Raphaël écrit à Judith. Ou plutôt, il écrit des lettres qui lui sont adressées mais qui reste planquées dans un tiroir de son bureau... Orgueil ou peur ?

Citation :

Judith,

Je ne sais plus combien de lettres je t'ai écris, et pourtant, j'ai l'impression de ne rien dire à chaque fois. Je te parle du beau temps, de la pluie, de mes balades à cheval ou des dernières frasques de mon chien. Des disputes avec père ou des cadeaux de mère. Mais je n'ai pas le souvenir de t'avoir énoncé, ne serait-ce qu'une fois ce que ton départ avait causé en moi...
Aussi, cette lettre sera le moyen de rattraper mon erreur, ou l'omission inconsciente de mon esprit pour les troubles que tu as toujours éveillés en moi. Je souris de mon embarras devant une feuille de papier, et ma plume reste en suspens pendant plusieurs minutes au dessus de l'encrier. Moi qui ne manque d'habitude pas de répartie, ne sait même plus par quel bout commencer. Quel retour de flamme pour le beau parleur que je me targue d'être. Enfin, voilà de nouveau que je m'égare ou que je cherche à éviter le sujet...
Tu n'es pas devant moi, et pourtant, je vois d'ici ton regard réprobateur accompagné d'un sourire amusé si tu me voyais tergiverser de la sorte. Tu me lancerais une réplique bien sentie, mais avec un ton si doux qu'elle passerait sans problème. Tu as toujours su que le défi était la meilleure manière de me faire faire ce que tu voulais. Aussi, alors même que tu ne m'as pas adressé la parole depuis bientot 1an, je vais répondre à un défi que seul mon esprit me fait entendre de ta voix.

Je me demande ce que tu voudrais entendre, mais peut être que si je le savais, m'amuserais-je à écrire le contraire ? Je ne vais donc pas chercher ce à quoi tu voudrais t'attendre, mais plutôt te décrire avec franchise ce que ton départ a causé comme dégats dans mon coeur... Malgré tout ce que l'on peut dire, personne ne pourra nier que je t'aimais, et certainement pas toi, même si tes paroles coléreuses sous entendaient le contraire, ce soir d'automne. La première émotion qui m'a assaillit était la colère, car tu étais injuste de me punir pour quelque chose que je n'avais pas fait, et aussi car un orgueil masculin est toujours plus furieux une fois blessé. Mais la colère ne dure que tant qu'elle a une cible. Aussi, ton absence à amenée avec elle, un manque et une tristesse que je ne pensais pas connaitre un jour. Jouirais-tu d'une d'une délicieuse vengeance en lisant ces mots ? J'ose croire que tu n'as pas changé à ce point...

Mais pire que le manque de toi, ressentit dans tout mon corps, pire que cet étau qui s'obstine à me broyer le coeur, pire que cette colère brulante qui incendie mon esprit... C'est ton silence. Ce silence froid et haineux, qui glace mon être un peu plus chaque jour ...

R.