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 Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres

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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres   Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres Icon_minitimeDim 8 Mai 2011 - 23:21

Cassandra cherchait David Geisler. Et personne n'échappait à la Veuve, surtout pas un gamin qui joue aux adultes. En un temps record à partir du moment où elle avait décidé qu'elle n'avait pas la patience d'attendre leur prochaine rencontre pour lui passer le savon qu'il méritait, Cassandra avait mis la main sur lui. Pour une fois, il était seul, en train de ruminer ses pensées – qu'elles soient heureuses ou malheureuses, sur le moment, Cassandra n'en avait strictement rien à faire – assis sur un banc à l'intérieur de la Collégiale. La Veuve se planta face à lui et d'un ton qui présageait une très mauvaise suite, le salua :

- Bonjour, David. J'aimerais te parler, maintenant.

Et elle l'entraîna à sa suite sans lui laisser le temps de répliquer, l'amenant dans une pièce vide de la Collégiale. Malgré sa colère envers lui, elle estimait que rien ne justifiait une humiliation publique, et après tout, si elle prenait le temps de lui montrer ses torts – et elle n'y allait pas par quatre chemins – c'était pour qu'il ne refasse plus les mêmes erreurs. Une fois la porte refermée, Cassandra regarda David calmement, puis se lança dans sa réprimande.

- Tu dois te douter, je crois, de la raison pour laquelle il faut absolument que nous parlions. Je voudrais revenir sur l'arrestation d'Alicia Maestriani. Est-ce que tu réalises à quel point ton comportement à ce moment a été des plus déplacés et des plus stupides ?

Parce que peut-être qu'il ne réalisait même pas, le bougre ! Les jeunes et leurs fichues têtes brûlées ! Si David avait réfréné ses ardeurs, tout aurait été pour le mieux, mais il n'en était visiblement pas capable, et il n'avait même pas l'air d'avoir conscience des conséquences de ses actes. Il voulait se faire exiler par les hautes instances de Forbach, ou quoi ? Lentement, d'un ton froid pire encore que si elle lui avait crié dessus, Cassandra continua :

- La dame que tu as bousculée était la duchesse de Deux-Ponts. Cette femme est sans doute la personne la plus puissante qui fréquente les cercles mondains de Forbach. Si je n'avais pas été là pour la rassurer et m'occuper d'elle, à cette heure, tu serais au fond d'un cachot ! Je n'ai d'ailleurs pas réussi à totalement effacer ton outrage, parce que j'ai dû promettre que tu serais puni comme il le fallait. Qu'est-ce qu'un peu de civilité te coûte, bon sang ? Est-ce que tu réalises à quel point ce genre de comportement dessert notre cause ? Est-ce que tu te rends compte que tu mets ton propre avenir à Forbach en danger ? Tu as l'intelligence nécessaire, enfin je crois, pour parvenir à correctement manier la susceptibilité des puissants, et le besoin de sang du peuple ! Alors ne va pas te mettre à dos la noblesse de Forbach uniquement parce que tu as besoin d'action, ou de jeter de la poudre aux yeux. L'efficacité est bien plus payante !

Sarah Geisler, en tout cas, excellait à ruser entre les différentes composantes sociales de la ville. Elle n'avait peut-être pas le charisme nécessaire pour mener ses propres hommes, mais d'un point de vue stratégique, elle savait y faire. Que ne prenait-il pas exemple sur sa mère ! Elle laissa quelques secondes, puis reprit :

- Un Inquisiteur n'est pas respecté parce qu'il est terrifiant ou grossier. La mise en scène est une arme puissante, pas la brutalité. Lorsqu'un Inquisiteur abuse du pouvoir que lui offre le Vatican, il perd toute crédibilité en tant qu'individu. Pire encore, il jette la honte sur l'ensemble de ses frères et sœurs qui travaillent pour la gloire de Dieu.

Elle ne croyait pas le petit Geisler capable de travailler à la perte de l'Inquisition, non. Elle était sincèrement persuadée qu'il s'était seulement laissé emporter, mais qu'il fallait éviter à tout prix qu'une autre action de ce genre ait lieu. Il fallait seulement qu'il retienne la leçon. Ce n'était pas si compliqué, tout de même !
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David Geisler
Sergent
Sergent
David Geisler


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MessageSujet: Re: Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres   Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres Icon_minitimeLun 9 Mai 2011 - 1:01

Ce matin-là, David s’était levé aux aurores –ce qui n’avait rien d’un exploit compte tenu des horaires pour le moins excentrées de son train de vie. Il avait passé la matinée à s'entraîner avec ses amis au tir à l’arc dans la cour de la collégiale, comme cela lui arrivait souvent. Par goût du risque et excentricité de la jeunesse, ils s’étaient lancés mutuellement un défi supplémentaire afin de pimenter l’entraînement: le perdant de la compétition devrait boire un infâme mélange composé de restes de bière, de thé, d’un œuf cru, d’un peu de vieille vinasse, de jus de légumes, et même un soupçon de l’eau contenue dans l’abreuvoir des chevaux… bref, de quoi motiver largement les participants.

Le jeune homme avait été en passe de se qualifier pour la finale de l’affrontement, mais avait échoué au dernier moment. Il était plus doué pour manier une lame que tirer à l’arc –quelque chose qu’il avait bien compris lorsqu’il avait passé cette après-midi avec Narcissa, s’entraînant dans une des cours de la Collégiale. L’après-midi était à peine entamé quand, assis seul sur un banc, il sursauta en voyant soudain devant lui Cassandra de Saint-Loup –et l’expression de son visage n’augurait rien de bon. Le jeune homme déglutit, son regard se posant sur les alentours afin de chercher par réflexe une échappatoire à cette situation. Mais les intentions de la Veuve étaient sans équivoques: elle voulait lui parler sur le champ.

"C’est-à-dire… que je suis un peu occupé, là…" commença-t-il mais il n’eut pas le temps d’achever d’énoncer son mensonge; déjà, la femme à la volumineuse crinière rousse l’entraînait à sa suite dans les locaux de la Collégiale, l’air fermement décidée à lui passer un savon.

Ils entrèrent dans une pièce vide, et David s’estima heureux qu’elle ne soit pas venue le chercher par la peau du cou en public. Il se sentait toujours aussi peu à l’aise en la présence de Cassandra; d’autant plus qu’il s’était considérablement rapproché de Narcissa ces dernières semaines et qu’un mot de la Veuve suffirait à l’interdire de fréquenter la petite rouquine. La nécessité de rester dans les bonnes grâces de la Comtesse de Rodez demeurait donc plus que jamais d’actualité; et pourtant plus que jamais il n’avait été loin d’atteindre cet objectif. En effet, Cassandra lui reprocha aussitôt son comportement lors de l’arrestation d’Alicia Maestriani, qu’elle qualifia de scandaleux.

David avait les mains moites et gardait à grand peine sa contenance. Pourtant, il fut si soulagé en entendant les remontrances de la Veuve qu’il faillit éclater de rire. La duchesse des Deux-Ponts!! Ce n’était donc que ça qu’elle lui reprochait… Ses épaules se détendirent, il laissa même un sourire insolent se peindre sur son visage. Ouf, tout allait bien. Il s’était attendu à pire, à bien pire. Il s’était attendu à un déferlement de colère et même à du mépris.
Il s’était attendu à ce que Cassandra l’admoneste avec violence à propos des interrogatoires individuels qui avaient suivi l’arrestation d’Alicia Maestriani.

Car c’était bien là le point dangereusement sensible, le nerf de la guerre d’usure qu’il avait subi ces derniers jours. David redoutait tellement la confrontation avec Cassandra qu’en entrant dans la pièce, il avait cru sa dernière heure arrivée. Car la Comtesse de Rodez, bien évidemment, ne laisserait pas passer les événements de ce jour-là. Il allait en prendre pour son grade, et cette fois ce ne serait pas seulement sa réputation ou son ego qui seraient touchés, mais sa relation directe avec Narcissa. Encore une fois, un seul mot de la Veuve pouvait suffire à stopper net cette amitié si chérissable qu’il entretenait avec sa petite sœur de cœur… Et depuis leur petite séance d’entraînement de lancer au couteau, il avait pris conscience d’à quel point il tenait à elle. Aujourd’hui, le jeune homme accumulait les erreurs, non seulement avec cette duchesse dont il n’avait rien à faire, mais encore avec cette Viviane Valdemar et le face à face virulent qu’ils avaient eu. Jamais Cassandra ne lui pardonnerait et c’était bien là sa crainte… en fait, il anticipait cette confrontation depuis si longtemps qu’il avait fini par se convaincre qu’il pourrait échapper aux représailles en laissant s’écouler du temps –mais c’était stupide. Cassandra de Saint-Loup n’était pas femme à oublier ce genre de choses.

Pour l’heure, il se faisait enguirlander comme un gamin particulièrement stupide et immature, et cela n’était pas pour lui plaire –à tel point que la peur finit par céder le pas à l’agacement. Et David était d’autant plus en colère qu’il savait que son interlocutrice avait raison sur toute la ligne, car son discours était empreint de vérité. Il se sentait à la fois nerveux et excité, pressé d’achever lui-même ses souffrances, de crever l’abcès. En tant normal, il n’aurait jamais osé se rebeller contre l’ancienne mère Mattea; mais il était convaincu que sa sentence serait terrible, et son légendaire esprit de contradiction lui dictait de faire un dernier coup d’éclat avant que le couperet ne tombe. N’affichant aucun air contrit ni soumis, et relevant au contraire le menton avec une lueur de défi dans le regard, le jeune homme croisa planta ses poings sur ses hanches:

"Quel baratin merdique. Jouons carte sur table: si vous êtes venue aujourd’hui, ce n’est pas pour me parler de cette baronne des Trois-Moulins mais de l’interrogatoire de votre sœur."

Oui, il avait convoqué Viviane Valdemar comme un vulgaire laquais, dans un cachot qui plus est, il l’avait physiquement violentée, l’avait accusée de sorcellerie, lui avait parlé avec mépris, s’était adonné à une joute dans laquelle la sœur de Cassandra s’était montrée également une cruelle adversaire... il l’avait même menacée de mort. Et il continuait de ressentir la plus grande hargne pour cette vieille dinde qui l’avait pris de haut; ses paroles résonnaient encore en lui « Sachez d'abord que si je ne suis rien, vous êtes encore moins que moi, par conséquent, donc, un moins que rien. Vous êtes sans naissance, adopté par un homme seul, vous avez de la chance qu'il soit haut placé dans l'Inquisition, sinon, vous seriez probablement en train de cirer les chaussures des gens comme moi pour ne pas mourir de faim en rue. ».
Si il n’avait pas signé son arrêt de mort en lançant de son propre chef ce sujet sensible, David venait à coup sûr de se condamner en se montrant aussi grossier et irrévérencieux. Cassandra ne voudrait sans doute pas qu’un personnage si plein de bassesse fréquente à nouveau sa fille. Viviane Valdemar lui en avait déjà fait la remarque, semant la graine du doute en lui. « Et dans vos petits calculs foireux, n'oubliez pas non plus que ma soeur n'a aucun port d'attache ici, à l'exception de ma présence en ville. Une fois que je lui rapporterai notre conversation, ce qui arrivera dès ma sortie de ce trou à rats que vous vous complaisez à appeler cachot, elle pourrait parfaitement prendre la décision d'interdire à Narcissa de vous revoir, ou pire encore, repartir pour Rodez, afin de la mettre à l'abri de la piètre influence que vous êtes ». Oui, Viviane avait dû faire un compte rendu détaillé de l’interrogatoire à Cassandra… Et pour son propre salut, David aurait mieux fait de se taire. Mais il ne pouvait s’y résoudre.
Au moins, il serait resté jusqu’au bout fidèle à lui-même, sans regrets; la provocation étant une de ses seules manières de s’exprimer.

"Alors? Je vous écoute."
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres   Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres Icon_minitimeMar 10 Mai 2011 - 0:49

Cassandra en resta muette de stupéfaction. Mais... quand David était-il devenu ce jeune homme incapable de se servir de son cerveau ? Quand avait-il cessé de se comporter sagement ? Quand avait-il perdu tout sens des convenances ? Quand avait-il appris à être vulgaire ? Ainsi, Viviane avait raison sur son compte ? Lentement, la colère envahit les traits de Cassandra. Ce gnome était en train de la provoquer ! Forcément qu’elle ne voulait pas seulement lui parler de la duchesse et qu’elle allait embrayer sur l’interrogatoire de Viviane - lorsque sa sœur lui avait raconté ce qui était arrivé, Cassandra avait eu envie d’étriper le petit Geisler sans plus attendre. Mais ce n’était pas le seul grief qu’elle avait à son encontre, et avant de passer au registre qui leur prendrait sans aucun doute plus de temps, elle voulait terminer le sujet de l’arrestation de la Maestriani. Il voulait jouer au plus malin ? Il allait être servi. D’un ton sans appel, elle répliqua :

- Faux. Encore un autre apprentissage à faire. Quand on se fait remettre les points sur les i par un supérieur hiérarchique, on écoute. Et on se tait.

Il pensait à quoi, au juste ? Ne serait-ce que parce qu’elle était son aînée, Cassandra méritait son respect - et cette valeur lui avait été inculquée, elle le savait. Il avait à se taire également parce qu’elle était sa supérieure au sein de l’Inquisition. Pour ces deux raisons, qui se suffisaient d’ailleurs à elles seules, David méritait une sérieuse correction. Elle reviendrait dessus plus tard. Pour le moment, elle voulait lui faire rentrer dans le crâne qu’il était à côté de la plaque, et pas qu’un peu.

- Tu es pressé d’en découdre ? Allons-y, alors, et allons-y joyeusement.

La Veuve avança de quelques pas, s’approchant du petit Geisler. Il avait beau être plus grand qu’elle, il ne l’impressionnait pas. Cassandra reprit son souffle. Elle n’allait pas se mettre à lui hurler dessus comme une vulgaire poissonnière, mais la tentation était forte. D’un ton chargé de reproches, elle commença :

- Si Viviane n’avait pas été ma sœur, je n’aurais probablement jamais eu vent de ton comportement. C’est la première chose inadmissible. Tu t’es servi de ta position pour couvrir ton exaction, et c’est intolérable dans une institution comme l’Inquisition. Cet abus de pouvoir devrait te valoir une exclusion définitive de nos rangs.

Et Cassandra était mortellement sérieuse. Exclure David de l’Inquisition l’aiderait peut-être à trouver sa voie, et à arpenter un chemin plus épanouissant que celui de chasseur de sorcières. En outre, ce serait écarter un danger potentiel de leurs rangs. Elle reprit, tout aussi glaciale qu’auparavant, foudroyant le gamin du regard :

- Je connais le déroulement exact de cet interrogatoire. Je sais que tu as agi sans aucune raison justifiable. Tu as molesté et insulté Viviane dès son entrée dans la pièce, et tu as totalement dépassé les bornes ! Tu t’es laissé aveugler par ta haine - entre nous, complètement déplacée. Tu n’as pas rempli ton devoir d’Inquisiteur, tu lui as reproché des griefs personnels en te réfugiant derrière ton rôle parmi nous. Et quoi ? On a vingt ans, et soudainement on est maître du monde ? Tu nous as apporté la preuve éclatante de ton manque de maturité.

Elle en avait fini avec les reproches en tant qu’Inquisitrice. Elle avait l’accord de Sarah Geisler : pour la duchesse et l’interrogatoire, David serait mis à pied pendant deux semaines. Elle aurait pu aller plus loin, mais la plaisanterie avait assez duré : il fallait maintenant passer aux reproches les plus pénibles, les siens. Cassandra toisa froidement le petit Geisler, ne lui permettant pas d’oublier un instant qu’il était celui qui était en faute.

- Puisque si je te laisse le temps de me répondre, tu vas continuer à me provoquer stupidement, je vais maintenant parler en tant que femme, sœur de Viviane et mère de Narcissa.

Elle le transperça du regard.

- Je suis extrêmement déçue.

Elle allait continuer et embrayer sur la question véritablement en suspens, à savoir celle de sa fréquentation de Narcissa, mais elle n’en eut pas le temps : David commençait à répondre. La Veuve haussa un sourcil. Un enfant, encore, qui voulait jouer dans la cour des grands.
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David Geisler
Sergent
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David Geisler


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MessageSujet: Re: Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres   Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres Icon_minitimeMar 10 Mai 2011 - 20:27

Si David avait pris un air bravache et insolent pour répondre à Cassandra, il sentit toute son assurance se dégonfler lamentablement lorsque la colère envahit les traits du visage de son interlocutrice et, à plus forte raison, lorsque claqua dans la pièce le ton très sec de son « faux ! », suivi d’un rappel essentiel sur leur relation hiérarchique –un rappel qui rendait soudainement aux yeux du jeune Geisler le rapport d’autorité beaucoup plus évident. Oui, il était une grande gueule. Cela lui ressemblait tellement: ne pas réfléchir une seconde aux conséquences de ses actes, et regretter ensuite… il aurait dû se taire, se laisser sermonner avec vindicte, pour qu’enfin s’apaise la colère de la Veuve; mais il venait d’attiser un foyer et, plutôt que d’assumer, cherchait encore une fois à fuir ses responsabilités. L’insouciance caractéristique de la jeunesse.

Il eut le plus grand mal à contenir un mouvement de recul lorsqu’elle s’approcha de lui, impressionnante; mais il resta sur place en luttant contre tous ses instincts de fuite. David était à la fois honteux, vexé et en colère. C’était un mauvais perdant de nature et il n’aimait pas qu’on lui souligne ses erreurs. Par contre, même si Cassandra ne s’en apercevait pas, il éprouvait toujours un profond respect pour elle, de même que de l’admiration… c’est juste qu’il le montrait autrement que par un silence soumis, des courbettes ou des formules de politesse, comme la noblesse, voilà tout. Et en un sens, le timbre glacial de l’ancienne Mère Mattea l’effrayait plus que si elle s’était mise à lui hurler dessus ou qu’elle l’avait giflé.

En silence, il subit les remontrances sans protester, gardant le regard rivé au sol. C’était tellement étrange de se faire enguirlander de la sorte. Etrange, parce que ce rôle aurait normalement été celui de Sarah Geisler. Mais, non content de n’avoir pas le temps de se consacrer de façon optimale à son éducation, le Second de l’Inquisition ne parvenait plus à exercer son autorité d’antan sur David, qui ne prenait plus aucun des sermons de sa génitrice au sérieux. En revanche, Cassandra avait toujours été là pour combler les lacunes sur ce sujet et le remettre dans le droit chemin lorsque cela s’imposait. Elle avait été en quelque sorte une tutrice, une tante. D’où sa volonté de considérer Narcissa comme sa sœur de cœur.
Oui, il fallait calmer le jeu, attendre que les choses se tassent, accepter les critiques en silence et s’excuser. David doutait que des excuses feintes et pleines de mauvaise foi n’abusent la Veuve, mais au moins, les choses seraient réglées et il pourrait de nouveau fréquenter la petite rouquine comme avant. Le jeune homme en était là dans ses considérations, il s’était enfin résolu à rentrer sagement dans le rang… quand Cassandra parla de l’interrogatoire de Viviane, et la flamme de la colère se ranima brusquement en David, ruinant tous ses efforts d’humilité. Elle recommençait avec son discours aux concepts grandiloquents et ses questions rhétoriques, auxquelles il n’avait pourtant pas de réponses, contre lesquelles il ne pouvait pas lutter, étant tellement plus complexes et hors de sa portée qu’une simple gifle ou un poing en pleine face…

"Vous avez pris des cours de psychologie récemment?" marmonna-t-il presque pour lui-même, sans volonté de l’interrompre mais y parvenant finalement. Il releva la tête, cette lueur de défi brillant de nouveau en lui, et scruta la Veuve dans les yeux –bien que soutenir son regard fut plus éprouvant que jamais. Certes, il y avait une grande part de vérité dans ces remontrances, mais une chose aussi qu’il ne pouvait laisser passer. Selon elle, il avait « molesté et insulté Viviane dès son entrée dans la pièce sans aucune raison justifiable? ».

"Nan, j’ai démoli l’ego d’une femme accusée de sorcellerie qui se croyait au-dessus des lois, nuance" rectifia-t-il avec fermeté. "Votre sœur a cru pouvoir s’exonérer de l’interrogatoire ou même de cette accusation juste grâce à sa position sociale plus élevée. Or tous les hommes sont égaux quand ils se retrouvent devant l’Inquisition avec des charges si graves pesant sur eux, fussent-ils le Conti en personne. De ce point de vue-là, je suis dans mon droit. Mais je suppose qu’elle a oublié de vous parler de cet aspect des choses dans son récit.

Mensonge, encore une fois. Il avait construit son argument à la va-vite, un peu au hasard, et savait que ça ne tenait pas debout; puisque Cassandra ne manquerait pas de lui répliquer quelque chose du genre « rien ne t’empêchais te t’adresser à elle avec politesse », ou encore « tu t’es quand même servi de cette interrogatoire pour exprimer tes griefs personnels ». C’était vrai, mais en même temps, aurait-il pu faire autrement? Venir trouver lui-même Viviane à sa boutique pour la menacer? La situation aurait été encore pire! Si il avait agi ainsi, Narcissa serait déjà sur la route de Rodez. Alors il s’était servi de l’interrogatoire comme prétexte, comme intermédiaire. Il comprenait que la Veuve puisse le lui reprocher, mais ne regrettait pas son geste ni son comportement. Après tout, David avait été guidé par les meilleurs intentions. Il ne voulait juste pas que Narcissa aient de mauvaises fréquentations ou influences… comment ne pas être inquiet? Alicia Maestriani avait directement désigné Viviane comme sorcière!

"Si je l’ai fait… c’est parce que j’avais juste p…" Peur. Il s’interrompit juste avant ce mot, irrésolu à l’exprimer à voix haute –ç’aurait été une humiliation. Depuis plusieurs années, David se donnait beaucoup de mal pour ne jamais montrer ses craintes à qui que ce soit –et il y parvenait plutôt bien. Mais ce genre de choses, il ne pouvait l’avouer à personne. Surtout pas à Cassandra. Qu’elle le considère comme un gosse immature et insolent, à la limite; mais pas comme un trouillard ou un lâche. Il ne l’était pas. Il ne l’aurait pas supporté. Même si c’était une peur légitime, toute pleine de candeur, une peur pour Narcissa.
Il baissa de nouveau les yeux, espérant que la Veuve n’ait pas pu suivre le cheminement de sa pensée sur son visage. Le souvenir de l’arrestation ratée de la Comtesse Maestriani était encore très vif dans son esprit: les lèvres de la sorcière, royale dans sa perfidie, prononçant le prénom de Cassandra au côté de celui des autres sorcières… Rien qu’à cette pensée, il se sentait malade. Le moment où il s’était cru trahi par la Veuve avait été le plus douloureux; et tout à sa confusion, il avait alors cherché n’importe quoi auquel se raccrocher. Pendant l’interrogatoire de Viviane, Cassandra n’était pas encore sortie du bureau de Sarah Geisler, et le jeune homme ne connaissait rien encore du verdict; autrement dit, il n’était pas encore fixé ou non sur la trahison de la plus proche amie de sa mère… autant dire qu’il n’était pas franchement dans de bonnes dispositions concernant la vieille Valdemar! Et autant dire qu’il avait fait ce qu’il estimait être un minimum pour assurer la sécurité de Narcissa, au cas où elle se retrouverait avec une tante et une mère sorcière. Mais Cassandra s’en était-elle seulement rendue compte? Avait-elle seulement imaginé la moitié du trouble dévorant qu’il avait ressenti lorsqu’il l’avait crue traîtresse? Il avait été désorienté, privé de repères. Mais ça non plus, il ne pouvait l’avouer à personne. A force de dissimuler une partie de ses états d’âme, il avait fini par occulter l’autre partie aux yeux des autres.
Comment se sortir de cette impasse maintenant? Son interlocutrice attendait une explication mais il s’était emmêlé les pinceaux, incapable de la lui fournir. Le rouge lui monta un moment aux joues et David mobilisa toute sa volonté pour le faire disparaître –ce qui arriva heureusement au bout de quelques secondes. Acculé, à court d’idées, il s’éloigna à reculons comme pour se protéger de l’impressionnante proximité de Cassandra et lança la première bêtise qui lui passait par la tête –encore une provocation, sa seule bouée de sauvetage.

"Et je n’y peux rien si je suis un sale gamin. Faudra s’y faire, parce que c’est pas demain la veille que ça va changer."
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Cassandra de Saint-Loup
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres   Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres Icon_minitimeMer 8 Juin 2011 - 13:22

La Veuve cligna des yeux, sous le choc. Avait-elle bien entendu ? Avait-elle bien entendu ? Dieu protège David, parce que s'il continuait comme ça elle ne répondait plus de rien ! S'il avait été son fils, elle l'aurait giflé. Mais voilà, malgré toute l'affection qu'elle lui portait, il ne l'était pas, et elle ne se serait jamais permise de corriger un enfant qui n'était pas le sien. Elle n'aurait pas supporté qu'une autre femme touche à Narcissa, et elle ne franchirait pas cette limite. Mais la tentation était extrêmement forte. La Veuve inspira, expira, puis gratifia David d'un regard qui l'aurait tué mille fois.

- Tes sarcasmes sont grandement appréciés, David. C'est à se demander pourquoi tu continues de me donner des preuves de ton manque de maturité.

Elle n'en revenait pas qu'il ait osé lui répliquer une chose pareille. Non, mais sérieusement ! Quelle réponse horripilante ! Elle commençait à entrevoir ce à quoi avait dû ressembler son altercation avec Viviane. D'ailleurs, les différentes versions de leur entretien commençaient sérieusement à l'échauffer. Elle connaissait sa sœur, et la seule chose qu'on puisse vraiment lui reprocher était d'avoir effectivement fait preuve de mépris au début de l'entretien. De là à déclencher une réaction comme celle de David, il y avait de la marge. D'un ton acide, elle répliqua :

- Ma sœur ne s'estime pas être au-dessus des lois ! Si tel avait été le cas, elle ne se serait même pas présentée à l'interrogatoire. En outre, tourne ta langue sept fois dans ta bouche avant d'insinuer que Viviane est une menteuse devant moi. Il se trouve qu'elle m'a raconté le déroulement exact de votre entretien. Viviane n'a jamais tenté d'utiliser son statut – qui n'est d'ailleurs pas égal à celui d'un noble, comme tu le lui as si poliment rappelé – pour échapper à l'interrogatoire.

Cassandra aurait encore pu lui reprocher mille choses : tout lui venait en même temps, et elle avait l'envie meurtrière de descendre en flèche le gamin. Elle se retenait, parce qu'elle avait conscience que se laisser aller à une attitude aussi puérile était ridicule. Toutefois, ne pas prendre au sérieux ce que lui disait le petit Geisler se révélait plus dur de minute en minute. Jusqu'à ce qu'il lui dise une énormité. Une énormité telle qu'elle faillit lui éclater de rire à la figure. Mais son rire – froid et incisif – aurait été dévastateur, et son but n'était pas d'écraser David au point qu'il ne puisse pas s'en relever. Mais en même temps, à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, c'était ce qu'elle avait envie de faire. Faisant taire cette envie irrationnelle, Cassandra répliqua vertement :

- Et peur de quoi ? De devenir le gamin le plus stupide de Forbach ? Mais grandis un peu, fichtre !

Elle ne voyait vraiment pas de quoi David pouvait avoir peur. Toutefois, considérant que seules des bêtises sortaient de sa bouche depuis le début de leur conversation, c'était à se demander s'il ne lui disait pas ça uniquement pour brouiller les pistes. Il allait réussir à l'emmêler dans des histoires sans lien avec l'affaire qui les occupait, elle le sentait. Décidée à rester focalisée sur son principal reproche, Cassandra crut exploser quand il lui assena sa dernière provocation. Alors il la cherchait ? Très bien, il allait la trouver.

- C'est là que tu n'as rien compris. Mais rien du tout. Ça va changer. Ça doit changer. Crois-moi, ça n'amuse personne de te faire des reproches. Et pour au cas où tu n'aurais pas remarqué, ça n'amuse personne non plus de te supporter. Je te connais depuis longtemps, maintenant. Et je sais que tu peux faire mieux, tellement mieux.

Un regard, ensuite, dur comme le fer, et étrangement encourageant, pourtant.
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David Geisler
Sergent
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David Geisler


Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres Vide
MessageSujet: Re: Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres   Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres Icon_minitimeMer 8 Juin 2011 - 20:28

Et le sermon continuait…
Comme prévu, plus David parlait et plus il s’enlisait aux yeux de Cassandra qui continuait à l’observer du sommet de sa haute silhouette. Il était un jeune homme dans la force de l’âge et pourtant, la Veuve faisait approximativement sa taille, ce qui lui permettait de le transpercer de son regard brûlant. Ses arguments, bien entendu, n’avaient pas fait mouche. « Son manque de maturité », « le gamin le plus stupide de Forbach »… Il se sentait comme un gosse particulièrement obtus auquel on fait des remontrances à propos de choses et de concepts évidents. Par mauvaise volonté, David fuit derechef et délibérément le regard de Cassandra.

"Je ne suis pas un gamin!" s’exclama-t-il avec colère sur un ton de môme capricieux, prouvant du même coup sa juvénilité. Il se tut aussitôt, car son ton venait de démontrer l’exact contraire. Ouuuh, qu’il détestait Cassandra en ce moment! Elle avait tellement raison sur tous les points, que c’en devenait suprêmement agaçant. Ne lui arrivait-il donc jamais de se tromper, de faire des erreurs? Pas à sa connaissance, et c’était d’ailleurs pour cela qu’il l’admirait.

Le timbre acerbe, la stature rigide, le regard incisif de la Veuve l’abaissaient de minute en minute. Et le moindre de ses sarcasmes jouait en sa défaveur, se présentant pour la Comtesse comme une preuve d’immaturité –lui préférait dire qu’il avait de la réplique et du charisme… mais c’était une question de point de vue.
Pourquoi, finalement, avait-elle mis un point d’honneur à faire elle-même ce sermon? Concernant la duchesse des Deux-Ponts, Sarah Geisler aurait logiquement pu s’en charger –autant en tant que mère que supérieur hiérarchique. Pourtant, c’était Cassandra qui se tenait en face de lui en ce moment, lui reprochant son comportement envers sa propre sœur. Et il était persuadé que sans Cassandra, personne ne serait venu lui faire de remontrances à propos de cet interrogatoire: après tout, il avait rempli la mission qu’on lui avait confiée (établir ou non la culpabilité de Viviane); il n’y avait même pas eu de blessés!

"Vous me reprochez d’exprimer mes griefs personnels en me cachant derrière mon rôle. Mais n’est-ce pas précisément ce que vous faites en ce moment? Ce sermon n’est venu que parce que Viviane est votre sœur, n’est-ce pas?"

Une ombre passa sur le visage de David. Oui, elle avait raison sur tous les points. Pourtant, il continuait de penser qu’il avait agi pour de bonnes raisons.

"J’ai secoué un peu Viviane Valdemar car j’avais des raisons de penser qu’elle était une sorcière. Je ne laisserai personne faire du mal à Narcissa."

Aïe… il avait prononcé le prénom de la petite rouquine. En vérité, il évitait d’en parler depuis tout à l’heure en espérant que Cassandra finirait par oublier ce sujet.
David recula encore de quelques pas. Au bout d’un moment, il dut s’arrêter car il était dos au mur de la salle. Le problème avec son fichu caractère, c’était que plus il se sentait acculé et en tort, plus il avait tendance à se braquer, lancer des sarcasmes, et s’obstiner dans sa propre bêtise. Il était donc sur le point d’énoncer une nouvelle provocation, lorsqu’il perçut dans la voix de Cassandra cette petite, petite pointe d’encouragement à la fin de sa phrase. Il n’osa pas relever les yeux vers elle, plein d’espoir que la Veuve ait encore un peu d’estime malgré ses déboires de comportement. Pourquoi persister et se rebeller encore? Elle démonterait tous ses arguments un par un, avec logique et méthode, comme elle venait de le faire… Il était vaincu sur ce coup-là. David laissa ses épaules retomber, résolu à se montrer conciliant, pour une fois.

"D’accord… je m’excuse… ça vous va? Je ferai attention partir de maintenant…"

Des promesses un peu vagues, sans consistance. C’était sa spécialité: dire ce que l’on attendait de lui pour qu’on lui fiche la paix. Il l’avait déjà fait avec Narcissa, le jour de leur entraînement de lancer au couteau, promettant d’aller parler à Sarah Geisler à propos de cette dispute… et pourtant il ne l’avait toujours pas fait, à vrai dire il n’avait pas vraiment eu l’intention de le faire.
Oui, des promesses vagues, mais c’était tout ce que Cassandra pourrait tirer de lui pour l’instant malheureusement… c’était déjà un début. Faire admettre à un adolescent aussi têtu que David qu’elle avait raison était déjà un exploit en soi, dont la Veuve pourrait s’enorgueillir.
Sauf qu’il ignorait encore totalement ce qu’elle avait prévu pour lui: ces deux semaines de mise à pied.

Décidément, c’était vrai: Cassandra ne commettait jamais d’erreurs, du moins jamais en public, se sortant de toutes les situations avec brio. Pas étonnant qu’elle puisse se permettre de lui faire la morale! Elle était passé derrière lui, colmatant les dégâts causés par son comportement envers la duchesse des Deux-Ponts. Aujourd’hui, elle faisait de même après l’interrogatoire de Viviane Valdemar. L’image de l’Inquisition restait sauve… grâce à la Veuve. Elle s’en sortait avec les honneurs et lui dans l’ombre… Il se sentait amer, laissé pour compte.

"Et voilà" marmonna-t-il pour lui-même, ne sachant si Cassandra l’avait entendue et s’en fichant complètement. "Vous avez encore résolu un problème avec succès, et on va vous acclamer pour ce que vous avez fait."
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MessageSujet: Re: Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres   Les sermons ne sont pas seulement l'apanage des prêtres Icon_minitimeMar 6 Sep 2011 - 23:50

Lorsque David affirma ne pas être un gamin, Cassandra ignora totalement la remarque. Ce qui était appréciable, c'était qu'il se plaisait à donner raison à Cassandra par ses propres réponses. Peu importait qu'il ne s'en rende lui-même pas compte. La Veuve revint aussitôt sur ses pensées. En fait, si, beaucoup importait ! S'il avait eu conscience, ne serait-ce qu'en partie, de l'absurdité de son comportement, elle n'aurait pas été là, seule avec lui, à mener une discussion désagréable et explosive. Quand il lui dit une fois de plus qu'elle ne faisait que protéger Viviane, Cassandra estima qu'elle n'avait pas à se répéter, malgré l'envie bouillante de marteler les mots jusqu'à ce qu'ils rentrent dans son petit crâne buté.

Là où David Geisler parvint réellement à dérouter la Veuve, ce fut quand il évoqua Narcissa. La colère de Cassandra retomba d'un seul coup, remplacée par une grande stupéfaction. Non, il devait se moquer d'elle ! Forcément. Il la connaissait bien, lui aussi, et savait que son point faible était sa fille. Il voulait échapper aux remontrances en déviant le sujet, ça ne pouvait être que ça. Elle s'apprêtait à l'accuser de tous les maux quand David s'excusa.

Cassandra ne répliqua rien, à court de mots. David venait de s'excuser. Le jour était à marquer d'une pierre blanche. Quel jour étaient-il, déjà ? Le jour de la Saint Amaël ? Ou alors de la Saint David ? Peut-être qu'il ne mentait pas, alors, quand il lui assurait avoir pensé d'abord à Narcissa. Après tout, ils avaient tellement joué étant enfants que leur lien devait être fort. Cassandra acquiesça lentement, satisfaite de la tournure que prenaient les événements. D'une voix revenue à la normale, elle répondit :

- Je suis heureuse de constater que tu reviens à des sentiments rationnels. Au nom de l'Inquisition, j'accepte tes excuses. En mon nom propre, je te remercie de te préoccuper pour Narcissa, mais je t'encourage à mieux définir les limites de ton champ d'action.

La Veuve considéra un instant David, et pour la première fois, vit en lui un allié pour défendre Narcissa si un jour elle venait à être mise en danger. Quelque chose dans le ton de David, dans son air farouche et décidé, la persuadait qu'il ne plaisantait pas. Toutefois, elle prononça la suite sans un regret.

- En considération du fait que tu reconnais tes torts et fais amende honorable, l'Inquisition ne te condamne qu'à deux semaines de mise à pied. La sentence prend immédiatement effet.

Cassandra ne fuit pas le regard de David. Elle devinait aisément les sentiments qui devaient traverser le fils de son amie. Il s'excusait, et il avait tout de même une punition. Pourtant, il ne s'agissait pas d'une injustice, que du contraire. Quand il marmonna entre ses dents, Cassandra força son ouïe, afin de comprendre ce qu'il disait. Sa répartie l'étonna un peu. Alors, elle répondit :

- Ah oui, c'est vrai, j'oubliais, tu penses encore que je suis parfaite. Le jour où tu auras mûri, tu verras que ce n'est pas le cas. En attendant, je te remercie d'avoir réalisé à quel point j'ai brillamment mené la situation.

Le ton était moqueur, et la Veuve ne s'en cachait même pas. Mais elle n'était plus en colère, elle était attendrie. Le lui aurait-on dit au début de l'entretien, elle ne l'aurait pas cru, tant la colère l'habitait. Cassandra espérait que son regard était toujours sévère, mais une nuance de tendresse perçait dans ses yeux, chose qu'elle réservait généralement à Narcissa. David était peut-être un petit imbécile de première, mais il avait l'étoffe d'un homme de bien. Il suffisait seulement qu'il soit redressé au moment où il le fallait. Si son éducation continuait à être surveillée, il pouvait devenir quelqu'un.

Satisfaite, Cassandra tourna les talons et quitta la pièce, enlevant toute possibilité de réplique à son interlocuteur. Aujourd'hui, elle avait découvert un nouveau David.
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