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 Le Jour face à la Nuit

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Lorenzo Maestriani
Mort(e)
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MessageSujet: Le Jour face à la Nuit   Le Jour face à la Nuit Icon_minitimeJeu 28 Jan 2010 - 0:04

Son arrivée à Forbach avait été un coup magistralement joué, orchestré à la perfection, et ce jusqu'à la dernière et ultime note finale. Même si le Vicomte avait été largement sur joué, Lorenzo savait que cet homme avait encore à faire dans cette histoire et il fallait en faire un atout de choix, un atout d'autant plus fort que le seul point noir à la réussite totale du Comte de Nicosie était sa propre fille. Tout cela n'avait que trop traîné et il était arrivé bien après « l'Oracle », bien après cette fille qui s'était chargée de mettre la ville dans sa poche en s'occupant de cette soit-disant histoire d'esprits qui hantaient la ville. Voilà ce qui avait jeté une ombre – de taille soit dit en passant – sur le tableau de l'avènement de Lorenzo Maestriani à Forbach. Un tableau somme toute magnifique hormis cette petite fille d'une blancheur à l'apparence immaculée qui semblait faire face au démoniaque Comte prenant le pouvoir. Pour qui se prenait-elle ? Le messie en personne ? Peut-être même plus que le Messie... Car en si peu de temps, elle avait réussi à convaincre plus de fidèles que ce dernier. Elle avait le peuple dans la poche pour l'instant, mais si Dieu et le Diable existaient, ils savaient tous les deux que Lorenzo n'avait pas dit son dernier mot, et lorsque ce serait le cas, la messe serait dite et l'Oracle ne serait plus qu'un mauvais souvenir autant pour lui, que pour tous les autres. Au final, elle n'aura été qu'un brûlot de paille sur son chemin, un tas de paille gênant auquel on met le feu et que l'on regarde brûler avant de l'enjamber et de continuer sa route vers sa destination.

Néanmoins, il lui fallait trouver de quoi la contrer, de quoi lui montrer qu'elle n'aurait pas la vie facile. Non, elle n'était la maîtresse de rien ici, et il allait la remettre à sa place. Elle avait le peuple ? Peut-être bien, mais pas pour longtemps, et ce qu'elle négligeait grandement, c'était le fait qu'une seule personne possédait le pouvoir à Forbach, lui, et que de toutes les personnes ici, s'il avait fallu se mettre une personne de son côté, elle venait de la rater... Dommage n'est-ce pas ? Il avait dépêché des hommes sur cette affaire, récolter des informations, trouver des traces, espionner. Les informations étaient intéressantes mais inutiles. Au fur et à mesure qu'il observait les lettres racontant les faits notoires, les discussions extorquées, les racontars interceptés, qu'il observait les itinéraires pris, les personnes rencontrées, il se demandait bien qu'elle pouvait être le but de cette... chose. Il se leva de son bureau, dans sa chambre, les mains tenant encore des lettres et des notes de ses hommes. Il parcourut la pièce de long en large scrutant chaque mot, chaque lettre, chaque virgule, certain de pouvoir y trouver la solution, la faille qu'il lui ferait comprendre la clef de tout ceci, et finalement l'œuvre toute entière. Puis, son regard se posa machinalement sur son miroir. Il s'observa un instant, se regardant lui-même – chef d'œuvre d'une beauté sans autre nom que le sien – tenant ces bouts de papier risibles. Puis il ferma les yeux quelques secondes et la vérité lui apparu. Elle était là, émergeant des ténèbres. Comment avait-il pu passer à côté de ça ?! Il regarda une nouvelle fois les bouts de papier – qui maintenant ne lui servaient plus à rien – et sortit de sa chambre avant d'éperonner un garde et lui ordonner d'aller chercher l'Oracle. De la convoquer de force, même s'il devait la traîner jusqu'à lui. Le Grand Salon serait parfait pour cela, l'horaire aussi.

Et voilà où il se trouvait à présent, dans le Grand Salon de ce château qui était maintenant le sien. Il avait plongé la grande pièce dans l'obscurité, tirant les rideaux les uns après les autres, sauf un, le dernier, qui protégeait la fenêtre faisant face au crépuscule tombant sur la ville. La pièce, sombre, était éclairée d'une lueur orangée dans laquelle le Comte brillait d'une lueur sombre. Elle viendrait, il le savait, car elle devait le convaincre, et elle n'aimerait pas du tout se faire convoquer de la sorte. Elle serait furieuse, mais servile. Et lorsqu'elle comprendrait, il se délecterait avec passion de la situation. D'ailleurs en parlant du loup... La voilà, jonchée de deux gardes, indéfectiblement les siens. Elle serait bientôt dans la pièce, comme une petite chèvre perdue dans une pièce avec un grand méchant loup. Au terme de cette discussion, elle comprendrait qu'elle ne parviendrait jamais à ses fins, quelles qu'elles puissent être, et qu'ici, à Forbach, il n'y avait qu'un seul maître d'orchestre, et celui-ci, se tenait dans la lumière du jour mourant, son ombre grandissant dans la pièce, telle son emprise sur la ville et ses habitants. Une ombre qui ne cesserait de grandir, jusqu'à consumer la ville dans les ténèbres, ses ténèbres.
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L'Oracle
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MessageSujet: Re: Le Jour face à la Nuit   Le Jour face à la Nuit Icon_minitimeJeu 28 Jan 2010 - 1:47

Ce soir là le claquement des pas de l’Oracle sur le sol était plus lourd, les deux soldats se pressaient davantage pour la suivre, elle était irritée. Ils arrivèrent devant la porte du Grand Salon, l’Oracle fit signe à ses deux gardes personnels de se positionner de chaque côté de la porte. Elle avait très moyennement confiance en ce qui allait se dérouler au cours de cet entretien. Un entretien qu’elle n’avait pas choisi ! En effet c’était le Comte qui l’avait faite demander. Un garde était venu la quérir au nom du Comte de Nicosie, au Grand Salon, immédiatement. L’Oracle était alors en ville et était restée en état de choc face au garde. « Madame, je vous supplie de me suivre, le Comte ne désire pas attendre et m’a chargé d’employer la force si vous ne vouliez pas venir sur le champ. », ce à quoi elle répondit sèchement « Inutile d’insister, ouvrez-moi la voie ! ». Ainsi, elle sur son poulain blanc, accompagnée de ses deux gardes personnels et du garde de Lorenzo, traversa la foule pour se diriger vers le château à toute vitesse.

Elle devait de toute façon le rencontrer lui aussi sous peu. Mais elle n’aimait pas qu’on la devance. C’était une marque d’arrogance qu’elle ne pouvait souffrir. Ca ne présageait rien de bon pour cette première rencontre avec Lorenzo Maestriani. Sa façon de faire en la convoquant ainsi ressemblait bien à ses méthodes de macho goujat, à en croire les mémoires de serviteurs à la fois apeurés et agacés par son nom. Aussi incroyable que cela puisse paraître l’Oracle ne l’avait encore jamais véritablement vu. Il était arrivé alors qu’elle était en train d’exorciser un quartier de la ville. Elle ne l’avait par la suite jamais croisé ou légèrement entrevu de dos. Se pourrait-il qu’il l’ait évitée ? La chose s’était déjà vue à plusieurs reprises dans la population cachotière. Pourtant rares étaient ceux qui avaient regretté un entretien avec elle. Arrivée au château elle avait fait un signe injonctif au garde de Lorenzo pour qu’il ne la suive pas. L’annoncer lui-même aurait pu indiquer une plausible résistance préalable de l’Oracle. Il ne le fallait pas.

Elle pénétra dans le Grand Salon et fut surprise de l’étrange mise en scène. La plupart des rideaux couvraient les fenêtres alors que les derniers et puissants rayons du soleil irradiaient encore. Une fenêtre était cependant laissée découverte offrant une large source lumineuse. Juste devant elle se trouvait un homme dans un fauteuil, dos à la fenêtre, rendu totalement noir par le contre-jour. L’Oracle avança sans peur et sans reproche du canapé lui faisant face. S’y installant elle put apercevoir quelques traits du visage de Lorenzo, malheureusement ses yeux étaient plongés dans la pénombre la plus imprenable qui soit. Il lui était impossible en ces conditions d’avoir un échange de regards frontaux et donc une chance de lire le passé du Comte étranger si craint. Elle se taisait car il ne parlait pas, car il était maître en ces lieux, car il l’avait faite demander par un homme de main, car elle ne devait pas lui donner un coup d’avance. Elle l’observait sagement, fixant l’emplacement imaginable de ses yeux. Aucune trace de colère n’était visible, ce corps n’était pas le sien et elle le maîtrisait avec une distance réflexive impressionnante.

Quoi que veuille cet homme, il devrait faire face à ce qu’il n’attendait pas. Il pouvait la convoquer en un claquement de doigt mais il ne pourrait pas la révoquer aussi rapidement. Elle n’était pas comme les habitants de Forbach, elle ne le craignait pas.
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Lorenzo Maestriani
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MessageSujet: Re: Le Jour face à la Nuit   Le Jour face à la Nuit Icon_minitimeSam 6 Fév 2010 - 1:12

La voir arriver dans le Grand Salon avait quelque chose d’absolument grisant, peut-être même probablement jouissif. Ce n’était en rien ce qu’elle pouvait montrer – hélas il s’était fait à l’idée qu’une telle personne puisse garder son sang-froid en toute circonstance, même s’il aurait voulu lire la colère sur son visage –, ni même sa beauté – bien que la fille d’Adrien promettait d’être une magnifique jeune femme dans un avenir proche -, mais plutôt tout ce qu’il pouvait deviner caché au fond d’elle, car elle avait beau jouer le coup du masque impénétrable, il se doutait bien qu’elle n’était pas restée aussi indifférente à sa convocation qui sonnait bel et bien comme une provocation. Elle n’était pas ici pour une discussion amicale autour d’un verre. Lorenzo l’avait convoquée pour lui faire comprendre une chose, c’était lui le maître à Forbach, quoiqu’elle puisse utiliser contre la populace pour s’octroyer un minimum – illusoire – de pouvoir. Lui non plus ne la craignait plus maintenant qu’il voyait clair dans son jeu, et si elle ne le craignait pas, elle allait doucement comprendre qu’il faudrait compter avec lui, mais uniquement en tant qu’adversaire. Elle ne pourrait rien lui apporter de bon, et – bien au contraire – elle risquait sérieusement de gâcher la plupart de ses plans. Une chose était claire, elle ne serait pas le bâton qui fait exploser la roue, mais bel et bien le petit insecte inopportun que l’on écrase négligemment du pied pour continuer sa route. Et elle allait le comprendre maintenant.

Alors qu’elle s’installait en face de lui, sans un mot, il la contemplait depuis son propre fauteuil. A contrejour, son visage était masqué par l’ombre de son propre corps, et si on pouvait en distinguer les contours, le reste demeurait parfaitement invisible à l’Oracle. Même son rictus, qui ourlait si délicatement son visage dans une jubilation silencieuse et perverse lui échappait – ce qui était grandement dommage d’ailleurs – mais il devait y avoir quelques compensations à payer pour demeurer en position de force. Il écouta encore un peu – mais avec énormément de plaisir – le silence qui les entourait tous les deux. Bientôt viendrait le premier coup d’une longue partie d’échec, mais il savait qu’il finirait par en sortir vainqueur, quoique puissent être les coups de cette gamine.


« - Alors, dites moi… Oh, comment dois-je vous appeler déjà ? « Oracle » ? Ou peut-être « Manipulation » ? « Tromperie » ? Je crains ne pas encore avoir vraiment compris si vous étiez là pour détenir une vérité ou pour servir vos intérêts… »

Sa voix avait résonné comme un coup de tonnerre, grondant dans l’immensité de la salle, dans une impériosité magistrale. Il reprit sans laisser de blanc.

« - Enfin passons ce genre de détails inutiles, nous n’en avons guère besoin. Mais dites-moi, très chère, qu’est-ce que l’on ressent lorsque l’on perd sa principale arme contre les gens ? Qu’est-ce que ça déclenche chez quelqu’un comme vous, quel sentiment, quelle réaction, de voir que finalement sans son pathétique tour de passe-passe, on n’est plus rien. »

Il s’arrêta, sembla pensif – même si c’était assez difficile à deviner – et reprit :

« - Enfin je doute que vous soyez capable de ressentir quoique ce soit… Vous avez beau vivre dans cette enveloppe humaine et faire semblant que vous partagez la peine de ces pauvres imbéciles, je ne suis pas dupe, vous n’avez rien en commun avec nous. A l’extrême rigueur, je dirai simplement que nous partageons un point commun, une logique implacable et calculatrice destinée à l’aboutissement d’un but que nous nous sommes fixés. Hélas, votre but ne semble pas aller dans le sens du mien. »

Lorenzo n’avait pas bougé, mais observait méthodiquement son interlocutrice. Il voulait quand même voir si elle finirait par réagir mais n’en espérait pas tant…
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L'Oracle
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MessageSujet: Re: Le Jour face à la Nuit   Le Jour face à la Nuit Icon_minitimeSam 6 Fév 2010 - 13:21

La lumière roulait sur le contour de son visage, cela indiquait on ne peut plus clairement qu’une expression s’articulait sur sa face sombre. Peut-être était-ce une moue de dégoût, un regard de jugement, un sourire narquois… Difficile à dire dans tant d’obscurité. La lumière concentrée autour de ce corps noir lui faisait une aura éblouissante rétractant totalement les pupilles d’Alexandrine contre le gré de l’Oracle qui tenta de maîtriser ce paramètre corporel sans y parvenir. Elle restait aveugle des iris du Comte. Elle ne pouvait qu’imaginer ses réactions et de ce qu’elle avait pu lire dans les mémoires des autres habitants, elle pouvait bien se faire une petite idée de l’arrogance qu’il dissimulait de ténèbres. Les premiers mots qu’il daigna lui adresser commencèrent dans une formulation conventionnelle pour se continuer dans un registre plus insultant. L’Oracle analysait chaque mot, elle n’avait pas le regard sur son passé, mais elle conservait pour elle son analyse.

Commencer par « Alors » indiquait bien une position dominatrice de la situation, comme s’il avait lu tous les dossiers et qu’il s’apprêtait à présent à en faire le rapport ultime grâce au témoignage de l’Oracle. Continuer par « dîtes-moi » apparemment simple et conventionnel, prouvait une marque de l’impératif déjà soupçonnée en lui par l’Oracle, ce qui aurait pu paraître une formule courante d’intérêt profond se changeait rapidement en ordre. L’hésitation semblait parfaitement contrôlée pour mener à la première salve de questions rhétoriques et d’interrogations sans attente de réponse puisque sans silence ouvert. Il continuait sur la même lancée, probablement pour ne pas perdre la première main et son assurance. Cet homme était plus fragile et moins sage qu’il ne voulait le paraître. Il n’était pas là pour jouer – contrairement à ce qu’il devait penser lui-même pour se rassurer – mais pour gagner – comme il devait l’entrevoir inconsciemment.

Il enchaînait immédiatement sur la privation de don de l’Oracle en balayant ses premières questions comme des « détails ». C’était une manœuvre plutôt malhabile de jeune insouciant… On ne pouvait décemment pas invoquer des éléments de provocation sans attendre de réponse digne de ce nom du principal accusé, à moins qu’on ait conscience de ses propres lacunes oratoires, réflexives ou philosophiques, ou à moins que ce fut cette réponse à une provocation apparemment faible qui soit un piège dans lequel l’Oracle comptait de toute façon tomber à pieds joints, elle se savait capable d’en brûler les filets. Lorenzo Maestriani se permit sa première pause. Ce n’était en rien une invitation à la prise de parole, il n’avait probablement pas terminé son discours, il eut été impoli de l’interrompre. L’Oracle garda le silence.

Il entreprit alors une seconde charge quant aux sentiments de l’Oracle. Il qualifia les habitants d’imbéciles et sembla s’inclure à la masse par l’emploi de la première personne du pluriel. Maladroit. Le second « nous » l’approchait d’elle cette fois-ci. Il semblait somme toute avoir le discours correspondant parfaitement à l’image que les autres se faisaient de lui : mépris des gens, assurance sans fin, machiavélisme orgueilleux… L’Oracle immobile aventura un doigt à s’entortiller autour d’une mèche afin de la remettre en place derrière son oreille. Elle sourit poliment puis commença :


« Un grand homme du siècle dernier, Léonard De Vinci, dit une vérité éternelle : les détails font la perfection mais la perfection n’est pas un détail. Et bien que notre passage en votre monde soit d’une certaine brièveté, nous nous permettons d’enrichir notre esprit en respectant ce genre de doctrine. Aussi les détails inutiles que vous avez presqu’innocemment cités sont pour nous fragments de perfection. C’est pourquoi nous allons nous permettre de répondre à vos questions sans attente de réponse qui risquerait sans cela de se perdre dans l’océan de votre assurance. L’Oracle sourit plus franchement. Vous pouvez nous appeler « Oracle », puisque c’est le nom que les… comment déjà ? Ah oui « pauvres imbéciles », nous ont donné.

Nous ne sommes pas là pour détenir une vérité, nous ne sommes pas là pour servir nos intérêts, nous sommes là pour accomplir la mission qui nous a été donnée : bouter le Mal hors de Forbach.
Elle se pencha davantage vers l’homme obscur, un sourire aux lèvres. Auriez-vous, Comte de Nicosie, le moindre problème contre cette mission ? Vous sentiriez-vous menacé par nous-même ? Peut-être notre pouvoir surpassant le vôtre vous méfiez-vous en vous terrant dans l’obscurité ? Peut-être craignez-vous que quelqu’un puisse lire votre Passé ? Vous savez, un homme n’assumant pas sa Mémoire est une ombre diaphane de lui-même… Mais rassurez-vous. Le don qui nous a été confié par le Tout Puissant n’est pas le seul et c’est bien l’esprit logique dont vous nous parlez qui nous aidera le mieux dans notre quête. Ah et par pitié – si nulle pitié en vous, par obligeance – ne parlez pas d’arme. L’envoyé de Dieu ne porte pas d’arme. Nous savons que par notre don vous vous sentez menacé, mais ne parlez pas d’arme, il n’en est rien.

Pour ce qui est de nos sentiments nous pouvons en effet concevoir que ce complexe ne puisse être intégré par tous à la même vitesse, chacun porte ses limites, Dieu ne crée pas la stricte équité mais l’harmonie. Nous sommes passagère temporaire de ce corps, notre connaissance du genre humain se limite à ce que notre lecture des Mémoires et nos propres observations ont pu nous en apprendre.
L’Oracle s’était levée, marchant calmement, les mains jointes derrière le dos dans une attitude pensive. Pour ce qui est des sentiments, sachez que si. Nous avons un cœur façonné par Dieu car le Seigneur estime impossible d’aider l’humanité sans cœur. Il nous est cependant grandement conseillé de ne pas sombrer dans ces sentiments ou bien la passion nous dévorera et nous ne serons plus d’aucune utilité.

À présent vous nous dîtes que votre but n’est pas le nôtre, et nous en sommes fort attristée car cela signifie que le seul homme non désireux de voir naître des jours meilleurs à Forbach est son nouveau Dirigeant.
L’Oracle s’était fixée face à un des rideaux des immenses fenêtres derrière laquelle la lumière semblait violente et magnifique à cette heure de la soirée. Nous vous prions de bien penser votre position Comte. Nous sommes là pour aider la population, nous osons douter que votre méprise des autres aille au point de leur souhaiter d’autres malheurs…

Nous vous tendons la main.
L’Oracle caressait machinalement le tissu du lourd rideau puis l’agrippa plus fermement. Ne refusez pas la lumière… »
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Lorenzo Maestriani
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MessageSujet: Re: Le Jour face à la Nuit   Le Jour face à la Nuit Icon_minitimeSam 6 Fév 2010 - 21:59

Il aurait été complètement insensé et relativement imbécile de penser qu’elle ne se battrait pas d’une quelconque manière que ce soit. Le terrain était difficilement propice à une joute dans laquelle la force serait l’argument majeur, après tout, ce n’était qu’une pauvre gamine et Lorenzo avait besoin du Vicomte, il n’était donc pas vraiment avantageux pour lui de s’occuper physiquement de la petite fillette. Après tout, il aurait bien pu la supprimer lui-même, mais cette option reviendrait à lui mettre toute la ville à dos, ce qui n’était pas son objectif. La ville toute entière devait comprendre qu’elle s’était faite bernée par un être complètement différent de ce qu’elle pensait être un Sauveur. La pauvre gamine qu’il avait devant lui n’était rien d’autre qu’une marionnette qui se disait envoyée par le Seigneur pour accomplir une mission, mais il était bien évident que le Seigneur se souciait très peu de Forbach, sinon il ne l’aurait pas laissé s’empêtrer dans les méandres du néant petit à petit sans rien faire. Pourquoi aurait-il décidé un jour d’envoyer quelqu’un ? Par pitié ? Mais y’avait-il seulement encore quelqu’un à sauver ? Lorenzo Maestriani en doutait. Comment la masse avait-elle pu gober une chose pareille ? Enfin, il était évident que dans les périodes les plus noires, le moindre espoir était parfois la seule chose à laquelle quelqu’un pouvait se raccrocher pour tenter de ne pas sombrer, c’était dans la nature humaine.

Il l’écouta patiemment comment sa contre-argumentation. Le discours était la seule arme qui lui restait et – a fortiori – la seule encore qui pourrait lui être utile. Mais, Lorenzo était préparé et surtout, il n’était pas du genre à se laisser démonter aussi facilement. Impassible, il lui laissait savourer l’idée que ses mots avaient un impact sur lui, l’empêchait de parler, ou même de la contredire. Elle avait beau se cacher derrière des mots, il savait qu’elle n’avait même pas l’ombre de ce qu’elle prétendait être… L’envoyée du Seigneur… Accomplir une mission… Oui, sa mission, celle qu’elle s’était elle-même fixée afin d’atteindre un objectif qui lui était propre et qui n’avait rien d’altruiste envers le peuple de Forbach. Bien entendu, elle n’avait pas forcément tort en précisant qu’il n’était peut-être pas forcément innocent mais lui, au moins, ne dissimulait pas sa rudesse sous les traits d’une fillette d’une dizaine d’années pour amadouer la masse. Toutefois, s’il n’était nullement captivé par son discours, il n’avait pas omis de la voir s’approcher d’un rideau non loin. Il était évident qu’elle cherchait par tous les moyens à renverser la vapeur, à récupérer l’avantage qu’il lui avait ôté sans même qu’elle puisse ne l’utiliser ne serait qu’une infime fois.

Alors qu’elle lui tournait plus ou moins le dos, continuant son monologue devant le lourd rideau qu’elle observait un peu trop à son goût, le Comte se leva en silence et s’approcha d’elle lentement, se gardant bien de toujours être à contrejour de la lumière. Alors qu’elle agrippait le rideau, il posa une main ferme sur celle-ci et l’arracha à son étreinte du tissu. D’un geste fort et rapide, il a retourna aussi facilement qu’une bourrasque de vent soulève un linge suspendu et lui envoya une gifle monumentale qui l’envoya rencontrer le sol d’une manière dont la douceur était relativement absente:


« - Ne me prenez pas pour un imbécile ! Je n’ai que faire de votre « lumière ». Vous n’avez aucun pouvoir ici, dois-je vous le rappeler ? Je vous suggère de revoir un tant soit peu votre place dans ce château. »

Il marqua une petite pause et reprit :

« - Quant au reste, tout ce que vous pouvez dire n’est que du vent, une façade pour mettre les gens dans votre poche et parvenir à votre but. Votre baratin ne marche qu’avec les simples d’esprit à qui vous avez joué votre petit tour d’illusionniste. Vous vous dites envoyée du Seigneur, mais il n’en est rien. Manipuler les gens, voilà qui ne serait pas dans sa manière de faire. La mission que vous prétendez servir n’est qu’un mot pour désigner votre objectif à vous. Prétendre vouloir éradiquer le mal de Forbach… peut-être devriez vous commencer par vous-même, ou peut-être devrais-je le faire pour vous. »

Il la regarda un instant, et rajouta :

« - Il est hors de question que je vous laisse vous emparer de Forbach sans rien faire, et ça, c'est mon rôle, en tant que Dirigeant. Empêcher que des créatures telles que vous ne cherchent à s'en emparer. »
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MessageSujet: Re: Le Jour face à la Nuit   Le Jour face à la Nuit Icon_minitimeDim 7 Fév 2010 - 0:07

Tout se déroula avec une rapidité et une violence époustouflantes. Lorsqu’il lui retira la main du rideau l’Oracle sourit car cela signifiait qu’il avait quitté son siège, qu’il jouait son jeu et qu’il était en position de faiblesse. Mais il faut avouer qu’elle ne s’attendait pas à ce puissant revers de main. En l’espace d’une seconde elle s’était retrouvée au tapis. Elle ne ressentit qu’à peine la douleur, son contrôle du corps allait jusqu’au centre nerveux. Elle tourna la tête vers le Comte qui la regardait, elle souriait encore. Elle essuya d’un doigt une goutte de sang coulant de sa lèvre, la leva au niveau de ses yeux qu’elle ouvrit davantage. Elle se rendait soudainement compte du degré de violence et donc d’hostilité que lui réservait Lorenzo. Elle se rendait également compte qu’elle n’était pas invincible. Elle le fixa presque amusée en articulant dans un souffle « Pauvre Alexandrine… ». Il venait de se mettre à dos le Vicomte d’Hasbauer, autrement dit, le Château tout entier et par extension la ville et le Comté. Elle était rassurée.

Si un homme de son rang en était venu à la violence, c’était que les mots de l’Oracle avaient atteint leur cible. Il était à découvert et nul besoin d’utiliser le moindre don. C’était un impulsif, faible donc. Elle l’écouta déblatérer, toujours au sol. Il était en colère, une haine grotesque et animale qui ne rendait probablement pas justice aux fins traits de son visage tels qu’avaient pu les voir les gens du Château. Il la percevait comme un mal absolu, malgré les preuves évidentes de ses bienfaits. Il reniait l’évidence. Il était pris dans une logique qu’il pensait raisonnable et universelle mais qu’il ne partageait qu’avec lui-même. L’intelligence de cet homme était bien plus limitée que ce qu’il voulait bien montrer et les habitants avaient raison de se méfier de lui. Un étranger demandant ainsi les rênes du Comté avait à l’évidence pour premier désir qu’on ne puisse faire le lien avec son passé. Cette idée était bien confirmée par cet abri d’obscurité où Lorenzo enfermait ses belles iris.

Les habitants avaient tort de le croire si fort, ils avaient tort d’être aussi impressionnés, tort d’être aussi apeurés, aussi méprisant envers lui. Il fallait avoir pitié de cet homme à l’esprit embué. L’Oracle aurait tout donné à cet instant pour découvrir ce Passé si ténébreux qui avait créé cet homme si fascinant, son premier barrage, son premier ennemi, un adversaire de taille et de poids. À l’évidence, connaître l’histoire de cet homme revenait à découvrir la clef de sa fin. Elle aurait pu se relever d’un coup, courir jusqu’à la fenêtre, ouvrir les rideaux avec frénésie, hurler son nom pour qu’il la regarde, le forcer à ouvrir les paupières en les maintenant avec ses fins doigts pâles. Mais non. Elle acceptait le jeu et les règles du jeu imposées par Lorenzo Maestriani, elle lui prouvait ainsi qu’elle n’avait nul besoin d’utiliser ses pouvoirs pour l’avoir.

La porte du Grand Salon s’ouvrit et les deux gardes de l’Oracle entrèrent, alertés par le bruit. La voyant à terre, les cheveux décoiffés et du sang sur son visage, ils attrapèrent le manche de leur épée. Elle leur fit cependant signe de repartir en se relevant sans la moindre douleur et en arrangeant ses cheveux. Elle profita de la distraction de cette intrusion et à peine la porte avait-elle claquée qu’elle lança un coup de pied dans l’entre-jambe du Comte. Un coup dont la violence et la force étaient bien disproportionnés au corps de la fillette et qui mit immédiatement Lorenzo à genoux. Il se retrouvait ainsi pour la première fois légèrement au dessous du niveau de ses yeux. Elle se pencha alors doucement vers lui pour lui glisser à l’oreille :


« Nous vous sauverons malgré vous… »

L’Oracle sourit et s’en alla sans se retourner, satisfaite.
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