The Witch Slay
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 Rencontre inopportune

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Christian Stue
Oblivius
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MessageSujet: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeMar 4 Nov 2008 - 22:53

Combien de temps s’était-il écoulé depuis ces baisers enflammés ? Combien de temps faudrait-il attendre pour entrevoir de nouveau le goût sucré de cette bouche gourmande et létale ?
L’inquisiteur l’avait quitté et cela depuis déjà plusieurs mois. A l’heure actuelle, Monsieur Stue s’était arrêté dans l’auberge de Forbach, modeste commerce du village. Il y séjournait dans une petite chambrette, une pièce unique au plancher défectueux qui signalait sa présence dans les murs par des sons disgracieux. La plupart de son temps, il y demeurait, et, ses rares sorties n’avaient pour destinations que l’église, le tailleur ou les lieux de réunion de l’inquisition. L’homme ténébreux occupait son temps dans de vaines recherches, de menus travaux pour l’Eglise et Dieu, mais il ne s’était réellement investi dans ses investigations. La quête de vérité et de raison qu’il prônait avec tant d’ardeur, n’avait pas lieu d’être pour le moment, il voulait juste distraire son esprit, fixer ses pensées sur d’autres objets que Madame Edelgard. Car oui, il n’était parvenu à l’oublier ! Le bel ange se prenait à rêvasser dans ses études fastidieuses, son esprit se portait aussitôt sur cette belle personne, il se remémorait alors avec enthousiasme et nostalgie, les traits fins et délicats de son visage, sa silhouette gracile, ses mots, ses attentions, ses crises de colère, son espièglerie et ses provocations ! Elle possédait mille et une grâces qu’il se plaisait à évoquer, et, cela sans aucune lassitude. Christian l’avait d’ailleurs croisé à de nombreuses reprises depuis son départ du manoir, à l’église principalement. Une ou deux fois même, il avait abordé le duc et la duchesse. Il s’y était montré poli, quoique pâle : le duc, fervent dévot, avait fait son éloge pour l’occasion, prenant sa retraite comme une marque de caractère.
Le duc s’était même permis de l’inviter dans les murs où il avait séjourné, mais il avait refusé, prétextant d’importants travaux théologiques…

Durant tout son temps, elle n’avait donné signe de vie et il avait fait de même. Les nouvelles allaient vite et la duchesse ne pouvait ignorer son nouveau cadre de vie. Sursaut de raison, peurs dissimulées ? Le couple ne se voyait plus.
Si bien qu'en l'imaginant, l'homme avait perdu tout espoir qu'elle pense encore à lui...
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeJeu 6 Nov 2008 - 0:25

Et pourtant, Constance pensait encore à l'Inquisiteur. Certes, elle avait été courtoise désormais qu'il avait élu domicile à l'Auberge, avait feint l'indifférence polie, ses sourires n'avaient plus cette charmante fougue qui l'avait habitée peu de temps avant. Désormais, la Duchesse avait simplement croisé le jeune homme, parfois en compagnie du Duc, ce qui se faisait de plus en plus rare.

Car le Duc se faisait très occupé, depuis quelques semaines, si bien que Constance était de plus en plus livrée à elle même. Certes, l'homme avait tenter de palier son absence par de nouvelles domestiques, des femmes très bien, de bonne compagnie, de plaisante conversation... Mais elle s'ennuyait, encore, et ses longues heures passées sans réel but ne lui laissaient que le loisir de songer encore à ce qu'elle avait manqué : aux instants loupés, vains, qui s'étaient envolés avec le départ de Christian, aux sages décisions qui étaient les plus douloureuses, moins faciles à vivre que de folles frivolités.

Les jours étaient courts et les nuits froides, Constance ne sortait plus dans les Jardins, tant l'air était glacé... Alors, elle se surprenait à se voir tourner en rond, comme un félin enfermé dans les Cirques Tsiganes qu'elle avait eu l'occasion d'applaudir étant petite. Désormais, c'était elle que l'on venait visiter, des cousines du Duc, des tantes âgées, des dames de compagnie, des commerçants de toutes sortes, dans le seul but de la distraire.

Mais tout l'ennuyait, et malgré son absence, le Duc put craindre alors que sa chère épouse, d'habitude si prompte à ordonner mille bijoux, mille parures pour réchauffer son moral, ne soit prise de cette maladie qui touche parfois les veuves... Celle qui fait dépérir et qui tue à feu doux, retirant l'envie même de manger, de sourire ou de respirer. Il vint la trouver un soir où elle jouait aux cartes avec l'une de ces nouvelles servantes, Anna, mais où le score l'importait peu. Elle observait les figures sans grand intérêt, et la pâleur choqua l'époux Edelgard.

Il lui demanda ce qu'elle désirait, il certifia lui offrir tout ce dont elle pouvait rêver, ses souhaits les plus fous seraient dès le lendemain dans sa chambre, fussent-ils éléphant d'Orient. Et Constance ne demanda qu'une sortie. Une simple balade, seule, un repas à l'Auberge, seule, et toute une après midi libre, seule. Si le Duc trouva cette volonté farfelue et bien peu habituelle chez sa femme, il fut soulagé de voir qu'elle désirait encore quelque chose. Aussi, lui offrit-il une rivière entière de diamants, une toilette de taffetas aux teintes pourpres, et aux dentelles minutieuses, et fit atteler le fiacre pour le surlendemain.

Il assura à la Duchesse qu'elle aurait tout l'après midi pour faire ce que bon lui plaisait, et qu'elle pouvait dépenser plus que de raison, si l'envie lui venait de faire quelques boutiques. Mais Constance ne souhaitait pas rencontrer les commerçants, non... Elle se fit donc conduire à l'Auberge, et congédia, comme il était convenu, le cochet. Désormais libre, elle demanda à l'Aubergiste la chambre de Monsieur Stue.

Une crainte affreuse rongeait son estomac et rendait ses mains moites... La Duchesse était nerveuse, peut être l'Inquisiteur ne désirait plus la recevoir, plus jamais. Même s'ils s'étaient revus durant ces longs mois, la jeune femme, aujourd'hui, semblait prendre cette visite impromptue comme une toute autre épreuve. En collant son oreille contre le bois vieilli de la porte, et en frappant quelques coups timides contre celle-ci, son coeur accéléra. Et s'il n'était pas seul ?
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 0:45

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Trois coups secs sonnèrent l’arrivée de la duchesse et l’arrachèrent à ses pensées. L’inquisiteur se dirigea vers la porte d’un bon pas, la porte s’ouvrit sans bruit pour laisser place à la surprise et l’étonnement. Mortifié par cette vision, pâle comme à son habitude, Monsieur Stue mit quelques minutes à réagir face à cette apparition, ce fantôme des temps passées, ce démon tout en jupon qui tapait à sa porte pour le ravir à l’Eglise. Devait-il croire à ce rêve ?
Amassant ses esprits, la marionnette frigide s’anima pour lui offrir un sourire aimable quoique froid, ses prunelles sombres, quant à elles, pétillaient de l’étrange flamme d’une vive émotion. Que devait-elle penser de tout ceci ? Etait-il content de la voir ou non ? Le savait-il lui-même ?

« Bon… Bonjour Madame Edelgard, comment vous portez vous ? »

La gorge sèche et serrée, ces quelques mots prononcés eurent les douloureux accents de la convenance respectée. L’intimité qu’ils avaient su créer, s’était envolée, disparue les « Constance » et autres provocations. En cet instant, Christian la redoutait plus que tout, elle était source d’une gêne insupportable et pourtant il ne désirait pas la voir s’éclipser. Triste dilemme que voilà ! Et pour maintenir le fil de la conversation, de peur de la perdre, il ajouta avec promptitude et zèle. Sa main effleura même le bras de la belle avant de se rétracter, brûlé par un tel contact.

« C’est vrai ?! Vous vous portez bien, cela me… ravit. Monsieur le duc n’est pas là ? J’aurais eu plaisir à le saluer. Vous êtes bien en beauté, Madame Edelgard. »

Avait-elle seulement répondu à sa première question ? Qui sait ? Passées les flatteries sur sa toilette, il l’invita finalement à entrer dans petite pièce qu’il occupait, ridicule mansarde en comparaison de lieu de vie au manoir.
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 20:14

La Duchesse savait parfaitement que les réactions premières de l'Inquisiteur étaient les bonnes : celles qu'il se devait d'avoir, quelques salutations, un sourire courtois et des manières polies. Il lui demandait désormais comment elle allait, et Constance redoutait qu'il ne lui parle désormais que du temps, de ce froid gelé qui parcourait sa petite chambre... Elle redoutait aussi d'avoir à y répondre des banalités extrême, avec elle aussi, un visage poli qui signifierait sans doute que ce le passé était enterré, et que, désormais, l'avenir serait bien gris, bien plat, et bien moins sucré.

Elle se plia aux règles bien tristes des convenances, s'inclina légèrement et s'apprêta à répondre à ces quelques mots entendus, lorsque Christian, sans l'attendre, reprit de plus belle, d'une voix plus vive mais toujours autant conventionnelle. Désormais, il parlait si vite que toutes les parties de son discours s'entrechoquaient, se suivant sans réellement être liées... Constance eut un petit sourire amusé, mais devant tant de froideur, sur le visage du jeune homme, elle se reprit vite, comme s'il l'avait reprise pour un mot trop haut.

Lorsqu'enfin elle put dire quelque chose, ce fut une bien fade réponse qu'elle lui fit :

« Monsieur le Duc a beaucoup à faire depuis la mort du Comte, il a de moins en moins de temps libre. Je lui donnerais vos bons sentiments, ce soir, à mon retour. »

Devait-elle désormais évoquer les derniers mots de son palabre ? Souligner qu'il la trouvait en beauté ? Mais tout ceci ressemblait tant à de polies conversations, que Constance en perdait l'attrait de cette flatterie appréciable. Elle se sentait mal à l'aise, alors qu'elle avait tant de fois attiser l'inquiétude du Représentant de l'Eglise, désormais ils étaient tous deux dans une situation bien moins confortable encore que ce qu'ils avaient vécu, au Manoir.

Que dire, que faire, il aurait été plus appréciable de lui sourire, de lui indiquer comme sa compagnie lui manquait, à demeure, et comme son exil lui semblait long. Les jours si courts se trouvaient allongés, Constance désormais peinait à s'occuper plus de quelques minutes sans soupire ou se lasser. Leur conversation, leur jeu également, si plaisants et si angoissants, étaient plus agréables que n'importe quel ouvrage de broderie.

Le moindre prétexte, jadis, était judicieux pour dépasser quelques limites supplémentaires. Mais la Duchesse voyait dans ce regard, irradiant malgré les sombres notes de ses iris, que Christian semblait lui aussi ne plus savoir où tenir ses propres limites. Alors, sous prétexte de ne plus les enfreindre, voilà que leurs lois à tous deux s'étaient faites bien plus exiguës, restrictives au possible. Les regards échangés étaient rares, Constance se tenait droite, les mains jointes contre le tissus de sa robe, à n'oser ni sourire de trop, ni bouger de trop.

« Vous voilà dans de biens petits appartements, Monsieur. » Elle frémit : non pas ce froid ambiant, bien que glacé, qui la perturbait, mais entendre ces 'monsieur' dans sa bouche lui laissait un goût amer, comme le souvenir d'une confiture, qui était désormais trop lointain.

« Cette pièce est minuscule, comment pouvez-vous décemment y résider ? »

Était-elle venue avec l'idée de le ramener avec elle, au Manoir ? A vrai dire, Constance ne l'avait jamais pensé, mais désormais qu'elle constatait dans quelle misère il se trouvait, la Duchesse ne supportait plus l'idée de repartir sans lui.

« Et ce froid... Monsieur ! » Fit-elle, effrayée, mais son visage était celui d'une femme qui ordonne, comme outrée. « Comment rester en bonne santé dans de telles conditions ?! Je me sens responsable de votre retraite, et je ne saurais tolérer que vous restiez plus longtemps ici ! »
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeMar 11 Nov 2008 - 0:51

Tout deux se montraient des plus excessifs dans leur attitude ; à se vouloir trop polis, raisonnables et courtois, leur entretien dégénérait peu à peu dans une vaste farce des plus grotesques. Ces piètres acteurs évoluaient avec un mal certain dans cette véritable mascarade. La gêne était inéluctablement présente et malgré quelques efforts timides pour briser la distance entre eux, ils n’y parvinrent. C’est ainsi que l’éternel duo poursuivait sur cette triste pente. Le temps avait accompli sa besogne, l’immuable cours avait-il tranché tous les liens les rattachant ? Etaient-ils si facilement sécables ?

Mais voilà que la duchesse se montrait soucieuse de son confort et de sa santé ! Charmante attention que voilà ! N’est-il pas ? L’œil d’une femme est souvent plus prompt à l’observation et l’appropriation de chaque infime détail ; ainsi il leur apparaît souvent avec plus de discernement et de précision « le sensible ». Et, la capricieuse se faisait perspicace sur bien des points ; la pièce dans laquelle il séjournait, n’était guère spacieuse, elle n’était rien d’autre qu’un vulgaire placard, impropre même à recueillir un domestique du manoir des Eldegard. La lumière, fort peu présente dans l’espace exigu, se faisait révélatrice de la poussière accumulée dans cette mansarde, et dans les recoins les plus sombres, des monstres arachnoïdes demeuraient, attendant leur heure.
La maîtresse du manoir avait même daigné pénétrer dans cette chambre, monsieur Stue ne devait-il pas se targuer de cet exploit ?

Mais bientôt, captant de ses prunelles sombres le regard noisette soucieux et curieux de la duchesse, il sembla lire ses pensées et l’invita aussitôt à prendre congé de cette chambre, en lui offrant un chocolat chaud au rez-de-chaussée. Ingénieux détournement de conversation ou volonté de lui masquer ses conditions de vie?

« Oh ne vous en faites pas, madame Edelgard, cette chambre est très bien pour moi ! Mais venez donc…Allons en bas, nous serons mieux pour discuter autour d’un chocolat chaud. »
Cherchant à la dérober à la contemplation de cette chambre, ses mots se firent, malgré lui, durs et secs, et d’un geste impatient, sous couvert des convenances et d’amabilités, il agrippa son bras pour la conduire hors de la pièce.

« Vous permettriez vous de critiquer mon lieu de vie, Madame Edelgard ? Cela fait-il de moi une personne misérable à vos yeux ? Allons, allons…Faites moi plaisir et acceptez donc un chocolat chaud, venez descendons. »

Espérant la surprendre et même la faire taire par la même occasion, ses derniers propos se firent plus doux et la prièrent de ne pas en rajouter et de se laisser convaincre par cette invitation au rez-de-chaussée au milieu de la populace. Mais tout ceci serait-il au goût de la coquette duchesse ?
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeMar 11 Nov 2008 - 17:47

Constance n'eut pas le choix : déjà, l'Inquisiteur se montrait pressant, ne la souhaitant pas dans cette minuscule chambre de bonne, et d'un geste insistant, laissant de côté cette galanterie habituelle pour une sorte de force masculine, la forçant à quitter les lieux, en agrippant son bras. Comme ses paroles étaient elles aussi très nettes, sans appel, la Duchesse qui n'avait pas pour coutume de se faire ainsi commander, se surpris à froncer les sourcils, alors qu'il enrobait le tout avec un chocolat chaud.

Elle avait sans doute oublié comme Christian pouvait se montrer inconstant, presque autant qu'elle, et comme parfois il avait des réactions absurdes et brusques. Cependant, Constance n'avait jamais apprécié qu'on lui donne des ordres, cela venait de sa condition de noble, sans doute, et également d'une éducation où jamais personne n'avait élevé la voix sur elle... Aussi fut-elle d'abord bougon, en plissant ses lèvres dans une grimace qui caricaturait son visage. Mais bien vite, comme une enfant trouve un intérêt dans chaque chose déplaisante, la jeune femme glissa sa main sur le bras de Christian, bras qui au paravent l'avait enserré, et elle se laissa conduire le long du couloir misérable qui menait aux escaliers, lui à la salle principale.

Pourtant, les derniers mots du Représentant de l'Eglise furent assassins, et ne sachant que prendre ces mots de façon agressive, Constance eut à son tour, un timbre moins doux.

« Osez-vous songer que je vous prends pour un misérable, Monsieur ? »
Fit-elle, comme outrée, mais il y avait dans ses yeux quelque chose qui révélait des pensées moins belliqueuses. Comme si leurs jeux avaient repris, de ces joutes et de ces piques lancées, de ces coups de poignards et des défenses anéanties par l'assaut de quelques mots.

« Je ne peux que déplorer dans quel sordide réduit vous demeurez. » Reprit-elle, cessant de grimacer, pour se contenter de l'observer comme on examine un tableau dont les mystères nous sont encore cachés. Peut-être cherchait-elle à voir ce qui pouvait avoir changé sur ce visage-là, ou tout simplement, avait-elle à admirer ce qu'elle n'avait plus eu le loisir de voir depuis bien longtemps, d'aussi près.

« Votre proposition est alléchante, Monsieur Stue, vous savez comme j'aime le chocolat. »


Avait-il remarqué l'éclair taquin qui avait ciselé l'iris de la Duchesse ? Comme elle ressentait, désormais, ce plaisir inavoué qui la gagnait chaque fois qu'ils s'étaient retrouvés si proches l'un de l'autre, entre conversations anodines et sous entendus délicieux ? Constance était heureuse, cela se voyait un peu, puisqu'elle n'était plus aussi froide que lorsqu'elle était apparue devant l'Inquisiteur, elle marchait de façon digne, mais son pas avait quelque chose d'enjoué, sa main posé sur l'avant bras du ténébreux Christian, descendant tous deux les marches jusqu'à la salle pleine de cette population modeste et bruyante.

Malgré ce contexte improbable, la Duchesse n'avait que faire des mornes habitants venus se divertir, manger et boire sans but. Sa main était fermement agrippée au bras du jeune homme, comme si elle craignait qu'en le lâchant, tout cet état de grâce s'enfuit. Ils s'installèrent bientôt à une table de bois épaisse, aux nombreuses marques, de forme ronde.
A côté d'eux, d'autres tables, d'autres visages, mais des atours bien moins riches... Constance semblait porter une toilette qui, à elle seule, avait plus de valeur que tous les habits de l'assemblée réunie.

Une femme d'un âge mûr, au chignon défait, se présenta à eux, reconnaissant sans doute l'Inquisiteur depuis qu'il siégeait à l'Auberge, elle eut un mouvement de salut respectueux face à la Duchesse. En prenant les commandes, et en repartant aussitôt, la vieille serveuse échevelée laissa le couple seul, au milieu du brouhaha incohérent.
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeMar 11 Nov 2008 - 23:00

Attiser sa fougue n’était pas chose facile, mais la duchesse avait plus d’un tour dans son sac et connaissait milles et une petites ruses pour le mettre dans tout ses états, il lui avait suffit pour cela d’accaparer le bras du jeune homme et de reprendre leurs joutes orales pour que Christian se montre aimable. Devinait-elle que la pression constante de sa main sur son bras le rendait frissonnant, chaque parcelle de sa peau se voyait contaminer par ce virus qu’on appelle la chair de pouls. Mais bientôt, ils s’installèrent dans un coin de la salle commune tout près de la cheminée, et, ils durent rompre cet oppressant contact.
Les flammes crépitaient avec audace et volupté, animant le cœur du foyer. Etincelles éloquentes, danseuses éphémères, elles s’envolaient pour mieux se taire, laissant entendre pour seule musique un doux grésillement. Attablés autour d’une table massive à l’apparence des plus rustiques, marquée jusque dans sa chair par les passages des clients, le duo reconstitué se réchauffait au coin du feu.
Ils devaient faire face à un vacarme assourdissant composé de rires gras et bruyants. Pourtant, pour l’un comme pour l’autre, seul l’autre comptait. Le brouhaha ambiant du vulgaire et du commun n’avait de prise sur eux ; lui s’y était fait, jugeant les occupants de cette gargote semblables à des sots, elle ne pouvait laisser son après-midi en compagnie de l’inquisiteur tourner au désastre.
Bientôt on prit leur commande, brusque interruption de leurs jeux, amer retour à la réalité. Quelque chose se bouscula-t-il en lui durant ce court laps de temps ? Quelque chose se produisit-il alors qu’il se perdait dans les noisettes de cette charmante frimousse ?
Peu après le départ de la mégère faisant office de serveuse, sa menotte sillonna le long des nervures de la table, à tâtons, et bientôt l’un de ses doits se dressa pour venir effleurer la main de la duchesse, frôlant sa peau parfois ou allant jusqu’à imprimer son empreinte. Ses orbes noirs se plantèrent dans le regard noisette de la belle et bientôt il commença à murmurer d’une voix tremblante…

« Constance… Pour…pourquoi être revenue… ? Je.. ?! »

Soudain, la serveuse déposa le plateau supportant leurs verres avec fracas sur la table, coupant l’homme dans son élan, faisant s’éclipser la main du garçon.

« V’là votre commande, M’sieur, Dam ! »
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeMar 11 Nov 2008 - 23:59

Constance avait même sursauté lorsque cette main masculine était venue effleurer la sienne, une infime caresse qui démontrait désormais que tous les doutes étaient vains : ils étaient de nouveau côte à côte, elle pouvait lire dans les prunelles du jeune homme bien des étincelles, plus vibrantes que celles qui crépitaient dans l'âtre de la cheminée, elle devinait les frémissements de son corps dès qu'ils échangeaient un simple regard, même courtois, et désormais, l'aimant qui semblait opérer entre eux avait repris. Il semblait que rien n'était plus impossible que de les tenir éloignés...

Et la Duchesse constata que, malheureusement, le retour de cette matrone au plateau garni avait fait fuir cette si douce chaleur, et les doigts de Christian s'étaient évanouis à la hâte, comme un enfant prit sur le fait, la main perdue dans une boîte de biscuits.

Les deux verres fumaient encore et laissaient présager de bien délicieuses saveurs, mais il paraissait absurde qu'une simple boisson puisse faire autant d'effet que le fin contact des leurs mains unies... Cependant, puisque la bienséance demandait qu'ils se montrent courtois, Constance attrapa son verre et échangea un regard malicieux, comme deux complices, avec l'Inquisiteur.

« Trinquons en l'honneur de cette après midi. Puisse-t-elle durer toujours. »

Souffla la Duchesse, en avançant la boisson chaude vers celle du Représentant de Dieu en ces murs.
La vieille femme s'éloignant déjà, les convenances s'effacèrent un peu plus, et la Duchesse Edelgard put désormais reposer son verre, et à son tour, prendre les devants, en venant poser sa paume contre le dos de la main du jeune homme.

Malgré tous les sons indistincts qui pouvaient se faire entendre dans toute l'immense pièce, il semblait qu'une petite partie de la salle était plongée dans un silence, loin d'être lourd, plutôt intime, comme un secret. Comme un présent que l'on ose dévoiler trop vite. Et Constance plissa ses paupières et on put voir passer dans ces iris noisettes un serpent sincère.

« Votre compagnie me manque, Christian... » Fit-elle enfin, après ce petit instant mutin, en chuchotant presque ses mots comme si personne d'autre ne devait entendre ses paroles.

Mais Madame Edelgard ne pouvait résister longtemps au chocolat. Et, tout en laissant sa main sur celle de Christian -main qu'elle n'aurait souhaité lâcher pour rien au monde- elle se saisit de nouveau de son verre fumant, et, soufflant sur le rebord, osa tremper ses lèvres dans la boisson bouillante. Il ne fallut qu'une seconde à peine pour qu'elle se brûle, comme souvent lorsque l'on est trop pressé de goûter un fruit défendu et dangereux...

Se mordant la lèvre, elle reposa immédiatement le verre et grimaça. Quelles ne fut pas ses pensées, inavouables, lorsqu'elle croisa le regard d'ombre de l'Inquisiteur, et il pouvait être certain, lui aussi, que ses souvenirs allaient tous vers cette fameuse nuit, nuit où ils s'étaient quittés si brusquement, sans adieu, nuit qui avait scellé leur destin à tous deux, les contaminant.

« Voilà ce qui en coûte lorsque la hâte vous guide. »


Constance baissa les yeux, presque gênée. Etait-ce de se trouver face à tant d'assistance réunie qui la rendait moins excessive dans ses gestes, déjà, elle regrettait cette sordide mansarde, où ils étaient isolés malgré le froid. Pourtant, il n'était pas dans ses habitudes de rester aussi longtemps de façon passive, et déjà, la Duchesse relevait les yeux, plus brillants encore, avec cette note friponne qui la rendait redoutable.

« J'espère que je ne vous dérange pas, au moins, en venant vous trouver dans votre chambre. Peut être étiez-vous occupé. Peut être... attendiez-vous de la visite. » Murmura-t-elle alors que la pression de sa main se faisait plus insistante.
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeMer 12 Nov 2008 - 23:15

Une simple invitation à trinquer, quel mal y a-t-il à cela ? Aucun, si la boisson chocolatée n’était saupoudrée d’un zeste de défi, agrémenté d’une pointe de charme ! Et, en présence de cet orgueilleux, la capricieuse gardait, en tout temps et en tout lieu, son habit de séduction et de provocation.
Etourdi ou envoûté par ces mots, l’homme d’Eglise ne répliqua pas. Au contraire, Monsieur Stue appuya les dires de la duchesse dans un murmure vaporeux, ses mots ne devinrent plus que des souffles, palabres qui se perdirent dans les arabesques de vapeur, son regard opaque se figea dans la mare sucrée comme si ces puits d’ombre ne pouvaient lutter face au pouvoir cyclique de la boisson, il était perdu et visiblement songeur…

« Oui, vous avez raison. . . Puisse-t-elle durer pour toujours… »

Devait-il croire en leur relation, s’abandonner à Constance et s’y consacrer complètement ? Son cœur lui intimait de choisir cette option, sa raison ne fonctionnait guère en présence de la duchesse, elle se tut, mais un autre obstacle se dressait devant ce splendide couple son orgueil. Trouverait-il le courage de lui déclarer sa flamme ? Serait-il d’un ridicule fou ? Se moquerait-elle de lui, elle qui savait se faire si piquante ? Pourrait-il supporter pareil affront ?
Une interrogation rongeait particulièrement son esprit dans l’espoir de sentiments partagés : « Quel serait leur avenir ? Quel sort le destin leur réservait-il ? »
Mais bientôt, la duchesse l’extirpa de ses pensées en osant une attaque de front et en prenant possession de sa main, il ne chercha pas à se dérober de l’emprise de la délicieuse et la lui concéda avec plaisir. Et alors qu’elle s’emparait sans résistance d’une partie de lui, la figure charmante de Christian se redressa pour lui faire face.
Les orbes d’ombre avaient cette particularité de capter la lumière, de l’attirer, de l’absorber ; ils n’en devenaient que plus brillants, animés d’une flamme particulière, d’une ardeur peu commune. Perles sombres synonyme de puits béants sur les tréfonds de son âme, offrant à son interlocuteur son état du moment. Tantôt la cherchant du regard, tantôt la dévorant, il se plaisait à se fondre dans ces deux noisettes. Ses lèvres jointes en un doux sourire, muettes, répondaient aux propos de la belle et trempaient par à-coups dans le breuvage fumant, s’imprégnant de ce goût sucré, tentative pour l’attraper ? Le chocolat n’était-il pas après tout le péché mignon de la fière et fougueuse noble ?

« En effet, je vous l’accorde, la patience est source de vertu. Mais il est souvent bien difficile d’attendre un geste, un mot espéré. Ne croyez vous pas, Madame Edelgard ? »

Reproche terrible ou simple aveu du bonheur de l’avoir à ses côtés ? La duchesse n’eut l’air de le prendre mal et intensifia ses attaques, redoublant d’efforts pour mettre à terre son ennemi, combinant même pour l’occasion un toucher éloquent à quelques notes friponnes et osées. Monsieur Stue détourna le regard. Rougissant plus qu’il ne l’aurait dû, son teint s’embrasa pour se parer de belles couleurs, ses joues en devinrent à croquer ! Blessure mortelle infligée par ce membre du beau sexe ?! Oui, sûrement, contre toute attente, les doigts élancées et fins du jeune homme se pressèrent contre ceux de Constance, s’amourachant de leurs confrères, se nouant même entre eux.
Revenant à lui, l’inquisiteur lui fit front et avec émotion, il murmura sur un ton feutré, inaudible pour les tables avoisinantes…

« Constance, votre compagnie me manque aussi… Vous m’avez manqué chaque jour depuis cette soirée fatidique…Je n’ai pu me résoudre à vous écrire de peur de vous compromettre et …j’excuse peut-être là ma propre lâcheté mais je me réjouis de voir que tu ne m’as pas oublié. Je ne vous l’ai jamais dit et cela va peut-être vous…te…surprendre mais je vous aime d’un amour brûlant, vrai et sincère. J’aime tout de vous… Vos yeux, votre sourire, votre espièglerie, vos provocations, vos attentions. Je suis sûrement ridicule et je déteste ce genre de déclarations mais je vous aime et vous aimerai Constance Edelgard et cela pour toujours. »
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeDim 16 Nov 2008 - 1:11

Allégresse.

Il y avait quelque chose de magique dans les dernières paroles de Christian. Des mots qui échauffaient, réchauffaient. Comme un secret que l'on murmure du bout des lèvres et qu'on garde entre ses mains serrées pour l'empêcher de s'enfuir sous la brise. Comme une mélodie qui arpente les veines sans cesse en un ballet doucereux, alliant des pentes sucrées et mutines à des pointes de vitesse piquantes et acidulées. Sillonnant son ventre, gagnant ses épaules et sifflant dans sa tête, la vague d'allégresse affichait sur le visage de la Duchesse un sourire plaisant et, paradoxalement à ce qu'il serait plus tard, parfaitement serein.

Comme un aveu que l'on avait soufflé à demi mot par le passé et qui vient corrompre toute tentative de mensonge, comme une flamme vacille finalement sous les soupirs alanguis, et comme un sourire déjà présent peut apparaître bientôt comme tout autre. Les mots étaient dits, et Constance n'était pas choquée. D'autres auraient joué les vierges effarouchées, les épouses enorgueillies, les femmes outrées. Mais Constance ne faisait que sourire, en accentuant plus encore cette pression divine qu'insufflaient ses doigts, enlacées à ceux de l'Inquisiteur.

Le silence était un charmant instant. Un passage angélique alors qu'elle ne semblait plus vouloir parler. Mesurait-elle le chemin parcouru, savourait-elle une victoire qu'elle avait souhaité au plus profond d'elle, ou admirait-elle simplement ce tableau idyllique, afin que sa mémoire à jamais la garde enfouie, et que soit peint sur sa rétine les encres noires qui constituaient les orbes de Christian ?

Enfin, alors que les secondes s'étaient faites des heures entières pour les deux amants désormais avoués, la Duchesse Edelgard ouvrit la bouche, lèvres toujours étirées de façon subtiles et délicates, pour murmurer au Représentant de l'Eglise un discours aux notes savoureuses.

« Savez-vous ce que vous risquez, Monsieur l'Inquisiteur, en déclarant ainsi votre amour pour une femme mariée ? »

Christian ne devait en rien se méprendre : Constance l'observait d'un regard sincère et tendre, loin des mises en garde qu'elle avait soufflées, et son visage semblait rivaliser avec la plus douce des madones. Comme un poids que l'on retire de son coeur. Elle avait simplement voulu défaire cette atmosphère trop solennelle qu'avait instauré les propos éloquents du jeune homme.

« Désormais que vos mots ont été prononcés, je ne saurais vous écarter du Manoir. Comment prétendre passer encore une journée sans votre compagnie ? Le temps m'a semblé long, alors que vous vous exiliez par ma faute. Vous ne pouvez plus refuser, suivez-moi dès ce soir. »

Le timbre de la Duchesse était plus marqué, bien qu'elle soit loin des ordres qu'elle donnait à ses servantes, cependant, son pouvait lire dans ses yeux noisettes, une volonté sans faille d'être exécutée.

« Je ne sais où tes mots nous conduirons. » Fit-elle alors, bien plus bas, si bas qu'il fut le seul à entendre ses paroles, tant elle s'approchait de son visage pour lui souffler ce secret à l'oreille.
Et comme cette proximité de leurs faces l'électrisait...

« Mais vous ne retournez dans votre chambre, tout à l'heure, que pour y faire vos bagages, et vous serez à mes côtés, lorsque la voiture nous ramènera par ces routes sinueuses, qui mènent au Manoir Edelgard. »

Cette fois, comme la mère insinue doucement de malsaines pensées dans l'esprit de son enfant crédule, la Duchesse imposait cette vision d'une femme qui savait parfaitement ce qu'elle disait, ce qu'elle souhaitait, et qui de toute évidence, n'avait en tête que ce qu'elle pourrait obtenir. Etait-ce un caprice, de celui qui l'avait gagné lorsqu'elle avait accueilli le jeune Inquisiteur, ce soir-là, sur le perron de la demeure du Duc, où elle décida intimement qu'elle désirait le tester, ou était-ce désormais une volonté moins enfantine, une simple demande, sincère ?
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeMar 18 Nov 2008 - 0:19

Qui se serait douté de la conversation qui les animait ? Après tout, n’était-il pas un homme de Dieu, donc respectable puisque effrayant ?! Et, elle, l’épouse du duc qui avait de nombreuses relations avec l’Inquisition. Il n’y avait donc nul hasard qu’ils s’entretiennent de choses et d’autres ensemble ; si la curiosité s’était faite sentir lors de l’arrivée de cette noble toute endimanchée, la voir en compagnie d’un homme aussi rude et froid que Monsieur Stue lui valut le plus grand des désintérêts. Ainsi, ils auraient pu s’embrasser sous le nez et la barbe de toute cette assemblée de petits gens, nul n’aurait remarqué !
En effet, l’inquisiteur déplaisait de part son masque hautain et sa mine austère, et, il fallait avouer qu’on ne le voyait guère, Christian passant la plupart de son temps dans sa chambre, il n’était qu’une ombre, rien de plus.

Les secondes défilaient, s’éternisaient, capturant les aiguilles pendant un bref moment, laissant un suspens un silence qui aurait pu être pesant.
A sa déclaration, la capricieuse lui offrit une joie sereine, profonde. Cet aveu tant désiré avait été soufflé, ils étaient à présent liés.
Sourires complices, l’œil malice, le duo s’enfonçait sur un chemin des plus sinueux. Quels seraient les obstacles à franchir, le duc, les domestiques, l’Eglise, Dieu ? Pourraient-ils vraiment, même, effleurer le bonheur auquel ils aspiraient tout deux ? Oh que oui, ne touchaient-ils pas du doigt cette dite allégresse ici même dans cette gargote de fortune ?
Vérifiant d’un rapide coup d’œil qu’ils n’étaient épiés, l’inquisiteur attira hâtivement la menotte de la duchesse emprisonnée dans la sienne la couvrant d’un baiser, imprimant ses lèvres sur le dos de sa main.
Soufflant sur son passage avec un plaisir évident…

« Oh que oui, je vous aime Constance… »

Mais bientôt, il se redressa sur son assise, et, détournant le regard,il murmura quelques mots qui la fâcheraient sûrement.

« Constance, je ne peux vous accorder votre demande. Cela comporte bien trop de risques. Je…J’en ai envie, mais quel prétexte allez vous donc trouver pour convaincre le duc ? Que se passera-t-il si nous nous faisons surprendre par les domestiques ?... Et puis… »

Serrant malgré lui un peu plus fermement la menotte de la duchesse tel un appui nécessaire, avant de confronter ses prunelles sombres à celles noisette.

« Je vous avoue que je pourrai me montrer…jaloux.. »
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeJeu 20 Nov 2008 - 19:39

Comme les vagues reviennent mais ne semblent jamais les mêmes, et comme elles peuvent changer en un souffle unique d'un vent un peu trop fort, voici que le reflux se montra bien plus féroce que le flux, et que la réaction de Constance Edelgard, aussi imprévisible qu'une brise marine, se fit nettement moins tendre que les douces paroles qu'elle avait prononcées avant...

Se levant d'un bond, penchée par ce mouvement, vers l'avant et vers l'Inquisiteur, les paumes contre le bois vieilli et miteux de l'Auberge, la Duchesse attira sur elle toutes les attentions alentours. Certes, cette position enragée laissait entrevoir les merveilles de son décolleté, mais tout homme raisonnable ne devrait se laisser déconcentrée par ces attraits, sous peine de se trouver surprit par les mots qui suivirent.

« Et que voulez-vous ?! » Gronda-t-elle, d'une voix haute et instinctive qui démontrait à quel point la jeune femme savait se montrer odieuse.

Cependant, alors que certains regards se faisaient oppressants, Constance prit conscience qu'elle avait attiré sur eux, les visages des badauds, et, reprenant ses manières ses pour autant faire taire ce regard furibond, elle lança un sourire courtois à chaque personne ayant tourné la tête vers eux. Ceux-ci, déçus sans doute qu'il n'y ait ni sang, ni hurlement, reprirent leurs conversations, et se désintéressèrent bientôt de ce qui pourrait être dit ou fait dans cette petite partie excentrée de la pièce.

Pourtant, le calme dont avait fait preuve la jeune femme ne devait pas duper l'Inquisiteur : compromettre l'accession aux Caprices de Constance n'était pas une chose que l'on peut tranquilliser aisément, et déjà, comme inconstante, la Duchesse reprenait un discours aux notes suaves, secrètes, plaisantes et intimes.

« Voudriez-vous que je vienne vous rendre visite tous les jeudis, à 15h, alors que mon époux s'entretient avec son intendant des dépenses du Manoir ? »


Malheureusement, il était sot de penser qu'elle était sérieuse, et à peine avait-elle finit sa phrase, que ses yeux reprirent cette agressive fureur qu'elle savait y peindre, et que ses iris semblaient atteindre au coeur l'Inquisiteur, de flèches aux pointes acérées.

« C'est ceci que vous souhaitez ? Que je me présente chaque semaine devant vous, dans cette chambre misérable, cachée sous un voile de peur que l'on me reconnaisse, à votre disposition durant quelques heures, avant de retourner au Manoir souper avec mon époux ? »


Elle grondait, pointait son index contre le bois de la table avec force, fonçait ce nez si fin et plissait ses paupières.

« Préférez-vous ce décor lugubre au Manoir Edelgard ? Préférez-vous escalader les grilles et les murs jusqu'à ma fenêtre dans l'espoir de me voir quelques secondes, au plaisir de me croiser chaque jour, de passer votre journée à mes côtés ? »


Constance semblait, à mesure qu'elle parler, se calmer peu à peu, comme si la rage pouvait désormais être asséchée par les mots. Pourtant, lorsqu'elle parut reprendre une légère attitude moins colérique, les question embarrassantes qu'avaient soulevées Christian dans son discours débutèrent un long et indésirable sentiment de culpabilité.

« J'ai bien des talents, Christian, pour ce qui est de trouver des excuses aux choses que je désire, et si je souhaite que vous réintégriez le Manoir dès ce soir, soyez certain que personne ne s'y opposera, pas même mon époux. Je lui dirais que vous êtes tombé malade, par notre faute à tous deux, qui vous avons poussé à quitter notre demeure. Mon mari ne se pardonnera jamais d'avoir atteint à votre santé, il ne pourra supporter d'avoir rendu malade un Inquisiteur, et vous sommera de revenir sur le champ. »

Les doigts de la jeune femme serpentèrent jusqu'à la main de Christian, s'en emparant délicatement, comme savent le faire les demoiselles, et, comme on dicte les versets d'une messe, Constance reprit d'une voix sans faille, nette, à la fois douce et assurée.

« Alors si vous ne pouvez accepter ma demande, vous ne sauriez refuser celle de mon Epoux. » Souffla-t-elle alors, étirant son cou pour se pencher, joue contre le bois jauni, pour embrasser, une à une, chaque phalange du jeune homme que laissait libre son emprise.
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeSam 22 Nov 2008 - 21:08

D’une nature différente, ils savaient se montrer des plus semblables, et, en particulier dans le domaine de l’inconstance ! La passion qui les rongeait, constituait d’ailleurs, peut-être, l’origine de ce trait de caractère !
En effet, la terrible Constance était redoutable de part ses caprices, odieuses dans ses colères, généreuses dans ses amours ; quant à lui, il pouvait tour à tour irradier de bonheur et illuminer son monde ou bien revêtir le plus hautain et mesquin des habits.
Alors qu’ils se déclamaient leur amour mutuel, un léger incident avait bouleversé un équilibre précaire. Aux sentiments à peine avoués, une première dispute avait-elle éclaté?
Au calme avait succédé la tempête et la crise avait été évitée de peu ! La vamp avait repris au fur et à mesure de son discours sa contenance et ses esprits, effroyable monologue qui l’avait bouleversé, troublé et agacé. Mais là où il aurait pu lui répondre mal, elle usa de stratagèmes des plus viles pour apaiser tout sursaut d’orgueil.

Oh quelle délice de sentir ses lèvres gourmandes courir de doigts en doigts ! Quel plaisir de sentir l’application de cette bouche létale et tentante sur le rosé de sa peau ! Quelle terrible démonstration de son pouvoir de séduction ! Elle alliait le charme, la prestance, l’audace et le piquant nécessaire pour faire fondre le plus froid des bonhommes de glace.
Provocante, elle l’était sans aucun doute ! Ainsi prostrée à même cette table grossière, elle lui offrait une vue pigeonnante sur son décolleté ! Et Mère Nature avait gâté l’avenante maîtresse du manoir Edelgard !
Voulait-elle lui donner l’impression qu’il avait tout droit sur elle, renverser la vapeur de cet échange sulfureux où il ne s’était montré pas plus vivant qu’une simple poupée, inverser les rapports dominant, dominé ?
Implacable stratège que voilà, le plan avait été rondement mené d’une main de fer dans un gant de velours, était-elle une virago ? Pas du tout, une simple femme féline et serpentine !

Comme à son habitude, son teint s’était embrasé, l’inquisiteur avait même poussé une légère inspiration face à la surprise de ces baisers, preuves du succès de l’opération ! Et si elle en doutait encore, rien n’aurait pu la faire hésiter face aux légers tremblements dont il était la victime ! Partagé entre la gêne d’être en public, l’excitation de la situation, la honte de poser les yeux sur l’image d’une Constance sulfureuse, ses prunelles sombres voguaient dans d’incessants allers-retours entre la populace et la duchesse. Sentait-elle courir ses perles noires sur son adorable minois et ses courbes sculpturales, fiévreuses, la dévorer avant de repartir pour se métamorphoser en sentinelles ?
Haletant, dans des murmures, il la priait d’arrêter sa nouvelle besogne, mais sans grande conviction !

« Cessez….Cessez Constance, je…voyons…mon amour.. »

Mais contre toute attente, ses menottes disparurent bientôt de la surface de la table ! Oh elles ne s’envolèrent pas en un instant, à tâtons, il avait ramené ses mains sur ses genoux et les avaient extirpé des bonnes grâces de cette chaste croyante.
Les derniers mots prononcés était finalement parvenus à son esprit et surtout les derniers, les plus affreux « mon époux ». Et comme piqué au vif, il répliqua alors avec une froideur…

« Et vous, qu’attendez vous ? Désirez vous que je me montre tel votre époux cédant en tout temps et en tout lieu à vos caprices ?! Voulez vous qu’en plus d’aimer sa femme, je sois logé et nourri sous son toit ?! »

Cette tirade lui avait visiblement coûté, agglomérat de quelques plaies refoulées, souffle de quelques reproches. Il reprit sa respiration et baissant la tête dans un abandon de sa personne, il murmura alors…

« Vous aime-t-il… ? »

Dimension pesante pour ces quelques mots prononcés ? S’impatientant et redressant le regard avec fierté, il reprit pour obtenir une réponse…

« Vous aime-t-il ?!»

Puis se levant, il s’inclina poliment, abandonnant sa tasse de chocolat à présent froide et la plus sucrée des duchesses pour repartir dans sa chambre !
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeSam 22 Nov 2008 - 22:10

S'il fallait hésiter entre la frivole excitation de voir l'Inquisiteur se faire assaillir de frissons sur cette main que la Duchesse s'efforçait d'embrasser avec la plus grande fougue, et la haine qu'engendrait le retrait soudain de cette main tant désirée, Constance était à coup sûr, dans un état d'esprit des plus contradictoire. Bien que les deux sentiments puissent être intimement liés l'un à l'autre avec pour seule séparation une infime barrière si facile à sauter, il était cent fois plus facile de laisser l'un ou l'autre prendre part entièrement en elle, que l'exercice délicat qui consistait à afficher un regard interrogateur, une moue boudeuse de se voir refuser une faveur, mais une expression générale oscillant entre les deux.

Constance sursauta soudain, lorsqu'enfin les mots les plus assassins furent prononcés. Evoquer le Duc, et son attitude, puis les questions qui y furent liées, étaient, à entendre, des plus déplaisantes. Et il fallait avouer cependant que Christian voyait juste, qu'elle même se posait ces douloureuses questions, sans se l'avouer véritablement.
Pourtant, il aurait été cupide de croire que Constance se contenterait d'approuver les mots du jeune homme, affirmant qu'il avait raison et que les solutions les plus raisonnables étaient également les plus difficiles à prendre.

Aussi, la Duchesse Edelgard fut-elle des plus froides, à l'instar de son interlocuteur, qui cédait certes à la colère de cette situation adultère, mais qui était le maître dans ce domaine. Seules ses lèvres bougeaient, des moues disgracieuses qui tordaient sa bouche, des grimaces furieuses...
D'instinct, Constance savait qu'il était préférable de correctement songer à une réponse lorsque ce genre d'évocations sont lancées, mais inutile de souffler que la femme du Duc réagissait toujours dans l'immédiat, sans réfléchir, de façon entière et pourtant toujours dévastatrice quelque soit son registre.

Sitôt avait-il vilipendé sur ses caprices et son époux, l'Inquisiteur soufflait déjà des mots troublants. Que souhaitait-il ? Que Constance indique qu'elle était persuadée que son mari ne l'aimait pas ? Cette question la laissa muette, les lèvres devenues fixes et sans disgrâce, comme si tout s'était figé en elle. Quelle réponse voulait-il entendre, quelles paroles le rassureraient ou l'enflammeraient ? Mais Christian se levait, quittait la pièce... Aussitôt, la jeune femme se redressait d'un bond et ordonnait :

« Revenez immédiatement ! »

Mais le Représentant de Dieu n'était ni Lison, ni son serviteur, et il ne semblait pas l'entendre, du moins, paraissait-il s'éloigner inexorablement sans jamais se retourner vers elle. L'ignorait-il désormais ? Ne pouvait supporter ainsi qu'on ne lui obéisse, la Duchesse parcourut les derniers mètres qui la séparaient du jeune homme à grandes enjambées, courant presque sous cette corolle de jupons, pans de sa toilette qu'elle avait agripper pour se mouvoir à son aise sans tomber. Quelques vagues regards lui furent lancés, mais après tout, il n'y avait eu ni sang, ni insultes, et le peuple se ficha désormais effrontément de ce qui pouvait se passer entre l'Inquisiteur et la Duchesse.

« Revenez... » Souffla-t-elle désormais, sans que cela ne ressemble plus à un ordre lancé, mais plutôt à une plainte plus honteuse.

Elle était essoufflée, et, arrivée devant la porte, Constance y pénétra sans hésitation, y trouvant Christian, et chercha en quelques secondes à reprendre son souffle.

« Si vous souhaitez réellement ne pas revenir au Manoir avec moi, Christian... »

Elle s'approcha de lui, ayant refermé la porte à la hâte, et alors qu'il lui tournait le dos, Constance glissa ses bras autour de sa taille. Cette taille plus haute que l'homme avait imposait à la jeune femme d'apposer son front contre le dos de l'Inquisiteur, où elle reprit d'une voix essoufflée.

« ... je ne vous y forcerais pas. Seulement, je crains tant que mon époux m'interdise de sortir depuis le décès du Comte dans ces circonstances si effrayantes, que si vous demeurez à l'Auberge, je n'ai plus le bonheur de vous rendre visite lorsque j'en éprouve l'envie. »


Mentait-elle ? Etait-ce un stratagème, encore, pour réussir à imposer à quiconque lui résistait ses volontés ? Voulait-elle uniquement qu'on accède à ses caprices, quels qu'ils soient ? Mais à connaître le Duc, on pouvait supposer que ce qu'elle venait de chuchoter était bel et bien vrai, et qu'elle se montrait sincère.
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeSam 22 Nov 2008 - 22:57

Blessé par inadvertance par la troublante Constance et regrettant déjà sa conduite des plus rustres, la bête à la crinière brouillon avait gravi les marches, quatre par quatre, ignorant les ordres et les plaintes de la belle, sous peine d’envenimer les choses.
S’il y avait bien un trait de caractère qu’il avait en horreur chez la duchesse, c’était celui-là, ces épouvantables caprices, il n’était pas un de ses domestiques, ni son valet et encore moins son époux, il n’avait à être son toutou, son jouet ! Etait-il une distraction pour elle ?! Un monstre de foire que l’on titille dont on s’amuse des grognements et autres grimaces féroces ?!
L’homme en rageait ! Il avait pénétré dans sa chambre à la hâte, dans sa tanière lugubre, dans son repaire sinistre et froid ! Mais pourquoi avoir laissé ouverte la porte de son antre ? Lapsus révélateur ?!

Mais déjà, la provocante était là !
En son fort intérieur, ne devait-il pas s’enorgueillir d’être poursuivi, d’être chassé par cette vamp aux armes acérées ? N’était-il pas heureux qu’elle se soit souciée de sa personne et qu’elle est accourue à son chevet ?! Quel réconfort de sentir ses bras menus et délicats autour de sa taille, un soupir de soulagement de la savoir là se fit entendre ! Il se détendit à son contact, laissant retomber toute la raideur qu’il avait accumulée, son cœur pourtant battait la chamade, sa poitrine se soulevait rapidement, une profonde joie l’envahissait. Il se délectait de son parfum qui venait chatouiller ses narines, cette odeur qu’il aimait tant et qui lui avait tant manqué pendant ses longs moins, du contact de sa charmante figure animée de deux noisettes, d’un nez au port altier et de lèvres charnues et désirables, dans son dos, de sa voluptueuse poitrine de ses mains l’enserrant en un nœud coulant, du son de sa voix musicale, mélodieuse qui était source des audaces les plus folles et des caprices les plus surprenants.

Elle fit d’ailleurs quelques vocalises et ces chants eurent raison de lui. En effet, alors que la sirène lui laissait le soin de venir au manoir ou non, il la coupa de sa voix vibrante, tranchante…

« Je viendrai. »

Le silence se fit quelques instants, digestion de ses propres mots, impulsion du moment, réaction spontanée, il poursuivit sur sa lancée.

« Je viendrai mais dans quelques jours, il me faut du temps pour rassembler mes affaires et il vous faut prévenir le duc… »

Serrant doucement les poings, refermant ses paumes, signe d’un aveu qui compte, fermant doucement ses paupières, il lui intima alors…

« Constance…Voyez dans quel état vous me mettez…Vous …Tu es la maîtresse de mon cœur, celle qui règne sur mon être, j’ai beau résisté, lutté contre ton emprise, je ne me contrôle pas en ta présence. Tu arrives à me mettre hors de moi, je te blesse…J’agis d’une telle façon…De manière odieuse, je ne le supporte pas.. Mais je ne veux pas être une distraction…
Mais au final, tu es là et tu panses mes blessures… Mon amour… »


Agrippant l’une de ses mains, il la conduisit le long de son flanc gauche, glissant sur cette veste noire avant d’atteindre la chemise de coton tout juste au niveau de son cœur.

« Penseras-tu un peu à moi durant ces deux jours où je ne te verrai pas ? »
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeSam 22 Nov 2008 - 23:46

Ce coeur battait sous sa paume comme en l'absence d'un quelconque vêtement, comme si elle pouvait toucher cette peau qu'elle ignorait encore. Cependant, les mots qu'il venait de prononcer résonnaient encore à ses oreilles, comme dans son esprit, ce tutoiement qui se faisait plus souvent entendre désormais, comme cette intime promesse d'un rendez-vous. Constance enserra ce tissus délicat qu'était celui de cette chemise blanche que portait l'Inquisiteur, et plaqua ses lèvres contre son dos.

Il craignait d'être une simple distraction, était-il ce qu'il représentait pour la jeune femme ? Elle aurait aimé pouvoir le rassurer, mais dans son coeur, annoncer désormais des sentiments trop criminels la rendait fiévreuse, aussi fut-elle incapable de lui murmurer combien elle tenait à lui, rendue muette par ce sentiment coupable : resterait-elle sous l'aile de Dieu si elle ne faisait que penser les mots sans les prononcer ?

De courts baisers étaient désormais distribués à la veste de l'homme, afin de palier son silence, espérant qu'il comprendrait que l'absence de parole ne signifiait pas qu'elle le prenait pour un simple petit caprice de jeune fille. Son autre main, posée sur le ventre de l'homme, et ses bras autour de lui le serraient avec le plus de force dont elle savait faire preuve, frêle demoiselle.

Enfin, alors que Christian avait reprit la parole, lui demandant de cette voix si vibrante si elle ne l'oublierait pas durant les jours qu'il lui demandait afin de régler quelques affaires, la Duchesse caressa un instant ce ventre où était lovée sa main avant de se stopper pour souffler quelques mots.

« S'il m'a été permis de penser à toi chaque jour depuis ton exil, des mois durant, songes-tu seulement que je puisse m'y soustraire alors que tu me rejoindras bientôt ? »


Etait-ce ceci que l'on appelait compromis ? Constance acceptait les conditions de l'Inquisiteur, elle qui aurait sans doute encore reprit les armes afin d'obtenir exactement ce qu'elle souhaitait : qu'il rentre dans l'heure, avec elle, au Manoir Edelgard. La Duchesse savait que cette attente serait pleine d'impatience, qu'elle trépignerait et devrait se retenir d'envoyer dès le lendemain un fiacre pour le forcer à revenir immédiatement, mais ceci en valait sans doute la peine, et elle consentait à lui accorder quelques jours.

Cependant, on ne pouvait chasser trop alentours les aspects de sa personnalité, aussi s'inquiéta-t-elle, d'une voix où les notes enfantines de caprices malicieux étaient audibles.

« Quelques jours, cela veut-il dire ... après demain ? Ou dans deux jours peut être. Je ne saurai attendre jusqu'à la semaine prochaine ! »

On ne pouvait retirer à Constance ses caprices, tout comme on ne pourrait enlever au Représentant de Dieu ces si belles perles noires. Celles-ci trop absente du champ de vision de la Duchesse, la jeune femme desserra les liens qu'elle avait tissé autour du buste de Christian, et le contournant, prit la peine de s'éloigner d'un petit mètre, pour l'observer avec un sourire délicieux, entre cet air taquin et enjôleur, qui oscillait entre la provocation des regards et la tendresse des sourires.
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeDim 23 Nov 2008 - 0:46

Sourire en coin, air mutin, la duchesse était rayonnante, resplendissante. Les deux noisettes faisaient face à ce couple d’onyx, animées d’une lueur plus forte, vivante, vibrante ! Le regard était sucré, sa silhouette acidulée, elle s’était éloignée pour l’observer. Succube dévouée, ange dédiée, elle était pareille à la féminité ; en cet instant, d’une beauté sans nom, sublimée sous le regard de Christian, elle s’élevait telle une déesse.
Comme deux aimants, véritables amants, l’inquisiteur gagna la distance qui les séparait, Monsieur Stue réclamait sa présence, plus que cela, c’était un besoin. Bercé par une douce espièglerie, par un bonheur serein, tout en entourant la taille gracile et fine de Constance de ses bras, il se permit quelques notes d’humour, complicité qu’elle avait su acheter, relation privilégiée.

« Ma foi, je ne sais pas. . . Combien de temps, penses-tu pouvoir attendre ? »

La dévorant des yeux, ses lèvres lui souriant, ses bras l’enfermant, il lui arracha un baiser fougueux. Un baiser de plus, un baiser tant espéré depuis de ses longs mois mais rien qu’un baiser ! La bouche quémandeuse de ce pauvre nécessiteux vint s’amouracher des lèvres charnues et tentantes dans une longue étreinte passionnée, une fièvre maligne, un élan fervent. L’adorateur n’avait-il pas obtenu un baiser de la sculpturale déesse ? Vint un moment où leurs lèvres se décollèrent, reprise d’oxygène après cette interminable apnée ? Un éclat de rire se fit entendre alors que la duchesse s’élevait dans les airs, dans une pirouette, une danse au creux des bras de Monsieur Stue, lovée tout contre son corps. Les mains du garçon, curieuses, coquines grimpèrent le long de ses flancs, effleurant sur leur passage des formes affriolantes, causes d’émoi, avant de se perdre dans la gorge de la belle et sur sa joue. Chacune postée sur son perchoir, elles se plaisaient à flatter les sens de la belle, dans des touchers tendres quoique brûlants !

« Je serai là après-demain au petit matin, ne t’en fais pas, je serai là ! Mais pourrai-je vous soustraire à vos occupations, Madame Edelgard ? Pourrais-je accaparer tout votre temps ? »

De taquineries en taquineries, minutes et heures avaient défilé durant cette après-midi et déjà il fallait se quitter, se séparer pour ne pas éveiller soupçons et autres inquiétudes. En effet, la porte avait vibré par trois coups et la voix de la petite Lison se faisait entendre derrière celle-ci…
Une déception évidente se peignit sur les traits de l’homme alors qu’elle était à peine dans ses bras…

« Il te faut déjà partir Constance ? J’espérerai t’arracher un second baiser… »
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MessageSujet: Re: Rencontre inopportune   Rencontre inopportune Icon_minitimeDim 23 Nov 2008 - 13:32

Un petit gloussement se fit entendre, échappé des lèvres de la Duchesse qui plissait les yeux comme devant une gourmandise dont elle se languissait. Voici désormais qu'ils étaient enlacés, l'un face à l'autre, et que les mains de l'Inquisiteur vagabondaient avec aisance le long de ses côtes jusqu'à effleurer des aspects moins candides de ses courbes, et que, enfin, elles caressaient son cou. Qu'il était doux d'être ainsi, fugitifs et aveugles, à imaginer toutes sortes de scénarios qui pourraient les avoir poussés à se retrancher dans une sordide chambre d'Auberge... Et l'imagination des femmes est sans limite lorsqu'elle met en scène un homme qui leur convient.

Mais ce fut réellement les derniers mots de Christian qui la firent s'exclamer, un petit rire étouffé par la malicieuse expression enfantine de ses sourires. Constance entendit les bruits de Lison sur la porte, elle venait la chercher, et se montrait timide, sans doute par crainte de les déranger... C'est ce qu'elle effectuait assurément ! Les voici dans une situation si passionnante qu'il est désormais si douloureux de se séparer. Et la perspective d'une journée entière à attendre se faisait déjà ressentir.

Cependant, et bien que la jeune femme partage la déception de son amant, Constance se hissa sur la pointe des pieds, son nez pouvant à loisir taquiner celui de l'Inquisiteur, et lui volant un baiser sans qu'il n'ait à s'en plaindre, dans une nouvelle caresse à la fois confuse d'impatience et agile de tendresse.

« Oui... je crains de devoir t'abandonner dans ce misérable taudis. Je refuse pourtant que tu tentes quoi que ce soit afin de quémander quelques baisers supplémentaires, Lison nous entendrait, et qui sait ce qu'elle comprendrait... »


La Duchesse avait chuchoté, murmure au creux de l'oreille de Christian, lui interdisant quelques douceurs supplémentaires, et lui en offrant cent fois plus, embrassant ses joues et ses paupières, avant de poser ses lèvres, rougies par ces étreintes et le sang bouillant dans ses veines, sur la bouche désirable du beau Ténébreux.

Soudain, elle haussa le ton, tournant la tête vers la porte pour accentuer sa voix vers l'extérieur.

« Vous voilà tant affecté, Monsieur l'Inquisiteur, par cette terrible toux ! Je ne peux vous laisser ainsi dans cette chambre si froide et si humide, Monsieur le Duc ne me le pardonnera jamais ! Restez couché, mon Cochet viendra vous chercher après demain, et ne protestez pas, Monsieur ! »

La phrase se perdit dans un souffle, alors que Lison avait sans doute entendu ces mots si hauts, et que Constance souriait de ces façons ambiguës qu'ont les femmes, à la fois innocente d'avoir imaginer un stratagème espiègle, et assurée d'avoir élaborer une stratégie diabolique pour arriver, coûte que coûte, à ses fins.

« Ne tarde pas, ne tarde pas ! » Lui souffla-t-elle à la hâte, alors que la petite Lison tapait de nouveau à la porte, s'impatientant. Mais l'impatience de la Duchesse était mille fois plus ardente, et alors qu'elle se devait de se libérer des liens étroits entre le Représentant de Dieu et elle, s'éloignant vers la fatalité, ses mains agrippèrent les siennes, jusqu'à ce qu'elle se trouve trop loin, et que leurs doigts ne se frôlent plus du tout.

Sa main se plaqua contre sa bouche, et Constance envoya un baiser au jeune homme, alors que tout chez cette femme semblait indiquer une profonde allégresse, une taquine énergie qui la rendait pétillante, et, ouvrant la porte à la volée en prenant soin de s'y glisser sans que Lison ne puisse voir quoi que ce fut du Grand Malade, un clin d'oeil aguicheur termina cet échange.

Les pas de Constance et de la petite Servante se firent entendre dans l'escalier, et les bruits alentours effacèrent les traces du passage de la Duchesse Edelgard.



[~> Le Manoir Edelgard]
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