[HRP Je continu pour chaque événement fort de ces trois années de jeu ! ]12 août de la même annéePapa a fait fermer la boutique. C’est devenu impossible à gérer. Maman perd la raison. Elle n’est pas la seule. Je ne sais plus quoi faire. Entre sa tristesse et ses visions elle devient dangereuse. Mais jamais je ne pourrais la violenter. J’en suis incapable. Il me faut déjà tant d’énergie pour ne pas écouter la voix de Michael le soir. Combien de temps encore ? Combien de pleurs ? Je suis si… fatiguée.
Nous avons besoin d’aide. Notre ville est maudite. Malgré le retour du soleil rien n’a changé. Les gens ne viennent plus.
Demain nous sommes le 12 août. Cela fera trois mois que mon frère nous a quitté. Mais cela ne suffit pas à notre peine. Forbach est devenue folle. Si folle que même les fous veulent l’abandonner. Je ne sais pas quel pouvoir nous déteste à ce point. Mes prières restent sans réponses. Toutes mes prières sonnent dans le vide.
C’est effrayant.
Ça a été progressif. Un lent et sournois vent sur nos consciences affaiblies par l’hiver. Au début des cas isolés aux frontières de la rivière. Puis, comme la peste, le phénomène s’est propagé. On ne peut pas comprendre ces choses sans les avoir vécues. Je ne savais pas jusqu’à présent à quel point, nous étions des animaux. Chacun est confronté à ses démons les plus vils. Même les plus heureux hurlent à la mort. La vie s’est arrêtée.
Les délires sont si prégnants… que chacun se défend par instinct, avec rage. Une rage que personne ne peut contrôler. D’ailleurs personne ne veut la contrôler. Où sont nos anges gardiens ?
Verra est toujours chez sa grand-mère. Au Moulin elle est en sécurité. Je suis rassurée. Mais pour sa sœur je n’ai rien pus faire. Mélanie refuse de s’en séparer. Elle s’y accroche comme à une roche. La lueur dans son regard m’angoisse un peu plus chaque jour. Elle cherche en sa fille les signes de son amant. Ses yeux lui rappellent le disparu. C’est malsain. Cela la complait dans ses illusions. Elle parle au mort des heures durant. Je ne connais rien des soins. Je ne peux rien faire.
La dernière fois que j’ai évoqué l’idée de l’éloigner, j’ai eu peur, qu’elle ne me fasse du mal. Violaine n’a pas trois ans. Elle ne devrait pas avoir à subir pareille horreur. Heureusement papa est plus fort que nous. Je ne sais pas comment, mais son trouble est moindre. Je ne sais pas ce que nous serions déjà sans lui. Je ne sais pas ce que je ferais. Parfois l’idée est délicieuse. Aller chercher une branche assez haute et forte dans la forêt. M’ôter ces années à venir en un seul saut vers la terre. Il m’en empêche. Michael me dit de rester. Les mêmes mots à mon oreille inlassablement.
J’ai écris une lettre à grand-père Peter. Peut être que lui sera comment nous libérer de ce cauchemar. Mais j’ai peu d’espoir. Les Silvianov sont si loin de nous ! Ils ne comprendront pas tout. C’est impossible en fait.
Je voudrais agir. Mais je crains que mon propre cas ne desserve l’enfant. Son père ne cesse de me visiter. Quand les pleurs de notre mère cessent enfin. Quand la chaleur est moins étouffante et que le corps n’aspire qu’au sommeil. Quand ma tête est si lourde que j’attends qu’elle quitte mes épaules. Je ne suis qu’une enfant encore. Je n’ai même pas apprit à pleurer comme il faut. Pourquoi nous ?
On dit qu’il y a des sorcières, des filles du diable. Je ne les ai jamais vus ! On dit que c’est elles qui ont tout empoisonné. Si c’est vrai, alors je veux bien aller les supplier. N’ont-elles aucun cœur enfin ?! Nous ne sommes que des gens communs aspirants à une vie tranquille.
Où-est le Seigneur ?