The Witch Slay
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 Requiem pour un Fou [II/II]

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AuteurMessage
Alicia Loewenstein
Meneuse
Meneuse
Alicia Loewenstein


Requiem pour un Fou [II/II] Vide
MessageSujet: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeSam 17 Avr 2010 - 2:24

[Ce topic est à la suite de celui-ci]

Par les Dieux et les esprits ! Par le sang et les larmes ! Par la Lune et le Soleil ! Par le Ciel et par la Terre ! C’en était trop ! Que cet énergumène s’en prenne à volonté aux habitants ne semblait pas toucher à outrance l’administration de ce Comté… Ni la tribu d’Olrun d’ailleurs ! Eh bien le Lys répondrait, comme il l’avait toujours fait. Il y a deux ans peut-être Alicia aurait-elle eu l’espoir qu’Adrien d’Hasbauer se réveille et réagisse. Mais le chien était vendu à cette tribu d’attardées ! Et à jouer son stratège vicieux, à préférer offrir la direction du comté à un étranger plutôt qu’à celle qui le méritait de droit, le voilà sans plus de puissance qu’elle ou le moindre noble de ce château. Et le démon buvait force sang, à foison, une kyrielle de crus que nul autre que l’Oracle n’avait eu le courage d’arrêter. Elle avait du négocier d’après les informateurs d’Alicia. Mais comment être certain de la docilité d’un séculaire béotien vendu à Moros plutôt qu’à un quelconque Dieu catholique ? Comment être assuré qu’il ne reprendra pas ses activités sanglantes dès le départ de la Parole de Dieu ? La Comtesse sentait bien que l’Oracle ne pouvait tout faire elle-même, que l’Oracle était pleine d’une miséricorde toute divine et qu’elle n’avait pu reconnaître le monstre en Gabriel.

La prise de conscience était arrivée une semaine auparavant. Alicia faisait une clame promenade dans ses Somptueux Jardins avec quelques nobles bavardes et vide d’intérêt lorsqu’une servante lui fit signe de loin. Alicia quitta poliment le groupe dont les intonations aviaires avaient réussi à éveiller un mal de crâne trépanant. La servante, sorcière du Lys Noir, lui apprit que la maison Frontain avait été saccagée et que la jeune Annie, apprentie du Lys, avait manqué de subir les pires atrocités. Les responsables étaient la bande menée par le vieux Touchedieu. Alicia entra dans une rage folle. L’Oracle ne serait pas toujours là, et si personne ne punissait les criminels l’apocalypse risquait d’avoir quelques trois cents quatre-vingt-trois ans d’avance ! Ils auraient pu blesser ou tuer l’une de ses petites sœurs ! C’en était trop. Alicia en furie avait convoqué dans les Sous-sols les trois premières sorcières du Lys qu’elle avait croisées. Ensemble elles avaient élaboré un plan se basant sur la plus grande faille de Gabriel : Joan Witham…

C’est ainsi qu’elles en étaient arrivées là : Alicia dans sa chambre, assise dans son grand fauteuil de velours près de la fenêtre, face à la porte close à droite et à gauche de laquelle se tenaient, dans l’ombre, Valériane et Clarisse prêtes à passer à l’action. Le plan était très simple, presque primaire. Gabriel envoûté par Mina entrait par la porte non verrouillée certain d’être arrivé à la chambre de Joan. Les deux sorcières sur les côtés lui sautaient dessus pour l’immobiliser. Alicia prenait l’arme de service de Gabriel et le tuait. Vu comme ça c’eut put paraître terriblement barbare. Mais ce n’était que justice à rendre ! Alicia ferait passer tout ça pour le délire hallucinatoire d’un être sénile et dangereux. Légitime défense fait loi. Dieu merci, deux vieilles amies étaient présentes pour l’aider. Et le tour serait joué. La Comtesse ne craignait pas les représailles, elle avait trop d’importance et Gabriel ne serait regretté par personne. Sauf ses sbires peut-être… Il faudrait les éliminer aussi, qu’importe. La fin justifie les moyens.

Des coups lourds et irréguliers s’amplifiaient et faisaient vibrer le sol. Gabriel Touchedieu arrivait enfin… C’était l’heure tant attendue. Alicia attendait dans son fauteuil d’affronter le vieux dragon, les doigts crispés dans les accoudoirs, le cœur battant, prête à la confrontation. Elle regarda successivement Clarisse puis Valériane pour les assurer tacitement que tout se passerait bien puis planta son regard sur la sombre surface de la porte.
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Gabriel Touchedieu
Mort(e)
Mort(e)



Requiem pour un Fou [II/II] Vide
MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeDim 25 Avr 2010 - 17:46

Elle est là ! A portée de main !

Le cœur de Gabriel Touchedieu avait bondi dans sa poitrine dès qu’il l’avait vu et tout son corps s’était animé comme s’il avait trente ans de moins. C’était son seul échec en tant qu’homme d’action. C’était la seule fissure dans cette façade d’invulnérabilité qu’il portait. C’était le seul élément qui prouvait à quel point il avait baissé. C’était une affaire d’honneur, c’était une affaire de survie. Toutes les sorcières à être passés entre les mains de Touchedieu ne lui avait jamais filé entre les doigts. C’était ainsi, le Gourdin devait être invincible. Sinon, nul n’aurait de scrupules à l’évacuer. Mais maintenant, elle était…

A portée de main.

Elle courait la rousse, elle courait, mais elle n’échapperait plus au Gourdin. Une fois qu’il aurait agrippé ses cheveux, il assurerait sa prise et projetterait son crâne contre la muraille. La pierre grise deviendrait rouge et blanchâtre et tout le monde saurait qu’on n’échappait pas à Gabriel Touchedieu même vieux, même seul, même quand on croyait qu’on était hors d’atteinte. On n’était jamais hors d’atteinte, on était toujours…

A portée de main.

Il n’aurait jamais cru que la femme à l’entrée de la Collégiale était Joan Witham elle-même, pourquoi était elle venu le narguer si proche de chez lui, si loin de sa cachette ? A partir du moment où il s’était rendu compte que c’était elle, il n’avait plus songé qu’à courir, et sa vision autour avait été flouée, son esprit s’était fermé. C’était tout à fait normal quand on considérait la situation. Seul comptait la fugitive devant. Rien d’autre ne devait compter que la rattraper et la faire payer. Il était normal que tout son être se focalise dans ce but. Surtout lorsqu’elle était…

A portée de main.

Elle avait couru vers le Château. Gabriel le savait, l’avait toujours su. Europe l’avait trompé en disant qu’elle ne savait pas où était Joan. Ou alors elle ne savait vraiment pas et Joan se cachait dans des cachots ou dans un passage secret. Elle était entrée dans les cuisines, rien d’anormal tant qu’elle était en vue. Il avait passé une seconde à prendre un couteau sur un établi et le glisser à sa ceinture. Et avec tout ce temps perdu, il craignit qu'elle ne soit plus…

A portée de main

Gabriel Touchedieu n’avait ni arme, ni chemise, il courait torse nu comme un jeune homme de trente ans avec un sourire carnassier aux lèvres. Il fallait remonter à son dernier pillage pour retrouver cet état naturel aussi pur. L’impression d’être en accord parfait avec sa nature profonde, la violence de son être. Oh que ce serait bon quand il l’attraperait. Le plaisir était

A portée de main


Joan traversa une porte comme un fantôme, comme si elle n’existait pas. Gabriel Touchedieu ne réfléchit pas, après tout c’était une sorcière, c’était un tour de magie qu’elle avait fait. Le Gourdin défonca la porte d’un coup d’épaule, la descella et la fit basculer par terre. Il fit un bond et contempla la pièce.

Mais… ?


Ce n’était pas l’idée qu’il avait de la cachette de Joan Witham. Il était dans une chambre et une chambre très décorée. Face à lui, une dame, non une reine. Aux cheveux noirs, aux yeux verts fascinants. Une reine de la nuit. L’instinct animal de Touchedieu gronda comme un loup face à un trappeur.

C’était trop tard.


Dernière édition par Gabriel Touchedieu le Mer 5 Mai 2010 - 0:32, édité 1 fois
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Valériane d'Ombre Lune
Oblivius
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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeDim 25 Avr 2010 - 22:50

Sous le coup de l'excitation, la jeune apprentie c'était mordue la langue et savourait avec délectation les perles de sang qui coulaient dans sa bouche et se mêlaient à sa salive. Elle était comme ces hyènes qui ne peuvent s'empêcher de se blesser entre elles avant une chasse, juste pour le plaisir de se donner un avant goût du carnage à venir. Elle ressentait de délicieuses pulsions et des frissons brulants lui parcourir l'échine à l'idée d'enfin accomplir ce pourquoi elle avait été choisie. Ses instincts sauvages grognaient et ronronnaient à l'idée d'assouvir dans la violence et le meurtre une vengeance depuis trop longtemps enfermée et réfrénée. Son cœur battait la chamade comme un tambour de guerre, répandant à chacune de ses pulsations des flots d'adrénaline dans son corps souple et nerveux.

Valériane soutint le regard de la Grande Meneuse, leur maîtresse, cette splendide Reine qui allait mettre un terme à l'existence purulente de cet inquisiteur dément. Elle ne put empêcher un sourire cruel de naître sur son visage félin, révélant du même coup son impatience. Elle ne décevrait pas Alicia. L'échec et l'hésitation étaient à bannir, car ce jour était un grand jour pour la jeune fille ; peut être un des plus beaux de toute son existence. Elle allait d'ici peu rentrer dans les bonnes grâces du l'aristocratie du clan en prouvant sa valeur et du même coup assouvir son fantasme de vengeance à l'encontre du Gourdin. Quoi de plus délectable ?

Pour les besoins du combat Valériane avait abandonné les traditionnelles robes – prisons des gens de son sexe – pour adopter une tenue plus masculine. Des bottes noires de cavalière, un pantalon de cuir subtilisé à un amant et une chemise aux manches bouffantes ; la douce nièce du tailleur venait de se métamorphoser en parfaite écuyère. Même si, malheureusement pour elle, son abondante crinière d'ébène et sa silhouette fine et légère révélaient toute l'étendue de la supercherie et dénonçaient le mensonge. D'ordinaire une telle indécence aurait pu lui valoir les affres du bûcher, mais ici dans les appartements de la Meneuse elle savait qu'elle ne risquait rien. Bien au contraire, le vétéran malgré son âge avancé, n'était pas homme à se laisser faire, la lutte risquait alors d'être rude et elle allait avoir besoin de toute sa liberté de mouvements.

Elle fixa Clarisse pendant quelques secondes et lui adressa un petit signe de tête. L'aguérie avait été bien choisie, jeune, dynamique, elle saurait – Valériane n'en doutait pas – se montrer à la hauteur de l'impitoyable réputation du Lys Noire. Peut être même qu'elle accepterait ensuite de la prendre à son service pour l'aider à achever sa formation aux arts ésotériques.

La jeune fille perçut sous ses semelles des vibrations avant de d'entendre une démarche lourde et puissante. Nul doute le monstre arrivait. En quelques instants, elle se figea : tout les sens à l'affut. Elle se replia légèrement sur elle même, pour abaisser son centre de gravité et tendre les ressorts de ses jambes dans le but d'avoir une bonne impulsion lorsqu'enfin viendrait le moment d'attaquer.

L'odeur de Touchedieu lui parvint juste avant qu'il n'ouvre la porte et cela lui fit perdre la raison. En quelques secondes défilèrent dans un voile rouge, tout ce qu'elle avait du subir sur la place de l'Eglise et entre les mains expertes du Fou. Les souvenirs de la douleur physique et des humiliations la prirent à la gorge et furent autant de coups de fouet qui stimulèrent ses ardeurs. L'appel de la mort se fit de plus en plus fort et de plus en plus pressent. Elle ressentait des vagues de chaleur déferler sur son être enflammé à l'idée du combat.

Le masque lisse de l'innocente gamine n'était plus. La bête avait déchiré dans une orgie sanglante le déguisement d'humanité prenant pour un temps le contrôle de Valériane.

La porte explosa et s'écrasa au sol avec fracas. L'apprentie ne sursauta même pas. Terrée dans l'ombre, elle se passa une langue avide sur les lèvres en voyant le pauvre homme tomber dans leur piège. Ainsi le religieux venait de s'engluer dans la toile. Il ne restait plus aux trois femmes qu'à jouer le rôle des araignées et à le dévorer comme d'impitoyables veuves noires.

Elle bondit avec souplesse et referma sa poigne sur le bras du vieil homme, ses ongles martyrisant avec délice les chairs maudites de cet inquisiteur lubrique. Tout en accentuant son étreinte, elle rapprocha ses lèvres de l'oreille du guerrier piégé et lui susurra avec douceur, son souffle tiède lui caressant la peau :

-Je crois que vous avez perdu mon seigneur...
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Clarisse McGregor
Oblivius
Oblivius



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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeLun 3 Mai 2010 - 23:56

Clarisse McGregor se tenait là, à l'affut, prête à agir lorsque cet ignoble vieux pervers entrerait dans la pièce ce qui n'allait pas tarder. La jeune femme avait une sainte horreur de cet homme là qui avait laissé derrière lui un sillon dévastateur en torturant et assassinant de nombreux hommes et femmes même innocents soient-ils. Tous les appareils de tortures avaient étés usés, allant de l'appareil le plus simple jusqu'au plus imaginatif et complexe. L'homme avait cette capacité de tomber dans la bestialité et la cruauté la plus malsaine et Gabriel Touchedieu était un exemple des plus concrets.
La membre du Lys Noir n'en avait eu que faire des morts causées dans le clan adverse, au contraire, cela l'arrangeait fortement et voir des exécutions avaient étés plutôt jouissif. Elle avait aimé voir ces saletés hurler de douleur lorsque leur chair fut meurtris pendant des heures et des heures faisant durer longuement le supplice. Cela avait été délectable pour la jeune aguerrie après que sa maîtresse eut été dénoncée par ces sorcières du clan adverse mais toutefois même si cela n'avait été que justice Clarisse ne se sentait point apaisée. Certaines victimes de son clan lui étaient chers et leur perte avait fait grandir en elle une haine féroce pour ce vulgaire Gabriel Touchedieu.
Qu'elle ne fut pas l'immense joie ressentie lorsqu'elle fut choisie pour aider à l'arrestation de cet odieux personnage! Un sentiment d'intense gratitude avait naquit envers Alicia et lorsque cette dernière lui avait proposé un rôle dans cette mission, la jeune Clarisse n'avait point hésiter à accepter celui-ci.

Valériane se trouvait elle aussi dans la pièce, à côté d'elle, vêtu de façon masculine ce qui était fort judicieux. Ses mouvements seraient plus rapide et plus précis que si elle avait porté une robe et cette façon de porter ce pantalon ainsi que cette chemise accentuait sa beauté et son côté sulfureux.
La jeune McGregor avait opté pour une tenue moins fantaisiste: une robe simple noire, fluide et légère aux manches serrées lui permettant de se mouvoir avec grande aisance, une paire de bottes noires bien plus confortable que n'aurait été de jolis petits escarpins. Toutefois elle avait eu la coquetterie de mettre une robe qui resserrée à la taille marquait bien sa fine taille accentuée par son corset qui lui permettait de bouger ses bras et de courir avec moins de difficultés.
Ses lèvres étaient couleur cerise et du mascara accentuait son regard vert qui fixait durement la porte par où devait arriver le vieil homme. Ses belles boucles habituellement lâchées, étaient cette fois-ci réunis en un volumineux chignon tressé avec un ruban rouge sang, maintenue par des épingles en bas de sa nuque. Son visage était ainsi donc dégagé et pouvait observer sans gêne la scène tant attendu.
Clarisse rendit le regard d'Alicia et lui adressa un sourire bienveillant puis tel Cerbère, la jeune fille se remit à fixer la porte prête à défendre sa maîtresse et arrêter ceux qui oserait lui faire du mal.

Tout à coup des pas se firent entendre. C'était les pas d'un homme, qui étaient lourds et raisnnaient tel un martèlement. Cela ne pouvait qu'être cet infâme Gabriel Touchedieu. Ses doigts griffus posées sur le haut du fauteuil d'Alicia s'enfoncèrent dans le meuble comme si celui-ci fut leur victime.
Comme pour répondre à ses attentes, la porte s'ouvrit et le vieillard se retrouva dans la pièce, torse nu.

En temps normal elle aurait été choqué de voir un homme si peut vêtu, mais dans les circonstances actuelles elle n'en avait que faire...quoique..elle se sentait plutôt amusé par ce corps si usé par le temps.

Valériane s'était jeté sur lui afin de le maintenir et avec la même rapidité Clarisse lui avait attrapé l'autre bras enfonçant ses ongles dans sa chair afin de lui faire mal le plus possible. Les paroles de la jeune beauté sulfureuse avait été amusante et glaciale surtout chuchotées de cette manière...C'était comme un petit jeu...un chat, ou plutôt des chats qui jouaient avec une souris.
L'aguerrie souriait avec un certains sadisme tout en glissant lentement sur la nuque de Gabriel son index où se trouvait une longue bague argentée en forme de griffe. La pointe de celle-ci s'enfonçait légèrement dans sa chair lésant très légèrement son épiderme.

" Alors donc voilà ce cher Gabriel Touchedieu..."

La voix de Clarisse était lente et chaque mot était détaché, prononcé avec malice. Sa bague arrivée en bas de sa nuque contournait lentement son cou en direction de sa carotide. Elle ne s'avançait point en face de lui mais à côté, cela était moins risqué.

" Vieille charogne, on t'appelle le Gourdin...Tu as l'air d'un vieille homme prêt à rencontrer bientôt la Grande Faucheuse toi dont le sablier de la vie doit arriver à son terme dès à présent."

La griffe était légèrement pressée sur son épiglotte et Clarisse l'arrêta au milieu de son menton tout en le fixant droit dans les yeux, un sourire sadique se dessinant ,laissant apercevoir ses belles dents blanches et ses canines tel un félin.
Elle releva l'un de ses sourcils et se mordilla la lèvre inférieure tout en continuant de s'amuser.

" Le Gourdin...quel drôle de surnom. Certainement le surnom d'un homme vieux, bien lourd et tel cet instrument assomant...dans le sens ennuyeux bien évidemment. "

Puis son rire cruelle tout en restant sensuelle se fit entendre.
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Alicia Loewenstein
Meneuse
Meneuse
Alicia Loewenstein


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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 0:45

En un craquement puissant la porte vola à terre. Le soudain appel d’air ouvrit grand la fenêtre de la chambre de la Comtesse toujours assise dans son fauteuil. Elle avait sursauté face à cette intrusion violente – bien quelle n’en attendit pas moins de Gabriel. Mais elle s’était reprise immédiatement pour que le Gourdin se concentre sur elle et ne voie pas immédiatement les sorcières derrière lui, afin de leur laisser un petit temps de réaction. Le piège enfin s’était resserré, Mina avait fait du bon travail, Alicia n’en attendait pas moins. Valériane et Clarisse se jetèrent sur lui avec force et détermination. Valériane la première annonça avec langueur la défaite de l’inquisiteur. Clarisse à sa suite, plus loquace et cinglante s’amusa un peu et fit résonner son rire cristallin dans l’alcôve.

Alicia observa en détail ce corps nu aux chairs vieillies. La peau tombante ne pouvait effacer des angles musculeux évidents. Cet homme était vieux et son corps déjà s’effondrait vers la terre et les vers. Pourtant sa stature restait fière et sa sculpture prouvait une rage de vivre bestiale et rebelle. Alicia était fascinée, effrayée mais impressionnée par ce corps rassemblant un tel paradoxe. Elle était pleine d’admiration et de dégoût. De toute façon, ce corps ne pouvait être beau puisqu’il était celui d’un monstre. Ces chairs moles étaient juste bonnes à être transpercées par le glaive et brûlées en enfer. Alicia observait le chasseur chassé d’un air grave. Donner la mort n’était pas chose aisée, mais le devoir nous pousse parfois à contracter le Mal pour recouvrer le Bien…

Alicia se leva calmement, dépliant son corps sobrement vêtu d’une austère robe d’élégance sombrement violine aux plis ondulant au gré du courant d’air formé par la tension entre l’intérieur et l’extérieur, entre la Vie et la Mort. Sa belle et hiératique silhouette ne manquerait de rappeler à Gabriel l’inconnu libérateur de Joan Witham qu’il n’avait réussi à attraper quelques mois auparavant. La Meneuse traversa toute la profondeur de la pièce pour rejoindre Gabriel Touchedieu immobilisé. Sa démarche était rythmée de pas cruels semblant tirailler le sol et ses doigts à demi crispés traduisaient la concentration silencieuse de ses plus obscurs instincts. Elle arriva face à lui avec un regard plus inquisiteur que n’aurait jamais su être le sien. Elle pencha légèrement la tête et chuchota alors d’une voix au miel sulfurique :


« Gabriel Touchedieu, vous comparaissez aujourd’hui devant trois sorcières qui ont l’honneur de se proclamer tribunal au nom de l’humanité. Vous êtes accusé de tous les crimes les plus basiques et bestiaux qu’une créature puisse commettre contre un homme. Vous êtes bien évidemment jugé coupable et la sentence ne peut être autre que la mort. Ainsi soit-il. »

Alicia releva la tête, droite et grandie d’une mission terrible et nécessaire. Elle saisit le poignard que Gabriel avait à la ceinture comme il était d’usage pour un inquisiteur. Elle tata la pointe de la dague du bout de son doigt, elle fit lentement glisser la lame le long de son cou et l’entailla légèrement laissant perler une larme de sang sur son torse indécent. Elle brandit le poignard maculé vers le bas à côté d’elle à une distance suffisante pour avoir l’élan nécessaire à une perforation abdominale efficace. Elle fixait la lame luisante et ne pouvant se résoudre à tuer un être humain par le fer sans signal divin, elle établit en son esprit que lorsque la première goutte de sang atteindrait le sol froid, elle poignarderait l’inquisiteur fanatique.

Pendant un instant le Château de Frauenberg se dressait comme les montagnes de Judée. La chambre de la Comtesse était la ville de Béthulie. Alicia était Judith, la veuve juive décidant de libérer son peuple de la terrible emprise d’Holopherne Touchedieu en le supprimant à l’aide de ses servantes. Oui, c’était une mission biblique, c’était un devoir universel, un droit humain : celui de vivre hors de toute oppression. Alicia, absorbée par la lame belle et fatale à l’image même de la Mort, prononça à demi-mots, distraite, ces dernières paroles à l’attention de Gabriel :


« Et il aurait du en être ainsi dès notre première rencontre… »

La goutte décisive se forma lentement et s’élança dans sa chute abyssale sans pitié pour son créateur. Alicia fixa Gabriel dans les yeux. Elle n’eut pas l’audace de lui dire adieu, ils se reverraient vite – elle le savait –, en Enfer.
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Gabriel Touchedieu
Mort(e)
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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 1:43

Comment avait il pu tomber si bas ? Comment n’avait il pas vu ce piège ? Ou plutôt pourquoi ne réagissait il pas maintenant ? La drogue agissait toujours mais elle semblait avoir modifié sa façon d’agir : il ne voyait plus Joan Witham, mais il vivait cette scène comme s’il en était extérieur. Il était un spectateur dans son propre corps, c’est à peine si vaguement il se disait qu’il devrait bientôt réagir… la drogue flouait tout, bien plus que sa vision. Les ongles enfoncés dans son bras, étaient enfoncés dans un autre bras, une vague pression fut le seul signal qu’il reçut. Le petit discours débité à son oreille, à qui était il adressé ?

Stoppé dans son élan, avec son cœur qui envoyait à toute vitesse le sang empoisonné dans tout son corps, Gabriel Touchedieu grognait vaguement dans une vague tentative de reprendre pleinement conscience. Il était aussi bien enchaîné par les Sorcières que par la drogue. Il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait, comme un animal. Il était en cage, mais il ne savait pas pourquoi. Tout était si flou…

La Reine de la Nuit se leva de son siège, souveraine et redoutable, sa robe autour d’elle flottait comme une eau coulante, hypnotique. Gabriel Touchedieu réduit à son état animal ressemblait à un rongeur fasciné par un serpent, il regardait béatement la grâce avec laquelle cette Reine glissait sur le sol. Elle avait un regard si méprisant et si triomphateur. Le regard d’une idole paienne bientôt satisfaite. Les yeux embués du Gourdin commencèrent à s’éclaircir, mais ne firent pas encore le point. Il était venu là pour quoi ? Joan Witham, la Rousse…

Au sortir des cachots, avec Joachim Villon, une torche qui remonte.

Et la Reine de la Nuit dégainât lentement son couteau, son propre couteau. Le Gourdin ne réagit qu’à peine.

La Rousse, et une torche, derrière la torche…

La Reine le condamnait, il était devant un tribunal. Il était déjà mort ? Ce n’était pas logique, il n’avait même pas eu mal. Les trois sorcières comme juges et assesseurs. Ce n’était pas l’idée profonde qu’il avait de Saint Pierre et des Archanges. Il cligna des yeux stupidement. La drogue était encore trop forte, mais bientôt elle prendrait fin.

Derrière la torche, une femme avec une robe violine qui lui flottait autour d’elle comme une eau coulante, hypnotique…

Il y avait tant de détails qu’il avait vu mais pas retenu lors de cette scène humiliante. Notamment l’autre personne, celle qui avait éteint toutes les lumières. Mais tout était si fluide, tout était si flou. La douleur de la lame dans sa chair le ramena au présent, d’une façon bien plus efficace que les ongles. Le métal avait cela de bien que sa fraîcheur réveillait n’importe quelle volonté. Le sang qui perla douloureusement de sa blessure fut une brûlure qui attisa la petite pointe de douleur qui le liait au présent, et au monde physique.

Tout d’un coup, Gabriel Touchedieu comprit le langage des hommes. Il comprit la phrase de la Comtesse, il comprit qui elle était. Le sang l’avait ranimé comme un requin s’affole à son odeur.

Et ses instincts se déclenchèrent, plus primaux et plus animaux qu’ils n’avaient jamais été. Encore plus élémentaux que lors de ses glorieuses années, car le fait d’être ligoté et de voir son meurtre venir est beaucoup plus traumatisant que n’importe quel échauffourée.

Le Condamné devint Fauve pile au moment où la goutte se détachait du couteau, comme si la goutte libérait la Bête enfouie en l’Homme.

« Rrrrrrrrrrraaaaaa ! »

Il bascula sa tête en arrière et donna un coup de boule bien senti en plein dans la tête d’Alicia qui partit à la renverse. Libéré de son principal danger, il y avait toujours les deux autres sorcières qui s’agrippaient à ses bras, et qui pouvaient le blesser aussi. Il n’était pas suffisamment fort pour se défaire d’elles en même temps. Même avec dix fois plus de force, l’effort l’aurait laissé haletant, facile à reprendre. Mais le Gourdin n’agit pas ainsi.

« Rrrrrrrrrrraaaaaa ! »

Il prit appui sur ses vigoureuses jambes, bien plus fortes que ses bras, pour se décaler sur le côté, entraînant avec lui les deux sorcières, qui n’avaient pas prévues qu’il ferait ca. Le trio se décala à toute vitesse vers une cloison et ce fut Clarisse McGregor qui fut écrasée dans un vacarme de marteau sur une enclume contre le panneau en recevant sur le torse tout le poids du Gourdin.

Débarrassé d’un adversaire, il restait l’autre. Le Gourdin avait besoin de toute sa force. Il la prit à deux mains, la souleva de terre. Tiens ? La fille qu’il avait étranglé sur le Parvis de Zetting. Elle était donc une sorcière ! La hargne personnelle se rajouta à l’instinct de survie.

« Rrrrrrrrrrraaaaaa ! »

Il pivota un peu pour prendre de l’élan, et la catapulta contre un mur, dans l’intention qu’elle se recoive le plus mal possible. Le corps de Valériane alla s’écraser avec un bruit mat persistant contre le mur. Il ne l’avait pas tué, ni assommé, mais comme Clarisse, le temps qu’elle se remette de la force du Gourdin, elle n’était pas en état de reprendre l’escarmouche avant qu’il n’ait le temps de s’occuper de la Reine.

Le Gourdin avisa une chaise faite par un ébéniste de talent, un meuble de famille que l’on transmettait fièrement par héritage, une pièce de valeur. Il prit le fauteuil à pleine main, le souleva au dessus de sa tête…

« Rrrrrrrrrrraaaaaa ! »

Et le brisa au sol. Le choc fut tel qu’une lame du parquet se brisa, en révélant des esquilles dangereuses. Dans les débris, Gabriel Touchedieu récupéra le pied de la chaise et se tourna vers la Comtesse, armé de sa véritable arme, de son gourdin.

Le Gourdin, ce n’était pas un surnom choisi par hasard. Le gourdin, c’était une arme de rustre, une arme simple à manier, dont l’escrime ne nécessitait quasiment aucune pratique. Mais le moindre coup de ce genre d’arme était pourtant impossible à parer. Même un duelliste qui se recevait un coup de gourdin en souffrait, même quand il faisait une parade de prime.

Et Gabriel Touchedieu, le Gourdin, allait frapper irrémédiablement, sans se retenir. C’était son devoir d’inquisiteur. Cette tête des sorcières devait être écrabouillée. Alicia était quasiment relevée.

« Rrrrrrrrrrraaaaaa ! »

Dans un grand mouvement circulaire, il la frappa à l’épaule, la jetant à terre. Il se jeta sur elle, la prit par le cou et la forca à se remettre debout, puis il la poussa contre une cloison et l’y accula. Même s’il lui serrait le cou, son but ce n’était pas de l’étrangler c’était trop doux.

La massue improvisée de Touchedieu se leva doucement au dessus de sa tête. La Mort avait changé de camp, elle était du côté de l’Inquisition, comme toujours.

Et Gabriel Touchedieu ressemblait toujours autant à un fauve enragé, avec ses dents qui se dévoilaient largement, prêtes à mordre dans la chair. Epuisé par tous ces mouvements violents, il haletait.

« Ecrabouiller… ta… tête. »

[Désolé les filles, mais la prochaine, c'est Europe]
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Europe
Fugitive
Fugitive
Europe


Requiem pour un Fou [II/II] Vide
MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 14:26

Avec une précision méthodique, calculée et furibarde, Europe lacérait sa viande à grands coups de couteau et de fourchette, en arrachant de temps en temps une bouchée pour l’introduire entre ses lèvres rouges et la mâcher furieusement. Un agacement sans nom rendait ses gestes brusques; ses sourcils froncés à l’extrême traçaient un éclair sombre au dessus de ses yeux. Pourtant, ce temps-ci, elle avait eu bien des occasions de se réjouir. L’arrivée de l’Oracle. Sa mission méticuleuse et salvatrice. La promesse de l’élection d’un nouveau Gardien. De savoir qu’il faudrait composer avec le Lys Noir n’était pas pour lui plaire du tout, mais ce n’était même pas ça, la cause de sa colère. Sa venaison n’était plus qu’une bouillie à l’image de ses pensées: indéfinie, charcutée, contradictoire. Ce Gabriel Touchedieu et ses provocations. Cette impression d’avoir abouti à une impasse totale. Europe n’avait jamais connue ça.

Il semblait appartenir à un autre monde. Certains esprits étaient plus obtus que d’autres; grâce à son don d’empathie, Europe avait toujours su plus ou moins cerner les gens, et appuyer sur les bonnes cordes quand les besoins s’en faisaient ressentir. Même la plus fermée des brutes abritait quelque part des bons sentiments. Même les psychopathes comme Alicia, avaient une capacité d’émotion –elle l’avait clairement montrée par son chagrin sincère, à l’enterrement de son défunt mari. Mais le Gourdin échappait à tous les stéréotypes connus et imaginables. Il n’était même pas fluctuant; plutôt psychorigide, et têtu comme une tête de lard si elle pouvait employer l’expression. Peut-être serait-elle parvenue à le changer grâce à une action longue, qui s’encrait dans la durée. Mais elle en doutait fortement. Et rien que de repenser à ses propos vexatoires, ses provocations sur Louis, elle se sentait partir dans un état de transe furibonde… d’autant que même si c’était ridicule, elle prenait cette situation comme un échec personnel.

Méprisante, la Grande Prêtresse abandonna ses reliefs de repas et quitta la table de la Salle à Manger qu’elle partageait avec des amis, manifestement surpris devant sa mauvaise humeur. Dans les couloirs du château, l’atmosphère était un peu plus paisible et elle savourait ce silence bienvenu –le bruit l’empêchait de penser clairement et de se calmer. Europe s’aventura bientôt dans le dédale labyrinthique des couloirs de Frauenberg; à force d’y passer son temps, elle connaissait les recoins et les subtilités de cet immense complexe architectural par cœur. De temps en temps des Nobles pressés, des domestiques, d’autres personnes qu’elles ne connaissaient pas passaient à proximité d’elle, seules ou en groupe, ne lui prêtant aucune attention. Du coin de l’oreille, elle perçut un bruit de course étouffé par les épais tapis et, à l’angle d’un couloir s’immobilisa soudain, persuadée d’avoir vu le dos nu et la tignasse blanche de Touchedieu.

Ça alors. Voilà qu’elle avait la berlue maintenant! Ce vieux lui travaillait l’esprit plus avant qu’elle ne voulait bien l’admettre. Clignant des yeux pour chasser ses hallucinations, elle continua son chemin vers les étages comme si de rien n’était… du moins en apparence. En réalité, elle était troublée par sa vision.
Quelques couloirs plus tard, des coups sourds retentirent, puis un grand fracas qui fit un instant trembler le parquet de l’étage. Europe qui s’apprêtait à rejoindre ses Appartements, fronça les sourcils et se détourna de son itinéraire pour voir ce qu’il se passait. Les cloisons vibraient dans un raffut épouvantable, ponctué de cris secs et de déchirements. On aurait dit qu’une équipe de charpentiers fous venaient de faire irruption dans le château, ou plus vraisemblablement qu’une lutte acharnée se déroulait de l’autre côté –d’autant que vinrent bientôt s’ajouter de vibrants hurlements de fureur mêlés à des cris de souffrance. La Grande Prêtresse d’Olrun ne réfléchit plus, releva ses jupes et termina son chemin en courant, se précipitant vers la source de ce vacarme tandis qu’un ultime bruit de meuble brisé parachevait l’ambiance tumultueuse.

Toute à sa confusion, Europe ne remarqua pas qu’il s’agissait des appartements d’Alicia. Prise dans le feu de l’action, elle ne s’aperçut pas plus que trois membres du Lys Noir se tenaient dans la grande chambre, en train de batailler avec Touchedieu. Elle n’avait donc pas rêvé! Ce vieux ignoble et pervers était de retour dans le château, visiblement en train de violenter des femmes qu’elle n’eut pas le loisir d’identifier. En un regard, elle analysa la situation. L’une des donzelles avait valsé contre un mur avec violence et c’était un miracle qu’elle ne soit pas assommée. L’autre ne semblait pas dans un meilleur état puisqu’elle venait visiblement de se faire démolir le portrait; et la dernière, qu’Europe ne voyait pas car Touchedieu se tenait entre elles, allait se faire étrangler comme un vulgaire coq sous les muscles impressionnants du Gourdin écumant de rage.

La Grande Prêtresse ne réfléchit pas. Aveuglée par une certaine colère, sentant exploser en elle l’adrénaline mêlée à sa respiration saccadé, elle fit un pas en arrière dans le couloir, se saisit d’un candélabre en fonte qui reposait sur un meuble de frêne, si lourd qu'elle avait peine à le soulever, et le brandit au-dessus de sa tête.

Sans nul doute qu’elle avait commis à ce moment sa plus grande erreur. Si elle avait sû que la femme sur le point de se faire étrangler était Alicia, elle n’aurait jamais réagi. Et pour cause… elle souhaitait que la vie de la Meneuse s’éteigne depuis plusieurs années déjà. Alors si quelqu’un pouvait faire le sale boulot à sa place, que demander de mieux? Mais elle n’avait rien vu. Le dos de Touchedieu, ruisselant de sueur, sa nuque couverte de cheveux blancs en bataille, tout ça l’obnubilait. Dans un élan, elle poussa un formidable feulement de rage qui résonna dans les Appartements et abattit de toutes ses forces le chandelier sur l’arrière du crâne du Gourdin. Le métal heurta les chairs contractées de la nuque avec violence, percutant les os du crâne dans un craquement sinistre; la seconde d’après Touchedieu s’effondra sur le sol, proprement assommé.

L’espace d’un instant, Europe eut peur d’y avoir mis trop d’ardeur et de lui avoir provoqué une commotion cérébrale. La seconde suivante, elle se dit qu’elle s’en fichait et une profonde jouissance se diffusa dans ses veines. Les Nobles comme elle n’avaient jamais eu le loisir de goûter au plaisir diffus et contradictoire d’une bonne baston. A présent qu’elle voyait son adversaire à terre, la saveur de la satisfaction emplissait sa bouche.
Néanmoins, elle tâcha de ne pas se laisser aveugler par sa « victoire » et ne perdit pas de temps. La Sorcière se plaça au dessus du Gourdin évanoui, croisa les mains et, faisant le vide en elle pour prendre toute la concentration nécessaire, lança un sortilège de sommeil combiné à un sort d’oubli qui permettrait d’annihiler de la mémoire de Touchedieu l’épisode qui venait de se dérouler; il se réveillerait simplement le lendemain avec une énorme migraine et un corps douloureux. Un sort d’une faible puissance, et qui aurait nécessité une préparation plus spécifique, mais il ferait bien l’affaire et l’heure n’était pas au perfectionnisme. La voix de la Prêtresse retentit avec force, haute et claire, encore grisée par une satisfaction toute bestiale.


"Aer et aqua facti nebula illes somnum brevem! Pullulantes pulli, vinculum facti inimicum captent! Mater musarum, Mnemosyne, ad se nos alliciat… Nebula hypnotica!!"
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Lorenzo Maestriani
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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeSam 8 Mai 2010 - 1:55

L’agitation n’allait pas passer indéfiniment inaperçue. Autant de vacarme allait finir par ameuter quelqu’un, et malheureusement pour nos petits protagonistes, il ne s’agissait pas d’un enfant de chœur. Lorenzo marchait dans les couloirs la tête perdue dans ses pensées lorsque les bruits vinrent déranger sa quiétude. Il s’arrêta un instant vérifiant par là même que son imagination ne lui jouait pas des tours mais non. Il y avait bien des bruits de lutte. Intéressant. A vrai dire il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il y ait autant d’action au sein même du Château. Généralement la fureur de la tempête éclatait à l’extérieur, l’intérieur étant presque un véritable sanctuaire où ne résidaient que les querelles de pouvoir et les sombres complots mais jamais de conflits ouverts, qu’avait-il bien pu se passer pour que l’on en arrive là ? Cela semblait provenir des Appartements des Nobles. Une autre question demeurait : qui pouvait bien faire du grabuge là-bas ? Ne savaient-ils donc plus se tenir ? Quelle mouche les avait piqués ? Enfin peu importait, il y avait visiblement de l’ordre à rétablir ici bas, et c’était une bonne manière de montrer que l’autorité à Forbach, c’était lui, et rien d’autre que lui. D’un coup d’œil, il avisa deux gardes qui semblaient également se poser quelques questions et d’un claquement de doigts leur fit signe de le suivre, faisant appel à leur obéissance plutôt que leur sens pratique.

Lorenzo remonta le couloir, flanqué des deux soldats, bousculant au passage quelques nobliaux qui restaient là à écouter les bruits en provenance des appartements. Dieu seul savait ce qui se passait là-bas, et visiblement ces trouillards ne semblaient pas vouloir le voir d’assez près.


« - Écartez vous ! Faites place ! »

Le Comte se frayait un passage à grand renfort de bousculades et de force. L’heure n’était pas aux courtoisies et ces pauvres imbéciles se trouvaient sur sa route. D’un pas décidé, il se rapprocha des bruits de lutte, sa surprise fut grande lorsqu’il comprit que cela provenait des appartements de la Comtesse. D’un signe, il intima à ses hommes d’accélérer le pas, ce qu’il fit également. Son esprit bouillonnait : Qui ? Pourquoi ? Comment ? Autant de questions qui n’allaient pas tarder à être résolues.

Il parvint à l’entrée des appartements d’Alicia, enfin, si on pouvait encore appeler cela une entrée. La porte avait été fracassée et reposait un peu plus loin dans les appartements. A l’intérieur, une véritable tornade était passée par là, et quelle tornade ! La pièce entière semblait avoir vécu un carnage incroyable, les murs étaient même défoncés par endroit… Un examen un peu plus approfondi permit de lui rendre compte de la présence de cinq personnes. Deux lui étaient inconnues. Deux femmes qui gisaient au sol, visiblement sonnées. Les trois autres par contre lui était familières… Europe, Alicia et… Gabriel. Ainsi voilà le responsable de tout ce tapage… Mais qu’avait-il bien pu passer par la tête de cet imbécile ?! Avait-il seulement conscience de ce qu’il venait de faire ? Visiblement ce dernier venait d’être maîtrisé. Lorenzo regarda Europe, un léger rictus aux lèvres, avant d’aviser le chandelier au sol. Son regard passa sur Alicia, visiblement mal au point. Il fit signe aux deux gardes de faire le pied de grue devant l’entrée, ou ce qu’il en restait, avant d’aller vers la Comtesse avant de l’aider à se relever.


« - Est-ce que vous allez bien Comtesse ? »


Sa voix était douce et apaisante mais la question était plus rhétorique qu’autre chose. Il voyait parfaitement qu’elle n’était pas tout à fait au meilleur de sa forme mais elle ne semblait pas gravement blessée, c’était toujours ça. Se redressant à son tour avec Alicia, il reposa son regard sur Gabriel puis sur les personnes présentes :

« - J’ose espérer que quelqu’un saura m’expliquer en détails ce qu’il s’est passé ici. Je serai vraiment navré de devoir tous vous montrer à quels points les cachots de Forbach sont inhospitaliers pour des personnes de bon goût pour découvrir la vérité. »

Menace en l’air ? Non, pas vraiment et son ton le faisait bien sentir. Il en avait le pouvoir et il le ferait, si tant est que personne ne coopérerait et ne lui expliquerait ce qu’il s’est réellement passé. Bien entendu, vu l’état de Gabriel, il ne s’attendait pas vraiment à ce que celui-ci puisse lui expliquer le pourquoi du comment, mais il comptait plus vraisemblablement sur Europe ou Alicia.
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Alicia Loewenstein
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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeSam 8 Mai 2010 - 12:49

En une fraction de seconde Alicia s’était retrouvée à terre, un douleur implacable au front. La violence du coup de tête l’avait projetée en arrière en la faisant pivoter de telle façon qu’elle était tombée au sol en cognant à nouveau son front sur les lattes acerbes du plancher ce qui eut pour effet de raviver grandement la douleur et d’ouvrir une plaie dans un cri de douleur déchirant. Mais qu’avait-il bien pu se passer ? Un instant elle était Judith, prête à sauver son peuple, l’instant d’après elle était un pauvre insecte à moitié mort, prêt à se faire écraser sous le pied immonde de Gabriel Touchedieu. C’eut pu être comique de le dire dans une situation moins pénible pour Alicia, mais elle avait sous-estimé le Gourdin, il savait utiliser sa tête…

Elle n’était pas assommée, elle n’avait pas rendu ses dernières forces, elle n’avait pas dit son dernier mot. Ses yeux se rouvrirent sur le plancher où étaient tombée de son sang une première goutte de sang. Elle voyait trouble et suite à cette déferlante de violence, elle avait bien du mal à reconstituer la scène avec tous les liens de cause à effet, si bien qu’elle eut l’espace d’un instant l’impression que cette goutte au sol était celle qui avait commencé sa chute au bout de sa dague un instant auparavant. Puis elle se rappela brièvement, le regard vide de l’inquisiteur qui s’était soudainement animé d’une lueur bestiale pleine de haine. La Comtesse se retourna avec difficulté, elle sentait le sang couler sur le côté de son front.

Mais à peine eut-elle le temps de commencer à se relever que le Gourdin lui asséna un autre coup, à l’épaule cette fois, avec un objet contendant aux arrêtes aiguisées. Alicia retomba à terre en une plainte sonore en se tenant l’épaule. La douleur lui arracha des larmes amères qui n’émurent pas le moins du monde Gabriel Touchedieu qui revenait déjà à la charge avec son gourdin. Il se jeta sur elle et lui serra le cou dans sa main massive. Il la décolla du sol au point que ses pieds ne frôlaient plus qu’à peine le plancher maculé. La massue s’éleva et les paroles si simples et basiques du Gourdin firent perdre tout espoir à Alicia. C’était un animal, elle était sa proie, il n’avait pas mal, elle était dans l’effroi.

C’était donc à ça que ressemblerait la mort de la célèbre Comtesse qui s’était levée face aux hommes, la fin de la grande Meneuse qui avait mené sa tribu à la gloire, la fin de celle qui venait de donner la vie… Alicia repensa à sa vie entière dans une vague rapide et bouillante d’écume : sa mère, sa sœur, ce comté, ces sorcières, ce comte, cette guère, ces supplices, cette haine, cette romance assassinée, ces erreurs du passé, ses espoirs et ses déceptions. La vague se figea enfin quand arriva en son esprit l’image d’Amaël. Son fils allait grandir sans mère. Oh comme elle l’aimait, il était si beau, il ressemblait tant à son père, comme il lui manquerait, comme elle regrettait en cet instant toutes ces prises de risque qui la condamnait à présent à ne plus jamais embrasser celui pour lequel elle aurait du mourir.

Puis le jour se fit. Il y eut un bruit mat. Le Gourdin subitement s’écroula. Les yeux fermés de la Comtesse se désembuèrent et observèrent la cause de ce miracle qui lui avait sauvé la vie. Ô misère… Elle en eut un haut-le-cœur. C’était Europe, la Grande prêtresse d’Olrun qui lui avait sauvé la vie. Son ennemie jurée. Un instant elle se demanda si elle ne regrettait pas d’être encore en vie pour voir pareille contrepartie à son sauvetage. Cela signifiait-il qu’Alicia aurait une dette envers elle ?! La Meneuse eut à nouveau le tournis et en tomba assise sur le sol. Europe maîtrisait avec une rigueur et une rapidité impressionnante. Alicia ne put s’empêcher de penser – tout de même – qu’elle s’exhibait un peu trop dans son rôle de sorcière parfaite avec cette récitation de mémoire de formule d’amnésie généralement réservée aux groupes. La Meneuse y aurait-elle pensé ? Assurément…

Son regard se posa sur ses deux sœurs qui se relevaient également sonnées par les assauts du Gourdin. Elle fut rassurée de les voir toutes deux en vie et se sentit terriblement coupable de les avoir entraînées là-dedans. À l’idée qu’elle eut pu mener ses deux camarades à la mort, Alicia dut prendre une immense respiration et une deux grosses larmes sortirent de ses yeux. Elles si aimables et dévouées, mises en danger par son impulsivité. Mais quelle Meneuse faisait-elle ? Rares étaient les fois où Alicia doutait. Puis on entendit la voix tintée de l’accent italien de Lorenzo Maestriani. La Comtesse fut paniquée. Comment expliquer cette situation des plus embarrassantes ? La bouche lui en était béante et le regard vers l’entrée totalement effrayé. Europe, Gabriel à terre, mais surtout la présence de Clarisse et Valériane. Alicia avait même du mal à se rappeler du plan initial tant tout ceci avait changé.

Le Comti l’aida à se relever. Alicia était encore tremblante et le sang coulait encore légèrement de son front. Il demandait des explications au risque des cachots. Alicia frémit. Toutes les personnes présentes ici étaient là par sa faute. Même Europe n’avait rien demandé. Il était temps qu’elle fasse son travail.


« COMMENT OSEZ-VOUS !!! Vous menacez des cachots les victimes de cette énergumène qui depuis trop longtemps aurait du être suspendu par vos soins ! Depuis des mois qu’il terrorise le comté sans que vous ne leviez le petit doigt !!! C’EST LUI qui devrait être enfermé dans les cachots, et depuis perpette ! »

La Comtesse était au bord de l’évanouissement et devait véritablement employer toutes ses forces pour être convaincante et habitée. Elle s’écarta de l’aimable et robuste soutient que lui offrait Lorenzo en lui faisant signe qu’elle allait bien qu’il fallait juste qu’elle se remette un peu. Elle s’installa dans son fauteuil près de la fenêtre, retrouvant en cette pièce sa position initiale. Elle inspira profondément et commença :

« Alors que nous discutions avec Valériane - la charmante demoiselle que vous apercevez ici - d’une nouvelle robe que je souhaite commander à son vieil oncle, George Duraille, et avec Clarisse – l’autre belle dame que vous voyez là – d’un chapeau qu’elle pourrait me confectionner et qui irait avec ma robe, Gabriel Touchedieu a défoncé la porte et nous a agressées en hurlant le nom de… Qui déjà ? Ah oui, « Joan Witham ». J’ai tenté de prendre son poignard de service pour le neutraliser mais… Je ne suis qu’une femme et c’est un malade mental vous comprenez… Il m’a alors attrapée au cou et a voulu me démolir le crâne avec ce pied de chaise - qu’il va devoir me rembourser, au prix de sa vie s’il le faut. Dieu merci Damoiselle Eleonora-Sun, attirée par le bruit je présume - a pu l’assommer, par derrière, alors que toute son attention était portée sur moi… Si cela ne vous satisfait pas comme explications j’ai ces deux jeunes femmes comme témoins. »

Elle désigna Valériane et Clarisse d’un gracieux geste de main. Et fit un sourire crispé par la douleur à Lorenzo. Elle n’adressa rien à Europe, trop agacée d’avoir à lui devoir quelque chose.

[Valériane et Clarisse, je vous propose un dernier tour de jeu suite à ce message =D]
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Valériane d'Ombre Lune
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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeMer 12 Mai 2010 - 0:33

Valériane avait mal. Tout son corps n'était que souffrance. Elle se sentait comme une poupée de son entre les mains sadiques d'un sorcier qui se serait amusé à la couvrir d'aiguilles et de piquants. A chacun de ses mouvements elle poussait un gémissement de douleur. Et elle qui était d'ordinaire si souple, si féline, si élancée ne pouvait plus se mouvoir qu'avec une grande prudence. Avec son teint de porcelaine, elle ne craignait qu'une chose : se briser en morceaux.

Elle se redressa avec une lenteur exagérée juste au moment où le comte prit la parole. Soudain saisie par étourdissement elle sentit ses jambes plier sous son poids et il lui fallut toute l'aide de la muraille pour éviter de s'étaler. Sa tenue peu orthodoxe était désordonnée et par endroit présentait de larges accrocs qui révélaient une peau martyrisée par le traitement que lui avait fait subir le Gourdin. Oui, elle était habillée comme une écuyère et offrait un spectacle indigne d'une noble chambre, mais elle espérait que sa détresse, son charme et sa jeunesse puissent jouer en sa faveur.

Elle avait été d'une rare inefficacité et le regrettait. Comme prévu l'Inquisiteur n'avait eu aucun mal à martyriser les deux jeunes femmes. Machinalement, elle porta sa main à sa bouche, le goût du sang sur ses lèvres l'emplit de ravissement. Visiblement elle avait réussi à blesser le Fou de Dieu ; ce n'était qu'une petite victoire mais c'était toujours mieux que rien. Néanmoins cela n'effaçait pas les terrifiant élancements qui secouaient ses muscles.

Valériane était doublement blessée ; dans son corps et dans son âme. Son essence terrestre souffrait car elle avait heurté le mur de plein fouet et ce n'est que par la grâce de sa jeunesse et de sa souplesse qu'elle avait pu se remettre du choc. Mais elle saignait aussi de l'amour propre, car pour pour la seconde fois elle venait de succomber face à l'Homme d'Eglise qui semblait se rire des efforts dérisoires qu'elle faisait pour l'abattre. Plus elle s'acharnait en déployant toutes les armes de ses félins instincts et de sa sauvagerie et plus il la brisait.

De cette défaite elle ne garderait que peu de souvenirs. En effet, si au début l'excitation l'avait empêché de se concentrer sur ce qu'il se passait, ensuite c'est la douleur qui avait brouillé sa vision du combat, dissimulant le carnage sous un brouillard sanglant. Seul quelques événements déterminants lui revenaient en mémoire et brûlaient son âme comme de terrifiants stigmates. La blessure de Clarisse, l'ombre de l'Inquisiteur, le sang de la Grande Meneuse, étaient autant de cauchemars, d'hallucinations qui reviendraient hanter ses nuits.

Mais peu importait, la Meute était intacte ! Et malgré quelques douloureux séquelles, aucune perte n'était à déplorer. Valériane appréciait cette douce nouvelle avec soulagement, car en ces temps troublés le Clan avait besoin de tout ses membres pour survivre et s'imposer. Une victime parmi les belles fleurs du Lys Noir, aurait été tragique pour toute la communauté. Après tout elles étaient toutes trois indispensables. Alicia pour son rôle de guide, Clarisse parce qu'elle était une aguérie aussi belle que talentueuse ; et bien sur Valériane qui était – et se considérait comme – le joyau de la tribu.

La Vipère n'avait jamais eu l'occasion d'être présentée au Comte. Maintenant qu'il était face à elle, elle regrettait de ne pas avoir fait plus d'effort pour être intégrée à la cour. Il se dégageait du noble italien une impression de force et de puissance qui attirait la Féline. En fait, pauvre bâtarde au sang bleu, elle était comme hypnotisée par la puissance de la noblesse temporelle. Elle n'était qu'un petit papillon bien inconscient qui ne cherchait qu'à se perdre au contact des chandelles de la Gloire.

Le mensonge d'Alicia lui offrait une occasion unique de se racheter. Se forçant à réfléchir et à remettre de l'ordre dans le chaos de ses pensées, elle fit apparaître sur son visage son masque de charmante petite nièce. La sulfureuse apprentie n'était plus, ses instincts primaires ayant été pour le moment étouffés à coup de gourdin. Redevenue une jeune et jolie jeune fille, elle laissa une larme plus vraie que nature dévaler sa joue.

En parfaite actrice, elle s'adressa au maitre de Forbach avec une voix tremblante :

-Mon seigneur, nous somme désolé...Mais, mais l'inquisiteur était comme fou. Je crois qu'il nous voulait du mal.

Mimant un vertige suivit d'un déséquilibre passager, elle s'affaissa sur le comte et se pressa contre lui pendant quelques secondes. Enfin, une fois son trouble dissipé – comme par magie – elle se redressa doucement en se tenant la tête.

-Oh pardonnez moi votre seigneurie, mais je crois que cette brute m'a blessé.

De nouveau elle laissa échapper quelques sanglots et pour faire bonne mesure elle leva un regard craintif vers le dirigeant.

-J'ai eu si peur. Toute cette violence c'était terrible, même la porte n'a pas résisté à sa fureur d'ours. Il a toute de suite essayé de s'en prendre à Dame Alicia. Clarisse et moi même, avons bien tenté de l'en empêcher mais nous ne faisions pas le poids. Je ne suis que la pauvre nièce d'un tailleur ; pas une combattante. En plus il bavait et braillait comme un dément. Et puis regardez, ce fou n'est pas même pas vêtu convenablement.

Valériane commençait vraiment à se prendre au jeu et les mots hachés entrecoupés de soupirs s'échappaient avec légèreté de ses lèvres. Finalement, interpréter le rôle de la biche effarouchée pouvait être plaisant ; du moment que cela n'était que du théâtre...

-J'espère que ma douce amie Clarisse n'a rien. Quand je pense que nous ne faisions que conseiller Madame la Comtesse au sujet de sa prochaine parure. Heureusement que Mademoiselle Eleonora-Sun est arrivée ; sans quoi il nous aurait surement toutes tuées.

Trop choquée pour pouvoir continuer, Valériane croisa les bras sur sa poitrine et se mit à frissonner. Elle avait l'air tellement vulnérable du haut de ses dix sept hivers.
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Clarisse McGregor
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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 6:27

Combien de temps avait-elle perdu conscience? D'après ce qu'elle pouvait comprendre cet instant n'avait duré que quelques secondes. Et pourtant la suite des évènements lui parut une éternité...
Quand celle-ci avait repris connaissance ses paupières avaient eut du mal à s'ouvrir. Le corps étendu sur le flanc, la respiration légèrement saccadée, la jeune femme ne pouvait voir ce qu'il se passait. Son chignon étant à moitié défait par sa chute et l'écrasement subit, d'épaisses mèches de sa chevelure reposaient sur son visage et cachaient sa vision par la même occasion. Son nez était endolori et Clarisse sentait une substance poisseuse, chaude, couler de ses narines et venir s'immiscer dans sa bouche. Du sang...elle en était sûr...Touchedieu l'avait blessé mais au moment où elle s'en était rendu compte elle prêta attention aux bruits alentours. Ses oreilles bourdonnantes avaient du mal à comprendre ce qu'il se tramait. Pourtant, malgré un vacarme assez retentissant lui permis de comprendre que l'inquisiteur grognant dans une rage folle s'en prenait à Alicia. Mais où était donc Valériane?
Toute sa vue était brouillée, gênée par sa chevelure ainsi que par une douleur abdominale lancinante causée par le coude de cet homme qui s'était enfoncé dans son ventre lorsqu'il s'était jeté sur elle de tout son poids. Le choc et sa chute avaient été tellement brutal...
Avec quelques efforts elle put percevoir la silhouette de Touchedieu plaquant Alicia contre une cloison, un bras en l'air comme prêt à la frapper.
Clarisse voulait hurler mais ses lèvres ensanglantées tremblèrent uniquement. Non, rien n'arrivait à en sortir, pas même une syllabe. Tentant de rassembler toute ses forces la jeune aguerrie essaya de se relever mais hélas seul son annulaire de sa main gauche réussit à légèrement bouger. Non, c'était peine perdu, malgré toute ses tentatives elle était dans l'incapacité la plus total d'agir et cela la paniquait. Après avoir perdu sa seconde mère elle allait perdre Alicia et Valériane.
Ses yeux s'humidifièrent et une larme se mit à couler le long de sa joue, de la commissure de ses lèvres puis de son menton, se mélangeant ensuite à quelques gouttes de sang pour tomber de son visage et atterrir violemment sur le plancher en bois vernis. Clarisse ferma les yeux l'espace d'un instant et sombra dans un gouffre noir.

Quand elle repris de nouveau connaissance, elle entendit la voix d'Alicia et Lorenzo Maestriani, ressentant alors un fort soulagement d'entendre la voix de sa maîtresse et de ne plus apercevoir la silhouette de Gabriel Touchedieu agressant la comtesse.

La tête encore étourdie la jeune femme n'arrivait pas à comprendre ce qui avait bien put se passer mais elle retrouva assez de force pour arriver à prendre appuis sur ses deux mains, soulever sa tête et son buste du sol et s'asseoir, appuyant sa tête et son dos contre un meuble situé derrière elle. Les yeux encore mi-clos et grommelant de douleur la jeune aguerrie remis sa chevelure en place dans un geste lent. Les voix des personnes présentes dans la pièce étaient trop fortes pour ses tympans. Oh combien avait-elle envie qu'elles cessent de crier!

Puis, avec un certains effort elle réussit à ouvrir entièrement ses paupières, se releva lentement tout en parvenant à garder un certains équilibre. Reprenant enfin ses esprits sa première pensée fut pour Valériane. Où était-elle et comment allait-elle? Son coeur se mit à palpiter et son souffle s'accelera fortement, recherchant du regard la jeune apprentie qui en cet instant se jetait comme une jeune biche sur le comte pour elle ne savait qu'elle raison. En la voyant saine et sauve Clarisse lui souria de ses dents blanches et rouge sang quand cette dernière jouant le jeu de la jeune jouvencelle innocente exprimait son inquiètude pour ses amies. Clarisse détourna le regard, apercevant Europe à son grand étonnement ainsi que le corps de l'inquisiteur étendu sur le parquet.

Immédiatement son attention se porta sur Alicia. Ses yeux exprimèrent alors une expression horrifiée : celle-ci avait le visage en sang et elle, Clarisse, n'avait pas su la protéger correctement...
Tentant de retenir ses larmes en se mordant la lèvre inférieure la membre du Lys Noir se dirigea d'un pas hésitant et tel un pantin sans âme vers la comtesse. Comment allait-elle réagir? Allait-elle la rejeter ou bien même l'ignorer? Elle avait faillit à sa mission et jamais elle ne pourrait se le pardonner. Sortant un mouchoir propre de sa poche elle essuya le front de la blessée la main tremblante. Et dire qu'elle n'était même pas bonne pour juste essuyer une blessure. Non, elle n'avait aucune utilité. Elle n'était bonne à rien finalement. Juste à créer de vulgaire chapeaux...

Clarisse arrêtant son geste de bonté si ridicule, laissant tomber grossièrement son bras le long de son corps et serrant le plus fort possible le mouchoir, plongea ses yeux verts et humides dans ceux d'Alicia. Elle aurait tant aimé lui demander pardon ! Sa gorge étant comme étranglée par l'émotion elle ne ressentait nullement le courage et la force de laisser échapper quelques mots de sa bouche même si simples et courts soient-ils...Alors un sentiment de honte et de frustration l'envahit intensément; ses lèvres se mirent à trembler et Clarisse si prétentieuse en temps normal se laissa aller aux sanglots. Sa vue fut entièrement brouillée par d'épaisses larmes qui dégoulinaient sur son visage se mélangeant salement au sang séché présent sur sa peau habituellement si belle et douce. Ne pouvant faire face aux regards d'autrui elle laissa tomber le mouchoir et porta ses mains à son visage afin de se cacher et soutenir en partie sa tête qui tournait. Son corps étant comme pris de spasmes qu'elle n'arrivait plus à contrôler Clarisse se laissa tomber sur les genoux devant sa maîtresse, les mains cachant son visage défiguré par l'embarras et l'humilation. Secouée, sa respiration spasmodique et chaque sanglot était tel un coup de poignard en son estomac. Son coeur cognait fortement en son sein et était insupportablement douloureux comme si une main le serrait de toute ses forces. Des frissons parcouraient son échine, et ses pleures étaient pareilles au déchirement de son âme... Non elle ne valait rien, on ne pouvait compter sur elle...Elle, Clarisse McGregor, fugueuse et fille indigne, incapable de protéger ceux qu'elle aimait , jeune femme si prétentieuse et méprisable, hypocrite de surcroit ne valait nullement l'amour et l'attention qu'on avait put lui porter. Envers cette jeune femme si faible on ne pouvait que ressentir la haine et le dégoût face à une telle aguerrie qui ne méritait nullement son titre et sa place de membre du Lys Noir...
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Lorenzo Maestriani
Mort(e)
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Requiem pour un Fou [II/II] Vide
MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 0:54

Le Comte de Nicosie, debout à côté de la Comtesse de Sarrebourg, attendait visiblement des explications. Les appartements étaient dans un état lamentable et la lutte avait été acharnée. Mais même si la bienséance le prévalait et que les états de service de Gabriel Touchedieu, Gourdin de l’Inquisition, n’étaient pas très glorieux, il convenait d’être sûr que c’était ce dernier qui avait entamé les hostilités et non l’inverse. La Comtesse s’offusqua des menaces du Comte, prétextant que l’Inquisiteur aurait déjà du être suspendu depuis des lustres. Lorenzo l’aida à s’installer dans un fauteuil tout en répondant :

« - Ménagez vous Comtesse. Je ne fais que mon devoir, celui de la recherche de la Vérité. »

Elle lui fit signe que tout allait bien et commença à lui exposer sa version des faits. Bien entendu, comme on pouvait s’y attendre, celle-ci prétextait une réunion mondaine autour d’une confection de vêtements où avait déboulé l’Inquisiteur, fou furieux, motivé par la recherche de Joan Witham. Alors que la Comtesse racontait, Lorenzo posa un regard sur Gabriel, toujours inanimé au sol et dans un bien piteux état. Le voir ainsi dénudé était assez étrange, ce n’était pas vraiment son genre. La lutte l’avait-elle déshabillée ? Il jeta un regard tout autour dans la pièce tout en prêtant une oreille attentive à la Comtesse. Lorsqu’elle eut fini, il abandonna la quête des vêtements de l’Inquisiteur, et tourna la tête vers les deux jeunes femmes que la Comtesse appelait comme témoins. Valériane semblait avoir reprit ses esprits et en état de parler, il lui adressa donc la parole :

« - Je suppose que vous validez la version de la Comtesse, damoiselle Valériane ? »

La jeune femme commença à parler, mais subitement prise d’un malaise, elle s’affaissa contre le Comte qui la retint en l’enlaçant de ses bras. Elle se dégagea doucement ensuite, visiblement remise. Lorenzo restait sceptique mais ne le montra point. Il l’écouta s’excuser puis corroborer la version d’Alicia en précisant que Clarisse et elle-même avait tentées d’arrêter l’inquisiteur fou-furieux mais qu’elles avaient bien entendu échouées compte-tenu du fait qu’elles n’étaient toutes les deux que des femmes et que c’était une véritable brute, visiblement aliéné sur le moment.

« - Bien, je vous remercie. »

Il se tourna ensuite vers Clarisse. Mais cette dernière ne semblait pas vraiment en état de parler. Et lorsqu’elle finit par s’effondrer devant la Comtesse sanglotant e, il comprit qu’il n’en tirerait rien. Il échangea ensuite quelques mots avec Europe, pour effectivement apprendre que c’était elle qui avait assommé l’inquisiteur alors que son attention était portée sur la Comtesse.

« - Étant donné la situation, je prends note de ce que vous m’avez dit. Si jamais damoiselle Clarisse devait reprendre ses esprits et voudrait rajouter quelques choses à vos déclarations, qu’elle vienne me trouver. En attendant… »

Il fit un signe aux deux gardes les plus proche, alors que plusieurs avaient rejoint les appartements, ramenés par l’un des gardes.

« - Saisissez vous de cet homme et mettez le au cachot. J’aurais quelques questions à lui poser lorsqu’il se sera réveillé, faite moi quérir lorsqu’il aura reprit conscience. Que l’un de vous aille à la Collégiale et prévienne Louis Institoris ou son second, je relève Gabriel Touchedieu de ses fonctions d’Inquisteur jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur cette histoire. Allez. »

Les gardes acquiescèrent et s’exécutèrent. Alors qu’ils s’occupaient de l’Inquisiteur, Lorenzo se tourna vers la Comtesse.

« - J’enverrai les personnes nécessaires pour réparer les dégâts au plus vite. Cet épisode ne sera rapidement qu’un mauvais souvenir, je vous le promets. Si jamais vous deviez avoir besoin de quoique ce soit, prévenez moi, nous verrons ce qui pourrait être fait pour régler cela au plus vite. »

Il embrassa ensuite la pièce dévastée de son regard et rajouta :

« - Sur ce, je vais vous laisser reprendre vos esprits, veillez à prendre soin de vous et à soigner ces quelques blessures. Je vous souhaite tout de même une bonne fin de journée. »

Il fit une révérence polie et se retira, emmenant avec lui les quelques gardes encore ici et leur ordonnant de faire quérir les personnes compétentes pour réparer les dégâts de ce carnage… Mais bon sang, qu’est-ce qui avait bien pu passer par la tête de Gabriel ?
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Europe
Fugitive
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Europe


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MessageSujet: Re: Requiem pour un Fou [II/II]   Requiem pour un Fou [II/II] Icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 17:16

Ce n’est que lorsqu’une étrange brume luminescente eut flotté un instant autour de la tête de Touchedieu, donnant corps au double sortilège lancé par Europe, et que la nébuleuse céruléenne s’estompa dans la lumière tamisée de la pièce, que la Grande Prêtresse d’Olrun prit enfin le temps de souffler et de retrouver ses esprits. Après un tel vacarme, le silence ambiant semblait profond et presque insupportable. La Sorcière sentait encore de légères décharges d’adrénaline dans ses veines et ses doigts tremblaient un peu au souvenir de la sensation du lourd candélabre s’abattant avec fracas sur la nuque de l’Inquisiteur. Le voir par terre ainsi assommé et amnésié lui procura un intense sentiment de satisfaction. Cela ne lui ressemblait pas du tout de se venger physiquement et encore moins un adversaire dans le dos, mais elle avait changé et devait admettre que céder à la facilité était jouissif.

Mais toute cette satisfaction, tout cet ersatz de triomphe s’effondra lamentablement lorsqu’elle releva les yeux et découvrit l’identité de la personne à laquelle elle venait de sauver la vie. Tout ce qui lui avait semblé satisfaisant dans cette situation se mua en un monumental échec, matérialisé devant ses yeux par la présence d’Alicia de Sarrebourg, sa pire ennemie. Europe ne put s’empêcher d’ouvrir la bouche sous le coup de la surprise, mais la referma aussitôt, secouée par un chaos de culpabilité et de frustration monstrueuse.
NON! Elle avait secouru Alicia! Comment avait-elle pu faire une erreur pareille, pourquoi n’avait-elle pas mieux regardé et réfléchi avant de se lancer dans l’action à corps perdu? Touchedieu lui aurait mâché le travail! Elle souhaitait la mort d’Alicia depuis longtemps déjà. Alors si quelqu’un avait pu faire le sale boulot à sa place, c’était une occasion unique… l’en avoir empêché était tout simplement d’une imbécillité crasse. La Grande Prêtresse serra le poing jusqu’à ce que ses jointures blanchissent. Elle ne s’était pas trouvée aussi stupide depuis des années; une foule de regrets tordaient ses beaux traits à moitié dissimulés sous sa chevelure défaite. Quelle andouille! Elle méritait sans aucun doute le peloton d’exécution pour avoir été si stupide. Europe se mordit la lèvre, jetant un regard alentour.

L’une des filles qui avait été projetée contre le mur avant de tomber comme une pierre venait de se relever, vacillante. L’autre avait l’air étourdie et prise de malaises mais toutes deux, malheureusement, étaient globalement vivantes. Des Sorcières du Lys, sans aucun doute… même si elle ne connaissait pas leurs noms, la Grande Prêtresse le devinait sans peine. De qui pouvait bien s’entourer la Reine Vipère en personne, si ce n’était d’autres vipères pendues à ses pieds… Avant d’avoir eu le temps de faire le moindre commentaire, Europe entendit un bruit de cavalcade en provenance du couloir et se tourna vers les nouveaux arrivants. C’était prévisible: la scène avait déclenché un tel bruit, des curieux allaient immanquablement finir par venir d’un moment à l’autre. Mais ce fut le Comte lui-même (ou plutôt l’usurpateur en chef) qui pénétra dans la pièce, flanqué de gardes, jetant aux alentours un regard terrible.

Après s’être faite aidée d’une manière on ne pouvait plus hypocrite, Alicia prépara ses répliques cinglantes accompagnées d’une justification aussi improbable que rocambolesque. Europe suivit son petit discours en se mordant très fort l’intérieur des joues pour s’empêcher de crier à l’imposture. Et si c’était l’occasion ou jamais de dénoncer Alicia aux autorités? De dire aux yeux du monde qu’elle était une Sorcière, cause de l’énervement inconvenant de Touchedieu? Mais jamais personne ne la croirait. Maestriani avait fait les yeux doux à la Comtesse alors qu’il ne lui avait adressé qu’un rictus. De plus elle aurait trois témoignages contre sa seule et unique version de l’histoire, peut-être encore plus improbable –si c’était possible- aux yeux des autres que celle d’Alicia. Non, c’était inutile d’y songer. La vérité serait enfouie encore une fois dans le secret; elle n’avait même pas besoin de s’esquinter à inventer une excuse, la Meneuse venait elle-même d’apporter une justification, lui mâchant le travail. C’est pourquoi Europe, après un lourd moment de silence desserra enfin les lèvres et répondit d’un ton bas, le regard rivé au sol:


"Oui… tout s’est passé exactement comme madame la Comtesse l’a décrit."

Elle en était malade de frustration, de regret, de colère et de tristesse. Le sort de Forbach pour les plusieurs années à venir s’était sans doute trouvé entre ses mains et encore une fois, elle avait tout gâché. Europe détourna le regard, observant les deux sbires du Lys Noir qui ne lui accordaient pas plus d’attention qu’à un moucheron, ce dont elle était amplement satisfaite.
Maestriani, après avoir globalement apprécié la situation, fit signe à ses deux gardes de retirer le corps inanimé de Touchedieu de la pièce et déclara qu’il le relevait de ses fonctions. La Grande Prêtresse d’Olrun faillit pousser un bref soupir. Voilà qui était un minimum; en réalité l’Inquisiteur aurait même mérité le gibet, mais ce n’était malheureusement pas elle qui prenait les décisions. Se faisant le plus discrète possible dans un coin de la pièce, Europe attendit plusieurs minutes que les choses se tassent, que les gardes aient exécuté les ordres, que le Comte ait quitté la pièce, que des curieux soient venus voir ce qui avait provoqué tout ce raffut et adressé des paroles de réconfort aux trois victimes. Après quoi Europe quitta son coin d’ombre et profita des conversations ambiantes pour prendre Alicia à part. Connaissant l’âme sans foie ni loi de la Meneuse, elle doutait que celle-ci s’embarrasse de respecter des principes moraux tels qu’une dette. Mais on ne savait jamais, qui ne tentait rien à rien. Si elle pouvait lui proposer de laisser dorénavant Olrun tranquille, en remerciement de s’être fait sauvée la vie… alors soit.


"Je n’ai même pas envie de dénoncer que c’est toi qui est à l’origine de toutes ces conneries" siffla-t-elle à voix basse, le regard dur. "Fut une époque très lointaine, et quelques rares fois encore maintenant, tu t’es montrée compréhensive et sensée envers moi et les Sorcières d’Olrun. Ce n’était sans aucun doute pas désintéressé. Mais ça m’avait agréablement surprise.
Par contre… si tu continues à comploter…
(Son visage se ferma, ses traits revêtirent la dureté de la pierre). tu auras affaire à moi."

Sur ces mots, elle lui lança un dernier regard terrible et quitta la pièce sans plus attendre.
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