The Witch Slay
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 Lie-moi.

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MessageSujet: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeDim 20 Déc 2009 - 22:01

Olalalah, je suis teeeellement inspirée pour les titres... >.<

Les couloirs étaient toujours vides. Approchant des portes des appartements de la comtesse, Kerwan rajusta ses vêtements. Il ne savait pas vraiment pourquoi il était là. Peut-être simplement parce que c'était elle qui avait tout déclenché en lui. Il n'avait pas eu l'occasion de la voir depuis la Saint-Jean, et peut-être même l'avait-il inconsciemment évitée. Après tout, il la savait intelligente, la démonstration n'était plus à faire, il l'avait déjà vue à l'œuvre lors de leur rencontre dans les cuisines. Peut-être que venir la voir était une erreur. Et puis, les mots... toujours ces mots...

Mais c'était trop tard, il avait frappé trois coups nets, énergiques. Point d'hésitation, finalement, son corps savait ce qu'il fallait faire. Et lorsque la Dame répondit à cet appel par un seul mot dont l'intonation était difficilement discernable, Kerwan ouvrit la porte. Son corps connaissait par cœur le personnage de Frère Kerwan et il retrouva parfaitement cette attitude respectueuse et pieuse qu'il se devait d'avoir devant quiconque, et plus particulièrement lorsqu'il avait droit à un face à face. A présent que les autres exorcistes avaient quittés la ville, il était seul, et ne pouvait plus se contenter de ses silences intriguant lorsque ses collègues faisaient leur spectacle. Le charisme de leur chef s'était dissipé avec ses aveux. L'exorciste se retrouvait livré à lui-même.

Un petit sourire poli sur le visage, un regard respectueux qui ne manquait pas de pétiller malgré la retenue dont il faisait preuve intérieurement. Il eut un mouvement de tête respectueux envers la comtesse, agrémenté d'un nouveau sourire poli qui se colla à son visage.


Ma Dame, pardonnez le dérangement, je n'ai pas eu l'occasion de vous féliciter pour le venue de vos enfants et...

Il mit un petit temps de pause, car enchainer ses deux phrases sans respirer aurait été étonnant. Passer d'un sujet à un autre, sans transition, ne faisait que lever les doutes.

Je n'ai pu m'empêcher de voir votre attitude contrariée dans le hall. Je me suis dit que vous auriez peut-être envie d'en parler.

Quelle idée étrange, non ? En parler. Allons, seul un imbécile ne comprendrait pas pourquoi elle était si contrariée...
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Alicia Loewenstein
Meneuse
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Alicia Loewenstein


Lie-moi. Vide
MessageSujet: Re: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeDim 27 Déc 2009 - 21:59

Les bébés ne pleuraient pas. Ils pleuraient rarement. Leur nounou savait y faire, inutile de le dire. Mademoiselle Chambon avait ce talent avec les enfants. Elle lui avait été chaudement recommandée par plusieurs de ses amies et la Comtesse avait tendance à naturellement lui faire confiance, Melle Chambon étant sorcière du Lys. Elle était relativement bien payée et avait la chance d’être au plus près de sa Meneuse. Elle savait de plus qu’au moindre accident elle risquait un coup de dague entre les deux yeux. Bref, elle était dans des conditions de travail exemplaires et les enfants étaient entre de bonnes mains. Alicia ne pouvait s’occuper d’eux elle-même à longueur de temps. Elle avait repris ses activités au fur et à mesure des semaines suivant l’accouchement. En premier lieu des promenades dans les Somptueux Jardins, ensuite des discussions politiques notamment avec le Vicomte d’Hasbauer, puis des actions un peu plus sportives comme la libération de Joan Witham au nez de trois inquisiteurs.
Alicia n’en avait certes pas eu l’air, mais elle n’en tirait pas large lorsqu’elle aperçut les inquisiteurs devant la porte de sortie. Son tour de passepasse avait fonctionné. Une fois l’obscurité bien en place elle avait couru le long de la trajectoire qu’elle s’était fixée mentalement pour atteindre la sortie en quelques pas. Le pire fut lorsque l’inquisiteur sensé dormir profondément devant la porte tendit le bras et agrippa la cheville de la Comtesse qui chuta pathétiquement pour mordre la poussière. En un coup de chausse sur la tête de l’assaillant, provoquant un craquement sonore, l’étreinte se desserra juste à temps pour qu’elle s’échappe avant que la lumière des torches n’atteigne les pupilles endolories des chasseurs de sorcières.
Mais ce qui lui prenait le plus de temps aujourd’hui, c’était l’étude du Livre de Lumière de la Tribu d’Olrun… Joan le lui avait ramené en septembre et Alicia l’étudiait avec acharnement depuis trois mois. Elle avait déjà des projets expérimentaux en tête. Ces découvertes ravivaient en elle l’excitation qu’elle avait ressentie en créant la tribu du Lys Noir.

Amaël dormait paisiblement. Adal gardait les yeux grands ouverts, il fixait sa nourrisse suspicieusement. Il n’avait confiance en personne. Il semblait soupçonner Melle Chambon continuellement. Il ne souriait jamais aux nobles pinceuses de joues qui se retournaient rapidement vers le merveilleux Amaël. Il ne considérait même plus sa mère qui ne le considérait finalement pas davantage. Lorsque les coups secs sur la porte de la chambre se firent entendre Adal tourna ses yeux si graves vers l’entrée. La nourrisse se raidit, arrêtant de border les bébés. Alicia permit poliment l’intrusion en son intimité. La Comtesse reconnut difficilement Frère Kerwan. Elle se souvint finalement de cette fameuse nuit, succédant au jour de l’arrivée des disciples du Père Marcus, dans les cuisines, ils avaient discuté et Alicia avait failli dévoiler le plus précieux de ses secrets… C’était lui, le moine intelligent. Elle se souvenait à présent. L’homme pénétra dans la chambre et commença à parler. Alicia ne comprenait pas vraiment ce que cet homme venait faire ici, dans sa chambre, dans ce château, dans cette ville, puisque tous ses frères s’en étaient allés. Elle n’était cependant pas contre une seconde rencontre. Aussi fit-elle discrètement signe à Melle Chambon de se retirer avec les enfants, curieuse d’observer les nouvelles intentions de l’exorciste. Les yeux de l’homme étaient animés, une forme d’intelligence toute particulière en émanait. Il la félicitait pour ses enfants. Il est vrai qu’Amaël était si beau que les félicitations étaient méritées ! Mais il s’avéra que ce ne fut qu’une mesure de politesse avant d’introduire la réaction de la Comtesse quelques minutes auparavant. Elle n’en fut pas vraiment choquée. Elle s’attendait bien à quelque chose d’étrange…


« Bien que ce sujet ne vous concerne pas directement, je suis touchée que vous preniez soin d’observer mes états. » La Meneuse sourit gentiment, plus moqueuse ou taquine que véritablement attendrie. « Vous ne l’avez peut-être pas encore compris, mais la venue de ce Comte sicilien n’est qu’une parade d’Adrien d’Hasbauer, et du Conseil Régional qu’il s’est mis dans la poche, pour m’empêcher d’obtenir la gérance de Forbach jusqu’à la maturité politique de mon fils aîné, Amaël, légitime héritier du défunt Comte de Forbach. » Elle soupira brièvement et continua pensive. « Ce Lorenzo est un poison. Charmant, il est vrai, mais un poison… Ca ne doit pas vous passionner. Sûrement même cela vous semble-t-il ridicule… Vous priez, buvez de l’eau bénite… vous gardez la foi en Dieu et ça vous suffit. Je suis une femme orgueilleuse, arriviste, qui ne demande que plus de pouvoir. Mais c’est là ma façon de m’approcher de mon but et d’illuminer mon salut. Vous priez pour atteindre Dieu. Je me bas pour atteindre un pouvoir suffisant à protéger tous ceux que… tout ce que je me dois de protéger… » Alicia sourit, nulle gêne visible, la faute qu’elle avait failli commettre pour la seconde fois face au même homme, n’en était pas vraiment une. Finalement, seule l’hésitation pouvait trahir le sens derrière les mots. Kerwan était – comme Lorenzo en un sens – une espèce de danger bien apprêté. « Pardonnez-moi à mon tour, mais je dois avouer ne pas vraiment comprendre ce que vous cherchez en étant en ces lieus. » Parlait-elle de sa chambre ou de Forbach ? « Peut-être, si ce n’est trop indiscret, pourriez-vous m’expliquer le départ si soudain et diffus des autres disciples du père Marcus et les raisons vous poussant à rester en ces terres qui depuis notre dernier entretien vous ont bel et bien montré l’étendue de leur maléfice, après tout vous étiez aux premières loges pour bouter les trois fantômes à la Saint-Jean. ».
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MessageSujet: Re: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeMer 30 Déc 2009 - 18:57

Etre entré dans l'appartement de la comtesse donnait un sentiment étrange. Kerwan savait très bien qu'il n'était pas ici pour provoquer une guerre, à vue ou dissimulée, avec cette femme. Elle était belle, mais aussi intelligente, et ça, il ne pouvait le laisser passer. Une poigne de fer. Alors se trouver dans son domaine procurait à l'homme la sensation de se plonger tout entier dans la gueule du loup. Mais ça n'avait, à vrai dire, pas grande importance.

Cela faisait des mois qu'il piétinait, ne sachant pas où poser le pied pour pouvoir avancer. Il était tombé sous le charme de la belle Forbach, et pourtant, il ne savait pas comment la regarder. Pourquoi aurait-il le droit d'en savoir plus que les Inquisiteurs, installés ici depuis de longs et douloureux mois ? Ou même que les habitants de cette ville, terrorisés au fond de leur chaumière ? Qu'était-il pour percer à jour le secret de cette sombre citée ?
Mais ça n'avait pas grande importance. L'exorciste voulait savoir. Il le voulait tellement qu'il s'était lui-même enfermé en ces lieux, ce château, cet appartement, cette ville, cette contrée. Il s'était enchaîné en ces lieux de sa propre main, renvoyant tous les exorcistes faire ce que bon leur semblait, renvoyant même Jonas. Kerwan les regrettait, par moment. Leur compagnie était souvent un réconfort, même s'il parlait peu. Aujourd'hui, enfermé en des terres hostiles, il avait parfois l'impression de perdre la raison.

Dissimulant ses émotions au mieux, Kerwan fut soulagé de voir que la comtesse renvoyait la nourrice et les enfants dans une autre pièce. Il n'avait rien contre les enfants, ni même la nourrice, d'ailleurs, mais cela voulait dire que la dame acceptait un entretien avec lui. Il ne savait pas précisément sur quoi il voulait diriger la conversation, mais il savait qu'il finirait par trouver. Et même si la discussion ne faisait que tourner en rond, ce serait suffisant pour commencer à tisser quelques chose. La dame commençait d'ailleurs à répondre à ses interrogation. Ce fut un plaisir pour l'homme.


Il est vrai que je ne me passionne pas pour les affaires politiques en cette ville. Néanmoins, je ne vois pas pourquoi Adrien d’Hasbauer aurait fait en sorte de vous retirer ce qui vous revient de droit. Et pourquoi donner la régence à un autre alors que jusqu'ici, il me semble qu'il s'en sortait très bien ?

Dans les couloirs, écoutant les conversations du personnel du château, Kerwan avait parfaitement entendu dire que l'Oracle avait pris possession du petit et frêle corps de la fille d'Adrien. Cela semblait une raison suffisante de ne pas vouloir le pouvoir en Forbach, en plus de sa sombre histoire...

Depuis des mois, l'exorciste évitait de croiser le chemin de l'Oracle. Et vu qu'elle avait une petite garde rapprochée, ça n'était pas bien difficile. Difficile d'être discret lorsque l'on est une célébrité de la ville et que l'on traine derrière soit des gardes. On racontait plein d'histoires sur cette gamine, et il n'avait absolument pas envie de découvrir si elles étaient vraies.

Il ne remarqua pas vraiment la faute que la comtesse faillit commettre. Cette petite hésitation paraissait naturelle, puisqu'elle parlait de choses qui la mettaient relativement en colère.


Vous parlez de foi, Ma Dame, comme si vos actions pouvaient me sembler étrangères. Sachez qu'elle peut revêtir bien des aspects. Si la mienne se manifeste par la prière, alors la votre se voit dans vos batailles. Puisque vous ne pouvez prendre le pouvoir, prenez le temps d'être avec vos enfants. Les éduquer ne sera pas chose facile, ce sera même une bataille de tous les instants, mais lorsque l'aîné prendra la tête de ces terres, vous pourrez avec satisfaction voir que vos idées et vos convictions ne seront pas tombées dans l'oubli.

Il eut un vague petit sourire avant qu'elle n'aborde la question des autres exorcistes et de sa présence en ces lieux. Épineuse question, d'ailleurs, il fallait avouer que la dame savait piquer sur les endroits qui lui donnaient la sensation d'être en équilibre. Autant en rester sur la version qu'il avait donné à Adrien, puisqu'elle avait semblé lui convenir.

Mes frères sont partis rapidemment car un autre problème attendait ailleurs. Après la Saint-Jean, nous avons estimé que nous avions réglé le problème des esprits en ces lieux, mais pour être certain qu'il ne se passera rien d'autre en ce sens, nous avons désigné quelqu'un pour rester en ces lieux, afin qu'il y ait quelqu'un pour les prévenir en cas de besoin.
Vous vous doutez bien que si de nouveaux esprits revenaient avec autant de puissance, à moi seul, je ne pourrais pas faire grand chose.

Il eut un petit sourire taquin.

Mais je reste avec plaisir. Cet endroit me plait bien, je pense que si les évènements se calmaient, ces terres seraient plaisantes, dans leur simplicité.
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Alicia Loewenstein
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MessageSujet: Re: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeSam 23 Jan 2010 - 0:11

Alicia se leva de son propre siège en écoutant le moine parler. Elle lui fit aimablement signe de bien vouloir prendre un siège pour continuer la discussion en lui désignant un des fauteuils qui entouraient la petite table basse près de la grande fenêtre. Considérant qu’il avait pénétré sa zone d’intimité, elle estima que les convenances s’assurant d’une grande pudeur entre personnes de sexes opposés et de rangs différents pouvaient être assouplies. Aussi, tout comme dans les cuisines le soir de leur première rencontre – encore un lieu atypique – elle relâcha sa chevelure en sombres cascades. Sans entamer son attention aux paroles de l’exorciste, elle les rabattit en arrière avec un ample mouvement de la tête dévoilant généreusement son cou. La Comtesse les attrapa alors d’une main et, se penchant sur une bassine de cuivre pleine d’eau, s’humidifia visage et gorge pour se procurer une délectable sensation de fraîcheur.

Pourquoi Adrien cèderait-il le pouvoir à un comte sicilien ? Voilà une question qui paraissait bien étrange à la comtesse et qui lui rappela pourtant au combien ces soucis ne concernaient qu’elle. Elle était finalement bien autocentrée, mais c’était pour une cause ! Pas pour elle, pour ses sœurs, ses enfants, pas uniquement pour elle. Pour son bonheur, oui, mais seulement car son bonheur résidait en celui de ses sœurs et de son fils. Qu’elle avait peur d’être égocentrique… C’eut été la pire chose à être car en ce cas tout le mal qu’elle aurait commis n’aurait été que pour elle. C’était un déséquilibre qu’elle n’aurait pu supporter.


« Croyez-moi, Adrien d’Hasbauer est bien moins vertueux que ce qu’il veut bien nous faire voir, il a ses démons, ses passions… et ses haines. Je crois pouvoir dire que je me vois mêlé à tout ceci. Il m’en veut de lui en vouloir. Pourtant tout ce que je voulais il le voulait aussi. Mais on a voulu de lui ce que je voulais de lui également et lui n’a pas su vouloir ce qui était bon de vouloir, et je crois qu’en secret il s’en veut d’avoir mal voulu. Tout est volonté. Pour la remise du comté il pourrait s’agir de lâcheté - plus rien ne m’étonnerait après avoir pu observer le Vicomte sous tous ses vices – mais on parla plus volontiers de la recherche de sa fille. Je suis de mauvaise fois, voyez-vous ? Il est vrai que la perte d’un enfant doit être une chose terrible à vivre, mais elle n’arrive pas sans raison… »

Alicia était cruelle dans ses dires, elle le reconnaissait, mais ne pourrait jamais nourrir une profonde compassion pour un être aussi vénal que le Vicomte d’Hasbauer. Elle sécha son visage avec une serviette puis se farda avec précision. Kerwan continuait la conversation en parlant de la foi d’Alicia face à la sienne. Son discours était étonnamment tolérant. Il comprenait donc ce qu’elle voulait exprimer. Elle fut agréablement surprise car c’était une autre preuve de cette intelligence qu’elle avait soupçonnée depuis le commencement. Lorsqu’il aborda le sujet des enfants et de leur éducation Alicia resta songeuse quelques instants. C’était certes ce qu’elle avait ressenti le jour ou Adrien lui avait annoncé la supercherie : elle n’avait pas le pouvoir aujourd’hui, mais elle avait cet enfant dans les bras. Kerwan avait raison, par l’éducation qu’Alicia ferait de son fils, elle pourrait transmettre ses valeurs, enclenchant un autre maillon sur la chaîne de la pérennité. C’était un homme fin et il avait, finalement, peut-être bien sa place ici, assis dans son petit salon privé.

« Vous êtes un homme de bon conseil frère Kerwan… Dîtes-moi, sans crainte ni honte, avez-vous toujours eu la foi ? Vous arrive-t-il parfois de douter ? Personnellement – je me permets de me livrer à vous car vous me paraissez homme digne d’intérêt – j’ai continuellement vu le pouvoir, cet horizon doré dictant ma vie, courir devant moi sans jamais pouvoir l’attraper. J’ai parfois perdu l’espoir. Avez-vous déjà perdu l’espoir ? »

Quand l’exorciste se mit à parler de ses confrères et de la Saint-Jean, Alicia fut un peu amusée et atterrée à la fois. Comment avait-il pu diagnostiquer qu’après cet épisode tout serait terminé ? Tout ne s’était pas terminé ! Ils en avaient eu trois sur des centaines ! C’était une erreur professionnelle grave mais finalement peu étonnante pour des hommes d’église. Elle fit part de cette réflexion simplement par son regard réprobateur, le haussement d’un sourcil pour l’incrédulité et le froncement du second pour la suspicion. Il lui sembla inutile d’enfoncer le couteau. L’Oracle avait finalement tout arrangé. Elle rattacha précautionneusement ses cheveux avec un ruban puis s'installa sur un divan face à Kerwan. L’endroit plaisait bien à l’exorciste. Alicia ne fut pas tout à fait certaine qu’il parlât de Forbach ou du petit salon. Elle en fut amusée.

« Vous dîtes vous plaire ici, malgré ces temps de chaos, et vous dîtes que vous vous y plairiez si ces terres étaient plus clames. C’est une forme de contradiction non ? Qui aime Forbach un jour aime le chaos toujours. Vous savez ce qu’on dit en ces terres en faisant semblant d’en rire ? Elle dessina sur son visage un sourire cruel et sensuel. « Forbach ne dort jamais, Forbach retient son souffle ».
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MessageSujet: Re: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeSam 6 Fév 2010 - 21:02

S'asseyant sur un des sièges que lui désigna la comtesse, Kerwan admirait cette ravageuse beauté qui émanait de cette femme. Une beauté sombre, dangereuse, prête à vous mordre à chaque instant. Cela forçait l'exorciste à rester sur ses gardes. La dame semblait s'amuser de ce charisme naturel, jusqu'à en détacher ses cheveux encore une fois, tout comme lors de leur précédente rencontre, mais dévoila cette fois-ci son cou.

L'homme ne put réprimer ce très léger sourire qui ne resta que quelques secondes sur sa figure. Ce très léger sourire amusé par la situation. Kerwan trouvait que la dame jouait un jeu dangereux. L'ignorance fait parfois faire des choses inconsidérées. Elle le prenait pour l'homme d'église qu'il voulait paraître, et heureusement pour elle, il n'allait pas la contredire. Elle aurait été toute autre, ç'aurait été différent.
Mais quelque chose en cette mère empêchait Kerwan de ressentir un réel désir, comme cela était le cas avec pourtant de nombreuses femmes.

Il ne dit rien à propos de la première tirade sur la passation de pouvoirs. Un mal de tête se pointait légèrement à l'horizon sous le coup de tant de non-dits et de volontés qui lui restaient cachées. Il nota néanmoins l'étrange comportement de la comtesse. Elle qui venait d'avoir une descendance parlait de disparition d'enfant comme s'il s'agissait d'un signe, ou quelque chose du genre. Réagirait-elle de la même façon s'il s'agissait du sien ? De sa chair, de son sang ? Avait-elle tissé une réelle connexion avec ses enfants, ou bien n'y avait-il en elle qu'un mur froid contre lequel se heurter ? Kerwan était curieux.

Il la regarda se farder alors que mille pensées passaient dans sa tête. Il avait ce petit air absent qui s'accentua lorsque la comtesse posa ses questions. Elle le trouvait de bons conseils et digne d'intérêt, mais l'homme ne trouvait pas cela très pertinent devant le jeu qu'ils jouaient tous deux. Son regard se détourna imperceptiblement, fixant un point inanimé sur le mur en face de lui.

S'il avait toujours eu la foi ? Non. Il n'était même pas certain de l'avoir déjà eue. Qu'est-ce que c'était, finalement ? Kerwan avait eu envie, à un certain moment, de croire très fort en une reconversion de son esprit. De faire disparaître les premières taches rouges saturées qui étaient apparues dans son esprit. Mais plus le temps au monastère était passé, plus il avait perdu espoir. Même Dieu ne peut changer un homme. Il avait juste appris à se canaliser. A réfléchir. Il fronça les sourcils alors qu'il sortait de ses pensées, réalisant que sur ce coup là, il s'était peut-être mis à trop montrer ses émotions, inconsciemment. Il espérait ne pas avoir fait de faute trop grave...


Non, Ma Dame, je n'ai pas toujours eu la foi. Je ne suis pas né chez de grands croyants en Dieu, mais chez des gens qui croient en la Terre, et ce qu'elle apporte comme récoltes. Seulement, la vie est ainsi faite, parfois, on prend un virage. Mes parents pensaient que je serais mieux dans un monastère que dans une ferme, et je les en remercie. Ma foi m'est apparue ainsi. Lorsque l'on est petit garçon, un monastère semble infiniment imposant. J'ai simplement été ébloui.
Mais bien entendu, tous les chemins ne sont pas tranquilles. Les épreuves que l'on endurent font douter. Lorsque j'ai appris la mort de mes parents, c'est la colère qui m'a gagné, m'a fait perdre espoir. Mais le temps a passé, et petit à petit, j'ai repris courage.

Mi mensonge, mi vérité, frère Kerwan tissait sa petite toile, l'air de rien, sans révéler les choses les plus gênantes, transformant simplement ce qu'il voulait cacher par d'autres maux. Pouvait-il lui dire que ses parents n'étaient pas morts d'une mains inconnue, mais que c'était la sienne qui avait décidé d'y mettre un terme ? Pouvait-il lui dire que l'espoir, il n'en avait plus vraiment depuis ce jour là, et qu'il se contentait de vivre au jour le jour, puisque même un dieu n'avait pas voulu répondre à ses prières. Et surtout qu'il succombait systématiquement à ses pulsions les plus primaires. Sauf que depuis qu'il avait posé le pied à Forbach, cela ne lui était plus permis...

Je n'ai jamais eu l'envie de courir après le pouvoir. Je ne comprends pas l'attrait qu'il peut avoir, alors sur ce point là je ne peux pas vous aider. Mais j'ai vu de nombreux dirigeants se condamner eux-même à la mort en cherchant toujours plus de pouvoir. Vous devriez faire attention, lorsque vous courrez après ce but.

Tisser une toile de mensonge n'était pas difficile, mais il restait ensuite à savoir si elle était assez solide pour supporter d'emprisonner un être.

La dame rattachait ses cheveux, s'installant sur le divan face à lui. Kerwan la fixait avec un petit air perplexe, sans vraiment savoir pourquoi, à vrai dire. Ses paroles lui arrachèrent un sourire amusé mais tranquille.


Forbach me rappelle juste le village d'où je viens, sans ces histoires de sorcières. Mais si je puis demander, que se passerait-il si Forbach relâchait son souffle ?
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Alicia Loewenstein
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MessageSujet: Re: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeSam 6 Fév 2010 - 22:37

La question d’Alicia semblait avoir fait mouche. Le moine semblait tâtonner dans son esprit pour y trouver la réponse. Alicia avait l’impression que c’était bien la première fois qu’elle le mettait dans un pareil état. Elle aurait pu en être gênée, mais n’était pas suffisamment humble pour ça. Elle aurait pu être amusée, mais étrangement elle n’avait pas le sentiment que Kerwan était quelqu’un dont on s’amusait. Non pas qu’il fut trop sérieux. Elle se sentait simplement bien en sa présence, surtout là, dans sa chambre. Elle était confortablement adossée à son fauteuil, se massant machinalement le coup avec une main. Il était fixe à l’écouter, à lui répondre, intelligiblement, intelligemment. Elle trouvait un équilibre en lui. Il avait la tenue qu’offre la bonne éducation, mais il avait la spontanéité et la franchise que les aristocrates ne connaissaient que trop rarement. Elle avait tant souffert de mauvais conseils, d’espoirs déposés en des gens de mauvaises valeurs. Elle avait envie de se reposer à nouveau sur un être qui ne soit pas dans l’ombre comme Mina. Un homme de surcroit, ça la rassurait.

Il avait donc douté, bien entendu, tout homme intelligent avait déjà douté, c’était bien le propre de l’homme intelligent, or Kerwan était éminemment intelligent. Elle en fut rassurée. Kerwan lui raconta un peu son enfance. Alicia appréciait d’une part qu’il se livre avec une pareille honnêteté, d’autre part qu’il ne s’étale pas trop dessus, elle s’ennuyait rapidement. Ne pas trop en dire était une autre preuve de retenue, au sens propre. Rien n’agaçait davantage Alicia que les logorrhées en rien constructive. Elle se rendait un peu plus compte en lui parlant que tout le monde n’était pas né dans des châteaux et n’avait pas eu que pour seul problème « jusqu’où pourrai-je monter » mais « aurai-je assez pour vivre ». Ce genre de conversations faites de souvenirs vaporeux lui rappelait ses jeux d’enfant solitaire retraçant les vies des passant jusqu’à ce croisement de leurs regards.


« Certes frère Kerwan, et aujourd’hui que vous n’êtes plus enfant, les monastères vous éblouissent-ils toujours ? Croire en des instances supérieures lorsqu’on est enfant, séparé de ses parents, esseulé, c’est naturel. Il est plus difficile de garder la Foi en grandissant, face à la mort de ses parents, la colère peut tuer Dieu… Croyez-vous toujours autant Kerwan ? »

Évoquer ainsi, sans ménagement, la mort de ses parents pouvait paraître rude, mais à l’évidence elle était partie intégrante de sa lisse mémoire, il en parlait sans souffrance apparente. Quand Kerwan parla du pouvoir Alicia eut l’impression qu’il inversait les rassurantes paroles qu’il avait si justement dites quelques instants plus tôt. Il avait comparé sa foi aux batailles de la Comtesse, Alicia s’en sentait alors lavée, comme si les pures larmes des prières valaient le sang des combats. À présent il formulait son incompréhension face à ces combats. Il ne condamnait pas le désir de pouvoir, il ne le comprenait pas, et pour Alicia c’en était presque pire. Que lui, en qui elle avait cru pouvoir fonder de solides espoirs d’une relation intellectuelle, ne la comprenne pas, elle s’en attrista un peu sans vraiment le montrer.

Alicia fut à nouveau déçue lorsque Kerwan avoua n’être intéressé par Forbach que par les ressemblances qu’offrait la ville avec son lieu de naissance. C’était bien trop mièvre pour l’image qu’elle se faisait de lui. Elle aurait imaginé qu’il aimait l’aspect malsain ou dangereux du comté… Elle regardait distraitement la bougie posée sur la table basse entre eux deux. Elle désirait changer de sujet. Elle ouvrit une petite boîte en bois posée sur la table et dévoila une modeste collection de cigares. Elle invita le frère Kerwan à se laisser tenter et en prit un elle-même qu’elle alluma à la flammèche de sa bougie avant de le porter délicatement à ses lèvres généreusement accueillantes.


« Kerwan, si ça ne vous indispose pas, accepteriez-vous de me parler de la mort de vos parents ? »
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MessageSujet: Re: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeDim 7 Fév 2010 - 21:24

Un petit sourire aux lèvres devant tant de questions sur la foi, la religion, l'espoir. Kerwan sentait que cela faisait écho à quelque chose de particulier chez la comtesse, sans savoir réellement ce qui se tramait. Son ignorance pour les activités officieuse de la ville l'empêchait de découvrir les petits mystères à peine dissimulés.

La dame avait des questions pertinentes, comme si elle savait où elle allait, contrairement à lui, qui tissait sa toile au gré des demandes. Lui qui, déjà, ne savait plus pourquoi il était rentré dans cette chambre. Ah il était beau le prédateur ! Mis en déroute par quelques pauvres questions.
Les mots ... toujours ces dangereux mots face auxquels il ne savait jamais comment réagir.


Vous l'avez dit vous même, vous aviez déjà perdu espoir. Et pourtant, vous êtes toujours dans votre course pour attraper le pouvoir, malgré la mort de votre mari, et l'arrivée du comte Maestriani.
Alors pourquoi moi, ne pourrais-je plus croire en Dieu ?
Les monastères ne m'éblouissent plus, certes, mais ils sont là ma seule maison, et ma famille. Chaque monastère est différent, et contient ses propres charmes. Mais en chacun d'eux je suis accueilli comme un frère, ce qui est suffisant pour moi. Mes parents ont pris la bonne décision en m'y envoyant. J'y ai reçu éducation, spiritualité, et espoir. Il ne m'y manquait juste que l'amour d'une mère. Les épreuves que j'ai enduré n'ont fait que confirmer mes croyances. Si je ne croyais plus, soyez certaine que je n'aurais même pas pris part au combat du défunt Père Marcus.

Il refaisait écho à ce qu'il lui avait dit précédemment, bouclant la boucle, espérant que la conversation tournerait sur un autre sujet que lui, c'était bien trop dangereux. L'exorciste savait qu'il n'était pas ici pour répondre à des questions personnelles. Il aurait aimé pouvoir questionner la comtesse sur ce qui se tramait à Forbach, sur ce qu'elle avait commencé à dire, en cuisine. Mais ça n'était absolument pas ce qu'aurait fait frère Kerwan à moins d'y être obligé. C'aurait été mal vu.

Il refusa poliment d'un geste de la main le cigare qu'elle lui proposait, conformément à son statut d'homme propre sur lui. Il comprit, puisqu'elle ne relevait pas, que la comtesse n'avait pas compris ses dires. Elle n'avait pas compris qu'en Forbach, il retrouvait un peu de son âme qui s'était éveillée en son petit village. Il retrouvait cette part de cauchemar qu'il avait vécu.

Et tout d'un coup, ce fut terrible. Elle posa avec simplicité une question qu'elle n'aurait jamais dû poser. Ses muscles se contractèrent, son souffle se coupa soudainement, et son regard se durcit. Kerwan réussit simplement à réprimer une grimace. Erreur ultime qu'une telle réaction. Erreur ultime que d'avoir tissé cette toile pour qu'elle se referme sur lui.


Non, répondit-il du tac au tac, avec une voix dure, sévère, faciès soudainement refermé.

Il se rendit compte de cette erreur, commise impulsivement comme moyen d'auto défense. L'exorciste eut envie de s'échapper de ce qui ressemblait à présent à un piège, mais savait que ça ne ferait qu'accentuer l'étrangeté d'une pareille réaction.

Se forçant à se détendre, l'homme soupira et passa ses mains sur son visage pour calmer ses muscles crispés, comme s'il était fatigué. Il reporta son regard sur la comtesse avec tout le calme dont il pouvait faire preuve, éliminant toute agressivité de ses yeux.


Pardonnez-moi, je n'en parle jamais en rentrant dans les détails.

Ce fut là la seule explication plausible qu'il put sortir en si peu de temps de réflexion. Cette question, on ne la lui avait plus posée depuis son entrée au monastère, et ne s'était jamais déchargé de cette histoire, estimant qu'elle lui appartenait puisqu'elle était le point de départ de toute sa vie.
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Alicia Loewenstein
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MessageSujet: Re: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeMar 9 Fév 2010 - 1:49

Les volutes de fumées s’échappaient du cigare de la Comtesse, s’élevaient en formant des figures chimériques ne communiquant qu’individuellement à chaque imaginaire pour se diluer dans l’air et répandre une odeur frémissante et enivrante. Kerwan avait refusé son invitation. Il était prude, trop prude pour être amusant, trop raisonnable, trop gentil… Alicia avait une irrésistible envie d’insinuer un peu de vice dans cette tête apparemment si équilibrée. Des pensées amusantes et presque perverses traversèrent son esprit malgré elle. Elle les enferma dans la boîte à cigares en la refermant consciencieusement un sourire amusé aux lèvres. Cet homme mourrait-il pur et vierge de tous péchés ? Son application à le faire croire faisait penser à Alicia qu’un jour il ne pourrait plus tenir et qu’il fumerait à en tousser, qu’il goûterait aux femmes plus que de raison et qu’il boirait du vin jusqu’à l’inconscience… Mourir de ses péchés, voilà qui aurait pu faire frémir tout bon catholique.

Et frère Kerwan était à l’évidence un très bon catholique. Il avait la foi. Mais il était plusieurs façons de croire et y en avait-il de meilleures que d’autres ? À écouter l’exorciste les monastères, la religion, la foi étaient presque comme des repères, au sens d’abris nécessaires. Il semblait finalement certes avoir douté, mais ne jamais s’être questionné sur le sens qu’aurait pu prendre sa vie et donc sa foi. Il remerciait ses parents mille fois alors qu’ils l’avaient contraint à une vie. Alicia ne remercierait jamais sa mère de l’avoir menée dans cette vie de sorcière puissante mais cruelle, suivie mais détestée. Elle trouvait dommage de donner une orientation à la vie de ses enfants sous prétexte qu’ils étaient prolongation de soi et qu’ils devaient donc réussir là où les parents n’avaient pas réussi, comme des ambassadeurs d’eux-mêmes projetés dans cet avenir éternel qu’ils ne connaîtront pas suffisamment pour réparer eux-mêmes leurs erreurs. Alicia avait été le pansement de sa mère, sa deuxième chance.

La Comtesse avait envie de lui demander si pour lui la foi était une nécessité ou bien une fin en soi. Mais elle se dit que les positions étaient à l’évidence tranchées et que le sujet tournait en rond, peut-être était-il moins ouvert qu’elle l’avait pensé, peut-être était-elle trop arrogante pour un second entretien. Elle se tut aspira la fumée fluide et légère en elle l’air pensif exprimant bien une attente inassouvie. Elle tapota de l’index de la même main que celle qui tenait gracieusement le bâtonnet fumant pour faire chuter les résidus dans le cendrier de cristal. Elle observa soudainement la réaction épidermique qu’eut son interlocuteur. Elle vit son visage renfermer une décharge d’émotions. Elle le regardait entre sidération et désolation. Son refus fut prononcé sans ménagement préalable, sans précautions oratoires, ça ne lui ressemblait pas. C’était comme si cette simple question avait allumé une lueur primitive au fond des yeux rougis du moine.

Alicia s’en voulait d’avoir posé une question aussi personnelle, elle s’en voulait d’avoir mal analysé les mots de Kerwan. L’absence de ses parents semblait pourtant très assumée, leur mort consciemment digérée par sa mémoire. Mais apparemment les détails étaient un noyau lourd et venimeux. Quelque chose de terrible l’attachait aux conditions de leur mort. Peut-être avait-il assisté à leur exécution. Si c’était le cas il y avait en effet de quoi en être traumatiser… Elle ne lui poserait pas la question. Elle pensait faire subtilement en changeant radicalement de sujet, elle retombait dans un sujet délicat. Le frère Kerwan avait des failles bien trop profondes pour qu’elle s’aventure à les explorer. Alicia ne lui poserait plus aucune question, du moins pour quelques temps…


« Non mon frère, c’est moi qui suis désolée, vraiment, je suis allée trop loin. Je vous prie de m’excuser. Je voudrais être seule à présent. Je pense vous avoir assez infortuné pour les quelques décennies à venir… »

Elle lui sourit, posa son cigare dans la coupelle brillante et alla ouvrir la porte respectueusement.

« À bientôt j’espère, frère Kerwan… »
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MessageSujet: Re: Lie-moi.   Lie-moi. Icon_minitimeSam 20 Fév 2010 - 20:34

Avec un peu de fascination, Frère Kerwan regardait les volutes de fumée s'échaper de la bouche de la comtesse, comme une manière de le narguer. Celles là, avaient pu entrer en la dame, découvrir ses secrets, s'imprégner de son odeur et de tout son être, avant de s'échapper, glissant sur ces magnifiques lèvres, et pouvaient à présent s'évaporer avec lenteur, puisqu'elles savaient. Elles savaient ce que l'homme ne saurait sans doute pas avant un long moment. Elles savaient Forbach, elles savaient cette femme à l'aura noire. Elles savaient le vice, l'envie, le pêché, la féminité et l'orgueil, comme autant de petites choses qu'elles n'auraient jamais connu si elles n'avaient pas fait ce voyage en la comtesse.

Cela le décontractait, légèrement, étonnement, même si la frustration de ne pas pouvoir s'adonner à ses propres vices courait dans ses veines, le laissant s'éteindre petit à petit, laissant paraître que quelque chose disparaissait, sans dire un bruit, jusqu'au moment où cela éclaterait. Et nul doute que là, le vacarme serait tonitruant.

Mais pour le moment, l'exorciste restait drapé dans son costume de simple homme d'église. Enfin, simple... pas tant que cela. Sa réaction vis à vis de la question de la dame laissait entendre qu'il y avait quelque chose d'autre derrière cet homme que la simple foi, la simple bienveillance qu'il semblait accorder aux gens de cette ville. Comme un vieux secret, caché au fond d'un ourlet, léger détail auquel on ne porte de l'importance qu'à partir du moment où on le remarque.

La dame ne semblait pas vouloir s'approcher plus que cela du secret qui le rongeait de l'intérieur, comme par peur de ranimer les plaies. Bien qu'elles aient cicatrisées depuis longtemps, Kerwan n'aimait pas que l'on appuie dessus. Ce secret était le sien, celui qui avait fait débuter sa vie, qui l'avait torturé au plus haut point. S'il n'éprouvait aucun remords quant à la mort de sa mère, celle de son père, elle, n'était excusable que pour la sauvegarde de sa propre vie. Besoin égoïste qui s'éveillait dès que le danger pointait le bout de son nez.
La dame voulait être seule. Frère Kerwan se mordit la lèvre inférieure, contenant ses pulsions. Il la contemplait, la belle et dangereuse femme, dirigeante en ses appartements. Si seulement il n'était pas contraint à toutes ces règles pour rester en ce lieu, il aurait refermé la porte, l'aurait empoignée à la gorge, et fait ressurgir toutes les questions qui ne pouvaient pas trouver de réponses ailleurs.
Mais autre chose l'empêchait de faire cela, sans qu'il puisse déterminer ce que c'était exactement.

Baissant la tête, il se contenta de se lever à son tour, et s'approcha de la comtesse, montrant le plus de respect qu'il pouvait.


Je suis navré que cet entretien se termine ainsi, Ma Dame. J'espérais que ma compagnie vous sorte de vos soucis. Malheureusement, les soucis, c'est bien là tout ce que nous avons évoqué.
J'espère que notre prochaine entrevue sera plus... appréciable.

Il termina par un petit sourire tandis qu'il plongeait son regard dans le sien, en une expression énigmatique. Et puis, un petit mouvement respectueux de la tête se chargea du salut alors qu'il détournait les yeux.

Si jamais vous avez besoin de parler de quoi que ce soit, je serais ravi de vous écouter. C'est là une de mes fonctions d'homme d'église.
A bientôt, Ma Dame.

Un petit sourire amusé, même si ses traits étaient toujours tendus, à propos de la question évoquée. Il s'en voulait d'avoir eu cette réaction impulsive, lui qui s'était efforcé de se contenir au maximum, durant tous ces mois à Forbach, pour ne paraître que l'homme d'église qu'il se devait être. Il avait l'impression d'avoir réduit à néant tous ses efforts. Pourquoi avait-il fallut qu'elle pose cette question ?!
L'homme disparut dans le couloir, avec une violence contenue, et le regard noir, puisque la dame ne pouvait plus voir que son dos.
Quel idiot il avait été.
Quelle erreur impardonnable.
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