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 Au rythme du tourbillon de mon coeur...

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Agnès Stue
Oblivius
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Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Vide
MessageSujet: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 19:49

Les oreilles d'Agnès bourdonnaient tant le bruit des sabots fouettant les pavés humides depuis près d'une heure l'irritait. Ses mains étaient depuis le début du voyage crispées sur le malheureux tissu de sa robe, martyre de son stress intenable. L'angoisse montait en elle alors qu'elle s'imaginait les pires scénarios possibles. Et s'il n'était plus à l'auberge de la Croix Rousse? Et s'il avait eu un accident grave? Ou pire... Et s'il était tombé amoureux? Son cœur se paralysa l'espace de quelques secondes, rendant sa peau déjà lactée encore plus pâle que le visage de la lune. Christian... Qu'il était beau... Son frère... SON frère. Personne ne devait l'approcher à part elle... Ses mains tremblèrent, languissantes, n'aspirant qu'à se poser sur celles de son unique amour, sa source d'admiration, Christian. Ses doigts se relâchèrent alors qu'elle glissa un peu sur le siège de la voiture, se détendant alors qu'elle se remémorait son sourire. Le souvenir de son visage avenant causa une difficulté à respirer dans son corsage serré, elle leva la tête, étourdie par le claquement de la course des chevaux. Elle ne se sentait pas bien, elle ne voyait plus que du noir... Ça tournait... Elle tomba, se mettant dans une position d'embryon entre les deux sièges étroits.

L'arrêt brusque la sortit de sa torpeur, elle s'était certainement évanouie d'angoisse. Le cocher ouvrit la porte, l'aveuglant par la lumière du jour pourtant gris mais tellement cinglant par rapport à l'obscurité réconfortante de la voiture. Elle se leva, gênée, les joues empourprées. Elle prit la main que lui tendait l'homme et descendit la petite marche. Elle faillit retomber, mais se ressaisit à temps, elle cligna plusieurs fois des yeux avant d'obtenir une image nette de son entourage. Forbach. Forbach qui signifiait Christian. Christian qui signifiait amour. Amour qui signifiait... Elle ne le savait pas vraiment en réalité... Elle était jeune, personne ne l'avait jamais courtisée, et elle n'avait jamais désiré l'être... hormis de la part d'une seule personne... Le cocher toussota derrière elle, la sortant de ses réflexions inappropriées, il portait sa grosse caisse, certainement très lourde, et n'attendait qu'à la poser. Elle lui lança un sourire gêné et s'avança vers cette fameuse auberge, le souffle haletant.

Un vent glacial vint flageller sa peau délicate, transperçant sa poitrine comme pour lui arracher son coeur trop passionné. Elle eut voulu que son manteau soit plus épais, qu'il la protège, lui prodigue le peu de chaleur dont elle avait besoin pour se sentir heureuse, une chaleur qu'elle rêvait de recevoir de son frère. Elle tremblait de toute part, à cause du froid mais aussi l'appréhension. Pourquoi fallait-il toujours que tout soit aussi compliqué? Pourquoi ne pouvait elle pas se jeter sur celui qu'elle aimait, coller son corps au sien, s'adonner dans des danses frénétiques, réalisant le sentiment qu'animait son coeur. Quelle pécheresse faisait-elle! Elle rougit à nouveau, mais cette fois, un sourire tout nouveau accompagna sa honte de ses pensées de chaire. Un sourire perceptible uniquement de la part de l'aimé, un sourire ressemblant à un fruit interdit, prêt à être cueilli, goûté, dégusté, adoré... "Amour"... Appelait-elle silencieusement, mais d'un hurlement déchirant à l'intérieur de son être. "Amour! Viens à moi!" Elle se trouvait devant la porte, ses mains gantées caressèrent le bois avant de le pousser violemment, obstacle entre elle et l'objet de ses désirs.

Elle regarda autour d'elle, des gens étaient assis aux tables, ils ne firent pas attention à elle. Elle, Agnès qui était habillée dans une de ses plus belles robes, d'un noir profond orné de motifs turquoise, les couleurs étaient tellement contrastés que les Lys cousus à la perfection devinrent presque des figures ostentatoires. Elle incarnait la grâce, la beauté inaccessible. Ses cheveux étaient emprisonnés sous un large voile assorti à sa robe. D'un pas décidé, le dos droit, le menton légèrement levé, elle s'avança, cachant ses hésitations, et posa ses mains sur le comptoir alors que le cocher déposait bruyamment ses bagages au sol en soupirant. Elle attendit patiemment que le gérant de l'endroit vienne l'interpeler. Comme la plupart des présents il ne tarda pas à la remarquer, personne ne pouvait ignorer une jeune vierge voilée au regard éperdu d'amour après tout... Elle commença même à avoir peur en captant le regard d'un homme non loin, un regard prédateur, bestial, elle n'en a jamais vu de pareil, elle, innocente qui n'avait jamais été aussi loin de son nid douillet.


-J'vous écoute, Mademoiselle.

Elle sursauta à la voix grasse et nasillarde de l'homme face à elle, ce qui provoqua un rire abominable de sa part, il devait se croire fier d'avoir pu la surprendre ainsi.


-Je... Christian... Je cherche Christian Stue... Oui... Christian Stue...

Il lui lança un sourire suspicieux, comme s'il venait de découvrir un secret. Agnès décida qu'elle détestait cet homme, cet homme qui lui désigna un numéro de chambre. Sans lui adresser de merci, elle se retourna et commença à gravir les escaliers trop sales à son goût. Comment est-ce que son frère adoré, dieu de tous les dieux, pouvait-il se permettre de vivre dans un tel endroit? Le cocher soufflait péniblement derrière-elle, portant le fardeau de sa beauté. Elle arriva enfin devant une porte ornée d'un 6. Christian... Il se trouvait dans la 8... Une porte à côté... Un pas... Son poing s'abattit sur le bois endormi par ses années d'ennui. Elle tapa trois fois, d'un rythme rapide, presque frénétique, imitant celui de son cœur sur le point d'exploser. Combien de temps n'avait-elle pas vu son frère? Sept mois et quatre jours... Elle avait compté chaque nuit qu'elle avait passé dans le lit vide de son amour. Car elle avait enfreint les règles, lorsque les domestiques s'endormaient elle se faufilait sournoisement dans l'antre de celui qui régnait dans ses pensées... Elle s'endormait entre ses draps qui depuis longtemps avaient perdu son odeur mais gardaient l'illusion de sa présence, le résonnement de son rire...

Christian... Ouvre moi la porte...
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeMar 11 Nov 2008 - 1:07


Le doux prénom d’Agnès sonnait avec plaisir à ses oreilles, il était source de tant de bonheur et de souvenirs, l’enfance n’était-il pas l’âge d’or ? Choyés tout deux par Mère nature, ils étaient beaux, mais d’une beauté différente, si elle était le jour, il aurait été la nuit. Deux astres différents mais pourtant semblables, le Soleil et la Lune. Mais le jour et la nuit ne sont-ils pas comme deux amants qui se cherchent et se suivent ? A moins qu’ils ne soient deux ennemis, l’un plus lâche que l’autre se dérobant à la bataille ?
Aux cascades d’or répondait une chevelure ténèbres, à sa charmante frimousse une figure grave, à sa sensualité féminine sa virilité bestiale, à sa joie de vivre une réserve timide et discrète, il était son parfait opposé et c’était peut-être pour ça qu’ils se correspondaient si facilement. Etrange dualité que voilà.

Depuis son départ de la demeure familiale, Monsieur Stue avait pris l’habitude d’écrire à sa chère sœur. Ainsi, la demoiselle recevait chaque mois une enveloppe à son intention sur laquelle on pouvait lire ces simples mots « Pour Agnès ». Le contenu de ces missives consistaient la plupart du temps en deux, trois pages de papier noircies d’une écriture délicate et élégante qui narraient les occupations de l’inquisiteur. Se plaisait-elle à relire ses lettres qui avaient été manuscrites avec tant de soin ? Notait-elle la régularité de ses traits, la finesse des lettres, arabesques affriolantes et courbes fantasques d’encre noire ? Devinait-elle que cette calligraphie propre au bel ange n’était due que par des doigts rendus experts par l’usage de la plume ?
Il arriva même, une fois, qu’une robe aux teintes écarlates vint s’ajouter aux missives de l’enquêteur. Parfaitement ajustée à la taille du bourgeon, elle la mettait en valeur, soulignant ses formes tentantes, tout en lui conférant une stature de femme, chose qu’elle n’était pas encore tout à fait. En lui offrant pareil présent, Christian n’avait eu d’autre but que de lui faire plaisir. Quant à elle, il était difficile de connaître la signification attachée à tout ceci !
Dans ces lettres, le ténébreux enquêteur la priait de ne pas venir lui rendre visite, invoquant comme prétextes un voyage éprouvant et la réputation des lieux. Mais, à la vérité, elle lui manquait, et, souvent, il se prenait à penser à sa petite sœur, capricieuse que voilà !
Agnès, elle, qui resplendissait et savait lui redonner sourire ; oui, elle aurait pu sûrement le guider dans les ténèbres de Forbach.

Prière incertaine, miracle inopportun, voeu réalisé ? La lourde porte en chêne sur laquelle on pouvait lire le numéro 8 vibra par trois fois. Qui était donc ce mystérieux visiteur ?
Une paupière s’ouvrit dans un cliquetis inaudible, un iris ténébreux fut aussitôt visible, c’était bien entendu la pupille de Monsieur Stue, se réveillant de bon matin par cette journée nuageuse et mouvementée. L’homme, encore attablé à son bureau, s’était assoupi au cours de la nuit, délaissant par la même occasion des travaux théologiques pour voguer dans un univers de chimères. Ainsi encore sous l’effet de la poudre de Morphée, sa crinière d’ébène en bataille se perdait dans des liasses de documents, fleuretant dangereusement avec le papier, se répandant en tentacules sombres sur une petite partie du bureau. Sa figure émergea finalement de ces monts de savoir et autres puits de connaissances, trahissant une vive surprise, ses traits s’étaient animés, ainsi il ressemblait à un génie tourmenté ; On l’avait arraché brutalement au monde des rêves, l’extirpant de sa torpeur.
Le lion s’était réveillé, faisant darder ses prunelles vives et noires sur son environnement. Il fallut malgré tout quelques minutes à ce prince pour amasser ses esprits, n’était-il pas la victime d’hallucinations, avait-on réellement frapper à sa porte ?
Désireux de confronter ses sensations à la réalité, il se leva donc et gagna la distance qui le séparait de cette porte qui s’était animée quelques instants auparavant de soubresauts.
Sa main légèrement moise s’empara de la poignée et bientôt la porte s’ouvrit pour laisser place à un visage connu. La belle Agnès se tenait sur le seuil de sa porte !
Sa surprise redoubla, ses prunelles sombres s’ouvrirent en grand pour marquer leur étonnement alors que ses lèvres se plissèrent en une ébauche de sourire. La poupée aux boucles d’or ne tarda pas de se trouver aux creux des bras de son très cher frère. Les menottes de l’homme s’étant saisi de la jeune femme pour l’amener à lui. Etreinte délicate mais empressée, manifestation d’une réelle joie, les mains de Christian écumaient le dos de la belle, imprimant l’empreinte de ses doigts sur des parcelles de peau et sur le tissu de sa robe. Emmitouflé dans ce manteau de chair, elle était captive de ses bras, sa poitrine naissante répondant en écho au torse saillant de l’inquisiteur. Parvint-elle à s’approprier les détails de cet instant ? A saisir les enivrantes fragrances de son parfum ? La chaleur de son être ? Le sourire sur ses lèvres ?
Le temps qui s’était suspendu, reprit son cours et elle fut séparée de sa personne. La voix de Christian se fit entendre, intime et chaleureuse, quelques notes de surprise, mais plaisante et grave…

« Agnès ! Mais…que faites vous là ?! Je ne pensais pas vous voir avant mon retour… »

L’éclat de ses yeux se faisait plus vif, ses orbes pétillaient de malice, d’une ardeur peu commune due à la joie des retrouvailles. Les menottes de l’homme n’avaient quitté les épaules dénudées de l’enfant, les enfermant dans un écrin de douceur, alors qu’il la détaillait d’un regard curieux.

« Et bien, ma chère, vous n’êtes plus totalement une enfant ! Quoiqu’à mes yeux, vous le resterez probablement ! Et voilà bien des manières pour s’inviter ! Un caprice ?»

L’ange ténébreux était passé du registre de l’émotion à celui de l’espièglerie, son ton s’était fait plus taquin voire piquant. Il l’invita à entrer, et, bientôt, la valise de la jeune femme disparut du corridor.
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Agnès Stue
Oblivius
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MessageSujet: Re: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeSam 15 Nov 2008 - 20:49

Le cœur d'Agnès était enveloppé dans un voile d'angoisse alors que personne ne venait lui ouvrir la porte. Était-il sorti? Non, elle entendait comme des bruissements de papier se froissant, puis... était-ce une illusion? Des pas s'approchaient lentement, comme si le temps s'était suspendu. La respiration difficile, elle essayait de cacher son trouble face au cocher, portant toujours sa grosse valise, mais il semblait aveugle à tout, même à un élan de passion explicite. Ses mains tremblantes aplatirent les quelques plis de sa robe, elle voulait être parfaite face à son aimé, son idole. Agnès mordit l'intérieur de sa joue, pourquoi est-ce que rien ne se passait? Pourquoi est-ce que plus rien ne bougeait à part ses pensées qui s'entrechoquaient à une vitesse effrayante dans son esprit tumultueux. On activa le mécanisme de la porte, la serrure s'ouvrit, puis la fente s'agrandissant en une cavité béante laissa apparaître l'image divine de son frère, son Christian. Elle vit ses sourcils se soulever, ses paupières s'ouvrir dans une expression de grande surprise. Était-il heureux de la voir ou s'agissait-il uniquement d'un geste pour lui faire plaisir... Lui faire plaisir...

Rien ne lui fit plus plaisir que ses bras autour de ses épaules, son visage enfoui dans sa poitrine large et rassurante, l'odeur de son corps fait de la même matière que la sienne et pourtant si différent. Ses bras frêles et tremblants allèrent serrer sa taille avec hésitation. Elle voulait que ce moment ne s'arrête jamais, elle voulait rester dans ses bras pour l'éternité, son amour la rendait immortelle. Elle leva alors le visage et plongea son regard gris et brumeux dans le sien, noir comme les profondeurs de l'être. Malgré ses efforts, elle ne put cacher ses tremblements tant l'émoi était cinglant. Agnès se sentait faible, si faible lorsqu'elle était face à lui. Il lui parla, faisant tinter sa voix suave, érotisant ses sens de jeune vierge effarouchée. Des frissons plus puissants l'assaillirent, la forçant à le repousser doucement pour qu'il ne les sente pas. Il ne fallait pas qu'il se doute de quelque chose... Mais! Que disait-il?! Une enfant... Si elle avait été seule, elle aurait éclaté en sanglots. Comment pouvait il ignorer la finesse de sa taille, sa poitrine naissante et pourtant prête à être croquée, deux pêches à la peau délicate, deux représentants du pêché charnel...


-Oh!

Ses lèvres s'ouvrirent pour laisser échapper cette exhalaison de son souffle parfumé, exprimant une mélancolie lointaine, trop lointaine pour son jeune âge. Rougissant à sa spontanéité, elle tenta de se rattraper.

-Mon frère... J'attends depuis si longtemps de revoir votre visage... Vous étiez le seul à me protéger à la maison contre les nourrices, ces vicieuses... Mon frère... Ne vous ai-je pas manqué?

Elle accompagna sa phrase d'un sourire taquin aussi, cachant sa grande déception. Sa douleur était au seuil de l'intolérable, ses membres étaient paralysés par un ordre strict de son esprit, elle savait que si elle se laissait aller, elle ferait des gestes qu'elle regretterait plus tard. La jeune femme prit une grande inspiration et ordonna d'un ton sec et autoritaire au cocher de poser ses bagages puis de se retirer. Les épaules droites, le cou haut et dégagé, le visage blême et le menton imperceptiblement levé, elle montrait son image la plus noble. Elle voulait lui montrer comme elle avait grandi, tout ce qu'elle avait appris aux côtés de ses amies connues en ville lors d'une soirée courtoise où ses nourrices avaient cru bon l'envoyer pour se trouver un fiancé. Elle avait été la seule d'ailleurs à ne pas avoir trouvé de gentleman à son goût, peut être parce que celui qu'elle désirait avait été absent à son grand malheur. Ces deux jours lui avaient appris beaucoup de choses, notamment les stratégies de séduction. Mais elle était bien trop réservée avec son frère pour oser emprunter de telles manières... Et s'il la rejetait? Il était son frère après tout, ils n'étaient pas censés être attirés l'un par l'autre...

Agnès avait toujours été différente, elle était la seule de la famille à avoir les cheveux clairs, les yeux perçants au regard gris électrisant. Elle avait également la ligne des épaules qui chantait la perfection à chaque fois qu'un regard s'y posait. Elle était également la seule de la famille à ne pas être vouée corps et âme à dieu... ce dieu qui n'écoutait pas ses prières abandonnées depuis longtemps. Ce dieu qui ne lui accordait pas l'amour de Christian. Elle leva les mains et les posa sur son voile en soie. Les doigts tremblants elle le réajusta, pudique soudainement alors que sa robe à la pointe de la mode de l'époque et aux couleurs provocantes ne la gênait pas. Ses cheveux étaient tout ce qui lui restait de son corps d'enfant et elle ne voulait pas qu'ils les voie. Lui lançant un sourire, elle se dirigea vers son petit bureau, croulant sous le poids des dossiers. Elle caressa tendrement le bois, les plumes qui ont été bercés dans les mains de l'objet de son amour. Elle poussa ensuite le rideau, révélant les carreaux luisants par la pluie, le paysage était gris, tout comme son regard, tout comme son silence.


-Christian... Vous me décevez, n'avez-vous pas appris qu'il était poli de demander à une demoiselle de la débarrasser de son manteau?

Elle se délecta à la prononciation du mot "demoiselle", elle lui tendit un bras couvert par une fourrure noire et douce. Allait-il lui ôter son manteau? Elle lui lança un clin d'œil enfantin, comme pour le rassurer de l'innocence de sa proposition. Innocence... Elle avait acquis une once de hargne parmi les bourgeoises de son rang, mais sa peur ne pouvait la quitter. Même si l'on décidait de quitter la foi de dieu, avoir vécu dans un milieu religieux pendant son enfance demeurait là, nous ordonnait de rester humble, respectueux. Elle ne pouvait franchir les barrières de la gêne avec son frère qui avait grandi dans le même milieu qu'elle, elle voulait lui accorder une image idéalisée d'elle. Son regard devint insistant, comme pour lui dire de se dépêcher de lui enlever son habit trempé. Elle aurait voulu qu'il lui ôté bien plus que ça, mais elle tentait de cacher ses idées malvenues qui lui faisaient honte mais pourtant tellement de bien. Imaginer ses doigts défaisant les lacets de son corset, caressant sa nuque, son souffle chaud parcourant son corps en feu. Mais pour le moment, c'était en glace qu'il semblait être fait.
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Christian Stue
Oblivius
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MessageSujet: Re: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeMar 18 Nov 2008 - 0:17

Cette frêle et délicate poupée devait se réjouir, la douce avait mené à bien son entreprise, et, avait même réussi à pénétrer dans l’antre de son cher frère. Et quelle tanière, que voilà ! Lugubre, austère à souhaits et effrayante de surcroît, pour une demoiselle de sa stature ! Des monstres à huit pattes rôdaient parmi les ombres ; immobiles, patientes, terribles, elles se préparaient à faire des victimes. Ces logeuses indésirables s’étaient installées bien avant l’arrivée de Chrisitan, mais avaient du se réfugier dans les tréfonds de la pièce, au creux des lourdes poutres ou encore dans de petits coins exigus pour lutter face à ce géant. Le plancher grinçait avec hargne sous chacun des pas d’un quelconque visiteur, les lattes vibrant avec bonheur sous ce tempo imposé. Enfin, le froid sévissait dans la chambrette avec ardeur et était responsable de la vacance de la pièce pour l’hiver. Mais aurait-on pu trouver meilleur endroit pour un homme de glace ?
Pourtant, Miss Stue ne s’était plaint de l’apparence des lieux ; l’enfant ne fit même, pour le moment, nulle remarque, sans doute la joie de revoir son frère supplantait toutes autres sensations. Il fallait dire Agnès venait tout juste de franchir le seuil de cette chambre.
La pauvre petite était trempée réclama bientôt avec insistance l’assistance de son frère pour la dépouiller de son manteau de fourrure. Simple demande, démonstration de ses pensées, elle n’était plus une enfant ! Et ne souhaitait plus l’être ! Mais s’était-elle transformée pour autant en une femme ? Le bourgeon avait-il éclos ? De toute évidence, oui. Il fallait le lui reconnaître, ses pétales se dévoilant petit à petit, elle n’en devenait que plus belle, jour après jour, ses charmes se divulguant, laissant entrevoir autant d’atouts que d’armes fatales !

« Je..je manque à tout mes devoirs ! »

Sursaut de politesse, prise de conscience, ses mots furent prononcés à la hâte. La vue de sa sœur l’avait replongé en enfance et il en avait oublié un court instant qu’elle venait d’effectuer un long voyage pour le voir.
La distance les séparant disparue, et, bientôt l’homme se tint derrière la belle. Bien que façonné à même la glace, son souffle était chaud et vogua sur sa nuque, se faufilant un court instant le long de cette gorge blanche et découverte. Ne dit-on pas qu’un froid extrême peut davantage brûler que la plus chaude des flammes?
La pression de ses mains se fit incessamment sentir sur ses épaules, elles s’abattirent sans un bruit, réconfortantes et rassurantes, imprimant ses paumes masculines parmi ce duvet noir. Terriblement pâles sur cette couverture d’ébène, elles accompagnèrent la danse langoureuse et serpentine de la fourrure qui, déjà, quittait sa propriétaire pour atterrir dans les bras du garçon.
Posté derrière elle, elle était soumise de nouveau aux effluves de son parfum, à sa présence imposante, à ses yeux vifs et noirs inquisiteurs.
Christian s’éloigna d’elle un bref moment pour déposer le sombre manteau sur le lit et accourut de nouveau vers sa chère sœur. Se saisissant de ses deux menottes fines et féminines, diaphanes à souhait, il la pressa de s’asseoir sur le bord du lit, la conduisant vers cette assise. S’installant à ses côtés sur le bord de ce lit, il avait maintenu le contact de leurs mains, un regard inquiet s’était emparé de ses perles d’ombre, de ces puits béants dévoreurs de lumière.

« En effet, je manque à tout mes devoirs. La joie de vous voir m’a fait oublier que vous venez d’effectuer un long voyage. Et vous êtes trempée ! N’avez-vous pas froid, Agnès ? Avez-vous fait bon voyage ? Avez-vous besoin de repos ? Laissez moi… aller vous chercher une boisson chaude, un chocolat ou un thé… »

Succession de questions, palabres étourdissantes, pression incessante de ses doigts sur les siens. L’inquiétude de Monsieur Stue était palpable, mais en cet instant, n’était-il pas tout à elle ? Allait-elle jouer les malades ? Faire quelques caprices ? Ou au contraire désirerait-elle se montrer forte ?
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Agnès Stue
Oblivius
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MessageSujet: Re: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeDim 23 Nov 2008 - 16:18

Agnès le vit hésiter et elle dût cacher un sourire satisfait qui menaçait de dévoiler son jeu. Il s'empressa de lui obéir et ainsi de laisser une vague d'émotions déferler sur ses épaules, sa nuque alors qu'elle sentait son regard, son souffle, ses mains. Son frère si aimé, si parfait, si fermé! Elle tourna légèrement la tête, de manière à lui offrir son profil au nez droit et au menton délicat et déterminé. Il avait effleuré le voile de soie noire sur ses cheveux mais n'avait fait aucune remarque à ce sujet, pourtant il lui semblait qu'il se délectait au toucher et à la vue de ses boucles délicieusement douces et dorées. Un soleil caché sous un toit d'ombres, un soleil timide, un soleil ardent, brûlant de désir. Il lui prit alors les mains, un contact innocent mais auquel elle ne s'était pas préparée. Tremblante, elle le suivit, les lèvres pincées, la mâchoire crispée afin de ne pas laisser s'échapper un soupir trop passionné. Il semblait gêné, elle avait prévu cette attitude, c'était pour le voir ainsi dérouté qu'elle ne l'avait pas prévenu de sa venue. Elle osa enfin plonger son regard dans le sien, océan de noirceur, océan sans fond dont on ne pouvait connaître les entrailles.

Un frisson parcourut son dos, effectivement, elle avait froid, mais sa chaleur intérieure ne cessait de s'accroître. Elle se rendit compte que ses mains étaient toujours dans les siennes, elle aurait souhaité les y laisser pour l'éternité, lui donner sa main, devenir sienne pour toujours, mais il fallait jouer à la sœur effrayée par un frère, un homme majestueux qu'elle n'avait pas vu depuis si longtemps. La jeune femme retira en hâte ses mains pour agripper nerveusement le tissu satiné de sa robe, dans une attitude adolescente. Elle commençait à comprendre les règles du jeu, mais elle n'osait pas encore lancer les dès, elle préférait élaborer une stratégie avant toute chose. Ou bien simplement se laisser aller... D'ailleurs, c'est ce qu'elle fit. Le visage d'Agnès se déroba à lui alors qu'elle se laissait choir, atterrissant gracieusement sur le lit miteux. Ses yeux lançaient des éclairs, tout comme les nuages au dehors qui ne cessaient de s'entrechoquer et de pleurer leur froid. Elle mit les bras au dessus de sa tête, dans une position aguicheuse, celle d'une femme sur le point de perdre sa virginité. Son frère ne pouvait ignorer sa position d'homme face à une femme magnifique, si accessible... Mais à nouveau, le sourire enfantin réapparut, comme un bouclier pour ne pas se faire rejeter, brisant l'instant interminable de tension.


-Merci, mon frère, mais la joie de vous retrouver me réchauffe bien plus le cœur qu'un thé. Vous avez tellement changé, je ne vous reconnais qu'à peine...

Elle aurait voulu lui demander de la prendre dans ses bras pour la réchauffer, mais la pudeur l'en empêchait, la peur d'être rejetée planait constamment au dessus d'elle. Si son frère se fâchait contre elle, plus rien ne lui vaudrait de vivre. Agnès se retourna sur son ventre, appuyée sur ses coudes, le dos cambré et le voile brisant l'étendue laiteuse de sa peau. Une boucle dorée s'en était échappée, rebelle, trop passionnée, à la recherche de lumière. La jeune femme regardait autour d'elle, prenant conscience pour la première fois de l'état de la chambre où vivait son frère. Des toiles d'araignées faisaient office de rideaux, la crasse collait au sol, sûrement depuis plusieurs années déjà. Le tapis semblait miteux, seul le lit, surplombant tout cela semblait être acceptable. Elle prit une grande inspiration et une odeur curieuse vint titiller ses narines, un parfum de lavande, de roses, de jasmin, un parfum de femme... Une femme?! Elle déglutit. Était-ce possible qu'une femme se soit jointe à son frère dans cette chambre, ou pire, dans ce lit? Son aura était bien présente, comme si elle était restée longtemps ou revenue plusieurs fois.

-Quelle est cette odeur étrange mon frère... Est ta compagne qui porte un tel parfum? Vous avez des secrets pour moi, Christian?


La jalousie faisait trembler sa voix, mais elle était si déchirée par une rage aveugle qu'elle n'y accorda aucune importance. Avait-il osé lui cacher qu'il avait une romance avec une courtisane? Car elle ne devait pas valoir plus que cela. Qui avait osé?! Elle ne pensa même pas qu'il pouvait s'agir d'une simple amie. Elle devait être la seule femme à pouvoir s'approcher de lui, Amour. Elle se leva brusquement, et alla ouvrir brusquement la fenêtre, laissant la pluie saccager les travaux de son frère, mouiller son visage, sa gorge, sa poitrine. Elle était incapable de modérer sa jalousie, c'était SON frère, personne d'autre n'avait le droit de l'approcher. Le froid eut un effet calmant, elle en vint à se demander si elle n'était pas empreinte de folie. Elle n'avait pas le droit de lui interdire de voir des femmes... Elle n'était qu'une satanée sœur, sœur sœur! Rien d'autre qu'une sœur! Leur sang les empêchait de s'aimer, et rien ne pourrait changer ce fait. Elle ferma la fenêtre, cette fois d'un geste lent, doux, presque aimant. Elle se retourna, fit quelques pas en avant, et tomba à genoux face à son frère, posant sa tête sur ses jambes.


-Vous me l'auriez dit? Vous me l'auriez... dit si... vous étiez épris d'une femme?

Elle ferma, les yeux, apaisée de se sentir près de lui. Elle caressait tendrement le tissu de son pantalon de ses doigts fins et tremblants.

-Je n'ai pas envie d'une belle sœur pour le moment, je ne suis pas assez vieille pour avoir des neveux et nièces...

Elle tenta de sourire et de mettre une note d'humour dans sa dernière réplique. Sa main continuait de faire des allers retour sur sa jambe, cela la calmait, être dans cette position lui rappelait son enfance, quand il la protégeait. Cette position l'emplissait de bonheur car elle ne désirait qu'une chose, lui être soumise, être sienne, son objet de désirs. Son voile avait glissé, révélant un champ de blé en été, des souvenirs d'enfance, des souvenirs d'innocence. Il était son unique amour, son amour de toujours... En attendant le silence régnait. Elle avait peur de sa réponse, elle avait peur d'entendre qu'il lui avait été dérobé. Son petit cœur battait si fort qu'elle avait peur qu'il jaillisse hors de sa poitrine. Christian... Son Christian... L'envie de tout lui avouer heurtait les remparts de son esprit, tout lui avouer, tout lui donner, pour lui appartenir. Mais elle en était incapable, elle savait que les conséquences d'un tel aveu ne ferait que l'éloigner d'elle, il la prendrait pour une sorcière, il la ferait brûler, comme toutes celles qu'il faisait mettre au bûcher... Les avait-il déjà regardées dans les yeux? Ses victimes... Son frère était-il réellement capable d'une telle froideur? Pouvait-il la repousser comme une simple connaissance? Christian...
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https://witchslay.forumsrpg.com/autres-habitants-f51/helene-stue
Christian Stue
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Oblivius



Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Vide
MessageSujet: Re: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeDim 23 Nov 2008 - 22:56

Vitrine dorée pour jouet rêvé, avait-il seulement conscience du rêve qu’il lui laissait miroitée ? A la vérité, pas le moins du monde. Il ignorait même jusqu’à l’existence des sentiments d’Agnès envers sa personne. Il était son frère, point, et, en bon frère, il éprouvait pour elle la plus platonique des affections, un amour serein et calme, mais rien de plus. Ainsi, ces faibles tentatives de séduction, ces effroyables minauderies n’eurent pas l’effet escompté et laissèrent dans la plus parfaite des indifférences. Il n’en demeura pas pour autant un monstre de glace ; en effet, alors que la poupée à la crinière d’or, jeune lionne, s’étalait sur le lit, se voulant désirable et désirée, lui offrant un image des plus ambiguës avant de se draper du masque de l’enfance, il lui répondit d’un simple sourire. Horrible grimace que voilà, l’étirement d’une bouche, le retroussement de lèvres pour dévoiler de belles quenottes de porcelaine, il s’agissait d’un sourire taquin, complice, mais poli.

« Ma sœur, vous voilà, fatiguée. Vous avez fait un long voyage et trop absorbé par votre venue soudaine, j’en oublis toutes mes manières ! Si vous désirez vous reposer, je ne puis vous le refuser. Mais, il vous faudra patienter demain avant de pouvoir avoir accès à une chambre plus…convenable… Bien plus qu’un thé ? Ma foi, je vous assure qu’il en est de même pour moi, Anya. Me permettez vous encore de vous appeler ainsi ou suis-je si différent que je n’ai plus ce droit, ma chère ? Et comment dois-je prendre tout ceci ? »

Joueur dans ses mots, les sourires fusèrent ainsi que les regards complices. Taquin dans son discours, espiègle dans son attitude, provocation saupoudrée de bienveillance, désir de lui arracher quelques réprimandes ? Pour l’occasion, il employa même le surnom d’Anya, sobriquet de leur enfance commune, et se permit d’une main distraite d’effleurer puis d’enrouler son index autour de l’une des boucles d’or de la poupée, pauvre liane échappée, avant de la libérer.

Puis, changeante, virevoltante, l’élaboration d’une simple question la mit dans tout ses états. Jalousie dévoilée au grand jour ?
Surprise et étonnement s’emparèrent de son être. L’incompréhension aussi peut-être. Ses orbes noirs s’ouvrirent en grand, étendant le poids de leurs ombres sur cette fille d’Eole, ils la suivirent dans sa course folle alors que l’enfant s’envolait vers la fenêtre, avant de revenir se prostrée à son chevet.
Au cours de ces escapades, cette fille du vent avait subi la caresse éparse de la pluie, couverture ruisselante qui lui conférait une toute autre prestance ou du moins qui magnifiait ces traits pour la faire gravir l’échelon lui manquant, pour siéger au sein de l’Olympe.
Bouche bée, l’ange la dévisageait en silence, faisant glisser son regard le long de son visage, les océans sombres la recouvrant bientôt, cette nuit obscure la sondant comme pour y déceler la présence de sa sœur dans ce corps de femme. Car en cet instant et en ce lieu, Christian réalisa qu’il n’était plus face à une gamine mais « belle et bien » à un membre à part entière de la gente féminine.
D’ailleurs bientôt, ces mains de femme, de vamp, de succube, s’affairèrent avec tendresse et douceur sur le tissu de son pantalon, le sortant de sa torpeur visuelle pour le plonger avec honte dans une gêne prononcée. Victime malgré lui d’un vif émoi, ses joues s’empourprèrent à outrance, se coloriant d’une couleur abrasive mais terriblement appétissante, son regard se déroba, son corps fut pris de frissons et autres tremblements alors que sa respiration se faisait haletante, s’accélérant plus qu’outre mesure. Les pulsations du jeune homme se faisaient irrégulières, s’emballant dans un tempo des plus endiablés. Musique incessante qui bourdonnait au sein de sa personne, cette mélodie était-elle porteuse d’espoirs pour le bourgeon ?
En effet, pourquoi réagir aussi excessivement face à cette sœur qu’il aimait d’une tendre affection ? Devait-il s’avouer qu’elle ne lui était pas indifférente ?! Quelles troublantes et honteuses pensées et pour y couper court, il souffla alors d’une voix emmitouflée d’émotions et de sensations diverses…

« Voyons…Voyons … Agnès…Levez vous, vous me mettez dans l’embarras ! Levez vous, je vous en prie, est-ce là une manière de se comporter avec son frère ? Vous…vous avez raison, vous n’êtes plus une enfant ! Vous êtes devenue une belle jeune femme ! »

La relevant, il la pria de s’asseoir à ses côtés, il fit même de son mieux pour lui offrir son plus froid visage. Contradictions ?! Pas le moins du monde, il ne voulait s’avouer sa propre faiblesse d’avoir un bref instant été sous le charme si particulier de sa sœur ! Orgueil ou respect des bienséances et des mœurs ? Etrange mélange des deux qu’il n’aurait su définir en cet instant !
Dans tout les cas, il ajouta pour couper court à ses interrogations…

« Cela ne vous regarde pas, Agnès. N’ai-je pas le droit de fréquenter les personnes de mon choix ?! »

Conscient de la froideur des mots qui s’étaient extirpés de sa bouche et de l’impulsivité de sa réponse, il poursuivit de manière plus chaleureuse, lui offrant un sourire, esquisse de bonheur qui se dessina sur ses lèvres tentantes…

« Ma sœur… *Une inspiration profonde s’éleva dans la pièce* Voyons…Je ne voulais être si cassant mais voulez vous régenter ma vie comme père ? Et puis ce ne sont pas des questions que les dames telles que vous posent, non ? Je…Quelqu’un…. »

Lui avouer son amour pour Constance était un exercice difficile, non pas qu’il avait peur de la jalousie de sa sœur, mais tout simplement peur de la décevoir, de la tromper. N’était-ce pas un pêché, après tout, d’être l’amant d’une femme mariée ? Il ne voulait perdre l’estime qu’elle lui portait et par conséquent perdre sa seule famille.
Désireux d’arrêter cette discussion embarrassante, il se leva, lui tournant le dos, se dirigeant vers son bureau, rangeant dans des gestes hâtifs les écrits trempés et s’attelant à la rédaction d’un nouveau papier…

« Vous ne pouvez dormir ici Agnès, pour combien de jours êtes vous à Forbach ? Ce lieu n’est pas approprié pour quelqu’un comme vous, je… nous partirons dès demain pour le manoir des Edelgard, pensez vous que cette chambre vous conviendra pour cette nuit ? ..Laissez moi quelques instants, puis nous irons en ville… »
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Agnès Stue
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MessageSujet: Re: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeLun 1 Déc 2008 - 1:25

[posté mais je ne me suis pas relue, je m'excuse d'avance pour les éventuelles fautes ou les répétitions]

Lentement, elle leva le visage et le fixa alors qu'il parlait. Ses yeux étaient vides, ils avaient été trop avides de considération et à présent son regard se fermait. Elle avait compris. Son frère ne sera jamais à elle à cause d'une femme, celle qui portait ce parfum justement. Ses sourcils se froncèrent et son menton toucha sa poitrine d'un air profondément déçu. Elle se sentait trahie, abandonnée. Son père ne s'était jamais occupé d'elle, c'était toujours son frère qui lui apprenait à construire des châteaux de cartes ou à dénicher les plus belles histoires de princesses dans la bibliothèque. Sa mère, elle, n'était plus qu'un fantôme depuis sa naissance, elle ne se souvenait même pas de sa mort et cette chimère ne lui manquait guère. Son frère avait fait office de père et de mère, adossant son complexe d'œdipe sur ses jeunes et braves épaules sans même en avoir conscience. Au lieu d'aimer le père, elle aimait son frère, et, n'ayant pas de mère pour la remettre sur le droit chemin, elle était restée coincée dans cet état d'enfant en manque de reconnaissance de la part de l'homme qu'elle jugeait parfait. Agnès n'avait aucune idée de tout cela, tout ce qu'elle savait c'était qu'elle l'aimait et qu'elle avait envie de mourir dans l'idée qu'il lui resterait inaccessible.

Il semblait gêné en parlant du manoir Edelgard, quelqu'un lui attendait là bas certainement... Qui? Ses sens s'éveillèrent à nouveau alors qu'elle scrutait son visage, ses yeux aussi profonds que les abysses de la terre grattaient la surface des apparences. Elle se releva, chancelante et alla s'assoir à la chaise du bureau, posa ses mains délicates sur le bois et soupira longuement d'un air résigné. Ce devait sûrement être une servante de la maison Edelgard, après tout, son frère n'était pas assez adroit pour courtiser une véritable demoiselle. Un sourire mesquin apparut sur son visage caché par son voile noir. Son frère qui courtisait une femme... Ce devait certainement être un spectacles des plus amusants, après tout, il avait quitté la maison que depuis quelques mois, et à la maison il n'avait jamais eu l'occasion de donner libre cours à ses poussées d'hormones... Son sourire s'élargit, cela lui redonnait de l'espoir de se sentir un peu plus avertie en terme de coquetteries que lui. Elle préférait oublier le détail de ses nombreuses semaines passées chez les Edelgard, elle omit aussi de suposer qu'il aurait pu y apprendre beaucoup de choses.


-Chez les Edelgard? Vous savez bien que je ne suis pas une femme très sociable, mon Christian... J'ai peur de paraître trop campagnarde près de demoiselles telles que miss Edelgard...

Elle se retourna et l'observa longuement. Ses mains s'envolèrent du bureau pour atterrir sur ses cheveux voilés. On aurait pu croire qu'elle s'apprêtait à ôter le voile, mais en réalité elle voulait le remettre en place, et cette fois tenu plus fermement. Elle se dressa de toute sa stature, la silhouette élancée à l'identique des déesses grecques. Sa longue robe en satin noir et turquoise lui donnait un air mystique et curieusement attirant, et pourtant il flottait autour d'elle une aura toute nouvelle, une aura inaccessible. Agnès avait décidé de se rendre froide et distante afin de montrer à son frère comme cela pouvait faire souffrir. Au fond d'elle, elle espérait qu'il prête attention à son changement subit d'humeur. Elle lui lança un sourire glacial, ses dents brillaient comme mille lames prêtes à transpercer ce cœur qu'elle désirait tant posséder. Son frère s'était amusé avec des demoiselles qui n'en valaient pas la peine, personne ne valait plus la peine qu'elle après tout. Oui... Elle irait à Edelgard, et elle trouverait la garce qui l'avaient ensorcelé... Et lorsqu'elle la reconnaîtra, elle pourra libérer la prédatrice en elle et attaquer impitoyablement, par tous les moyens, jusqu'à anéantissement de tout sentiment de son frère envers la malheureuse élue de son coeur.

-Comment est-ce chez les Edelgard? Miss Edelgard, est-elle belle? Sait-elle chanter ou jouer du clavecin comme le font les filles de bonne famille? Leur manoir, est-il grand? Combien de personnes y logent?

Un torrent froid de questions déferla sur son pauvre frère dérouté par le changement de tempérament de sa soeur. Ses questions étaient mille flèches destinées à transpercer les mystères autour de celle qui avait piégé son frère. Elle n'était pas de nature hargneuse, mais comme toutes les femmes sa jalousie pouvait la porter au delà de son caractère doux et fragile. Elle avait appris à se battre pour un homme lors de sa visite à la cour bourgeoise. D'ailleurs, elle n'en avait pas parlé à son frère, elle avait honte de lui dire qu'elle s'était laissée courtiser par plusieurs hommes, elle avait honte car elle ne voulait pas qu'il croie qu'il pouvait lui aussi s'adonner à des jeux similaires avec d'autres demoiselles qu'elle. Elle attendit patiemment ses réponse, parfaitement droite, la respiration régulière et le regard perçant. Le secret de son frère semblait beaucoup plus grand que ce qu'il laissait supposer, et elle allait le découvrir, tôt ou tard. Son regard se posa alors sur le large lit au centre de la pièce, d'ici demain elle devrait dormir ici... Et son frère? où dormirait-il? Avec elle? Quelle euphorie... Mais il ne fallait pas. Non, il fallait garder l'apparence distante, si différente de ce qu'elle a toujours été.

-Mon frère! Pensez-vous que je vais dormir avec vous? J'ai passé l'âge d'avoir peur des orages, et dormir dans le même lit que son frère... je doute que ce soient des manières convenables... Comment allons-nous faire? Il est trop tard pour aller au manoir ce soir, croyez-vous qu'il y ait d'autres chambres libres?

Elle semblait déroutée, extrêmement gênée. Elle jouait à merveille son rôle de vierge effarouchée, accrochée aux apparences sociales et apeurée par les rumeurs. Si elle avait été seule, elle aurait certainement laissé un sourire satisfait envahir son visage. Pour le moment, elle laissa son regard perdu et ses poings crispés dans un semblant d'angoisse faire l'affaire. Telle une enfant trop gâtée, elle avait découvert un nouveau jeu et comptait bien l'épuiser avant de s'en ennuyer. Elle jouait avec les sentiments de son frère, tenant de l'emplir de culpabilité quant à sa demande tellement malsaine, ce frère inquisiteur qui devrait pourtant connaître la religion mieux que quiconque... Elle se mordit la lèvre en signe de mal être soudain, comme si des barrières de pudeur illusoire s'étaient levées entre eux. Il ne fallait pas la trahir, à présent, son instinct prédateur s'était éveillé et elle n'avait pas l'intention de lâcher prise jusqu'à ce qu'elle ait obtenu un signe d'amour pour elle. Christian... Christian qu'elle aimait au point de salir sa jeune réputation... Christian pour qui elle ferait tout...
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeLun 1 Déc 2008 - 22:00

Mesquineries voilées, assurance démesurée, jalousie farouche.

Souvent femme varie, le bourgeon ne pouvait se soustraire à cette effroyable règle, à cet affreux dicton, à cet odieux principe, et, ainsi, aux tendres sourires de retrouvailles, la petite Agnès souhaitait offrir la plus placide des figures, la plus glaciale des présences pour se rendre à la manière de son frère, insaisissable, inaccessible, impénétrable.
L’inconstance n’est-elle pas propre aux membres du beau sexe après tout, n’est-elle pas l’un de leurs plus précieux attraits et sûrement l’un leurs pires défauts ? A moins que ce trait de caractère ne soit un héritage de famille, car, tout comme elle, Christian savait passer d’un état à l’autre, à une vitesse folle.
Cependant, en imitant son frère, en adoptant une conduite similaire à la sienne, parviendrait-elle à percer ses secrets et à creuser un tunnel jusqu’à son cœur ?

A peine avait-elle retrouvé son cher frère que la poupée de porcelaine était passée de l’abattement à l’élaboration d’une offensive, d’une contre-attaque pour stopper l’avancée d’une inopportune.
Nouvelle stratégie mise au point par cette chère tête blonde, le harcèlement et la froideur, une succession de questions qui étourdiraient son esprit et le forceraient à divulguer ses pensées, son éventuelle relation et l’identité de l’être aimé.
Quant à lui, idéalisant sa sœur, lui prêtant des qualités qu’elle n’avait plus à cet instant, le bel ange ne s’imagina pas une seule seconde l’effroyable plan que la jalousie de la cadette avait concocté. Etre immonde tapie dans les ténèbres de sa personne, part d’ombre violente et géniale, la bête s’était réveillée, sortant de son trou, d’ors et déjà montrant les dents vers une ennemie invisible, une ombre singulière.
Les paroles de Miss Stue qui savaient se faire si douces, si tendres, sonnèrent bientôt aux oreilles de l’inquisiteur avec un certain déplaisir. Terribles notes qui s’abattirent sur sa personne, des pics polis mais aux pointes acérées, une envie d’en savoir toujours plus, maquillée sous le voile de la curiosité.
Ne pouvait-elle pas focaliser son esprit sur un autre point que sur le manoir Edelgard, ne pouvait-elle pas lui parler de ses longs mois en compagnie de son père ou d’un tout autre sujet ? Pourquoi s’attardait sur cette localisation précise ?
Le nom « d’Eldegard » était synonyme de Constance, le manoir siège de bons souvenirs, d’affreuses disputes, et de doux baisers. Mais, là, où l’inquisiteur aurait du prendre plaisir à raconter ses aventures, il demeurait une gêne. Il ne fallait ou plutôt, il ne devait évoquer Constance, il ne s’était entendu avec elle sur ce sujet et préférait tenir sa sœur dans une vaste ignorance.
C’est ainsi qu’il se réfugia dans la comédie, n’avait-il pas pris des cours auprès de la capricieuse duchesse ? Il s’agissait donc de faire de même avec sa sœur.
L’inquisiteur était penchée sur une lettre à l’attention du duc et de la duchesse et faisait mine d’être toute à son occupation, ne répondant que brièvement, désireux de chasser toutes ces interrogations.
Pas un seul regard n’avait été échangé durant ce tac o tac de répliques, de son point de vue, boucle d’or ne pouvait que deviner les expressions du visage de son frère. Une crinière folâtre s’étalait à sa vue, parure majestueuse de ce jeune lion.

« Vous moquez vous, Agnès ? Vous êtes très bien telle que vous êtes, et, vous n’avez nullement à craindre le duc et la duchesse. »

Il poursuivit avec un certain dédain, faux mépris pour les richesses exubérantes de la demeure Edelgard, et acerbe et dur envers la maîtresse des lieux.

« Grand, luxueux, pompeux…Je doute que Madame Edelgard ait le moindre talent pour toutes ces choses, j’imagine qu’on peut lui reconnaître certaines qualités mais aucunes ne font d’elle une femme accomplie. Vous avez là mon avis, Agnès. Oui….Le manoir est grand, le duc possède un vaste jardin, la demeure s’étale sur deux étages, mais vous découvrirez tout ceci par vous-même. Je crois qu’une dizaine de domestiques travaille au manoir. »

Puis le grand final arriva, clou de ce spectacle, apothéose de ce simulacre de pièce, la jeune vierge lui imposa une question des plus embarrassantes, agrémentant le tout d’une fausse innocence. Surpris, les billes d’encre noire la fixèrent bientôt, la poupée venait de viser juste et d’obtenir à nouveau son attention, les joues de son cher frère s’empourprèrent délicatement, une légère chaleur l’envahit alors.

« Ne vous en faites pas Agnès, en effet, cela remonte à loin, lorsque par les soirs d’orage, vous vous réfugiez dans mon lit, j’irai me renseigner en bas pour voir s’il leur reste une chambre de libre, il faudra par contre vous en accommoder pour cette nuit. Si ce n’est pas le cas…je dormirai sur cette chaise et vous prendrez le lit, si cela vous convient ? »

Il se dressa hors de sa chaise, jaillissant telle une ombre, beauté sombre que voilà. Un sourire réconfortant imprégna ses lèvres, alors que ses mains s’apposaient sur ses frêles épaules dénudées. Toucher délicat et chaleureux qui s’évapora subrepticement. L’enquêteur avait déjà disparu pour s’engouffrer dans le corridor et descendre à l’étage inférieur. Monsieur Stue n’en revint que quelques minutes plus tard, accompagné d’un petit plateau.
Sur le dit présentoir s’étalaient les milles et une douceurs que pouvaient offrir l’auberge, à savoir, des petits biscuits aux formes grossières saupoudrés de sucre, deux tasses des plus vulgaires en faïence et une cafetière fumante d’où émanait des vapeurs chocolatés.

« Me voilà, je ne t’ai pas fait trop attendre, Anya ? »

Il déposa le tout sur le petit bureau avec une certaine habilité, et bientôt fit s’écouler du bec de la dame de fer, du chocolat chaud qui vint inonder les récipients. Bientôt, il en tendit une tasse à sa jeune sœur avant de déclarer…

« Il ne reste pas de chambre de libre, vous prendrez donc le lit, cela vous convient Agnès ? »

Plongeant son minois au creux des vapeurs brûlantes pour avaler quelques gorgées de l'exquis breuvage, les volutes de fumée lui susurrèrent des chimères, évoquant une image, le fantôme de Constance, la duchesse était, en effet, apparue à la manière d’Agnès dans sa chambre, et, ce jour-là, ils s’étaient déclarés leur amour. Le sucré de sa bouche se fit entrevoir via la palette de saveurs de ce simple chocolat chaud, et, extrême coquetterie, ses joues se colorièrent, la robe de son teint s’embrasa.
Soucieux, de faire bonne figure, et, de chasser la maîtresse du manoir Edelgard de sa tête, ses perles sombres se postèrent sur sa cadette, ténèbres s’abattant sur la lumineuse, sa voix en accord avec sa physionomie se fit bientôt entendre, taquine et espiègle, visiblement joueuse.

« Il vous fallait bien cela pour vous requinquer Miss Stue, cela me rappelle les goûters lorsque nous étions enfants…Enfin passons, vous êtes grande maintenant. Et vous donc, me feriez vous des cachotteries ? Avez-vous rencontré l’élu de votre cœur ou du moins de beaux jeunes hommes ? Père n’essaye-t-il pas à toute force de vous marier ? Et comment prend-t-il le fait que vous soyez venue ici seule ? »

Serait-elle désarçonnée de subir le même flux de demandes de la part de son frère ? Comment réagirait-elle face à tout ceci ? Pourrait-elle se jouer de lui avec la même facilitée ? Le discours se poursuivit sur les mêmes notes, quelques interrogations fusèrent de plus…

« Comment ce sont passés ces quelques mois à la maison ? Les robes que je vous ai envoyées vous ont-elles plu ? Vous verrai-je avec ? Verrai-je vos boucles d’or, ma chère ?..Arg ! »

Pauvre maladroit que voilà ! En se resservant du liquide sucré aux teintes couleur terre, il s’était brûlé l’extrémité de la main. Portant son index endolori à ses lèvres, sa bouche gourmande s’ouvrit, pinçant le bout de chair pour lui appliquer douceur et réconfort sur une peau à vif…
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MessageSujet: Re: Au rythme du tourbillon de mon coeur...    Au rythme du tourbillon de mon coeur...  Icon_minitimeDim 14 Déc 2008 - 19:22

Le gris des yeux d'Agnès observait le noir de ceux de son frère. Elle essayait de se mettre à son niveau mais n'y arrivait pas véritablement, ou du moins pas assez longtemps. Le glaçon ne réussissait pas à s'emparer de son cœur aussi brûlant que son corps, il fondait, tout comme elle face à ce regard pénétrant, cinglant, enivrant dans lequel elle ne désirait que se perdre. Pourquoi est-ce que l'amour entre frère et sœur était interdit? Après tout, pourquoi ne serait-ce pas possible? Si Adam et Ève avaient créé l'humanité, alors leurs enfants se seraient forcément reproduits entre eux, obligatoirement incestueux pour pouvoir multiplier leur espèce. Adam et Ève, ces figures bibliques que son frère défendait sans vraiment s'en rendre compte. Ses lèvres tremblèrent alors que ses mains vinrent se poser sur ses épaules, heureusement, il ne le voyait pas, trop absorbé dans son discours. La frustration, la jalousie la dévoraient, mêlant adoration et abhorration. Il sortit de la pièce après lui avoir brièvement conté la vie au manoir, avait-elle rêvé ou sa voix avait changé en mentionnant le nom de Madame Edelgard? Non, ce devait être à nouveau une de ses fantaisies...

Elle prit une grande inspiration et eût envie de s'effondrer en larmes, son mur de glace, si fragile, si difficilement édifié s'était brisé lors du claquement de la porte et de l'évanouissement du son des pas de son frère. Une larme s'échappa du coin de son œil, une larme impitoyablement chassée par un coup de manche. Son frère ne devait se douter de rien, elle ne pleurait pas, elle avait grandi, il fallait qu'il voit en elle la femme et non plus l'enfant. Son regard limpide se perdit à nouveau dans le vague du paysage, la pluie semblait représenter ses sentiments. Pour la première fois elle se laissait penser que peut-être que venir ici était une erreur... Peut-être qu'elle aurait simplement dû se taire, accepter les demandes courtoises des jeunes hommes de la bourgeoisie et enfouir à tout jamais son amour pour son frère. Les pas de son frère se firent à nouveau entendre, déjà, il revenait et avec du chocolat chaud. La jeune femme le regarda, ses yeux grands ouverts, un sourire timide apparaissant son son visage, comme le premier bourgeon de printemps, n'osant pas sortir à l'air encore frais.

Elle alla s'assoir sur le lit, toujours silencieuse et sirota calmement son breuvage, le chocolat avait un effet immédiat sur elle, éveillant en elle la langueur, la douceur amoureuse à laquelle elle aspirait tant. Il fit mention de ses cheveux voilés, demandant à les voir, et ses robes. Ne sachant pas quoi répondre, elle fut soulagée qu'il se brûle, cela lui donnait le temps de réfléchir. Elle baissa les yeux sur sa robe, neuve, elle l'avait longtemps demandée à père jusqu'à ce qu'il lui cède. Quant aux robes envoyées par son frère, elle les avaient toutes soigneusement gardées mais n'avait jamais osé les mettre, contrairement à ce qu'elle lui avait écrit dans ses lettres. Toutes ses toilettes étaient plus belles les unes que les autres, sublimes par leur délicatesse, leur coupe, mais elle ne se trouvait pas digne de les mettre. Aucune n'était assez représentative de ses sentiments, de son caractère insoupçonné. Elle plongea son regard dans le sien en plongeant à nouveau ses lèvres dans le lait chocolaté avec un plaisir visible. Elle se lécha rapidement les lèvres, puis d'une voix presque hautaine elle trancha.

-Les robes? Je croyais que vous connaissiez assez mes goûts pour pouvoir me satisfaire, mais d'après ce que vous m'avez fait parvenir ce n'est pas le cas. Soit, je les ai tout de même gardées, sait-on jamais si une de mes amies désirent s'en parer.

Elle ne le quittait pas des yeux, sa voix n'était pas celle d'une enfant gâtée, mais celle d'une femme profondément déçue, comme après avoir vu son mari la tromper.

-Je crains que vous ne puissiez voir mes cheveux, Christian, je me suis promis de ne les montrer qu'à mon amant... mon futur mari je veux dire bien entendu.


Cette fois son regard avait dévié, comme pour lui souligner qu'il ne s'agissait pas d'une maladresse de sa part mais qu'elle avait désiré installer une tension. Amant... Elle n'en avait jamais eu, bien que les jeunes gentlemen désireux de lui plaire ne manquaient pas. Cela ne l'amusait pas de céder à leurs séductions, elle ne voulait que son frère et rien ne pourrait changer cela. Elle caressa le contour de sa tasse d'un doigt fin et curieux avant de la poser sur la petit table de chevet. La nuit était déjà avancée et malgré ses efforts pour continuer la conversation elle ne pût s'empêcher de bailler. Gênée par son signe de fatigue, elle porta ses mains à sa bouche et essaya d'éviter le regard de son frère. Il lui dirait sûrement de se mettre au lit, mais elle désirait plus que tout rester encore un peu à ses côté, même s'il l'avait déçue en s'éprenant d'une catin, il demeurait l'élu de son cœur. Elle tentait de le vexer pour pouvoir accéder à son cœur par un autre chemin, son plan machiavélique lui plaisait et elle continuerait jusqu’à obtenir une réaction de sa part.

-Quant aux hommes… Si je ne le remémorais pas à Père il n’y penserait pas.

Elle sous-entendait ses propres demandes à rencontrer des jeunes gens, omettant de préciser qu’en réalité c’était sa nourrice qui l’avait poussée à se rendre aux festivités d’automne.
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