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 Au Clair de la Lune

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Louis Institoris
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Louis Institoris


Au Clair de la Lune Vide
MessageSujet: Au Clair de la Lune   Au Clair de la Lune Icon_minitimeLun 31 Aoû 2009 - 18:18

[Précédent : La Salle à Manger - Un Dîner Presque Parfait II/II]

Lorsque la porte de la Salle à Manger se referma complètement derrière lui, Louis Institoris se retrouva face au Grand Salon du Château de Frauenberg, noir, vide et silencieux. Jamais auparavant il n’avait vu cette pièce dans cet état, et, alors qu’il commençait à s’avancer vers les fauteuils et autres banquettes de velours, il se demanda si la surprise que lui avait provoqué cette vision inhabituelle provenait de l’absence de lumière ou du silence qui régnait là ? Habituellement, d’innombrables bougies s’alliaient à la grande cheminée pour éclairer la pièce de milles feux et ne laisser aucun recoin de celle-ci dans l’ombre, afin que les nobles puissent constamment s’observer les uns les autres, sans jamais qu’aucun détail du comportement de leurs « amis » ne leur échappe à cause d’un éclairage trop faible. Pour qu’ils ne puissent jamais cesser de jaser, qu’ils trouvent toujours quelque chose à dire. Et cela fonctionnait à merveille, ils ne manquaient jamais de commérages, du moins, jamais ici. Et le silence qui avait envahit la pièce ce soir n’en était que la preuve, dans la mesure où il semblait tout aussi insolite que le noir. Se rendant compte que l’absence de son était toute aussi étrange que celle de lumière, Louis se demanda l’espace d’une seconde si l’on avait éteint les lumières parce qu’il n’y avait plus personne ici, ou l’inverse. Il n’osa pas chercher la réponse à cette question, se disant qu’il était peut-être plus tard qu’il ne le pensait - le dîner s’étant déroulé plus vite que prévu d’après lui - ou que l’on avait simplement donné au nobles la consigne de se faire discrets le soir de l’arrivée des invités du Comté. Des invités qui n’avaient pas du tout leur place ici, d’ailleurs. Louis ne supportait déjà plus leur présence ici, alors qu’ils étaient à peine arrivés. Ce chef de troupe arrogant et tous ces suiveurs, trop bavards ou trop pervers. Ils n’avaient pas leur place à Forbach et ne feraient que troubler encore plus le peuple, déjà bien assez effrayé par tout ce qu’il subissait. Ce qui réconfortait l’Inquisiteur en Chef, dans toute cette histoire, c’était la confiance qu’il avait en ses ennemies jurées. Si elles étaient probablement à l’origine de l’apparition des fantômes - car, il ne fallait pas se leurrer, ce n’était sûrement pas un hasard si des esprits venus de l’au-delà envahissaient l’une des villes de France les plus infestées par les Sorcières -, elles ne laisseraient pas ces amateurs détruire leur œuvre si facilement. Il suffirait à l’Inquisition d’apparaître au bon moment : juste assez tard pour être définitivement débarrassés des Exorcistes et juste assez tôt pour attaquer les Sorcières alors qu’elles seraient à découvert. Et l’importance de la prestigieuse Inquisition réapparaîtra aux yeux de tous comme une évidence. Tout en s’asseyant sur l’une des banquettes, Louis eut un vague sourire de satisfaction. Il n’aurait pas grand-chose à faire, juste à surveiller avec attention tout ce qui se passait autour de lui. Le reste se ferait tout seul…

Les genoux assez écartés l’un de l’autre, et les mains posés dessus, Louis Institoris observait la parcelle de nuit qu’il pouvait entrevoir dans l’ouverture que laissait apparaître l’épais rideau cramoisi qui couvrait la grande fenêtre située face à lui. Quelques souvenirs de la première année passée ici lui revinrent. La rencontre avec Adrien d’Hasbauer, sous la même lune, dans les Jardins, à l’extérieur. Le sortilège lancé sur les eaux de Forbach qui avait mis le Vicomte à terre un instant, avant que l’Inquisiteur ne vienne lui porter secours. La Messe de Cendres et l’Inquisitio. Finalement, il avait accompli un travail considérable ici. Peut-être n’avait-il pas porté ses fruits autant ou aussi vite que prévu, mais l’effort qu’il avait mis à la tâche était indéniable. Le regard de l’Inquisiteur finit par se séparer du morceau de croissant de Lune qu’il pouvait voir de là où il était et des quelques étoiles brillantes qui l’entouraient, pour observer un canapé sur lequel se déposait la lumière pâle et faible que produisaient les astres. Il se souvint alors de la mission que lui avait confié Elisabeth d’Hasbauer, dans ce salon même, il y a plusieurs mois de cela. La Vicomtesse, qui avait à l’époque chargé Louis de retrouver une broche que le Roi lui-même lui avait offerte et qu’elle avait mystérieusement égaré durant la perquisition organisée par les Inquisiteurs, n’accordait maintenant probablement que peu d’importance à ce bijou, plus préoccupée qu’autre chose par la disparition de son enfant dont on n’avait plus de nouvelles depuis plusieurs mois déjà. C’était probablement à cause de cela qu’elle avait quitté la table si vite ce soir, après l’annonce de la grossesse d’Alicia de Sarrebourg, qui aurait effectivement pu se montrer plus polie et ne pas faire cela de cette façon, bien que ce comportement ne surprit en rien Louis, n’ignorant pas la réputation de la veuve du Comte. Leur seule rencontre fut brève. Louis repensa à cette fameuse soirée lors de laquelle il vint escorter ses soldats chez elle, pour ne pas heurter une femme d’une telle importance à Forbach en la brusquant ainsi, et pour bien s’assurer que les Inquisiteurs, pour une fois, feraient leur travail respectueusement. Il avait un peu de mal à se souvenir de ce qui s’était passé ce soir-là... Il y réfléchit plus longuement et il lui revint que ses hommes lui avaient montré une chose étrange retrouvée parmi les biens de la veuve... Une boîte contenant un objet pour le moins insolite... Pourtant, il n’arrivait pas à se souvenir de quoi il s’agissait...

Soudain, l’Inquisiteur fut arraché à ses pensées. Il avait tout à coup senti derrière lui une présence qui l’obligea d’abord à se redresser pour adopter une position moins décontractée, puis à tourner la tête pour découvrir le visage de celle qui se trouvait là, derrière lui, entrée ici sans même qu’il n’ait entendu la porte de la Salle à Manger claquer derrière elle ou n'ait pu voir la lumière de la pièce voisine s’introduire dans le Grand Salon et détruire cette sorte d’intimité dans laquelle il se trouvait depuis quelques minutes, ou secondes. La lumière du clair de lune suffisait à éclairer le visage d’Europe Eléanora-Sun.
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Europe
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Europe


Au Clair de la Lune Vide
MessageSujet: Re: Au Clair de la Lune   Au Clair de la Lune Icon_minitimeMer 2 Sep 2009 - 20:18

[Précédent=Un Dîner Presque Parfait II/II]

Si il y avait une soirée qu’Europe aurait bien aimé oublier, c’était sans conteste celle-ci. Elle n’avait jamais connu de dîner plus harassant, compliqué, inutilement alambiqué, en même temps qu’ennuyeux, agaçant, révoltant, effrayant; bref, vous l’aurez compris, un maelström de sentiments déplaisants tourbillonnait sans discontinuer au cœur de l’âme d’Europe alors qu’elle quittait la Salle à manger sous les regards plus ou moins indifférents des convives. Oui, une soirée assez horrible, il fallait en convenir. Sur une échelle d’horreur de 1 à 10, elle atteignait d’ailleurs facilement 15.

D’abord, ses problèmes personnels. Les gens voyaient parfaitement qu’elle se portait de plus en plus mal mais elle ne pouvait décemment pas révéler qu’elle était hantée par l’esprit d’une défunte camarade. Et plus le temps passait, plus Europe franchissait de nouvelles frontières dans l’horreur de royaumes inconnus et chimérique, et plus elle était convaincue qu’Elena était venue en elle non pour se venger, ayant mesuré la sincérité de son amour et de ses regrets, mais pour lui transmettre un message. Le problème était de savoir lequel et c’était loin d’être une mince affaire.
Ensuite, Alicia de Sarrebourg. Cette femme lui donnait envie de vomir. Elle était l’incarnation même d’une figure mélangeant cruauté, ennemis, sadisme et violation des lois ancestrales; un serpent fourbe et belliqueux qui était loin d’avoir dit son dernier mot, ce qui était plus inquiétant que tout le reste.
Et enfin, les Exorcistes. Des cheveux sur la soupe dont nul ici n’avait besoin. Que leur science mystérieuse soit efficace ou non, ils étaient des intrus à Forbach et par conséquent, indésirables. Mais il n’était pas dit que les habitants du comté se laisseraient faire et baisseraient les bras dans l’adversité! Europe était une Sorcière, après tout, et elle avait toute la tribu d’Olrun derrière elle. Autant dire un avantage non négligeable dont elle comptait bien se servir en cas de besoin.

Mais en réalité, elle sentait bien au plus profond d’elle-même, qu’elle devait admettre quelque chose avant de faire quoi que ce soit d’autre. Admettre que si elle détestait autant les Exorcistes, ce n’était pas en majorité parce qu’ils ne lui inspiraient pas confiance, parce qu’elle ne les aimait pas, ou autres prétextes; mais bel et bien parce qu’ils étaient ici, mandatés par le Pape, dans le seul et unique but… de marcher sur les plates-bandes de cet homme.
Celui-là même qui se tenait en face d’elle à cet instant.

Le salon était incroyablement changé, presque méconnaissable, calme et sombre ainsi que l’eau d’un lac par un soir de pleine lune. Il ressemblait à un désert pourtant merveilleusement bienfaisant, après le brouhaha confus des couverts et des conversations multiples. Des tâches lunaires, légères et argentées, parsemaient la vaste pièce de leur clarté opaline. Un paysage d’un noir d’encre imprimé sur sa rétine, un univers négatif qui ressemblait à la face cachée des êtres, ou à un cœur né à l’éternité… Dans ce monde silencieux, même les larmes auraient pu se perdre. Mais, le temps n’était pas aux larmes.
Dans cette atmosphère nouvelle, intime, feutrée, Europe s’avança vers Louis. Elle le trouva plus mystérieux que jamais, ici en clair-obscur. L’ombre lui allait décidément comme une seconde peau. Epuisée, frémissante d’indignation et d’abattement après ce dîner mortifère, elle ne dit pas un mot et attendit d’être arrivée près de Louis pour prendre la parole, rompant un silence presque religieux plein de sentiments cachés et de désirs inavoués, seul témoin de la scène…


"Oh, Louis… quelle soirée… je suis navrée pour mon comportement à table, j’ai été odieuse. Il ne sied guère à une dame de parler ainsi et je suis peinée que vous ayez assisté à ça. Mais je suis la seule à blâmer. Je sais que je devrais faire un effort de tolérance, mais je n’arrive pas à me réjouir de l’arrivée des disciples du père Marcus. Ils ne semblent pas prendre aux sérieux nos problèmes et ignorent où ils mettent les pieds. J’ai un affreux pressentiment concernant tout cela."


Sa voix était basse, grave mais douce, comme si elle avait peur de parler à voix haute ou de s’exclamer. Elle avait tenu à s’excuser pour son attitude qu’elle déplorait, mais uniquement auprès de Louis. Car si ç’avait été pour faire face à Alicia ou aux Exorcistes, elle n’aurait pas hésité à se montrer plus désagréable qu’une vipère. En même temps qu’une certaine tristesse, la colère monta soudain en elle. Qui étaient-ils, ces inconnus venus de nulle part, pour arriver ici territoire conquis et revendiquer une place qui ne leur appartenait pas? Croyaient-ils qu’un simple bout de papier cacheté leur permettrait de mettre à l’écart le Père Inquisiteur du combat qu’il menait seul avec acharnement depuis bientôt deux ans?
Cédant à une impulsion, elle prit les mains de Louis dans les siennes, sans regretter aussitôt son audace. Les paumes de l’Inquisiteur étaient grandes, un peu calleuses, le genre de main à la fois très douce et très ferme qui peut trancher une gorge autant que prodiguer la caresse la plus agréable. Des mains de volonté, de conviction, et aussi de sensibilité.


"Je vais être honnête avec vous. Dieu m’en pardonne, mais j’ai l’impression qu’ils veulent vous voler, Louis. Vous prendre sans effort ce que vous avez construit à la sueur de votre front pendant des mois et des mois. Je ne peux pas admettre ça. En tout cas, sachez que vous avez tout mon soutien."

Europe se tut, conscience soudain du poids du silence autour d’eux, de l’intimité dans laquelle ils étaient plongés. Elle se sentait, confusément, plus solidaire et plus méprisable que jamais. Elle avait menti à cet homme, elle s’était servi de lui, ne s’était rapprochée de lui que dans le but de le manipuler et d’en tirer profit. A présent tout avait changé. Elle savait qu’elle aurait dû mettre un terme à tout ceci avant que la situation ne devienne irréversible, mais elle n’arrivait plus à être raisonnable… car trop de choses s’étaient passés. Malmenée par l’esprit d’Elena, elle se sentait à deux doigts de mourir demain. Si elle disparaissait de se monde sans avoir une dernière fois donné libre cours à ses envies, ses désirs les plus enfouis, qui compatirait? Et n’en conserverait-elle pas un regret infini? N’avait-elle plus même le droit d’écouter son cœur, pour une fois? Consternée par son propre dilemme, elle resta silencieuse à attendre une réponse, un geste, n’importe quoi, écoutant le silence et ses doux battements, l’obscurité et son souffle familier dans laquelle leurs silhouettes, à la fois proches et lointaines, dans une atmosphère onirique et feutrée ne craignaient sans doute seulement que la lumière, surgissante hors d’un antre dans les amas de sentiments baignés d’inavoués…
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Louis Institoris
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Louis Institoris


Au Clair de la Lune Vide
MessageSujet: Re: Au Clair de la Lune   Au Clair de la Lune Icon_minitimeLun 5 Oct 2009 - 21:54

Europe Eléanora-Sun était de ces femmes dont le charme ne passait pas que par la beauté, mais aussi, et surtout, par le mystère qu’elles dégageaient. Ainsi, l’ambiance nocturne et feutrée qui régnait dans la pièce semblait lui convenir à merveille. La pâle lumière bleutée dégagée par la lune traversait les vitres des fenêtres du Château de Frauenberg et venait déposer sa teinte d’un bleu très clair sur ce visage blanc, lisse et sans imperfections, plongeant encore plus la noble beauté dans l’atmosphère nocturne à l’intérieur de laquelle elle se fondait déjà à la perfection. La magnifique robe qu’elle portait et sa chevelure pourpre que Louis Institoris ne manquait jamais de remarquer d’habitude étaient perdues dans la pénombre du Grand Salon, et c’est ainsi qu’il découvrit la véritable beauté celle qui était incontestablement ce soir la Reine de la Nuit. Sur ce visage qu’on aurait pu confondre avec celui d’une poupée de porcelaine tant il était parfait, un air grave et sérieux. Bien qu’elle restât encore digne et fière, la femme qui se trouvait là était incontestablement affectée, et le masque qu’on lui avait apprit à porter dans cette société d’apparences ne suffisait plus à cacher son mal-être. Du moins, plus aux yeux de Louis. Il l’avait compris, et, à coup sûr, elle aussi. Ce n’était donc plus un secret. Il ne restait plus qu’à le dire à haute voix. Il ne restait plus qu’à briser le silence.

Louis, calme et attentif, écouta la jeune femme, dont on entendait l’émotion dans les mots, s’excuser de son impolitesse lors du dîner. Elle n’eût aucun mal à avouer qu’elle ne pouvait s’égayer de l’arrivée de ces perturbateurs d’Exorcistes. Et, si elle disait cela sans gêne, c’est qu’elle savait bien que les disciples du Père Marcus n’étaient pas non plus considérés comme bienvenus pour celui qui menait l’Inquisition à Forbach. Autrement dit, Louis Institoris était probablement le seul qui partageait son avis sur la question de leur arrivée, pour eux plutôt venue semer le trouble à Forbach qu’apaiser les esprits tourmentés. En effet, le couple d’Hasbauer avait d’autres chats à fouetter et la venue des ces « convives » en ville ne semblait pas déranger le moins du monde la Veuve du Comte, puisqu’elle avait, comme à son habitude, prit un malin plaisir à perturber sans gêne aucune ceux qui l’entouraient. Il fallait croire qu’Alicia n’était sensible et attentive à rien ni personne et qu’elle était le genre de femme à agir comme elle le désirait en toutes circonstances. Au final, elle n’avait pas complètement tord : elle vivait sûrement plus heureuse que les autres habitants du Comté présents au Dîner ce soir-là, et ce malgré le décès plus que précipité de celui qui n’était que nouvellement son époux.

L’Inquisiteur réalisa alors qu’emporté par ses pensées, il n’avait pas remarqué que le silence s’était installé dans la pièce. Un mal pour un bien, puisque cette pause ferait office de transition vers les sujets que Louis et Europe devraient traiter. Plus clairement : cette fameuse lettre mystérieuse dont le décryptage était l’affaire d’Europe, femme de lettres. Erudite en plus d’être belle et mystérieuse. Décidément…
Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche et entamer la discussion - ce que la jeune femme ne vit sûrement pas dans l’ombre - elle reprit la parole, encore émue. Ses paroles provoquèrent la descente d’un frisson dans le dos de l’Inquisiteur. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement - loin de la lumière brillante de la lune, heureusement pour lui - et, à mesure que les battements de son cœur semblaient s’accélérer et s’intensifier, son sang, lui, paraissait se glacer. Elle allait « être honnête » avec lui. Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Qu’allait-elle lui révéler de si important - et surtout de si émouvant - pour elle ? Sans vraiment savoir ce qui provoquait en lui cette réaction, puisqu’il ne savait même pas à quoi s’attendre pour la suite, ces questions étaient montées à son cerveau à une vitesse incroyable. Alors que le « Dieu m’en pardonne » qui suivit s’apprêtait à achever faire sortir son cœur de sa poitrine à l’Inquisiteur, cette excitation disparut tout de suite lorsqu’il comprit qu’elle ne faisait que continuer parlait que de ces charlatans qui dînaient encore bruyamment dans la pièce d’à côté. Bien qu’il sentit une sorte de déception l’envahir - sans la comprendre réellement - il écouta et apprécia ces quelques mots qui témoignaient du respect d’Europe pour son travail. Et de son soutien. Légèrement agacé en son fort intérieur d’être si sensible, l’Inquisiteur sentit un nouveau frisson le parcourir, moins intense, moins frigorifiant, mais qui traversa cependant tout son corps cette fois-ci. Il se tourna vers elle et la remercia en posant sa grande main sur l’épaule de la jeune femme, un geste qu’il avait l’impression de ne pas avoir fait depuis plusieurs décennies au moins. Il savait sa main dure, car rarement utilisée avec tendresse, et tenta donc d’être le plus doux possible. Il eut contact à la fois avec le tissu de la robe d’Europe et avec sa peau. Les yeux dans ceux de la jeune femme, il se vit dans sa pupille aussi noire que les lieux où ils se trouvaient. Il avait un air sérieux et sincère. Exactement le même que celui qu’il avait vu, un instant plus tôt, sur le visage d’Europe. Exactement le même que celui qu’il y voyait maintenant, face à lui. Comme indépendante du reste de son corps et de toute décision de son esprit, Louis sentit sa main s’éloigner lentement de l’endroit où elle avait contact avec la robe, en direction du cou nu, à moitié dans le noir. Le bout des doigts atteignant légèrement la nuque, le pouce sur le bas de la joue gauche, il sentit sa main serrer ce qu’elle tenait un peu plus fermement, et son visage s’approcher dangereusement…
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Europe
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Europe


Au Clair de la Lune Vide
MessageSujet: Re: Au Clair de la Lune   Au Clair de la Lune Icon_minitimeDim 11 Oct 2009 - 20:50

[Désolée pour la piètre qualité de ce post, j’ai essayé de faire vite pour pas bloquer le scénar]

Europe était en train de perdre pied.
Dans ce salon obscur qui les isolaient presque du monde, les enveloppant dans une gangue de mystère et d’intimité, elle avait l’impression que les ombres faisaient partir l’univers en déliquescence, que la réalité toute entière s’éloignait; il n’y avait plus qu’eux deux et leurs propres ténèbres, flottant dans une nuit d’encre, distillant des sensations aussi diverses qu’intenses. Sans mesurer la déception de Louis, car elle était alors en train de parler, Europe sentit toute l’attention de l’Inquisiteur focalisée sur elle, d’une manière qui était un peu différente de celle de d’habitude; ou peut-être était-ce elle-même qui imaginait des choses, des sentiments qui n’existaient pas en vrai mais prenaient corps dans cette atmosphère de fantasmagorie…

Elle s’attendait à une réponse approbative; un acquiescement, qui lui dirait à quel point ses sentiments de mépris à l’égard des disciples du père Marcus étaient partagés, à quel point leur arrivée était indésirable pour eux. Alors, enfin, ils seraient unis dans l’opposition; ils l’étaient déjà tacitement, mais cela prendrait une autre dimension quand les paroles scelleraient cette espèce d’alliance implicite et improbable, la jonction des pensées du Père Inquisiteur et d’une Prêtresse.
Mais Louis ne répondit pas. Peut-être n’avait-il pas envie de rompre cette ambiance pour évoquer de nouveau un sujet aussi désagréable que celui des Exorcistes. Et Europe ne pouvait pas lui en vouloir. Rien qu’un instant, elle souhaita les oublier et, à sa grande surprise, y parvint sans peine. Cette fois-ci, ils étaient vraiment seuls.
En tête-à-tête.

Avec une pointe de tristesse, elle se rendit compte que cette entrevue n’avait jamais prévu de tourner au face-à-face intime; non, elle se souvint que l’Inquisiteur n’avait besoin d’elle que pour ce fichu poème, c’est-à-dire à titre professionnel, et rien d’autre. Toute cette peine fut dissipée à l’instant où la main de Louis se posa sur son épaule. La Sorcière comprit ce que signifiait ce geste dans une sorte de brume; et plus encore quand la main remonta dans son cou, effleura son menton comme une caresse. Soufflée, elle ne dit rien; l’Inquisiteur avait tout son assentiment.
Leurs gestes, délicats et mesurés, la faisait s’éloigner de la réalité; elle avait l’impression de flotter dans le brouillard et, curieusement, plus Louis se rapprochait, plus leurs contacts se faisaient intime, plus elle sentait la présence d’Elena avec elle,
en elle. Cette présence à fleur de peau, frémissante, comme une bulle qui s’apprête à crever la surface, comme un mot qu’on a sur le bout de la langue… comme une évidence qui est sur le point de jaillir, dans toute sa grandeur et en dissipant les dernières parcelles d’ignorance…
Leurs visages étaient de plus en plus proches. Dans un dernier éclair de lucidité, Europe se dit qu’elle devait arrêter ici et tout de suite ce petit manège. Tout d’abord, parce qu’Olrun ne lui pardonnerait pas ce pêché; elle était une Sorcière, lui un Inquisiteur, autrement dit deux âmes qui étaient destinées à se haïr pour toujours et dont, si elles n’y parvenaient pas, leur tribu respectives se feraient une joie de le faire à leur place… Mais ce n’était pas la seule raison. Si elle continuait comme ça avec cette homme, elle allait le détruire. Sa manière de l’aimer était malsaine; la preuve, elle ne jouait même pas franc jeu avec lui, comme ç’avait toujours été le cas avec les autres: son existence était rongée, viciée, par la stratégie et le mensonge. Son esprit ne cessait de lui répéter en litanie délétère que ce qu’elle faisait était mal, qu’elle y laisserait des plumes, que les conséquences iraient probablement au-delà de ses prévisions les plus fatalistes, que…
La seconde d’après, ses lèvres avaient touché celles de Louis et elle avait oublié tout le reste.

Les sensations qui en découlèrent ne sont pas dures à imaginer. Europe voyageaient maintenant là où voyagent tous ceux qui, comment eux, se contemplaient comme au jour de leur naissance; autour d’eux, l’air vacillait dans une cascade de sensations olfactives, tactiles, intenses, aux airs de paradis et de floraison, de renouveau et de quiétude. Leurs lèvres se touchaient d’une manière à la fois délicate, posée et sincère… tandis que la présence d’Elena revint avec plus de force que jamais, éclatant enfin la surface, jaillissant dans des vagues et des embruns de certitudes, embrasant le ciel de sa vérité si cruelle mais si raffinée et inéluctable.
Alors, en une microseconde, Europe comprit.
Elle comprit le message que sa défunte amie avait tenté de lui transmettre depuis si longtemps; elle sut également que si elle n’avait pas compris ce message plus tôt c’était qu’inconsciemment, elle refusait cette vérité, s’en protégeait, voulait continuer de croire que les jours anciens et si heureux étaient sa seule et unique réalité… elle comprit alors pourquoi la présence d’Elena en elle avait été si épouvantable, car au lieu de faire corps avec l’esprit de son amie et l’accepter, elle l’avait involontairement repoussée, traitée de menteuse…
Maintenant, elle savait.
Elle savait qu’Abigaël était la seule et unique coupable de la mort d’Elena. Que c’était elle, la Grande Prêtresse si dévouée à sa tribu, qui avait intercepté la lettre de réconciliation et envoyé à Alicia un message qui l’avait enjointe plus que n’importe quelle provocation à riposter en introduisant les Lys dans la Clairière… Une déferlante de sentiments s’empara d’Europe, dont le principal était le soulagement. Enfin, elle avait été délivrée de la plus grande culpabilité de sa vie. Elle n’avait pas tué Elena.

A présent, elle pouvait se consacrer pleinement et sans une once de regret, sans penser qu’elle trahissait Olrun, à ce qu’elle était en train de faire, à savoir embrasser Louis. Et elle le fit avec plus de tendresse que jamais, désirant malgré toutes les barrières qui pouvaient les désunir ou même les opposer, connaître cet homme, le découvrir petit à petit, apprendre de lui, bref: l’aimer. Doucement, avec lenteur, elle enlaça l’Inquisiteur dans l’obscurité et le silence.

Elle ne l’avait pas dit à haute voix.
Mais cela ne lui avait pas vraiment semblé nécessaire.
Car si Louis partageait ses sentiments, il l’entendrait malgré tout.

Qu’elle l’aimait du plus profond d’elle-même…
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Louis Institoris
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Louis Institoris


Au Clair de la Lune Vide
MessageSujet: Re: Au Clair de la Lune   Au Clair de la Lune Icon_minitimeLun 19 Oct 2009 - 3:19

Leurs lèvres s'étaient d'abord doucement frôlées. Et, à mesure que tout disparaissait autour d'eux, le lien qui unissait cette femme et Louis se faisait de plus en plus ferme, il devenait net, précis. Le doute s'envolait, en lui comme en elle, et leurs gestes, eux, se firent moins brusques et maladroits, plus confiants. Leurs joues se caressaient doucement, les mains de la jeune femme étaient venues enlacer son dos, et lui serrait son cou dans sa main de plus en plus passionnément. Leurs yeux fermés les avaient plongés dans le noir complet : le salon, ses meubles, ses tapis, ses fenêtre, la lune au dehors, et même tout ce qui se trouvait au-delà de cette fenêtre avait disparu. Tout ce qui se trouvait au-delà d'eux avait complètement disparu. L'autre main de l'Inquisiteur vint se poser sur le dos d'Europe. Son bras l'encerclait. Le lien se resserrait entre eux. Leurs nez respiraient fort et leurs gestes semblaient de plus en plus bruyant. Ils étaient les seuls sons assez proches pour être captés par leur ouïe. Le vent dehors, la conversation de ceux qui dînaient encore de l'autre côté de cette porte bien loin d'eux, tout s'effaçait. Le contact de leur peau résonnait dans leurs corps, entrant par leurs oreilles, leurs mains, leurs visages, leurs lèvres. Leurs narines ne leur servaient plus qu'à respirer. Leurs souffles forts et chauds venaient réchauffer le visage de l'autre d'une chaleur qui envahissait alors leur corps de la tête au pied. Leurs parfums, qu'ils avaient trop longtemps apprécié de loin, n'était plus utile. Il était devenu léger, moins envoûtant, contrairement à la douceur de cette peau, de ces lèvres. Et après l'odorat, la vue et l'ouïe, ce fut Forbach tout entier qui disparut. Ses sorcières, ses bûchers, ses fantômes, son eau ensorcelée, ses exorcistes, ses maisons perquisitionnées. Plus rien, sauf Europe et Louis.

Leurs mains se baladaient, resserrant leur étreinte et l'emprise qu'ils avaient l'un sur l'autre. Le bruit que produisait le toucher de la peau de l'autre était devenu continu et s'effaçait à son tour. Il n'était plus rien que leurs deux corps, attachés l'un à l'autre. L'action impulsive de Louis n'avait pas consulté son cerveau avant d'agir. Celui-ci semblait alors se réactiver lentement. Et, la première chose qui vint à l'esprit de l'homme fut cette mélodie maintenant doublement familière qui n'était plus seulement un très lointain souvenir. Cette berceuse qu'il avait connue enfant et qu'Europe avait ramenée dans sa vie ce jour-là, dans l'Église de Zetting. L'intensité sonore de cette musique qui résonnait dans sa tête augmentait, remplaçant presque le bruit du silence qui régnait autour de leurs corps. Depuis cette matinée où il l'avait rencontrée, Louis avait trouvé en elle ce qui semblait lui avoir manqué depuis toujours. Ce sentiment, cette sensation, ce manque enfin comblé dont la chanson était le symbole. Celle qu'il ne connaissait que de la voix quasi-oubliée de sa mère. Cette figure maternelle qu'il n'avait jamais eu avait laissé un vide en lui, un vide dont il n'avait finalement jamais souffert car mieux valait ne pas avoir de mère qu'avoir une de ces sorcières pour mère, comme le lui avait toujours dit son père. Une sorcière qui lui chantait pour l'endormir cette berceuse qu'Europe chantait maintenant dans sa tête.

La chanson finit par s'achever et la porte de la Salle à Manger qui menait aux Appartements claqua, dans un bruit lointain. Le vent se remit à souffler et Louis sentit la gorge de la jeune femme, jusqu'alors serrée fort contre lui, s'éloigner de sa poitrine. Ses mains la détachèrent doucement et vinrent rejoindre une seconde les siennes. Enfin, leurs lèvres se séparèrent et leur enlacement brisé. Depuis qu'il avait fermé les yeux, Louis avait perdu la notion du temps. Il sentit en lui un court instant une once de regret de son geste, puis il rouvrit les yeux et comprit qu'il ne regrettait rien. Non, rien de rien. Il ne regrettait rien.

Ses mains tremblaient un peu. Louis avait froid, maintenant qu'ils étaient séparés. Il regarda par la fenêtre. Europe l'intimidait un peu. Et c'était énormément pour celui que l'on avait jamais intimidé depuis aussi longtemps que son nom était connu, c'était-à-dire avant même sa naissance. Il ignorait quoi dire.


« Finalement, certaines nobles sortent du lot... »

Cette fois, par contre, Louis regretta. Il aurait pu trouver une bien meilleure phrase. Lui vint soudain à l'idée que s'il n'était pas bon sur les mot, il le serait sur les gestes. Puis, alors qu'une part de son esprit ne comprenait absolument pas ce qui se passait autour de lui et pourquoi ces questions et réactions lui venaient à l'esprit, il regarda Europe, décida de s'arrêter de trembler et attrapa sa main. Il avait une terrible envie de lui donner un nouveau baiser, mais la part de son esprit dans laquelle régnait l'incompréhension semblait s'agrandir. Il se faisait tard, l'heure se faisait de plus en plus indécente, mais Louis ne pouvait briser cette intimité qu'il appréciait tant. Il ignorait que faire, et s'en rendit à la décision qu'elle prendrait. En attendant, il observerait à nouveau inlassablement le détail de sa beauté et, cette fois, sans aucune gêne...

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Dernière édition par Louis Institoris le Sam 21 Nov 2009 - 2:25, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Au Clair de la Lune   Au Clair de la Lune Icon_minitimeMer 21 Oct 2009 - 0:32

Si on lui avait dit, n’était-ce que quelques semaines plus tôt, qu’elle embrasserait le Dirigeant de l’Inquisition dans un salon obscur et avec tout son consentement qui plus est, Europe n’aurait jamais voulu le croire. Cette scène lui aurait semblé impossible, ridiculement niaise, illogique à souhait, et pourtant… pourtant elle était bel et bien en train de vivre ce moment, de le ressentir dans les moindres parcelles de son corps et d’en profiter pleinement. C’était aussi pour ça qu’elle aimait la vie; elle était pleine de surprise et nul ne pouvait deviner ses méandres, changeant les peines en bonheurs, les matins en soirs, les transports en ivresse… Etait-ce cela qu’on appelait une osmose? Il semblait bien, en effet. Un tête-à-tête secret, intime, où se dévoilent l’essence des passions, ou s’entremêlent les espoirs et les soupirs dans une cascade de chaleur bienfaisante aux délicieux airs d’interdit.

Il lui semblait n’avoir vécu que pour ce moment, pour cette minute. Celle où, dans leurs baisers à la fois saccadés et consubstantiels, s’effleurant à la manière de deux animaux se rencontrant pour la première fois, il y avait la promesse future de quelque chose de plus grand encore, d’un expérience unique où elle atteindrait enfin la consécration, la transcendance, où le battement organique de l’univers la traverserait de l’intérieur… mais tout ça viendrait plus tard, après, un autre jour. Pour l’instant, seul comptait le moment présent.
Un bruit qui lui parvint lointain, étouffé par sa distance avec la réalité tant physique que mentale, retentit dans le château, brisant leur lien charnel, mais laissant bien intact leurs états d’esprits mutuels. Dans l’obscurité, Europe ne pouvait distinguer la gêne de Louis sur son visage, mais elle la percevait dans la tiédeur de son contact, dans le rythme un peu irrégulier de sa respiration. Peut-être regrettait-il déjà son geste… mais ce qui était fait était fait. Pour sa part, la Sorcière, elle, ne regrettait rien du tout. Elle avait la sensation de se redécouvrir en même temps que Louis, et cela lui procurait une intime satisfaction doublée d’une sorte de jouissance secrète. Enfin, elle n’était plus la dernière roue du carrosse, perdue dans le monde de ceux qui ne comprenaient rien à ce qui leur arrivait et qui voyaient impuissants leur entourage se dépeupler petit à petit… Enfin, les choses avaient un semblant de logique.

Cette pensée en amena une autre. Abigaël… Aussitôt, un pincement violent serra le cœur d’Europe, et elle sentit ses entrailles se contracter, sa gorge se resserrer douloureusement. La tristesse l’envahit. Comment? Comment se pouvait-il que leur Grande Prêtresse les aient trahies? Il y avait peut-être une explication logique, comme avec Adrien. Mais Europe n’en voyait pas l’ombre; rien, aucune cause ne justifiait qu’on puisse mette en jeu la vie d’une compagne et la Sorcière n’avait même pas songé à mettre la parole d’Elena en doute. Les spectres ne mentaient pas. La vérité s’imposait à elle, nue, lamée de cruauté, horrible dans son manteau d’atrocité et d’inéluctable.
Dès que possible, elle réglerait ses comptes. Que deviendrait Olrun si le clan ne pouvait même plus avoir confiance en ses propres dirigeants? Et que dire d’elle-même, qui fricotait avec le Père Inquisiteur? Il fallait sérieusement qu’elle pense à faire le point dans tout cela. Mais là encore, tout ça viendrait plus tard; pour le moment, elle ne voulait se concentrer que sur une chose, une seule: l’instant présent.

Les paroles de Louis la sortirent d’ailleurs de ses pensées et elle sourit dans la pénombre, touchée par ce timbre timide, émue par la sincérité qu’il portait. Elle redécouvrait en lui ce qui l’avait tant attirée la première fois: cette part un peu enfantine, incertaine, cette fragilité qui, elle n’en doutait pas, il n’avait encore montrée à personne, la dissimulant derrière un épais voile de force et d’autorité… Mais Europe ne s’était pas trompée, et elle en était heureuse: cet homme avait un cœur, comme tout le monde. Il ne manquait juste que des circonstances adéquates pour qu’il puisse s’ouvrir, comme une fleur en retard, mais au combien nouvelle et chérissable. A présent, elle l’entendait bien dans sa voix prononçant une phrase maladroite, cette gêne qui le faisait ressembler à un enfant pris en faute. Elle était heureuse. Heureuse, tout simplement.


"Quand la noblesse d’esprit d’un Inquisiteur les y aide, oui…"

Elle aussi, aurait pu trouver mieux comme conclusion de leur premier échange tactile, mais l’ivresse de cet instant avait occulté tout le reste et était bien au-delà des mots. Dans sa main, la paume de Louis était chaude, pleine de tendresse inavouée et de réticences attendrissantes. Pour dissiper son malaise, Europe le regarda et lui sourit. Puis lentement, elle l’entraîna dans les ombres, le tirant par la main vers les entrailles du château obscur –ils avaient encore beaucoup de choses à se dire, d’autres encore à faire, à voir, à sentir. Avec une douceur et un lyrisme de tableau, ils quittèrent le salon et s’enfoncèrent dans l’obscurité, se fondant dans les ténèbres comme si ils y étaient nés et évoluant en leur sein comme si leur place avait toujours été ici.


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