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 Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II

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AuteurMessage
Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
Conseiller de la Suprema
Sébastien Garin


Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Vide
MessageSujet: Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II   Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Icon_minitimeVen 18 Fév 2011 - 0:04

La Clef

Dans la Nuit, paresseusement la Lune glisse
Nul n’oserait conter sa beauté en ce soir
Nul n’oserait la laisser quitter sa mémoire
Que son bel éclat luise, que les pierres pâlissent

La brise légère porte un parfum d’épices
M’enlevant un instant au triste désespoir
M’enlevant aux sanglots de mes sœurs dans le noir
Au-delà de la dalle les Âmes frémissent

Le vent porte avec lui les affres du Passé :
Las, gronda cœur offensé, trahi et blessé
Las agira cœur bridé, soufflant le grand voile

Puisses-tu ainsi retrouver en cette vesprée
La voie suave et timide de notre Étoile.
Eclairée courageusement par ce sonnet


11 / 07



« Infâme torchon. »


La copie du poème finit froissée de multiples fois dans le poing ganté du Second. Avec une rage à peine dissimulée, il le balança loin par dessus son épaule. Fini toute ces années de tyrannie à essayer de décrypter un message dont on n'avait été pendant longtemps pas certain qu'il existait, même codé. Rien que son histoire justifiait aujourd'hui le fait que le Second, et l'Inquisition à travers lui, était en train de se préparer à une arrestation avec plus de mordant qu'il n'en fallait.

Il avait été découvert chez une des toute première sorcières arrêtées, Cendra Valentine, dans un endroit où visiblement l'on ne tenait pas à ce qu'il soit retrouvé. Qu'une sorcière ait voulu le dissimuler fut la seule raison pour laquelle on se pencha dessus, et passée la première lecture, soupçonné un second sens très important pour les sorcières. Faute que le message soit évident, on se contenta pendant longtemps de supputations sur ce qu'il devait être, tout y passa: formules magiques, mot de passe, plan de rassemblement, ordre de convocation, identité d'une personne importante...

Les cinq premières années, il était resté au fond d'un tiroir dans les archives, il y avait alors suffisamment d'occasions pour éliminer les Sorcières sans passer par lui. Puis après l'Oracle, le grand silence s'était imposé et l'activité visible des sorcières avait décru. Il fallu deux ans pour que la mise au froid se fit.

Pendant les dix années suivantes, ce fut le Second lui même qui empêcha cette clé d'être décryptée: il crut jusqu'au bout dans le marché passé avec Europe, la grande prêtresse d'Olrun, où elle s'était engagée à faire taire ses troupes. Le but de Sébastien Garin n'était plus de les démasquer et les éliminer, mais seulement de pouvoir partir, et ce poème sentait le souffre, le prétexte qui ferait rester l'inquisition à demeure encore plus longtemps.

Enfin, trois ans auparavant, au vu de l'échec de ce marché, le Second avait ressorti le texte des archives, l'avait fait copié en plus d'exemplaires et distribué à tous les inquisiteurs de Forbach, pour qu'on puisse définitivement sortir un sens de celui ci. Malheureusement, ceux qui avaient le bagage d'éducation nécessaire étaient plutôt sceptiques, et ceux qui ne l'avaient pas (comme le Second lui même) ne pouvaient rien faire. La situation traîna un peu plus longtemps encore, les personnes compétentes se riant de ce que pouvait signifier ces mots obscurs.

Puis quelqu'un trouva une première prise. Il s'y mit sérieusement, et se fit rejoindre par Cassandra de St Loup, Père Ethan notamment, qui à eux deux contribuèrent à la majorité du décryptage. Nous étions au milieu de l'Hiver lorsqu'enfin l'Inquisition eut tout en main.

« Las agira coeur bridé... »

Alicia de Sarrebourg. Grande Prêtresse du Lys Noir. Toute ces années, tant le Second que le reste de l'Inquisition étaient restés loin de cette Comtesse discrète et secrète. A titre personnel, Sébastien Garin aurait cru que ce serait une personne plus visible, voire un sorcier... Toute ces années perdues pour rien... S'il avait su cela juste après l'Oracle, connaissant l'identité d'Europe, il aurait pu condamner les deux têtes d'Olrun et du Lys, et purifier la terre de Forbach du Mal qui y régnait au lieu de pactiser avec lui.

Mais peu importait, car aujourd'hui, on arrêterait le Lys Noir.

Sébastien Garin se retourna et demanda aux hommes de mains qui venaient de revenir:

« Toutes les issues, portes et fenêtres sont elles fermées? Principales et arrière cuisine? »

On lui répondit par l'affirmative.

« Et les caves? C'est leur lieu de réunion... »

Sous contrôle lui répondit-t-on. La tension était palpable, ca y est, on sentait qu'était venu le temps, on le sentait physiquement.

« La comtesse de Sarrebourg est dans le Grand Salon, et d'après les domestiques, elle n'a pas quitté son fauteuil qui fait face à la cheminée, elle ne nous verra donc pas venir. Sauf si tu te mets à crier David. »

Personne ne rit à ce qui aurait pu passer pour drôle.

« Peu importe. Mesdames et messieurs, EN AVANT! Pour l'Eglise et la Foi! »
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David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Vide
MessageSujet: Re: Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II   Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Icon_minitimeMer 23 Fév 2011 - 1:37

L a s_a g i r a_c o e u r_b r i d é
A l i c i a_d e_S a r r e b o u r g


Jamais il n’aurait pu trouver pareil anagramme tout seul. Heureusement que des personnes plus compétentes que lui s’étaient attelées à déchiffrer cette énigme labyrinthique, qui avait traîné quinze ans en longueur avant d’enfin laisser entrevoir la moindre signification concrète… et jamais David n’aurait pensé, si on le lui avait dit à l’époque, que sa première arrestation de sorcière aurait lieu non pas grâce à une de ces enquêtes de terrain auxquelles il avait plus l’habitude, mais à un amphigourique sonnet qui, si il avait été responsable du projet, aurait terminé à la poubelle avant même d’avoir été lu entièrement.

Sébastien Garin ne semblait pas non plus porter dans son cœur cet intelligent et abscons groupement de lettres, qui avait été une source de soucis supplémentaire ces derniers temps –comme si il n’y en avait pas déjà assez avec ce fou furieux psychopathe déambulant dans les rues de Forbach à la nuit tombée. Le seul souvenir de Narcissa, pâle et les yeux cernés après la nuit de son agression, donna à David la colère nécessaire pour étriper n’importe quelle sorcière. Et dire qu’elle et Cassandra avaient été logées chez la Comtesse, une des plus hautes dignitaires de Forbach, celle-ci se révélant en fait une fille du Diable… Après ce soir, un long interrogatoire dans les sous-sols de la Collégiale suivrait, et David ne se priverait pas d’essayer de faire cracher le morceau à cette face nobliotte puante d’avidité et de mépris. Une fois Alicia Maestriani brûlée en place publique après avoir révélé tous ses secrets, ce serait son époux le Comti et ses deux rejetons qui entendraient parler du pays… pour le meilleur ou pour le pire.
Peut-être, grâce à eux, remonteraient-ils un filon et débusqueraient toute une tripotée d’enchanteresses se terrant depuis des années? Une épuration dans les règles de l’art… ce serait parfait.

Plusieurs jours avant la date prévue, les Inquisiteurs avaient déjà infiltré Frauenberg pour faire un repérage de terrain et préparer l’opération coup de filet. Le Château offrait un véritable dédale de couloirs interminables et un nombre non moins impressionnant de salles aux tailles variées; mais David devait avouer que la Comtesse leur avait beaaaucoup facilité la tâche en suivant ses petites habitudes, c’est-à-dire (comme tous les nobles) rester presque exclusivement dans le grand salon pour bavarder, s’empiffrer, fumer, boire, et autres dérivatifs propres aux gens fortunés du pays.

Le jour J, malgré sa volonté d’apparaître en premier plan, il avait suivi comme les autres les directives du Second et était allé avec le reste des hommes de main clore les issues qui pourraient permettre à la Comtesse de s’évader. David ne voyait honnêtement pas comment une femme pouvait, à la course à pied, échapper à tout un groupe d’Inquisiteurs remontés; mais Alicia Maestriani n’était PAS une femme en général. Et avec une sorcière, mieux valait s’attendre à tout, le moindre geste suspect ou non représentant d’inquiétantes probabilités de désastre…

Sentant dans ses veines les prémices d’une bienfaisante adrénaline, David rejoignit avec les autres le groupe principal, les différents protagonistes informant Sébastien Garin de l’avancement des opérations. La tension était dans l’air, une anticipation qui avait tout d’un plaisir rare et délicieux. Dans quelques secondes, ils prouveraient au pays tout entier que Forbach n’était pas entièrement débarrassé des filles du Diable et que l’Inquisition avait encore de l’avenir… David garda un silence vexé à la remarque de sa mère –non, de son supérieur hiérarchique- ce sentiment bien vite remplacé par un rictus mutin. Oh, bien entendu qu’il allait crier, hurler même! S’en donner à cœur joie. Ce n’était pas tous les jours qu’on arrêtait une sorcière –encore moins pour la première fois de sa carrière.

Aux ordres de Sébastien Garin, il s’élança comme les autres, poussant avec des collègues les lourds battants du grand salon qui pivotèrent lentement, du fait de leur poids, en grinçant avec un bruit sinistre. Un flot d’Inquisiteurs, arborant expressions faciales et habits ne laissant aucun doute quant à leurs intentions, se déversa dans la luxueuse et vaste pièce. Pour la première fois, David ne se sentit pas mal à l’aise dans cet univers de dorures, de raffinement, d’inaccessible. Non, il se sentait même plutôt tout puissant. Il s’avança à grands pas dans la salle, le bruit de sa marche résonnant sur le parquet au milieu de la multitude.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur entrée n’était pas passée inaperçue! Tous les regards des nobles effarés s’étaient tournés vers eux, des mines inquiètes se peignant sur les visages poudrés. Ils observaient les Inquisiteurs d’un air un peu ahuri, se lançaient des regards éloquents, pour la plupart gênés de cette intrusion qui n’avait rien de conventionnel. Il était inutile de les mettre dans l’embarras, dans ce cas, pensa David en souriant intérieurement. Autant leur expliquer clairement la donne:

"Personne ne fait plus un geste! La Sainte Inquisition est ici pour remplir son devoir sacré: arrêter les sorcières de Forbach! Toute résistance sera considérée comme un acte de complicité et puni en tant que tel. Sortez immédiatement et dans le calme –nous ne voulons qu’une seule personne."

Sans se gêner pour la dévisager outrageusement, David pointa le doigt sur Alicia Maestriani –il avait bien sûr soigneusement attendu que les Inquisiteurs soient suffisamment avancés et répartis dans la pièce pour couper toute retraite à la sorcière. Mieux, seuls quelques mètres les séparaient encore du large et confortable fauteuil où trônait la maléfique reine de glace. Il n’y avait plus d’échappatoire pour elle. David n’avait même pas eu à prononcer son nom; aussitôt, des expressions choquées se peignirent sur les visages, des exclamations outrées se firent entendre. Beaucoup des nobles présents se levèrent en lançant aussitôt un brouahaha de conversation très bruyant, et nul ne pouvait les en blâmer: la Comtesse, une sorcière? Quel scandale! Tandis que les propos indignés, les accusations et autres insultes fusaient, ils commencèrent à marcher en tout sens, se croisant et se bousculant, formant des bouchons à l’entrée de la salle. Tous souhaitaient sortir le plus vite possible et éviter les effusions de sang -ce qui eut plutôt pour effet de diminuer l’efficacité et créer le bazar.

"Plus vite que ça!" grogna David en poussant sans ménagement les nobles vers la sortie, gardant le regard fixé sur Alicia Maestriani pour ne pas la perdre de vue. Ils étaient sans doute suffisamment nombreux pour qu’elle n’utilise pas ses tours de passe-passe sur eux, mais il fallait à tout prix éviter qu’elle profite du capharnaüm ambiant pour tenter une manœuvre. Une légère panique se répandit parmi l’assemblée, qui bruissa de propos scandalisés.

"Allez, vous me gênez!" Ces espèces de poules caquetantes traînant dans ses pattes commençaient sérieusement à l’agacer! En avançant encore de quelques pas, il trouva sur son chemin une noble rondelette et outrageusement fardée qui ne savait visiblement plus où donner de la tête, hésitant à le contourner par la gauche ou par la droite, dressant sur la route de David l’obstacle de son gros corps. Prodigieusement agacé, celui-ci plaqua ses mains sur le corps volumineux de la femme et la poussa sans ménagement, manquant de l’envoyer valser contre une table.

"BOUGE!" La femme s'en alla en poussant un petit cri, un pan de sa robe déchirée. Ah, enfin la voie était libre... David jeta autour de lui un coup d’œil satisfait; la Comtesse était encerclée. Maintenant que l’aspect technique était bouclé, ce serait à l’aspect juridique de prendre le relais –la procédure spécifiait qu’il fallait déclamer un petit laïus à la future prisonnière avant de se jeter sur elle comme des rapaces. Une procédure très bête et inutile, selon David… car une sorcière était aussi insignifiante au regard de la loi qu’un pet de mouche, fusse-t-elle une Comtesse auparavant! David jeta un coup d’œil de côté, vers Sarah Geisler, tout en n’osant pas laisser son regard s’attarder sur elle; il avait désobéi à son désir de discrétion et il y aurait sans doute des représailles pour son comportement… mais à vrai dire, il se fichait de tout. Pour passer le temps en attendant la suite, le jeune homme dégaina un petit poignard d’un ton badin et le planta dans une pomme, posée sur une des alléchantes et extravagantes corbeilles tout autour du grand salon. Le fruit, qu’il croqua avec frivolité et délectation, avait un suprême goût de triomphe.
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Vide
MessageSujet: Re: Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II   Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Icon_minitimeDim 6 Mar 2011 - 1:51

Ce poème, Cassandra s'en souvenait parfaitement. Elle le connaissait par cœur, à force. Et elle avait vraisemblablement été une des seules à croire jusqu'au bout qu'il recelait plus qu'une anodine poésie. Petit à petit, Sarah, Ethan et elle avaient compris le sens des vers les plus obscurs, les plus alambiqués. Mais il leur manquait toujours le point central, et le poème refusait de leur livrer tous ses secrets. Quand le petit David avait trouvé la clé, elle avait ressenti un soulagement doublé d'une certaine appréhension. Nul doute que Sarah Geisler arrêterait la Comtesse sans autre forme de procès. Elle avait vaguement tenté de l'en dissuader, mais elle ne parvenait jamais à expliquer pourquoi il ne fallait pas attaquer Alicia Maestriani de front. Elle le savait, elle en était persuadée, mais elle ne se souvenait plus exactement de la raison qui y était liée. Sans doute que cela appartenait à son passé de sorcière et à ce qui était sous le voile.

Alicia Maestriani appartenait au Lys Noir, et peut-être que son sentiment n'était que la résurgence d'une vieille rivalité entre Olrun et le Lys Noir... un vestige de ce qui était scellé et inaccessible. Alors elle n'avait pas persévéré et laissé le Second de l'Inquisition tout organiser. Elle s'était contentée de lui dire qu'une arrestation aussi évidente ne lui semblait pas être la meilleure solution, mais son amie attendait ce moment depuis trop longtemps pour pouvoir le remettre à plus tard, ou changer ses plans. Cependant, l'intervention de Cassandra finit tout de même par influencer le Second, qui tripla les effectifs dévoués à l'arrestation de la sorcière.

Et pas n'importe quelle sorcière : la Meneuse. Cassandra revit un instant le visage enflammé de Viviane, qui lui assurait sans trembler qu'elle pouvait tuer Alicia sans pitié. Attaquer le Lys Noir ne faisait ni chaud ni froid à Cassandra. Elle savait que sa sœur n'était liée ni de près ni de loin à cette femme. Elle repensa à Touchedieu et à sa révélation vieille de maintenant plus de quinze ans. Il avait eu raison, sur toute la ligne. Ses soupçons s'étaient révélés exacts, et Cassandra s'étonnait même de ne pas avoir exploité plus sérieusement la piste. Il lui avait toujours manqué des preuves éclatantes contre cette femme, même au cours de ces derniers mois où elle avait pourtant tenté d'en trouver.

Sachant parfaitement que sa place n'était pas avec les hommes de main, Cassandra avait donc pris le parti de se tenir dans le Grand Salon avec tous les autre nobles du Château, en prenant bien soin d'envoyer Narcissa passer l'après-midi chez Viviane. Cassandra fréquentait régulièrement les autres nobles du Château, mais elle tentait généralement d'éviter la Comtesse, pour laquelle elle n'éprouvait définitivement aucune amitié. Cette fois-ci, elle prit son mal en patience et malgré la présence d'Alicia Maestriani, s'installa aux côtés d'une vieille demoiselle pleine d'esprit. Le temps passait trop vite, et l'heure de l'arrestation arriva trop tôt au goût de Cassandra. Le Grand Salon fut cerné, et les choses commencèrent à mal tourner. David Geisler, à sa grande surprise, se laissa totalement emballer par son rôle. Arrogant et brutal, il lui montra une facette de lui qu'elle ne connaissait pas. Surtout quand il osa lever la main sur la duchesse de Deux-Ponts, une grosse femme à l'esprit lent, mais au rang outrageusement élevé. Cassandra, qui quittait la salle avec les autres nobles, vit venir le scandale. Fermement décidée à étouffer dans l'œuf toute action pouvant se retourner contre le fils de son amie, elle s'approcha vivement de la duchesse, lui tendit une main secourable et l'aida à se diriger vers la sortie, tout en récriminant avec elle à propos de l'idiot qui avait osé lever la main sur elle, et assurant qu'elle se chargerait elle-même de le faire punir. C'était le seul moyen d'éviter que l'affaire devienne publique, et Cassandra avait une réputation suffisamment honorable que pour pouvoir être digne de foi. La duchesse sembla touchée que la Veuve se soucie autant de son bien-être et accepta en hochant pitoyablement la tête. Puis, elle revint sur son jupon déchiré, et Cassandra se prit à maudire le petit David. Quel écervelé, tout de même ! Par un heureux hasard, une autre connaissance de la duchesse les rejoignit à ce moment-là et Cassandra put s'éclipser rapidement. Elle retourna vivement dans le Grand Salon, le cœur empli d'un sentiment difficile à définir. Quand elle entra, la situation ne semblait pas avoir changé. Alicia Maestriani était toujours encerclée, entourée par l'Inquisition.

Cassandra resta en arrière-plan. Cette situation ne lui disait rien qui vaille. Un arrière-goût amer emplissait sa bouche, et elle avait l'impression qu'elle passait à côté de quelque chose d'important, même si elle était incapable de dire quoi. Alors elle resta dans l'ombre, à peine visible, en retrait par rapport aux autres Inquisiteurs. Elle aurait peut-être du mal à justifier plus tard auprès des autres Nobles sa présence dans le Grand Salon, mais elle s'en fichait. C'était là qu'elle devait être.

Elle regarda Alicia Maestriani. Une vieille ennemie contre laquelle elle luttait depuis très longtemps. Son arrestation aurait dû lui provoquer une joie bestiale, ou du moins un sentiment de victoire. Pourtant, rien de tel n'animait Cassandra. Presque par hasard, elle croisa le regard de la Meneuse. Elle sursauta. Même maintenant, elle n'était pas vaincue.

Et c'était cela qui clochait.
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Alicia Loewenstein
Meneuse
Meneuse
Alicia Loewenstein


Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Vide
MessageSujet: Re: Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II   Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Icon_minitimeLun 7 Mar 2011 - 1:11

[Désolé Tatane, je te grille la priorité sur ce tour de jeu, mais le topic commence à presser un peu Embarassed ]

Alicia ne savait pas interpréter correctement ni précisément les dynamiques astrales, elle n’avait que très peu vu les étoiles dans sa vie forbachoise à l’inverse du brouillard. Elle s’était depuis toujours refusée aux antiques méthodes aruspices d’éviscération – trop salissantes - ou d’approximations aéromantique – nuages trop capricieux -, pédomantique – trivial ! -, ou alectryonomantique – elle trouvait les coqs très bêtes. Autrement dit, elle n’avait développé de véritable goût pour la divination. Mais la nature et ses lois sont parfois inattendues et il arriva plusieurs fois que les signes vinssent d’eux-mêmes à la Comtesse. En apprenant à sentir les âmes errantes et à les écouter, certains esseulés parvinrent à lui communiquer des informations sur la suite des évènements que l’absence de cadre cérémonial rendait toujours d’une diaphanéité confuse. Alicia avait appris la nécromancie et la nécromancie l’avait apprise. Ainsi, alors que la Comtesse méditait devant l’âtre du Grand Salon la situation actuelle plus que délicate, les morts l’appelèrent.

C’était un soir de février où elle n’avait plus supporté la froide humidité des sous-sols où elle passait habituellement de longues heures - malgré qu’elle ait terminé son nouveau grimoire alliant les subtiles connaissances du Livre des Ombres et du Livre de Lumière volé aux sorcières d’Olrun. Elle avait réussi l’impensable, elle avait écrit un livre d’une pureté et d’une sagesse qui couronnaient toute sa carrière de sorcière. Elle avait découvert tant de puissance qu’elle avait été jusqu’à poser un verrou sur le livre dont elle portait la clef autour du cou et qu’elle avait caché le Grimoire dans un coffre tigré de charnières solides. Elle venait cependant régulièrement se recueillir sur la couverture de cuir sombre qui ne portait ni inscription ni sceau et elle restait figée entre l’angoisse - le regret d’avoir été trop loin -, et l’allégresse - la plénitude d’avoir atteint son but de savoir et de puissance.

Présentement, elle profitait de la sèche chaleur du foyer pour repenser à ce fils qui lui avait menti pour aller combattre en duel à mort son mari. Amaël était un jeune homme courageux, c’était la suite de son père, et il ferait un Meneur et un Comte fantastique. Lorenzo était un rat, un parasite répandant la peste de la terreur. Elle en ferait son affaire. Mais si ce duel des générations troublait sa famille, il troublait aussi son clan. Les jeunes générations du Lys grondaient comme elle-même avait pu gronder à une époque qui lui semblait à elle-même bien lointaine. La mutinerie n’était pas loin, la révolte, déjà en marche. Les anciens voulaient rester, les jeunes voulaient advenir. Alicia à ce combat n’avait jamais pris part, trop absorbée par ses Grimoires. De même qu’elle n’avait jamais soupçonné une telle haine désunissant Amaël et Lorenzo. Elle avait été éloignée de tout trop longtemps.

Dans les flammes, elle voyait défiler sa vie trop pleine, ses joies et ses peines, ses espoirs et ses désillusions. Elle se voyait choisir d’être moins femme que conquérante et arrivait les larmes aux yeux à se voir assise exactement là où elle était assise, à observer le même feu dans lequel elle se voyait assise exactement là où elle était assise, à observer le même feu dans lequel elle se voyait assise exactement là… Elle voyait dans un abîme vertigineux la même vison se répéter, comme pour signifier qu’en toute dimension parallèle, sa tragédie eut été la même. C’est alors qu’un courant d’air glacial brouilla le feu, les braises frémirent de reflets purpurins, et dans les hautes flammes, alors qu’Alicia pouvait toujours se voir mirée, dans ce fauteuil à contempler le présent, elle vit également un ange aux ailes décharnées s’approcher de son dos et poser une main incandescente sur son épaule fatiguée. Sans plus comprendre, une larme coula sur la joue de la Comtesse… car si elle savait qu’il s’agissait d’un présage de mort, elle ne parvenait à y décrypter le moindre code salvateur.

Un second courant d’air bien moins froid et bien moins beau entra dans le Grand Salon et fit s’envoler l’ange de la mort dans les flammes qui retournèrent à leur abstraction éthérée. La Comtesse se retourna brusquement et entendit enfin les cris des nobles qui l’entouraient et des inquisiteurs qui venaient la chercher. Elle porta une main à son cœur. Les présages ne vous disent jamais quand ils exécuteront leur promesse. Alicia comprit que si les dieux avaient laissé les morts la prévenir trop tard pour qu’elle s’en sorte, c’était que son destin était de ne pas surmonter cet assaut et que le présage des morts n’était qu’un message d’accueil. Une paisible annonciation par le sombre Ange à une Mater Dolorosa qui ne pouvait prononcer qu’un « fiat » amer et résigné.

Laïus ? Dernières paroles. Alicia prit une grande inspiration, se préparant à une révérence fatale, une irrévérence finale. Elle se souvint soudainement d’une phrase d’Eschyle qui l’assomma tant le truisme lui était limpide en cette heure : « On ne lutte pas contre la force de son destin ».


« Tout à fait impressionnant ! Je suis sincère…

Vous, illustres inquisiteurs de Forbach, aviez la plus cruelle et puissante sorcière du comté sous les yeux depuis plus de quinze ans. Je m’étais faite à l’idée que votre sclérose intellectuelle était immanente à votre foi absurde ou à un poison lent dilué dans l’encre vaticane. Mais vous m’avez trouvée ! Je salue votre victoire. Vous parvenez par-dessus tout ça à me piéger... C’est tout à fait délicat de votre part.

Je ne vais pas vous mentir, je suis présentement effrayée et cette logorrhée n’est probablement au fond qu’une ruse de mon esprit décadent visant à gagner du temps. Mais puisque vous me tenez, puisque vous avez l’assurance d’arrêter à jamais le Mal à Forbach, je vous prie d’écouter la dernière diatribe d’une condamnée au bûcher :

Si j’ai peur à présent, c’est davantage des flammes que du jugement divin.
Le jugement divin c’est vague vous savez... Nul doute que je vais être punie là haut : d’après vous on me punira d’avoir été une sorcière satanique, d’après moi on me punira d’avoir été une femme cruelle. Dire à présent que je ne regrette rien serait une parfaite salve finale de ma légendaire mauvaise foi. Mais j’ai des regrets… et des remords...

Nonobstant, ne vous méprenez pas ! J’ai également de grandes fiertés. Et ce que j’ai construit ici bas est la preuve indéniable d’une bénédiction divine.

Ma mémoire sera salie, ça je n’en doute pas. Mais, je tiens à vous faire part de ce que mon honneur ne pourra supporter par delà la mort : je n’ai en aucun cas tué ma sœur, ni mon premier mari qui est et restera à jamais le seul amour de ma vie.
J’ai missionné l’exécution d’une quinzaine d’inquisiteurs, et je m’en excuserai face à vous lorsque vous-même aurez demandé pardon pour les assassinats des dizaines de femmes que vous avez brûlées vives et que vous vous serez tiré chacun une balle de plomb dans la tête.

Soyons clairs…
Si j’ai peur du bûcher aujourd’hui, c’est simplement à l’idée de ressentir la douleur que mes sœurs et amies ont pu vivre avant moi. Car cette douleur je l’ai lue dans leurs yeux tout comme cette peur qui m’étreint. Vous les avez tuées, vous allez les tuer, vous êtes en train de les tuer. Vous nous tuez chaque jour depuis des décennies… De mes larmes nous pourrions inonder cette pièce et tous nous y noyer.

Un bain mortel d’amertume, l’âcre océan lacrymal de la cruauté humaine...

Car de tous les maux qui ont frappé Forbach, aucun ne fut plus violent que l’Inquisition. Plus j’y pense et plus je me dis que c’est vous qui n’êtes pas humains… Je vois vos regards durs, imperméables...
Qu’importe.
Je sais que vous refusez cette allégation au risque de ne plus jamais pouvoir regarder Dieu en face, mais vous êtes meurtriers car de démone en ces terres il n’y en eut qu’une et elle fut tuée par Lorenzo.

Nous, nous sommes femmes et hommes, presque comme vous qui n’en êtes plus que des ombres. Nous sommes femmes et hommes. Vous avez choisi d’être inquisiteurs, nous avons décidé d’être sorcières.

Oui ! Nous sommes sorcières !!! Nous sommes probablement les plus puissantes de France, notre pouvoir vous a fait pâlir plus d’une fois et continuera à vous faire prier et pleurer des siècles. Et puisque c’est ainsi que vous entendez ma voix, ainsi signerai-je ma fin ! Dites Adieu à la Comtesse de Forbach, Meneuse du Lys Noir, Grande Prêtresse des Ombres, Médiatrice de l’Outre-Monde, sorcière manipulatrice et cruelle.

Oh… Mais quelle serait la chute d’une sorcière sans une terrible malédiction n’est-ce pas ?! Point de magie, c’est promis… Ecoutez-moi attentivement.

Sur mes cendres, fertilisées par l’élixir lacrymal, je renaîtrai.

Car plus que par mon sang, c’est par mon souvenir et sa puissante sagesse que je serai éternelle. Et ma lignée, déjà, est en marche… Allez y !!! Allez pendre mes fils si vous les pensez sorciers ! Mais dans ce cas, pourquoi ne pas pendre Europe, Elizabeth, Louisa, Viviane ou même Cassandra ! Car vous n’avez pas idée de la vitesse à laquelle coule la lymphe de mon pouvoir, elle est déjà dans les veines de Forbach, irrigué par ma puissance. Les sorcières sont autour de vous, parmi vous. Votre tâche est vaine car lutter contre la sorcellerie, c’est lutter contre une face de l’homme présente en chacun, sombre comme la nuit et vos robes de bure, brillante comme la lune et vos croix argentées.

Engager votre guère contre les sorcières, c’était déclarer la guerre à la tolérance, à la paix, à Dieu et à l’Homme.

Je voudrais à présent vous laisser officier, mais je me souviens soudainement une promesse faite à Cassandra il y a bien longtemps… Alors

Adieu. »


Eschyle était un raté sénile avant l’heure ! Le plus célèbre sourire narquois de Forbach se dessina. Alicia lança un vif regard amusé à l’assemblée et claqua des doigts. Une détonation terrible fit vibrer l’air. En l’espace d’une demi-seconde la Comtesse s’était transformée en un obscur jaillissement, extraordinaire comme un feu d’artifice de fumées sombres, brandissant une myriade de formidables tentacules nébuleux et ténébreux qui se précipitèrent en tous sens pour éteindre feu et bougies en un sifflement sourd. En un instant, le salon et tout le château avaient sombré dans le noir absolu. Les serviteurs se hâtèrent du mieux qu’ils purent de rallumer les chandelles. Mais la porte menant au Hall était ouverte et l’inquisiteur situé entre l’issue et l’emplacement encore fuligineux d’Alicia était allongé par terre, paisiblement endormi. Les fumées se dissipèrent et tous purent constater que le grand corbeau s’était envolé.

[Pirouette finale incoercible que je considère absolument déplacée par rapport au formidable investissement du groupe des inquisiteurs. Vous avez mis plusieurs mois à déchiffrer la Clef de Cendre, mais vous l’avez fait avec une aide minimale de l’équipe administrative qui ne vous donnait que de grossières et basiques directions. Vous avez su analyser ce sonnet avec une intelligence remarquable. Félicitations à tous et en particulier à Père Ethan et Cassandra.]
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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
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Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Vide
MessageSujet: Re: Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II   Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Icon_minitimeLun 21 Mar 2011 - 19:14

Avaient ils été ivres de leur victoire? Trop arrogants? Avaient ils été hypnotisés comme un rongeur face à un serpent?

Ils avaient laissé Alicia Maestriani, anciennement Alicia de Sarrebourg parler tout son saoul. La Sorcière ne semblait que faire des gesticulations pour échapper à l'inévitable, et le spectacle des ultimes assauts est toujours de ceux qui rassemblent les foules curieuses. Les Inquisiteurs s'étaient rassemblés et avaient assisté à ce qui semblait pour eux n'être qu'un spectacle, rien qu'un spectacle.

Accusations, insultes, malédictions? Spectacle. Entendre qu'on a perdu son âme, que nous sommes les armes du Mal? Comédie. Discours grandiloquent sur des valeurs fondamentales? Représentation, mise en scène. Elle ne parlait pas des inquisiteurs, pas de eux en tout cas. Et puis de toute façon, quoi qu'elle dise, rien ne pouvait plus se passer, il aurait fallu une armée de sorcières pour contrer l'armée d'inquisiteurs, et dans cette pièce, ils espéraient bien être les seuls. C'était un moment de grâce, où ils étaient tout puissants. Profitons de la victoire que Dieu nous as accordés se disaient-t-ils.

Se disaient-t-ils, jusqu'à ce que des noms soient lâchés comme autant de bombes incendiaires. Là, on ne riait plus, on ravala les sourires narquois, et on devint mortellement sérieux. On regardait avec suspicion chaque invité, puisque tous pouvaient être sorciers, et même entre eux, puisque la Comtesse de Saint-Loup, officiellement associée à l'Inquisition, qui avait pris une part active en amont de ce coup de filet était nommée.

Le malaise alors grandit de plus en plus jusqu'au grand final, qui sema une véritable et authentique panique dans la salle, tant chez les invités que chez les inquisiteurs, à peine plus raisonnables. Sébastien Garin en tout cas se jeta à terre à la recherche d'un abri. Le spectacle était maintenant et non avant, et curieusement il n'était au goût de personne. Tout le monde s'écartait de la fumée comme si elle sortait de l'enfer directement et pouvait vampiriser tout ce qu'elle touchait. Le dispositif d'encerclement mis au point par les hommes de mains vola en éclat, et le seul inquisiteur qui resta à peu près à son poste fut enveloppé par le panache.

Et il y eut un après. Un après plein de choc et de stupeur, de silence et d'incrédulité. Ceux qui étaient allongés se relevaient lentement, ceux qui étaient encore debout regardaient autour d'eux d'un oeil hagard. Chacun était heureux d'être en vie, sans savoir s'ils l'avaient vraiment risqué. Alicia s'était échappé, mais cela passait au second plan quand on voyait qu'il n'y avait eu aucun dommage. Même l'inquisiteur disparu dans la fumée se remettrait de cette expérience tout à fait indemne.

Sébastien Garin soupira de soulagement, et la fuite de Madame Maestriani ne rompit pas ce soulagement. C'était une déception, mais cette opération n'était que la conclusion d'un travail plus large. La conclusion était râtée, mais le travail restait.

La voix du Second fut la première à rompre le silence:

« Nous la connaissons maintenant, elle ne pourra plus jamais apparaître en public. Qu'elle vive donc la vie des rats, à se cacher dans son trou sans jamais sortir. Il y a... il y a plus important. »

La salve de noms qu'avait lâché l'épouse du Comte revint en mémoire de tous, et tous comprirent qu'on n'en resterait pas là, que le Second n'écarterai pas ces dénonciations sous prétexte que celle qui les avaient prononcés était une sorcière.

« Cassandra de Saint Loup, Europe Eleonora-Sun, Elizabeth d'Hasbauer, Viviane Valdemar et... Louisa Zimmerman. Par groupes de cinq, amenez chacune de ces cinq personnes à la Collégiale. Les inquisiteurs se chargeront d'eux. »

La tension était aussi vive que les ordres étaient simples. C'était un coup de tonnerre que ces embarquements, chaque personne étant considérée comme un notable à Forbach. Sébastien Garin, dont la voix avait été morne et fatiguée alors qu'il donnait les ordres, fixa l'assemblée d'un regard soudainement sévère et cria:

« EXECUTION! Ne laissez pas davantage de temps à nos ennemies. »

Quelques hommes de mains se tournèrent vers Cassandra, sans oser pourtant l'appréhender, tandis que les autres fuyaient en masse à travers la porte. Sébastien Garin rejoignit Cassandra à grand pas et leur dit:

« Laissez! Je me débrouille seul avec elle. »
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Cassandra de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II   Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Icon_minitimeMar 22 Mar 2011 - 1:01

Sincérité et Alicia Maestriani n’allaient pas bien ensemble. Pourtant, Cassandra se laissa captiver par la Comtesse, qui parvenait encore à faire des traits d’esprit. La situation était pourtant dramatique. Si elle se permettait autant de légèreté, c’était forcément que... quelque chose d’horrible allait leur arriver, à tous. Il aurait fallu bâillonner la Comtesse, au diable les mœurs et les usages ! Serrant les poings, Cassandra écouta les confessions de son hôte sans frémir. Alors comme ça, elle n’avait pas tué son mari ? Elle se souvenait pourtant de rumeurs affirmant précisément le contraire. La nouvelle ne lui fit ni chaud ni froid. Que lui importait les derniers sursauts de fierté - ou de mensonge - d’une sorcière déchue ?

Les dernières phrases de la Comtesse lui firent l’effet d’un coup de poing. Il aurait fallu la faire taire, définitivement. Quand Alicia Maestriani distilla son ultime venin, Cassandra eut envie de lui tordre le cou. Comment osait-elle l’accuser elle ? Comment osait-elle prononcer des noms d’Olrun ? Comment osait-elle accuser des innocents ? Vipère. Les feux, la croix, elle la ferait mourir cent fois. Étant parfaitement au courant des procédures de l’Inquisition, Cassandra pâlit. Elle saurait se laver sans peine des accusations portées à son encontre. Mais... sa réputation protégerait-elle Viviane ? Seigneur, et si jamais sa sœur ne parvenait pas à lever le doute ? Cassandra fut prise de sueurs froides. Jusqu’où devrait-elle aller pour protéger Viviane ?

Et pourtant, la Comtesse n’en avait pas fini avec elle. Cassandra plissa les yeux, tentant de se souvenir de la promesse qu’Alicia Maestriani lui avait faite. De quoi parlait-elle ? S’étaient-elles connues durant sa jeunesse ? La Comtesse était pourtant bien plus jeune qu’elle... Et soudain, dans une douleur tellement puissante qu’elle jeta Cassandra à genoux, l’obligeant à se tenir la tête, les souvenirs lui revinrent. Elle retint un cri de douleur, mais déjà, quelques Inquisiteurs s’approchaient d’elle pour lui porter secours. Et soudain, Cassandra se souvint de tout. Enfin, tout prenait son sens ! Elle avait l’explication des pressentiments qui la poussaient à chercher une autre issue à l’arrestation d’Alicia Maestriani. Elle eut un sourire dur. Même des années plus tard, elle se laissait surprendre par sa propre audace. Aller confronter la sorcière dans son propre château pour l’arrêter, c’était elle tout craché.

- Je me... souviens maintenant. Il y a quinze ans, je le savais déjà.

Mais Alicia - à l’époque Loewenstein - l’avait prise au piège... Quinze années sans ce souvenir. Cassandra serra les dents, et releva la tête, sentant la rage la submerger. Le sujet de ses souvenirs était particulièrement sensible, et que la sorcière y ait touché la mettait hors d’elle. Elle acceptait de conserver ce voile sur ses souvenirs pour les siens, mais apprendre qu'un autre voile lui avait été imposé par la Meneuse du Lys Noir la rendait malade. Réalisant seulement à ce moment-là qu’Alicia Maestriani avait disparu, Cassandra poussa un grognement de frustration en se tourna - inutilement - vers la porte.

Ses yeux se rétrécirent à deux fentes. Alicia Maestriani leur avait peut-être échappé, mais elle venait de prouver sa culpabilité, et surtout, de faire une croix sur son statut, son titre et sa renommée. Oh oui, sa mémoire serait salie. Et pas qu’un peu. Le son de la voix du Second de l’Inquisition ramena Cassandra à l’instant présent. Chassant les derniers maux qui l’assaillaient, Cassandra se releva de toute sa taille, décidée à ne pas se laisser entraver. Défiant du regard ceux qui lui avaient porté secours quelques secondes auparavant de la tenir, elle indiqua d’un bref signe de tête qu’elle ne chercherait pas à s’échapper. Dignement, elle marcha entre eux jusqu’à ce que le Second les arrête. Pourtant, nul sourire ne fleurit sur les lèvres de Cassandra. Elle se contenta d’acquiescer et de prendre la suite de Sarah Geisler. Aucune expression ne filtrait, ni sur son visage, ni sur celui de son amie. Le moment était crucial. Cassandra voulait avant tout préserver les apparences, afin de ne pas contester l'autorité du Second ; de toute façon, l'accusation qui pesait sur elle était trop lourde pour être ignorée.

Le plus dur était à venir.
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MessageSujet: Re: Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II   Exegi Monumentum Aere Perenius - I/II Icon_minitimeMar 22 Mar 2011 - 17:32

La logorhée d'Alicia Maestriani avait été un discours d'adieu; cela, tous l'avaient compris, mais peu d'entre eux avaient saisi son véritable corollaire: la sorcière n'avait aucune intention de se laisser capturer de la sorte. David avait cru comme les autres que le déploiement des forces inquisitoriales, doublé d'une soigneuse préméditation de l'évènement, aurait largement suffit à immobiliser et capturer une fille du Diable, même étant la plus haute dignitaire de Forbach. Encore une fois, il avait sous-estimé les ensorceleuses.

Subjugué, le jeune homme avait d'abord écouté le laïus de la Comtesse avec attention -une attitude que l'on pouvait en théorie attendre de tout le monde sauf de lui. Mais c'était la première fois qu'il entendait une sorcière parler d'elle-même dans le cadre de ses activités occultes; d'habitude, même prises au piège, les filles du Diable se contentaient de leur opposer un épais mur de silence, ou des cris hallucinés résultant de la torture, mais jamais des aveux de cette nature. Lorsque le discours d'Alicia de Sarrebourg -ou Maestriani, ou Loewenstein, après tout, elle avait eu tant de noms et d'identités, la vipère...- bascula d'un réquisitoire enfiévré à un monologue mégalomane, il commença à s'en désintéréssé. Cette femme ne se prenait vraiment pas pour de la merde, à clâmer haut et fort sa soi-disant dignité comme si elle régnait sur le monde... et elle n'avait pas sa langue dans sa poche non plus. Blablabla... piailler pendant des heures, souvent avec verve, c'était un truc de nobles. Les gens riches avaient tous des talents d'orateurs.

Au moment où le laïus toucha à sa fin, David s'apprêta à bondir comme les autres; mais il se produisit ce que peu avaient anticipé. Alicia Maestriani disparut dans un panache de fumée ténébreuse, aussi théâtrale qu'effrayante, se volatilisant purement et simplement. Tous s'attendaient à une riposte physique, mais sûrement pas à une telle démonstration occulte; il émana pendant un instant de la silhouette de la Comtesse une telle aura de puissance qu'elle les stupéfia tous. David vit du coin de l'oeil Cassandra se plier avant de tomber comme une pierre; il n'eut pas le temps de réagir, un souffle agita toute la salle et tel un corbeau géant, la mouvance occulte rompit leur cercle pour sortir de la salle, mettant à terre un Inquisiteur.

David en resta comme deux ronds de flanc, tandis que certains d'entre eux se ruaient vers la porte en désespoir de cause, mais trop tard. La fuite de la sorcière avait été si brusque qu'il n'arrivait plus à se départir de son état hébété. Plusieurs secondes plus tard, il cligna des yeux en se sentant parfaitement idiot; et il n'était pas le seul. Ce fut sa mère qui reprit les choses en main, mettant un terme à leur stupéfaction passive en prenant aussitôt les choses en main. Elle impressionna David, qui la trouva plus intégrée dans son rôle de Sébastien Garin que ces cinq dernières années réunies. Il semblait de toute façon que les derniers évènements avaient eu raison de son tempérament calme, la faisant se plonger entièrement dans son rôle de Second de l'Inquisition; c'était tellement étonnant, de la part d'une Sarah Geisler qui avait justement cherché à fuir de toutes ses forces, que David en resta un instant muet d'une certaine forme de... hé bien... respect.

Elle avait raison de toute façon: que la sorcière aille croupir avec les rats pour le moment. Il fallait profiter de l'effet de surprise qu'elle leur avait fourni, grâce à ces dénonciations. Certains noms -tous féminins- faisaient l'objet d'une grave présomption de culpabilité et il fallait réagir immédiatement. Cela n'aurait d'ailleurs pas posé problème si toutes ces personnes avaient été plus ou moins connues de David, des nobles ou des bourgeois lointains dont il n'avait que faire; mais les prénoms qu'il avait entendu ne prêtaient pas à confusion.

Cassandra. Viviane.

Au moment où il entendait le nom de ces personnes, il lui sembla sentir quelque chose de lourd et très froid tomber dans son estomac. Son regard se porta automatiquement vers la Comtesse de Saint-Loup qui, tombée à genoux, entreprenait de se relever. Un chaos de doute envahit son esprit, en même temps qu'une colère froide et rationnel, qui couvait en attendant que David lui lâche la bonde. Etait-elle vraiment une sorcière? Etait-elle... toutes ces fois où il était venu les retrouver en Rodez, partageant leur quotidien... toutes les fois où Cassandra de Saint-Loup avait contribué à son éducation, lui apprenant des choses que sa mère n'avait pas le temps de lui enseigner... toutes les fois où elle l'avait regardé avec ce sourire à la fois tendre et ironique... Tout cela n'était donc que mensonge? Il pensa ensuite à Narcissa et un reflux gastrique acide lui perfora l'intérieur du ventre. Si jamais il apprenait qu'en tant que sorcière, Cassandra avait corrompu et vicié cette âme si innocente, si... La colère l'envahit, balayant presque la voix de la raison qui, au fond de lui, le suppliait de ne pas céder au doute. Il s'approcha à grand pas de l'ancienne mère Mattea, cette figure de l'Inquisition fière et forte à laquelle il avait voué tant de respect; mais au moment où il ouvrait la bouche afin de vomir un flot d'accusations haineuses, sa mère s'adressa à Cassandra, manifestant explicitement sa volonté d'avoir un entretien avec elle.

David se tut, interrompu au bord de l'explosion; il se recula, l'air sombre, laissant le plein champ à Sarah Geisler. Oui, qu'elle s'occupe de mère Mattea. Elle en avait le devoir, elle en avait le droit. C'était son amie; une trahison la blesserait autant que David, sinon plus. Faisant volte-face, l'ordre retentissant de Sébastien Garin résonnant encore dans l'immense pièce, le jeune homme s'éloigna à grand pas en compagnie des autres Inquisiteurs. Une fois hors de la salle, il marcha tout droit, bousculant sans ménagement quiconque se trouvait sur son chemin; rien n'aurait pu le détourner de ce qu'il avait à faire maintenant.

Viviane. Viviane Valdemar.
Elle aurait intérêt à avoir une argumentation solide...
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