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 Pas sur tes lèvres.

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Narcissa de Saint-Loup
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Narcissa de Saint-Loup


Pas sur tes lèvres.  Vide
MessageSujet: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeMar 21 Fév 2012 - 20:37

    Dans mon monde tu étais l’arbre à la belle écorce, susurrant les plus belles promesses d’avenir. Je me suis faite clématite, éternelle amante, goûtant la terre que tu foulais, j’ai planté mes racines pour savoir te plaire. Sans toi, il n’y a jamais eu de moi. Mon cœur battait qu’en entendant tes battements. Si tu avais besoin de réconfort, le parfum de mes fleurs te rassurait. Si ton cœur était trop lourd, une petite liane caressait ton écorce à vif pour boire tes ténèbres, et en attendant, mes feuilles aussi légères et douces qu’une aile de papillon, chatouillaient pour te faire rire. Et à tes farces, je fermais toutes mes fleurs avec des mimiques dont j’ignorais ta préférence. J’ignorai que je ne fus qu’une dame de compagnie. Tu ignores que je n’ai jamais été ta sœur.

    Savais-tu que je n’ai jamais pu étouffer quelqu’un, même un ennemi ? Une clématite grandit prés de son amour, sans l’étouffer, le savais-tu ? Mais cela était trop pour toi. Tu m’as arraché comme une mauvaise herbe et jeté près du ruisseau, en espérant que les eaux m’emportent. Pas assez loin. Dans l’herbe d’automne, près de l’eau, sur mon reflet j’ai cherché le tien et puis, je me suis faite narcisse pour comprendre mes erreurs.

    Perdre sa mémoire est comme se perdre pour toujours, par ma promesse, j’aurai dû comprendre que tu m’as embrassé parce que tu pouvais aller humer son parfum, sans me mettre en colère. J’aurai dû lire dans tes yeux gênés et tes silences. Tu aurais dû me le dire que tu l’aimais, je n’aurai pas espéré en vain. J’aurai dû comprendre pour notre second baiser que cela n’était que ta joie de voir Sarah encore en vie, et que tu commençais à avoir le courage pour déclarer ta flamme. J’aurai dû comprendre à mon départ de Forbach, quand tes amis à la collégiale t’ont cherché en vain, que tu n’as fait que courir dans les bras d’Aphrodite, car tu étais libre. Libre de moi. Dire que j’allais te demander de m’attendre parce que maman et moi avions un plan pour revenir, et que j’allais enfin t’avouer que je t’aime plus que tout. Pourtant, indirectement, tu m’as dit que je n’étais plus rien à tes yeux.

    J’aurai dû le comprendre quand tu ne répondais pas à mes lettres. Aphrodite m’a dit que m’écrire t’étais trop douloureux. Seulement parce que je la suppliais, elle ne me donnait pas beaucoup de tes nouvelles, bien que parfois elle me semblait vantarde. Elle n’a jamais osé dire qu’elle partageait ta couche. Avez-vous bien rit de moi en les lisant ? Tiens, Narcissa a un nouveau souvenir. Oh ! Viens lire un peu, elle s’inquiète pour toi, quelle idiote, si elle savait. Savais-tu qu’elle fut en prise avec des sorcières ? Elle en a même perdu la mémoire. Elle aurait même pu en coincer un petit paquet, dommage qu’elle n’en soit pas morte. On aurait été bien tranquille, quoique, viens lire un peu, quelle poire, elle croit que tu l’aimes. Si elle savait. Ah oui, si elle savait. As-tu toujours cette petite veine qui bat prés de ta tempe droite quand tu ris ?

    J’ai compris pourquoi, je suis une prison pour toi quand mes plus beaux souvenirs sont revenus. Je n’ai été qu’une rêveuse qui t’empoisonnait. Tu n’as jamais cru en moi et tu n’as jamais eu confiance en moi. Tu ne m’as jamais aimé. Si tu as bien voulu revoir Rodez, tous les étés, cela n’était que pour revoir Aphrodite. Et moi, petite rêveuse qui se lovait à tes pieds, j’ai espéré qu’un jour, je puisse avoir le choix de mon maître. Pour cela je dois te remercier, par ma foi en ton amour, j’ai pu changer mon destin car ma mère me donnera en mariage à l’homme de mon choix. Je t’en serais toujours reconnaissante.

    Va la rejoindre, mais sache que si je ne me suis pas battue pour te conquérir, c’était parce que j’ai compris que tu l’aimais et que ton bonheur est avec elle. Ma vie n’a été que pour faire ton bonheur. Maintenant, c’est fini, j’ai enfin compris que cela n’a jamais été ma tâche, mais celle d’Aphrodite. Oh ! J’ai encore une autre chose avant de te laisser partir.

    Tu avais dix ans à peine quand tu m’as donné cet objet qui a appartenu à ton père. Tu m’avais dit que si je le gardais pour toujours, nous serions toujours amis. Mais je n’ai jamais réussis à te protéger, même ce soir, je n’ai pu… Pardon, cela ne te concerne plus. A ma dernière visite, tu m’as dit que tu voulais être libre. Je ne veux que ton bonheur, alors je n’étoufferai plus, tu pourras jeter aux orties tout ce qui nous a appartenu. Je te le rends.

    Maintenant, nous sommes libres.


Les écrivains connaissent la nature du papier quand l’encre laisse un témoignage. Au papier, les mots donnent des ailes et l’instinct pour s’échapper des pochettes jusqu’aux pieds d’un indiscret. N’écrivez pas votre nom ; rassemblez vos feuilles ; faites qu’elles ne voient plus le jour avec du tissu et un peu de ficelle, pensez aux nouages compliqués car un lecteur bien que bonne bête, vous fera vivre un enfer en rendant votre bien. Si vous y mettez quelques pierres à votre paquet, c’est encore mieux, une personne est moins disposée à lire quand elle reçoit quelque chose de lourd sur ses pieds ; si elle crie, merveilleux, vous avez le meilleur localisateur d’objets perdu au monde.

Narcissa comprit son erreur quand cette feuille glissa de son carnet aux pieds de son patient. Tête baissée, voyant que l’Inquisiteur bloquait la sortie, elle s’engouffra dans la première pièce sombre venue, et ferma la porte. Poum, boum, pffffiouuuu, splash ! Elle découvrit le placard à balais sur son séant, un torchon dégoulinant sur les cheveux.
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David Geisler
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeMer 22 Fév 2012 - 0:48

Il avait repris conscience aux cris retentissants de Sébastien Garin. Vautré au sol, entre les bancs, à plat ventre. Interrompu dans une reptation saccadée pour échapper à un Inquisiteur qui tentait de lui planter un poignard entre les omoplates. Le voile gris de l’envoûtement dans les yeux de son agresseur s’était dissipé à l’instar d’un nuage brumeux, laissant place à une lucidité cruelle... Tremblant, sous le choc, David avait pu prendre une grande inspiration salvatrice. Il lui avait semblé que la vie revenait brusquement habiter son corps. Il s’était redressé parmi le carnage, observant autour de lui les bancs renversés, les dalles anthracites du sol éclaboussées de giclures rouges, et les survivants sous le choc au milieu d’un monceau de cadavres.
La prière les avait sauvés.

Immédiatement après, Sébastien Garin avait dénoncé avec hargne Europe, laquelle avait disparu dans un panache de volutes opaques. David eut le réflexe de crier au reste des Inquisiteurs présents, de se jeter sur les sorcières dénoncées. Tandis que ses pairs obtempéraient, lui-même ne put réagir assez vite et participer à la traque. Il resta sur place, les jambes flageolantes, et s’effondra sur un banc en aspirant goulûment l’air. Sa main tremblait trop pour qu’il puisse la passer dans sa tignasse noire; il essaya tout de même et se rendit compte qu’elle était uniformément rouge.

Un râle d’effroi lui échappa; il leva les yeux, prenant enfin pleinement conscience de la boucherie. L’église avait été repeinte de traînées écarlates. Un peu partout, des cadavres éventrés dégorgeaient de sang pourpre, tandis que des survivants sous le choc erraient entre les bancs en poussant des cris –de détresse en voyant leurs proches éviscérés, de soulagement en voyant leurs proches en vie... Les veines battaient avec une violence inouïe à ses tempes. Le tableau qui s’étalait sous ses yeux écarquillés était une abomination… D’ordinaire, David n’avait jamais été émoustillé par des scènes de bataille, des tripes sortant d’un ventre déchiré, des orbites vides ou encore des tas de macchabées flottant dans un rouge bouillonnant… Pourtant à cet instant, une sueur si glacée lui coula sur le front qu’il eut l’impression de s’évanouir.

Car les cadavres qu’il avait sous les yeux étaient presque tous ceux d’Inquisiteurs. Des gens qu’ils avaient connu, côtoyés, aimés. Des amis et des êtres chers.

Il reprit conscience quelques minutes plus tard, ayant effectivement fait un malaise. Des points noirs dansaient devant ses yeux et brouillaient sa vision. A plus forte raison lorsque les cris lancinant des sorcières se jetant du haut du clocher, vinrent compléter l’horreur de la scène… Combien? se demanda-t-il la gorge aride. Combien en avait-il tué, en tout, pendant l’envoûtement? A combien de familles, de veuves éplorées, d’enfants orphelins, devrait-il présenter ses condoléances en disant qu’il était responsable de leur deuil? Impossible de se souvenir… C’en était trop pour ses nerfs. Heureusement qu’il fut assis, car ses jambes tremblantes ne le soutiendraient plus.

Lève-toi! s’ordonna-t-il. Debout! Quelle piètre image était-il en train de montrer en cet instant? Celle d’un gosse pleurnichard. Il avait besoin d’être fort, de montrer au monde l’image d’un homme sur lequel on pouvait compter dans cette situation de crise. Il en avait besoin… pour se prouver à lui-même qu’il en était capable. Pour s’occuper, détourner ses pensées de l’horreur de la boucherie.
Son premier réflexe fut de chercher du regard les personnes auxquelles il tenait, afin de s’assurer qu’elles allaient bien. Sarah Geisler heureusement, bien qu’ébranlée elle aussi, était debout et marchait. David procéda à une vérification soigneuse et son angoisse ne fut qu’un peu apaisée lorsqu’il eut terminé.

Les heures qui suivirent, il fut sur tout les fronts. Il fallut en premier lieu rassurer la population terrorisée, désorganisée, dispersée. Ensuite, aller ramasser au-dehors les corps disloqués des sorcières qui s’étaient jetées dans le vide, pour vérifier qu’aucune d’elle n’était encore en vie. Si ç’avait été le cas, la survivante aurait eu droit à des soins, puis le cachot, suivi de longues séances de torture –autant pour lui arracher des explications sur l’envoûtement que pour la faire souffrir, lui faire payer la douleur et la mort d’autant de gens. On interrogea leur famille. Histoire de dénicher si d’autres individus étaient impliqués dans l’occulte.
Ensuite, il fallut procéder à un comptage des personnes décédées. Recoller les morceaux des cadavres afin de les identifier. Demander à des familles sous le choc de reconnaître les visages sans vie de leurs proches, afin de dresser une liste… David ne fit pas exception. Il sentit son estomac se retourner en voyant défiler les corps sans vie de personnes qu’il avait côtoyé et apprécié des années durant. Mathieu, avec qui il avait pris sa première cuite. Guillaume, son meilleur fournisseur de feuilles à fumer…
Dans le même temps, mère et fils Geisler s’employèrent à donner des ordres pour qu’une partie des effectifs puisse se lancer à la recherche de la fugitive Europe Eléanora-Sun.
Les représentants survivants de l’Inquisition décimée passèrent devant un prêtre. Puis, il fallut évacuer les cadavres vers l’extérieur et les entasser sur des charrettes; au cimetière, les fossoyeurs travaillaient déjà à plein régime.
Le tout dura de nombreuses heures. L’aube se levait déjà que l’église était encore pleine de gens, présents pour diverses raisons. Il y avait notamment de très longues files devant le confessionnal, l’autel, et quelques autres points de rassemblement pour les nombreux blessés.

David se plaça dans une des files d’attente. Il avait négligé ses blessures depuis la Messe car des tâches plus importantes l’attendaient alors. Finalement, Sarah Geisler lui avait conseillé de prendre un peu de repos. Et effectivement, il était si fatigué qu’il se sentait fébrile, ruisselant de sueur. Son visage était orné de contusions et une estafilade ourlée de sang coagulé courrait sur son torse, produit d’un de ses affrontements durant la Messe. Il ne se souvenait de presque rien durant l’envoûtement, mais il savait du moins que c’était lui, le premier Inquisiteur à faire feu; lui qui avait assassiné le prêtre officiant… Depuis quelques temps, David était plus ou moins honni par la population forbachoise. Les échos de son procès n’avaient échappés à personne et comme prévu, Cassandra et Viviane s’étaient employées à ruiner sa réputation. Il pensait ne pas pouvoir tomber plus bas… mais après les événements de cette nuit, la façon dont les gens percevaient David Geisler allait probablement se détériorer plus encore.

Il s’aperçut que ses nerfs lâchaient quand des larmes coulèrent sur ses joues. Fort heureusement, parmi la saleté, la transpiration et le sang qui maculaient son visage, elles furent invisibles.

Les pensées opaques qui tournaient dans son esprit occultaient pour partie ses sens. C’est pourquoi il ne s’aperçut qu’au dernier moment, que Narcissa était au bout de la file; c’était elle qui s’occupait des blessés. Pendant plusieurs minutes, il l’observa à la dérobée, dissimulé derrière les silhouettes des personnes devant lui.
Il n’avait plus vraiment revu Narcissa depuis leurs « retrouvailles » à la collégiale, plusieurs mois auparavant. Scène tragique qui depuis, ne cessait de le tourmenter. Même Aphrodite ne parvenait pas à lui redonner la joie de vivre… Alors pour s’occuper l’esprit, David consacrait temps et énergie à la traque des sorcières –cette dernière croisade dans laquelle était résolu à se lancer Sébastien Garin.
Narcissa aussi était dans un sale état. Pourtant elle continuait de soigner les nécessiteux. C’était elle tout craché: faire passer les besoins des autres avant les siens…

Il était bien trop tard pour changer de file d’attente, ça n’aurait pas été discret, et David n’en avait plus la force physique. Il était trop épuisé pour réfléchir. Il s’avançait à pas lents vers la rouquine, son tour enfin venu, lorsqu’une feuille de papier plié tomba à ses pieds. Il se pencha pour la ramasser et s’aperçut que Narcissa s’enfuyait comme si elle avait le diable à ses trousses. Elle se précipita dans un… placard à balais… et se retrouva les fesses par terre, détrempée, des balais et des torchons éparpillés autour d’elle.

Une flash illumina David pendant une seconde. Intense émotion durant laquelle il réalisa qu’en temps normal, une telle scène l’aurait fait éclater de rire. En temps normal. Un temps où Narcissa et lui se parlaient, unis par des liens très forts.
Un temps révolu, pour son plus grand malheur.

Il glissa le papier dans sa poche dans le but de lui rendre juste après, puis s’approcha d’elle.

"Hé… tu ne t’es pas fait mal?" s’enquit-il d’une voix inquiète. L’épuisement rendait son timbre rouillé, semblable au crissement d’une pierre contre une autre. Il était trop fatigué pour s’émouvoir physiquement de la proximité immédiate de la rouquine. Il lui tendit juste la main pour l’aider à se relever en espérant qu’elle ne s’enfuit pas derechef à sa vue.

Un silence mal à l’aise tomba sur eux. David ne lui avait pas parlé pendant très longtemps et vu les événements de la collégiale, il n’avait aucune idée de comment se comporter avec Narcissa.

"Alors… comment vas-tu en ce moment…"
commença-t-il d’un ton hésitant. Quelle question débile! Elle avait subi comme tous le carnage de la Messe de Minuit, et venait de soigner les blessés pendant plusieurs heures au détriment de son propre repos. Elle ne pouvait qu’aller mal.

"Enfin je veux dire… comment vas-tu, de manière générale…" Il se tut, frustré. Inutile d’insister, il ne faisait que s’enfoncer. Ses blessures à la tête, occasionnant une migraine persistante, l’empêchaient en outre de réfléchir clairement.
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Narcissa de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeLun 19 Mar 2012 - 18:15

Dans son pays, il était de coutume de penser qu’une sainte, pendant les lunes du printemps, si l’offrande était plaisante, donnait une vision. Les jeunes filles demandèrent aux eaux claires des fontaines de voir le visage de leur futur époux. Alors histoire de mettre toute chance de leur côté, les jeunes hommes attendirent perchés au-dessus, par une branche, pour apparaître comme un signe devant leur bien-aimée. Narcissa avait douze ans à peine quand elle fit le rituel. Le miroir argenté lui montra une main ensanglantée, tendue et tremblante* qui reçut une sorte de tissus gris, et lui fit entendre une suite de sons incongrus, comme si on avait mis ses oreilles dans l’eau. Elle eut la même expression perplexe où quelques années plus tard, elle se retrouva dans un placard à balais avec cinq mains tendues, ensanglantées et tremblantes pour l’aider à monter. Pour les sons, elle comprit que son ouïe commençait enfin à revenir, mais de là à comprendre toutes les paroles des inquisiteurs l’entourant…

Elle se leva dignement (autant que l’on peut être dans un tel cas) et avec un sourire pour les autres, rassura sur son état peu glorieux, mais suffisant pour continuer sa mission. Avec une grâce infinie, elle prit le torchon dégoulinant pour le déposer sur la main la plus proche, sans jeter un regard à son propriétaire. Les Inquisiteurs admiratifs la laissèrent passer et la regardèrent s’éloigner pour donner des consignes à un barbier aussi grand qu’une armoire à glace.


Vois-tu celui qui a le torchon dans la main ? Soigne-le. S’il a besoin de repos, qu’il prenne la chambre.

Pauvre David ! Mais quel spectacle ! Le grand inquisiteur, fils du magnifique Second, se transforma en un vulgaire sac sur l’épaule de son futur soigneur ! Évidemment, tout le monde ria de la situation sauf Narcissa qui fit les gros yeux et mit sa main sur sa bouche. David traversa l’Église pour atterrir…
    *En vérité, l’homme qui apparut fut le fils d’un prince espagnol qui tenta de monter sur l’arbre. Après trois essais qui eurent raison de ses bas de soie, il décida de nettoyer ses mains à la fontaine, tout en maudissant en sa langue les coutumes ruthénoises. Comme quoi.
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeMar 20 Mar 2012 - 22:55

David constata avec désarroi qu’elle ne voulut pas lui adresser le moindre mot, pire, ni même le regarder dans les yeux. Il se retrouva ainsi sans trop savoir comment, avec un torchon détrempé dans la main, et se sentit traîné comme un sac de patates par un type qui faisait au moins deux fois sa propre carrure, sous les rires des personnes présentes. Lui-même ne put empêcher un sourire de s’esquisser devant le comique de la situation. Amusement qui disparut bien vite lorsqu’il assuma la vérité: Narcissa ne voulait plus entendre parler de lui en aucune façon.

Il s’en était douté, pourtant, et ne pouvait que le comprendre. Mais c’était dur à encaisser. Quelques distances plus loin, le barbier le fit asseoir sur un des bancs de l’Eglise et entreprit de soigner ses diverses blessures. Malgré son imposante apparence d’armoire à glace, l’homme était un bon vivant sympathique, au rire gras et chaleureux. Ses gestes étaient efficaces mais sans délicatesse. David se demanda avec un sourire si le type ne faisait pas exprès de lui causer de petites douleurs, juste pour l’enquiquiner.

"Ne t’inquiète pas, mon gars" disait-il, "je vais te rafistoler et tu seras comme neuf pour ta belle. Tu as une demoiselle, au moins?"

"Non" répondit David. Une chaleur envahit ses joues et il se tut, en constatant que les tâches de Narcissa l’avaient, comme par hasard, conduite à proximité immédiate de David et du barbier. De façon à ce que les paroles des deux hommes lui soient parfaitement audibles…

"Pourquoi? Raconte-moi l'histoire!"
"C’est assez compliqué..."
"Mais j’ai tout mon temps!"

Après tout, pourquoi ne pas profiter que Narcissa soit à portée de voix? Il pourrait s’expliquer. Même si il n’y avait rien à expliquer… David poussa un soupir désabusé et riva ses yeux au sol, n’osant se retourner pour voir si la rouquine tendait l’oreille.

"Je lui ai brisé le cœur."

Cette confession était la première. Il n’avait jamais consenti à parler de tout ça avec qui que ce soit. Pas même avec Aphrodite. Surtout pas avec Aphrodite, qui s’était éloignée de jour en jour, accaparée par les conséquences du procès dont elle rejetait avec raison une partie de la faute sur son amant.

Que s’est-il passé? songea-t-il avec un désarroi grandissant. Comment en est-on arrivé là? Il se sentait gourd, étrangement anesthésié, par cette proximité physique de Narcissa sans qu’elle ne daigne lui accorder le moindre signe. Tout ce qui faisait auparavant leur bonheur s’était dissolu depuis longtemps… Les ailes nées de l’amour qu’il portait à la rouquine, et qui pourtant grandissaient chaque jour fut une époque, avaient volé en éclats sous le poids des erreurs et des regrets. A la place, il ne restait que de la tristesse.

Alors tout va se finir ainsi? C’est trop bête… Les derniers mois lui avaient semblé si fades. La vie n’avait plus la même consistance, dépouillée de l’un des êtres qui lui était le plus cher. Chasser les sorcières? Survivre au stigmate? Ou était l’importance de tout cela, si une fois ces objectifs accomplis, Narcissa ne serait pas à ses côtés pour en partager la réussite?

David expira, tâchant d’ignorer la douleur provoquée par les doigts agiles du barbier sur ses blessures. Dans son esprit résonnaient en boucle les paroles de Cassandra, d’autant plus blessantes qu’elles étaient vraies. Notre famille ne fraye pas avec les moins que rien. Encore moins avec les débauchés. Il se sentait tellement laid et sale.

"Mais… elle aussi, elle a brisé le mien."

David avait beau avoir ses torts, Narcissa n’était pas exempte de toute responsabilité. Cette fameuse promesse, faite dans la masure de leurs retrouvailles, il n’avait fait que la respecter, en croyant la rouquine partie à jamais. Il était alors sans nouvelles d’elle. Ses silences ne lui avait offert aucune réponse. Le dernier d’entre eux, avait été lorsque Cassandra et Viviane étaient apparues à la Collégiale, ce fameux jour où tout s’était effondré.
Ce jour-là, le silence de Narcissa l’avait assassiné. Il l’avait vécu comme une trahison intime de tout ce qu’ils avaient pu partager. Comme si par son seul silence, elle reniait l’entièreté de leur histoire.

Elle n’était pas toute blanche. Tout comme lui. Aucun d’eux n’était entièrement noir non plus. Les deux partageaient des torts; ils avaient chacun apporté leur concours involontaire à cette dramatique situation. Les fautes étaient divisées.

"Alors j’aimerais bien lui demander… si on est quittes…"
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeMer 21 Mar 2012 - 21:07

Derrière David, un courant d’air froid la traversa. Elle n’entendit pas la conversation dans sa totalité (ses oreilles commencèrent à se réhabituer aux bruits) alors son attention se fondit sur les tics du barbier. L’aiguille prête à piquer la peau, le grand homme en bon entremetteur fit un signe de tête et s’en alla. Narcissa prit l’outil en route et trembla. Sa gorge se serra. La chair de David fut aussi dure que du cristal à moins que l’idée de lui faire du mal enlevât sa force. Par réflexe, elle chercha dans son regard les traces du garçon qui chassait les monstres de sa chambre et le devoir accompli, lui fit un baiser au creux du cou. Celui-là même qui adorait la faire hurler avec des araignées ou par sa verve rendait Cassandra fière. Ou encore l’homme tendre qui la sauva d’une mort certaine. David n’avait plus cette étincelle, il était mort. Il ne l’aimait pas. David était un patient comme un autre.

- Je n’y arriverai pas. Pas sans lui.

Elle héla un autre barbier et lui tendit le travail, pendant ce temps sa main gauche chercha dans une poche le dernier lien qui les unissait, un tintement dans une bouse de velours brun. Cette promesse qu’elle tint dans sa main avant de la déposer près de lui, le souffle coupé en brisant leur dernier tabou. Leur amitié relevait du passé. L’air n’y était plus, elle suffoqua et quitta l’Église en priant Olrun, Dieu, Marie de faire venir rapidement l’homme promis. Elle avait besoin de lui terriblement.

Elle s’assit sur un banc, étourdi. Ses pieds s’enfoncèrent à peine dans la neige. La sève des pins du petit jardin embaumait tout. Elle posa son châle en laine sur ses épaules avant de regarder la fumée du bûcher tacher le ciel. Loin de ce diable dont l’aura avait gelé ses chairs étincelantes par l’aube.
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David Geisler
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeJeu 22 Mar 2012 - 1:00

Soudain, elle fut à ses côtés. C’était plus qu’il n’en avait espéré, alors soudainement, le vide se fit autour, et il ne resta plus qu’eux d’eux, gravitant l’un autour de l’autre. David ferma les yeux et se contenta de simplement humer, savourer, sa présence… ne réalisant qu’à cet instant à quel point elle lui avait manqué. La main qui tenait l’aiguille entrait subrepticement en contact avec son propre épiderme. Cet effleurement lui arracha un soupir meurtri. Pourquoi était-ce si dur? Pourquoi lui mettait-on sous le nez une tentation dont il était désormais privé? C’était un destin bien cruel; c’était le sien, pour l’avoir provoqué. Ils n’étaient pas quittes. Car elle repartit aussi précipitamment qu’elle avait paru… laissant derrière elle le sentiment qu’elle ne pouvait souffrir sa présence.

Alors c’était bel et bien fini… il n’y avait plus à douter désormais. Leur passé était un tapis de tessons de verre tranchants et cruels. Leur avenir, une page vierge. Elle ne voulait plus le voir. Quoi de plus normal… mais à cet instant précis, il réalisa que depuis leurs retrouvailles, en cette orageuse soirée de septembre, il n’avait cessé d’espérer seconde après seconde qu’un jour tout redeviendrait comme avant et qu’ils parviendraient à surmonter tout ça. C’était un espoir ténu, maigre, insignifiant, enseveli, inconscient même, chétif et ridicule, mais un espoir quand même… Narcissa venait de le piétiner.

A présent, il n’avait plus qu’à l’oublier à tout jamais.

Sa silhouette s’était déjà dissoute dans le vent et la neige du dehors lorsqu’il aperçut l’éclat argenté du bijou déposé à son côté. Qu’était-ce que cela? Il le prit entre ses doigts. L’objet dégageait une étrange tiédeur. Il se souvint alors que Narcissa avait fait tomber un papier, juste avant qu’il ne l’aide à se relever. Il avait oublié de lui rendre la feuille. C’était trop tard à présent… Il sortit le papier de sa poche en pensant le remettre au barbier, afin que celui-ci le rende à sa propriétaire ultérieurement. Son regard s’y attarda lorsqu’il reconnut cette écriture petite et soignée. Et sans vraiment le vouloir, il lut.

Ses yeux s’écarquillèrent en grand à mesure de sa lecture, sa mâchoire se crispa, ses poings se serrèrent à en saigner. Le barbier ne cessait de lui demander si il allait bien, et de se répandre en excuses, croyant être la cause d’une douleur liée aux soins. Mais David ne l’entendait pas. Il devait lutter pour juguler un flot étrange, à mi-chemin entre la colère et les larmes, et qui l’étouffait peu à peu. Au terme de sa lecture il se leva brusquement, envoyant valser l’aiguille qui pendit au bout de son torse par le fil cousu dans sa chair.

Il se rua au-dehors tel un boulet de canon, cherchant frénétiquement du regard l’éclat roux par lequel il la repérait toujours, auparavant. Son monde était bouleversé à un point tel qu’il n’aurait su le dire. Mais elle était là, sur un banc, à proximité. David se précipita hors d’haleine. Il souffrait énormément, de fatigue physique autant que morale; mais au-delà ses yeux étaient comme fous et il semblait revenir d’on ne savait quelle escapade hallucinante.

"Tu… tu m’as écris?" s’écria-t-il désorienté. Son cerveau oscillait constamment entre la stupeur hébétée et l’hyperactivité. Il ne pouvait en croire son regard, pourtant ce providentiel parchemin de la vérité ne mentait pas, c’était inscrit là, noir sur blanc… Narcissa lui avait envoyé des lettres durant son séjour à Rodez… Elle lui avait écrit !!!!

"Pourquoi? Pourquoi ne me l’as-tu pas dit quand tu es rentrée? Et pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu avais un espoir de retour?!" Il criait si fort, c’en était presque de l’hystérie, sans remarquer que ces éclats de voix pourraient être indiscrets, mais fort heureusement il n’y avait nulle âme alentour.

C’en était trop pour ses nerfs! Il sentit une bouffée de chaleur monter en lui en même temps qu’une suée glaciale coulait sur son front. Le vertige s’empara de son corps le contraignant à prendre appui sur le banc pour ne pas tomber. Une prison? Narcissa était l’air dans ses poumons. Le soleil sur son visage! Comment avait-elle pu penser un seul instant n’être rien de plus qu’un trophée supplémentaire sur son tableau de chasse…

Elle lui avait écrit. Elle avait eu un espoir de retour. Depuis le début, ils auraient pu demeurer unis sans que rien ne change… Pourtant tout avait changé par l’action, la malice et les réticences dolosives d’une seule personne.
Le serpent Aphrodite, ondulant sous ses yeux pendant cet été des trahisons, marchant comme si il était humain.

David était bien plus furieux et blessé et bouleversé que tout ce qu’il avait pu imaginer un jour. C’était une nouvelle incroyable; pourtant, ses yeux rivés sur le texte manuscrit lui disaient en continu qu’Aphrodite l’avait trahi, sciemment éloigné de celle qu’il aimait, en interceptant la correspondance. Peut-être même qu’elle en avait eu l’intention depuis le tout début. Que tout ce qu’il avait cru ou pensé sur cette femme n’était qu’un horrible tissu de mensonges… Le souvenir des baisers échangés se fâna subitement en un goût de cendre amère; leurs étreintes lui parurent tout à coup répugnantes. Il n’avait jamais eu une telle envie de meurtre. Pas même lorsque, tout jeune enfant, ses pairs se moquaient de l’apparence efféminée de Sébastien Garin, ou lorsque Cassandra l’avait radié de l’Inquisition, ou lorsqu’il voyait sa mère dépérir de jour en jour par cette traque des sorcières qui n’en finissait plus. Il balaya froidement chacun des bons souvenirs qu’il avait avec Aphrodite, chacun de leur fous rires, toutes les fois où il avait ressenti de profonds élans d’affection pour elle.
A la place s’installa une haine si débordante, si forte, qu’elle lui faisait peur à lui-même. Il se redressa de toute sa hauteur. La fureur lui coupait le souffle au point de l’empêcher d’aligner trois mots.

"Je vais la tuer… je vais la… je vais…"
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeJeu 22 Mar 2012 - 22:55

Dans cette course folle pour trouver un peu de lumière, il se cognait à ses émotions comme dans des meubles, montait l’escalier en trébuchant afin de chercher dans un tiroir une source de vérité, oubliant à son côté le bleu d’une fenêtre, la lueur d’une étoile derrière un arbre. Narcissa entoura ses jambes de ses bras, et posa son menton entre ses genoux, attendant que David soit moins attaché à son amour-propre. Trois phrases prouvèrent qu’elle s’était absolument trompée sur une partie du problème. Mademoiselle de la Roseraie avait œuvré à leur séparation au lieu d’être simple amante, et ce, depuis le début. Ce qui voulait dire que David était… Tant pis pour les résolutions.

- Oses-tu dire que tout est de ma faute et celle d’Aphrodite ? Sais-tu ce que tu es ? Un lâche doublé du pire être que le monde puisse porter. Tue-la, tue-moi, tue qui tu veux, mais cela n’effacera jamais tes fautes. Tu n’as jamais aimé même pas toi. Ta chair est froide, ton cœur ne connaît pas le sursaut, tu penses souffrir, c’est un mensonge. Tu n’as d’homme que le nom. Es-tu venu me voir avant mon départ ? Non. As-tu arrêté la voiture qui m’emmenait à Rodez ? Non. As-tu cherché un moyen pour m’écrire, trouvé un stratagème pour m’aider fait le voyage jusqu’au château, car mon silence te troublait ? Non, non, NON et encore NON. J’ai prié nuits et jours pour que tu ailles bien, sacrifié ma famille et mon sang pour récolter ta trahison. Ma faute est d’avoir été aveuglé par amour et Dieu sait combien de fois on m’a prévenu de tes poisons. Merci Seigneur pour tout ce qui s’est passé, car aujourd’hui je serais fiancé à ça. Tu ne m’as jamais aimé. Tu n’as jamais été là pour moi et tu ne m’as jamais laissé être là pour toi. J’ai cru que tu étais l’homme parfait. Je suis morte cent fois pour toi. Qu’est-ce que je suis idiote ! Et tu n’as pas intérêt de me dire que tu n’as fait que respecter notre promesse, car une personne qui aime ne remplace pas l’autre rapidement. Je sais tout de votre première nuit. Narcissa qui ? Pfff ! On la jette aux orties. Tandis que moi, j’ai eu des propositions et je les ai toutes refusées. Même aujourd’hui je n’arrive pas à… être avec quelqu’un d’autre, parce que je garde en souvenir un David qui n’a jamais existé. Pourquoi es-tu venu me voir maintenant ?

Le paysage commençait à tourner, elle ferma les yeux et respira plus profondément. Son cœur n’avait jamais été aussi douloureux. Un mal d’amour-propre.
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeVen 23 Mar 2012 - 1:55

« L’Amour dépasse des barrières. Les jette à la figure de ceux qui les ont dressées ». Aux premiers mots sortant des lèvres froides de Narcissa, il fut saisi d’un intense soulagement... Elle s’exprimait. Elle consentait à discuter du problème. N’était-ce pas une réelle avancée? Infiniment meilleure que si elle s’était contentée une fois encore de prendre la fuite?

Mais David déchanta rapidement lorsqu’il entendit la nature du discours. Devant le réquisitoire vibrant de souffrance, il resta sans voix, les battements de son sang dans ses veines résonnant comme du vide. Jamais il ne s’était senti aussi seul à l’intérieur de sa propre tête…
Il ne réalisa qu’à cet instant précis, que les manœuvres nuisibles d’Aphrodite n’effaçaient pas ses propres fautes. Comment n’avait-il pas pu s’apercevoir avant? L’ancienne nonne reconvertie en câtin manipulatrice avait évidemment sa part de responsabilité. Mais lui seul, demeurait le cœur du problème. Et si rien ne changeait cela, les mêmes scénarios se répéteraient… encore. Et encore. Comme si ils s’étaient déjà produits, comme ils se produisaient en ce moment, et comme ils se produiraient à l’avenir.
Ses envies de meurtre avaient disparues; de leur fuite, il ne restait que le désarroi.

"Non, c’est faux" murmura-t-il. Il l’avait aimée. Bien plus qu’elle ne pouvait s’en douter.

"Mes sentiments n’ont jamais été aussi forts pour personne. Je pense qu'Aphrodite le savait depuis le départ. C'est sans doute pour cela qu'elle a tenté de m'éloigner de toi". Il marqua une pause.
"Et j’étais au château, le jour de ton départ, t’observant quitter Forbach". Une autre pause encore.
"Et… je ne t’ai pas remplacée. Elle n’était là… que pour soulager ma peine." Les mots lui brûlaient la gorge. Le vent glacial charriant de petites particules de neige n'aidait que peu à atténuer cette sensation.

"Alors tu as raison sur ce point: je n’ai jamais éprouvé d’amour pour elle. J’étais déjà accaparé". Obnubilé par le souvenir de Narcissa. Il avait cru vouloir refaire sa vie avec Aphrodite, mais se mentait à lui-même; ce n’était qu’une conséquence, un réflexe primaire de mâle, après le départ de celle qu’il aimait. Trouver des bras réconfortants lorsque l’on était privé d’étreinte. Une faiblesse physique, typiquement masculine quand aussi précipitée.
A présent il savait que la blonde élancée n’avait eu à ses yeux que valeur d’affection. Ni plus, ni moins, que toutes les autres péronnelles dans sa collection. Des passe-temps sans intérêt en comparaison de la rouquine, la seule âme authentique… Il comprenait à présent pourquoi cette attitude était détestable, pourquoi elle le rendait indigne aux yeux des forbachois, et pourquoi tous la lui reprocheraient toujours. Il ne pouvait laisser dans son sillage des dizaines de cœurs brisés sans un jour en subir les conséquences.

"Tu as raison aussi… à propos de mon égoïsme. Aphrodite a servi mes fins. Je n’ai pas vraiment songé à ce qu’elle pouvait ressentir, ni où cela pouvait nous mener. Elle n'est pas exempte de fautes, mais de ce point de vue, c'est aussi une de mes victimes. Pas étonnant qu'elle ait cherché à sécuriser sa place."
Il était incroyable de constater que malgré toute cette tragédie, Narcissa ne profitait pas de l’occasion pour blâmer Aphrodite de toutes ses forces. La rouquine était bien plus courageuse que lui, et de loin.
Du courage… il n’en manquait pas dans l’action, lorsqu’il s’agissait d’arrêter un Agent du Diable ou de poursuivre une sorcière. Sur le plan intime, il était l’homme le plus couard du comté. Elle venait de le lui révéler clairement.

"Et tu as raison enfin… car je suis lâche. Je n’ai pas osé venir vers toi le jour de ton départ. Je suis resté à observer de loin." Il baissa la tête, songeant tout à coup que ses actes de plus grande lâcheté ne se manifestaient que concernant les personnes les plus chères à ses yeux. Manon… Narcissa… sa mère… pourquoi ce paradoxe? Si il n’en comprenait même pas la raison, comment pouvait-il espérer y remédier un jour?

"Alors oui… je ne suis pas parfait." En même temps, avait-il jamais prétendu l’être? Non. Narcissa l’avait idéalisé; elle ne pouvait pas le tenir pour responsable de ses désillusions…
Si?

"Je n’ai rien de parfait. Je n’ai même jamais rien fait de particulier pour toi, ni t’apporter mon soutien dans les moments où tu en avais le plus besoin. Je me demande bien pourquoi tu m’as aimé." Cette discussion avait l’effet terrible de le dégoûter de lui-même. Mais peut-être en était-ce justement l’objectif. Insérer l’humilité et la clairvoyance dans cette tête brûlée… se confesser, expier ses fautes. Exorciser enfin ce souvenir dévorant.
C’était pour ça qu’il était ici.

Le poids entier du monde tombait sur ses épaules accablées lorsqu’il finit par murmurer au terme d’un long silence:

"Pourras-tu un jour pardonner tout cela?"
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeSam 24 Mar 2012 - 2:35

Le jeu de celui-ci fut intelligent, mais sans doute le fit-il pour avoir un meilleur rôle. Un homme dont l’esprit se sépara du corps, car porté par des désirs contradictoires, perdu dans ses mensonges puis lui-même, cherchant une certaine paix de l’âme pour continuer son chemin. Narcissa leva les yeux au ciel, excédée.

-Le Fils prodigue est de retour ! Chantez, dansez, célébrez sa venue, car il est pénitent devant son père. Il a volé, but, couché avec vos filles. Ah ! C’est à genoux qu’il demande pardon. Ton coup a sans doute fonctionné avec les autres, mais je suis faite d’un autre bois. Ce n’est point avec de jolies phrases que l’on me convint, mais par des actions sincères. Tu as un souci pour penser que corps et esprit sont deux choses distinctes. Pas de chance, un homme est corps, esprit, âme en même temps. Revois tes coups vieux renard. Tiens pour ta prochaine tirade, peut-être seras-tu plus convainquant ?

Elle prit un mouchoir dans sa poche et lui jeta. À son tour de devenir folle.

- Désires-tu le pardon alors que ta clémence a disparu ? Je n’ignore point que si tu étais à ma place, les pires tourments m’auraient été infligés. Serais-je questionnée avec tes amis comme complices de tes crimes ? Avant à Rodez, les garçons t’imitaient, car tu avais l’admiration de mes parents et de la mienne. Courage, bravoure, honnêteté, intelligence, cœur et dans l’intimité, tendresse, écoute, patience, imagination… Et aujourd’hui, tes sbires te suivent pour quelles raisons ? Quelles qualités te font meneur d’hommes ? Sont-ils bernés comme le reste du monde ? Sont-ils au courant que ce qui t’a fait homme est mort ? Quelles promesses as-tu faites ? Tu n’es que pourriture. Cadavre ! Tu as tué celui que j’aime. Avec lui, j’avais une chance d’être aimée et d’aimer, de construire un amour plus fort chaque jour. Je ne sais pas pourquoi je te parle, puisque tu ne m’as jamais aimé.

Elle quitta le banc marcha quelques pas avant de revenir.

-Je ne cherche pas la perfection juste la fidélité, à être aimée pour ce que je suis vraiment et donner tout ce que j’ai pour faire son bonheur. Est-ce trop demandé dit ? J’étais persuadé que tu étais cet homme parce que nous avons partagé de tels moments. Maintenant je suis terrifiée, car je ne sais pas si je pourrais reconnaître l’homme de ma vie. Je me suis trompée sur ton compte alors cela peut recommencer.

Quelques pas à gauche, puis à droite. Perdue dans ses pensées.

-J’ai perdu mon meilleur ami, mon frère et mon amant. J’ai tout perdu, tout ce qui me fut précieux, tout. Il me reste que ce maigre espoir, celui de trouver un remplaçant, mais… ce n’est pas lui. Je n’arriverai jamais à croire que tu n’es qu’une étape, David. Jamais, je suis trop perdue pour le faire. Je vivrais avec le souvenir d’un mort en mon sein toute ma vie. J’ai tout perdu, tout. Jamais je ne pourrais donner l’amour que je porte, jamais je ne pourrais…

Elle pleura, oubliant toute présence.
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeSam 24 Mar 2012 - 19:51

Long flot de paroles acerbes. David fut effondré d'entendre Narcissa affirmer une fois encore qu’il ne l’avait jamais aimée, alors que c’était profondément, cruellement, intrinsèquement faux. Il serra le poing tandis que son regard prenait la teinte sombre des soirs d’orages.

"Ne redis plus jamais ça."

Pourquoi n’arrivait-elle pas à comprendre que c’est justement parce qu’il l’aimait énormément qu’il avait été si lâche, qu’il n’était pas venu à elle le jour de son départ? Pourquoi serait-ce paradoxal? L’ampleur de ses propres sentiments, dépassant son imagination, l’avait effrayé, tout simplement…

Le jeune homme savait ses fautes; mais depuis le début Narcissa ne faisait que marteler ce qu’il savait déjà. Il ne supportait pas de l’entendre nier les sentiments qu’il avait eu pour elle –des sentiments authentiques, les premiers et qui avaient constitué une véritable épreuve. Le déni de tout cela fit disparaître l’humilité et la honte en lui, pour les remplacer par cette même colère, encore et toujours. Cette sombre colère tourmentée, qui le hantait depuis le début de son adolescence et dont il n’était jamais parvenu à se débarrasser… Celle qui lui donnait la force nécessaire pour se soulever chaque jour et écraser ses ennemis. Celle la même, qui lui attirait tant de rancœur, de la part de la gente féminine et des honnêtes gens. Simultanément source de sa plus grande force et de sa plus grande faiblesse…

"Cesse de rejeter ainsi sur moi le poids de tes désillusions. Tu m’as idéalisé; je n’y suis pour rien. Il n’y a pas d’ancien et de nouveau David –pas depuis que tu es revenue à Forbach en tout cas. Tu es tombée amoureuse des qualités d’un homme sans en voir les défauts. Mais je n’ai jamais rien fait pour les dissimuler. Moi aussi, j’aimerais bien qu’on m’accepte tel que je suis. Tu veux savoir pourquoi les autres Inquisiteurs me suivent? Parce que nous sommes pareils! Ils sont faits du même bois que moi, et même souvent plus résistant. Tu me dis détestable; tu ne survivrais pas une journée face à eux."

Malgré la rudesse de la température extérieure sur son corps et son torse toujours nu, David mourrait de chaud.

"Parlons un peu d’Aphrodite, maintenant. C’est énervant d’être tenu pour seul responsable de l’histoire. Elle a intercepté tes lettres! Elle a cherché à nous séparer, merde! J’imagine que ça aussi, c’est de ma faute? (Il leva le texte manuscrit à ses yeux et lut à voix haute): « Sache que si je ne me suis pas battue pour te conquérir, c’était parce que j’ai compris que tu l’aimais et que ton bonheur est avec elle. » Comment mon bonheur aurait pu être auprès d’elle, dis-moi? Tu crois que j’ai ressenti de l’amour pour cette fille? Que j’en ai ressenti pour toutes les autres? Alors c’est que tu n’as rien compris du tout."

La note de colère dans sa voix avait été chassée, il s’exprima maintenant de façon calme et froide ainsi que le paysage hivernal autour d’eux.

"Je te l’ai dit: Aphrodite n’était là que pour soulager ma peine. Les autres n’étaient que des passe-temps. Il n’existe qu’une seule personne, qui ai vraiment eu de valeur à mes yeux… Cette personne m’a oublié totalement une première fois, à cause d’une amnésie. Dans la foulée, elle m’a annoncée qu’elle partait pour toujours. Puis elle m’a fait promettre de tourner la page une fois que nous serions séparés."

Etait-ce si difficile de comprendre que lui aussi avait souffert? Il contourna Narcissa qui lui tournait le dos, pour se placer face à elle. Les couleurs du monde environnant muaient et chatoyaient avec la force d’un feu.

"Alors maintenant, dis-le. Ce que je dois faire pour retrouver grâce à tes yeux. Ce que je dois faire… pour ressusciter cet homme que tu penses mort. (Il pointa du doigt le sol sous ses pieds). Dis-le, ici et maintenant. Ordonne n’importe quoi, et je le ferai."

Et David était sérieux. Elle lui aurait demandé de se couper un doigt en signe de pénitence qu’il l’aurait fait quand même. Il entrevoyait enfin la vérité: il n’avait jamais cessé d’aimer Narcissa, pas même lorsqu’il pensait l’avoir oubliée, reléguée au fin fond de sa mémoire, ce n’était que pour resurgir avec plus de vigueur… A présent que la vérité était faite sur le silence de la rouquine pendant l’été, David avait enfin une chance de tout sauver. Il était plus déterminé à la saisir qu’il ne l’avait jamais été au cours de son existence.
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeDim 25 Mar 2012 - 23:19

Je suis la fille d’un Chevalier de l’Ordre de Malte et d’une des légendes de l’Inquisition. J’ai survécu à deux jours de tortures – grâce à toi, je te l’accorde — une amnésie, des complots politiques, une attaque de sorciers dont ce stigmate m’a fait perdre ce maudit grimoire et je me sens coupable de tout ce qui s’est passé. Si je fus arrivée quelques minutes plus tôt… Elle serait encore en vie. Bon sang, pourquoi porté-je toujours sur moi une dague ? Je ne voulais pas la tuer, elle s’est jetée sur moi avec son poignard, je… J’ai tout fait pour qu’elle survive, mais ma médecine n’a pas… Bon sang, je vis un cauchemar.

Elle s’assit sur le banc, la notion de réalité se fondit dans une fatigue plus grande. Le froid et la lumière naissante excitèrent la magie du stigmate. Pourquoi vouloir l’amour alors qu’on est une meurtrière ? Cette conversation n’avait aucun sens puisqu’un jour ou l’autre, elle payerait les conséquences de son crime.

Je n’aurai jamais dû avoir cette conversation avec toi, il n’y a plus d’espoir. Je ne sais pas ce qui m’a pris… Je continuerai de soigner tes amis et les autres et quand cela sera terminé, j’irai voir le Comte de Forbach pour me dénoncer et comme nos mères furent ennemies, j’aurai le sort mérité ? Si tes amis sont morts, c’est aussi parce que je n’ai pas été assez rapide pour prendre ce grimoire. Même si j’ai sauvé par mes soins des inquisiteurs ce soir, cela ne réparera jamais mes torts. Je ne mérite pas de vivre. J’ai échoué. En fait la promesse ne devait pas être respectée l’été dernier, mais maintenant.

Un silence.

La famille de la Roseraie a brigué un temps le titre de Comtesse et a voué à ma mère une haine mortelle. Aphrodite est née dans cet esprit de vengeance. Pour tes lettres, ne t’en occupe pas, je vais le faire. Sans doute qu’une personne te les donnera dans quelques mois. Et pour connaître ce qu’il faut faire pour que je puisse de nouveau t’accepter, comment pourrais-je le savoir ? Pour quoi faire ?
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeMar 27 Mar 2012 - 1:10

Dans le tumulte de ses sentiments, elle dévoilait les raisons profondes, qui peignaient sur son visage les affres du désarroi et de la terreur. David pâlit en écoutant ses propos, réalisant enfin que durant le carnage de la Messe de Minuit, il n'était pas le seul à avoir commis l'irréparable... Désespéré par le massacre, depuis la veille au soir, il n'avait pensé qu'à ses mains tâchées du sang de ses amis proches. Ses pensées allaient vers les familles des victimes, non pas par compassion comme il aurait été de rigueur, mais par souci égoïste de savoir si elles accepteraient les excuses de sa pénitence... Tout ce temps, il n'avait pensé qu'à lui. A lui, à lui, et encore à lui.

Mais il n'avait pas été le seul à souffrir. Elle était perdue et avait besoin de secours. Malgré tout ce que Narcissa pouvait croire sur la noirceur de son âme, si elle était capable de penser avec une telle sincérité qu'elle ne méritait pas de vivre en signe de repentir, c'était là la marque d'une profonde bonté. Alors si les raisons de l'amour qu'elle portait à David étaient mystérieuses, il était inutile de se demander pourquoi, lui, était tombé amoureux d'elle.

"Et si tu commençais par me laisser t'aider?" Sa voix était basse, presque timide. Que devrait-il dire, lui qui avant la veille au soir comptait déjà plusieurs meurtres à son actif, et qui avait ôté la vie à de proches amis pendant la Messe? Mais pour Narcissa, c'était différent, c'était la première fois... Il imaginait fort bien ce qu'elle pouvait ressentir, puisqu'il éprouvait les mêmes sensations depuis plusieurs heures. Alors même si ce n'était la faute d'aucun d'entre eux, même si lui avait été sous le joug de l'envoûtement et qu'elle, n'avait fait qu'user de légitime défense... cela ne changeait rien. Le résultat était le même: ils portaient le poids du sang sur leur dos. Ils avaient déchiré leur âme en volant l'existence d'autrui.

"Je connais ce poids, Narcissa. Si on ne réagit pas... il finit par vous écraser." Comme un symbole, il passa le pendentif autour de son cou. L'or blanc serré depuis tout à l'heure dans son poing, avait absorbé la tiédeur et en déposait à présent les vestiges sur sa poitrine. C'était d'un tel réconfort dans la rigueur de l'hiver.

"A nous deux, nous aurons peut-être les épaules assez larges... pour supporter un tel fardeau."

Il ne leur restait plus beaucoup de temps. Le stigmate faisait peser sur le destin de Narcissa une menace d'autant plus effrayante qu'elle était de nature inconnue. Mais il ne fallait pas être un génie pour comprendre que le châtiment serait terrible... Il était accablé de constater que les mauvaises personnes comme lui, avaient échappé à la stigmatisation alors que d'autres, profondément belles comme Narcissa, payeraient le prix des erreurs des autres. Tout ça à cause de la sorcellerie.

Comment avait-il pu être aveugle à ce point? Il fallait absolument profiter du temps qu'il leur restait encore. Non pas au titre de deux amants qui profitent de leurs derniers instants en attendant la mort prochaine... Non, il fallait en profiter pour trouver une solution. Se battre. Se débarrasser de l'Ange, du stigmate. Trouver un moyen d'expier ces crimes, qui les rongeaient présentement. A deux, ils pouvaient y arriver.

"Je voudrais tout reconstruire." David tendit sa main ouverte vers Narcissa devant lui. Non pas pour sceller un quelconque accord, ni l'obliger à prendre une décision hâtive. Mais il avait juste besoin de sentir le contact de sa peau contre la sienne.
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeMar 27 Mar 2012 - 1:14

Et ces pendentifs, sur son torse, des charmes pour l’attirer, inoffensifs. Boum boum, boum boum, boum boum. Son regard noir douloureux, une souffrance qui consuma les résistances, magnétique. L’être en flammes approche, un pas un autre. Le désir sur sa bouche, ses yeux, sa taille, ses bras … Sa main gauche cousit, la droite effleura la blessure, gauche termina, tira l’aiguille pour tendre le fil. Sa joue parcourue le torse chaud, s’arrêta, reprit le chemin au sommet de la blessure. Elle mordit d’un coup sec ; l’aiguille et le fil s’enfoncèrent dans la neige. Boum boum, boum boum, boum boum. Le cœur de David, une musique ardente, irrésistible. Elle se redressa afin de l’entourer de son châle puis posa une main sur cette poitrine nue, craignant perdre une note. Son souffle se mêla au sien.

Fuiras-tu devant le premier obstacle ? Murmura-t-elle les yeux fermés, pour goûter à cet instant suspendu. T’abonneras-tu dans les bras d’une autre quand la peur te prendra au cou ? Seras-tu là quand les loups seront à ma porte ?

L’autre main caressa le cou de l’être aimé, remonta vers la tête lentement. Boum boum, boum boum, boum boum. Elle voulut tant l’embrasser, se fondre dans son battement de cœur, toujours sentir son corps contre le sien. Si David savait les raisons le conduisant vers l’amour, Narcissa y fut amenée par la foudre.

Si je suis venue cette nuit de septembre, ce fut pour te donner ce cadeau. Il est bénit pour que ta vie soit douce, tes rêves devenir réalités, si tu fais les efforts. Ma mère et ma tante ont été dans ta chambre, furieuses au début, car elles avaient cru que nous étions en train de faire…

Elle ouvrit les yeux, les flammes furent si difficiles à retenir. Si sa mère savait ce qu’elle voulait faire, là. Prête.

Ne perds pas confiance, je te ne blâme plus. Je voudrais tant te découvrir homme, un nous, m’offrir à toi chaque jour, tout te dévoiler, je… Montre-moi qui tu es, je veux tout embrasser, aimer, chaque morceau de toi. Je t’en prie ne fuis plus. Reconquiers-moi.
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MessageSujet: Re: Pas sur tes lèvres.    Pas sur tes lèvres.  Icon_minitimeMar 27 Mar 2012 - 20:20

Il observa les pendentifs, dont l'or blanc lui renvoyait de doux reflets matinaux. La femme dardait sur lui son regard reposant; la croix demeurait, stable, perdant tranquillement sa tiédeur tandis que le monde tournait autour de son axe sans un bruit. Pour la première fois depuis des années, il éprouva le sentiment que tout était à sa place.

"Il ne me quittera pas." promit David en serrant le cadeau entre ses doigts tandis que Narcissa s'employait à recoudre son torse. Sa main féminine, aérienne, volait à la surface de sa peau et la besogne fut bientôt terminée. A ce moment seulement, le jeune homme se rendit compte qu'il grelotait. Mais la simple présence de la rouquine à ses côtés suffisait à éloigner mentalement le froid.

Quelle claque elle avait dû prendre, si en venant lui offrir ce présent, le jour même de son retour, elle l'avait trouvé dans les bras d'Aphrodite! Et quelle claque avaient du prendre Cassandra et Viviane si, pensant trouver Narcissa et David en plein acte, elles avaient assisté à la scène du départ hypocrite de la nonne! Mais cette page était tournée. Il ne voulait pas l'oublier pour autant; elle resterait gravée en lui, afin qu'il en tire des enseignements et que plus jamais il ne commette les mêmes erreurs.

"Je ne fuirai plus. Je ne t'abandonnerai plus jamais. Et je veux bien mourir, si je manque à ma parole." S'engager ne lui faisait plus peur, au contraire. C'était devenu ses ailes. Ce qui le portait vers l'avant, l'empêchait de s'écrouler de fatigue. Narcissa n'aurait jamais pu lui faire plus plaisir, qu'en lui demandant de la reconquérir.

"Oui. Chaque jour davantage, si tu veux". Il parvenait à peine à croire à son bonheur, à sa chance... C'était tellement irréel! Narcissa était de si bonne composition qu'elle lui avait pardonné; il était indigne d'une si belle personne. Mais il lutterai pour que cela change.

"Et je ne veux plus jamais entendre parler de cette foutue promesse." Même si la vie venait à les séparer à nouveau, hors de question qu'il renonce, cette fois, et se tourne vers la facilité. Hors de question qu'il refasse sa vie, qu'il respecte un accord dénaturant tellement ses sentiments! Cédant à l'impulsion qui couvait en lui depuis le départ, David enserra Narcissa de son étreinte, avec tant de vigueur qu'il la souleva de terre. Son contact lui avait manqué plus cruellement que tout le reste.

Après un long moment de proximité corporelle, il la lâcha enfin. Il fallait se mettre à l'abri du vent; malgré le châle David continuait à mourir de froid à petit feu. Certaines blessures mineures avaient aussi encore besoin de soins. Leur ami le barbier proposerait sans doute sa candidature, mais David préférait que Narcissa s'en occupe. Il n'avait pas envie de s'éloigner d'elle, du moins pas dès maintenant.
Une main glissée dans ses cheveux roux, il effleura la peau de sa nuque. Oui, il en était indigne... mais il lutterai pour la reconquérir. Et cela commençait maintenant.
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