The Witch Slay
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 Isaline Silberholz

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Isaline Silberholz
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Isaline Silberholz


Isaline Silberholz Vide
MessageSujet: Isaline Silberholz   Isaline Silberholz Icon_minitimeVen 27 Jan 2012 - 2:50

[Morte pendant Exodus 12:29]

Isaline Silberholz Sorcie11
Isaline Silberholz Olrun10

Isaline Silberholz Effigi11

Nom : Silberholz

Prénom : Isaline

Surnom : Isa (intime)

Âge : 61 ans

Titre : Bourgeoise

Métier : Les soeurs Silberholz vivent sur la fortune familiale, leur héritage et les biens perçus par alliance (cf Vita Ante Acta).

Lieu de Résidence : Maison Silberholz

Relations particulières : Elle entretient une relation extraordinairement fusionnelle avec sa soeur Isaline.
Elle est entièrement dévouée à la cause d'Europe et lui offre un soutien indéfectible.

Sentiments vis-à-vis de l’Inquisition : Isaline les déteste - mais elle déteste presque l'entièreté de l'humanité.

Sentiments vis-à-vis des Sorcières du Lys Noir : Isaline les déteste - mais elle déteste presque l'entièreté de l'humanité.

Nom de votre Aguerrie : Othilie et Octave Silberholz

Nom de votre Apprentie : Ursule Jolin

Objectif éventuel de développement : Survivre

Signe distinctif : Elle porte le stigmate d'Anaël.


Description physique : Si Isorine peut parfois passer pour la bonne grand-mère, Isaline ne donnerait pas cette illusion. Là où sa soeur attire la sympathie, Isaline attire l'empathie, la pitié. Son expression est triste. Elle s'habille souvent de noir et garde presque constamment sa mantille sur la tête. Du bas de sa petitesse voûtée, sa démarche est ralentie par les douleurs de la vieillesse, sclérose et rhumatismes en tous genres. Son apparence somme toute misérable est corrigée par des vêtements de bonne facture et des bijoux de dentelles argentées. Son regard enfin remet lui aussi le bon observateur sur ses gardes. Il contraste avec la mélancolie de ses rides tombantes par un éclat insolent. Le même qui semble l'avoir habité depuis sa petite enfance. Le bleu diaphane de ses yeux refroidit autant ses interlocuteurs que l'impertinence de ses moqueries peut les échauffer.

Description psychologique : En effet, si Isorine attire la sympathie et Isaline l'empathie, ce n'est que des gens qui ne les connaissent pas. Simplifions les choses et ne prenons pas de précautions rhétoriques circonlocutoires : elles sont méchantes. Ces deux petites vieilles n'ont au cours de leur vie pas attendu le soutien des années pour justifier leur inconduite contre-exemplaire, mais le paroxysme de leur art – oui elles ont depuis des décennies signé les lettres de noblesse du mépris comme forme d'art oratoire supérieure – est bel et bien atteint depuis que les forbachois les appellent « les vieilles ». Isaline et Isorine y virent là l'occasion de couvrir leurs forfaits par le respect traditionnel du aux aînés. De plus la crédulité qu'on leur accordait leur permettait toutes les entrées les plus pernicieuses dans les esprits faibles pour une destruction distrayante.
Isaline a ceci de particulier qu'elle n'a strictement jamais pensé pour elle-même. Elle a toujours eu une vision du monde centrée sur elle et sa soeur. Allant jusqu'à une certaine négation de leurs individualités. Allant jusqu'à développer un comportement agressif, destructeur et criminel envers qui tendrait à les séparer. Elle n'a jamais aimé d'homme. Isaline méprise l'humanité à l'instar de la société forbachoise qui ne l'a jamais acceptée elle, elle la place en opposition totale avec sa soeur qui est son amont, son aval, sa cause et son effet.

Autre(s) : Isorine et Isaline sont fausses jumelles.

Note HRP : Isorine et Isaline ont été créées dans l'objectif d'un tandem littéraire et ce dès leur fiche personnage. L'histoire d'Isaline telle qu'ici racontée est lacunaire et imprécise de même que celle d'Isorine. Il est nécessaire de lire les deux histoires conjointement pour comprendre véritablement l'évolution des deux soeurs.


Isaline Silberholz Vita_a11


« Aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années. »
Pierre Corneille, Le Cid

    - La laideur, ma soeur, voilà bien quelque chose d'impardonnable. Une difficulté envers soi-même à se supporter, une cruauté envers les autres... Moi je mourrais plutôt qu'être défigurée !
    - Et comment feras-tu quand la vieillesse te lacérera le visage ?
    - Je me tuerai avant d'être vieille et moche. Tu m'aideras ?
    - Mais bien entendu Isa, pour te tuer je donnerais ma vie.
    - Nous mourrons toutes deux ensemble, c'est parfait.


Les enfants n'inspirent pas tous la bonté et n'expirent pas tous le bonheur. Les sœurs Silberholz n'étaient réputées ni pour leur innocence ni pour leur naïveté. Elles avaient en cette année 1591 à peine six ans et déjà leurs vénéfices auraient fait pleurer les yeux sans vie des gargouilles qui surveillaient le petit parc de l'église où les enfants s'amusaient en criant et se courant après. Du moins les enfants inspirant bonté et expirant bonheur. Nos jumelles, elles, restaient à l'écart sur un banc de pierre à l'affût de tous les passionnants défauts de leurs camarades de jeu inconscients du jeu et ses règles : faire siffler leurs oreilles à leur en crever les tympans.

    - Regarde ce pauvre balourd de Florian, moche comme un vieux pou !
    - Tout à fait Iso.
    - Gros comme une baleine !!
    - C'est vrai, mais parle moins fort, il nous regarde, il va t'entendre.
    - A seulement onze ans il a le nez aussi piqué que son père !!!
    - Iso, il t'a entendue je crois, le voilà qui approche.
    - Au moins il saura ce qu'on pense de lui.
    - Je préfère te prévenir immédiatement que s'il commence à te taper je te laisse te débrouiller.
    - Petite garce ! Embraya poliment Florian, un bâton à la main.
    - C'est pas moi, se défendit Isaline, c'est elle, dit-elle en dénonçant sa soeur. On nous confond souvent...
    - Sales pestes je vais vous apprendre à vous fou...


Le béotien réprima ses derniers mots dans une douleur aigue. Un autre garçon venait de lui donner un coup de genou dans le ventre. Florian y répondit par réflexe par un coup de poing dans la mâchoire. Le garçon se retrouva allongé sur l'herbe le nez sanglant. Florian s'apprêtait à rouer le hère de coups mais il comprit en reconnaissant la blancheur de sa chemise qu'il venait de frapper Ernest Lamour, fils d’Adémar Lamour, un bourgeois fort influent dont ses parents lui avaient conseillé de ne jamais avoir affaire. Le béotien prit ses jambes à son coup. Ernest se releva avec difficultés mais sans pleurnicher – il avait dix ans, il ne voulait pas perdre toute crédibilité alors qu'il était au pas de l'accomplissement de sa vie amoureuse. Il ramassa dans l'herbe tâchée de son sang une pivoine discrètement volée à une tombe non loin dont le nom lui avait semblé sympathique. Il la présenta avec timidité à Isaline en bredouillant un compliment ou une excuse.

    - Mais regarde-toi ! Tu as perdu une dent ! Hahahaha !


Ernest vexé s’en retourna chez ses parents, la tête basse, le sang ruisselant lentement sur sa chemise.


« Un véritable roi n’est ni mari ni père. »
Pierre Corneille, Nicomède

Ernest sortit de la maison Silberholz la mine satisfaite et le cœur plein d’espoir. Le jeune homme avait désormais 25 ans. Son physique était d’une banalité peu avantageuse d’autant que sa démarche trop compassée jurait avec l’injure peu élégante faite à son sourire : une dent en or remplaçait son incisive droite. A son âge il n’avait toujours pas choisi d’épouse. Ou plus exactement, il n’avait pas réussi à convaincre l’inintéressée. Mais le temps pressait : la fortune de sa famille était en phase de s’effondrer de par la lourde taxe qu’Henri IV faisait désormais porter sur les exports vers l’Espagne - les principaux clients d’Adémar Lamour étant hispaniques. Aussi, Ernest avait-il décidé de cesser de faire la coure à Isaline et de négocier les termes des fiançailles directement avec son père, avant que les symptômes de la récession Lamourienne ne deviennent visibles.

Octave Silberholz était un père austère et aimant qui avait toujours surveillé d’un œil inquiet le lien incommensurable qui liait celles que sa femme appelait tendrement leurs « siamoises ». Othillie Silberholz restait effectivement inconditionnellement admirative de ses filles qu’elle voyait devenir par l’enseignement qu’elle leur donnait de bonnes sorcières avant de devenir de bonnes bourgeoises. Octave Silberholz observait avec non moins d’ombrage la valse amoureuse à laquelle Isaline refusait de prendre part. Ses filles n’étaient guère adorées de leurs camarades de jeu et l’occasion de les marier ne se présenterait pas cent fois, d’autant moins avec un si beau parti que l’était Ernest – Octave Silberholz n’était guère fort au courant des affaires de taxation d’import-export espagnoles.

    - Jamais je ne me marierai !!! Je ne veux pas !!! déclamait Isaline les larmes aux yeux.
    - Il n’est pas question de ce que tu veux, tentait de lui expliquer sa mère, la mort dans l’âme, déjà vaincue par son mari.
    - Il est question de ce que tu dois, répliquait sèchement son père.
    - Non, non et non !!! Jamais !!! Je parachèverai mon initiation, je deviendrai sage, prêtresse, même Grande Prêtresse si les esprits veillent sur ma course, mais jamais, JAMAIS je ne deviendrai ni épouse ni mère !


La vérité était hors de ces propos. Isaline ne craignait ni les hommes ni les enfants. Elle ne les aimait pas ni les uns ni les autres certes, mais ce qui la démotivait radicalement était le principe même s’une vie hors du cadre de son enfance, sans cette maison, et pardessus tout sans sa sœur. Elle n’imaginait pas un instant être séparée géographiquement de sa sœur. Les demoiselles dormaient dans un grand lit et se tiraient chacune le drap à elles, moins pour leur confort respectif que pour l’inconfort de l’autre. Elles faisaient leur toilette à deux pour claquer des dents synchroniquement en sortant du bain et rire comme les petites filles du banc de pierre. Fardeaux mutuel, elles étaient liées en toutes choses, elles ne se supportaient pas, elles ne pouvaient vivre l’une sans l’autre.

    - La décision est prise Isaline. Tu te marieras à Ernest Lamour et iras vivre dans son manoir dans le quartier résidentiel jusqu’à la mort d’Adémar. Vous irez alors vivre dans les Pyrénées où il reprendra l’affaire de son père.


Isaline brisa son assiette au sol, provoquant un sursaut de colère chez son père.

    - Vous ne comprenez donc pas, dit Isorine avec grand calme. Isaline ne peut pas se marier à Ernest, ni à aucun homme de bonne famille.


Octave Silberholz se retourna entièrement vers Isorine, l’écrasant de son ombre impitoyable.

    - Isaline n’est plus vierge.


Octave Silberholz tomba raide sur le plancher la main crispée sur son bras comme s’il s’était assommé à retenir un coup fatal. Il ferait au cours de sa vie deux crises d’apoplexie, toujours suite aux mêmes chagrins.


« A qui sait bien aimer, il n’est rien d’impossible. »
Pierre Corneille, Médée

Isorine réussit ainsi au prix de nombreux coups de fouets à sauver Isaline du mariage pour quelques temps encore. Le mensonge fut avancé auprès d’Ernest par une Isaline faussement honteuse – forcée par son père quant à lui au comble de l’opprobre – entachant enfin l’ardeur du gentilhomme amoureux transi depuis déjà près de 15 années. Octave sentait au fond de lui la manigance mais ne pouvait se résoudre à croire que ses filles aient le vice de salir leur nom de pareille manière dans le simple but de sauver leur union déplacée. Il sembla en dépérir lentement. Bientôt il ne put plus sortir de son lit, les yeux cernés de peine, les traits creusés de désespoir. Sur son lit de mort, il supplia une dernière fois Isaline d’infirmer sa défloraison, d’accepter les avances de son prétendant. Isaline dévorée par la culpabilité et la peur de la mort de son père éclata en sanglots affirmatifs, dessinant sur les lèvres sèches et pâles d’ Octave Silberholz un sourire aux limites de l’indécence.

Les noces furent simples, par modestie de la part des Lamour se dirent les Silberholz sans comprendre qu’ils étaient en cette année 1609 devenus les créditeurs discrètement majoritaires de cette union. Isaline vécut ainsi mariée, dans le manoir lorrain des Lamour avec Ernest, un homme qu’elle n’aimait ni n’appréciait davantage qu’à 6 ans. Dans le lit conjugal, après s’être débattue pour ne pas qu’il la touche et une fois qu’il s’était endormi la bouche béante, elle observait son reflet allongé dans la dent cette dent en or qui rendait cet homme quelconque particulièrement grotesque. Elle y voyait ses 24 ans terminer avec deux ombres naissantes de part et d’autre du visage : ses joues se creusaient. Isorine n’était pas là pour s’en moquer. Elle y voyait ses 25 ans défiler, creuser ses premières rides au coin des yeux, lit d’une rivière de larmes nocturnes. Sans Isorine pour les sécher. Mais alors qu’elle y voyait ses 26 ans commencer, toujours sans sa sœur auprès d’elle pour souffler les mêmes bougies, Isaline comprit que cette dent en or ne devait plus réfléchir.

C’était un soir d’été. Le couple Lamour était paisiblement allongé sur leur lit. Isaline retirait lentement le lacet de son corset sans qu’Ernest ne s’en aperçoive, plongé dans la lecture d’une lettre de son père, la main sur une plume, prêt à lui répondre.

    - Ernest, je suis prête.
    - Prête ? En êtes-vous sûre ?
    - Voyez, je pose votre main sur ma gorge.
    - Vous allez la retirer.
    - Non, touchez là, ne soyez pas timide. Regardez-moi.
    - Je n’ose vous regarder, depuis mes 10 ans je n’ose vous regarder, vos yeux sont trop plein d’une arrogance qui me glace.
    - Point de mépris en cette heure, voyons mon amour, plongez en moi votre regard, noyez vos prunelles dans les miennes. Voilà, comme ça…
    - Je n’y vois pas de mépris, mais je n’y vois pas d’amour Isaline.
    - C’est par ce qu’il n’y en a pas.
    - Quelle est cette lumière ?
    - Celle que vous voudrez tant que vous y croirez.
    - Quels sont ces mots que j’entends de votre voix muette alors que je les lis aveuglé ?
    - Ce sont ceux que j’inscris sur le palimpseste pâle de votre destin.
    - Que voulez-vous Lumière ?
    - Qu’en ces mots vous écriviez à votre père :
    « Père, je ne puis feinter plus longtemps cette tristesse qui me plonge dans le désespoir. Isaline ne m’aime pas et je n’ai plus pour elle aucun désir. Votre affaire n’est pas la mienne et plus votre calligraphie devient tremblante, plus mon cœur bat non de peur que la faucheuse ne vous enlève, mais de peur de devoir aller vivre votre vie sans passions dans des montagnes inconnues. Ceci sera ma dernière lettre, je pars, loin de tout et de tous. Je ne reviendrai pas. Croyez en la profondeur de mon amour filial s’il peut adoucir votre peine »
    - Que dois-je faire maintenant que l’adieu est signé ?
    - A présent, Ernest, vous devez partir pour un voyage très long et très beau vers un monde inconnu.
    - Quel chemin dois-je prendre ?
    - Vous devez traverser la forêt jusqu’au marrais, prendre la petite barque du passeur, et lorsque vous serez au cœur des tourbières, vous coulerez avec le canot… et ne remonterez pas.


En l’année 1611, Isaline avait 26 ans. Elle était secrètement veuve et criminelle. Elle rapporta la lettre à la police qui demanda à Adémar de reconnaître l’écriture d’Ernest. Une fois chose faite, Isaline fut rapidement démise de ses obligations nuptiales. Elle reprit son nom de jeune fille et retourna auprès de sa sœur Isorine, se sentant à nouveau vivre à l’inverse de son père. Octave Silberholz fit sa seconde et fatale syncope à l’instant même où il vit Isaline saluer Isorine au pas de la porte. Il vit en cet instant deux concepts radicaux qui, tels deux tropismes contraires, déchirèrent son cœur en un foudroiement. Il vit la froideur qu’elle exhalait alors qu’elle retournait auprès de celle qu’elle aimait le plus au monde. Il vit le discret enthousiasme qu’elle exhalait alors qu’elle venait de perdre celui qu’elle n’avait jamais aimé. En un instant Octave comprit le crime. C’en fut trop pour un seul homme, mari et père.


« O rage ! O désespoir ! O vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? »

Pierre Corneille, Le Cid

    - COURS ISORINE NE T’ARRÊTE PAS !!!
    - Comme si j’avais l’intention de m’arrêter pauvre idiote !


Ce soir de juin 1640, rien ne s’était passé comme elles l’avaient prévu. Et à 55 ans, les sœurs Silberholz auraient peut-être préféré un plan suivi à la lettre plutôt qu’une cavalcade à travers la Schwarzwald, une tripotée d’inquisiteurs à leurs trousses.

En vérité, rien ne se passait comme prévu depuis bien des années. Tout avait commencé dès l’investiture d’Analisa, nouvelle Grande Prêtresse d’Olrun. Isorine et Isaline étaient alors toutes jeunes Sages et avaient pourtant bon espoir d’être promues Prêtresses d’Olrun. Ce ne fut pas le cas. Puis, en 1622, Isorine et Isaline étaient Sages depuis bien des années lorsqu’Analisa mourut et que de nouvelles élections tinrent place dans la Clairière sacrée. Elles étaient les plus anciennes, les plus redoutées, certaines d’être mutées Prêtresses. Mais ce furent comme la fois précédente, de simplettes péronnelles qui leur grillèrent la priorité sur la route de la gloire. Enfin, Abigaël décédât à son tour. De nouvelles Prêtresses furent nommées : Elisabeth, Viviane et Inès. Les chances de sœurs Silberholz d’accéder aux hautes sphères du pouvoir étaient réduites à néant.

De cette immense déception martelée à chaque nouvelle élection, Isorine et Isaline s’enfermèrent dans une hargne aigrie envers les jeunes générations. Elles étaient de puissantes sorcières, mais trop vieilles pour intéresser un monde d’esthétique. Elles se virent progressivement être mises à l’écart des projets des prêtresses. Pourtant, porte-paroles de la congrégation des Sages et des membres les plus anciens – et donc les plus puissants - de la tribu, renier ainsi leur importance était dangereux. Tels furent leurs arguments auprès de la Grande Prêtresse Europe pour non pas créer un regain d’intérêt pour leurs semblables – elles n’en avaient foncièrement que faire – mais pour les replacer au centre de l’action, au risque de les voir se faire lever une révolte irrépressible.

C’est ainsi qu’en 1640, scellant leur pacte avec Europe et lui offrant enfin leur confiance et soutien, elles furent mobilisées parmi les directrices de l’action du Parvis visant à la localisation du Livre de Lumière. Action qui s’avéra l’échec que tous aujourd’hui connaissent. Les inquisiteurs leurs tombèrent dessus avec la cruauté d’un épervier. Europe sauva sa peau. Isaline et Isorine n’y virent point là une démission de son bon rôle de Grande Prêtresse, bien au contraire, à quoi bon se sacrifier lorsque sa propre vie vaut clairement plus que celle de dix subalternes. C’était une question de hiérarchie, de valeurs, de logique. Les sœurs Silberholz profitèrent donc du grand fouillis causé par le massacre de leurs homologues pour prendre la fuite elles-mêmes. Elles traversèrent les ruelles où le claquement des bottes inquisitrices les traquait. Elles s’engouffrèrent à toute vitesse dans la Forêt où des cris d’hommes enragés les hélaient.

    - Je peux plus courir !!! Je vais m’évanouir !
    - Oh ça va ! Regarde-toi un peu, « courir » est un grand mot…
    - ON EST ICI !!!!
    - Mais tu fais quoi ?
    - Je veux qu’ils te trouvent et te fassent brûler comme une saucisse.
    - C’est toi la saucisse ! T’es conne comme une andouille !


Après avoir raté un croche-pied mal tenté, Isorine tira soudainement sa sœur sur un chemin qu’elle connaissait bien. Elles avancèrent dans les marrais jusqu’à se retrouver à mi-buste dans la vase, cachées par les roseaux et autres plantes de tourbe. Isaline regardait la boue avec une moue dégoûtée.

    - Cela vaut-il la peine de rester en vie si c’est pour se cacher comme des crapauds ?
    - Assurément, répondit Isorine. Tiens, écoute crier. Ils en ont choppé une autre. Ils s’en vont.
    - Grands dieux. Nous sommes bénies. Tu as reconnu sa voix ?
    - C’est Philiberte je crois.
    - Oh avec un prénom comme ça, elle n’a rien à regretter…
    - Tu n’as donc aucune pitié ?
    - La pauvre, elle était bête en plus, mais bête…
    - Tu n’as aucun chagrin à voir partir une sœur ?
    - Allons, je n’ai qu’une sœur et elle va très bien, elle pue juste un peu le souffre présentement…
    - Comment peux-tu n’aimer personne à ce point ?
    - Mais Isorine qu’est-ce que tu as ? Il n’y a personne à aimer lorsque personne ne vous aime.
    - Tu ne regrettes donc personne ?
    - Il n’y a personne à regretter.
    - Et pourtant…


Isaline fut alors fulgurée par trois révélations qui fêlèrent le socle de son assurance. Cette phrase, prononcée dans ce lieu… Isorine savait. Isorine l’aimait. Isorine souffrait. Pensant supprimer l’obstacle entre elle et sa sœur, Isaline en tuant Ernest avait tué l’unique amour d’Isorine. Elle avait toute sa vie été complètement aveugle. Centrée sur sa relation avec sa sœur, elle n’avait jamais véritablement pensé ni à elle ni à sa sœur comme individu. Elle voyait à présent dans les yeux de celle qui était tout pour elle une ombre telle qu’il n’en fut jamais en son regard. Isaline sentit un effroi impitoyable la juguler. Elle sentit une envie de meurtre luire dans les prunelles océanes de sa sœur. Elle sentit une pulsion de mort s’inscrire dans le ciel diaphane de son cœur. Elle ne dit mot, attendant son châtiment. Sentant toutes les mains du monde prêtes à l’abattre : celle putride des tourbières, celle impavide du ciel, celle séide des inquisiteurs, celle fratricide de sa sœur, celle suicide de son cœur.

Mais elle ne mourut pas, et vécut encore de longues années, consciente d’avoir infiniment blessé celle qui, tacitement, chaque jour, lui pardonnait.


« Il n'est plus temps d'aimer alors qu'il faut mourir. »
Pierre Corneille, Héraclius

Ses rhumatismes la réveillaient parfois très tôt le matin. Mais ne pouvant se résoudre à quitter la pièce où dormait paisiblement sa sœur, elle préférait rester assise silencieusement dans un fauteuil devant la fenêtre de la chambre par laquelle les volets laissaient filtrer une lueur suffisante à un peu de lecture, Corneille le plus souvent... Pourtant ce matin de septembre 1645, Isaline ne lisait pas dans son fauteuil. Elle n’avait pas été réveillée par les rhumatismes mais bel et bien par un cauchemar. Elle n’en avait plus fait depuis son très jeune âge, plus habituée à inspirer ceux des autres. Elle fixait l’ombre de sa sœur dans le grand lit, la comparant mentalement à l’image qu’on lui avait narrée des baleines échouées sur les plages lointaines, comparant son ronflement au chant cétacée d’agonie.

Trop impatiente de lui raconter son mauvais rêve, Isaline décida de réveiller sa sœur en ouvrant grand les volets.

    - Allez, allez la baleine à bosse !!! On se lève !
    - Isaline !!!
    - Pas de supplication subaqua…
    - Mouahaha !
    - Qu’est-ce que t’as ?
    - Bah mon Isa, tu arriveras donc toujours à me surprendre. T’es plus moche de jour en jour… T’as dormi sur un fenouil ou quoi ?
    - Tu peux parler eh ! T’as pas vu la marque de l’oreiller sur ton front de cachalot !


L’une et l’autre rirent comme les petites filles du banc de pierre. Puis la tendresse dissimulée de leurs regards réciproques se changea progressivement en attention inquiète. Elles s’approchèrent lentement l’une de l’autre dans la grande chambre froide baignée de la nitescence diffuse du matin. Face à face, les visages à quelques centimètres, elles n’avaient pas besoin de miroir pour comprendre qu’elles portaient sur leur front le même symbole. Elles n’avaient pas besoin de se raconter leurs rêves pour comprendre qu’elles avaient fait le même. Elles n’avaient pas besoin de pleurer pour partager leur inquiétude. Elles reculèrent de quelques pas chacune sans cesser de se dévisager.

    - Qu’allons-nous faire ?
    - La seule chose que nous savons faire.
    - Nous battre.
    - Doit-on attendre le pire ?
    - Non, le pire nous l’avons traversé à deux.
    - Tu as peur de mourir ?
    - Non, car tu me suivras.


Isaline Silberholz Lusor310

Comment avez-vous entendu parler de The Witch Slay ? Par Narcissa.

Qu'est ce qui vous à le plus plu sur ce forum ? Le bg (non je ne parle pas de Nono ! Razz ) très fouillé et le graphisme très harmonieux... et Nanar tongue

Disponibilité : Boulot boulot mais je devrais pouvoir passer une fois par semaine minimum Wink


Dernière édition par Isaline Silberholz le Mar 31 Jan 2012 - 20:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Isaline Silberholz   Isaline Silberholz Icon_minitimeMar 31 Jan 2012 - 18:29

C'est bon pour moi !! Very Happy
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MessageSujet: Re: Isaline Silberholz   Isaline Silberholz Icon_minitimeMar 31 Jan 2012 - 19:59

Salut Zizi et bienvenue sur le forum!! Very Happy

Je ne me présente plus, vu les relations que nous avons établies pour nos persos héhéhé. Enfinnnn du soutiennn! Et bravo pour cette prise de connaissance du contexte très efficace, ce qui est rare chez les nouveaux membres.

Ta fiche est très bien, j'ai cependant deux petites remarques avant de te valider.

- Ta descriptions psychologique aborde beaucoup les deux soeurs, mais à mon avis, pas assez Isaline toute seule. En quoi se différencie-t-elle par son histoire personnelle ?
- Tu peux retirer le "non-terminé" dans le titre de ta fiche^^

Zozo m'a prévenue qu'elle avait terminé sa fiche depuis hier ou avant-hier, donc je vais de ce pas la lire
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MessageSujet: Re: Isaline Silberholz   Isaline Silberholz Icon_minitimeMar 31 Jan 2012 - 20:41

Complété corrigé m'dame Rorope !
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MessageSujet: Re: Isaline Silberholz   Isaline Silberholz Icon_minitimeMar 31 Jan 2012 - 20:47

Hé bien c'est farpait tout ça!! VALIDEE! Wink

Je t'invite à ouvrir un Inventaire ainsi que ta Galerie. Si tu souhaites proposer un personnage à la reprise, c'est tout à fait possible dans le Registre des Rôles.
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MessageSujet: Re: Isaline Silberholz   Isaline Silberholz Icon_minitimeMer 1 Fév 2012 - 20:56

Bienvenue à Olrun love aussi !
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MessageSujet: Re: Isaline Silberholz   Isaline Silberholz Icon_minitimeDim 5 Fév 2012 - 18:46

Merci à toutes ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Isaline Silberholz   Isaline Silberholz Icon_minitime

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