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 Là où personne ne la Trouverait.

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Garance Haarlicht
Oblivius
Oblivius



Là où personne ne la Trouverait. Vide
MessageSujet: Là où personne ne la Trouverait.   Là où personne ne la Trouverait. Icon_minitimeMar 21 Sep 2010 - 22:12

Dès qu'elle avait claqué la porte du Manoir qu'elle se faisait un malsain plaisir à appeler Edelgard dans son esprit enragé, Garance n'avait plus su où aller. Elle n'avait jamais été bien indépendante, notamment parce que sa mère la gardait précieusement pour elle, couvée comme une poule protège à tord son poussin. Elle n'était plus une enfant ! Il n'était plus utile qu'on lui dise quoi faire, quoi penser. Qui croire.

Dans sa tête, résonnait encore les mots vifs de leur dispute, et elle les laissait tourner en une boucle folle, ne faisant qu'augmenter sa colère, sa rancoeur. Les nombreuses questions qu'avaient fait naître les révélations dans cette Lettre que Constance avait jeté au visage de sa fille étaient trop nombreuses pour qu'elle puisse penser à une destination, alors que ses pas la conduisaient à l'aveugle jusqu'à la route.

Elle avait cessé de courir lorsque les pavés avaient remplacés les chemins de terre, et qu'elle avait reconnu quelques rues principales de Forbach. Elle estimait que, si ses parents avaient voulu la rattraper, ils auraient déjà mis la main sur elle. Garance devait dès lors songer à un lieu d'abri, une cachette où elle pourrait réfléchir avec plus d'attention, souffler une bonne fois pour toute. Mais aussi, un endroit où sa mère ne la trouverait pas, où les Gens d'Armes ne la trouveraient pas, où personne ne la trouverait !

Mais elle n'avait là encore, pas envie de courir dans les campagnes à une heure si tardive. Le ciel était bientôt sombre, le soleil disparaissait déjà derrière les toits des maisons, et la nuit ne l'encourageait pas à s'aventurer dans les champs où elle ne saurait se diriger. N'ayant aucune demeure où chercher de l'aide, elle pensa un instant à l'Eglise, qui pourrait lui assurer l'asile. Mais on chercherait assurément sa présence en ce lieu, et il fallait éviter de s'y montrer. Les Religieux auraient tôt fait de la dénoncer pour que ses parents viennent la reprendre !

Ne se permettant aucune pause malgré un point de côté, Garance gagna alors le seul endroit où elle avait la garantie d'y trouver de l'affluence, assez de monde pour qu'elle se cache dans la foule, assez d'étranger pour qu'on ne la reconnaisse pas, assez d'indifférence, et peut-être la chance de trouver un abri acceptable. La jeune fille n'était pas mijaurée, bien qu'elle ait été élevée dans le luxe du Manoir, elle avait toujours eu un petit côté souillon, qu'elle attribuait aujourd'hui aux origines bourgeoises de son vrai père. Elle ignorait en effet totalement les manières dont il pouvait faire preuve, et tout trait de caractère différent de sa mère, l'adolescente était fière de le tenir de son Père.

En se glissant dans le Marché Alimentaire, Garance découvrit un univers qu'elle n'avait pas l'habitude de côtoyer. Lorsqu'elle avait le droit d'accompagner Lison aux Commissions, c'était le matin, et il fallait toujours rester tout près d'elle. Là, à la nuit tombée, l'atmosphère d'une fin de journée bien remplie faisait planer des odeurs de viandes qu'on rôtissait, les mots étaient chaleureux, car les Maraichers se félicitaient l'un l'autre des affaires journalières, rangeaient leurs étales, lavaient à grandes eaux les sols salis.
Au loin, il y avait même des chants, de ceux qui avaient finis plus tôt que les autres, et qui fêtaient la fin de journée. Les visages étaient pourtant travaillés, emplis de rides, creusés par le labeur. Les cernes attestaient des réveils aux aurores, les femmes aux rondeurs pleines de maturité portaient autant que les messieurs.

Les yeux ronds de Garance cherchaient à ne perdre aucun détail de cette scène populaire, qu'elle découvrait. Lorsqu'elle se fit bousculer une première fois, elle ne réagit pas, prise dans son observation minutieuse. Mais à la seconde bourrasque, elle se décala enfin, son épaule plus douloureuse, pour ne plus rester dans le passage. Sans cesser de contempler ce nouveau monde, l'Adolescente sentit son ventre gargouiller sans crier gare. Il devait être l'heure du souper, et sa collation de quatre heures était déjà bien loin...
Elle n'avait pas réfléchi qu'en fuguant ainsi, elle aurait à subvenir d'une autre façon à ces besoins élémentaires. Pour l'heure, et sans réfléchir plus loin, encore enragée par la dispute, Garance ne demanda pas la permission et saisit au passage d'un épicier bien gras qui se dandinait, une grappe de raisin d'un pourpre parfait. Craintive qu'on l'ait vue, elle fit demi tour derechef, pour prendre la fuite, et, alors qu'elle cachait contre sa poitrine son larcin, les yeux sur son méfait, se cogna le front contre un tissus moelleux.

Vraisemblablement, quelqu'un avait assisté à son vol, et s'interposait ...
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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


Là où personne ne la Trouverait. Vide
MessageSujet: Re: Là où personne ne la Trouverait.   Là où personne ne la Trouverait. Icon_minitimeMer 22 Sep 2010 - 18:14

La journée s’était écoulée paisiblement, Viviane vivait avec bonheur le retour de sa sœur à Forbach ainsi que l’arrivée de sa nièce dans la petite ville. Le soleil brillait en cette fin d’après-midi et Viviane se décida à faire un tour sur le marché histoire de racheter des victuailles, elle n’avait plus grand-chose chez elle et comptait recevoir sa sœur d’ici peu. Il était nécessaire pour cela d’avoir une belle table et de quoi la garnir. Le commerce qu’elle tenait prospérait largement, mais à côté de la richesse de sa sœur, sa table ferait toujours pâle figure alors elle tâchait de faire bonne impression.

Sans aucune nostalgie elle repensa à ces moments cruels qui avaient façonnés sa vie bien des années auparavant, le bal des âmes, l’Oracle, le retour de Cassandra, si marquée par son appartenance à l’Inquisition. Bien des choses avaient changé depuis, pour un mieux. Cassandra n’avait jamais retrouvé ses souvenirs mais elle avait compris ce qui avait conduit Olrun et les siens à agir de la sorte et n’en n’avait pas tenu rigueur. Qu’aujourd’hui elle revienne à la demande de Sébastien Garin pour gérer l’Inquisition dont le départ ne se faisait pas sans bruit n’entachait pas leur complicité pour un sous. Ce qu’elles avaient perdu vingt-cinq ans auparavant était bel et bien de retour. Et si certaines tensions subsistaient, ce n’était pas ça qui les empêchaient de sa côtoyer souvent sans qu’aucune dispute n’entache leurs rencontres. Viviane avait désespérément besoin de garder le soutient de sa sœur pour garder la tête haute dans les moments difficiles. S’ils n’étaient plus aussi nombreux qu’avant, il n’en restait pas moins chez Viviane des cicatrices qui ne s’en allaient pas, des marques qui avaient à tout jamais gravé son cœur de meurtrissures pour lesquelles elle ne se remettrait jamais totalement. Le fait de ne pas avoir d’enfant était sans conteste le plus grand échec de sa vie et l’affection qu’elle portait à Narcissa n’en n’était qu’un pâle substitut.

Flânant entre les échoppes et plongée dans ses pensées, elle n’avait pas vu le temps passer, et si elle voulait quelque chose de correct pour recevoir les siens, elle devait se dépêcher d’acheter des légumes frais. Elle s’arrêta devant l’échoppe d’un maraicher et avisa de beaux poireaux et des tomates d’un rouge soutenu. Voilà qui ferait parfaitement l’affaire pour accompagner la belle pièce de viande qu’elle avait chez elle. Connaissant l’amour des siens pour les fruits, elle régla sa commission et se dirigea vers un autre marchand pour trouver des légumes.

C’est alors qu’elle la vit. L’air totalement égarée, inconsciente du regard qui pesait sur elle, une jeune fille qui ne devait pas être beaucoup plus âgée que Narcissa venait de voler une grappe de raisins. Songeant tout d’abord à la dénoncer au marchand, Viviane se ravisa. Vu ses vêtements, la demoiselle devait être une noble, et une noble dehors à une heure aussi tardive n’augurait rien de bon. Dans sa course, la jeune adolescente ne semblait pas avoir vu Viviane et lui fonça dedans. Lorsque son regard croisa celui de la petite, Viviane sut qu’elle avait bien fait de ne pas la dénoncer. La peur se lisait dans ses yeux, son regard fuyant indiquait qu’elle cherchait avant tout à fuir. Viviane se souvint avec une douleur cruelle que c’était le même regard que Cassandra lui avait lancé avant de s'en aller pour sceller un destin de malheur.

Cette fois-ci, elle pouvait faire quelque chose pour aider. Ce n'était pas Cassandra qu'elle avait face à elle, mais la situation était pourtant étrangement familière. Une chance de se racheter ? Peut-être… Une coïncidence ? Voilà qui était plus probable mais Viviane n’en n’avait cure. Tout ce qui comptait pour elle maintenant était de prendre soin de cet oiseau tombé du nid.

- Tu sembles avoir faim…

C’était vrai, la faim se lisait dans ses yeux, sans que cela ne fut aussi marqué que sur les autres enfants vagabonds, la petite ne devait plus avoir fait de bon repas depuis quelques heures et elle n’y était sûrement pas habituée. Elle semblait tellement perdue, jetant sans cesse des coups d'oeil autour d'elle, comme si elle guettait une présence indésirable.

- Viens… Je vais te préparer à manger chez moi. Je vis seule avec une domestique. Tu ne risques rien, personne ne viendra te chercher là-bas.

Au fond d’elle, Viviane se demandait ce qui avait fait fuir la fille de chez elle. Qui était-elle ? Quel âge avait-elle ? Ses parents la cherchaient-ils ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête mais aucune ne franchissait ses lèvres. Un mot de travers et la gamine prendrait ses jambes à son cou pour commettre un autre larcin. D’un geste du bras elle indiqua la direction à suivre pour se rendre chez elle.

- Alors ? Tu viens ?

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Garance Haarlicht
Oblivius
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MessageSujet: Re: Là où personne ne la Trouverait.   Là où personne ne la Trouverait. Icon_minitimeSam 25 Sep 2010 - 17:04

Après le sentiment immédiat de soulagement, en constatant que les yeux qui se posaient sur elles n'étaient ni ceux d'un gros marchand colérique, ni ceux de sa mère en furie, vint une impression plus honteuse. Elle n'était pas assez sage au Manoir pour ne jamais avoir chipé un petit goûter en cachette, ou emprunté quelques objets ne lui appartenant pas, mais voler sur un étale était une toute autre affaire.
Cela signifiait qu'elle avait enfreint la loi, et que tout crime était passible de châtiments... Or, s'apercevoir que le témoin de son larcin était une femme, sans doute dans la tranche d'âge de sa mère, au visage loin d'être dur et sévère comme si elle allait la dénoncer, la rassurait follement. Elle se permit même un soupir, qu'elle ne pouvait de toute façon pas retenir.

Elle se sentit honteuse d'avoir été prise sur le fait, et ne savait pas exactement comment réagir. Sa nervosité déjà bien vive, suite à la dispute et à sa fuite, faisait le yoyo avec de désagréable soubresaut dans l'estomac, en plus de faim qui le faisait gargouiller. Garance pensait déjà que la jeune femme lui demanderait où son ses parents, ce qu'elle faisait seule ici, et où elle pouvait la raccompagner. Et l'adolescente se préparait déjà à courir à toutes jambes si ces mots-là apparaissaient dans la bouche de cette étrangère ! Il était hors de question d'être ramenée au Manoir à peine une heure après sa fuite !

Au lieu de question, Garance fut invitée chez cette femme, pour semble-t-il, manger quelque chose. C'était étonnant, et bien qu'elle soit pieuse, la charité aussi bien ordonnée lui paraissait louche. Et si c'était une astuce pour faire appeler Constance ? Et si cette femme l'avait reconnue, d'une manière ou d'une autre. Les yeux vifs et méfiants de l'adolescente allèrent à droite et à gauche pour estimer ses chances de se défaire d'une quelconque prise. Mais il résidait chez cette inconnue quelque chose de convainquant... Et Garance avait faim.

Elle se rassura rapidement : si, sur le trajet, ou même une fois chez elle, elle devait s'enfuir, il lui suffirait de se faufiler par une fenêtre. Et si elle était enfermée dans une pièce par n'importe qui, ses parents viendraient l'en sortir, assurément ... En cillant plus que de raison, Garance dut prendre une décision à la hâte, ce qui l'embêtait. Accepter signifiait également avoir un toit sur la tête au moins ce soir... Et trouver un autre abri risquait d'être pénible. Il fallait avouer qu'avoir à se faire attendrissante pour une femme de maraicher avait moins d'attrait que suivre cette femme. Au fond, elle semblait gentille...

Avec un signe de tête, qui parut plus franc, Garance fit donc un pas en avant, pour signaler son accord. Pourtant, elle ressentait le besoin de clarifier une situation que l'inconnue avait trop vite fait de deviner...

« D'accord... C'est très gentil à vous. » Elle ajouta rapidement. « Mais je ne crains personne, vous savez. Personne ne me cherche. » En réalité, Garance avait presque de la peine de ne pas avoir à se cacher de la présence de Constance, ou de Joachim, des Domestiques... Pourquoi n'étaient-ils pas à sa recherche ?

En emboitant le pas de cette femme dont elle ignorait tout, Garance prit soin de garder un oeil sur les alentours... Et cela lui permettrait de savoir exactement où elle la conduisait...
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