Parce que ce n'était pas un "Adieu"

Apprenti(e)

Citation :: Vincent, mon frère,

Notre dernière lettre remonte à quelques semaines maintenant et, comme d’habitude, je viens m’enquérir de quelques nouvelles de ta sœur et toi. Nul doute que tu auras encore beaucoup de choses à me raconter. Cette correspondance est un petit oasis dans mes obligations en Bretagne et il m’est toujours agréable de m’installer à mon bureau pour t’écrire. Je m’attendais à ce qu’Elena finisse par m’écrire quelques mots, mais je pense qu’elle a dû songer que c’était mieux ainsi. Je ne l’en blâme pas. Mais peu importe le passé, n’est-ce pas ? L’avenir est beaucoup plus intéressant. Comment se porte le Manoir Mirova ? Comment allez-vous, Elena et toi ? J’ai entendu dire que ton cœur avait été conquis, raconte-moi tout ! Est-ce vrai ? Comment est-elle ? Il faudra que tu songes à me la présenter. Comment se passent les choses à Forbach ? J’ai de rares échos de quelques marchands itinérants mais cela reste souvent très vague et vraisemblablement invraisemblable.

A vrai dire, et pour ne pas te mentir, cette lettre sera courte. La raison en est simple, elle n’a pour but que de te demander une faveur. A toi et à toi seul, aussi apprécierais-je que tu n’en parles pas à Elena. Vois-tu, mon ami, je pense encore trop à elle pour pouvoir mener une existence normale sur mes terres, ou celles qui seront bientôt les miennes. Et, en toute franchise, j’aimerais revenir à Forbach. Je te fais par de mon souhait, car, bien entendu, vous êtes principalement concerné, et tout particulièrement Elena. Aussi j’aimerais, de ton point de vue, que tu me répondes franchement. Est-ce que tu penses que cela serait gênant que je revienne ? Inutile de tourner autour du pot, la franchise est quelque chose que je préfère à la couardise. Parle librement, je ne t’en tiendrais pas rigueur. Sache juste que j’aimerais à nouveau être des vôtres, mais que, bien entendu, si tu t’y opposais, je renoncerais sûrement à cette entreprise.

En espérant avoir rapidement de tes nouvelles,

Luc.

Aguerri(e)

Les mots couchés sur un papier délicat digne d'une certaines richesses arrivaient de part et d'autres depuis les fiançailles de Vincent et de future et tendre. C'est pour cela qu'Elena ne fut en rien surprise de voir apparaître dans cette pile de courrier une lettre de son ancien apprenti. Elle s'attarda quelques secondes. Cela faisait tellement longtemps et pourtant si peu à la fois. La blessure qu'elle avait infligé à son ami serait éternelle et nul potion ne serait l'endiguer. C'est pourquoi plusieurs fois, elle avait renoncé à lui écrire. Elle ne voulait pas qu'il revienne. Jamais.

Elle avait bien griffonné des heures durant des lettres, de simples mots, mais tous avait finit dans l'âtre du foyer du bureau jouxtant la bibliothèque. Elle laissa l'enveloppe intacte et apporta la pile de lecture à son frère avec un léger sourire. Un sourire un peu triste qui alarma Vincent.

"Tout vas bien?"

Elena acquiesça.

"Ne t'inquiète pas, tout vas très bien. Tu ferais mieux de te soucier de ton union mon cher."

Et elle passa le petit déjeuné, prétextant un rendez-vous important. Elle quitta le Manoir, laissant son frère à sa lecture. Après avoir pris le temps de se sustenter, l’aîné des Mirova se pencha sur son devoir de futur marié et lu attentivement les lettres, qui pour la plupart se résumait à des félicitations et une réponse quant à leur présence au mariage. Vincent avait longtemps hésité pour ne envoyer une invitation à Luc, mais il avait finit par abandonner l'idée lorsqu'il en avait parlé à sa sœur. La réaction qu'elle avait eu était amplement suffisante pour comprendre qu'elle ne voulait pas en parler.

"Fais ce qu'il te plaît" avait-elle dit avec un ton inhabituel et désagréable envers son frère.

Lorsqu'il reçu cette lettre marqué d'un sceau qu'il connaissait, il eu un instant de honte. Luc méritait d'être présent à ce mariage, quoi que pense sa sœur. Oui, il ferait ce qui lui plairait et rattraperait vite l'erreur qu'il avait commit de ne pas le mettre au courant. Les mots de Luc lui réchauffaient le cœur. Il relu avec beaucoup d'émotions les dernières phrases. Il voulait revenir.

A la hâte on fit venir une plume et un pot d'encre pour écrire sur une lettre magnifique. L'empressement, changea légèrement son écriture, la rendant un peu plus abrupte que de nature.

Citation :: Luc, mon très cher frère,

Tu n'imagines à quel point recevoir de tes nouvelles me remplit de joie. Et toutes ces questions que tu te poses trouverons des réponses. Je suis tellement heureux de lire ces lignes que je n'attendais plus.

Pardonne mon empressement dans mes mots, n'y voit aucune brusquerie. Mais je suis si transporté que je ne puis que faire court. Revient je t'en prie. Ta présence ici, parmi nous fera le plus grand bien. Tu pourras ainsi rencontrer ma future épouse ainsi que sa famille. Tu es naturellement obligé de venir au mariage quoi que pourrait en penser ma sœur. Tu fais partie de la famille et notre famille à un cruel manque de toi.

Bien à toi et avec une hâte sans précédent,

Reviens-nous bien vite mon ami, mon frère.

Vincent.

La missive partit aussitôt, transporté par un coursier de confiance et arriverait quelques jours plus tard. Dans l'enveloppe se trouvait une invitation au mariage, ainsi que ces quelques mots de Vincent.

Apprenti(e)

Citation :: Vincent, mon frère,

Je griffonne ces quelques lignes alors que je viens de recevoir ta lettre et ordonné qu’on selle mon cheval et me prépare quelques affaires pour le voyage. Je voyagerais léger, le reste de mes affaires voyagera sans moi. Ta lettre m’a fait plaisir et ne crois pas que j’ai pu voir un quelconque défaut à ton empressement, bien au contraire. Je suis impatient de quitter la Bretagne pour vous rejoindre, surtout depuis que je viens d’apprendre que tu allais te marier ! Cachottier ! Quand comptais-tu me l’annoncer ? En tout cas, je me ferais un plaisir de rencontrer celle qui a su faire chavirer ton cœur. Portez-vous bien jusqu’à mon arrivée et ne commencez pas la fête sans moi !

Je doute galoper plus rapidement qu’un coursier, mais à l’heure où tu recevras cette lettre, si je ne suis pas déjà arrivé, je ne serais sans doute plus très loin.

A très bientôt maintenant, mon frère.

Luc.