de jouer. Elle devait assumer son rôle d’homme au plus vite et acquérir de la virilité au plus vite. Peut être réussirait elle à limiter les dégâts. Elle arrêta de paraître avachie et se redressa dans son fauteuil, le dos bien droit.

    « Les exorcistes sont partis, Dieu merci, il n’en reste plus qu’un, le Frère Kerwan Babolin, qui paraît il avait une enquête quelconque à mener. Seuls, ils sont inoffensifs, c’est en groupe qu’ils sont dangereux, donc nous l’avons laissé tranquille. Lorenzo Maestriani a entrepris la reconstruction de l’église, mais des travaux dans ce genre prennent du temps. Les gens vont néanmoins prier dans ce bâtiment à ciel ouvert. Si vous désirez vous recueillir, en tant que membre de l’Inquisition, vous avez le droit d’aller à une chapelle réservée à la Collégiale. »

    Le Second reposa sa tasse en un geste direct, puis regarda dans le feu, n’exposant que son profil à l’interlocuteur. Il sourit, puis dit sur un ton légèrement ironique :

    « Je suis ravi de voir que nous sommes sur le même bateau comme vous dîtes. Je n’aurais pas vraiment supporté qu’un inquisiteur de plus fasse fi de mon autorité, quand bien même elle serait relative. Je suis également très touché de la sollicitude de Rome, mais Rome ne connaît pas Forbach, et elle ne connait pas la moitié des déchets qui émaillent parfois nos rangs. Enfin, puisque Rome a encore de la patience, vous transmettrez mes remerciements au Saint Siège. »

    Puis il sentit qu’il était allé trop loin dans l’ironie amère, et voulut rattraper le coup :

    « Je m’excuse pour ces paroles, je suis heureux d’apprendre que Rome manifeste toujours son soutien à notre présence, et qu’elle ne songe pas à nous révoquer, Louis ou moi. Je suis juste tendu en ce moment. »

    Un grand soupir avant de se lancer dans le pourquoi.

    « L’année dernière, les exorcistes piétinaient nos plates-bandes, cette année, c’est une créature surnaturelle qui nous immobilise. Ce ne sont pas les exorcistes qui nous ont débarrassés des fantômes, c’est un ange dans le corps d’une petite fille, que l’on appelle l’Oracle. Elle prétend être l’envoyé de Dieu, et les miracles qu’elle a accompli semblent le prouver. Cet automne, elle a tenu un discours devant nous dont la substance est à peu près la suivante.

    Si je vous communique ce contenu, c’est parce qu’en tant qu’inquisiteur, vous vous devez d’être au courant. Cela n’a rien de secret, et tous les inquisiteurs et les hommes de main l’ont entendu. »


    Le mot « inquisitrice » faisait réellement hérisser le peu de poils qu’avait le Second.

    « En somme, les Sorcières seraient régies par un Gardien, une sorcière d’élite chargée de la protection de celles-ci. Or par un hasard extraordinaire, nous avons éliminé le Gardien lors d’une arrestation il y a quelques mois. Désormais, les Sorcières doivent élire un nouveau Gardien, et l’Oracle nous as promis que toutes les Sorcières seraient réunies en un même endroit à une heure précise, mais laquelle ? Mystère.

    La seule partie gênante de ce plan, c’est que l’Oracle nous a expressément demandé de ne pas faire quoi que ce soit avant ce jour, et nous avons de nouveau les mains liées. J’ai tenté en personne de négocier avec l’Oracle, mais j’ai dû renoncer à mes prétentions. Nous devons attendre désormais. Qui sait pour combien de temps ? »


    Sur son visage se dessina une expression dubitative.
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Cassandra de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeMar 9 Mar 2010 - 23:26

Apprendre que les exorcistes avaient quitté Forbach réjouit Mattea. Elle ne les aurait pas dans les pattes et ne perdrait pas stupidement son temps à les éviter. Les noms défilaient mais la mémoire de Mattea n'était pas défaillante : elle les nota soigneusement dans un coin de son esprit, se promettant de se renseigner au plus vite sur ceux dont Sébastien Garin jugeait utile de prononcer le nom. Il était néanmoins une question qui lui semblait assez importante pour devoir être posée tout de suite et ne pas souffrir de délai :

- Vous parlez d'un homme, Lorenzo Maestriani. Qui est-il ? Est-ce un ecclésiastique ? Détient-il une autorité religieuse à Forbach ?

Mattea se promit aussi de se rappeler qu'elle devait savoir où se situait la chapelle de la Collégiale. Elle demanderait au domestique en partant, la précision avait son importance. De toute façon, une méditation quotidienne lui serait nécessaire. Les gestes de Sébastien Garin s'étaient faits plus impatients. Mattea n'était pas sûre de bien comprendre ce qu'il voulait lui dire. Quand il parlait d'un inquisiteur de plus faisant fi de son autorité, il n'était pas sérieux ! Elle décida de ne pas relever. Pourquoi lui avouer une telle chose ? Décidément, ce Sébastien Garin avait soit une confiance excessive en chacun de ses interlocuteurs, soit il avait vraiment besoin de parler, soit c'était un parfait imbécile. Même si elle écartait la dernière option en raison de l'aura intellectuelle qui émanait du Second – après tout, c'était un homme de lettres – elle n'était sûre de rien. Une chose était sûre : elle ne pourrait pas poser de jugement hâtif sur lui.

L'ironie dont sut faire preuve le Second aida plus Mattea à le situer. Petit à petit, elle commençait à cerner sa personnalité, mais cela lui semblait terriblement lent, comparé à la vitesse ordinaire à laquelle Mattea classait habituellement ses vis-à-vis. Et elle choisit d'écarter définitivement la thèse selon laquelle Sébastien Garin était stupide. Il ne l'était certainement pas, et ce côté acide la rassurait. Au moins pouvait-il faire preuve de personnalité.

Le récit qu'il fit des derniers événements accapara toute l'attention de Mattea. Hautement sceptique, elle réfléchit à cette personne que l'on nommait l'Oracle. Un ange ? Des sentiments contraires s'agitèrent dans le cœur de Mattea. Elle croyait aux miracles, forcément, mais elle appartenait à cette catégorie d'êtres qui démasquaient sans pitié les fausses guérisons miraculeuses et les visions inventées de toutes pièces. Elle faillit demander à Sébastien Garin ce que l'Église avait pensé de – autant l'appeler par le nom qu'on lui donnait à Forbach – l'Oracle. D'un autre côté, la partie d'elle-même qui était toujours traumatisée par ce qu'elle considérait comme le vol de son enfance et de son adolescence voulait rencontrer cet Oracle. S'il s'agissait bien d'un ange, elle aurait le pouvoir de lever le voile de sorcellerie qui pesait sur elle. De lui rendre son passé. De lui rendre sa vie. Et peut-être de la libérer de sa haine envers les sorcières.

Le contenu même des révélation de l'Oracle, s'il était réel, avait quelque chose de terriblement excitant. Oui, Mattea arrivait au bon moment à Forbach. Les implications de l'existence du Gardien grisaient Mattea. Sans transiger, elle demanda à Sébastien Garin :

- Où peut-on rencontrer cet... Oracle ?

Le point était capital et le plan semblait tout tracé pour Mattea. Avant de décider quoi que ce soit, elle devait se forger sa propre opinion sur l'Oracle et décider si cette dernière était digne de confiance. Pourtant, Mattea n'eut pas la patience d'attendre la réponse du Second. Elle continua, sur le même ton :

- Vous dites que nous ne savons pas quand cette élection aura lieu. Mais je suppose que vot... l'Oracle vous avertira au moment propice. À moins que cela ne fasse pas partie de ses capacités. Et de combien d'inquisiteurs disposez-vous ?

Mattea, les sens en éveil, avait l'impression qu'elle arrivait précisément au moment où tout s'emballait à Forbach. Une seule chose lui paraissait évidente.

- Je ne connais pas – pas encore – les sorcières de Forbach. Mais une chose me semble tout de même évidente : si les Sorcières sont réellement régies par un Gardien, ce dernier est d'une importance capitale. Tout en sachant le nombre d'inquisiteurs qui quadrillent la ville, combien de temps pensez-vous qu'elle oseront tenir sans leur protecteur ? Je pense qu'elles vont tout faire pour hâter cette élection, justement.

Peut-être Mattea se trompait-elle, mais elle était quasiment sûre d'avoir raison. Elle n'avait plus qu'une seule préoccupation : que le rassemblement ait lieu avant qu'elle puisse parler à l'Oracle et que celle-ci disparaisse dans la nature, lui faisant perdre toute chance de percer sa nature à jour.
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Sébastien Garin
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MessageSujet: Re: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 17:31

    Si Mère Mattea cherchait à comprendre Sébastien Garin, Sarah Geisler elle aussi tentait de cerner son interlocutrice. Et jusqu’ici elle n’avait pas encore réussi à comprendre ses motivations et ses ressorts. Elle n’avait pas encore revendiqué de compétences spéciales, ni d’un statut particulier qui motivait qu’on l’envoie à Forbach. La raison de cette nomination tourmentait le Second plus qu’on ne pouvait le penser. Il avait l’habitude de recevoir des soldats de Dieu qui oscillaient entre le modèle du paladin et le modèle du mercenaire. Mère Mattea n’appartenait à aucune de ces catégories. Il aurait fallu créer une catégorie : « Mère Carmélite envoyée de Rome ».

    Cela ne lui disait toujours pas quelles étaient ses motivations. Au moins, elles n’étaient pas mauvaises et n’était pas là pour contrôler ou arbitrer quoi que ce soit au nom du Saint Siège. Si ce n’était pas professionnel, c’était donc personnel… Qu’est ce qui pouvait motiver une religieuse à se faire muter à Forbach ? Une histoire personnelle troublée, liée à Forbach forcément. Une idée commença à se frayer un chemin dans l’esprit du Second mais à l’état de brouillon, et nécessitait des confirmations multiples. Cela piquait sa curiosité, il faudrait voir à un moment où l’autre mais pour le moment il fallait répondre aux questions du nouveau membre. A commencer par Lorenzo Maestriani.

    « Le Comte de Nicosie, Lorenzo Maestriani est le dirigeant temporaire du Comté de Forbach et il succède à Adrien d’Hasbauer à ce poste. Il n’a qu’un pouvoir temporel mais a de grands projets et de grandes idées qui n’ont de taille que son orgueil. Notre chef, Louis Institoris passe tout son temps à modérer ce civil, d’où ma charge… Si vous voulez savoir exactement comment est perçu Mr. Maestriani, allez fréquenter les autres habitants, si vous voulez savoir qui il est exactement, allez le voir lui en personne. J’ai entendu dire qu’il avait une légère tendance à plier les gens à sa volonté. »

    Un fin sourire d’ironie se dessina sur les lèvres du Second, à cause de la litote. Ce sourire s’effaça quand il fallut parler de l’Oracle et des sorcières. Sébastien Garin n’était pas le genre d’homme à nier la vérité, c’est pourquoi il avait lâché par ci par là deux trois informations, notamment sur l’insubordination occasionnelle de ses hommes. Pour lui, s’aveugler sur ses faiblesses était inutile et même dangereux. Il ne niait pas la vérité, tentait de l’établir tout le temps, c’était en partie son métier. Le seul mensonge qu’il se permettait dans sa vie, c’était sa fausse identité, et ce mensonge à lui tout seul suffisait à faire de lui (ou d’elle) un menteur, définitivement.

    En attendant, il se devait de dire sa vérité à la Mère Mattea. Pas toute la vérité, juste ce qui l’intéressait. Il lui livra donc en pâture ce qu’il savait de l’Oracle et des Gardiens.

    « En vérité, Mère Mattea, la situation est très compliquée, mais voici à l’heure actuelle ce dont nous sommes sûrs : L’Oracle fera tout pour déclencher cette élection du Gardien et préparera pour nous l’embuscade. Elle nous avertira alors de quand nous devrons agir et nous devrions prendre d’un coup toutes les sorcières existant à Forbach. Vous vous rendrez aisément compte de l’importance de cette opération. Tout ceci n’a rien de secret pour les Inquisiteurs, mais je vous demande de rester muette comme une tombe en dehors de la collégiale.

    Puisque vous posez la question des effectifs, et que ce n’est un secret pour personne, je dirais qu’il y a actuellement pas plus d’une dizaine de véritables inquisiteurs en ce moment, auquel il faut rajouter les hommes de main à peu près deux hommes de mains pour un inquisiteur. Nos effectifs ne sont pas énormes mais ils sont déjà bien suffisants à mon avis.

    Le seul problème c’est que tout repose entre les mains de l’Oracle et cet Oracle est sorti d’on ne sait où au final. Il plaît à tous de croire qu’elle vient du Ciel, aussi préférons nous croire qu’elle vient du Ciel. Jusqu’à preuve du contraire. Si ca se trouve elle nous trahira, mais de quelle facon ? A part nous poser un lapin…»


    Sébastien Garin fronça les sourcils.

    « Non, je me trompe. Ce ne sont pas les exorcistes de Rome qui ont exorcisé Forbach, c’est l’Oracle. Elle a ainsi acquis l’estime et même l’amour de la population, elle est capable de manipuler cette foule avec toute l’aisance d’un orateur. C’est ce pouvoir issu de l’amour du peuple qui nous paralyse, à cause de l’influence qu’a désormais l’Oracle. Quoi que l’on fasse, il faudra en référer à elle désormais.

    Vous comprenez notre situation ? »


    Elle était complexe, mais pas insurmontable certes, mais il fallait agir avec beaucoup de précautions. Après deux ou trois coups d’éclats dans le genre de la Saint Jean, on ne pouvait pas dire que l’Inquisition était en odeur de sainteté…

    L’intérêt de Mère Mattea pour l’Oracle n’échappa pas à Sébastien Garin, et il n’était pas sûr de ce qu’il fallait lui conseiller. Si Mère Mattea avait des difficultés autour de son passé à Forbach, le don de prescience de l’Oracle ferait certainement des ravages… chez elle aussi. Le souvenir de son propre entretien avec l’Oracle lui revenait en tête et le fit frissonner.

    « Vous n’aurez je pense pas beaucoup de mal à trouver l’Oracle, il est difficile de la rater. Elle loge chez l’habitant et accorde volontiers quelques instants à qui le demande. Cependant je me dois de vous avertir de plusieurs choses :

    Je me suis déjà entretenu avec elle à propos de la politique que devait adopter l’inquisition, et le sujet est clos, vous n’aurez pas à revenir dessus, et ensuite, la chose la plus… déstabilisante dirons nous.

    Elle est capable de connaître votre passée comme si c’avait été sa propre vie. Je ne sais pas comment elle fait, ni ce qu’elle en fait, mais je dois absolument vous avertir qu’il est très déstabilisant de se trouver face à son propre passé. Je l’ai vécu, je peux vous le dire en connaissance de cause, et je suis persuadé que c’est à cause de cela qu’elle convainc aussi facilement les gens. »

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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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MessageSujet: Re: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeMer 24 Mar 2010 - 20:16

La réponse de Sébastien Garin fit sourire Mattea. Un homme qui la plierait à sa volonté ? Elle était bien curieuse de voir ça… Il n’était pas né, celui qui lui ferait rendre les armes. Elle n’émit aucun commentaire et ne haussa pas de sourcil. Donner la preuve de son scepticisme n’aurait que contribué à donner une image de femme acharnée et trop sûre d’elle-même. Cela avait beau être le cas, elle ne souhaitait pas se dévoiler si tôt.

Elle laissa le Second continuer, prenant un air détaché. Elle avait besoin de ses informations et faillit se vexer lorsqu’il lui demanda le silence hors du Quartier Général. Puis, elle se souvint qu’elle était en province et que ce qui semblait couler de source à Rome n’était sans doute pas le cas à Forbach. Elle ne prit pas la peine d’acquiescer et jeta un regard noir au Second. La question suivante fit plus réagir Mattea. Elle n’avait pas d’hommes de main. Devait-elle en recruter ? Elle n’était pas assez familière de Forbach pour trouver l’homme de la situation dans des délais acceptables. L’Inquisition en place en avait-elle prévu pour elle ? Serait-elle mal vue si elle travaillait seule ? Elle n’était pas du genre à s’embarrasser d’une équipe, mais des sous-fifres, elle n’était pas spécialement contre. Et même, ce serait une aide appréciable, qui lui permettrait d’avancer plus vite, tout en restant inatteignable. Elle n’interrompit pas le Second. Elle aurait largement le temps de lui poser toutes ses questions. Autant l’entendre jusqu’au bout avant de discuter.

Elle eut plus de mal à cacher son désappointement en entendant parler de l’Oracle. Ce Sébastien Garin n’était décidément pas sûr de lui. Il lui affirmait les choses les plus folles mais les pesait plus raisonnablement dans la minute qui suivait. Pourquoi ne pouvait-il pas choisir une attitude et s’y tenir ? Et puis, qui était donc cet Oracle ? Un être divin ou non ? Qui avait jugé de sa légitimité ? Qui pourrait le faire ? Le sentiment qu’il fallait absolument qu’elle mette la main dessus s’accentua. Surtout si l’Oracle était capable d’exorciser aussi bien que le vantait le Second. Tout en s’efforçant d’ignorer le sentiment d’espoir qui lui broyait les entrailles, Mattea répondit, cette fois, mais d’une voix polaire, parce que deux choses lui paraissaient inacceptables : tout d’abord, l’ordre des priorités choisi par le Second pour parler de l’Oracle, ensuite le fait que quelqu’un ose ainsi s’imposer à la hiérarchie ecclésiastique.

- Êtes-vous en train de me dire que l’Inquisition est tombée aux mains d’une personne dont personne n’a réellement jugé la légitimité ? Loin de moi l’idée de vous remettre en cause, mais vous en parlez avec beaucoup de légèreté. Quelles sont les réelles conséquences de ce fait ? Comment se fait-il que personne n’ait été dépêché à Rome ?

Un autre point était très important pour Mattea, et rien que parce qu’il lui en avait parlé, le Second lui paraissait plus fin, la faisant une fois de plus douter sur le jugement qu’elle poserait sur lui. Il avait mis le doigt sur ce qui l’intéressait. Elle se sentait terriblement excitée à l’idée de retrouver son passé. Elle n’avait pas peur. Elle voulait savoir. C’était vital. Son avenir s’ouvrirait, elle en était certaine. Et elle ferait payer les sorcières. Elle ne sourit pas, parce qu’elle en avait assez des simulacres et qu’elle ne souriait jamais sincèrement, mais son regard se fit moins dur et elle gratifia le Second d’un hochement de tête, de manière tout à fait inattendue.

- Cet Oracle est un personnage incontournable de cette ville, si je comprends bien. Je ne pense pas y couper. Vos renseignements me seront précieux pour la trouver. Nous verrons si elle me convainc aussi. Et puis, juste pour être certaine que j’ai bien saisi le sens de vos paroles… Quelle est cette politique dont vous venez de me parler ? Un statu quo jusqu’à la cérémonie en question ? L’Oracle prend directement les décisions, en apparence comme en réalité ? Le peuple le sait-il ?

Mattea se félicitait d’être tombée sur le Second. Pour peu qu’il soit plus charismatique, Louis Institoris n’aurait probablement pas avoué cet état de fait. Or, ce qui intéressait Mattea, c’était de rencontrer le chef de l’Inquisition. Puisque cet Oracle prenait les décisions, elle devait la rencontrer, ne serait-ce que sur le plan professionnel.

Toutes les sources convergeaient vers le même point. L’Oracle semblait détenir toutes les clés. Chez l’habitant, hein ? Elle trouverait rapidement. Elle considérait quasiment le chapitre comme étant clos. Elle attendait tout de même les réponses en suspens, mais elle avait d’autres questions.

- Comment fonctionnez-vous, pour les hommes de main ? De manière très pratique, quels sont les revenus qui me seront alloués ? Je voudrais descendre dans une auberge. Avez-vous un nom à me conseiller ? Je n’ai pas besoin du confort, je veux seulement être au cœur de Forbach.

Mattea considéra le Second. Elle pensait partir et le regrettait presque. Elle lui aurait finalement bien posé quelques questions supplémentaires pour mieux le cerner. Elle le savait, elle le reverrait régulièrement, ne serait-ce que pour rapporter son état de la question. Mattea avait fait des efforts de sociabilité pendant tout l’entretien, été de son point de vue cordiale, et elle se laissa surprendre par sa propre question :

- Une dernière chose, Monsieur Garin. Avez-vous déjà mené une sorcière au bûcher ?

Une manière comme une autre de lui demander comment il en était arrivé là.
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Sébastien Garin
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Sébastien Garin


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MessageSujet: Re: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeDim 28 Mar 2010 - 0:18

Oui, il était assez difficile de concevoir que la situation échappe autant au contrôle de l’Inquisition, mais cela faisait deux bonnes années que c’était ainsi. Forbach ne se capturait pas, elle s’apprivoisait, et les Inquisiteurs étaient mal armés pour cette tâche. C’était épuisant de lutter contre cela, à force. L’Oracle avait raison, il était inutile et vain de lutter. La Fatalité était présente en ce petit village de Lorraine plus qu’ailleurs, implacable et cruelle. Il fallait lâcher prise.

Sarah Geisler n’était pas du genre à lâcher prise facilement, elle en souffrait tellement elle se crispait sur ses devoirs et ses besoins. C’est pourquoi Forbach ne contribuait pas vraiment à son bien être, mais en même temps, quel lieu lui aurait convenu ? Si elle étouffait, ce n’était pas à cause de murs physiques… Comment dire dans ces conditions que la survie était dans le lâcher-prise alors qu’on ne se permet pas cela à soi même ?

Sarah Geisler commençait à avoir une certaine admiration pour cette femme qui avait délibérément choisi la voie inquisitoriale, et qui voulait en découdre, rencontrer l’Oracle, faire face à son passé. Mère Mattea devait très certainement valoir le coup d’être connue, mais elle s’était elle aussi érigée une muraille autour d’elle. Très curieux, que pouvait-elle cacher derrière ses manières légèrement hautaines ? Pourquoi tant de distance ? Il faudrait voir à l’occasion, ce genre de chose ne se déballait pas comme ca. Sarah Geisler ne se souvenait que trop bien de ce sentiment de nudité qu’elle avait ressenti lorsque l’Oracle l’avait mis au jour, Mère Mattea ne devait très certainement pas vouloir vivre ceci non plus.

Par contre, elle n’hésitait pas à réclamer, et ceci apportait un ombre au tableau. Elle réclamait de la légitimité, des hommes, de l’argent, un logement… et elle y avait droit. Cela rajouterait du travail au Second, comme s’il en avait besoin… mais il fallait répondre à ses attentes. Premièrement tordre le cou une bonne fois pour toute à ces considérations sur l’Oracle, si ce qu’avait dit Sébastien Garin ne lui convenait pas et bien tant pis.

« Je vous ai dis tout ce que je pouvais dire au sujet de l’Oracle, s’il y a des choses qui échappent à votre compréhension, et bien allez le rencontrer en personne, je ne peux pas vous dire plus que ce que j’ai déjà dit. Si la situation vous semble choquante croyez bien que j’ai tenté de la changer, sans succès. Et si je n’ai pas averti Rome, c’est en total accord avec Louis Institoris : le cas de Forbach est tellement particulier que nous craignons que les Autorités Supérieures ne gâchent tout par des méthodes inappropriées. Après tout, nous sommes muselés, mais le moment venu, ce sera toutes les sorcières que nous pourchassons depuis presque trois ans maintenant que nous arrêterons… »

Sébastien Garin se recala contre le dossier.

« Ceci dit, je suis tout à votre disposition pour votre installation. Puisque vous ne voulez pas emménager à la Collégiale, je vous conseillerai l’Auberge de la Croix-Rousse. A vrai dire, il n’y a pas trente-six auberges à Forbach… Pour votre paiement, vous recevrez votre solde tous les premiers du mois, vous devriez disposer de cents livres tournoises, ce qui vous l’admettrez est tout à fait correct, et de toute façon, c’est la solde que nous versons à tous nos hommes.

Pour les hommes de main, pour des raisons évidentes d’organisation, ils sont directement sous les ordres de Louis, qui parfois me délègue la charge de les commander, en son absence. Nous ne permettons pas aux « simples » inquisiteurs la jouissance du commandement. Vous devrez donc vous en passer. Cependant si vous en avez besoin, alors il faudra venir me voir moi ou Louis Institoris et exposer vos besoins. Libre à nous ensuite de vous confier des hommes ou pas. Ais je été suffisamment clair ? »


La dernière question que posa Mère Mattea en revanche prit Sarah Geisler tout à fait au dépourvu. Après son expérience avec l’Oracle, elle était nettement échaudée sur ce chapitre. Même si cette question était assez facile à détourner, elle appuyait au mauvais endroit. Le Second l’éluda assez sèchement.

« Si vous voulez savoir si j’ai déjà mené des sorcières au bûcher, oui forcément, de par mes fonctions. »

Comparé à la prolixité dont le Second avait su faire preuve jusqu’ici, cette réponse abrupte faisait l’effet d’une douche froide.
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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MessageSujet: Re: Tout reste à faire   Tout reste à faire Icon_minitimeMer 7 Avr 2010 - 13:37

Mattea n'apprit rien de plus sur l'Oracle et comprit que s'il lui restait des questions, elle devrait les poser à l'Oracle en personne. Elle écouta attentivement le Second quand il lui expliqua où se loger et surtout, comment est-ce qu'ils allaient fonctionner. Cela faisait longtemps que Mattea n'avait plus gérer de budget et qu'elle n'avait plus fait attention à ses dépenses – et pour cause ! Mais elle se savait d'un naturel ordonné et équilibré. Si elle se fixait une limite, elle ne la dépasserait pas. Elle estima la somme allouée en la convertissant dans la monnaie romaine, espérant ne pas se tromper dans ses calculs. De toute façon, ce n'était ni le lieu ni l'heure de discuter. S'il lui manquait de l'argent, elle enverrait tout simplement un messager à Rome. Et encore, elle était quasiment sûre que ce ne serait pas nécessaire : elle ne comptait pas mener un grand train de vie.

Le reproche sur les hommes de mains lui parut injuste : c'était le Second en personne qui lui avait parlé d'Inquisiteurs ayant chacun un ou deux hommes de main ! Elle n'avait fait que se renseigner sur les habitudes. Cependant, au ton mordant utilisé, elle choisit de faire amende honorable et ne discuta pas. Elle voulait quitter la Collégiale et aller s'installer, commencer à chercher des noises à Sébastien Garin ne lui apporterait strictement rien. De son ton naturellement froid, elle répondit :

- Très clair.

Au final, elle se débrouillerait seule. C'était encore la meilleure formule. Elle pourrait être efficace. Mère Mattea se leva du fauteuil et salua d'un mouvement de tête le Second. Il était temps de prendre congé. Elle en avait appris suffisamment pour aujourd'hui. Et surtout, elle ne gagnerait rien à prolonger l'entretien. En se demandant si elle reviendrait souvent à la Collégiale, elle dit :

- Je vous remercie pour votre accueil. Je viendrai faire mes rapports moi-même, à moins d'une exception.

Il n'aurait pu en être autrement. Mattea préférait de loin que les sœurs fassent leur rapport en personne plutôt que de lire un dossier, aussi n'envisageait-elle pas de faire au Second ce qu'elle détestait qu'on lui fasse. Et comme elle n'était pas Mère Supérieure pour rien, sans doute s'attèlerait-elle tout de même à un rapport écrit pour que le Second ait quand même une trace écrite.

Sans plus de manières, Mattea prit congé et sortait de la pièce sans attendre que le domestique vienne la chercher quand la voix du Second claqua dans l'air. Ainsi, il avait déjà mené une sorcière au bûcher ? Mattea se retourna lentement et le considéra un instant. À la voix qu'il prenait, ce devait être un certain traumatisme. Contrairement au reste de l'entretien où Sébastien Garin avait tenu à lui expliquer son propre avis et à partager ses réflexion, le fait de ne rien ajouter sur ce point mit la puce à l'oreille de Mattea. Il n'en parlerait jamais.

Elle regarda l'air triste qui collait à la peau du Second. Malgré tout, Mattea sentait une pointe d'admiration pour cet homme, malgré les péchés de luxure qu'il devait commettre. Il était un pas plus loin qu'elle. Même si elle avait la détermination et la certitude de pouvoir tuer, le moment venu, Mattea avait encore les mains blanches. Entre la blancheur de ses mains et sa vengeance envers les sorcières, quelles qu'elles soient, Mattea n'hésitait pas. Sans doute qu'un choix similaire s'était posé dans la vie de Sébastien Garin. Et il n'y avait pas lieu de se tourmenter là-dessus.

- On ne peut vaincre le mal que par un autre mal, monsieur Garin.

Mattea tourna les talons et sortit de la pièce.
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