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 L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon

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Alicia Loewenstein
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Alicia Loewenstein


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MessageSujet: L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon   L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon Icon_minitimeMar 6 Oct 2009 - 13:43

La Comtesse avait disparu ! La rumeur s’était répandue dès la fin de la nuit de la Saint-Jean lorsque l’on ordonna de vérifier la présence et la bonne santé des habitants du château après le carnage de l’église à présent ruinée. Les appartements de la Comtesse étaient vides. Certains auraient pourtant juré avoir vu son carrosse s’enfuir du parvis de l’église en route vers le château ! Le mystère restait entier et tous s’activaient pour chercher la Veuve de Sarrebourg. Comme si elle avait une importance à leurs yeux… Ils s’inquiétaient probablement plus pour l’enfant qu’elle portait. Nulle trace d’elle dans l’enceinte du château de Frauenberg, nulle trace d’elle en ville, devant ou dans l’église. Volatilisée. Ce scénario s’installa et s’amplifia durant toute la journée du lendemain de la Saint-Jean et déjà les pires scénarios avaient fait leur chemin dans les esprits tordus du personnel de service : Alicia n’aurait pas eu le temps de sortir de l’église et aurait brûlé vive jusqu’au dernier os – on estima la jeune femme trop hargneuse pour se laisser mourir si bêtement -, son carrosse aurait été conduit par un malfrat qui l’aurait enlevée dans l’espoir d’une rançon – on estima à nouveau la veuve bien trop acrimonieuse pour ne pas crever les yeux du cocher -, la Comtesse aurait tout simplement décidé de quitter cette ville et ces fantômes afin d’offrir un meilleur avenir à son enfant…

Voilà un jour passé de quelques heures que l’église de Zetting avait été embrasée par les forces vengeresses de fantômes courroucés, que s’était déroulé sous les voutes le combat lumineux des Disciples du Père Marcus, qu’avaient résonnés les cris de frayeur et de fureur, qu’avaient résonnées les détonations et les explosions, la pluie de cadavres et d’éclats de vitraux colorés. L’apocalypse avait pris fin. Et en cette douce aube de fin juin le silence régnait en maître absolu. Le Grand Salon, encore drapé d’un voile d’ombre et déjà nuancé de pâles lueurs, semblait figé comme un tableau de maître. Le soleil se levait comme à son habitude, derrière des nuages gris pâle, sa lumière blême traversait les lourds rideaux et dévoilait enfin les tours et contours de la pièce et tous ses reliefs que la nuit avait tenus cachés. Il faisait frais mais pas froid. Tout ici respirait la légèreté. Au creux d’un sombre fauteuil de cuir se tenait immobile la Comtesse à demi allongée dans une sereine plénitude. Dans une robe vaporeuse faite de voiles bleus plus ou moins opaques, elle semblait partie intégrante de cette scène ou rien ne tranchait, ni trop grise ni trop bleue, juste pâle juste belle. Alicia tenait lové entre ses bras son fils aîné, la tête plaquée contre son sein. Le regard de la mère s’était perdu dans la contemplation du fils de son défunt mari, sa justice.

Le tableau muet, fixement uniforme dans toute sa perfection esthétique presque surnaturelle, reprit une dimension lourde et réelle lorsque le grincement nasillard de la poignée se fit entendre. Alicia ne quitta pas sa position, et ne souleva pas immédiatement les yeux pour voir l’intrus s’avancer vers elle. Elle savait parfaitement celui qui pouvait être levé si tôt avant tout le monde. Elle le savait et elle l’attendait…


Dernière édition par Alicia le Mar 6 Oct 2009 - 16:18, édité 1 fois
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Adrien D'Hasbauer
Mort(e)
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Adrien D'Hasbauer


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MessageSujet: Re: L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon   L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon Icon_minitimeMar 6 Oct 2009 - 14:54

Décidément, Forbach ne pouvait se passer d'agitation, ne serait-ce qu'une journée ! Après la folle nuit de « combat acharné » entre les Exorcistes et les fantômes peuplant l'Église et ses alentours, voilà qu'une nouvelle information mettait le château sans dessus dessous. En effet, Alicia semblait avoir disparu et pour beaucoup ils s'agissaient là d'une terrible nouvelle puisque l'héritier du Comte disparaissait avec elle. Bien sûr, des recherches avaient été lancés, les moyens terriblement conséquent avaient chamboulé la vie du château pendant une longue journée mais la Comtesse restait désespérément introuvable. Le plus intéressant dans tout cela restait indubitablement la réaction que chacun pouvait avoir face à cette événement, et il était plus que certains qu'un petit groupe de personnes espérait ne jamais la voir revenir, bien que cet espoir fut totalement vain et Adrien le savait. Il avait vu de ses yeux la Comtesse revenir au Château et ne l'avait pas vu en ressortir de quelques manières que ce soit. Si elle avait du quitter Forbach pour ne jamais y revenir, jamais elle ne l'aurait fait de manière furtive ou discrète. Elle était belle et bien là, mais avait décidée de ne pas se montrer, du moins pour un temps. Aussi avait-il délégué la recherche de la Comtesse, car il savait qu'elle réapparaîtrait lorsqu'elle le déciderait opportun, et s'il ne se trompait pas trop, il jugeait qu'elle reviendrait légèrement métamorphosée et surtout, accompagnée.

Pour lui, cette disparition n'était pas vraiment importante, mais il dut admettre qu'elle ne facilita pas son travail. Les requêtes affluaient par dizaines pour savoir s'il avait des nouvelles de la Comtesse, et il se contentait de répondre poliment que tous seraient mis au courant lorsque des informations complémentaires lui seraient parvenues. Une manière de reléguer le problème à beaucoup plus tard, du moins, suffisamment longtemps pour pouvoir travailler un peu malgré ce raffut. Il pensa à l'idée que prendrait bientôt fin cette mascarade et qu'il serait libéré de cette charge de travail étouffante. Ainsi, il pourrait profiter de sa famille et surtout, continuer les recherches de sa fille qui restait tout bonnement introuvable. Depuis tout ce temps, la seule chance qu'il avait de la retrouver vivante était le fait qu'elle ait été enlevée, et malgré la noirceur de cet espoir, il espérait. Car s'il pouvait enlever sa fille aux mains d'un ravisseur, il ne pouvait hélas pas l'enlever des mains de la mort elle-même, du moins, pas sans consentir un sacrifice. La journée c'était alors terminée comme presque toutes les autres, sans nouvelles d'Alicia, bien tard dans la soirée après une pile de dossiers soigneusement traités.

La nuit avait été courte, trop courte. Comme toutes les nuits de sommeil du Vicomte depuis bien trop longtemps. Elle avait heureusement été tranquille, dans les bras de sa bien-aimée, et il se sentait relativement d'attaque pour une nouvelle journée de responsabilités. Il prit le temps de s'habiller puis sortit en direction des cuisines où, comme d'habitude, il trouva la cuisinière préparant le petit-déjeuner, et lui demanda, comme tous les matins, de faire monter dès qu'un serviteur serait levé, le sien dans son bureau. Il prit quelques minutes pour discuter avec elle, comme d'habitude, parler du temps, de sa famille. Il lui demandait souvent aussi si elle désirait quelques améliorations, l'achat de nouveaux ustensiles, etc... Il la salua ensuite et continua son chemin. Lorsqu'il arriva dans le Grand Hall, il fut arrêté par un messager, qui venait visiblement d'arriver, lui délivrant une missive « de la plus haute importance ». Le Vicomte congédia avec remerciements le messager et lui indiqua les cuisines pour qu'il puisse se restaurer, après son voyage. La lettre portait le sceau du Conseil du Duché de Lorraine et devait être surement la réponse à la missive qu'avait envoyé Adrien suite à sa propre volonté de mettre un terme à son mandat d'administrateur du Comté de Forbach.


Citation :

Forbach, Mai 1628

Vicomte Adrien d'Hasbauer
Administrateur du Comté de Forbach
Au

Conseil du Duché de Lorraine


Honorables membres du Conseil, vous le savez, suite à la mort de mon cousin, le Comte de Forbach, vous m'avez confié l'administration du Comté de Forbach. C'était alors avec responsabilités et engagements que j'ai accepté cette charge et, je le pense, mené à bien cette tâche que vous m'aviez délivrée.

Cette responsabilité m'avait été dévolue en l'absence d'héritier direct de feu le Comte. Or, la Comtesse Alicia de Sarrebourg va dans quelques mois mettre au monde ce qu'il est convenable et parfaitement logique d'appeler l'héritier ou l'héritière de feu le Comte de Forbach. Ce qui remet donc en cause la décision tacite que le Conseil a pu prendre quelques mois auparavant.

Il est maintenant logique que ma charge de régent se termine. Je demande au Conseil de prendre les mesures qui s'imposent et d'ordonner la régence familiale par le biais de la Comtesse Alicia de Sarrebourg, le temps que l'héritier, ou l'héritière, légitime du Comté soit en mesure d'endosser les responsabilités qui seront siennes, c'est-à-dire, jusqu'à sa majorité.

Je tenais à préciser au Conseil que dans le cas où la régence familiale serait refusée, je devrais refuser également de continuer à administrer le Comté. Non pas que je désire me dérober à cette tâche, mais les évènements font que je ne serai pas en mesure de m'acquitter pleinement de mon rôle. Dans ce cas, je ne peux qu'espérer que le Conseil prendra les mesures qui s'imposent d'elles-mêmes.

Soyez assurés, Membres du Conseil, de mes salutations distinguées,

Vicomte Adrien d'Hasbauer.



Bien sûr, il n'avait fait par à personne de cette lettre. Olrun n'aurait sans doute pas compris ses motivations et l'aurait peut-être même condamné pour avoir renoncé au pouvoir, au risque de le remettre aux mains d'Alicia. Il avait songé à l'hypothèse de leur en faire part, mais il avait jugé qu'ils n'étaient pas prêt à comprendre ses actes. Aussi avait-il décidé de garder cela pour lui et de s'arranger pour que cela ait l'air d'un remplacement décidé directement par le Conseil plutôt qu'une démission pure et simple.

Il décacheta soigneusement la lettre et entreprit d'en découvrir le contenu. Comme il le pensait, la décision du Conseil était logique et, heureusement pour lui, respectait ses vœux et ne trahissait pas l'envoi d'une première missive. On pouvait tout à fait croire qu'il ne s'agissait que d'une seule lettre, arrivant suite aux récents évènements desquels le Conseil aurait été informé. Soulagé, il rangea la missive dans l'une de ses poches et continua sa route là où il l'avait laissée. Quelques minutes plus tard, il poussa l'une des portes du Grand Salon, par lequel il passait tous les jours pour ouvrir les rideaux avant de monter dans son bureau. Sa surprise fut entière lorsqu'il découvrit, perdue dans l'obscurité mourante, la silhouette d'une femme à demi-couchée dans un fauteuil. Il était généralement le seul noble debout à cette heure-ci et aucun serviteur ne se serait permis le luxe et l'audace de dormir dans cette pièce. Toutefois, son esprit logique revint rapidement à la charge lorsqu'il identifia la silhouette féminine ainsi que ce qu'elle tenait entre les bras. Comme il s'en doutait, Alicia était de retour et elle n'était pas seule... Abandonnant son idée d'ouvrir les rideaux, n'ayant pas envie de déranger le petit être, il continua sa route, ne s'arrêtant que pour saluer Alicia d'une révérence polie et silencieuse. Il se doutait qu'elle veuille lui parler, mais il ne espérait secrètement qu'elle ne le fasse pas, car si elle le faisait, il ne faisait aucun doute sur la teneur de la discussion et ce qu'il avait dans la poche n'arrangerait en rien, à son grand dam, la situation entre elle et lui.
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Alicia Loewenstein
Meneuse
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MessageSujet: Re: L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon   L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon Icon_minitimeMer 7 Oct 2009 - 0:19

L’homme intrus de ce tableau détruisit toute la magie de la scène. Du silence berçant la pièce ne resta que des distorsions disgracieuses rythmant le claquement sonore des pas du Vicomte sur le plancher. Le mouvement de ce corps pressé sembla entailler la parfaite constance figée du lieu à demi-endormi. Le déplacement du destructeur jusqu’à la Comtesse entraîna une circulation d’air qui vint faire voleter quelques fins cheveux de la jeune femme ainsi que quelques pendants de sa robe aérienne. Cette dernière ferma les paupières sur ses yeux encore empreints de l’image hirsute de la tache grossissante qu’avait formée le Vicomte à son approche. Elle assimila, non sans difficulté, les derniers échos martelant son esprit et le courant d’air brutal qui avait violé sa tranquillité. Elle rouvrit les yeux alors qu’Adrien repartait en direction d’une porte située derrière son fauteuil. Cet homme avait définitivement décidé de briser chaque instant bien heureux de sa vie… La dernière barrière non transgressée en cette matinée était celle de la parole. Et dieu sait que la voix grave d’Adrien lui était de moins en moins supportable. C’était la toute dernière et ridicule fibrille retenant un peu de magie à la scène de la mère à l’enfant… Autant la briser elle-même et entrer dans le vif du sujet au plus vite ! Alicia prit une grande inspiration et alors qu’elle entendit le cliquetis de la clef d'Adrien dans une serrure derrière elle, elle dit d’une voix calme et grave :

« Vicomte… Ne me fuyez pas… Vous savez parfaitement que ce dont je veux vous entretenir ne saurait souffrir la moindre attente. »

Alicia ne bougea pas. Elle attendit qu’Adrien s’installe avec son calme naturel en face d’elle sur un autre fauteuil. Elle supporta le grincement du cuir lorsqu’il s’installa, puis fit remonter son regard de ses pieds à ses yeux avec lenteur. Le bilan de cette rapide analyse était évident et prévisible : Cet homme respirait toujours le vice et la fausseté. Le paroxysme était en ses yeux d’une suffisance sans nom, d’une arrogance à peine soutenable, d’une hypocrisie doucereuse qui aurait pu donner des migraines ou des nausées à Alicia encore plus fortes que celles de sa grossesse. Elle l’abhorrait du plus profond de son être jusqu’à la dernière pointe de ses cils qui encadraient au garde-à-vous ses iris émeraudes, escortes circulaires de pupilles tenant fixement à portée l’ennemi ciblé. Elle aurait voulu profiter de ce contact frontal, de cet échange intense de regards pour l’envoûter. Tout comme elle l’avait déjà fait avec Louis Institoris. Pénétrer l’entre arrondie et obscure de ses pupilles, glisser le long de ses pensées pour trouver la porte de son esprit, fracturer la serrure et parasiter le système de façon à lui assurer comme acquis la vertu curative de la belladone. Bien entendu Adrien était un sorcier de haut niveau… Probablement l’un des plus grands du Comté… Mais qui aurait pu rivaliser contre la Meneuse du Lys Noir ? Alicia avait toujours eu ancré en elle ce sentiment grisant d’invincibilité.

« Je vous présente Amaël, mon fils aîné. Ne parlez pas trop fort, il dort encore. Au nom des lois de succession fixées depuis des décennies en ce duché de Lorraine vous vous doutez bien que je compte prendre la régence de ce comté jusqu’à majorité de l’héritier de feu votre cousin, mon défunt mari, le Comte de Forbach. J’espère ne pas trop vous heurter, ma démarche est des plus légales et je l’estime être d’une justice… divine. »

Alicia ne souriait pas, elle affichait simplement cette expression suffisante, presque satisfaite, qui ne passait que par ce regard si caractéristique. C’était en ces instants, où la roue de la fortune tournait et où elle reprenait les pleins pouvoirs, qu’Alicia se sentait la plus invincible, la plus puissante, la plus elle-même. La Meneuse se voyait déjà dans le bureau de son mari, tenant la plume qu’il avait précédemment tenu. Il lui manquait.
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MessageSujet: Re: L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon   L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon Icon_minitimeMer 7 Oct 2009 - 23:04

Pourquoi avait-il fallu qu'elle veuille parler de cela ? Car il ne pouvait que s'agir de cela... Et sa phrase ne laissait planer aucun doute sur ses intentions. Pourtant elle aurait du savoir qu'il était le premier à respecter les lois de succession et lui aurait volontiers laissé le Comté si le Conseil n'en avait pas décidé autrement pour elle. Toutefois, il savait qu'elle n'était plus que l'ombre de la femme qu'elle fut jadis et ce depuis qu'il lui avait annoncé qu'il refusait de se joindre à elle et aux rangs du Lys Noir simplement parce qu'il n'y trouvait aucune raison valable de le faire. Lys Noir... Olrun... Cela ne faisait aucune différence pour lui et, dans l'adversité, il n'y aurait du avoir qu'un seul clan de sorcières pour faire face à l'Inquisition. Mais au lieu de cela, ils se retrouvaient tous pris en tenaille par deux adversaires, l'un visible et l'autre beaucoup plus discret. Et cela, n'était pas vraiment une situation des plus appréciables. Sans compter que certains, comme Adrien, possédaient également des responsabilités politiques qui rendaient la situation encore plus inextricable. Il ne l'avait jamais dit, mais il tenait un peu Olrun et le Lys responsable de ce qui était arrivé à sa fille, et c'était notamment pour cela qu'il avait renoncé à l'administration de Forbach sans en parler à Olrun. Il était hors de question qu'il soit le pantin d'un clan pour que ce dernier ait l'impression d'avoir un avantage sur l'autre. Mais bien sûr cela, personne ne le saurait... Enfin pas tant qu'il serait en vie.

Un peu perdu dans ses pensées, il se dirigea néanmoins calmement vers le fauteuil le plus proche d'Alicia. Il s'y installa posément et releva la tête jusqu'à ce que ses yeux vert d'eau rencontrent les prunelles de la Comtesse. Étrangement, il devait admettre qu'elle ne manquait pas de beauté et de féminité en cet instant, et si la situation n'avait pas été ce qu'elle avait été, il aurait peut-être trouvé le tableau plus touchant. Néanmoins, il n'était pas dupe et savait pertinemment ce que pensais la Comtesse à son sujet et il était encore étonné qu'elle daigne encore lui parler alors qu'il savait qu'elle n'accepterait pas ce qu'il puisse dire, puisse cela être la vérité nue. Elle trouverait toujours un moyen de crier au mensonge et à l'infamie, prétextant qu'il faisait tout pour lui nuire alors qu'en faite, il n'avait toujours voulu que l'aider. Mais cela elle ne le réaliserait peut-être jamais, et peut-être était-ce mieux ainsi, il n'aurait su le dire. Enfin quand elle lui avoua revendiquer la régence du Comté jusqu'à la majorité de l'héritier de feu le Comte, il ne réagit pas. Son esprit était déjà en proie à une terrible ébullition concernant la manière dont il allait lui annoncer la déplaisante nouvelle. Pour elle bien entendu, car pour lui c'était une libération. Ainsi, de sa voix la plus calme et la plus douce pour ne pas réveiller l'enfant, il répondit :

« - Mes félicitations pour vous enfants Comtesse, l'avènement de la vie en ces périodes sombres et tristes remplit mon cœur d'une joie que je n'aurai cru encore possible. Et concernant votre démarche, je connais les lois aussi bien, sinon mieux que vous, et je sais qu'elle est parfaitement justifiée et légale. »

Il hésita un instant, se demandant comment il devait continuer. Puis il soupira légèrement et sorti la lettre de sa poche avant de la tendre vers Alicia avant de reprendre :

« - Néanmoins, il semblerait que nous ne soyons pas les seuls au courant de cette nouvelle et que les décisions adéquates concernant Forbach ait déjà été prises à ce sujet, comme vous pourrez le lire dans cette lettre que j'ai reçue ce matin même. »

Il regardait Alicia car il savait qu'elle allait forcément mal réagir. Elle tenait ses enfants comme une victoire et surtout le retour au pouvoir et voilà que le Conseil sapait son espoir et mettait un parfait inconnu à la tête de Forbach. Il priait néanmoins pour qu'elle ait un peu de lucidité et ne s'emporte pas outre mesure, se réjouissant du fait qu'Adrien soit évincé. Elle penserait avoir ainsi gagné une victoire et ne serait pas trop affectée par la nouvelle...Toutefois, il en doutait sérieusement.
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Alicia Loewenstein
Meneuse
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MessageSujet: Re: L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon   L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon Icon_minitimeJeu 8 Oct 2009 - 22:12

Adrien était ce type d’homme insupportable qui se devait à tous prix d’avoir le dernier mot ! Il devait gagner la manche, il devait avoir un coup d’avance, ne jamais être indisposé par quelque situation que ce fut. Il était l’orgueil même du noble se devant d’affirmer sa place dans la cour en faisant montre de toute sa supériorité, de tout son contrôle. Il se disait proche de l’homme mais par ses actes s’en éloignait… Nulle passion indécente, nul regard déplaisant, nulle politesse égarée, nul mot blessant… ah mais si bien entendu ! Alicia n’oublierai jamais les paroles du vicomte. L’homme source de la période la plus sombre de sa vie. S’il n’avait pas tiré la balle de plomb – et Alicia l’en suspectait davantage à chaque respiration audible de l’ennemi – il l’avait à coup sûr enfoncée dans l’âme de la sorcière. Non, la Veuve de Sarrebourg entendait encore les accusassions d’Adrien la rendant responsable de la mort de la seule personne qu’elle ait aimé au point de vouloir mourir à sa place. C’est ce jour-là même qu’elle l’avait mis en garde contre la moindre pierre lancée en sa direction à l’avenir. Ce jour-là qu’il l’avait définitivement éloignée de lui. Jamais aucun être ne l’avait autant déçu. Jamais aucun être ne l’avait autant blessée.

Lorsque le Vicomte accompagna la missive d’un « Néanmoins » la vie fut suspendue dans sa course. Progressivement tout se ralentit, les sons s’atténuèrent et Alicia n’observait qu’à peine le mouvement des lèvres du vicomte, hypnotisée par ce courrier nommé « néanmoins ». Ce mot résonnait dans sa tête à lui en donner la migraine. Alors que tout s’était figé autour d’elle la jeune femme saisit le papier de la main qui ne portait pas l’enfant. Elle prit sa respiration et se plongea dans sa lecture tout en conservant un masque conventionnel de neutralité absolue.


Citation :
Metz, Juin 1628

Président du Conseil du Duché de Lorraine
au nom des membres du Conseil et de Charles IV



À l’intention du


Vicomte Adrien d’Hasbauer


Respectable Vicomte,

Le Conseil est au fait des mouvements du brumeux comté de Forbach que nous surveillons de tous nos yeux et de toute notre Raison. Nous avons conscience des complexes et obscures énergies qui y sévissent depuis des années et nous admirons sincèrement la force et le courage avec lesquels vous avez repris le flambeau de votre cousin dans l’adversité. Nous savons quelles épreuves personnelles vous avez à affronter et tous prient pour que vous retrouviez votre fille au plus vite.

L’arrivée d’un héritier légitime du Comte de Forbach remet bien entendu en cause le mandat que nous avions ordonné. Cependant, après délibérations, le Conseil du Duché de Lorraine ne considère pas immaculée l’intégrité émotionnelle de la Comtesse Alicia de Sarrebourg si tôt après la sanglante disparition de feu son mari le Comte de Forbach. Aussi, considérant la difficulté de votre conjoncture actuelle, le Conseil, au nom du Duc de Lorraine Charles IV, enverra d’ici peu un tiers afin d’administrer le comté de Forbach jusqu’à la majorité de l’héritier de feu le Comte.

La candidature finalement retenue pour le poste d’administrateur temporaire de Forbach est celle du noble Lorenzo Matteo Maestriani Comte de Nicosie. Nous comptons naturellement sur vous pour intégrer le Comte au mieux dans ses nouvelles fonctions dès son arrivée qui devrait survenir après quelques voyages diplomatiques d’ici quelques semaines. Nous vous souhaitons bon courage jusque là dans vos derniers jours d’administration à Forbach et dans vos quêtes personnelles.


Je vous prie d’agréer, Monsieur le Vicomte, l’expression de notre très haute considération.


Président du Conseil du Duché de Lorraine,
Pierre Lagarde

"Néant"... "Moins"... Triste mais parfait résumé... Son empire était-il voué aux ruines à chaque nouvelle aurore bleutée ? Le beau temps n’était-il finalement qu’un sursis accordé par la tempête ? Une nouvelle forêt de cimes obscures pousserait-elle toujours entre ses prunelles et la Lune ? Etait-ce un signe ? Devrait-elle tout abandonner ? Arrêter de reconstruire des châteaux que le vent décimerait… Peut-être qu’elle était punie par les dieux, encore une fois, pour tout le mal qu’elle avait commis. Ses pupilles se noyaient dans ce flot d’encre insensé. Les méchants étaient loués, les bons étaient insultés. Ne s’était-elle pas trompée de monde ? La justice ne semblait pas vouloir prendre sa direction. Son âme était-elle si noire ? Elle était bien sûr consciente d’avoir fait du mal, de ne pas avoir usé des meilleures méthodes, mais toujours pour l’honneur, le bien, la vérité ! Non l’être à punir n’était pas elle !

Le cœur d’Alicia battait vite. Elle ne laissa rien transparaître mais la longueur de sa lecture pouvait en dire assez à Adrien sur son état de choc. Elle eut envie de tout brûler, de tout noyer ! De crier à jamais, de ne plus jamais parler… Son esprit s’obscurcissait et s’engourdissait. L’espoir n’était il que cette lueur plane à l’horizon qui reculait toute la journée de la vie et qui périssait dans une virginité sépulcrale pour toute la nuit de l’éternité ? Au milieu des battements anarchiques dans sa poitrine elle sentit un autre rythme, plus calme et constant comme un repère, un phare, une terre ou se poser. Elle rendit la lettre au vicomte d’un geste gracieux et calme pour reposer sa main sur la petite tête d’Amaël endormi. C’était son cœur qu’elle sentait battre avec le sien. C’était son âme la lumière qui l’irradiait aujourd’hui et jusqu’à la fin de ses jours. Il était l’espoir fou déjà accompli, il était la quintessence de cette lumière inatteignable à l’horizon. C’est avec lui et par sa lumière que même à travers la nuit Alicia continuerait à marcher droit vers l’Espoir inassouvi. Il était sa force… Alicia soupira en souriant à son bébé avant de replonger son regard toujours impassible dans les iris ternes du Vicomte pour continuer à demi-voix.


« C’est tout à fait inacceptable. C’est une insulte et je m’assurerai d’obtenir des excuses de la part de chaque membre de ce conseil déliquescent ainsi que du Duc lui-même qui est un ami de longue date. Je n’aurai évidemment aucun pouvoir sur leur décision qui appartient déjà au Passé, mais croyez-moi j’ai tous pouvoirs sur le Futur or c’est bel et bien en le Futur que réside le Pouvoir… »

Alicia n’était plus en colère, la lumière ne brillerait pas demain certes, mais elle le savait, elle brillerait pour elle et les siens, et lorsqu’elle se mettrait à éclater… elle serait le plus merveilleux soleil à son zénith ! Elle n’avait qu’à attendre sagement et préparer dès à présent la course du soleil. Elle ne dirigerait pas elle-même, elle en était bien consciente, elle avait déjà un pied dans le Passé. Mais cet être séraphique lové tout contre elle, lui, appartenait tout au Futur. Son sang, déjà, courrait vers l’éternité…

« Votre rôle dans cette histoire reste occulté. Mais je suis intimement persuadée que vous êtes à la source de tout ça. Inutile de confirmer ou infirmer, depuis longtemps votre parole n’est qu’un râle animal à mes oreilles. Je le sais… Préparez-vous à être lourdement puni. Pas par moi, du moins pas tout de suite par moi. Je sens que la suite des évènements vous réserve quelque tragédie digne des plus grandes œuvres antiques. »

Oui c’était bel et bien en le Futur qu’était le Pouvoir, tout comme la vengeance… Il eut été inutile d’hausser le ton : le mal avait été fait et Adrien n’était pas un être humain à raisonner, il n’était en vérité pas raisonnable, même pas humain au fond…

« Je vous remercie d’avoir pris le temps de m’écouter et de m’avoir informée du prochain tournant politique de ce comté. J’estime vous avoir pris suffisamment de temps et vous avoir assez vu. Bonne journée. »

Alicia ne se leva pas. Sa tête se retourna tout bonnement vers son fils pour que le tableau retrouve sa perfection originelle, figée et muette, dès qu’Adrien serait sorti du cadre…
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Adrien D'Hasbauer
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Adrien D'Hasbauer


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MessageSujet: Re: L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon   L'Espoir ne brille qu'à l'Horizon Icon_minitimeJeu 8 Oct 2009 - 22:52

Comment n'était-il pas possible de prédire ce qui allait se passer ? Ne connaissait-il pas suffisamment Alicia pour connaître à l'avance comment allait se jouer sa réaction ? Pourquoi n'avait-il pas ignoré la requête de la Comtesse et passé son chemin ? Pourquoi avait-il fallu qu'il prenne un jour les rennes de ce Comté ? … La réponse, bien sûr, le Vicomte ne l'avait pas, et il était même certain qu'il n'y en avait pas, si ce n'est que les choses se passaient ainsi et qu'ils n'étaient tous que des dents sur les immenses engrenages du temps qui s'enchainaient les uns les autres, suspendant parfois leur rotation le temps qu'un grain de sable dérangeant ne soit extrait de leur marche inexorable. Pourtant, devant le silence étendant son emprise sur la scène, il ne pouvait s'imaginer ailleurs qu'en cet endroit. A vrai dire, il aurait préféré mille fois qu'elle apprenne la nouvelle comme tous les autres, lors de l'arrivée de son successeur, ce fameux Comte Lorenzo Maestriani. Il n'en avait d'ailleurs jamais parlé et cela n'avait rien d'étonnant si l'on considérait son nom qui faisait surement référence à une origine italienne. Il n'était pas rare que des nobles étrangers viennent en France pour une raison ou pour une autre, mais il fut très surprenant qu'un noble étrange se voit confier la régence d'un Comté. Cet homme devait être indubitablement apprécié à la Cour pour se voir offrir une telle responsabilité, ou alors, il devait avoir un jeu de relations très important et bien entretenu. Un cas comme dans l'autre, Adrien ne songeait plus qu'à une chose, terminer cette mascarade de discussion, pour commencer les préparatifs de la « succession ».

Vinrent enfin les mots, ce flot de bile, de venin tout bonnement digne de mauvaise foi. Mais il la comprenait, et il acceptait n'importe lequel de ces mots qu'elle jetait à son encontre comme une tempête jette un navire contre les écueils d'une côte dangereuse. Rien ne l'entamait et il l'écoutait sans ciller. Il ne broncha même pas lorsqu'elle évoqua une possible implication, et ne réagit même pas à ses mauvaises augures à son encontre. Voilà longtemps qu'il était préparé à mourir, que ce soit de la main de la nature, d'une sorcière ou bien de l'Inquisition, et c'était d'ailleurs pour cela qu'il avait toujours vécu selon des principes qui n'avaient jamais changés. Il avait toujours cru en l'Homme, même désespérément et malgré toutes les déceptions qu'il avait subi, il avait tenu, contre vents et marées. Elle le congédia enfin, tournant toute son attention à son fils. Il se releva donc et reprit la direction de la porte devant laquelle il s'était arrêté la dernière fois. Avant d'y arriver, il rajouta néanmoins.


« Obtenez les excuses de toutes les personnes que vous voulez Alicia, vous avez même les miennes bien qu'elles ne vous intéressent pas le moins du monde. J'aurai été le premier à souhaiter cette régence familiale suite à la naissance de votre fils, car il est plus que temps qu'on me débarrasse de ce fardeau dont je n'ai cure. »

La clef avait été tournée dans la serrure et la porte était ouverte. Avant d'y disparaître, il rajouta néanmoins :

« Quant à la tragédie antique que vous me prédisez, et bien soit, je l'accepte sans ciller si elle doit se présenter à moi. Après tout on n'obtient que ce que l'on mérite, n'est-ce pas ? Au revoir, Comtesse, puisse l'avenir vous sourire ne serait-ce qu'un jour et briller pour Amaël. C'est tout ce que je peux vous souhaiter.»

Puis la porte se referma délicatement, laissant Alicia dans son rêve contemplatif. Il ne lui restait plus que cela, c'était bien dommage.
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