Premières explications [Rosbruck]

Soldat de l'Inquisition

Une semaine. Cela faisait déjà une semaine que Soeur Béatrice avait interrogé Louisa Zimmerman, la propriétaire du Fil Blanc. L'entretien s'était d'ailleurs assez mal passé, et il demeurait encore dans l'esprit de la jeune religieuse le douloureux souvenir des mains crochues de l'hérétique autour de son cou fragile. Pourtant, si elle avait à ce moment là souhaité envoyer la commerçante au bûcher - chose qu'elle aurait alors légitimement eu le droit de faire - elle avait décidé, suite à une conversation avec son ami David Geisler, d'opter pour une solution moins radicale.
Autant Louisa était une femme arrogante et violente, autant son époux avait la réputation d'un homme sage, à l'écoute et sachant faire des compromis. Le plan de la religieuse était donc de demander audience auprès du Baron et de lui faire comprendre qu'il devait convaincre sa femme de présenter ses excuses à la nonne. David l'avait prévenue, elle ne devait absolument pas faire de Romain son ennemi, il avait de grandes relations. Elle l'avait parfaitement compris...

Ce matin-là, elle s'était levée très tôt et avait laissé un mot sur la porte de sa chambre, au manoir des Mirova, pour prévenir ses hôtes qu'elle ne prendrait pas le petit déjeuner avec eux. Rosbruck étant une ville voisine, elle avait fait seller un cheval et était partie tranquillement, en ayant pris soin d'emporter une pomme pour la route.
Le chemin fut toutefois plus court qu'elle ne le pensait, et aux alentours de dix heures elle arrivait enfin aux portes du manoir du Baron. Elle avait mis un peu de temps parce qu'il lui avait d'abord fallu se rendre à la Collégiale, puis elle avait tenu à passer devant la boutique de Louisa, afin de vérifier que celle-ci y était bien. Elle ne voulait pas risquer de tomber sur elle en arrivant à Rosbruck.

Une fois devant la porte, elle mit pied à terre, attacha son cheval à la barrière prévue à cet effet et frappa à la porte. Un domestique vint lui ouvrir, surpris de trouver une religieuse devant la porte. Elle se présenta et demanda expressément à rencontrer Monsieur Zimmerman, ajoutant que c'était très important et qu'elle ne souffrirait aucun refus.
L'homme disparut un moment, après l'avoir introduite dans une petite pièce, sans doute la salle où les invités attendaient d'être reçus par le maître des lieux...

Baron(ne)

La vie était revenue à la normale dans le Manoir des Zimmerman. Après la dispute sur le parvis de l’Eglise suite à l’évènement inquisitorial, on aurait pu penser que le couple s’en était sorti affaibli, mais il n’en avait été rien. Les disputes n’étaient pas le quotidien des Zimmerman mais elles avaient toujours un fondement, une raison dont ils prenaient leçon pour ne plus jamais la commettre. Ils s’étaient faits des secrets, chacun invoquant une raison qui lui était propre. Ils s’étaient trompés. Cela arrivait à tout le monde, il fallait juste être suffisamment mature pour ne pas reproduire cette erreur. Ils s’étaient promis de ne plus se faire de secrets, de tout se dire. Ce serait dorénavant le cas. Le soir même, ils avaient passé beaucoup de temps ensemble, à discuter, l’un contre l’autre, pelotonnés dans les draps de leur lit conjugal. Romain s’était excusé de ses méthodes rustres et pour le secret à propos d’Owen. Il avait également demandé à son épouse si elle acceptait qu’il puisse encore loger dans la maison des Maulne le temps de son enquête. Après tout, ce n’était pas vraiment la maison du Baron et c’était son épouse qui devait avoir le dernier mot dans cette histoire. Ils discutèrent aussi un peu de la réaction de Louisa lors de l’interrogatoire effectuée par la sœur qu’il ne connaissait pas que sa femme révéla être Sœur Béatrice. Il comprit ce qui l’avait fait sortir hors de ses gonds, même s’il estimait tout de même qu’elle y avait été un peu fort avec cette jeune femme. Il ne l’excusait pas, bien entendu, mais Louisa devait admettre qu’elle avait perdu le contrôle sur elle-même à cet instant. Ils avaient aussi parlé de leur enfant à venir, de Lucile. Puis ils s’étaient paisiblement endormis, l’une dans les bras de l’autre, les mauvais moments de la journée presque à jamais effacés de leur mémoire. Ne devait subsister que la leçon, la morale de cet épisode.

Le lendemain matin, Romain avait été un peu plus câlin que d’ordinaire. Il n’avait rien de particulier à se faire pardonner, rien de ce qu’il n’avait déjà confessé et obtenu pardon la veille. C’était simplement l’amour, rien de plus. Il avait fallu ensuite se lever et reprendre la vie qui suivait son cours. Voilà maintenant plusieurs jours que cet épisode s’était déroulé et ils avaient tirés les leçons de ceci. Le baron s’était à nouveau mis à s’occuper de ses affaires. Le printemps avançait et l’année promettait d’être belle. Encore fallait-il s’occuper de quelques détails comme la main d’œuvre, notamment veiller aux salaires et remplacer les personnes qui ne pourraient reprendre la production dû à leur âge avancé. Généralement leurs propres enfants venaient remplacer les parents lorsque ces derniers devenaient trop vieux ou étaient incapables de travailler. Romain veillait d’ailleurs à fournir une petite somme d’argent supplémentaire à ces familles pour leur besoin. Rien de bien folichon, mais cela permettait notamment aux enfants de ne pas avoir totalement à subvenir aux besoins de leurs parents qui pouvaient se débrouiller un peu tout seul. Les affaires marchaient bien et même avec cela, les caisses du baron ne risquaient pas de décliner, loin de là. Il y avait suffisamment pour prévoir une année catastrophique, après tout, mère nature pouvait bien décider de faire quelques caprices dont il valait mieux se prémunir.

Le baron était d’ailleurs entrain de faire ses propres comptes ainsi qu’un audit de ceux de l’année passée du Fil Blanc lorsque David vint le chercher dans son bureau, lui notifiant qu’une personne, apparemment membre de l’Eglise, l’attendait dans le petit salon où elle ordonnait – il insista sur ce point – d’être reçue par Romain. Surpris de ce fait, Romain demanda à David de faire préparer un petite collation pour cette visite impromptue et termina une ligne de calcul avant de se lever et de descendre l’escalier avant de se diriger vers le petit salon. Lorsqu’il y pénétra, il reconnut immédiatement la jeune femme agressée par son épouse lors de l’interrogatoire. Bien qu’une semaine se fut écoulée depuis les évènements, il n’avait pas oublié cela.

« - Bienvenue au Manoir de Rosbruck. Que puis-je faire pour vous ? »

Son ton était cordial et poli. Il n’était pas spécialement contrarié de sa présence, même s’il avait une certaine appréhension de se trouver devant la femme qui avait osé convoquer son épouse pour « sorcellerie ».

Soldat de l'Inquisition

Béatrice n'eut pas à attendre bien longtemps avant que le Baron se présente à elle, visiblement intrigué de voir ici celle qui avait interrogé sa femme pour sorcellerie. Elle était assise dans l'un des fauteuils de la pièce lorsqu'il arriva, et aussitôt qu'il fut entré, elle se leva pour le saluer. Contrairement à toute attente, la jeune femme s'inclina avec la plus grande humilité devant Romain avant de lui présenter ses excuses pour sa venue impromptue. Elle avait le regard grave, malgré son jeune âge, et parlait déjà avec le ton assuré d'une femme adulte.

"Baron, je viens vous demander une audience. Je suis certaine que vous vous souvenez de moi, et en de bien mauvais termes, je le crains... J'aimerais vous parler de votre femme..."

Il n'y avait rien de sous-entendu, et Béatrice espérait qu'il ne comprenne pas qu'elle venait, par exemple, dans le but d'emprisonner sa femme ou de l'envoyer au bûcher, par exemple. Elle ajouta donc rapidement :

"Sachez tout d'abord que, bien que j'en ai parfaitement le droit, d'après la loi, je renonce à toutes représailles envers votre épouse. Je viens vers vous parce qu'on m'a assuré que vous étiez un homme sage et avisé, et j'ose ainsi croire que vous serez plus enclin que la Baronne à m'écouter."

Elle n'avait pas quitté le regard de Romain une seule seconde. Ainsi, il comprendrait qu'elle disait vrai, que ce n'était pas une fourberie de la part de l'inquisitrice pour pouvoir mettre un pied dans la maison de l'hérétique. Elle poursuivit, mais cette fois sur un ton un peu contrit, comme si elle se forçait à dire ces paroles :

"Je souhaiterais présenter mes excuses, à vous et à votre femme, pour mon comportement lors de son interrogatoire... Si elle-même accepte de faire de même."

Au fond d'elle-même, elle pria le Seigneur pour que le Baron accepte de l'aider en convainquant sa femme de s'excuser auprès de la religieuse. Ainsi, l'affaire serait close. Mais si celle-ci refusait, alors Béatrice n'hésiterait pas à la mettre au cachot jusqu'à ce qu'elle change d'avis, avec ou sans l'accord du mari Zimmerman...
Elle triturait nerveusement ses doigts en attendant la réponse de Romain.

Baron(ne)

Quelle pouvait bien être la motivation de cette femme pour venir ainsi ordonner une audience avec le Baron ? C’était une question que Romain espérait rapidement tirer au clair sans avoir à lui tirer les vers du nez. S’il y a une chose qu’il ne supportait pas c’était les gens qui se permettaient des choses sous prétexte qu’ils possédaient un semblant de pouvoir sur autrui. Certes l’Inquisition avait toute autorité en matière de Sorcières et il valait mieux être sacrément accroché et appuyé lorsqu’on voulait leur mettre des bâtons dans les roues, mais Romain n’appréciait pas vraiment les manières dont la jeune femme avait fait preuve en venant s’imposer à lui. Une lettre aurait été la bienvenue, ou, au moins, se faire annoncer plusieurs heures avant. D’ailleurs, Romain aurait très bien pu la faire attendre ou même la faire partir, prétextant des affaires en cours ou un autre rendez-vous en attente. Heureusement, il n’était pas ce genre d’homme à mentir pour se débarrasser d’une présence inconvenante. Elle désirait s’imposer ? Ainsi soit-il, il la recevrait, mais qu’elle ne s’attende pas à un accueil des plus chaleureux de prime abord.

Il eut toutefois la surprise de la voir s’incliner avec humilité devant lui pour le saluer alors qu’il venait de rentrer et lui souhaitait poliment la bienvenue à Rosbruck. Il fallait admettre qu’au moins elle parvenait à gagner quelques points auprès de lui. Cette jeune femme, du moins physiquement, semblait étonnamment sûre d’elle vis-à-vis de l’âge que l’on pouvait lui donner. Elle n’avait probablement pas la vingtaine et pouvait surement s’affirmer avec au moins autant d’assurance qu’une femme de vingt-cinq ou vingt-six ans. Comment aurait-il pu ne pas se souvenir d’elle ? Il se souvenait parfaitement de la jeune femme qui s’était retrouvée au bout de la main resserrée de son épouse. Il déplorait l’issue de cet interrogatoire, mais il fallait admettre que la Sœur l’avait relativement bien cherchée. Il l’écouta parler tout du long, sans ciller, sans afficher une seule émotion. Il se retint d’afficher une moue désapprobatrice lorsqu’elle avoua avoir « le droit » de poursuivre son épouse. Elle avoua être prête à adresser des excuses à Louisa si cette dernière consentait à en faire également. Il allait répondre lorsque Miranda toqua timidement à la porte, un plateau avec elle. Romain lui prit le plateau des mains en la remerciant dans un grand sourire avant de remettre un masque que peu lui connaissaient. Il déposa le plateau sur une petite table basse et se remit face à la jeune sœur.

« - Je vais d’abord vous dire les choses telles que je les pense. Si l’on vous a assuré que j’étais un homme sage et avisé, peut-être vous a-t-on également dit que je n’aimais pas la langue de bois. »

Il prit une inspiration, non pas pour se donner du courage mais bel et bien pour ne pas exploser comme il aurait pu le faire. Malgré ses faux airs, cette jeune femme avait franchi une ligne que peu de gens se seraient permit de franchir.

« - Vous vous invitez dans ma demeure, ordonnant à mon ami de me faire quérir pour une entrevue, sans même prendre la peine de vous annoncer. Mais si je puis potentiellement pardonner cette intrusion sans guère de politesse, je dois admettre que vos paroles sont lourdes d’un sens qui ne me plait guère, jeune femme. »

Il marqua une très brève pause et reprit :

« - Non seulement vous vous permettez de vous imposer chez moi, mais vous venez également me soumettre au chantage. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, n’est-ce pas mademoiselle ? Vous prétendez ne pas poursuivre mon épouse pour l’incident qu’il s’est produit à la Collégiale et proposez de vous excuser pour ceci sous l’expresse condition qu’elle vous présente des excuses également ? Si elle n’y convient pas ? Que ferez-vous ? Vous comptez l’arrêter et l’emprisonner ? »

Romain était resté parfaitement calme mais son ton était bien plus assuré que n’aurait pu l’être celui de la jeune sœur. Elle avait encore beaucoup à apprendre, et une chose était certaine, elle n’avait pas utilisé les bons mots pour commencer cette entrevue. Si le Baron pouvait pardonner, ce n’était pas sans mettre les points sur les i.

« - Je ne sais pas si vous vous rendez compte de vos actes et de vos paroles, mais je crois que peu de gens seraient allés au bout de vos paroles sans vous faire mettre à la porte. Vous représentez peut-être l’Inquisition, mais sachez que cela ne vous donne pas tous les droits, du moins pas sans surveiller vos paroles, qui sont, je crois, également la raison de ce fameux incident à la Collégiale avec mon épouse. »

Il s’installa dans un fauteuil, en face de la table sur laquelle trônait le plateau et invita la jeune femme à s’installer dans le siège qui lui faisait face.

« - Maintenant, je vais mettre vous paroles sur le compte de votre jeunesse et nous allons repartir sur de bonnes bases. Désirez-vous du lait dans votre thé, sœur Béatrice ? »

Soldat de l'Inquisition

L'homme face à elle lui parut tout à coup beaucoup moins amical que ce que David lui avait dit. Il avait largement souri à la domestique venue apporter un plateau contenant de quoi prendre le thé, puis lorsqu'il s'était retourné vers la religieuse, il avait troqué son sourire franc contre un regard sévère qui fit frémir la jeune femme.
Elle l'écouta sans mot dire, écarquillant un peu plus grand les yeux à chacune de ses phrases, comme si elle ne comprenait pas de quoi il parlait. Et en réalité, elle ne comprenait vraiment pas. D'une, elle n'avait jamais "ordonné" à le voir, mais plutôt demandé avec insistance, nuance. Elle n'avait jamais utilisé le mot "ordre", ni aucun qui s'en rapproche. Lorsqu'il l'accusa de chercher à le faire chanter, elle rougit et serra les poings. Comment osait-il insinuer cela ?!

"Je ne..."

Elle n'eut pas le loisir de terminer sa phrase que déjà, il poursuivait. Et si Louisa refusait de lui présenter ses excuses, que ferait-elle alors ? Oserait-elle l'emprisonner ? En réalité, du haut de ses dix-huit ans, la jeune femme n'en menait pas bien large... Elle avait baissé le regard et ses yeux se portaient à présent sur ses chaussures, comme une gamine prise en faute. Elle avait envie de se rebeller, de pleurer, de s'époumoner pour lui faire comprendre qu'elle avait eu si peur pour sa vie lorsque Madame Zimmerman l'avait agressée qu'elle en faisait encore des cauchemars toutes les nuits. Pourtant elle ne dit rien, se contentant de contenir les larmes qui commençaient à lui piquer les yeux. Surtout ne pas pleurer. Elle était forte, du moins essayait-elle de s'en persuader.

Alors que le Baron terminait son monologue en proposant à Béatrice de "passer l'éponge", elle s'assit à son tour et leva vers lui un regard penaud.

"Pardonnez-moi, je ne suis en effet pas très douée pour m'exprimer. Je tenais juste à ce que vous sachiez que je suis profondément désolée de ce que j'ai pu dire à votre épouse à la Collégiale, et je suis tout à fait consciente de l'avoir poussée dans ses derniers retranchements."

Elle renifla, au bord des larmes alors qu'elle avouait :

"Mais depuis ce jour là, je ne cesse de cauchemarder toutes les nuits, revoyant les mains de votre femme serrer ma gorge jusqu'à m'empêcher de respirer... Avez-vous simplement la moindre idée de la douleur et de la peur que l'on ressent lorsque l'on est privé d'air ? Je vous souhaite de ne jamais le savoir..."

Elle retenait visiblement ses larmes alors que sa main droite se portait machinalement à sa gorge à l'évocation de ce douloureux souvenir.

Baron(ne)

Romain était conscient d’y être allé assez fort avec la jeune nonne mais il aimait fixer les choses à leur état véritable dès le début. Il n’avait pas aimé les propos de la jeune femme et était suffisamment franc pour le lui dire dès le début. Il n’avait aucune raison à courber l’échine devant elle. Même si elle faisait partie de l’Inquisition, il possédait suffisamment de relations influentes pour pouvoir renverser surement le cours des choses. Tisser des relations commerciales à travers l’Europe lui avait notamment permis d’obtenir des informations très importantes qui, communiquées à des personnes particulières faisaient en sorte que d’autres personnes lui devaient probablement une fière chandelle. Des personnes auprès desquelles il pourrait s’enquérir pour obtenir quelques « menus » services, suffisamment en tout les cas pour pouvoir obtenir une mise à pied de la sœur ou, au moins, la libération de son épouse sans condition ainsi qu’une sévère réprimande pour ceux qui auraient osé lever la main sur elle. Nul doute d’ailleurs que la pauvre jeune femme n’en sortirait pas indemne si Romain faisait sonner la cavalerie pour charger l’Inquisition. Le but n’était bien entendu pas de renverser ces hommes qui se croyaient tout permis au nom de Dieu, mais bel et bien de protéger sa famille, et, pour cela, Romain avait surement la plupart des armes entre ses mains. Ce que ne réalisait probablement pas la jeune femme.

Néanmoins, il devait admettre qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elle réagisse comme cela. Finalement n’était peut-être pas la femme qu’il pensait qu’elle était. Elle restait encore jeune et, apparemment, ne semblait pas prête à de telles joutes verbales. Qui était le sot qui avait pu la penser capable de faire face au monde ? Il suffisait de voir son regard après le monologue du baron pour comprendre qu’elle n’en menait plus aussi large que lorsqu’elle avait tenté de s’imposer auprès de lui, avec un malencontreux choix de mots. Elle s’avoua véritablement désolée de ce qu’elle avait pu dire à Louisa, allant même jusqu’à lui avouer, sur une voix presque cassée par des larmes naissantes, qu’elle en cauchemardait toutes les nuits, revoyant la scène, encore et encore. Allant jusqu’à l’interpeler pour lui demander s’il connaissait cette sensation de manquer d’air, de suffoquer. Alors qu’il la voyait porter sa main à sa gorge dans ce qui semblait être un reflexe provenant de cette fameuse matinée, Romain se leva et s’installa à côté de la jeune femme, la prenant contre lui comme un père prend son enfant dans ses bras pour la réconforter.

« - Calme toi, mon enfant. Je ne voulais pas te malmener autant, simplement te faire comprendre que les mots ont un poids que tu ne dois pas négliger. Moi-même je viens d’en faire l’expérience, car je te pensais plus forte au vu de ce que tu venais de me montrer. »

Il récupéra une tasse de thé, y glissa plusieurs morceaux de sucre qu’il fit disparaitre d’un mouvement de cuillère avant de glisser la tasse au creux des mains de la sœur.

« - Bois cela, ça te fera du bien. Je suis désolé de ce que tu vis en ce moment. Et, pour te répondre, non je ne connais pas cette sensation mais je partage ton point de vue, je ne souhaite jamais le savoir non plus. »

Cette proximité n’était pas forcément convenable, et surement que Louisa l’aurait vu d’un mauvais œil mais il n’y avait pas d’arrière pensée. Romain n’était pas méchant et cette jeune femme avait clairement besoin de quelqu’un.

Soldat de l'Inquisition

Alors qu'elle luttait de toute son âme pour refouler ses larmes naissantes, elle entendit avec surprise Romain lui présenter ses excuses pour ses paroles blessantes. Il s'était levé pour la prendre dans ses bras comme on rassure un enfant, et cette situation laissa la pauvre Béatrice complètement sans voix. Elle s'était attendue à tout, sauf à une telle réaction paternelle de la part d'un homme qui au final était un inconnu pour elle... Et même si la bienséance aurait voulu qu'elle s'écarte de lui, elle n'en fit rien, appréciant ce geste que son propre père n'avait jamais eu pour elle...

Tout en la rassurant, il lui prépara une tasse de thé bien sucré, qu'il lui mit dans les mains en lui conseillant de boire. Elle n'avait jamais aimé le thé sucré, pourtant elle obéit et but tout le liquide brûlant. Romain avait raison, ça faisait vraiment du bien. Elle le remercia d'une petite voix avant de poser la tasse vidée sur le plateau où il l'avait prise. Elle s'éclaircit la gorge et tenta de reprendre un peu contenance avant de parler de nouveau.

"Écoutez, je sais que je suis en tort dans cette histoire avec votre épouse, mais contrairement à elle je m'en repens tous les jours que Dieu fait. Je reconnais mes torts, mais je sais aussi que j'aurais tout à fait pu la mettre à terre. Si je ne l'ai pas fait, je vous l'avoue en espérant que vous ne me jugerez pas, c'est uniquement pour épargner la vie qui grandit en elle, pour nulle autre raison."

Elle soupira, sentant qu'elle s'enlisait de nouveau dans les explications compliquées et incompréhensibles. Respirer, chercher les bons mots. Ne pas s'énerver, ni se laisser aller.
Elle poursuivit :

"Comme vous l'avez remarqué à juste titre, j'ai beaucoup de mal à m'exprimer correctement, mes propos sont facilement interprétables de la mauvaise manière, et je sais très bien que c'est à cause de ça qu'entre Louisa et moi ça s'est si mal passé..."

Elle serra les poings, au fond d'elle-même complètement révoltée, avant de poursuivre sur un ton toujours aussi calme :

"J'ai essayé de la comprendre, j'ai compati à sa douleur lorsqu'elle m'a avoué la perte d'êtres cher à cause de l'Inquisition, j'ai essayé de l'aider à se venger de l'infâme Agent du Diable qui l'a attaquée, mais elle a sans cesse rejeté mon aide, mon soutien, tout ce que j'ai tenté de lui offrir... Et elle a avoué avoir renié le Seigneur. Alors oui, je me suis emportée et je regrette mes paroles, plus que vous ne pouvez l'imaginer. Et vous connaissez la suite de l'histoire..."

Ses yeux brillaient sans toutefois que des larmes n'en coulent. Elle était forte, ou du moins était-ce là l'apparence qu'elle voulait donner, que ce soit aux yeux de Romain, mais surtout aux siens... Elle essayait de se persuader qu'elle était forte, tout ça pour éviter de craquer. Personne ne lui avait encore fait comprendre qu'avouer ses erreurs et accepter ses torts, aussi frustrant que cela puisse paraître, était une chose tout à fait naturelle...

Baron(ne)

Romain, Baron de Rosbruck, était un homme réfléchi mais aussi impulsif en ce qui s’agissait de certaines émotions, plus encore, c’était un homme conscient de ses erreurs et qui ne se cachait jamais derrière une excuse pour les effacer. Il y avait été probablement un peu fort avec cette pauvre jeune femme sans savoir combien l’évènement l’avait choquée. Peut-être était-elle la seule fautive dans cette histoire mais il pouvait comprendre sa situation. Elle avait effectivement fait le pas, même s’il était maladroit de venir vers eux pour tenter une réconciliation, pour surement être en paix avec elle-même et ne plus penser à ce terrible épisode. Il la regarda boire la tasse de thé qu’il lui avait confiée et la reposer sur la table. Elle semblait apaisée, il pouvait le sentir à leur contact, les corps parlaient souvent bien plus que les gens. Elle semblait encore lutter un peu mais elle s’était reprise, c’était évident. Il eut un large sourire et se réinstalla en face d’elle, ne voulant pas s’imposer davantage. Après tout, ils ne se connaissaient pas, et c’était très inconvenant. Même si Romain n’avait rien fait de mal, hormis essayé de réconforter la jeune femme, il fallait maintenant reprendre les choses où ils les avaient laissées. Il se servit une tasse de thé avant d’en resservir une à la jeune femme sans l’enjoindre à en boire cette fois. Il n’y rajouta pas de sucre. Il ne l’avait fait que pour la ragaillardir un peu, rien de plus.

Il l’écouta expliquer ses torts, combien elle s’en repentait chaque jour mais qu’elle aurait très bien pu se permettre de riposter, n’ayant épargné cela à Louisa que pour ne pas mettre en danger la vie qu’elle portait en elle. Romain fronça les sourcils, même s’il songeait qu’effectivement une personne sensée se serait défendue si elle n’avait pas eu ce genre de scrupules. Toutefois, même si elle semblait avoir fait preuve d’une certaine retenue louable, il n’était pas tout à fait convaincu que la jeune femme aurait pu tenir tête à son épouse. Mais, encore une fois, ses propos commençaient à devenir légèrement outrageants. Heureusement, elle sembla s’en rendre compte. Oui, il fallait qu’elle surveille ses paroles, avec des personnes moins compréhensives que Romain, comme Louisa, cela pouvait très mal se finir pour elle, surtout pour une jeune femme, religieuse, envers qui, certaines personnes ne pourraient avoir aucun scrupule à mettre à mal. Ce qu’elle lui raconta, le Baron le savait déjà. Son épouse lui avait raconté en détails comment c’était passé l’interrogatoire. Il savait ce que Louisa avait dit et lui avait d’ailleurs reproché d’avoir ainsi avoué si froidement son détachement de Dieu. Il savait qu’elle non plus n’aimait pas mentir, elle était beaucoup trop entière pour ça, mais il y avait différentes façons de dire les choses.

« - Je connais le déroulement de cet interrogatoire, ma femme m’a raconté ce qu’il s’est passé, d’une manière plus objective que vous ne pouvez l’imaginer je pense. Vous devez comprendre que mon épouse est une personne entière, son tempérament est forgé depuis de nombreuses années et encore, depuis des années de mariage, elle s’est assagie, je vous l’assure. »

Il mordit dans un petit gâteau sablé avant de reprendre :

« - Ne vous méprenez pas, j’aime mon épouse plus que tout et avec tout ce qui la compose. Mais son tempérament slave peut surprendre plus d’une personne. On peut surement la comparer à une louve qui défendrait corps et âme sa famille et qu’il ne vaut mieux pas menacer à la légère. La vie lui a apprit à mordre relativement fortement et même moi je sais qu’elle peut faire mal. »

Il soupira.

« - Je suis plus que navré de la manière dont s’est terminée votre entrevue et j’ai conscience que vous êtes toutes les deux en tort, l’une et l’autre sur votre manière d’agir. Néanmoins, comprenez-la, elle a perdu sa famille à cause de l’Inquisition. Dieu ne lui a été d’aucun secours jusqu’à maintenant. Elle a apprit à ne compter que sur elle pour protéger les siens. Moi-même, je sais que je dois compter avant tout sur moi pour protéger les miens avant de demander l’aide de Dieu car dans ses jours sombres, l’on ne peut se permettre d’attendre un miracle. Peut-être d’ailleurs est-ce son don de nous offrir cette volonté de défendre les nôtres. »

Soldat de l'Inquisition

Si Béatrice était venue voir Romain ce jour-là, c'était principalement pour lui demander de parler à sa femme, de la raisonner afin qu'elle présente ses excuses à l'inquisitrice. Mais les paroles de l'homme avaient touché la jeune femme, tout autant que celles du Père Ethan lorsqu'il lui avait dit d'apprendre à pardonner. Alors que le prêtre lui avait cité un verset de l'Ecclésiaste, elle-même se souvint d'un autre verset, des Romains cette fois-ci :

Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas.

Elle avait d'abord maudit Louisa Zimmerman. Maintenant, elle la bénissait. Après tout, même si cette femme s'était détournée du Seigneur, criant haut et fort qu'il l'avait abandonnée en premier, Béatrice savait qu'au fond, Dieu aimait tous ses enfants, et il ne l'avait certainement pas abandonnée. Oui, elle la bénissait, et priait pour elle, puisque Louisa refusait de le faire elle-même.

Béatrice cita un verset des Colossiens à Romain :

"Supportez-vous les uns les autres, et, si l'un a sujet de se plaindre de
l'autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a
pardonné, pardonnez-vous aussi."

Elle lui expliqua ensuite son point de vue en ces termes :

"J'aimerais pouvoir parler à votre épouse, afin de lui présenter mes sincères excuses et lui dire que je lui pardonne son geste, et ce même si elle ne se repend pas. Je comprends sa réaction, à sa place j'aurais sans doute fait de même..."

Cela, elle venait juste de le comprendre. Après tout, si elle était mère et qu'on l'attaquait sur le sujet de ses enfants, elle-même deviendrait probablement aussi féroce qu'une lionne...
Elle prit la tasse de thé et la porta à ses lèvres pour en boire une gorgée avant de reposer son thé sur le plateau.
Romain déclara que c'était peut-être l'œuvre de Dieu que de leur donner à tous deux ce furieux besoin de protéger leur famille coûte que coûte. A ces mots, elle acquiesça en silence avant de répondre :

"C'est possible en effet. Les voies du Seigneur sont impénétrables, après tout..."

Baron(ne)

Romain aurait probablement pu parler à son épouse du contenu de cette entrevue, enfin, il l'aurait fait de toute façon, puisqu'il n'y avait aucune raison de le cacher, surtout après leur dernière dispute, mais il aurait pu également essayer d'intercéder en faveur de la jeune soeur pour faire en sorte que Louisa présente des excuses, même si elles devaient être un peu forcées, pour qu'ils soient dorénavant tranquilles et sereins, vis-à-vis de cet incident fâcheux et regrettable qu'ils avaient vécu à la Collégiale lors de cette matinée si particulière... C'était d'ailleurs dans ses projets, car même s'il n'avait pas vraiment apprécié la manière de la jeune femme qui se trouvait devant lui, il préférait trouver une solution à l'amiable qui ne fasse pas de vagues, quitte à froisser un peu d'amour propre, qu'une solution où il faudrait probablement sortir la cavalerie pour piétiner à grand coups de sabots et faire de gros dégâts, là où ce n'était pas nécessaire. Oui c'était inutile de faire le fier et l'intouchable quand quelques mots pouvaient régler la question. Il avait déjà désamorcé des situations de crise avec quelques lettres bien écrites et tournées pour caresser dans le sens du poil de certains partenaires de commerce qui avaient mal pris tel ou tel acte, telle ou telle parole. L'essentiel était de leur faire comprendre qu'ils avaient raisons et que l'on avait tort. C'était un peu langue-de-bois et Romain n'aimait pas trop cela, aussi il essayait de rester coller à la vérité le plus possible sans heurter à nouveau. Car même si la vérité était importante, les affaires l'étaient probablement plus encore, car des personnes dépendaient d'elles, que ce soit la famille Zimmerman elle-même ou encore ses employés.

Romain fut surpris lorsque la soeur lui cita ce qu'il sembla être un vers d'un écrit religieux. Il aurait été bien incapable de lui dire d'où cet extrait était tiré, mais peut-être qu'effectivement c'était une bonne idée que de suivre les paroles citées. Elle lui expliqua alors qu'elle voulait pardonner à Louisa, lui présenter ses excuses, qu'elle comprenait sa réaction et qu'elle aurait probablement agi de la sorte à sa place. C'était assurément une bonne chose. Louisa le prendrait-elle du bon oeil ? Il n'en savait rien. Il savait à quel point son épouse pouvait être passionnée. Une chose était certaine, il aurait à être là si la jeune femme désirait voir son épouse. Cette dernière serait probablement surprise de la voir et peut-être qu'elle ne lui laisserait même pas le temps de s'expliquer alors qu'avec Romain, il y avait plus de chances que Louisa soit à même d'écouter les excuses de la jeune femme.

« - C'est une décision louable et vous n'avez pas besoin de mon autorisation pour parler à mon épouse, toutefois, permettez-moi de vous conseiller de le faire en ma présence. J'ai peur qu'elle ne puisse décider de ne pas vous écouter de prime abord, même si c'est pour lui présenter des excuses. »

Il sembla réfléchir et rajouta:

« - Je lui parlerai ce soir. De votre volonté et de la sincérité de vos paroles. Je veillerai à ce qu'elle daigne enfin vous écouter, néanmoins je ne peux lui imposer rien de plus. Je peux la mettre devant ses torts et l'enjoindre à vous écouter, mais je ne peux la forcer à vous faire des excuses. Je n'ai jamais forcé ma femme à faire quoique ce soit, je l'aime bien trop pour cela, mais sachez que je suis navré de ce qu'il vous arrive, si vous avez besoin de quoique ce soit, n'hésitez pas. »

Soldat de l'Inquisition

Le Baron décida que laisser Béatrice et Louisa s'expliquer était finalement une bonne idée, mais il déclara à la jeune femme qu'il préférait rester avec elles lors de cette entrevue, de manière à s'assurer que sa femme écoute bien les excuses de la religieuse. Béatrice hocha la tête avec assentiment.

"Je vous avoue que je me sentirai de toute façon bien plus en sécurité si vous êtes là."

Après tout, c'était lui qui l'avait sauvée des griffes de Louisa, elle ne l'avait pas oublié. Puis il déclara qu'il pourrait convaincre son épouse d'écouter la jeune femme, mais qu'il ne pouvait - ni ne voulait - la forcer à lui présenter des excuses. Il ajouta ne jamais avoir forcé son épouse à faire quoi que ce soit. Enfin, il décida d'en parler à Louisa le soir-même, et la Carmélite sourit franchement tout en se levant pour prendre congé.

"Merci de votre compréhension, Baron."

Elle se pencha légèrement en une légère courbette.

"Je vous remercie d'avoir accepté de me recevoir, et je suis encore une fois vraiment navrée pour tout ce qui s'est passé entre votre épouse et moi."

Elle releva les yeux vers lui.

"Je pense que je peux partir, à présent. Mon esprit est un peu plus léger maintenant que je vous ai parlé, et je sais qu'il sera complètement libéré lorsque j'aurai pu m'entretenir avec Madame."

Elle effectua une rapide courbette de nouveau.

"Je vous souhaite une excellente journée, merci encore pour tout. Que Dieu vous bénisse, ainsi que votre famille."

Elle avait à présent un sourire franc sur son visage, comme si elle était réellement soulagée d'avoir pu éclaircir la situation avec le Baron.
Après lui avoir dit au revoir, elle avait été raccompagnée à la porte et avait fini par quitter Rosbruck, soulagée, et avec le sentiment d'avoir fait une bonne chose aujourd'hui.

Baron(ne)

La discussion prenait fin. Évidemment ils n'allait pas parler chiffons et serviettes, ils ne se connaissaient pas assez pour cela et puis le Baron n'en avait pas tellement envie. Il préférait justement que cette rencontre soit expédiée pour qu'il puisse se remettre au travail. Les comptes n'attendaient pas éternellement et il fallait impérativement qu'ils soient effectués avant la fin de la journée aussi ne fit-il rien de particulier pour retenir son « invitée ». Il se leva en même temps qu'elle, alors qu'elle venait de lui confirmer qu'elle préférait qu'il soit présent lors de cette rencontre avant de le remercier pour l'avoir comprise. Elle renouvela des remerciements et des excuses pour l'incident qui s'était déroulé avec son épouse et il eut un sourire amusé avant de prendre la main de la jeune femme et de la baiser dans un geste purement protocolaire.

« - Ce n'est pas à moi qu'il faut présenter des excuses ma Soeur, mais je ne doute pas de l'issue heureuse de cet incident malheureux. »

[Il la raccompagna lui-même jusqu'à la sortie tandis qu'elle lui faisait part de son soulagement vis-à-vis de cette rencontre. Amusé, il garda pour lui le fait qu'elle devait probablement s'attendre à quelque chose de terrifiant pour être ainsi soulagée après une discussion presque « légère ». Elle avait été un peu mouvementée certes, mais ce n'était rien de bien grave, des choix malencontreux de mots, des choses qui arrivaient à n'importe qui, d'autant plus que la jeune femme s'était excusée rapidement. Arrivés à la porte, elle le remercia encore, invoquant Dieu pour les bénir, lui et sa famille.[/i]

« - Merci, qu'Il veille sur vous aussi, Soeur Béatrice. »

Il l'observa s'éloigner et récupérer son cheval avant de s'élancer en direction de Forbach. Lorsqu'elle fut hors de vue, il rentra à l'intérieur. Un coup d'oeil au petit salon lui suffit pour comprendre que Miranda était déjà passée par là pour récupérer le plateau. Il soupira en hochant la tête et allait se diriger vers la cuisine quand des bruits de pas accélérés dans sa direction attirèrent son attention. Il se tourna vers la source probable de ces bruits et eut à peine le temps d'ouvrir les bras pour accueillir un Dimitri qui avait décidé de se jeter dans les bras de son père qu'il avait vu au bout du couloir.

« - Sacripan ! Tu as bien failli me surprendre ! »

Le garçon eut un rire franc qui illumina subitement la maison. Romain lui ébouriffa les cheveux et prit la direction de la cuisine. Il y retrouva Miranda et fit deux tartines de confiture pour son fils et lui. Un goûter savoureux pour permettre à la petite terreur de continuer ses aventures incroyables et, pour le Baron, pour continuer à manipuler les chiffres sans trop fatiguer. Ce soir, il faudrait qu'il parle à Louisa, mais il ne doutait pas de parvenir à lui faire entendre raison et accepter d'écouter les excuses de la nonne. La suite ne dépendrait que d'elle, il espérait seulement que les jours ayant passés, elle ait pu réfléchir à ce qu'elle avait fait...

-FIN-