The Witch Slay
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 La Prière trouble les sorciers

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Antoine Vaudremont
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Antoine Vaudremont


La Prière trouble les sorciers Vide
MessageSujet: La Prière trouble les sorciers   La Prière trouble les sorciers Icon_minitimeSam 25 Juin 2011 - 23:58

La collégiale était un bâtiment où la sorcellerie n'avait pas sa place. Pas seulement parce que les sorciers y étaient hais à l'intérieur, mais aussi parce qu'il n'y avait à l'intérieur que de la pierre et du bois mort, pas d'arbre pour abriter les dryades ou assez d'espace pour que les sylphes jouent à trappe-trappe, ni étang assez grand pour des ondines. La Collégiale était une enclave morte dans une environnement plein de vie, plus que ce que le commun des gens pensaient. Mais qui donc s'en rendrait compte? Seul un sorcier en était capable. Et c'était là toute l'ironie: c'était un sorcier qui entrait dans la Collégiale à ce moment précis. Sans contrainte.

« Vous pourriez m'emmener à la chapelle? On m'a demandé de venir estimer les travaux de rénovation.. »

Si l'on était rigoureux, le sorcier venait voir quelles pièces de bois devaient sortir de sa scierie pour les travaux. Les préoccupations de guerre entre chrétiens et sorciers étaient loin en cet instant, l'argent étant plus important. Le Prêtre du Lys Noir n'était en ce moment que Monsieur Vaudremont, le seul fournisseur en madriers de constructions du comté. Qui d'autre pouvait être cet artisan en chemise de bûcheron, le front à moitié dégagé et les bras dégagés par les manches courtes? Il avait même l'air sérieux de l'artisan attentif à ne pas se faire déplumer.

Le Prêtre du Lys Noir restait tout de même très amusé à l'idée d'être accueilli à la Collégiale, et croiser certains hommes de main bien connus dans la ville sans que ceux ci ne doutent même qui ils croisaient. C'était un sacré trophée qui leur passait sous leur nez. Les chrétiens avaient tellement l'habitude d'être majoritaires qu'ils ne détectaient pas les sorciers. Tous orgueilleux et aveugles de confiance.

Il cessa d'être amusé à la chapelle: ce n'était pas parce que le bâtiment était en pierre froide et bois coupé, c'était aussi parce que c'était le lieu de culte d'une religion hostile, et que les prières de centaines de croyants et de dizaines de fanatiques l'habitaient. Les prières de ces gens avaient fini par imprimer la pierre qui relarguait comme des effluves les intentions des pénitents. On y sentait le lucre et la passion, la supplique et la malédiction, le mysticisme chrétien et le déisme.

Sur ces bancs de bois, il y avait eu des femmes inoffensives venu se plaindre des malheurs de la vie, privée d'amies à qui les raconter; des hommes pâles et médiocres venus pimenter leurs vies à travers la recherche d'un contact divin; d'autres hommes, violents et condamnés, venus s'acheter une conscience en s'usant les genoux face à un crucifix; des bigotes folles de dieu qui avait oublié de vivre sur cette terre, oubliant même de se constituer un capital pour l'Au-delà en lesquelles elles croyaient; et même plus d'un prêtre chrétien, soi disant berger, qui avait remplacé la sincérité par l'hypocrisie, aimant le pouvoir que leur apportait leur position en oubliant la rigueur de leur sacerdoce...

Les chrétiens étaient un bestiaire à eux seuls, qui n'avait pas fini d'étonner Antoine par sa variété et son hétérogénéité. Même Dieu n'était pas un point commun entre eux tous. Vaudremont était un sorcier trop sensible à ce que respirait le monde, obligé de supporter l'atmosphère pesante de cette église.

« Alors c'est ici? Bien, laissez moi un quart d'heure. » chuchota-t-il.

Il regarda au toit et estima les dimensions du madrier pourri qu'il fallait remplacer, ainsi que du bois nécessaire à la construction de l'échafaudage et de la grue. Il eut un peu de mal à se concentrer. En essayant d'ajouter un étage d'addition, il s'appuya sur une colonne de pierre. Il retira sa main vite fait: un prêtre et une femme avaient fait l'amour debout contre cette colonne, et avaient imprégnés plus d'une fois la pierre de leurs ébats dégoûtants. Antoine lâcha un juron entre ses dents.

Reprenant du début, avec sa propre taille comme gabarit, il estima encore la hauteur de l'édifice: dix coudées... ou sept... cinq? Il parlait de quoi déjà? On n'était pourtant pas si tard dans la journée, et bien que l'atmosphère soit particulière elle ne pouvait pas expliquer non plus autant de trouble. Les sens exacerbés, il remarqua enfin qu'il n'était pas seul dans la chapelle, et se retourna pour remarquer dans un coin assez éloigné de l'autel, une religieuse à genoux en train de prier avec ferveur.

Rien ne pouvait mieux troubler un sorcier qu'un chrétien qui priait près de lui. Enfin, en tout cas, un sorcier comme Antoine, qui s'il avait été chrétien aurait été un évêque ou un cardinal.

Improvisant, il alla à grands pas peu feutrés jusqu'à la religieuse, et se faufila entre les bancs pour se rapprocher d'elle. Ce faisant, il l'interrompit bien entendu, et il sentit tout de suite la différence dans son esprit. Il s'assit à côté d'elle.

« Monsieur Vaudremont, je viens pour les réparations. Vous priiez? »

Le ton était doux, calme et presque gentil, autant qu'il pouvait l'être face à un étranger. Mais à la place, Antoine aurait voulu dire: « vous me dérangez » ou bien: « dégagez pendant que je travaille ».



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Sœur Agathe
Religieuse
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Sœur Agathe


La Prière trouble les sorciers Vide
MessageSujet: Re: La Prière trouble les sorciers   La Prière trouble les sorciers Icon_minitimeLun 4 Juil 2011 - 19:50

Arrivée la veille, Sœur Agathe n’avait guère eut le temps de déjà poser ses marques à son retour en ville. Elle n’avait pas eu l’occasion d’aller revoir les siens, se contentant de s’installer et de prendre ses fonctions au sein de l’Inquisition. Elle avait rencontré Sébastien Garin, ainsi que son fils, le jeune David Geisler. Ce dernier lui avait profondément déplu, elle n’aimait les regards qu’il posait sur les femmes et son impulsivité. Il était l’archétype de ce qu’elle n’appréciait guère dans l’institution, agissant avant de réfléchir. Son père était étrange, elle ne parvenait guère à le cerner, il y avait dans ses yeux une profonde douleur qu’elle ne s’expliquait pas.

Revenir à Forbach avait été une source de joie pour la jeune fille, c’était comme un retour aux sources, et l’occasion pour elle de pouvoir agir pour le bien dans sa propre ville. Quelques heures, elle avait laissé ses pas la guider au travers des diverses salles de la Collégiale et de l’Église. Elle s’était plu entre ces pierres, retrouvant l’austérité et le calme qui régnait au Carmel, si propice à la méditation et à la prière. Mais l’endroit était petit et dépourvu de bibliothèque, elle songea qu’elle en parlerait avec Messire Garin, pour voir où il trouvait les récits qu’elle estimait indispensable à toute vie vouée à Dieu.

La tension accumulée ces derniers jours depuis l’annonce de son départ et les préparatifs n’était pas encore partie. Logée pour le moment dans une auberge, Sœur Agathe n’avait pu réussir à trouver un sommeil véritablement apaisant et réparateur. À errer ainsi entre les murs de la Collégiale, elle se sentait désœuvrée et inutile. Ses aspirations du moment n’allaient pas à plus d’action, mais bien à une méditation intense. Plus que jamais, elle ressentait le besoin de prier et de se confier à Dieu. Elle avait besoin de savoir ce qu’il attendait d’elle ici, et comment elle pourrait réussir sa mission en mieux. Ce qu’elle avait vu pour le moment et ce qu’elle savait de l’Inquisition à Forbach n’était pas pour apaiser ses craintes.

C’est alors qu’elle décida de se rendre dans la petite chapelle de la Collégiale pour y prier à son aise. Déserte à cette heure de la journée, Sœur Agathe y trouva le calme qui lui était nécessaire. Agenouillé en direction du Christ, elle médita et pria longuement, sans être interrompue. Son esprit s’apaisait peu à peu, elle sentait que ses questions trouveraient des réponses en leur temps. L’atmosphère qui régnait dans la chapelle lui rappelait le Carmel, et elle s’y sentait chez elle. Elle resta là de longues heures, sans voir le temps passer. Des bruits de pas, les premiers depuis longtemps interrompirent une première fois ses méditations sans qu’elle n’en tienne rigueur au responsable. Sans se préoccuper du visiteur qu’elle ne prit même pas la peine de regarder, elle continua à prier avec ferveur.

Mais il semblait que son temps de médiation et de paix dût être réellement interrompu, il ne fallut pas attendre longtemps avant que l’inconnu ne s’approche d’elle et ne se présente. Monsieur Vaudremont. Dans sa mémoire, elle fouilla, mais ne parvint guère à se souvenir de lui, elle ne devait pas l’avoir déjà rencontré. Il avait mentionné des réparations, alors du regard, elle balaya la salle dans laquelle elle se tenait depuis quelques heures déjà et vit qu’effectivement, certaines réparations étaient nécessaires. Elle fut ravie de constater que l’Inquisition prenait soin de ses lieux de culte.

Malgré l’interruption assez grossière dont Maître Vaudremont venait de faire preuve, elle se présenta à son tour, sans aucune aménité.

« Je priais, en effet. Je ne suis de retour en ville que depuis hier, et j’ai besoin d’un peu de temps pour me ressourcer. Je suis Sœur Agathe. Quoi qu’il en soit, je suis enchantée de vous rencontrer Maître Vaudremont. Puis-je vous aider en quelque chose ? »

Sœur Agathe prenait toujours soin de parler poliment, même aux personnes qui ne faisaient pas preuve du même respect envers elle. Le pardon était essentiel, surtout lorsque son travail allait consister à faire revenir dans le droit chemin les nombreuses sorcières qui peuplaient Forbach. Le pardon était plus qu’une simple parole, c’était un geste fort qui demandait une abnégation sans commune mesure. Elle n’en voulait pas à cet homme d’âge plus que mûr de l’avoir interrompue dans ses méditations, il avait sûrement une bonne raison pour le faire. N’est-ce pas ?
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Antoine Vaudremont
Meneur
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Antoine Vaudremont


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MessageSujet: Re: La Prière trouble les sorciers   La Prière trouble les sorciers Icon_minitimeMer 6 Juil 2011 - 11:18

Si la religieuse pouvait aider Vaudremont en un domaine c’était peut être en arrêtant de prier et sûrement en partant. Mais il n’était pas chez lui, ni même dans un endroit qu’il avait l’habitude de fréquenter pour cela. Faire part de sa relative irritation était exclu car il faudrait approfondir les raisons et officiellement, Monsieur Vaudremont était baptisé selon la religion chrétienne. Être un Nicodème ne facilitait pas toujours les choses.

Il fallait tout de même avouer que cette fille était d’une belle innocence. Il n’était pas sûr d’avoir été poli en l’abordant, mais elle lui avait répondu avec une parfaite politesse et une sincère gentillesse. Antoine Vaudremont n’était pas vraiment capable de répondre la méchanceté à la bienveillance. Il resta suspendu un long moment à chercher ses mots, puis ne trouva rien d’autre qu’un :

« M’aider ? Non rien, j’ai juste besoin d’un peu de calme pour travailler… Continuez à prier puisque visiblement vous obtenez plus de résultats que moi. »

Que pouvait-t-on donc espérer d’un Dieu qui n’existait pas, inventé de toute pièces par les hommes pour des hommes, et qui n’avait rien fait d’autre sur Terre que d’inspirer un ou plusieurs être humains ? Ce dieu là ignorait totalement le monde des esprits qui pourtant faisait partie de la création, des esprits qui étaient des créatures vivantes même si non matérielles. Si un sorcier voyait plus loin que le dieu des chrétiens, que dire de l’aveuglement des chrétiens eux même ? Et la magie, chose si naturelle et absolument dénuée de tout aspect démoniaque était condamné furieusement par l’Eglise aussi for que l’ancienne Tribu condamnait le Lys Noir. Définitivement, Antoine Vaudremont ne pouvait pas être chrétien ni le devenir.

Il se prépara à se lever de nouveau lorsqu’une phrase précédente le fit tiquer, le faisant lourdement se rasseoir et demandant à brûle-pourpoint :

« De retour à Forbach ? Vous y êtes donc née ? »

Si c’était vrai de quelle famille pouvait elle donc être ? Il n’y avait qu’un seul cas de jeune femme ayant quitté Forbach et qui en était revenue religieuse, c’était Cassandra Valdemar et encore avait elle disparu suite à un rituel d’amnésie. La jeune sœur aurait elle elle aussi subi un rituel d’amnésie et jeté dans le Monde ? Antoine Vaudremont avait du mal à imaginer qu’un village comme Forbach, si fortement marqué par l’influence d’Olrun même sur les autres habitants, puisse faire grandir des enfants qui entreraient dans des monastères chrétiens par la suite.

« Je vous pose la question parce que… je suis curieux de savoir de quelle famille vous pourriez être voilà tout. »

Était ce une famille de sorcières dont la fille s’était avérée réfractaire à l’initiation comme les Valdemar pour Cassandra, ou bien une famille paisible et neutre qui n’avait rien à voir avec la sorcellerie ? Et s’il s’agissait de quelque chose de bien plus dangereux, une famille de sorciers qui avait eu une fille qui s’était échappé, et était revenue bien plus tard ?

Antoine ne pouvait pas utiliser sa magie dans cette église, mais si c’était le cas, elle ne ferait pas beaucoup de distance avant de se retrouver l’esprit envahi…

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Sœur Agathe
Religieuse
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Sœur Agathe


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MessageSujet: Re: La Prière trouble les sorciers   La Prière trouble les sorciers Icon_minitimeVen 5 Aoû 2011 - 19:17

Sœur Agathe s'était visiblement trompée, il n'avait apparemment aucune raison de l'interrompre, mais elle n'en prit pas ombrage. Les âmes perdues ne savaient souvent pas ce qu'elles voulaient, c'était à elle de leur montrer le chemin à suivre, la voie vers Dieu. Il était cependant plus courtois depuis qu'elle lui avait parlé, faisant preuve d'une politesse dont il avait manqué lorsqu'il l'avait abordée la première fois. Sa remarque sur le manque d'efficacité de ses prières fit tiquer la jeune sœur. Ainsi, elle avait donc raison, c'était une âme perdue. Souriante, elle se dit qu'elle venait de trouver là la première occasion de faire ses preuves en tant que missionnaire envoyée à Forbach. Avant d'aborder plus en détail ce délicat sujet, elle choisit de répondre à ses autres questions.

« Je suis effectivement née à Forbach. J'habitais dans une ferme, un peu à l'écart de la ville. Je suis l'une des filles de la famille Moreaux, vous m'avez peut-être connue sous le nom de Guillemette quand j'étais plus jeune, mais cela fait plusieurs années que j'ai quitté Forbach pour entrer au Carmel. »


Un soupçon de nostalgie lui étreignit le cœur, cela faisait plusieurs années qu'elle n'avait plus revu certains de ses frères et sœurs, et elle n'avait guère eu l'occasion de revenir chez elle. L'envie de les revoir se fit plus présente. Jamais elle n'avait regretté son choix de partir, mais il lui arrivait d'aspirer à revoir ses frères et sœurs maintenant qu'elle les savait tous proches d'elle. Mais ces pensées ne l'occupèrent pas bien longtemps, elle retourna bien vite à ses premières préoccupations. Messire Vaudremont semblait éprouver quelque chose d'indéfinissable à la voir prier comme elle était en train de le faire lorsqu'il était arrivé. Il s'était d'ailleurs senti obligé de l'interrompre alors même qu'elle était plus silencieuse que la nuit.

« Je m'en voudrais de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je me posais une question. Vous avez dit, si j'ai bien compris, que vos prières étaient inefficaces. Souhaiteriez-vous que nous en parlions. Après tout, j'ai été envoyée ici pour ça, aider les âmes en peine à retrouver le chemin de Dieu. Non pas que je sois convaincue que vous soyez une âme en peine. Vous avez cependant l'air en proie avec des doutes, ou tout au moins, des troubles. Je peux vous aider, Messire, si vous le désirez. »

Tout cela avait été dit sur un ton parfaitement posé, et Sœur Agathe avait pesé chacun de ses mots avant de les prononcer. Elle ne parlait pas en vain, elle savait parfaitement où elle souhaitait se diriger, et ce qu'elle voulait obtenir de son interlocuteur. Restait à savoir s'il ferait l'effort de l'écouter et de prendre le temps de réfléchir à ces questions d'importance primordiale.

« Je ne voudrais évidemment pas vous troubler dans votre travail ou vous faire prendre du retard, alors si cela vous convient mieux, nous pourrons remettre cette conversation à plus tard. »


C'était une proposition à laquelle elle n'avait aucune envie qu'il donne son assentiment. Cette première épreuve était un test pour elle. La jeune Soeur voulait se prouver à elle-même qu'elle était capable de faire ce pour quoi on l'avait envoyée ici. Et Dieu avait mis sur son chemin un homme perdu face à la religion dès son premier jour, ce n'était pas un hasard, elle en était convaincue. Bien évidemment, elle ne se targuait pas de deviner les desseins de Dieu lui-même, mais elle espérait ne pas se tromper. Si tel devait être le cas, alors peut-être que sa place n'était pas ici. Mais ça, il était encore bien trop tôt pour le décider. D'un geste de la main, elle invita Messire Vaudremont à s'installer à côté d'elle, afin qu'il fût plus à l'aise pour discuter. Patiemment, elle attendit qu'il prenne la parole, ne voulant surtout pas le brusquer.

Son regard se perdit à nouveau dans la contemplation de la petite chapelle. Sans être d'une beauté éblouissante comme certaines pouvaient l'être dans les grandes villes, cette petite chapelle avait son charme et ne manquait pas d'attributs aux yeux de la jeune Sœur qui était ravie de constater qu'on en prenait un minimum soin.
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Antoine Vaudremont
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Antoine Vaudremont


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MessageSujet: Re: La Prière trouble les sorciers   La Prière trouble les sorciers Icon_minitimeMar 9 Aoû 2011 - 13:40

« De… mon âme en peine ? »

Il aurait donné cher pour savoir la tête qu’elle ferait si elle savait quelle déesse habitait le cœur de l’artisan, et si elle savait qu’il était aux sorcières ce que les cardinaux sont au Vatican… Il eut même l’envie très puérile de le lui balancer tel un soufflet, mais un reste de prudence le retint de le faire, avec difficulté il est vrai. Sa véritable force avait toujours été qu’il ne correspondait pas au portrait type de la sorcière, son physique était celui d’un artisan et non d’une adoratrice de Satan. Qu’il mette tout par terre pour une histoire de fierté était stupide au plus haut point.

« Mon travail peut attendre, il est déjà quasiment fini. »

Ils se débrouillaient sans lui à l’usine, le carnet était assez rempli et simple pour ca. Et jouer ce jeu dangereux (pour lui) l’intéressait soudainement, cela n’arrivait jamais de pouvoir opposer Olrun à Dieu, qu’un sorcier et qu’un inquisiteur soient sur le même banc sans que l’inquisiteur n’arrête le sorcier ou que le sorcier n’envoûte l’inquisiteur. Bien sûr il y avait un masque qu’Antoine devait porter, mais c’était le même que d’habitude : Maître Vaudremont, petit notable de Forbach, baptisé chrétiennement qu’on voyait à l’Eglise à Noël et à Pâques…

« Ce ne sont pas tant des doutes que l’ambiance du village qui me pèse : les sorcières sont toujours parmi nous vous le savez… Pensez vous vraiment qu’on peut faire cohabiter la sorcellerie avec Dieu ? »

La question était purement réthorique, et pour Antoine la réponse était non, et c’était aux chrétiens de dégager. Ils avaient un continent rien qu’à eux, exportaient leur religion aux Amériques, ambitionnaient de mettre un pied dans les Indes et la Chine… Pourquoi ne pas laisser un village brumeux de Lorraine tranquille ? Pour Sœur Agathe, la fille des Moreaux.

« Alors, quand on vit depuis quarante ans dans cet endroit, que tous vos ancêtres en viennent, on finit un peu contaminé par celles-ci, tout comme on peut finir contaminé par les mahométans en vivant à Alger… »

Evidemment, quand on était soi même musulman, son âme n’était plus en danger. Antoine se rendit compte qu’il était allé peut être un peu loin, et qu’il avait mal joué son rôle d’habitant neutre victime de cette guérilla religieuse. Il avait peu l’habitude d’avoir des doutes sur sa foi chrétienne.

« Enfin, comme vous voyez, rien ne m’empêche encore de fréquenter les chapelles, celle-ci étant privée évidemment, je ne m’y pointe pas souvent. Mais vous avez échappé à beaucoup de choses dans votre noviciat… j’espère que vous ne me jugerez pas. »

Les Moreaux étaient des gens discrets, des gens de bien quel que soit la religion avec lesquels on les jugeaient. Leur fille semblait dans la même ligne, ce qui rassurait Antoine. Il fallait seulement toujours se rappeler que cette nonne innocente était une inquisitrice, un agent de la Répression, et pour un homme qui avait perdu une épouse et son unique fille à cause de l’inquisition, ce n’était pas pardonnable, on était d’office coupable.

Il ne savait pas combien de temps ce jeu pourrait durer.
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Sœur Agathe
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Sœur Agathe


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MessageSujet: Re: La Prière trouble les sorciers   La Prière trouble les sorciers Icon_minitimeLun 29 Aoû 2011 - 23:37

Sœur Agathe fut ravie de voir qu’il avait su l’écouter et qu’il ne rechignait pas à continuer cette conversation. C’était un bon début, mais ce n’était pas suffisant. Sœur Agathe avait vécu suffisamment longtemps à Forbach pour savoir que la sorcellerie n’était pas une mystification, que c’était un fait réel qu’il fallait prendre au sérieux. Sœur Agathe ne savait pas si elles étaient vraiment les filles du Malin ou non, mais elle savait que depuis quelques années, elles semaient trop le trouble en ville pour qu’on les laisse continuer sans rien faire pour les contrer. Contrairement à la plupart des Inquisiteurs, la jeune demoiselle ne croyait point qu’il fut nécessaire de le condamner à mort. Si elle n’avait pas son mort concernant la manière dont l’Inquisition était dirigée, elle ne comptait pas moins utiliser ses propres méthodes qui avaient toujours fait effet : la douceur, la ténacité, la fermeté, et par-dessus, l’amour et la confiance en Dieu. En son Dieu d’amour, capable de miséricorde et dont le fils s’était sacrifié pour tous les sauver. Comment expliquer tout cela à Messire Vaudremont ? Était-il un sorcier ? Il semblait tellement fataliste vis-à-vis d’eux.

« Ce qui fait de nous des hommes, ce qui nous rend plus fort que les animaux, c’est que nous avons le choix, Messire. Nous pouvons décider de se laisser influencer par les autres, ou nous pouvons choisir de lutter contre le Mal. »

La passion animait sa voix, plus qu’un devoir, c’était une véritable vocation pour elle que d’aider les habitants de cette ville à mieux vivre leur foi. Antoine était-il athée ? Mécréant ? Traversait-il simplement une petite crise sans importance ? Ces questions n’étaient importantes que dans la mesure où si Sœur Agathe y apportait une réponse, elle serait mieux à même de venir en aide à Antoine Vaudremont.

« Je ne sais pas si les Sorcières sont des Adoratrices de Satan, peut-être sont-elles bonnes au fond... Mais elles ont répondu le Mal dans cette ville et tous les habitants en ont pâtis. Cela, je ne puis le tolérer. Je n’ai pas pour souhait de faire couler à nouveau du sang dans les rivières, je ne souhaite que la paix. Et cette paix, seule l’amour de Dieu, le seul, le vrai, peut l’apporter. »

Ce visage habituellement si pâle, entouré de ce carcan blanc, prenait une jolie couleur rosée au fur et à mesure que Sœur Agathe s’animait. Oh oui, elle aimait Dieu, elle l’aimait d’un amour sincère et voulait se dévouer entièrement à lui. Maintenant que l’essentiel sur ses convictions et impressions avait été dite, elle choisit de répondre enfin à la question de Messire Vaudremont. La réponse était délicate, il ne fallait pas qu’elle se lance trop vite. Une cohabitation était possible, mais elle n’empêcherait pas que les Sorcières étaient dans l’erreur, et qu’elle ferait tout pour les ramener vers Dieu.

« Vous m’avez demandé si une cohabitation entre les Sorcières et nous était possible. Je crois que oui, mais cela ne résoudrait pas le problème. Voyez-vous, je suis intimement convaincue que seul Dieu peut sauver nos âmes. À quoi bon une vie paisible sur terre si c’est pour être voué aux tourments de l’Enfer pour l’éternité ? Je souhaiterais tellement que tout le monde puisse comprendre à quel point Dieu nous aime et veut notre bien à tous, à quel point il est important d’œuvrer pour lui et pour le bien des autres. »

Il était maintenant temps pour Messire Vaudremont de faire face à ses démons, d’avouer ses errements et ses doutes. Sœur Agathe n’était pas là pour le juger ou le punir, elle était là pour l’aider, et rien d’autre. De toutes ses forces, elle souhaitait réussir cette première épreuve que Dieu lui imposer. Si elle devait échouer, ce serait une telle déception !

« Et vous, Messire Vaudremont, pensez-vous qu’une cohabitation soit possible entre elle et nous ? »

Elle l’associait volontairement avec ses croyances, voulant montrer par là qu’elle ne le jugeait point.

« Vous vous sentez « contaminé » par les Sorcières ? Vous pensez qu’il n’est pas possible d’échapper à cela ? Moi, au contraire, comme je vous l’ai dit, je pense qu’on a toujours le choix, et que c’est à nous de déterminer ce que nous souhaitons faire de nos vies... »

La naïveté de ses propos lui échappait, Sœur Agathe n’avait pas la moindre idée du personnage à qui elle s’adressait, et c’était sans doute mieux ainsi. Dieu seul sait ce que donnerait cette discussion si Antoine venait en partie à révéler sa véritable indentité.
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Antoine Vaudremont
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Antoine Vaudremont


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MessageSujet: Re: La Prière trouble les sorciers   La Prière trouble les sorciers Icon_minitimeMar 30 Aoû 2011 - 15:56

« La cohabitation avec les sorcières est possible, à condition qu’elles ne soient plus des sorcières ? »

Antoine resta un long moment en suspens, et réprima de toutes ses forces un rire sonore qui fort heureusement resta au fond de ses entrailles. C’était donc l’idéologie officielle des inquisiteurs modérés, intéressant, et plus rassurant. Mais voué à l’échec, et fondée sur les mêmes principes. Au moins ne méritait-elle pas qu’on la rembarre violemment, tant la doctrine que Sœur Agathe. Si l’inquisition était plus modérée dans ce genre là…

« Je pense qu’effectivement la cohabitation pacifique avec les sorcières est possible, mais sont elles femmes à renier leur identité ? Il faudrait… essayer. »

Il prenait bien soin à désigner tous les croyants d’Olrun comme des femmes, afin d’éloigner les soupçons de sa personne. On pensait immédiatement aux sorcières, surtout chez les vieilles femmes, mais rarement aux sorciers, les fils du Diable était une appellation beaucoup moins courante que son équivalent féminin. Ca permettait aussi à son discours de mieux passer.

Essayer la cohabitation pacifique. Ca ne marcherait pas, mais ca valait le coup. Cela demandait trop de compromis de la part de chacun, et lui-même ne se voyait pas comme le principal artisan d’une telle entente. Même des nons-chrétiens avaient leurs propres côtés sombres, leurs propres guerres de religion, comme celle qui opposait l’Ancienne Tribu au Lys Noir. On ne faisait pas du neuf avec plein de vieux, on ne changeait pas un village en conflit larvé en un village en paix. A moins d’un miracle qui échappait à Antoine Vaudremont.

« Mais pour moi, il y a peut être effectivement une part de choix. Vous semblez m’indiquer que la fin de mes altermoiements serait une foi grandie en mon dieu ? Rien à redire par-dessus. Juste une petite chose qui me trouble : Admettez-vous l’existence d’autres dieux que Dieu ? Comme par exemple, la déesse des Sorcières ? »

Sœur Agathe comprendrais qu’une foi grandie en son dieu signifierait qu’une âme se rapprochait du Seigneur unique. Pour Antoine, on savait ce qu’il en était. Il n’avait aucun doute à la base, mais ne pouvait se permettre d’exposer ses certitudes, aussi…

« Ce n’est pas parce que je suis tenté ! Je veux juste savoir quelle légitimité vous leur donnez. Vous vous doutez qu’on ne peut arracher son identité à un homme sans conséquences, même en lui donnant une autre, vous êtes sûre qu’ils ne peuvent pas la garder ? »

Cette fois ci il avait dit « homme » mais lui-même n’avait pas relevé. A vrai dire il ne se souvenait pas exactement de ce qu’il venait de dire autre chose attirait son attention. Un grincement menaçant se fit jour, puis un craquement effroyable. Antoine aggripa brutalement Sœur Agathe par l’épaule et sa robe et la tira à lui d’un trait. Un morceau de poutre de belle taille alla s’écraser à côté du banc, dans une pluie d’éclats pourris. Nul mal à craindre, bien que la petite nonne soit écrasée contre lui, un petit peu sous le choc.

« A mon avis, il faudra complètement rénover la charpente. Pas trop de mal ? »

Il lâcha Sœur Agathe et regarda si elle n’était pas trop sous le choc. Il aurait peut être du crier attention et davantage expliquer après.
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Sœur Agathe


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MessageSujet: Re: La Prière trouble les sorciers   La Prière trouble les sorciers Icon_minitimeJeu 22 Déc 2011 - 5:39

La jeune sœur écoutait avec attention les propos pour le moins troublant du charpentier, elle était tellement absorbée qu'elle n'entendit pas le grincement sinistre qui l'avertissait d'un danger imminent. Lorsqu'Antoine la bousculer pour probablement lui sauver la vie, elle ne réalisa pas pleinement ce qu'il venait de se passer.

« Je vous remercie, Messire, je n'ai rien. »

Sœur Agathe avait ce don qui consistait à rester calme en toutes circonstances. Peu importe qu'on l'insulte, qu'on blasphème ou qu'on critique sa vision des choses, elle restait toujours stoïque, posée, charmante. La chute de la poutre ne l'avait presque pas détournée de son objectif premier dans la conversation. Ce monsieur Vaudremont se méprenait sur ses propos, et plus tristement encore, il était passablement de mauvaise foi. Tout ce que Sœur Agathe pouvait dire, il le retournait contre elle, alors même qu'elle avait raison. Elle ne voulait pas que ce début stérile s'éternise, cependant, elle ne s'en irait pas sans avoir donné une dernière fois son avis. Même si Antoine ne le partageait pas pour le moment, un jour, peut-être, lorsqu'il serait mûr, il serait à même de le comprendre.

« Vous vous méprenez Messire, vous interprétez mes propos et vous les déformez. Cependant, comme Dieu, j'essaie d'être miséricordieuse, et je ne vous en veux pas de vous trompez. Je n'ai jamais dit que les Sorcières devaient renier leur identité pour que nous puissions vivre en paix. Le fait est que leurs croyances amènent le chaos ! Dois-je vous rappeler le ruissellement des souvenirs ? L'Oracle ? Et encore plus récemment, le scandale Lorenzo Maestriani ? Je leur demande simplement de ne pas oublier qu'elles ne sont pas les seules sur cette terre, et que toute action a des conséquences. Il est temps de stopper les erreurs, vous ne croyez pas ? Je ne désire pas tuer les Sorcières, je souhaitent qu'elles comprennent le mal qu'elle ont pu faire et qu'elles s'en repentissent. »

Il y avait dans les propos d'Antoine Vaudremont, des petites détails qui la troublaient, et qu'elle ne comprenait pas. Il semblait ne pas détester les Sorcières alors même qu'elles étaient responsables de la plupart des malheurs qui avaient frappés cette ville. Il tentait bien de la pousser dans les retranchements de ses positions, mais c'était sans compter sur sa ténacité et sa croyance. Mais ce dont elle voulait parler maintenant, c'était les étranges propos qu'Antoine avait tenu. Il lui avait plus ou moins avoué qu'il était un Sorcier, et elle ne comprenait qu'il eut pu faire si facilement une telle confession.

« Vous savez que je pourrais vous faire arrêter pour les propos que vous avez tenus : blasphématoires et hérétiques. Je ne crois pas en l'existence d'autres dieux parce que celui que vous appelez mien est universel, présent partout et pour tous, pour peu que nous puissions l'écouter et être réceptifs à sa Parole. Vous parlez de la Déesse des Sorcières, vous semblez bien trop au courant de certaines choses pour être honnêtes, Messire. Alors retenez ceci : je ne parlerai à personne de cet entretien, parce que je pense que je peux vous aider et vous remettre sur le droit chemin. Mais faites attention, je ne vous oublierai pas... »

L'homme qu'elle avait en face d'elle était intolérant, elle le sentait au fond d'elle. Il tenait des propos très durs sous des couverts de beaux mots et douces paroles. Il y avait en lui quelque chose d'effrayant, et Soeur Agathe n'était plus sûre d'être de taille à lutter contre lui pour le moment. Il fallait qu'elle consulte quelques ouvrages d'abord, qu'elle prenne un peu d'assurance. Jamais elle n'avait pensé que sa mission serait facile, alors cette difficulté ne la troublait pas outre mesure, comme toujours, elle parviendrait à passer au dessus, grâce à Dieu.

« Vous parlez de préserver son identité, de ne pas renier ce que nous sommes. J'ai du mal à vous suivre sur ce terrain. Devrions-nous laisser les criminels impunis parce que c'est leur identité propre de faire le mal autour d'eux ? Ne devrait-on pas essayer de les remettre dans le droit chemin afin qu'ils ne nuisent plus ? Les Sorcières de Forbach sont nuisibles, Messire. Il y a eu des morts, de trop nombreux morts, ne pensez-vous pas qu'il est temps de mettre fin à tout cela ? »

Calmement, elle s'écarta de son interlocuteur et se leva. D'un pas mesuré et discret, elle se dirigea vers la sortie, mais juste avant de franchir le seuil, elle se tourna une dernière fois vers le charpentier.

« Prenez le temps de méditer à tout ce que je viens de dire, Messire Vaudremont. Songez à tout le bien que vous pourriez faire autour de vous. Cette guerre n'a-t-elle pas déjà que trop duré ? »

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