Apocalypse (#18)

Aguerri(e)

Face à se regard étonné, surgissait une boule de glace. Non seulement Elena venait de manquer magistralement son coup, mais en plus de cela elle se prenait une correction monumentale en retour. Le coup la fit reculer et c'est de justesse qu'elle manquait de perdre l'équilibre. Assommée par ce retournement de situation, Elena cherchait à comprendre ce qu'elle avait fait de travers. La réponse ne tarda pas. La puissance de Viviane la dépassait encore et ce de façon indéniable. Encore rongée par la rage et l'adrénaline, Elena allait répliquer quand des pics de glaces se formèrent juste au dessus d'elle. La maitrise de l'eau ajouté à une manipulation parfaite des capacités du tempestaire. Le regard fou d'Elena se posa sur son adversaire.

Viviane était tout l'opposé d'Elena. Une femme aux cheveux de feu contre une femme aux cheveux noircit par la pluie. La maîtrise et l'age face à la jeunesse et la maladresse. Leurs clans s'opposaient. Et pourtant elle ne l'achevait pas. Pourquoi?

La réponse fut rapide, le visage de la jeune sorcière marquant l'incompréhension. Elena était à sa merci. Et voilà qu'elle renonçait à lui ôter la vie. Alors que la cadette des Mirova n'aurait eu aucune vergogne à le faire jusque là? Viviane avait raison pour une chose. Elena était trop jeune pour avoir cette sagesse. Il manquait un évènement marquant, il manquait un bouleversement pour faire comprendre à la jeune femme que la rancœur ne sauverait personne.

Mais Elena n'était pas lâche, elle ne fuirait pas pour sauver sa peau. Elle était là pour défendre sa bannière et ses sœurs. Mais elle n'était pas non plus injuste et sans honneur. Viviane lui laissait la vie sauve scellant ainsi un pacte de non agression sans même le savoir. Comment tuer quelqu'un qui lave vos péchés envers elle d'un seul geste si on a ne serait-ce qu'un minimum de droiture? C'était juste impossible. Elena comprit qu'elle n'avait plus de choix. Elle reprenait enfin ces esprits et sentit à nouveau la pluie battre sur son corps.

"Je ne fuirais pas pour autant. Je n'en ai pas l'intention. Je ne laisserais pas mourir ceux de ma tribu."

Elle baissa son arme et la laissa le long de sa jambe pour marquer sa non hostilité.

"Mais je ne peux pas vous tuer non plus. Plus maintenant. Même si je suis jeune, même si je n'ai pas tout vu du grand déchirement qui à conduit à tout ceci, je ne renoncerais pas à protéger les nôtres. Peu importe mon ennemi Viviane. Parce que je ne veux plus voir périr ceux que je connais."

Elle savait pertinemment pourquoi elle avait quitté la tribu d'Olrun. Elle s'en souvenait très clairement à présent, face à la prêtresse d'Olrun. Pourtant, elle savait que ces actes jusqu’à aujourd'hui avait été inspirés par l'inverse. Elle avait manquer de perdre Luc pour un grimoire. Elle pourrait perdre Noâz alors qu'elle voulait le sauver de son sceau. Et maintenant? Maintenant elle ne savait plus vraiment ce qu'elle faisait.

Elle avait tué.

Elle avait tué un prêtre. Un homme de Dieu. Elle qui était jusque là restée fidèle à Dieu tout en restant farouchement accrochée à Olrun.

Alors pourquoi en était elle venu jusqu'à vouloir, ce soir encore, la mort. Que c'était-il passé? Elle avait souhaité la protection et elle apportait la destruction. Consternée par ses propres actes, Elena baissa le regard face à Viviane. Cette femme avait peut-être raison. Elle était vraiment trop jeune pour rester cohérente dans ces actes? Était-ce cela, la sagesse que les anciens devaient avoir?

Elle rangea son arme et releva ces prunelles. Viviane n'était plus sa cible à présent. Elle n'avait pas agit comme elle aurait dû. Et c'était cette personne, qu'elle avait toujours peu apprécié qui le lui disait. Le coup était dur à encaissé, mais elle consentait à se ressaisir. Elle recula de trois pas et fit une révérence rapide, courte, mais polie. Elle la remerciait. Sans pour autant pouvoir le lui dire. Elle tirerait les siens des combats dans lesquels ils c'étaient engager. Mais elle ne devrait pas tuer. Elle ne devait plus. Viviane avait raison. Cruellement raison. Et cette raison coulait le long des joues de la jeune femme. Elle avait honte. Mais elle devait combattre dans le bon sens à présent. Pour réparer ses fautes.

Elle n'eut cependant pas le temps d'exaucer ce semblant de voeu qu'elle c'était faite à elle-même et qu'elle avait perdu de vue. Le ciel, sombre se déchirait au rythme du combat titanesque qui s'y déroulait. Une déflagration venant du ciel immobilisa chacun. Les yeux se tournèrent vers le ciel et eurent la vision finale de ce début d'apocalypse. Une rayon puis un autre. Le ciel s'activa enfin, les Dieux se manifestaient, comme ultime preuve que ce qui se passait ici n'était plus du commun des mortels. Les sorciers avaient outrepassé la limite et usé avec méfaits de leurs droits. A présent, il fallait punir les instigateurs de cette montée de violence et de haine. Alicia étant retournée dans les lymbes auxquelles elle appartenait, Noâz reste seul face à Europe, meurtri par la disparition de sa mère et par la punition qui venait le frapper. Ils étaient bannis des grâces d'Olrun. Ils payaient un lourd tribu pour les actes commis. Et ce lourd tribu les privait du monde ésotérique. A jamais!

La sentence s'appliqua à la seconde où elle fut prononcée. Elena courrait vers Noâz, atterré. Elle l'appelait. Mais il n'entendait rien. Sa voix se faisait plus inquiète et son appel plus pressant, mais le jeune homme ne quittait pas le parvis des yeux. Elle était partit. Celle à qui il tenait vraiment. La seule femme qu'il n'aurait jamais le droit de connaître. Les deux tribus se séparaient rapidement. Il ne fallait pas rester. Leur présence était un aveu quant à leur condition de sorcier. On quitta les lieux, ramassant quelques corps qui n'avaient pas survécu. Et tout disparu. Sauf ce sombre ciel et une inquiétude naissant sur les lèvres de tous. Que se passerait-il maintenant que les Meneurs étaient dénués de leurs connaissances?