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 Celle qui avait vu la Mort

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Noâz Loewenstein
Fugitif
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Noâz Loewenstein


Celle qui avait vu la Mort Vide
MessageSujet: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeVen 20 Mai 2011 - 18:57

La lumière du soir faisait luire un éclat sanguin sur tentures, tapisseries, meubles et bibelots brillants des appartements d’Amaël Loewenstein. Noâz regardait autour de lui avec circonspection, presque suspicieux, légèrement amer. Il allait lui falloir devenir un peu plus ce personnage. Mais ce personnage, il ne l’aimait pas. Noâz congédia les serviteurs et ferma la porte. Il s’allongea sur le lit pour ne fixer que le plafond et réfléchir un peu : devait-il s’approprier les lieux ? Devait-il tout laisser en état et s’en inspirer ? Il ne savait pas. L’odeur des draps lui rappela qu’un homme aujourd’hui mort avait dormi ici toutes les nuits de ces dernières années. Il se releva et fit les cents pas. C’était Impossible ! Il ne pouvait prendre la place d’un mort. Il aurait bientôt l’impression de dépérir lui-même ! Il fallait trouver une alternative philosophique. Comment rendre la situation acceptable ? Il ne pouvait devenir Amaël. Il s’agirait donc uniquement d’usurper son identité. Voilà ! Il fallait qu’il garde à l’esprit qu’il n’était qu’instrument d’une stratégie.

La situation était posée auprès des membres du Lys Noir. Il ne reviendrait pas dessus. Il se ferait passer pour Amaël. Ou plutôt un Amaël, un Amaël différent, un Amaël changé… Traumatisé par l’accusation et la disparition de sa mère. Il jouerait un Amaël devenu Noâz. Il serait lui sous une autre identité. Il y avait tout de même de quoi en perdre son latin… Noâz arracha les draps du lit et les jeta au pied. Il se dirigea vers une grande armoire, observa intrigué les fanfreluches et froufrous dévirilisantes qu’osait porter son frère. Il tria les vêtements de longues minutes. Ne garda que deux manteaux et une paire de bottes. Le reste serait brûlé. Dans le petit salon Noâz fut immédiatement arrêté par l’immense portrait d’Alicia. Pour la toute première fois, il la voyait. Il la trouva sublime, séduisante et austère.

De lourdes étoffes de velours pourpre étaient disposées en renfort de confort sur les fauteuils de cuir. Noâz les retira également, la couleur lui faisait penser au sang qu’avait du déverser son frère avant de mourir. Une nappe en dentelle couvrait ridiculement la table basse. Noâz la retira. Toutes ces manières lui donnaient la nausée. Pourtant le luxe et l’espace ne le mettaient pas mal à l’aise. Il ne se rendait pas compte, mais il s’efforçait en vérité à rendre l’endroit moins cossu, plus simple, plus proche de ce qu’il avait toujours connu. Il recréait un peu la sobriété du foyer Duverger. Il trouva dans un placard une bouteille de rhum importé des Amériques et deux petits verres. Il les disposa sur la table. On frappa à la porte.
« Entrez » On s’exécuta. Elena Mirova avança poliment. Noâz l’invita à s’asseoir et versa du rhum dans les deux verres. Il espérait qu’elle accepterait d’en boire et que sa langue se délierait plus aisément.

Suite à la réunion, Noâz avait demandé à Mina qui était la jeune femme dans la salle qui avait presque fait un malaise. Mina lui répondit qu’il s’agissait de la jeune femme qui avait trouvé le corps d’Amaël égorgé. Noâz l’avait donc invitée par émissaire interposé à venir le retrouver dans ses appartements afin qu’elle puisse détailler la terrible scène qu’elle avait vécue. Peut-être son témoignage pourrait donner quelques informations supplémentaires sur la tragédie. Noâz avala son petit verre en deux gorgées et sourit à Elena, un peu faux malgré lui.


« Merci d’être venu Elena. Je sais que tu as vécu quelque chose d’absolument terrible, que tu dois encore être sous le choc, mais j’aurais vraiment besoin de ton aide pour reconstituer toute l’histoire… Raconte-moi tout ce dont tu te souviens »
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Elena Mirova
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Elena Mirova


Celle qui avait vu la Mort Vide
MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 12:20

Alors que la réunion du Lys Noir était terminé, Elena avait quitté précipitamment les lieux, son apprenti courant derrière elle. Elle avait vomit ces entrailles une fois un peu à l'écart du château et Luc commençait à se poser d'importantes questions quant à ce qui c'était déroulé la journée d'avant. Autant la mort d'Alicia le rendait impassible, autant l'état de son Aguerrie le chamboulait. Elle lui aurait bien expliqué mais ses visions ne cessaient de s'amplifier. Ils rentrèrent au Manoir dans le silence le plus complet alors que Luc bouillait de questions. Il finit par céder à la curiosité ou à l'inquiétude, qui sait et déversa ses questions. Elena cependant était un réel mur, toujours aussi muette et absente. Elle se était incapable de se concentrer sur la réalité et cela ne fit qu'empirer de la nuit. Elle ne put dormir, mu par ces horribles et morbides souvenirs. Le lendemain, c'était la mine défaite qu'elle avait rejoint la tablée du déjeuner, sautant le repas du matin.

Elle mangea peu et retourna s’enfermer dans sa chambre, répondant au seul besoin de s'isoler pour ne plus se faire agresser par le monde extérieur. Luc et Vincent passait la voir, mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Luc finit par revenir lui poser quelques questions, toujours plus inquiet. Il était loin de se douter de ce qu'elle avait vu et fait et son silence était angoissant. Elle s'effondra en larmes dans les bras de son apprenti, incapable d'autre chose. Plus tard dans la journée un émissaire fit son entrée et dévoila la raison de sa venu. Noâz Loewenstein la convoquait... ce nom la tortura un peu plus, l'enfonçant dans sa folie latente et elle fit sortir l’émissaire en ouvrant la bouche dans tout les sens pour essayer de hurler. Mais aucun son ne vient. Cependant, elle ne pouvait refuser la convocation qu'on lui faisait et se présenta. Habillée avec une longue robe noire sobre, avec quelques dentelles sur le décolleté peu profond et un liseré de soie sur les extrémités de la robe elle se présenta au château.

Un frisson la parcourut lorsqu'elle entra dans l'enceinte de celui-ci. L'émissaire de la veille l'aperçu et la mena vers le nouveau Meneur du Lys. Elena sa laissa guider puis pris une large et grande respiration avant d'entrée. Elle ne devait pas faillir devant la continuité d'Alicia. Elle devait se montrer digne de cette tribu. C'était ces premières pensées cohérentes depuis deux jours et elle cru être rassurée. Pourtant quand la voix lui donna l'ordre d'entrée elle n'était plus sûre de vouloir affronter ce visage. La porte s'ouvrit sur une chambre aux décorations puissantes. Pourtant, à bien y regarder, la pièce semblait plus sobres que toutes ces tentures lourdes.

Une petite table trônait dans la pièce, avec Noâz et deux verres d'un alcool quelconque. La jeune noble ne vit que peu de tout ceci. Elle était focalisé sur Noâz, hésitant à s'approcher de cette réalité, de peur de plonger à nouveau dans ce désastre. Le jeune homme sourit et une hallucination secoua Elena qui tenta de limiter sa réaction. Frissons et hauts le cœur la rendait fébrile face à ce jeune garçon.

« Merci d’être venu Elena. Je sais que tu as vécu quelque chose d’absolument terrible, que tu dois encore être sous le choc, mais j’aurais vraiment besoin de ton aide pour reconstituer toute l’histoire… Raconte-moi tout ce dont tu te souviens »

Il s'adressait à elle en la tutoyant, c'était un peu étrange, elle s'attendait à un vouvoiement. Elle ne s'en formalisa pas, cherchant plus tôt à retrouver sa voix et une consistance perdue depuis quelques temps. Il avait besoin de savoir ce qu'elle savait pour comprendre. Mais elle n'avait pas envie de dire quoi que ce soit. Son mutisme évident n'était pas un simple caprice. Elle ne voulait pas raconter ce qu'elle avait vécu. Elle avait trop peur de le revivre.

Le fixant, elle eut encore droit au cadavre d'Amaël face à elle. Cette cicatrice encore fraiche le rendait encore plus réel et ce délire devenait encore plus plausible. Elena déglutit et suivit son Meneur en s'enfilant le verre d'un coup. Elle n'avait pas l'habitude de boire de l'alcool, mais elle aurait aimé que cela efface tout ceci, qu'elle oublie. Respirant le plus calmement possible, elle sentait son estomac se retourné et ses yeux cernés par le manque de fatigue se plantèrent dans ceux de son interlocuteur.

Elle ouvrit la bouche. Sans succès à nouveau. Pourtant elle recommença, serrant les mains. Elle devait parler. Elle le savait, mais jusque là elle n'avait pas eu la force de le faire, se sentait trop coupable. Et cette convocation lui faisait l'effet d'un interrogatoire. Elle tenta mainte et mainte fois de laisser un son sortir de sa bouche mais rien ne venait. Consciente de son inutilité, elle baissa les yeux et fixa la table, serrant le tissu de sa robe. Elle était en colère contre elle-même. Même son corps décidait de la rendre inutile aux yeux de la tribu. Elle releva le regard, désolée et affronta à nouveau ce visage qui avait hanté ces nuits.
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Noâz Loewenstein
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Noâz Loewenstein


Celle qui avait vu la Mort Vide
MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 13:21

Elena était livide et surtout muette. Noâz était presque énervé de tant de faiblesse. Il avait besoin de réponses et au plus vite. La jeune femme faisait plutôt peine à voir. Malgré toute la gentillesse dont il était capable – bien qu’en effet, ce ne fut pas le domaine humain qu’il ait le plus travaillé au cours des quinze dernières années – la jeune femme restait là, percluse dans la terreur. Noâz était désemparé. Il avait pourtant été poli, il l’avait tutoyée pour réduire la distance et changer le niveau de non-familiarité qu’elle avait pu entretenir avec Amaël. Aurait-il fallu qu’il la prenne dans ses bras ?! Noâz se dit à la pâleur de sa peau qu’elle devait être froide comme un cadavre, puis il aurait eu trop peur de la casser. Enfin, les gens du grand monde étaient trop pudiques pour ce genre de mièvreries, au grand bonheur de Noâz peu célèbre pour sa sentimentalité.

Il l’observa de longues secondes, peut-être même des minutes, dans le silence le plus parfait et le plus agaçant qui soit. Le temps devait être figé pour elle. Pour lui, c’était un défilement aussi violent que le sang qu’il sentait pulser dans ses tempes. Il contracta les mâchoires pour contenir une quelconque parole d’humeur. Il était tout juste suffisamment intelligent pour se douter que bousculer la demoiselle n’était pas la méthode la plus sûre pour la faire parler… Il fallait être psychologue, il fallait replacer le cas de traumatisme d’Elena dans les réactions de rétention psychique des grandes guerres que l’Histoire avait pu connaître. Comment faisaient-ils, ces hommes, pour aller se battre et revenir sinon en paix, en acceptation d’eux-mêmes. Noâz n’avait pas eu à réfléchir longtemps, il l’avait d’ailleurs prévu avant l’arrivée d’Elena…

Le jeune homme remplit à nouveau son petit verre et tendit le deuxième à Elena en lui souriant.


« Bois, c’est une potion bien connue pour résorber les peines et détendre les tensions intérieures… »

Noâz but à nouveau. Il ne craignait guère d’être saoul, la vie paysanne lui avait bien appris à respecter ses limites éthyliques tout en les repoussant. Devenir un homme avait un sens tout particulier et légèrement éméché à même la glèbe. Noâz attendit qu’Elena finisse son verre pour le lui remplir à nouveau sans qu’elle ait eu le temps de poser le verre sur la table. Il se surprit à penser qu’elle pourrait avoir l’alcool triste. C’était même probable. Il se mordit alors les doigts d’avoir pareillement forcé la dose. Il ne se sentait pas d’humeur à supporter les gémissements d’une femme désespérée. Noâz se demanda soudainement ce qui pouvait plonger ainsi Elena dans le mutisme le plus amer qu’il ait connu.

Qu’est-ce qui avait pu lier Elena si fortement à Amaël pour qu’elle en soit toute chamboulée ? Après tout, la mort ici-bas était un lot quotidien. Les exécutions publiques, personne ne se privait d’aller les admirer comme grands spectacles. Le sang d’un porc égorgé pour le méchoui ou le sang d’un homme égorgé par cruauté vengeresse… là résidait peut-être une première nuance. Si ce jeune homme était aimé… mais non. Ou bien si… pas aimé au quotidien comme on apprécie un ami. Mais aimé au fond inconsciemment comme on aime un frère. Tel était le Lys Noir : une famille. Pourtant Noâz ne put éliminer tout à fait l’idée qu’Elena et son frère étaient liés plus intimement. Après tout, dans ce grand sous-sol ces derniers temps déserté, qu’est-ce que deux jeunes gens en plein âge des romances en pleine saison des amours faisaient en même temps…

Noâz sourit à Elena encore une fois, réfléchissant intérieurement à la façon de poser sa question de manière suffisamment diplomate pour ne pas l’outrer mais de façon suffisamment surprenante pour provoquer une réaction qui pourrait enclencher le dialogue.


« Elena, excuse-moi si je suis trop indiscret, mais… Amaël était ton amant ? »
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Elena Mirova
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Elena Mirova


Celle qui avait vu la Mort Vide
MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 15:10

Elle était inutile. Stupide. Incapable. Perdue. Terrifiée. Dégoutée. Dans cette chambre, elle ne retrouvait rien qui fasse pensé à Amaël, pourtant, ce jeune garçon qui se tenait devant elle avait une aura suffisamment lourde de sens pour faire souffrir Elena. Elle le voyait comme un charognard qui venait piquer du bec sa proie, pour lui donner un avant goût de ce qui allait suivre. Elena palissait à vu d’œil. Elle n'avait pas la notion du temps et perdait celle de la réalité à chaque seconde, pourtant, la tension qui résidait dans la pièce semblait décupler. Elle ressentait bien cet agacement naissant.

Le Meneur avait fort caractère, c'était évident et elle craignait presque sa fureur, dans cette position de faiblesse. Elle essayait d'éviter son regard, mais chaque fois qu'elle tentait de le fuir, il l'a rattrapait. Ces yeux étaient magnétiques, et cette gorge... Elle ne cessait de voir cette entaille profonde, sans hésitation, parfaite, rougit par un sang innocent. Les minutes passaient et Noâz resservit Elena, tentant de la décontracté ainsi. C'était plutôt astucieux puisque l'alcool annihilait les barrières derrières lesquelles l'esprit de la jeune femme c'était cloitré.

Elle continuait de respirer un peu plus fort que la normal mais tout cela semblait s'apaiser avec ce second verre qu'elle bu de la même façon. Elle ne le posa pas qu'il fut rempli. Il buvait en même temps qu'elle, pour lui donner peut-être du courage. Elle était un peu plus présente dans la réalité, pourtant c'était bien Amaël qu'elle voyait parler. Des sueurs froides faisait trembler son corps. L'alcool brulait son palais et sa gorge. Elle se sentait étrange. Elle sentait sa présence dans ce monde pourtant elle ne se séparait pas de ce gouffre de visions. Elle repassait sans arrêt le moment où elle avait découvert le visage du jeune garçon. Voir son frère face à elle la rendait nerveuse et lui brouillait la vérité.

C'est alors que le Meneur du Lys frappa. Pour une fois, elle entendit chaque mot qu'on lui dit. Amaël... son amant! Dans un état normal elle aurait rit tout son soul. Mais ce n'était pas drôle. C'était juste absurde. Elle détestait Amaël. Il était incompétent, idiot et imbu de sa personne. L'idée de le savoir futur Meneur l'avait déjà rendu nerveuse. C'était juste un incapable. Elena secoua la tête pour nier ce fait pour le moins ridicule. Elle avala le troisième verre pour tenter de lui dire qu'il se trompait. Si elle était dans cet état c'était parce qu'elle savait. Parce qu'elle était là. Et qu'elle n'avait rien fait. Elle avait lamentablement échouée. Elle venait de tuer sa mère une seconde fois.

Cette pensée atteint le cerveau en une fraction de seconde et le troisième verre lui fit tourner la tête. Du moins, elle pensait que c'était l'alcool. Elle se recula de la table et se redressa. Titubant, elle se rattrapa par les mains sur la table. Ses yeux semblaient de nouveau perdu. Elle aurait voulu qu'il arrête, elle voulait partir.

Elle l'entreprit. Mais son corps ne répondait plus. Elle fixait Noâz qui se métamorphosait en Amaël, puis peu à peu en une forme plus féminine. La jeune femme porta les mains à sa bouche, pour étouffer un cri muet et son dégout. Ce n'était pas Amaël, ce n'était pas Noâz, ce n'était même pas Alicia. C'était sa propre mère, Sonia. Les larmes coulèrent malgré elle le long de ces joues, elle reculait tant bien que mal alors que sa mère se rapprochait.


"Elena!"


Elle croyait l'entendre l'appeler. La jeune noble continuait de tituber et se boucha à présent les oreilles, secouant la tête en tout sens. Elle voulait hurler, mais aucun son de sortait et elle sentait ses jambes se dérober. La vision de sa mère s'effaça et ce fut Amaël, le cou sanguinolent qui s'adressa à elle dans un délire.


"Tu nous as tués! Tous les trois."

Un sourire carnassier sur ce visage qui ne cessait de changer de forme. L'esprit d'Elena fut noyé dans des sensations plus contradictoires les unes les autres avant d'ouvrir à nouveau la bouche pour crier. Elle fit un pas de plus vers la porte, tout en regardant Noâz et tomba à terre, les yeux révulsés. L'inconscience la frappa d'un coup sec derrière la nuque. Une fois à terre son corps cessa de bouger dans tous les sens et les convulsions qui la secouaient cessèrent. Le calme revenait dans la pièce. Elena n'avait pu eu de choix, son esprit, surchargé par la douleur avait décidé de la faire céder. Elle devait reposer son corps et évacuer tous ces souvenirs. Mais si elle ne pouvait pas parler, elle resterait peut-être à jamais ce pantin inutile et désarticulé.

Le corps calmé, allongé par terre, Elena semblait une sombre belle au bois dormant qui ne voulait pas être réveillé. Elle ne voulait pas revenir à cette réalité qu'elle se fabriquait. Là, tout de suite, dans réfléchir aux conséquences, elle aurait voulu mourir.
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Noâz Loewenstein
Fugitif
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Noâz Loewenstein


Celle qui avait vu la Mort Vide
MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 20:07

À mesure qu’elle buvait ses verres bien remplis, son attitude changeait. Noâz observait d’abord rassuré. Ses épaules se décontractaient, dévoilant davantage la volupté de sa gorge. Petit à petit les couleurs lui revenaient et sa pâleur de craie froide se transformait en pureté printanière. Son regard fixe et dur s’adoucissait et sa pupille dilatée lui donnait un air languide. Noâz sourit, ravi de constater que la médecine sempiternelle du monde paysan avait des bases posées et éprouvées. Il la regardait se transformer, fondre la glace. Elle nia l’affiliation sentimentale avec Amaël. Noâz en fut content, non pas qu’il ait envié cette place, après tout il aurait été le mieux placé à remplacer son frère jumeau, mais car Elena s’exprimait enfin ! Lorsque les pommettes rosirent juste ce qu’il faut pour avoir visage humain, la lividité partie, il reboucha la bouteille de rhum, qu’ils ne tombent pas dans l’effet inverse : une ébriété tout aussi inutile que le lymphatisme. Mais il était trop tard…

Noâz n’avait conscience de la grande sobriété de certaines femmes nobles. Et le dernier verre qu’il lui avait servi et qu’elle avala presque cul-sec fut le dernier. Celui qui fit basculer la jeune femme hors des limites du raisonnable. Elle se leva, il fut rassuré. Bêtement, il crut un instant que l’alcool lui avait donné le courage de mimer la scène. Mais non. Elena avança vers la porte en chancelant et gémissant, en proie à des hallucinations à l’évidence. C’était pathétique. Noâz aurait ri s’il n’avait été désespéré. Il n’aurait donc jamais ses réponses… Il la vit basculer et n’en crut pas ses yeux au point qu’il ne chercha pas à la rattraper. Elle était de toute façon trop loin. Il assista donc à la chute de la pauvre dame, les yeux hallucinés.

C’est en entendant le bruit sourd de la tête de la jeune femme contre le sol que Noâz se réveilla de sa stupeur – finalement peut-être un peu soutenue par le rhum. Il se précipita vers Elena. Elle ne saignait pas et respirait. Il lui tâta maladroitement le visage, saisit son crâne par derrière pour soulever sa tête, légèrement ahuri. Il lui donna quelques claques.
« Elena ! Sérieusement ?! Qu’est-ce que tu me fais ?! » Il la prit dans ses bras et la porta sans difficulté jusqu’à son lit où il l’allongea en plaçant un oreiller sous sa nuque. Il se tint quelques secondes immobile à côté du lit, les yeux braqués sur elle en se mordant la lèvre inférieure. Il se décida finalement à aller chercher un récipiant au cas où le foie de la belle voulusse se mutiner et embrigader l’estomac pour une éjection presto du surplus de rhum ingurgité. Il trouva une bassine dans laquelle restait un fond d’eau qu’il jeta à la figure d’Elena.

Il posa la bassine et se pencha sur Elena pour observer la moindre réaction. Ses yeux se rouvraient, doucement. Il hésita un instant. Puis monta sur le lit à son tour, chevauchant Elena à moitié inconsciente. Il essuya son visage de ses mains et le lui saisit délicatement pour plonger son regard dans le sien. Il approcha son visage du sien et sentit l’haleine chaude attestant de la survie de la victime. Elle ne réussirait pas à formuler des explications de la scène de crime. Pourtant l’information était là, quelque part dans son esprit. Il eut été fort dommage de ne rien retirer de cet entretien ! Noâz plongea son regard dans les prunelles sombres d’Elena, il glissa en elle jusqu’à sentir son âme et pénétra sans violence l’écheveau de son esprit.

En suivant le sentier de sa mémoire, il allait pouvoir atteindre la source. Pourtant en forçant la porte, il laisserait nécessairement des traces plus douloureuses encore. Il remuerait un passé proche terrible, sanglant, encore humide et bouillant pour Elena. Noâz resta figé au carrefour d’un esprit embrouillé. S’il se laissait faire, s’il renonçait à savoir tout de suite ce qui s’était passé cette nuit là, il n’abimerait pas la jeune femme. S’il se laissait guider par l’esprit d’Elena plutôt que de se frayer un passage par la force, il pourrait même la comprendre et peut-être l’aider… Noâz baissa les armes. Il expira longuement. Déçu que sa morale l’empêche d’aller plus loin et plus vite. Mais rassuré qu’elle lui permette de réorganiser ses priorités de Meneur. Il lâcha alors prise et se laissa tomber en arrière sans crainte.

Il atterrit sans douceur dans un lieu sombre et froid qu’il ne pouvait reconnaitre puisque créé par l’esprit d’Elena. Là se tenaient debout les corps décharnés d’Alicia, d’Amaël et d’une femme plus âgée qu’il ne reconnut naturellement pas comme étant Sonia.
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Elena Mirova
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Celle qui avait vu la Mort Vide
MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 22:01

Partie dans son univers, Elena se sentait flotter alors qu'elle était soulevée par Noâz et puis elle tomba à travers un paquet épais de nuages. Tout devint froid, humide. Elle se sentait poisseuse, salie. Ses yeux s'ouvrirent sous l'effet de l'eau aspergée mais ses yeux étaient si vides et son teint de nouveau pâle. Elle ne voyait rien mais ressentait la chaleur qu'exerçait Noâz sur son corps. Cette proximité effrayante, elle ne la percevait qu'à peine, sentant ce souffle chaud et légèrement alcoolisé. C'était avec douceur qu'il venait se mêler au sien, comme deux langues d'air s'emmêlant langoureusement dans un baiser fougueux. Noâz pris ce visage éteint dans ses mains, caressant cette peau pour la sécher partiellement et plongea dans le corps d'Elena, se logeant en elle, au plus profond.

Son corps ressentit cette pénétration et s'arqua sans violence légèrement, collant un peu plus le corps d'Elena contre celui de son Meneur. Puis le vide complet, le néant, le silence. La pièce se changea, devenant sombre, humide et rappelant une partie des murs du Lys Noir. Elena se voyait transporter dans ses souvenirs, accompagnée par les trois morts qui la hantait un peu plus et rongeait sa raison. Et Noâz. Pour la première fois, elle le voyait correctement, de ces propres yeux. Elle s'approcha, toujours muette et toucha son visage. Il était bien réel alors?

"Qu'est-ce que..."

Pour la première fois, il entendait sa voix, alors qu'elle se détachait de lui, cherchant à comprendre ce qu'il faisait ici. Ce qui lui arrivait. Mais elle se détourna, vomissant enfin ses entrailles. Son estomac se libéra en même temps que la douleur qui faisait tournoyer la pièce de plus en plus vite. Tout ralenti, se calma et elle se redressa. Comment était-elle arrivée là? Elle n'en savait rien. Mais son esprit se tourna à nouveau vers sa mère. Elle avait son doux sourire, le dernier qu'elle aurait pour toujours dans les souvenirs d'Elena. Elle s'effaça, laissant un rire démoniaque emplir le monde imaginaire. La voix de Luc résonna, appelant son Aguerrie. On vit son visage en grand, celui de cette colère. Il lui crachait au visage qu'il n'avait pas besoin d'elle. Elle oublia Noâz, trop occupée à demander pardon. Elle tomba à terre, sur les genoux en sanglotant.

"S'il vous plait..."

Elle était devant le corps d'Amaël, égorgée vif. Elle le secoua.

"Pas encore! S'IL VOUS PLAIT!"

Laissant son esprit faire défiler les instants forts de sa vie, on la vit combattre Alexandrine, lorsqu'elle avait encore l'avantage. Puis le brouillard noir se changea en son cauchemar avec la jeune religieuse. L'inquisitrice mettait feu à sa propre mère. Elle couru sans fin vers ce bûcher qu'elle n'atteignait jamais. Et elle tomba à nouveau à terre dans les flaques d'eau.

Une pluie forte s'abattait sur eux et elle se releva, se retournant vers Noâz. Elle hurla en ravalant ses larmes.

"Qu'avez-vous fait! Pourquoi vous me faites ça!"


Elle s'approcha de lui et le poussa à terre avec violence. Alors qu'elle mit son poing en arrière dans le but de frapper le jeune homme dans le torse elle se sentit paralysée.


"Allons Elena... Je t'ai déjà dit que ta haine n’apaiserait pas ta douleur. Laisse ce garçon tranquille."

"Mais, Maîtresse, il m'accuse!"

Le monde se fixa sur la première tragédie qu'Elena avait vécu. Elle prit alors Noâz pour son frère, perdant la notion de cette présence. Elle lui sauta dans les bras, dans un calin magistrale, comme ils faisaient étant enfant. Elle revoyait ses jeunes années dans la douceur du foyer. Assis sur le muret qui contournait le Manoir, elle se plaçait à côté de Noâz, mettant sa tête sur son épaule et regardant la forêt noire.

"Grand frère... Maman a dit que j'étais différente de toi. Elle a dit que j'étais pas normale. Que je voyais des choses et que j'étais une sorcière. Dis grand frère, tu m'aimes quand même? J'ai pas fait exprès moi. Je voulais pas. Maman elle dit que c'est pas une maladie, mais que je dois faire attention à toi. Tu n'es pas malade toi grand frère? Hein? Tu me promets?"

Mettant sa main dans celle de son frère, elle continua de regarder la forêt, attendant que Vincent lui réponde. Savoir qu'elle était une Sorcière ne la rassurait pas, elle croyait en quelque chose de mauvais en elle au départ et ne voulait pas que son frère en souffre. Savoir qu'il la soutenait serrait important.


Dernière édition par Elena Mirova le Mar 28 Juin 2011 - 16:14, édité 1 fois
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Noâz Loewenstein
Fugitif
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Noâz Loewenstein


Celle qui avait vu la Mort Vide
MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeMar 28 Juin 2011 - 15:01

Enfin, Noâz entendait sa voix. Si le visage de la jeune femme était plutôt commun aux yeux du jeune homme, il s’arrêta davantage sur sa voix, suave et ébréchée de peur. Il était entré dans un inconscient dont il n’aurait jamais soupçonné la complexité. L’envoûtement servait généralement à plier l’autre à sa volonté. Le chemin que le praticien employait était pour ainsi dire direct, on fendait la jungle à coups de sabre sans s’arrêter sur des considérations botaniques. L’exercice auquel jouait Noâz était pour ainsi dire dangereux puisqu’il se soumettait au délire incontrôlé d’Elena. Il pouvait agir, mais au risque d’empirer ce salmigondis incohérent…

Car pour être incohérent, on pouvait dire que Noâz se trouvait dans un tourbillon hallucinatoire quasi émétique. D’ailleurs Elena ne se priva pas. Noâz sentit le bouillon humide et tiède sur sa chemise alors qu’Elena venait de vomir devant lui puis l’odeur saumâtre monta à ses narines à travers le rêve. De la bille, à n’en pas douter, Elena n’avait pas du manger depuis longtemps…

La mère d’Elena apparut, elle paraissait gentille. Puis le rire diabolique l’avala. La face de Luc rejeta la jeune fille qui, à terre, implorait son pardon, pathétique. Puis il y eut Amaël la gorge ouverte. Noâz eut un haut-le-cœur en voyant son reflet ainsi tailladé. Il observa cependant l’attachement tragique qu’Elena semblait avoir pour lui alors que tous le détestaient. Puis il y eut un combat… Noâz ne comprit pas tout à fait car Elena était habillée et coiffée de la même manière. Il devait donc s’agir du même jour, mais elle n’était pas tâchée du sang du cadavre. Aussi, Noâz comprit l’anachronisme des évènements même à petite échelle comme il en fut de cette courte mais mémorable soirée au Temple.

Noâz ne comprenait pas non plus qui était la seconde combattante. Dans leur frénésie de combat de femmes hargneuses, les mouvements étaient trop vifs. Puis il vit la jeune femme ouvrir le grimoire qu’elle tenait et incanter un appel d’ombres. Il s’agissait du grimoire du Lys ! Dans cet instant de concentration et donc de fixité, Noâz s’approcha de l’inconnue, souffla les cheveux qui lui tombaient sur le visage et reconnut, juste avant que les ténèbres n’envahissent le couloir déjà sombre, Alexandrine d’Hasbauer… Ainsi donc, Adal avait eu une complice ce soir lugubre et sanglant… Alexandrine d’Hasbauer, Minaz le lui en avait parlé : l’Oracle, Adrien, sa mère grande ennemie d’Alicia. La tribu d’Olrun avait fomenté ce coup, cette trahison, ce vol, ce double homicide.

Alexandrine paierait comme Adal, comme toute la tribu d’Olrun !

Tout se déroba à nouveau dans les flammes d’un bûcher signé par une religieuse au regard cruel condamnant une femme aux yeux de larmes rougeoyantes. Elena se retourna contre Noâz, sursautant de stupeur, elle l’accusait. Puis une voix inconnue la calme et elle lui sauta dans les bras. Noâz, complètement ahuris, désemparé, resta quelques secondes les yeux écarquillés, les bras écartés, laissant Elena resserrer son étreinte. L’instant suivant s’étendaient devant eux les cimes sombres de la Schwarzwald. Elle le prenait pour son frère ? C’était le moment de réagir…


« Non, je ne suis pas malade ma petite Elena… Je vais bien, tout comme toi. Et je suis différent, tout comme chaque homme sur cette Terre. Nous avons tous nos différences. Je ne suis pas comme toi, et tu n’es pas exactement comme Maman. Ca ne nous empêchera jamais de nous aimer tu sais…

Noâz n’en revenait pas d’être capable de paroles si melliflues. Il en avait mal à la gorge…

Je t’aimerai toujours, car tu es une personne bien, tout simplement. La vie parfois, te fera croire que tu es maléfique, ou que tu es responsable de mauvaises choses. Mais rappelle-toi que tu es bonne, au fond de toi, que le mal que tu feras, ceux qui te connaissent sauront toujours qu’il n’est pas voulu et ils te pardonneront avant même que tu ne le leur demandes. Car Maman et moi t’aimons aujourd’hui et des dizaines d’autres t’aimeront demain. Les gens biens aiment les gens biens. Les gens biens aiment. »

Crac !!! Soudainement, tout échappa à Noâz, sa main glissa de celle d’Elena, il fut happé par les hauteurs abyssales et noires de la réalité. Revenant à lui, Noâz vit d’abord la tâche sur sa chemise. Puis il tourna la tête, entre circonspection et dégoût, vers la porte qui venait de laisser entrer celui qui avait interrompu le rêve d’Elena toujours endormie.
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Antoine Vaudremont
Meneur
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Antoine Vaudremont


Celle qui avait vu la Mort Vide
MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeMar 28 Juin 2011 - 16:15

Interdit était le mot qui convenait. Antoine Vaudremont était interdit.

Il avait au départ simplement poussé la porte. Il avait ensuite vu Noâz Loewenstein couvert de déjections, encore en train de chevaucher Elena Mirova, les yeux aux trois quarts blancs. A la base, Antoine était venu s’expliquer, voire s’excuser auprès du nouveau Meneur, à la place il le trouvait en train de… de faire… d’accomplir… le pire crime qu’Antoine ait jamais vu. Elle s’était défendue, il avait passé outre, il l’avait violenté au point qu’elle en vomisse. Il avait certainement arraché les barrières mentales de mademoiselle Mirova, avait pénétré dans son esprit –on le voyait encore à ses yeux qui perdaient leur éclat blanc– sans grande précaution et s’était par-dessus offert le luxe de la chevaucher physiquement afin de mieux la dominer.

Nul besoin d’être chrétien pour être instinctivement révolté : il suffisait de respecter l’Homme au sens large du terme. Noâz avait eu quelle aguerrie pour ainsi ignorer la signification et la gravité de l’enchantement d’envoûtement ? L’envoûtement était un viol de l’esprit, une pénétration contre nature qui était déjà très délicate lorsque le sujet était consentant, et qui devenait carrément révulsive s’il ne l’était pas. L’envoûtement ne devait être pratiqué que pour libérer ou guérir, pas pour… rendre malade ou un but égoïste, comme ce qu’il semblait voir là. Et surtout, jamais de contraintes physiques.

Antoine Vaudremont était conscient d’appartenir à une autre génération de sorciers, mais il ne pensait pas que sa génération ait échoué à ce point à transmettre les valeurs de respect des autres et de la sorcellerie. Ou alors c’était un vieux réflexe de l’ancienne tribu qu’il avait gardé, mais il ne croyait pas non plus que les autres sorcières laissaient faire ceci. Noâz venait quasiment de prouver sous les yeux du prêtre qu’il était dans la transgression du début jusqu’à la fin.

N’ayant pas encore décollé sa main de la porte, figé dans un rictus incrédule, le Prêtre ne savait pas comment réagir intelligemment face à la scène. S’il s’était écouté, il aurait hurlé et invoqué les sylphes pour balancer une lame d’air dévastatrice. Ses mécanismes brouillés par la colère de voir un tel blasphème, il réussit enfin à articuler une phrase sur un ton aussi glacial qu’il le pouvait :

« Mais que faisiez vous ? »

Il s’anima un peu plus, comme si la glace avait été brisée. Ce n’était pas un déchaînement, c’était encore calme, mais on sentait que Vaudremont était bouleversé.

« Au nom de quoi lui avez-vous… infligé ca ? Je n’ai JAMAIS vu une telle HONTE ! Que vous osiez faire ca sur une de nos membres, en l’ayant saoulé, en l’ayant forcé, en l’ayant … jamais ! »

Il était à mille lieues de savoir ce qu’il s’était véritablement passé, mais il considérait que ce qu’il avait vu suffisait. Quelles autres interprétations pouvait-il exister ?

Il ne savait pas s’il avait le droit d’être remonté contre son Meneur, mais il préférait encore mieux être en paix avec sa conscience plutôt qu’avec Noâz Loewenstein. Sa conscience au moins ne violait personne, et son indépendance était une liberté inaliénable, qui nécessitait d’être utilisée, surtout dans des cas comme celui-ci.
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Noâz Loewenstein
Fugitif
Fugitif
Noâz Loewenstein


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MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeMar 28 Juin 2011 - 17:37

Un instant, Noâz fixa Antoine Vaudremont comme un chat fixe un chien.

« Vaudremont.. ? »

Il était complètement conscient de l’ambigüité du visuel qu’il offrait et il savait que quelle que soit l’interprétation que le prêtre pourrait faire de la scène, elle ne servirait pas sa réputation… Puis Noâz fronça les sourcils. Qu’est-ce que le vieux faisait ici ? Ah oui, il l’avait convoqué lui aussi pour une discussion à propos de ce qui s’était passé lors de son investiture. Lui qui comptait user de son précoce charisme pour naviguer habilement entre réprimande et excuses, il venait de perdre toute chance de crédibilité… Il était pris en plein délit. Mais comment justifier la chose ? Si Noâz ne mentait pas à Antoine il devrait d’abord révéler comment il avait voulu forcer la porte de la mémoire d’Elena pour avoir des réponses. Au vu de l’arc démentiel des sourcils du religieux, de son regard térébrant et de son appartenance passée à la tribu des coincés de la baguette magique, Noâz préféra s’offrir le luxe d’y repenser à deux fois.

« Ah oui c’est vrai, le rendez-vous… Euh, comme vous pouvez l’observer, j’ai eu un léger contretemps… »

Noâz se retira du lit, toujours couvert de sa mixture luisante et verdâtre. Il retira sa chemise sans gêne. Il n’avait aucun complexe à avoir de son corps et la vie paysanne ne lui avait pas tout à fait appris la pudeur des nobles mais après tout, Antoine Vaudremont n’était pas non plus un aristocrate. Il passa négligemment une main sur son torse pour s’assurer que la sécrétion biliaire n’avait pas traversé le tissu jusqu’à sa peau puis enfila une nouvelle chemise en vitesse.

« Monsieur, détendez-vous… Ne prenez pas vos fantasmes malsains pour des réalités. »

Noâz laissa sa chemise sale sur le lit maculé où Elena commençait s’agiter. Il l’observa de toute sa haute et large carrure, mais qu’est-ce qu’Antoine avait du s’imaginer…

« Je vous propose de nous entretenir autrepart, je préfère laisser Elena se reposer. »

Noâz tira sur une cordelette suspendue près du lit et une servante arriva dans l’encadrement de la porte. Le jeune homme lui expliqua la jeune femme ne se sentait pas bien, qu’elle avait fait un malaise et qu’il faudrait changer les draps à son réveil. Puis il revint à Antoine, affichant un sourire poli sinon gêné.

« Suivez-moi, je vais tout vous expliquer… »

Les deux hommes s’en allèrent ainsi à travers le dédale de pierres et de tentures jusqu’aux Somptueux Jardins.
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Elena Mirova
Aguerri(e)
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Elena Mirova


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MessageSujet: Re: Celle qui avait vu la Mort   Celle qui avait vu la Mort Icon_minitimeMar 28 Juin 2011 - 18:32

Vincent la rassura, il l’aimait, et sa mère aussi. Elena était soulagée et elle se croyait une enfant encore quelques instants. La dernière phrase que Noâz prononça retentit encore un peu, comme un écho libérateur.

Les gens biens aiment.

Elena ferma les yeux et sourit, et elle voulut voir à nouveau le visage de son frère, mais elle crut entre apercevoir celui de son Meneur. Mais avant que son esprit s’en rende compte tout s’évanouit lentement et progressivement. Si Noâz avait fait une entrée fracassante, il ressortit violemment, mais cette violence ne se transmit pas à Elena qui continuait de faire balancer ses pieds sur ce petit muret. Et puis tout s’éteignit, un cocon de draps moelleux l’accueillait et elle en perçu la douceur quand sa main caressa le tissu. Elle eu un sourire, elle se croyait toujours en train de rêvé. Elle ouvrit légèrement les yeux et tourna la tête vers Antoine et Noâz sans que pour autant son esprit sorte réellement des brumes. Noâz se présentait torse nu, à proximité d’elle, posant quelques chose. Du tissu peut-être? Elle se rendormit aussi vite avant de comprendre ce qu’elle venait de voir, les rares éclats de voix qui avait surgit avait disparu.

Puis lentement son corps réagit à l’odeur de la bile qui assombrissait son tissu et elle ouvrit en grand les yeux et pris une grande respiration comme si on lui avait coupé la possibilité de respirer. La servant qui se tenait proche recula d’un pas, par surprise avant de la regarder de travers, comme on regardait une catin. Le corps d’Elena se réveillait lentement et elle trouva la force de se redresser. Avant de poser les banales questions habituelles de ce genre de situations elle tenta de calmer les battements de son cœur. Elle inspira profondément et chercha à recomposer le puzzle des événements qui l’avait conduite jusque là.

Elle se souvenait de sa convocation dans les appartements de son Meneur. Et elle eu un sursaut ! Elle était donc dans ses appartements, mais comment c’était elle retrouvée là, sur ce lit, ce parfum, cette odeur, c’était celle de la peau de celui-ci qu’elle sentait encore derrière le goût acide de son rejet. L’affolement qui naissant en elle grandit lorsqu’elle vit Antoine Vaudremont dans ses souvenirs et puis tout défila lentement. L’alcool, le fait qu’elle soit tombée dans les pommes et puis ce…. QUOI ? Il avait pénétré son esprit ? Si elle avait pu, elle aurait vomit une seconde fois, mais en vérité c’était entre la colère et la gêne qu’elle se partageait.


*Et naturellement, ce rustre en a profiter pour partir avant que je m’éveille !*

Folle de rage elle se redressa et quitta les appartements du jeune homme pour allez prendre une bouffée d’air frais. Elle cherchait Antoine. Elle se souvenait de ce qu’il avait pu voir. Noâz et elle, sur ce lit, le Meneur la chevauchant. Elle rougit instinctivement et continua de cherché d’un pas décidé. Et quand elle l’aurait trouvé, elle lui expliquerait et ensuite elle chercherait Noâz pour le confronter.

« Pour qui se prend-il cet… » maugréa t-elle.

Elle stoppa net sa course, éberluée. Mettant une main à sa gorge elle fixait le vide et n’en croyait pas ses oreilles.

« Je…parle ! »

Sa voix retentit à nouveau. Si ce rustre ne l’avait pas violé mentalement elle ne serait pas en train de parler. Elle n’aurait pas pu. Et de plus, elle n’aurait pas pu se mouvoir avec une telle volonté ! Elle apaisa sa colère pour le moment et se décida de savourer enfin le pouvoir de la parole pour chercher Antoine et s’expliquer avec lui. Il ne valait mieux pas que la rumeur se répande comme quoi elle était l’amante de cet immonde gamin.

*Il n’est pas mieux que son frère celui là !*

Elena reprit sa marche pour trouver Antoine, jusqu’à ce qu’elle le découvre quelques minutes plus tard.
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