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 J'accuse

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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


J'accuse Vide
MessageSujet: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeMer 23 Juin 2010 - 23:43

Mattea avançait d'un pas austère et autoritaire. Pour une fois, son voile était correctement ajusté et ne laissait s'échapper aucune mèche rousse. Ses vêtements étaient ceux des Carmélites et non les frasques de voyageur qu'elle utilisait habituellement. La croix de bois, en revanche, était bel et bien toujours accrochée autour de son cou. Sa démarche avait l'allure de la justice : emplie d'assurance et opposée au compromis.

Elle tenait à la main un important dossier composé de nombreuses liasses. La cursive qui les recouvrait était nette et précise, témoin silencieux de multiples heures de travail. Mattea traversa la Collégiale sans s'arrêter. Elle se souvenait du chemin à emprunter pour arriver au bureau du Second et il était hors de question qu'il y ait des observateurs, pas même des domestiques, pour ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle estimait agir avec justesse, mais elle savait que son geste serait destructeur. Toutefois, les faux-pas avaient été trop nombreux pour être ignorés plus longtemps. Le visage de Mattea n'exprimait aucune pitié, encore moins d'indulgence.

Elle parvint devant la porte de Sébastien Garin. Elle ne s'y arrêta qu'un infime instant, la dernière seconde de répit de son futur interlocuteur. Elle leva une main décidée et frappa deux coups. Elle attendit patiemment une réponse puis pénétra l'endroit. Le Second était en pleine rédaction. Elle le salua d'un bref signe de tête et se tint face à son bureau, lui indiquant d'un geste mesuré qu'il était inutile qu'il se lève pour l'accueillir. Quand il lui eut demandé ce qui l'amenait à la Collégiale, Mattea commença sa longue diatribe, regardant Sébastien Garin droit dans les yeux.

- Comme vous le savez peut-être, je dois envoyer chaque semaine un rapport d'activité au Vatican. Je suis venue vous lire celui que je vais envoyer.

Sans laisser au Second la possibilité de répliquer car elle se doutait qu'il avait autre chose à faire que d'écouter ses rapports, dont il pouvait prendre connaissance par écrit, Mattea continua tout en portant les liasses à hauteur de ses yeux pour en commencer la lecture :

- Je ne fais rien dans le secret. Lorsque j'attaque, c'est au su et au vu de tous, dans les règles. Aussi vais-je vous lire la partie qui vous concerne directement, pour que vous ne soyez pas surpris par les conséquences probables de ce rapport.

    Venons-en à la personnalité du Second de l'Inquisition en place à Forbach, Sébastien Garin. Il est celui qui nous a accueillie lors de notre arrivée. Nous avons déjà pointé plus haut l'absence injustifiée de Louis Institoris, nous voudrions maintenant expliquer les raisons qui nourrissent nos doutes à l'égard de son Second.
    Sébastien Garin est un homme d'apparence soignée. Ses vêtements sont informes mais révèlent un corps frêle et peu viril. Sa voix est assez aigüe, nous l'estimons proche de celle de nos eunuchi à Rome. Si nous prenons la peine de décrire ainsi son attitude, c'est parce que nous le soupçonnons d'être un de ces mignons à la moralité douteuse. Nous n'avons aucun fait observé pour appuyer nos assertions, mais nous sommes quasiment certaine qu'il préfère les hommes. Comment un modèle pour les habitants de la ville, un représentant ecclésiastique, un homme de Dieu, peut-il avoir les traits et les caractéristiques de ce que l'Église combat ? Nous avons été heurtée par l'amalgame qui ne manque d'être fait entre sa fonction et sa personnalité. En termes d'images, il est tout ce qu'il y a de plus ignominieux pour l'Église. En outre, nous avons un élément déterminant pour appuyer nos dires : lors de notre arrivée, nous avons demandé au Second de nous recommander une auberge. Il nous a conseillé l'Auberge de la Croix Rousse, dans laquelle nous nous sommes rendue. Or, il s'est avéré que cette auberge n'était pas ce qu'elle semblait être. C'était un lieu de dépravation et de mauvaises mœurs, car il n'a pas fallu trois jours avant qu'un homme et une prostituée se trompent de chambre et tentent de forcer la nôtre, prouvant par là même à quel point l'auberge était de mauvaise fréquentation. Si Sébastien Garin recommande de tels endroits, c'est qu'il considère vraisemblablement comme la norme les atteintes à la pudeur et les péchés. Est-il nécessaire de rappeler que la fornication est interdite par notre Seigneur si elle n'a pas pour but la naissance d'un nouveau chrétien ? De ce point de vue, l'union dégradante et avilissante à laquelle se livrent les femmes et les hommes qui s'acoquinent dans cette auberge prouve qu'elle ne peut en aucun cas être considérée comme un lieu de référence.
    Cette raison nous semble suffisante pour une destitution immédiate, mais elle n'est pas la seule à motiver notre recommandation. En effet, Sébastien Garin n'a pas les qualités requises pour diriger l'Inquisition. C'est un homme dénué d'autorité et sans maîtrise des forces qu'il a sous ses ordres. Il est incapable de faire preuve du discernement nécessaire et indispensable à sa tâche. Lors de l'événement que nous relatons plus haut et lié à l'Oracle, il s'est laissé abuser au lieu de rendre compte du problème auquel il était confronté à une autorité compétente en la matière. Nous avons joint à notre courrier une lettre envoyée par cet Oracle pour que vous la fassiez analyser par les exorcistes de confiance du Saint-Siège, ce qui vous donnera sans doute la preuve de la nature démoniaque de ce que Sébastien Garin a laissé vénérer comme une sainte à Forbach. C'est une faute impardonnable pour un homme qui se doit de guider les habitants comme le berger guide ses brebis.
    En matière d'autorité, comme nous le disions, le tableau n'est guère plus flatteur. Lors du massacre d'innocents lié à cette incapacité de Sébastien Garin à se servir des structures mises en place par l'Église, les inquisiteurs étaient lancés à l'encontre des villageois. Tout ce que notre Second a pu faire, c'était de s'époumoner sans résultats. Le retrait des inquisiteurs et leur redirection vers le lieu où se cachaient réellement les sorcières n'est dû qu'à notre propre initiative et celle d'un moine clunisien que nous recommandons vivement au Saint-Siège, mais dont nous parlerons plus amplement dans la suite du présent rapport. Ce manque d'autorité, donc, du Second au moment crucial et son incapacité à s'entourer de gens compétents ou capables de combler ce manque évident dans ses capacités ont été les raisons de la désastreuse expérience vécue au Champ du Muguet.
    Face à ces incontestables et irréfutables constatations, nous implorons le Saint-Siège de dépêcher à Forbach soit une escouade de missi pour vérifier nos dires et agir avec l'accord du Saint-Siège, soit un ordre de démission.


Le rapport continuait sur plusieurs faces de parchemin, mais Mattea cessa sa lecture. Elle releva son regard sur la silhouette de Sébastien Garin, pour la première fois depuis qu'elle avait commencé sa lecture. Ce qu'elle vit ne lui fit ni chaud, ni froid. Elle n'était pas là pour prendre sa place, que du contraire. Ce n'était pas un ressentiment personnel qu'elle exprimait. Elle était à Forbach pour des raisons particulières, mais elle ne supportait pas les incapables et en digne représentante de l'Église, elle se devait de rectifier ce qui s'éloignait du droit chemin.
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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
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Sébastien Garin


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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeJeu 24 Juin 2010 - 1:46

Ce rapport au Vatican était une torture. Sébastien Garin était quelqu’un qui savait lire et écrire en quantité, mais il n’avait vraiment appris qu’au collège. Son écriture restait une écriture maladroite et difforme, qui n’était certainement pas digne d’être envoyée à un sous-représentant d’un secrétaire de Rome. Illisible, c’était illisible. L’émotion en plus n’arrangeait rien, elle faisait trembler sa plume. Comment réussir à justifier l’injustifiable ? Il y avait eu des morts, et il était responsable de laxisme.

La ligne de défense qu’il tentait de mettre en place était la suivante : la nature démoniaque de l’Oracle et l’abandon évident de Louis.

Sarah Geisler préférait encore jeter son chef en pâture au Vatican que d’être condamné lui-même. Et ce n’était pas pour sa propre intégrité. Pas que. C’était aussi pour son fils.

Ce qui lui pendait au nez, c’était une belle destitution en règle, avec enfermement au couvent ou pire ! On le confiait à la justice laique, et il serait vraisemblablement condamné à mort. Comme le Gourdin. Il ne voulait pas finir comme le Gourdin. Il était tout de même meilleur que lui. Et puis il avait un fils.

Un fils ne comptait pas aux yeux de la justice, il fallait déjà s’estimer heureux s’il ne portait pas les fautes du père. David serait séparé de son père, au moins le temps de la procédure, et lors de la procédure, ils se rendraient vite compte que Sébastien n’était pas le vrai nom du Second. Et là, adieu tout le reste.

Il fallait éviter cette procédure, l’éviter à tout prix, elle serait forcément mise à nue là bas, et Sarah voulait absolument éviter cela, il la brulerait comme tentatrice ou fille démoniaque, qui as usurpé une identité d’homme. Comment avait elle pu usurpé une identité qui n’existait pas ? Mais aux yeux de ces hommes de marbre, être un homme quand on était une femme était un sacrilège, alors qu’eux même avaient des robes et des bijoux. L’injustice était présente dès la base.

David finirait comment ? Lui ferait-on payer l’erreur de sa mère ? Et s’ils apprenaient qu’il était en plus le fruit d’un viol, par un membre de l’église ? Il se ferait d’abord exorciser, puis renvoyé dans un hospice. Plutôt mourir que de le laisser vivre ca. Si les choses devenaient dangereuses, il faudrait fuir, disparaître dans la nature avant que l’Eglise ne les rattrape. Mais l’Eglise les rattraperaient, partout où il y aurait un clocher serait recherchée une étrangère aux cheveux courts avec un petit garcon de cinq ans, avec des vêtements masculins. Il fallait éviter la procédure.

Deux coups, Mère Mattea. Avec un manuscrit. Connaissant Mère Mattea elle se mit à craindre pour la suite…

Et elle eut raison. Phrase après phrase, ce fut comme si on la clouait sur une croix et qu’on la hissait bien en vue. Le rapport accablant de Mère Mattea était prêt, le sien pas du tout. Mère Mattea avait des gens qui l’écoutaient à Rome, elle pas du tout. On pouvait considérer comme acquis que Sébastien Garin passerait devant les Missi, et subiraient les interrogatoires. Il était quasi certain qu’on découvrirait son sexe lors de l’interrogatoire. Il était certain que son fils serait orphelin une deuxième fois toujours à cause de l’Eglise.

Sa vie était gâchée, définitivement. Plus rien, vraiment plus rien à sauver. Tout ce pour quoi elle s’était battue s’était envolé à la lecture de ce rapport de Mère Mattea. Plus jamais elle ne verrai Metz, ni David grandir. Sa vie s’arrêtait à Sébastien Garin.

Elle ne se révolta pas contre l’injustice de la situation, elle était trop accablée pour cela. Sa tête s’affaissa au fur et à mesure de la lecture et ses épaules se voutaient.

Lorsque Mère Mattea eut finit, Sébastien Garin ne faisait plus que la moitié de son volume initial. Ses bras pendaient mollement sans force et sa bouche, bien que cachée en partie par ses cheveux était ouverte stupidement. Puis elle prit une grande inspiration.

Et elle releva la tête. Dans son regard gris déteint, se lisait le désespoir et la détermination.

Elle allait faire quelque chose qu’elle aurait regretté amèrement en temps normal mais qui ici était un défi et un soufflet lancé à Mère Mattea. Sa voix était bizarre, aigue pour un homme et rauque pour une femme, c’était la véritable voix naturelle de Sarah Geisler.

« Puisque vous avez décidé de m’accuser, veuillez m’accuser sous ma véritable identité ! »

Sébastien Garin bomba le torse, et la toisa avec une expression de défi.

Ses doigts se dirigèrent vers le premier bouton de la chemise.

Puis le deuxième bouton de la chemise.

Malgré les protestations de Mère Mattea, Sébastien Garin dégraffa le troisième bouton de sa chemise.

Sur sa poitrine… non….

Quatrième, cinquième et dernier.

Sébastien Garin écarta sa chemise. On pouvait voir sur sa poitrine des bandages qui enserraient ce qui ressemblaient à des seins. Petits, comprimés, mais le doute n’était pas possible.

Une poitrine de femme.
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeVen 25 Juin 2010 - 13:12

Mattea soutint le regard défait de celui qu'elle venait de rabaisser sans flancher. Et lorsqu'elle entendit une voix au timbre différent, elle le mit sur le compte de l'émotion. Puis, elle l'écouta parler de véritable identité, et se demanda un instant si le Second ne devenait pas fou. Puis, elle le vit porter la main à son vêtement et déboutonner pesamment chaque défense de la pudeur. Elle voulut l'arrêter, d'un ton hautain :

- Qu'est-ce qui vous prend ? Je n'ai nul besoin de voir votre...

La surprise cloua Mattea sur place. Comme foudroyée par la lumière divine, elle cessa de respirer et resta un long moment bouche bée, abasourdie devant le fait impossible qui se trouvait avéré devant elle. Elle regarda avec ahurissement la petite poitrine dévoilée au grand jour. Seigneur, une femme ! Une femme. Une femme. Une femme. Sébastien Garin était une femme. Et soudain toutes les pièces du puzzle se mirent en place dans l'esprit cartésien de la Carmélite. La peur et le secret, son interlocutrice les avait portés comme une croix au quotidien. Mais qu'est-ce qui avait bien pu motiver un tel choix ? Une telle dureté ? Le sang s'était retiré du visage de Mattea. La pâleur de ses traits contrastait avec l'encre de son habit. Elle avait l'impression d'avoir profondément violé l'intimité de cette femme inconnue et d'avoir procédé avec la même violence dont elle s'était sentie victime après le vol de ses souvenirs. Mattea resta un très long moment sans rien dire, tout simplement parce qu'elle ne savait pas quoi dire. Elle était incapable de se reprendre et de continuer comme si rien ne s'était passé. Qu'allait-elle faire ? Elle devait avant tout savoir ce qui s'était passé, les raisons, pour autant que la femme accepte de les lui partager. Parce qu'elle n'avait qu'un tableau trop incomplet de la situation, et qu'elle risquait de comprendre de travers. D'une voix rauque, elle finit par dire :

- Rhabillez-vous. Il suffit qu'un domestique entre et c'en est fini de votre secret.

Mattea se surprit elle-même. Après tout, qu'en avait-elle à faire que Sébastien Garin soit une femme ou que son secret soit éventé ? Cela n'enlevait rien à son inaptitude au commandement. Mais cela expliquait tellement de choses... Et surtout, cela forçait l'admiration de Mattea. Elle qui avait pleuré de rage quand elle avait réalisé qu'une femme seule et pauvre n'avait comme seule possibilité d'élévation sociale les vœux, elle était face à quelqu'un qui avait transgressé toutes les règles. Le cœur de Mattea battait violemment dans sa poitrine. D'où venait la femme qui lui faisait face ? Qu'avait-elle traversé pour en parvenir à cette extrémité ? Elle venait forcément d'un milieu humble, il ne pouvait en être autrement, Mattea le devinait à ses manières. Et elle avait osé prendre la position d'un homme. Pour quelle raison exacte ? Pour se sortir de la misère ? Pour avoir accès à ce qui n'était réservé qu'aux hommes ? Mattea se revit jeune fille, dans le couvent des Carmélites, prenant le voile. Oui, elle aurait voulu avoir le courage de Sébastien Garin à ses vingt ans. Elle ne savait par où commencer, tant elle était désorientée.

- Quel âge avez-vous ? Quel est votre nom ?

Elle était bien jeune pour un si lourd fardeau, estima Mattea. Elle venait forcément d'ailleurs, pour avoir pu réussir un pareil coup de maître. Ce n'était pas de la compassion qui émanait de la Carmélite, mais bien un irrépressible besoin de comprendre. Enfin, elle parvint à mettre des phrases sur ce qu'elle devait demander pour avoir la clé. D'une voix qu'elle tenta de rendre douce mais qu'elle ne parvint pas à moduler après les années de dureté qui la caractérisaient, Mattea demanda :

- Pourquoi avez-vous fait cela ?

Pourquoi cette femme avait-elle besoin de la couverture d'un homme ? Et combien de personnes connaissaient son secret ? Depuis combien de temps portait-elle la défroque masculine ? Que lui avait coûté son renoncement ou son usurpation, selon le point de vue ?
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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeMar 29 Juin 2010 - 0:14

Sarah Geisler écarta les deux pans de sa chemise, puis ayant vu que Mère Mattea avait amplement compris elle commença à reboutonner sans se presser. Elle put apprécier l’effet de cyclone que fit la découverte sur Mère Mattea, qui ne semblait pas déstabilisée, mais plutôt choquée. En même temps quelle réaction aurait elle pu espérer ? C’était tout à fait immoral que de s’habiller en homme quand on était une femme, la vengeance était déconseillée par les écritures, et Mère Mattea lui était jusque là apparu comme un dragon.

Actuellement, c’était une tempête sous le crâne de Mère Mattea, elle le voyait bien, et aucune des trois questions qu’elle lui posa ne la surprit : elles étaient logiques après tout.

Bien qu’elle ait dévoilé son principal secret, Sarah Geisler n’avait pas forcément envie d’en dire plus. Elle s’était dévoilée comme pour abréger ses souffrances, avertir dès le début pour éviter les scènes pénibles par la suite. Elle n’avait pas non plus prévu de tout dire depuis le début. Il n’y avait qu’une seule personne qui sachait à peu près la vérité : David, parce qu’il était son fils. Et encore, sa vérité était déformée. Elle pouvait bien dire son nom par contre, il lui serait demandé très bientôt.

« On m’a connu à l’époque sous le nom de Sarah Geisler, respectable jeune fille d’une famille de petits bourgeois, et fiancée, pour ainsi dire quasi-mariée. »

Elle aurait dû être une jeune femme comme les autres. A son âge, David aurait dû avoir un ou deux frère et sœur.

« J’avais dix neuf ans lorsque David est né, et il a cinq ans à présent. »

Curieuse façon de compter le temps, mais Sarah Geisler était morte à 19 ans, aux yeux de ses parents qui n’ont jamais su ce qu’elle était devenue, aux yeux des Sœurs de Calis, et à ses yeux à elle où elle ne fut plus la même personne.

Si elle pouvait donner des renseignements sur son nom et son âge, qui de toute façon n’étaient que des formalités, elle hésita franchement à parler de son histoire. C’était pourtant crucial pour que Mère Mattea comprenne. Mais Sarah Geisler n’était pas sûre d’avoir envie qu’elle comprenne. Mère Mattea ne semblait pas s’attendrir ou quoi que ce soit, elle était dans la position d’une enquêtrice froide qui cherche à étoffer son dossier. Elle ne confierait pas son passé à une personne dans ce genre là.

Mais d’un autre côté, il était peut être temps qu’un jour elle dise à quelqu’un le début, le milieu et la fin de tout ce qui lui était arrivé. En version non déformée. Soit elle le disait en tête à tête à une autre femme forte, soit elle le dirait devant des juges impitoyables. Ce dernier élément la fit fléchir, mais elle n’envisagea pas un moment trouver du réconfort dans une confession dans ce genre.

« Quant au pourquoi… soit je le dis devant vous, soit je le dirai devant les juges n’est-ce-pas ? »

Un sourire pauvre et un regard vers la porte de ses appartements, où son fils dormait.

« David Geisler, mon fils… est à la fois la cause et l’objet de cette double identité. »

Ce n’était pas une phrase très claire, elle allait devoir tout raconter, autrement rien ne passerait.

« J’ai… Je… »

Elle allait commencer par où ? Est-ce qu’elle raconterait tout le contexte, avec David Noistier et sa condamnation au bagne, ou bien ne fallait il rester qu’aux faits concrets qui avaient mené à David et son changement d’identité.

Sarah Geisler fit le choix d’être sobre. Ce qu’elle avait à raconter était déjà suffisamment dur si elle devait déterrer également le deuil de son fiancé…

« Tout a commencé le jour… la nuit.. où un moine nommé Frère… »


Quels mots allait-elle utiliser ? Cette blessure n’avait toujours pas cicatrisé, le mot existait, mais elle ne voulait pas l’utiliser, elle invoquerait à nouveau les limbes d’un passé qu’elle essayait d’oublier mais qui chaque jour ressurgissait. Il fallait trouver un autre mot, plus aseptisé, plus doux.

« Peu importe son nom ! »

Ce salaud ne méritait de toute façon pas une sépulture. Il est heureux que ses cendres aient été dispersées au vent. Sarah Geisler prit une grande inspiration, bloqua son souffle et sur un ton crispé :

« J’ai été abusée par cet homme. »

Elle devint très vite rouge vif, la honte de cet aveu au grand jour étant accablante. Mais le pire était passé, maintenant, il fallait faire le lien avec le reste maintenant.

« Cet homme est mort il y a trois ans, et fut le premier condamné de Sébastien Garin… »

Mère Mattea serait suffisamment intelligente pour refaire le puzzle. Il fallait espérer, les trois phrases qu’elle avait sorti étaient déjà suffisamment dures comme ca.
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Cassandra de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeMer 21 Juil 2010 - 14:23

Sarah Geisler... Quelle dérision. Sarah, princesse en hébreu. Un des prénoms les plus féminins portés par la Sainte Bible, donné à une fillette travestie. La signification sembla terriblement lourde à Mattea. Elle réalisa soudainement que la femme qui lui faisait face était mère, comme pour prouver que Sarah ne pouvait être devenue un homme à part entière. Avoir un fils à dix-neuf ans n'avait rien de précoce, mais cela ne faisait qu'accentuer l'extrême jeunesse de celle qui jouait le rôle de Second. Apprendre en revanche qu'un ecclésiastique avait abusé d'elle, c'était plus dur. Non seulement cela prouvait le dysfonctionnement de leurs propres tribunaux, mais surtout, cela révélait que Sarah Geisler revenait de loin. De qui était son enfant ? Fiancée et quasiment mariée, cela signifiait-il que l'union avait déjà été consommée ? Ou le petit David était le fils d'un acte tellement horrible qu'il n'en saurait jamais rien ? Avait-elle été rejetée par son fiancé ? Comment diable avait-elle pu arriver dans le milieu clérical sans aucune lettre de recommandation ? Nul besoin d'être devin pour comprendre que sa vie était un drame. La seule chose qui était sûre, c'était que l'enfant du Second comptait plus que tout, puisque c'était pour lui qu'elle avait tout sacrifié. Mattea hésita. Lui appartenait-il vraiment d'apprendre toute l'histoire, tous les détails ? Ce n'étaient pas ses souffrances. Elle n'avait pas à pénétrer l'intimité de cette femme déjà brisée. Elle fut sur le point de tourner les talons, mais elle finit par rester.

- Vous seriez de toute façon devenue Sébastien Garin, mais vous n'avez approché l'Inquisition que pour vous venger ?

Cela désolait franchement la Carmélite. Elle ne pouvait s'empêcher de regretter amèrement l'incapacité des femmes à se prendre seules en main, sans fortune et sans mari. Mattea avait écouté religieusement les explications du Second. Si elle était profondément touchée par ce qui lui était arrivé, elle ne perdait pas de vue qu'il y avait une décision à prendre : qu'allait-elle faire ? Elle était venue lui lire son accusation pour ne pas lui porter de coup dans le dos, mais ce qu'elle venait d'apprendre changeait entièrement la donne. Pouvait-elle condamner une femme qu'elle admirait d'avoir su s'imposer dans un milieu d'hommes ? Sébastien Garin manquait de charisme, mais c'était un homme aux yeux de tout Forbach. Pouvait-elle le livrer à la haine de la population ? Car il n'y aurait nulle pitié pour celle qui avait violé les lois de la nature. Un tribunal ecclésiastique la condamnerait au bûcher comme la sorcière qu'elle avait longtemps chassé. Quelle ironie... Lentement, Mattea regarda les liasses qu'elle avait à la main, noircies patiemment à la lueur d'une chandelle. Sarah Geisler possédait une volonté et une grande capacité à surmonter les obstacles. Sa simple présence en témoignait. Dire que Sarah aurait voulu oublier alors qu'elle-même voulait à tout prix se souvenir ! Mattea pensa un bref instant que la vengeance occupait une place importante dans leurs deux vies, puis d'un pas vif, s'avança vers le feu et y jeta toutes les liasses. Une fois qu'elle avait choisi son parti, elle ne connaissait pas la demi-mesure. Elle se tourna vers le Second :

- Le passé est le passé. Il n'a pas à vous emprisonner, il a à vous porter. Vous avez survécu à cela, ce n'est certainement pas pour ployer maintenant devant la force des Institutions.

C'était à double sens : Mattea parlait à la fois du viol et de l'échec des Muguets. Elle reporta son regard sur les flammes qui léchaient avidement les feuillets. Elle ne protégeait pas seulement Sarah Geisler, elle sauvait aussi la vie d'un enfant innocent. Lentement, elle continua :

- Vous m'avez également recentrée sur mes propres objectifs. Je ne suis pas à Forbach pour restructurer l'Inquisition. Il ne m'appartient pas de juger vos actions, seulement de rapporter mon vécu à Rome. Ce premier jet était donc incontestablement un brouillon mal rédigé.

Mattea pensa un instant aux difficultés du Second pour s'imposer. Même si la phrase écorcherait un peu sa bouche, elle continua courageusement, comme pour montrer à Sarah qu'elle n'était pas révoltée par ce qu'elle avait fait, que du contraire :

- Et à l'avenir, si vous avez besoin de quelqu'un pour remettre des Inquisiteurs bruyants et grande gueule dans les rangs, faites appel à moi.
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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeLun 26 Juil 2010 - 0:20

En silence, Sarah Geisler écouta le discours de celle qui tenait toujours son avenir entre ses mains, dans la liasse de papiers exactement. Elle faillit réagir immédiatement à la première réplique, et la prit réellement mal. Non elle ne serait pas devenue Sébastien Garin, elle ne se serait jamais travestie autrement, mais elle réserva sa réplique pour plus tard car Mère Mattea ne semblait pas avoir fini et il se passait des choses importantes. La religieuse n’était pas triomphante avec ces papiers à la main, elle semblait plus perplexe et indécise. Sarah pouvait elle se permettre un espoir ? Son cœur dit oui, sa raison dit non, et elle était incapable de savoir.

Puis une lueur de décision passa dans le regard de Mattea, et Sarah Geisler vit les papiers tomber dans le feu. Tomber dans le feu au ralenti, elle vit chaque feuille indépendante se détacher les unes des autres, commencer à se faire attaquer par les flammes, tomber au fond du foyer dans un détachement d’étincelles, se noircir et se prostrer sous l’attaque des flammes. Sa condamnation se métamorphosait en cendres dispersées par la cheminée. Sa vie pouvait continuer, la décision de Mère Mattea lui avait sauvé la vie.

Avec de grands yeux humides de reconnaissance, Sarah Geisler fixa Mattea et l’écouta jusqu’au bout, buvant ses paroles. Elle donnait le signal de la fin de la prostration, mais cela faisait déjà un an que Sarah réussissait à dormir le soir, quoique cela faisait combien de temps qu’elle tentait de redevenir une femme ?

Et au final que pouvait bien penser Mère Mattea de ce crime ? Elle avait renoncé à l’accuser, et elle n’était pas femme à éprouver de la pitié. Etait ce du respect pour ce statut de travesti ? L’admirait elle ? « Il ne m’appartient pas de juger vos actions » c’était digne de l’absolution ca. Et cette dernière phrase... personne avant elle n’avait prononcé ce genre de chose. Nul n’avait proposé son aide, ni accepté la neutralité. Visiblement, Sarah Geisler avait gagné le respect de Mère Mattea, pourquoi ? Pour avoir défié les règles de la société et s’être octroyée une place qui aurait dû être masculine ? S’être battu contre les pires forces au monde pour atteindre son objectif ? Très certainement.

Sarah s’essuya les yeux au cas où. C’était la première fois qu’on la complimentait, même silencieusement sur ce qu’elle avait accompli. C’était la première fois qu’on exprimait, même sans paroles, de l’admiration pour sa démarche. Il ne fallait pas pleurer, mais pleurer est l’évacuation d’un trop plein d’émotion, et Sarah en avait trop d’émotions, la gratitude dominait.

« Mère Mattea… »

Le visage androgyne de Sarah Geisler s’habilla d’un sourire sincère. Elle ressembla à la femme qu’elle était.

« Merci. »

Ne rien dire de plus, laisser passer quelques secondes.

« Merci aussi pour votre aide, c’est gentil. Mattea, est ce que je pourrai compter… sur un peu plus que votre neutralité ? »


Une demande d’amitié en règle, mais délicate malgré tout. La Religieuse n’était pas venue pour se lier et n’était pas non plus de nature à faire ceci. Mais la dernière amie de Sarah remontait à avant son viol, cela datait terriblement, et les amis au courant de la vérité étaient encore plus durs à trouver. Seul Mattea pouvait y entrer, car elle connaissait la vérité. Mais accepterait elle de partager sa solitude avec une travestie ? Sarah ne fit pas de geste comme tendre une main ou s’approcher de Mère Mattea, ce serait purement oral.

« Vous êtes la seule qui puisse devenir une amie pour moi, j’en serais heureux… heureuse. »

A force de tout accorder au masculin, Sarah Geisler ne savait plus s’exprimer au féminin. D’ailleurs, en guise de première confidence d’amie à amie, elle dit :

« Je ne serais pas devenue Sébastien Garin sans cette affaire. Je serais restée chez mes parents, j’aurai trouvé un autre mari et j’aurai une famille à l’heure actuelle. Et je compte toujours le faire, abandonner cette identité de Sébastien Garin et rentrer chez moi avec David. Ce qu’il me faut, c’est un mois pour me faire pousser les cheveux et disparaître. Mais je n’aurai jamais ce mois tant que les sorcières seront présentes à Forbach… Je ne sais pas combien de temps je resterai un homme. »
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Cassandra de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeMar 27 Juil 2010 - 20:00

Un sourire sur le visage de Sarah la transfigurait. De morte, elle passa à vive. D'homme, elle passa à femme. Vous devriez sourire plus souvent. Mattea retint le commentaire qui lui vint aux lèvres, car elle était très mal placée pour parler, justement. Mais elle vit la nature féminine de son interlocutrice aussi clairement qu'un rayon de soleil transperce la plus dense des brumes.

Elle fut vaguement gênée par le remerciement de Sarah, parce qu'elle n'aimait guère s'éterniser sur la gratitude des autres à son égard, et elle fit l'effort de ne pas hausser les épaules. Mattea n'envisageait simplement pas d'être en désaccord avec elle-même. Son geste envers le Second – la Seconde ? – était certes surprenant, mais cohérent. Aussi fut-elle particulièrement étonnée lorsque Sarah eut le culot de... oui, de lui demander son amitié. Elle en aurait ri, à l'époque où elle savait encore rire. Seulement, maintenant, elle ne souriait plus que pour montrer les dents ou se moquer. Elle dévisagea Sarah avec curiosité. C'était totalement inattendu, mais pas inconcevable. Autant Mattea était entrée pleine de mépris envers un incompétent doublé d'un désaxé, autant Mattea ressentait maintenant une pointe d'admiration envers une femme doublée d'une mère. Et la phrase de Sarah la confronta à son propre manque d'amies de sexe féminin. Oui, Mattea frayait avec les Chevaliers de Malte, elle discutait sur un pied d'égalité avec les cardinaux et l'insupportable secrétaire papal, mais elle ne comptait aucune amitié au sein de son ordre. Les autres Carmélites n'étaient pas ses amies : elles étaient ses sœurs ou ses filles. Mattea était une femme solitaire, qui se sentait à l'aise en milieu masculin. Elle se sentait perdue lorsqu'on lui parlait de jupons ou de couture. Or, Sarah était précisément une femme absolument pas futile, visiblement vive d'esprit. Maintenant qu'elle connaissait son secret, elle trouvait que, de fait, Sarah n'était pas tellement gonflée de lui proposer son amitié, parce que c'était logique. C'était le dénouement presque naturel de leur discussion. Elle laissa fondre la glace de ses yeux avant de répondre :

- Ce serait un plaisir, je pense.

Mattea aimable. L'on aurait tout vu. Décidément, Forbach la mettait dans tous ses états. Et Sarah était bien téméraire de rechercher l'amitié d'une femme dont elle ne connaissait rien à part son rang et son nom. Mattea réalisa également que ses propos avaient été mal compris. Elle rectifia donc rapidement :

- Lorsque je disais que vous seriez de toute façon devenue Sébastien Garin, c'était en parlant de la suite de l'affaire, uniquement.

Elle pensa à la femme que Sarah Geisler serait devenue sans l'Église. Et là, elle devait éradiquer les sorcières de Forbach avant de... mettre fin à son cauchemar. Tout espoir n'était pas perdu, et cela sembla une formidable leçon de vie à Mattea, qui avait tendance à porter un regard fort désabusé sur le monde. Pourtant, elles n'auraient jamais échangé un mot si rien ne s'était produit.

- Espérons que ce mois arrive bientôt, alors. Les sorcières ne nous résisteront pas éternellement. Vous retournerez chez vous et je rentrerai à Rome.

Encore que... ce n'était pas du tout dans les aspirations de Mattea. Si elle retrouvait son passé et qu'il lui révélait une autre voie, une autre possibilité, elle quitterait les ordres sans un regret. Et si elle trouvait un homme qui soit à son goût et qui n'ait pas peur de la prendre vieille – ce qui était, elle l'accordait, fort hasardeux – elle fonderait son propre foyer. Mattea secoua la tête. Décidément, le simple fait de vouloir répondre poliment se transformait en élucubrations ! À force de penser au manque de possibilités d'une femme seule et sans richesse, confronté à ses désirs les plus enfouis... C'était la discussion de tous les possibles. De tous les avenirs qui étaient encore à inventer.
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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeLun 2 Aoû 2010 - 8:47

De tous les avenirs qui étaient à inventer, mais si l’on regardait de près, l’avenir de Sarah Geisler n’était pas si lumineux que ca, quand bien même elle fuirait l’inquisition. A vingt quatre ans, elle n’était plus une toute jeune adulte, mais elle restait suffisamment jeune pour espérer un autre mariage, un autre David Noistier. Seulement elle n’était même pas sûre que ses parents prennent bien son retour. Comment avaient ils réagi face à sa fuite, ou sa fugue ? S’étaient ils attendus à voir le fleuve rejeter son corps ou recevoir une lettre de suicide ? Ou bien obtenir des nouvelles de terres lointaines où elle s’était enfuie avec son amoureux ? Les Geisler ne pouvaient même pas imaginer ce qui était réellement arrivé a leur fille, peut être avaient ils condamnés toute allusion à elle, fille perdue.

Comment réagiraient-ils face à son retour ? Quand une personne dont vous avez porté le deuil ressuscite, la première réaction est souvent primaire : « non ce n’est pas possible » comme pour renvoyer la personne vers la tombe. Malgré tout peut être seraient ils heureux de retrouver leur fille, les Geisler avaient aimés leur petite Sarah, mais seraient ils toujours heureux de voir débouler un petit-fils bâtard ? Seraient-ils toujours aussi heureux lorsqu’ils apprendront que leur fille a été souillée ? Il était quasiment certain qu’ils ne réagiraient pas bien en sachant les conventions sociales qu’elle avait foulées aux pieds.

Seraient-ils capable finalement de mettre dehors une fille qui leur serait devenu monstrueuse, par ce qu’elle a subi et ce qu’elle serait devenue ?

Sarah Geisler écartait autant que possible ces peurs beaucoup trop concrètes, elle réussissait même à les occulter totalement, quitte à s’éloigner de la réalité et s’approcher de l’idyllique. Dans sa tête, non seulement ses parents la gardaient, mais elle se retrouvait avec un autre homme qui accepterait son âge (qui était le plus facile), mais qui accepterait également son bâtard et sa souillure. Ce genre d’homme n’existait pas, mais elle ne voulait pas le savoir. Même un David Noistier aurait refusé, mais Noistier était un saint à ses yeux.

Finalement, on ne pouvait que rêver à l’avenir, « viser les étoiles pour atterrir au sommet des monts ». Mère Mattea et Sarah Geisler avaient en commun d’être des femmes fortes, même si Sarah adoptait un profil beaucoup plus bas, presque pitoyable que Mère Mattea, dû à une plus forte pression. Les femmes fortes sont faites pour accomplir leurs aspirations : Mattea avait déjà parcouru un énorme chemin dans la quête de son passé, et touchait quasiment au but. Sarah avait déjà fini sa quête, sa vengeance était accomplie.

Et elles se trouvaient un point commun, se reconnaissaient, et du coup s’apprivoisaient l’une l’autre. Sarah tâchait de moins s’effaroucher, Mattea se faisait moins dure. C’était un bon début, prometteur, que de se partager ses rêves.

« Vous rentreriez à Rome ? Vous ne rentreriez pas chez vous ? »

Jamais Mère Mattea n’avait dit à Sarah Geisler qu’elle soupçonnait Forbach d’être son chez-soi.

« Et que feriez vous à Rome ? Continuer une carrière de religieuse ? Vous êtes déjà la Mère Supérieure de votre Ordre, vous ne monterez jamais plus. Vous resterez entourée d’hommes habitués à être obéis, et dont certains ne veulent rien connaître des femmes. Est-ce bien là votre rêve ? »

Et subir l’opprobre d’une mère de bâtard était elle bien le sien ?

« Et si vous vous rangiez, à quoi ressemblerait votre vie ? »

Il y avait plein de questions dans cette question, que Sarah Geisler n’osait pas expliciter de peur de paraître pour une poule banale. Pourtant, elles n’étaient pas dénuées d’intérêt : de quoi allait-on vivre ? Si l’on se mariait, ce qui était quasiment obligé, à quoi ressemblerait son époux ? Serait-on prêt à prendre le premier qui venait ? A ceux qui méprisent de telles interrogations, songez à ceci : la clé d’une vie raisonnablement heureuse était contenue dans les réponses. Et les réponses ne sont pas du tout évidentes. En fait si on y regarde bien, on aboutit à la conclusion suivante, qui condamne un peu tout espoir :

Il est plus facile de continuer sa vie actuelle plutôt que de changer vers une vie plus paisible, comme si la possibilité même d’une vie « normale » était refusée à ces deux femmes.

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Cassandra de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeMar 3 Aoû 2010 - 13:23

Mattea retint un soupir. Elle aurait dû se douter que les questions finiraient par sortir. C'était vrai, elle n'avait rien confié à personne depuis son arrivée à Forbach. Et elle ne comptait pas commencer maintenant. C'était trop tôt, et elle ne s'était pas encore faite à l'idée qu'elle pouvait se confier. La notion lui était étrangère ; seul son plus cher ami avait eu ce privilège. Mattea avait conscience de l'injustice de la situation, car elle connaissait le plus terrible et le plus dangereux secret de Sarah Geisler, alors que cette dernière ne savait rien d'elle. Mais elle n'était pas habituée aux amitiés soudaines et sincères. Cela faisait des années qu'elle bataillait et gagnait sur l'échiquier géant de Rome, ce n'était pas par hasard. C'était parce qu'elle avait scrupuleusement respecté plusieurs règles qu'elle avait elle-même édictées. Et dans les plus importantes, il y avait celle de ne pas se livrer pour ne pas donner d'armes à ses potentiels ennemis. Mais Sébastien Garin était-il un potentiel ennemi ? Non, puisqu'elles venaient de jeter les bases d'une nouvelle amitié. Et puis, quel secret prêtait réellement à conséquence ? Le sien ou... celui d'une femme ayant violé les lois de la nature ? Il était aisé de poser des questions, comme elle l'avait fait quelques minutes plus tôt, mais parler d'elle-même... C'était bien plus ardu. Et pourtant, c'était le moment ou jamais de mettre la gigantesque course à la sorcière et aux souvenirs en pause, de souffler quelques secondes avant de s'y relancer à corps perdu.

Et il n'y avait pas seulement la difficulté à s'épancher, il y avait également la teneur des réponses. Avec une candeur désarmante, Sarah demandait quel était son véritable rêve, comme s'il était évident qu'elle n'aspirait pas à demeurer au sommet de son Ordre. Or, sa voie était toute tracée, au vu de sa fulgurante ascension, personne n'avait jamais osé la questionner là-dessus. Mais justement, personne ne lui avait posé la question, et c'était l'occasion de sortir ce qu'elle avait sur le cœur. Toujours était-il qu'il lui manquait la cordialité nécessaire pour répondre franchement. Mattea finit par opter pour un compromis. Elle acquiesça, puis dit :

- Ce ne sont pas des questions auxquelles je répondrai debout. Installons-nous, les réponses trouvent plus facilement leur place au coin du feu...

Elle ne pensait pas parler aussi longuement que les conteurs des longues soirées d'hiver, mais elle ne pensait rester figée face au bureau éternellement. Elle se retourna et s'assit tranquillement dans les fauteuils du Second, attendant que Sarah fasse de même avant de commencer :

- La Maison de Dieu est ma maison. Aussi, je me trouve chez moi, à Rome. Mais sans le savoir, vous touchez là un point important : je n'ai pas d'autre foyer.

Elle n'avait aucune envie de lui avouer qu'elle était amnésique. Mais elle acceptait, en égard à leur nouvelle sympathie, de lui dire ce qu'elle taisait ordinairement. Après tout, Sarah avait raison lorsqu'elle disait qu'être une femme comportait des limites. Elle ne pourrait jamais être Pape, elle ne pourrait jamais être Empereur. Seulement Mère Supérieure ou Impératrice. Là où Sarah avait tort, en revanche, c'était que tous les hommes n'étaient pas comme elle les décrivait. Amaël de Saint-Loup était une exception suffisamment éloquente pour convaincre Mattea.

- Mon rêve futur... il dépend directement du dénouement que connaîtra l'affaire des sorcières de Forbach. Je suis ici pour ma vengeance, et la tribu d'Olrun payera pour ce qu'elle m'a pris et pour les années de souffrance que cela a occasionné.

Les flammes dansaient dans les yeux de Mattea. Libre à Sarah d'interpréter comme elle le voulait. Le temps des confidences viendrait plus tard. C'était un début appréciable, surtout pour une femme aussi froide et dure que Mattea.

- Si je me rangeais, comme vous le dites, ma vie serait calme, loin de tous les jeux de pouvoir. J'en ai suffisamment vu pour remplir neuf vies. Et vraisemblablement, j'irais loin de Forbach... peut-être en Prusse, pourquoi pas ? Ou en Sicile, je ne sais pas.

Elle apprendrait à sourire vraiment, de nouveau. Elle recommencerait à discuter aimablement avec les gens dans la rue. Ses yeux reprendraient un éclat rieur. Elle ne serait plus Mère Mattea, elle redeviendrait Cassandra. Le prénom ne lui apportait aucun souvenir, seulement le réconfort d'une identité. Et précisément pour cela, elle le porterait à nouveau, avec fierté. Elle avala sa salive et demanda, un éclat ironique sur les lèvres :

- Inattendu, n'est-ce pas ? Mais pour vous comme pour moi, il sera extrêmement difficile d'oublier ce que nous avons vécu. Et je pense même que ces rêves dont nous parlons, nous n'aurons peut-être jamais l'occasion de les concrétiser. Parce qu'au fond, vous n'oublierez pas la position que vous avez eue à Forbach, et je me rappellerai toujours que j'ai été Mère Supérieure.

Ce n'était pas l'anéantissement de tout espoir, c'était de la lucidité. Elles avaient été trop loin pour se leurrer. Mattea réalisa à cet instant qu'elle avait été un peu sèche, et elle reprit plus doucement :

- Mais vous avez eu raison de parler de rêves... Contrairement à la croyance, les rêves ne sont pas faits pour être réalisés, seulement pour être rêvés.

Et nous permettre de faire face, de continuer sans s'arrêter. D'un regard qu'on aurait pu qualifier de rêveur après un examen attentif, Mattea fixa l'âtre. Elle ajouta :

- Je ne sais pas ce que je deviendrai... Ce dont j'ai réellement envie, je suppose.

Elle saurait, lorsqu'elle serait face au choix, si tant était que le choix se présente un jour...
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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeSam 7 Aoû 2010 - 19:04

Il y a une chose assez amusante à remarquer lorsqu’on comparait Sarah Geisler et Mère Mattea sur ce domaine là : Sarah Geisler avait des aspirations excessivement arrêtées tandis que Mère Mattea globalement laissait venir le futur. Quand on cherche la raison, on peut la trouver dans le passé de chacune : Mère Mattea n’avait pas de passé, et justement le recherchait, comment dans ces conditions penser à l’avenir ? Sarah Geisler au contraire ne se souvenait que trop bien de son passé, et cherchait à le fuir en se projetant dans l’avenir.

Malgré leur nature onirique, les aspirations sont bâties sur quelque chose, elles sont bâties sur l’individu lui-même, et cet individu est façonné par son vécu et ses expériences. Indirectement, nos rêves proviennent donc de notre passé.

D’ailleurs, si l’on ne considérait que le vécu et la situation actuelle, peu de choses réunissaient Sarah et Mattea (Cassandra ?), elles formaient une paire improbable. L’une était froide et dure, se protégeait par le tranchant de sa personnalité, l’autre était effacée et pâle, elle se protégeait en se fondant dans le décor. L’une recherchait ardemment ce que l’autre fuyait à tout prix. Mais si cette paire s’était formée, ou du moins avait commencée à se former, c’est parce qu’il y avait une chose qui ressortait par-dessus tout : Sarah Geisler et Mère Mattea étaient faites d’un métal aussi dur l’une que l’autre. Elles n’avaient pas subi les mêmes traitements d’où l’apparente différence.

Le traitement qu’avait subi Sarah Geisler était particulièrement violent mais aussi très ponctuel, tandis que Mère Mattea se transportait plutôt avec un cancer à l’âme, un doux effritement implacable, moins spectaculaire, mais tout aussi inévitable. De la même façon, Sarah et Cassandra étaient nées avec la même force, mais pas du même bois : la force de Sarah s’était avérée souterraine et implacable, elle avait fait chuté le Frère Francois en traître, tandis que Mattea était revenu sur ses pas par la grande porte et avait rencontré sa sœur en plein jour sans se cacher.

Malgré ces différences, ces deux femmes pouvaient se comprendre, et s’apprivoiser. C’était un processus qui durerait longtemps, toute la nuit au bas mot.

Une chose intrigua Sarah :

« Prusse ? Sicile ? Pourquoi ne rentreriez vous pas chez vous tout simplement ? »

Pour une femme qui n’envisageait pas un autre avenir qu’auprès de ses parents dans une vie « normale » c’était une évidence.

Un petit grattement se fit entendre à la porte qui menait aux appartements du Second. Timidement, sans attendre de réponse, elle s’ouvrit et un regard hagard près du sol dévisagea la Mère Mattea. D’abord pas plus grand qu’une paume de main, la porte s’ouvrit davantage et laissa passer le minois d’un petit garçon de cinq ans. Sarah lui fit signe à distance de venir. Inquiet, peu sûr de lui, le petit garçon obéit et en marchant doucement arriva à la hauteur de sa mère. Il dit d’une voix fluette, comme celle de tous les enfants de son âge :

« Qui c’est papa ? »

Sarah l’avait bien dressé : ne jamais dire maman face à un étranger. La dernière fois qu’il s’était laissé allé, c’était face à l’Oracle, et sa mère n’avait pas particulièrement été contente. Aussi fut il légèrement surpris lorsque Sarah le prit sous les aisselles et l’installa sur ses genoux : ce n’était pas comme ca qu’elle faisait avec les étrangers.

« David, face à elle tu auras le droit de dire « Maman » »

L’enfant fronça du nez et des sourcils, c’était trop embrouillé pour lui, les limites entre les deux identités de sa mère étaient trop complexes et surtout sans raisons pour ses yeux à lui. Il n’avait que cinq ans après tout. David Geisler était en plein milieu de son enfance : des rondeurs qui lui donnaient une bouille plus qu’un visage, une main qui faisait la moitié de celle de sa mère, et ses pieds qui semblaient se balancer à deux mètres du sol. Cela dit, avec un peu d’imagination, on pouvait voir l’adolescent à venir : il perdrait ses rondeurs pour se dégingander, avoir un visage plus sec, plus anguleux, et ce qu’il y avait d’attendrissant et de mignon se transformerait en quelque chose de séduisant et de ténébreux.

Sarah se désintéressa de Mère Mattea le temps de caresser et recoiffer les cheveux de son fils. Elle lui donna un rapide baiser sur la joue, qui étonna David, d’habitude ce n’était pas face à des étrangers que cela arrivait. Il regarda sa mère, puis l’étrangère. Lorsqu’il regardait Mère Mattea, elle pouvait voir la ressemblance assez frappante entre Sarah et David : dans la forme du visage, dans les cheveux de la même couleur noire. Mais les yeux restaient troublants en permanence : ils étaient noirs comme du charbon, bien loin du gris délavé de sa mère. Les yeux du père, qui abritaient peut être au fond un germe de lui.

Ca ne semblait pas déranger Sarah, qui le couvait littéralement. L’enfant geignit au bout de quelques secondes, elle le laissa davantage tranquille.

« Vous l’aurez deviné : c’est mon fils. Ma principale raison de vivre actuellement. »

On comprenait l’amour qui empruntait chacun de ses gestes.
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MessageSujet: Re: J'accuse   J'accuse Icon_minitimeMar 24 Aoû 2010 - 23:01

Mattea laissa entendre un rire sec, sans joie. Dans sa question, Sarah oubliait que chez elle, c'était le siège de la religion, le centre du monde et l'endroit où chaque homme et chaque femme se devait d'être pieux.

- Rentrer à Rome et quitter les ordres ? Les deux seraient incompatibles. Vous devriez savoir, pourtant, que nul n'a pitié de ceux qui tournent le dos aux ordres. Je connais trop bien le sort des défroqués. Je serais la bonne sœur qui a craqué, ou alors...

Mattea se tut. Inutile de s'apitoyer trois heures sur la situation qu'elle connaîtrait si elle avait le malheur de rester à Rome en cas d'abandon des Carmélites. D'une voix plus douce, elle reprit :

- Je vous dis, la Prusse ou la Sicile.

Elle allait peut-être même se lancer dans une extravagance et faire une tentative de plaisanterie. Elle allait. Elle n'eut eu pas l'occasion – et plus tard, elle estima que c'était tant mieux – parce que la porte s'ouvrit pour laisser passer un enfant. Aussitôt, elle se sentit mal à l'aise. Elle était incapable de s'occuper des enfants. Elle ne savait absolument pas s'y prendre avec eux. Ils étaient petits, faibles et inutiles. Mais Sarah ni vit ni ne devina son trouble. Elle laissa le petit David s'approcher d'elle, et le sourire qui fleurit sur son visage poignarda férocement Mattea. Elle était mère. Mattea contempla le charmant tableau formé par la mère et son enfant. Elle aurait dû s'émouvoir, sentir tout l'amour qui liait ces deux êtres, mais elle se sentait seulement glacée, parce qu'elle n'avait jamais connu d'homme. Parce que l'image la confrontait à ses propres désirs.

Ce furent les paroles de Sarah qui empêchèrent Mattea de prendre ses jambes à son cou. La marque de confiance l'ébranla. Elle avait l'impression d'être dans un bateau qui tanguait et qui n'avait aucune destination à atteindre : le tout était d'attendre que les vagues se calment. Elle était sidérée par l'audace de Sarah. Elle n'aurait jamais eu son courage. Elle y vit le signe d'une amitié durable et réelle. Oui, à partir de cet instant, Sarah Geisler était son amie.

Et quand elle posa à nouveau les yeux sur le fils de son amie, elle vit son allure angélique avant de voir la nuisance potentielle. Et elle comprit que, quel que soit le père de l'enfant, David était innocent. Et que Sarah avait raison de l'aimer : il ne pouvait en être autrement. Mattea ne parvint pas à sourire – à nouveau, il ne pouvait en être autrement. Mais ses yeux se firent moins durs, et ses lèvres se déserrèrent.

- Bonsoir, David.

Mattea posa une main bienveillante sur la tête du petit. Ce toucher était inhabituel, mais étrangement agréable. La Carmélite se sentit un petit peu stupide, mais une chaleur qu'elle ne s'expliquait pas se répandit lentement dans ses membres fatigués.

- Je m'appelle Mattea et je travaille avec ta maman.

C'était une présentation assez simple, pas besoin d'embrouiller le gamin avec les détails. Soudain, le feu dans l'âtre était devenu convivial, l'attitude de Sarah détendue, Mattea elle-même plus cordiale. Ils étaient dans la froide et stricte Collégiale, mais le lieu recelait une familiarité qui rappela à Mattea la chaleur d'un foyer. Elle ne s'en souvenait pas au sens classique du mot, mais l'atmosphère ressemblait à ce que son imaginaire avait supposé.

- C'est un beau garçon que vous avez là, Sarah.

Et pour une fois, la voix de Mattea était rauque et sensible. Elle n'ajouta rien, c'eût été inutile. S'interdisant de laisser des préoccupations d'ordre trivial troubler ce moment de calme et de quiétude, elle se cala confortablement dans son fauteuil. Le voile la gêna, alors qu'elle tentait de faire reposer sa tête contre le dossier. Elle s'était vêtue avec l'habit des Carmélites pour mieux confondre Sébastien Garin : une telle rigueur n'avait plus sa place. Le geste lui parut naturel et Mattea ne réfléchit pas vraiment avant de porter la main au voile qu'elle avait serré plus que de coutume pour que pas une mèche ne s'échappât. L'instant d'après, la couleur cuivre de sa chevelure brillait d'une lueur singulièrement ravivée par le feu.
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