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 De la crédibilité d'un Oracle

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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeSam 10 Avr 2010 - 13:22

Mattea était quelqu'un de matinal. Les cauchemars qu'elle faisait la réveillaient systématiquement avant l'aube, elle avait fini par en tirer parti. Elle s'était changée, était descendue petit-déjeuner puis était remontée dans sa chambre. La porte était fermée, non verrouillée : en plein jour, elle ne craignait pas grand-chose. De nuit, par contre, c'était indispensable : l'aventure avec la convocation de Sébastien Garin l'avait prouvée. Le Second... Mattea ne savait toujours pas à quoi s'en tenir avec lui. Elle ne lui en voulait pas de l'avoir convoquée en pleine nuit. Pour une situation urgente, elle considérait que ça ne posait aucun problème. Le souci, justement, c'était que pour elle, la lecture de la lettre de Sigmund von Wadenchose n'avait rien d'urgent. Qu'avaient-ils gagné à la lire aux petites heures ?

Mattea mit la question de côté et se concentra sur la lettre qu'elle écrivait à son ami Amaël. Elle n'avait pas encore eu le temps de lui envoyer de ses nouvelles, alors qu'elle avait promis de le faire dès son arrivée. Ordinairement, les plis de Mattea étaient des exemples parfaits d'exactitude et de brièveté. Mais là, elle prit un peu plus de temps : elles avaient plusieurs choses à dire. Elle ne se confia pas entièrement au papier, gardant pour elle les véritables sentiments que lui avaient inspirés le fait d'enfin connaître son véritable prénom... Cassandra. La sonorité lui plaisait. Et elle s'imaginait déjà ce qui allait de paire avec. Dieu sait combien elle avait prié pour connaître ce prénom. En cela, Forbach tenait ses promesses les plus folles. Et encore... elle n'avait pas encore rencontré l'Oracle. Elle l'avait déjà cherchée dans les maisons, se présentant simplement comme carmélite, le lendemain de son entrevue matinale à la Collégiale. Tous les habitants avaient parlé avec dévotion de la fillette – une fillette, vraiment ! – mais n'avaient pu lui dire où elle se situait, disant qu'elle allait et venait chez ceux qui avaient besoin d'elle. Ce n'était donc qu'une question de temps. Mattea finirait par la trouver, elle n'en doutait pas. Elle mit un point final à sa lettre, la cacheta et appela une servante pour qu'elle la porte sans délais aux messagers qui reliaient Rome et Forbach.
Elle s'attela ensuite à la rédaction de son premier rapport pour le Vatican. Elle voulait différer son envoi, pour pouvoir y parler plus précisément de l'Oracle. Une fois qu'elle serait suffisamment avancée, elle pourrait sortir à nouveau dans les rues, toujours à la recherche de l'Oracle.

Soudain, Mattea, qui était assise derrière son bureau, entendit quelques coups brefs à la porte, mais avant qu'elle n'ait eu le temps de dire oui, la clenche tourna et sa porte s'ouvrit. Pressée de terminer sa dernière phrase avant d'assassiner du regard celui qui se permettait d'entrer sans y avoir été invité, Mattea comprit à temps. Elle ne tourna même pas la tête et reposa tranquillement sa plume. Finalement, elle n'aurait pas à sortir dans les rues pour courir derrière elle...

- Ainsi nous y voilà... je n'aurai même pas eu à chercher longtemps.

Mattea se leva et fit face à... effectivement, une fillette. Et pour la première fois depuis tellement longtemps qu'elle ne pouvait chiffrer les années écoulées, Mattea fut impressionnée. Elle ne s'attarda pas sur son physique : après tout, elle s'en fichait. En revanche, l'aura qui émanait de l'enfant avait quelque chose d'intimidant. Alors qu'elle commençait à comprendre ce qu'avaient tenté de lui dire Sébastien Garin, Mattea se permit un sourire. Froid et dur, peu sincère.

- À nous deux.

Mattea était vraiment curieuse de voir si l'Oracle était celle que tous prétendaient. Curieuse de savoir si elle pouvait lire dans son passé comme dans un livre. Curieuse de savoir si l'Oracle était une sainte méconnue ou un exceptionnel escroc.
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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeLun 12 Avr 2010 - 20:41

Encore et toujours, la mission d’épuration se poursuivait. En tant qu’envoyée d’instances supérieures et peu représentatives à l’égard du commun des mortels, l’Oracle ressentait assez peu les effets de phénomènes physiques tels que la fatigue, le stress, ou autres états du même acabit. En vérité, elle éprouvait juste assez d’impressions et d’émotions humaines pour mener sa mission à bien et répandre vérité, justesse, compassion et soulagement parmi la population du Comté. C’est pourquoi malgré l’heure très matinale, son enveloppe charnelle avait une allure tout à fait éveillée, un regard vif, une expression alerte; bref, elle ne donnait pas du tout l’impression de sortir du lit ni même de s’être endormie d’une quelconque façon que ce soit. En ce matin de mai, alors que les premières chaleurs faisait renaître un printemps extrêmement bienfaisant à Forbach, elle avançait comme de coutume sur son poulain opalescent, flanquée de ses deux gardes du corps personnels montant les grands étalons noirs. Dans les rues de la ville, la petite procession fit comme toujours sensation, chez les rares habitants qui étaient déjà debout à cette heure.

L’auberge de la Croix Rousse était en vue. Descendus de leurs montures, l’Oracle et ses gardes du corps se virent retirer leurs chevaux pour que ceux-ci soient parqués à l’écurie. Puis la fillette et les deux adultes pénétrèrent dans l’établissement sous les sifflements impressionnés ou les regards étonnés de citoyens forbachois en train de prendre une légère collation avant de partir vaquer à leurs activités –travailler aux champs, en ville, ou même à la Collégiale pour une minorité d’entre eux.
L’Oracle se rendit sans hésitation au comptoir et demanda le numéro de chambre d’une femme fraîchement débarquée, Mère Mattea. La tenancière connaissait la Parole de Dieu et, outre le dévouement qu’elle lui portait, avait déjà vu la fillette faire quelques descentes dans cette même auberge, en repartant à chaque fois en laissant derrière elle une âme miraculée. C’est pourquoi la brave patronne ne fit aucune difficulté pour lui transmettre l’information souhaitée et, sous les regards curieux et révérencieux, l’Oracle monta dans les étages.

Elle trouva sans mal la chambre concernée et frappa quelques coups contre la chambranle. Mère Mattea… un personnage dont elle savait encore relativement peu de choses, si ce n’était que la femme avait expressément été envoyée dans le Comté par le Vatican. Quelle que fut la situation d’origine, l’entretien promettait sans doute d’être intéressant, car l’Oracle avait un pressentiment –celui que Mère Mattea illustrait à la perfection l’adage selon lequel « les apparences étaient trompeuses »… certes, peut-être un peu moins que Sébastien Garin. Mais sur ce genre de pressentiments, la Parole de Dieu se trompait rarement.
Elle finit par ouvrir la porte, ses deux mastodontes derrière elle qui, comme de coutume, gardaient bras croisés dans le dos, menton haut et regard expressément neutre. Ils accompagnaient toujours l’Oracle dans quelqu’entretien que ce fut et toujours, ils restaient dans la même position, se comportant comme deux statues plus vraies que natures. Les individus au début gênés par l’indiscrétion de leur présence finissaient très vite par les oublier.
Mère Mattea, attablée et visiblement en train de rédiger une missive, parla sans même tourner la tête, preuve qu’elle avait deviné sans mal l’identité de son interlocutrice.


« Nous en sommes ravies. Mais vous n’auriez de toute façon pas eu à chercher longtemps. Les gens ne convoquent pas l’Oracle, c’est nous qui venons à eux. »
Elle sourit, tandis que la jeune femme se levait et faisait volte-face, la regardant pour la première fois.

« Bonjour, Mère Mattea. Navrée de vous déranger de si bon matin. Nous permettez-vous d’entrer et de nous asseoir? Nous vous serions reconnaissante d’avoir quelques minutes à nous accorder. » Bien sûr que cet entretien serait accordé! Mattea l’avait dit: elle avait cherché l’Oracle pour lui parler. Même cette formulation polie pour demander de pénétrer dans la pièce n’était qu’une pure exigence de forme. L’Inquisitrice n’était pas chez elle ici –mais la Parole de Dieu ne souhaitait pas vraiment que son arrivée soit perçue comme une intrusion dans l’intimité de la jeune femme, surtout si celle-ci persistait dans la logique de confrontation qu’elle arborait jusqu’à maintenant. Ses derniers propos conduirent d’ailleurs l’Oracle à prendre la parole à son tour, d’un ton conciliant.

« Allons… nous ne sommes ni à un match ni dans un combat, et nous sommes navrée que vous le preniez ainsi. Nous venons vers vous avec des intentions louables, croyez-le bien. » Dans la très grande majorité des cas, les personnes qui ne faisaient pas confiance à l’Oracle et qui persistaient dans le scepticisme même après plusieurs minutes de dialogue, voyaient inévitablement l’entretien tourner à la séance psychologique, aux aspects parfois de véritable confessionnal. Et pour cause: la Parole de Dieu lisait le passé dans le regard des êtres humains, la Mémoire collective lui fournissant tous les détails dont elle avait besoin pour cerner la psychologique du personnage. Procédant comme à son habitude, la fillette planta donc ses yeux clairs dans ceux de Mattea et y appris tout ce qu’elle souhaitait en l’espace de quelques secondes. La plupart des gens appréciaient peu ce phénomène qu’ils vivaient comme une indiscrétion –il convenait donc de procéder avec prudence, surtout face à l’Inquisitrice dont le vécu détenait de lourds secrets.

« Nous vous sentons en proie à une intense curiosité, ce qui est très compréhensible. La plupart des gens le sont. Qui aurait cru que la messagère du Très-Haut s’incarnerait dans l’enveloppe charnelle d’une fillette, n’est-ce pas? Mais les voies du Seigneur sont impénétrables. Avez-vous fait bon voyage depuis Rome? Que pensez-vous de Forbach? Vous arrivez à point nommé: la ville est en train de renaître de ses cendres et sous un jour nouveau. »
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeVen 16 Avr 2010 - 22:37

Sans quitter l'Oracle et ses deux gorilles du regard, Mattea répondit seulement, sans une once d'amabilité dans la voix, mais de son point de vue de façon tout à fait ordinaire :

- Je vous en prie : faites comme chez vous.

Le mobilier de la chambre comptait un lit, un bureau et une chaise ; Mattea n'aurait jamais proposé sa chaise à un invité, mais elle voulait savoir tout ce qu'il y avait à tirer de l'Oracle. Elle ne transigerait pas avec elle-même alors qu'elle ne le permettait pas à ses proches. Elle prit la chaise et la poussa vers la fillette, en dépit de toutes les règles de bienséance qui voulaient que l'enfant reste debout devant l'adulte, avant de s'asseoir sur son lit. Ce qui lui importait, c'était de rencontrer cet être qui avait visiblement la dévotion de tout Forbach.

La phrase suivant de l'Oracle la laissa de marbre. Ainsi, ce n'était pas un match, ni un combat ? Voilà qui était étrange. Et pour quelle raison l'Oracle voulait-elle lui parler, dans ce cas ? Pour commenter la sombre brume qui persistait sur Forbach ? Pour constater que le muguet fleurira en retard ? Oh, peut-être voulait-elle seulement une tasse de thé... Mattea n'avait pas envie de rire. Elle savait que sa volonté et celle de la fillette s'affronteraient, toutes louables que soient les intentions de l'Oracle. Ce n'était pas une question de bien ou de mal, plutôt de masques et d'apparences.

D'ailleurs, l'Oracle venait d'ouvrir la danse. Mattea soutint son regard perçant en se demandant si c'était pour ce regard à vous glacer le sang qu'elle était reconnue. Néanmoins, elle n'eut pas l'impression de perdre ou d'acquérir quelque chose. La fillette pouvait-elle lire dans ses pensées ? Dans son passé ? Si seulement elle pouvait en apprendre, et plus que son prénom !

- Vous avez raison : les voies du Seigneur sont impénétrables. Votre apparence n'est pas ce qui m'étonne réellement.

Mattea ne précisa pas sa pensée. Après tout, peu importait, et l'Oracle ne se remettrait certainement pas en question à cause d'elle. Mais l'apparence de la petite était sans doute ce qui l'étonnait le moins dans l'étrange histoire qui entourait l'Oracle. Elle prit donc le parti de répondre aux questions.

- Mon voyage s'est déroulé sans inconvénients, je vous remercie. Forbach est une ville bien sombre et je découvre seulement ses mystères.

Dont le premier était sans conteste l'Oracle. Mattea repensa au Second qui lui disait que l'Inquisition était aux mains de la fillette. Était-elle vraiment investie d'une mission divine ? L'Oracle ne lui paraissait ni une menteuse, ni une sainte. Sans doute était-il trop tôt pour juger... Après tout, elle avait encore tout l'entretien pour percer à jour la gamine.

- La ville renaît de ses cendres ? Comme l'Église, je suppose ?

Mattea ne connaissait pas suffisamment Forbach pour comprendre ce que voulait lui dire l'Oracle. Parlait-elle au sens littéral ou figuré du terme ? Certes, l'Église était le centre du village et occupait une place centrale dans la vie de chacun, mais de là à assimiler tout Forbach au bâtiment détruit... En même temps, les gens n'avaient pas paru particulièrement désespérés à Mattea.

Il y avait mille questions qui tournoyaient dans l'esprit de Mattea. Elle savait qu'elle ne pourrait toutes les poser en même temps. S'efforçant de sélectionner les plus appropriées à ce début de conversation, Mattea finit par répliquer :

- Et vous, que pensez-vous de Forbach ? Qu'êtes-vous venue y faire ?

Là, Mattea réalisa qu'elle ne savait pas s'il s'agissait d'une gamine née à Forbach et possédée par l'esprit divin, ou une fillette sortie de nulle part, le rempart divin pour toute protection.
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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeMer 21 Avr 2010 - 14:58

Arborant son habituel air impavide, l’Oracle pénétra dans la pièce sur invitation de Mattea, et s’assit avec équanimité sur la chaise en bois avancée par celle-ci. Quelques fussent les conditions de richesse ou de pauvreté dans lesquelles elle avait été accueillie, la Parole de Dieu ne se plaignait jamais d’un manque de confort ou d’une absence de politesse –il y avait des choses plus urgentes à traiter que de s’arrêter aux simples formalités, et puis chaque habitant la recevait à la hauteur de ses moyens, elle n’aurait eu aucune raison de s’en plaindre. Ses deux gardes du corps, véritables géants qui étaient presque obligés de courber l’échine dans cette pièce basse de plafond, se placèrent de part et d’autre de l’encadrement de la porte, refermèrent le battant et plongèrent dans une immobilité parfaite.

Pendant que l’Inquisitrice parlait, l’Oracle prit un peu plus de temps pour détailler sa singulière apparence physique. Des yeux verts qui brillaient avec acuité dans un visage lacté, prunelles dans lesquelles la Parole de Dieu pouvait lire absolument tout ce qu’elle voulait –les souvenirs de la femme jusqu’au moment fatidique, où un verrou avait été posé sur sa mémoire… et même avant, lorsqu’elle était encore une Sorcière d’Olrun, ou du moins qu’elle était destinée à le devenir. Soulignant leur intense couleur malachite, une cascade de boucles rousses encadraient ces yeux, à moitié dissimulés par un voile noir –une teinte pour le moins inhabituelle, surtout pour un membre de l’Inquisition. Mais même en arborant la couleur flamboyante du brasier et des flammes, sa chevelure gardait quelque chose d’austère et terriblement lointain, comme si elle était sculptée. D’ailleurs, le visage même de Mattea transmettait sans équivoque au reste du monde la sévérité avec laquelle elle pensait, évoluait, vivait depuis des années.

Et pour cause… Evoluer dans l’univers tel qu’il était aujourd’hui n’était déjà pas facile pour une belle jeune fille. En plus de ça, celle-ci avait vu l’accès à ses souvenirs les plus anciens lui être fermé. Aucun homme, l’Oracle l’avait appris d’expérience, ne peut être pleinement, profondément lui-même quand il lui manque ainsi des bribes entières de son vécu. En se voyant interdire la porte de ses souvenirs, Mattea voyait une partie d’elle-même s’éloigner. Même si finalement, cette partie antérieure ressemblait plutôt à l’actuelle.


« C’est exactement ça, en effet. Vous avez eu de la chance de ne pas arriver au moment le plus critique. Le mal vous aurait sans doute frappée, vous aussi. Or, il y a largement eu assez de souffrances. »

Au ton de Mattea, à ses propos, à son expression, l’Oracle sentait pertinemment qu’obtenir la confiance d’une telle femme ne serait pas chose aisée. L’Inquisitrice était quelqu’un d’incorruptible et sans concession. En outre, elle semblait du genre à s’intéresser au tangible des choses, ayant pour principe de ne rien prendre pour acquis et de se faire toujours sa propre opinion des choses. La Parole de Dieu visualisait très bien un moyen de gagner du crédit auprès de la jeune femme; en orientant la conversation vers le passé de celle-ci, afin de lui prouver son statut d’entité omnisciente et bienveillante. Mais ç’aurait été un peu trop facile n’est-ce pas? Révéler son passé gratuitement à Mattea? Ce n’était pas le but recherché, loin de là, et si l’Inquisitrice voulait des informations, il fallait les mériter. Aussi l’Oracle décida-t-elle de lancer un simple hameçon, au lieu de donner immédiatement de grands coups d’épuisette.

« Nous pensons que Forbach était une ville qui avait besoin d’être secourue. Nous pensons aussi bien d’autres choses, mais en vérité, nos considérations n’ont pas la moindre importance dans cette histoire. Seule compte la volonté du Très-Haut et par corollaire, le bien commun du Comté. Voyons, vous avez bien dû entendre d’innombrables rumeurs qui répondent à votre question: nous sommes venue à Forbach pour y chasser les âmes damnées qui s’y étaient installées, semant souffrance et terreur. Notre mission se poursuit encore à l’heure actuelle, car malgré toute notre bonne volonté, la population est nombreuse et s’intéresser au cas par cas, la seule méthode pertinente, prend du temps. »

L’Oracle garda un instant le silence. La pièce était peu insonorisée, et l’on entendit de manière très claire un coq pousser son cri dans les fermes avoisinantes, établissant l’arrivée définitive du matin. La rumeur de quelques conversations montait de la rue, dans la quiétude bienfaisante d’une matinée tout à fait ordinaire et plutôt ensoleillée. La fillette balaya distraitement un mouton de poussière sur sa robe blanche et redressa le regard pour plonger de nouveau ses yeux dans ceux de Mère Mattea, voguant instantanément dans la vie de celle-ci au gré de ses désirs.

« Et vous, pourquoi êtes-vous venue, Mère Mattea? Comme une minorité de gens, vous semblez malheureusement nourrir de la suspicion à notre égard. Nous ne vous en voulons pas le moins du monde, car cela est très compréhensible. Mais nous aimerions vraiment vous prouver notre bonne foi. Alors puisque vous avez de nombreuses questions, nous vous invitons à les poser… les rumeurs ainsi qu’une certaine curiosité naturelle ne semblent pas altérer votre discernement et par conséquent, la totalité de nos réponses vous serons expressément accessibles. En outre, le fait que vous considériez notre entrevue comme une sorte d’affrontement en révèle beaucoup sur vous-même et l’éventualité de votre soif de connaissance s’établit indifféremment comme un commencement et un aboutissement… Conséquemment, si il existait un moyen d’effacer votre scepticisme à notre égard, soyez assurée que nous le mettrions en œuvre avec sagacité et tempérance. »
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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeLun 3 Mai 2010 - 18:08

Apprendre qu'elle avait échappé à la souffrance arracha un rictus à Mattea. Mais que savait l'Oracle de la souffrance ? De ce sentiment lourd et sinistre qu'elle était obligée de porter par la faute des sorcières ? De ce passé qu'on lui avait arraché ? Oh, certainement, elle avait eu de la chance, mais quelle chance ! Néanmoins, Mattea avait conscience qu'elle n'aurait sans doute pas tenu ce discours si elle avait personnellement vécu les événements en question. Elle n'avait qu'une seule certitude : celle que pas une plainte ne lui aurait échappé.

Entendre l'Oracle préciser sa mission à Forbach sans parler d'un appel divin l'étonna quelque peu, mais elle choisit de ne pas s'y attarder.

- J'ai entendu les rumeurs. De mon point de vue, elles ne suffisent pas : elles sont seulement révélatrice d'un sentiment populaire. Ce que vous venez de me dire, je voulais l'entendre de votre bouche.

Elle ne s'attarda pas sur les méthodes citées par l'Oracle : ce n'était pas ce qui l'intéressait. Elle apprécia cependant l'attitude constructive de l'Oracle. Que la fillette lui propose de poser toutes ses questions était inespéré : cela lui permettrait de jouer cartes sur tables sans passer pour une opportuniste de première catégorie. En revanche, elle commençait sérieusement à se demander si la fillette qui se faisait appeler l'Oracle n'était pas tout simplement un cas de possession. Comment expliquer autrement le vocabulaire soutenu qu'elle utilisait ? Mattea, qui se plaignait de la rusticité de Forbach dans ses lettres à Amaël, devait reconnaître que l'Oracle aurait pu converser sans se sentir dévalorisée avec le plus pédant des cardinaux.

- Je vous remercie pour votre proposition. J'ai effectivement plusieurs questions.

Mattea regarda l'Oracle, consciente que, plus que jamais, c'était une lutte qui s'engageait entre elles deux. Oh, il n'était pas question de passer aux agressions physiques – elle n'allait pas se battre contre une enfant ! – mais Mattea considérait que l'Oracle avait tout à prouver. La fillette avait pris la peine de venir à elle, c'était bien qu'elle voulait tous les convaincre du bien-fondé de sa démarche, non ?

- Qui êtes-vous vraiment ? D'où venez-vous ?

C'étaient des mots assez simples, prononcés sans animosité. Avant tout, Mattea était curieuse. Elle ne rechignait pas à croire aux miracles, elle avait seulement pris l'habitude de déceler les menteurs et les prestidigitateurs. À Rome, si le pape devait croire chaque illuminé parlant au nom de Dieu, il y aurait plus de dieux que d'humains sur les terres chrétiennes. Elle reprit le fil de ses questions :

- Pourquoi vous êtes-vous emparée de la direction de l'Inquisition ? Sébastien Garin m'a dit que vous étiez celle qui tenait les rênes, à présent. Qu'allez-vous faire ?

Mattea eut une moue ironique. Si elle posait la question, c'était également parce qu'elle avait besoin de savoir à qui se référer en cas de réelle découverte. Si elle mettait la main sur une sorcière – et elle ne doutait pas que le cas se présenterait – elle voulait être sûre de remonter jusqu'à la bonne personne. Le Second lui avait dit qu'il avait déjà mené des sorcières au bûcher, aussi n'était-elle pas réellement inquiète, mais peut-être que la volonté de l'Oracle aurait une valeur ajoutée, une particularité leur permettant de traquer plus efficacement les filles de Satan.

- Quel est votre pouvoir ?

Mattea en arrivait à ce qui l'intéressait. Parce que l'Oracle n'était certainement pas une vulgaire exorciste.
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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeMar 4 Mai 2010 - 1:01

L’Oracle observa avec un air neutre l’expression dubitative et ironique qui tordait le sourire de Mère Mattea. Celle-ci semblait avoir le plus grand mal à croire en les paroles de la fillette, les considérant au mieux comme les mensonges d’un charlatan et au pire comme une énorme bouffonnerie. La Parole de Dieu comprenait qu’on puisse à son égard nourrir des suspicions… dans la limite de la logique et du convenable. Ce qu’elle savait de la souffrance? Tout. Elle venait de passer plusieurs mois à en délivrer les habitants de Forbach, au cas par cas qui plus est. Ce qu’elle savait de SA souffrance? Tout. Et plus encore. Si Mattea possédait un verrou sur ses souvenirs, ce n’était pas le cas pour l’Oracle qui pouvait lire dedans comme dans un livre ouvert. Quant au moment de son arrivée… oui, elle avait bel et bien échappé au danger et à la peur, mais de ça, elle ne pouvait véritablement s’en douter sans avoir vécu la situation. Malgré toute la rigueur avec laquelle elle procédait dans son activité d’Inquisitrice, le caractère fier et intransigeant de la rousse flamboyante retirait parfois à ses interlocuteurs une crédibilité pourtant originellement fondée et essentielle. Dit plus simplement, à force de vouloir tout vérifier par elle-même, elle en arrivait à ne plus croire la plus simple et basique des choses si elle ne l’avait pas vue avant de ses propres yeux…

« Vous venez donc de l’entendre. Y croyez-vous plus désormais? Rien n’est moins sûr, considérant l’expression de votre visage –ceci étant dit sans vouloir vous froisser. »

Une façon de lui faire remarquer à quel point cette habitude de tout vouloir vérifier par soi-même avait pris de l’ampleur –juste un constat, en aucun cas un reproche, car malgré ce que bon nombre de ses interlocuteurs avaient pensé l’Oracle ne se permettait jamais de juger les gens. Du moins pas à voix haute, ce qui pourrait être pris comme une attaque personnelle.
Si Mattea n’avait pas semblé aimer les conditions de fond, elle apprécia sans aucun doute les conditions de forme: la rigueur avec laquelle conversait l’Oracle, la neutralité de son propos, et le niveau très correct de son langage et de sa syntaxe. La Parole de Dieu, n’étant pas humaine, pouvait s’adapter indifféremment à tous les langages terriens, allant du plus vulgaire argot à la plus soutenue des formulations. Par préférence et habitude, elle avait adopté un niveau volontairement un peu au-dessus de la moyenne populaire de Forbach, dans le but de marquer une distance vis-à-vis de la population du Comté; encore une fois (elle ne faisait rien pour s’en cacher) elle n’était pas humaine à proprement parler.
Les questions de Mattea lui ressemblaient: synthétiques, précises, importantes. L’Oracle pointa du doigt le plafond et s’autorisa une légère esquisse de sourire.


« Nous nous nommons l’Oracle. En vérité, nous n’avons pas vraiment de nom au sens tel que vous l’entendez, mais afin de faciliter les conditions nous permettant de remplir notre mission sur terre, nous nous faisons appeler « l’Oracle » ou « la Parole de Dieu ». Nous sommes envoyée par le Très-Haut, pour la mission dont nous vous avons déjà confiée la finalité. Si tel était l'objet de votre question, nous ne sommes pas humaine. Nous sommes une entité aléatoire générée par l’action divine et motivée par un prédicat comportemental complexe évolutif. En arrivant sur terre la première personne qui nous est apparue est celle dont nous avons emprunté l’enveloppe charnelle: la fille du Vicomte Adrien d’Hasbauer, dont vous voyez le corps assis devant vous. Bien entendu, il va de soi que nous mettons le plus grand soi à ne lui occasionner aucun dommage, et qu’il sera restitué à son esprit pour le moment en sommeil dès que notre mission sera accomplie. »

L’Oracle croisa les bras, sa tirade terminée, attendant la suite de l’entretien. Encore une fois, toutes ces réponses auraient pu être apportées rien qu’en écoutant la rumeur populaire –au même titre que celles que la fillette s’apprêtait à donner, après les nouvelles questions de Mère Mattea. Fidèle à sa rigueur habituelle, celle-ci entreprenait de se faire une idée très précise de la situation avant de pouvoir ne serait-ce que penser à émettre un jugement. Même si elle ne lui facilitait pas la tâche, l’Oracle ne détestait pas cette démarche qui était selon elle, un gage de qualité d’esprit.
Elle consentit à sourire aux propos de Mattea et eut un geste apaisant de la main.


« Allons… Le terme « s’emparer » est selon nous un peu trop exagéré. Nous ignorons pourquoi nos doléances de commandement froissent ainsi systématiquement la susceptibilité des dirigeants de Forbach. Nous préférons largement le terme « collaborer », qui selon nous reflète bien mieux la réalité. Sébastien Garin nous a d’ailleurs fait part de son aval et de sa confiance –même si cela ne doit pas vous parler vraiment, puisque vous venez d’arriver dans le Comté. Mais sachez que notre mission de situe en étroite collaboration avec lui ainsi que Louis Institoris, et que notre action n’a rien d’un coup d’état –même si elle l’était d’ailleurs, ses effets prendraient fin aussitôt notre mission terminée. « Tirer les reines » est également une expression hyperbolique; nous ne dirigeons en aucune façon les troupes inquisitoriales, nous nous contentons de leur demander de nous laisser mener notre mission à bien sans s’y opposer. Si en revanche vous avez, vous, l’intention de vous y opposer, nous vous prierons de bien vouloir nous en faire part au plus vite et avec la même transparence avec laquelle nous avons répondu à vos questions –histoire pour nous de pouvoir poursuivre notre objectif en palliant à cette éventualité. »

Contrairement aux apparences, ce discours n’avait rien d’une agression; juste une simple curiosité, afin de savoir simplement si Mattea comptait lui mettre des bâton dans les roues pour essayer ultérieurement de contourner l’obstacle. Il y avait certes un soupçon de provocation dans ses phrases; en vérité, l’Oracle voulait pousser l’Inquisitrice à choisir un camp. Si elle rejoignait celui de ses détracteurs, au moins, la fillette était fixée. N’ayant aucune intention belliqueuse, tout cela relevait encore une fois de la pure curiosité.
Finalement, l’entretien parvint à son moment décisif; Mattea avait abordé le sujet primordial, qui les concernait toutes deux et justifierait probablement la raison de sa venue. A cette simple question, l’Oracle répondit presque aussitôt après, sans même avoir pris le temps de choisir consciencieusement ses mots qui coulaient tous seuls comme de l’eau –elle avait déjà tenu ce discours maintes et maintes fois.


« Nos dons ne sont pas illimités mais ils sont étendus. Une fois encore, vous devez en avoir une idée très précise en ayant entendu les rumeurs populaires. Nous pouvons par notre action, annihiler les possessions dont ont été victimes les habitants de Forbach. Nous avons aussi une multitudes d’autres « talents » qui nous aident dans notre mission. Nous Savons. Nous savons quelle est l’histoire de ce Comté, comment les Sorcières s’y sont prises pour invoquer les âmes esseulées, comment piéger les filles du Diable, quelles sont leurs traditions, leurs sciences occultes. Nous savons comment fonctionne l’Inquisition, qu’est-ce qui pousse Sébastien Garin à devoir assumer presque l’entière responsabilité de cette institution, les raisons de l’absence prolongée de Louis Institoris, et pourquoi Sigmund Wolf von Wädenswill Stube zum Rüden vous a appelé Cassandra. Nous savons vos goûts culinaires, votre date de naissance, pourquoi votre passé vous est fermé, ce qui vous a amenée ici. Nous savons que vous avez écrit à votre ami Amaël de Saint-Loup pour lui raconter ce qui été arrivé, nous savons également qui sont les personnes les plus riches de Forbach, qui sont les plus influentes, qui sont les plus véreuses, lesquelles ont les secrets les plus profonds, les vices les plus enfouis. Nous Savons et fort heureusement, notre mission n’est pas de semer la zizanie et de tout dévoiler. Elle se borne à bouter le mal hors de Forbach. Et vous, Mère Mattea. Que savez vous du monde? de nous? de vous? »
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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 19:09

L'Oracle en était presque touchante. Plus que toute autre chose, Mattea ressentait son désir de la convaincre. Elle y voyait quasiment un retournement de situation, car elle n'avait voulu approcher l'Oracle que pour son importance dans Forbach, et non pour vérifier la véracité de son saint état. Et si ses traits traduisaient un scepticisme assez méprisant, ce n'était pas pour autant que Mattea remettait tout en doute. Son visage n'était jamais réellement détendu, aussi n'était-ce que son expression somme toute légèrement contrariée.

Elle était une femme d'Église et à ce titre, elle savait reconnaître la main de Dieu quand elle la voyait. Devant l'exception de la fillette qui se tenait devant elle, maintenant qu'elle savait que c'était vraisemblablement un esprit angélique qui était descendu dans le corps de l'enfant, elle était encline à croire à la présence du Seigneur. Comment expliquer sinon tous les signes d'intelligence de l'enfant ? Ce n'était pas un credo sans réserve, mais Mattea commençait à entrevoir la possibilité que sa confrontation avec l'Oracle pourrait avoir d'excellents résultats. Elle commença donc par répondre à la question de la fillette :

- Cela me semble évident. J'y crois plus parce que la parole possède une force importante. C'est d'ailleurs étrange que vous, la Parole de Dieu, posiez encore la question.

Mattea ressentait jusqu'au plus profond d'elle-même la différence entre croire en une apparition ou une sainte manifestation et s'impliquer soi-même dans une apparition divine. En soi, l'existence de l'Oracle ne la dérangeait pas. Qu'elle y croie jusqu'au bout ou non n'était pas la question cruciale. La question cruciale, c'était l'importance qu'elle allait donner à ce que l'Oracle pourrait lui dire sur elle. Est-ce qu'elle la laisserait avoir un ascendant sur elle au point de déterminer la suite de sa vie ? Car il ne fallait pas se leurrer : le jeu de faux-fuyants finirait par prendre fin, et Mattea demanderait à l'Oracle ce qui lui tenait à cœur.

- Bien qu'étant de nature vive, je ne suis pas prompte à la colère. Je ne pensais certainement pas vous froisser en parlant de votre position à la tête de l'Inquisition. Je n'en parlais pas dans un sens négatif, mais soyons honnêtes : votre statut même de Parole de Dieu vous place au sommet de toute hiérarchie inquisitoriale. De toute façon, je ne compte pas m'opposer à vous. Je ne suis pas à Forbach pour faire de l'opposition.

Mattea ressentit un frisson d'impatience quand l'Oracle lui fit part de son pouvoir d'omniscience. Elles y étaient et Mattea brûlait de poser la question. La fin de phrase prononcée par la fillette « et pourquoi Sigmund Wolf von Wädenswill Stube zum Rüden vous a appelé Cassandra. » retentissait encore et encore dans son esprit, valsant au gré des différentes possibilités qui s'offraient à Mattea. Elle n'était pas femme à supplier, mais elle ne supporterait pas de s'entendre refuser l'accès à son propre passé, passé que l'Oracle connaissait, elle venait de l'avouer. Lentement, la gorge sèche, Mattea prit la parole :

- Vous semez pourtant la zizanie dans mon cœur. Puisque vous connaissez la réponse à la question que vous venez d'évoquer, la raison pour laquelle Sigmund m'a appelée Cassandra, dites-moi la réponse.

Mattea se tut. C'était un bon commencement. Des questions, elle en avait des milliers à poser, et ça la désespérait. Elle voulait savoir qui elle était, où elle était née, comment elle avait grandi, comment elle avait vécu, comment elle était devenue l'ennemie des sorcières, comment elle avait fini abandonnée chez les Carmélites. Elle voulait savoir si un jour elle cesserait de verser des larmes de rage en se réveillant. Elle voulait savoir si Forbach serait destructeur pour elle, ou si elle y trouverait une consolation.

Elle regarda la fillette. Mattea était bien trop fière pour qu'elle puisse y lire une quelconque supplication. Elle termina :

- Ce que je sais du monde ? Beaucoup de choses, puisque je l'ai regardé sans artifice, étant donné que je n'avais pas d'échappatoire. Ce que je sais de vous ? Ce que vous avez bien voulu me livrer. Ce que je sais de moi ? Votre omniscience a dû vous le souffler, n'est-ce pas ?

C'était maintenant un regard mortellement conscient et presque doux que Mattea portait sur l'Oracle. Parce que déjà, elle sentait les blessures du passé de rouvrir, et commencer à saigner...
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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 22:07

Cette fois, les paroles de l’Oracle avait semblé convaincre Mattea, du moins en grande partie. Malgré la relative absence de preuves tangibles, une majorité de gens parvenaient à faire confiance à la Parole de Dieu; sans doute parce qu’elle mettait pas mal de conviction dans ses discours et qu’ils étaient toujours d’une franche honnêteté, parfois même désarmante. Et c’était d’ailleurs un phénomène plutôt récurrent, car l’Oracle ne mentait jamais. Bien sûr, il lui arrivait face aux interlocuteurs les plus obtus et suspicieux, d’omettre volontairement des détails délétères ou d’utiliser son talent rhétorique pour transcender la vérité, mais jamais elle n’avait travestie celle-ci au profit d’un mensonge. La sincérité était souvent la meilleure des preuves et le plus rapide vecteur de la confiance.
Le pragmatisme de Mattea avait su s’imposer; l’Oracle devait admettre que son raisonnement se tenait très bien. Oui, la parole était importante; comme la fillette savait déjà tout sur tout le monde, elle avait plutôt tendance à l’oublier.


« C’est vrai… pardon, vous avez tout à fait raison. Notre pouvoir d’omniscience nous fait parfois oublier la réalité de la perception humaine. Il est normal que vous et vos congénères ayez besoin d’un peu de concret. »


Ce qui était étonnant et assez impressionnant, c’était le véritable tri sélectif auquel semblait procéder l’esprit de Mattea qui avait sans doute appris au fil des ans à remarquablement compartimenter ses pensées. En comparaison de la moyenne forbachoise, elle pouvait admettre des situations importantes sans s’interroger sur leur fondement mais pouvait en revanche s’intéresser de très près à un minuscule détail. L’Oracle apprécia sa réponse; apparemment, l’Inquisitrice n’avait pas l’intention de se dresser sur sa route. Il était normal qu’elle ne défende pas corps et âme l’Inquisition alors qu’elle venait à peine d’arriver; elle semblait surtout soucieuse de mener ses propres affaires dans son coin en se faisant le plus efficace possible, le reste important peu.

« Rassurez-vous: vous ne nous avez pas froissée. Nous sommes habituée à ce type de réactions et nous les comprenons. Elles sont légitimes: beaucoup d’hommes ont soif de pouvoir et apprécient peu qu’on marche sur leurs plates-bandes. Néanmoins, ce n’est aucunement notre intention. Plus que le caractère apparent ou formel de notre soi-disant « haute position hiérarchique », c’est son effectivité qui compte. Or nous ne nous souvenons pas avoir donné le moindre ordre aux troupes inquisitoriales pour le moment et si cela se produit, cela n’excédera pas une ou deux fois au maximum –toujours conjointement avec Sébastien Garin et Louis Institoris bien sûr. Nous sommes peut-être « au sommet » de la hiérarchie, mais sur un plan totalement différent du leur. »

Les secondes qui suivirent, l’Oracle sentit que la tension montait. Elle avait délibérément lancé un hameçon à Mattea et celle-ci avait réagi exactement comme prévu. Restait maintenant à lui exposer un raisonnement en faisant tout possible pour ne pas la froisser ou la laisser se méprendre sur ses véritables intentions. A la question de l’Inquisitrice, l’Oracle se cala plus profondément dans son fauteuil, prête à reprendre une de ses tirades.

« Mais parce que c’est votre prénom » répondit-elle avec une innocence feinte, s’abstenant volontairement d’en dire plus. Elle attendit quelques secondes, afin de faire monter le suspens, puis reprit la parole.

« Vous attendez de nous que nous vous donnions gratuitement ce que vous recherchez à prix d’or. Débarquer et exiger de telles réponses comme ça, là, maintenant, c’est un peu facile, non? Nous l’avons dit de nombreuses fois lors de cet entretien et de tous les autres: notre mission se résume à bouter le mal hors de Forbach, ni plus, ni moins. Si d’aucun désire que nous ne nous mêlions pas des affaires de l’Inquisition, pourquoi nous intéresser à celles de Mère Mattea, Envoyée Expresse du Vatican… Certes, nous n’avons aucun inconvénient à vous révéler ces informations; mais aucun avantage non plus, et elles ne rentrent pas dans le cadre de notre mission. Imaginons un instant que vous n’aviez souhaité cet entretien que pour obtenir des renseignements sur votre passé… dès que nous vous en aurions fait part, vous nous congédierez, et notre véritable intérêt aura totalement été négligé. »

Un instant de silence terrible plana dans la salle. Puis l’Oracle sourit, rompant cette ambiance pesante, pour faire voir à Mattea qu’elle n’était pas sérieuse dans ses propos, et qu’elle venait de dire tout cela non pas dans le but de la vexer ou de la mettre en colère, mais de lui faire comprendre quelque chose d’important. Ce refus n’était pas catégorique et ce n’était qu’une façade. La fillette reprit la parole en fixant l’Inquisitrice dans les yeux.

« Rassurez-vous, nous ne sommes pas sérieuse. Oui, nous pourrions vous révéler votre passé. Nous pourrions vous dire où et quand vous êtes née, à quoi ressemblaient vos parents, ce qu’ils sont devenus, comment vous avez grandi. Mais si nous le faisions, cela ressemblerait à la biographie d’une étrangère, un récit qui malgré -nous n’en doutons pas- votre bonne volonté, n’évoquerait en vous pas le moindre souvenir ni la moindre familiarité. Les Sorcières ont scellé votre passé; nous aurions beau tout vous raconter, vous ne vous souviendrez de rien par vous-même. Nous ne croyons pas que c’est ce que vous souhaitez réellement, au plus profond de vous. Prenez le temps d’y réfléchir… Il faut que vous retrouviez votre passé par vous-même; c’est du côté des Filles du Diable qu’il vous faudra chercher vos réponses. Vous voulez vous venger, n’est-ce pas? Ce n’est pas de notre bouche que vous souhaitez entendre le récit de votre passé, mais de celle de la Sorcière qui vous a jeté un sortilège d’amnésie, pour lui faire payer. Vos souvenirs n’ont pas été effacés; ils sont là, intacts, quelque part en dessous d’un verrou qu’il suffirait de faire sauter. Elles vous ont pris votre vécu, un bien extraordinairement précieux et rare, quelque chose qui n’appartient qu’à vous. Un tel crime n’aurait jamais dû être commis, par personne. Alors vous voyez, finalement, nous partageons un point commun… un grief certain contre les Sorcières.
Nous ne vous demandons que de la confiance et un peu de patience; laissez nous mettre au point notre plan pour capturer ces âmes maléfiques, elles se retrouveront ensuite entre les mains de l’Inquisition, et vous aurez alors tout le loisir d’obtenir vos réponses. Directement à la source. »


L’Oracle espérait s’être montrée convaincante. Aux dernières paroles de Mattea, elle eut un geste vague de la main. Cela se voyait dans son regard: l’Inquisitrice ne s’abaisserait jamais à supplier. Et tant mieux, car ce n’était pas du tout l’attitude que la Parole de Dieu aurait souhaité la voir adopter!

« Voilà où nous voulions en venir. Vous connaissez le monde, mais vous ne vous connaissez pas vous-même. Pardon d’avoir employé une méthode si peu conventionnelle pour vous mener à ce cheminement de pensée. Mais vous réfléchissez très bien toute seule et votre intelligence sera probablement, selon nous, un gage de réussite. Si vous persévérez dans cette voie, vous trouverez ce que vous cherchez, nous en sommes sûres. »
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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeVen 14 Mai 2010 - 13:44

La réponse de l'Oracle fit l'effet d'une douche froide à Mattea. L'envie de secouer la gamine jusqu'à ce qu'elle lui révèle tout fut tellement violente que la Carmélite réprima à grand-peine un frisson. L'instant suivant, elle se reprenait, démontrant son excellente emprise sur elle-même. Elle lança un regard froid à l'Oracle. La fillette était possédée, mais si certains aspects de sa personnalité paraissaient divins, d'autres en paraissaient le fruit du malin. Mattea réfléchit. Elle revenait à la même conclusion qu'elle avait tirée quelques secondes plus tôt : que l'Oracle soit d'une nature bonne ou mauvaise n'était pas son problème principal. Tout ce qui l'intéressait, c'était de savoir si son pouvoir de lire dans le passé des gens était réel. Et elle y avait cru. Pendant d'interminables et torturantes minutes, elle y avait cru. Que Cassandra soit son véritable prénom, elle l'avait deviné, merci bien. Ce jeu était presque cruel. Mais elle devait se rendre à l'évidence : l'Oracle ne lui avait rien dit qui n'ait pu être découvert par un bon informateur. La question revint, avec d'autant plus de force que Mattea sentait la colère d'avoir été jouée sourdre en elle : l'Oracle n'était-elle pas seulement un très bon charlatan ?

Non, il y avait autre chose, une possession. La présence dégagée par la fillette, ses gestes doux, son vocabulaire trop soutenu, son regard pénétrant. Parole de Dieu, certainement. Mais autoproclamée ou non ? Mattea aurait donné cher pour avoir sous la main un spécialiste du Vatican à qui soumettre le cas. Voilà ce que le Second aurait dû faire en premier, avant même de discuter avec l'Oracle. Elle regarda la fillette, sachant parfaitement qu'il était inutile de tenter de dissimuler sa déception.

- Vous dites que votre mission est de bouter le mal hors de Forbach, n'est-ce pas ? Depuis que je suis à Forbach, j'appartiens désormais à ce que vous désignez sous le nom Forbach. Je sais parfaitement que c'est un voile de sorcellerie qui m'empêche de voir mes souvenirs. Apposé par les sorcières, ce voile est le synonyme du mal. Puisque vous ne voulez rien me révélez, vous pourriez commencer votre grande action en retirant ce symbole évident du mal, n'est-ce pas ?

Mattea parlait avec la vitesse des personnes blessées. Son esprit voulait contraindre l'Oracle, dont elle devinait facilement la réponse négative, à lui dire ce qu'elle voulait savoir, parce qu'elle trouvait son raisonnement injuste. Et peu proche de son idée de Dieu. Elle continua :

- Vous êtes l'envoyée du Seigneur miséricordieux. Il ne saurait être question de facilité ou d'intérêt, comme vous dites. Notre Seigneur est tout-puissant et comme le disent les Saintes Écritures, Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés. Où est la consolation dans ce que vous me dites ?

Vrillant de son regard la petite fille, Mattea espéra de tout cœur qu'elle ne parlait pas avec le malin, mais véritablement avec la Parole de Dieu. Sa raison lui dictait des attitudes très contradictoires et elle hésitait plus que jamais sur la nature de l'entité qui possédait l'enfant. Une chose était sûre : elle suivrait l'Oracle dans son entreprise, ne serait-ce que parce qu'elle était à la tête de l'Inquisition et qu'elle n'était pas là pour contester, seulement pour mener à bien sa propre mission. Et découvrir si l'Oracle pouvait avoir un rôle à jouer dans cette découverte de son passé ! Ses paroles à ce propos étaient d'ailleurs blessantes. Toute la vie de Mattea tendait vers ces souvenirs qu'elle avait perdus. Ce n'était pas à la fillette de juger de la justesse de son attitude. Là où l'Oracle faisait erreur, c'était que, toute inconnue que soit la Cassandra d'avant, ce serait toujours mieux que de ne rien savoir. Là où en revanche l'Oracle avait touché juste, c'était que Mattea ne voulait pas seulement récupérer ses souvenirs. Il ne s'agissait que d'une partie de son objectif réel. Mattea voulait retrouver la sorcière qui lui avait infligé ce traitement et lui faire manger ses regrets. Oui, elle voulait se venger.

Mais elle n'était pas stupide pour autant : elle sentait bien que l'Oracle, de ce point de vue, tentait de l'appâter pour assurer ses arrières. Alors que Mattea aurait continué sa lutte contre les sorcières envers et contre tout, sans promesse nécessaire ! La Carmélite vit l'avantage qu'elle pourrait tirer de la situation : passer un marché pourrait lui apporter ce qu'elle désirait. Mais elle était trop fière pour s'abaisser à marchander ainsi une chose aussi vitale pour elle. Et elle détestait le reconnaître, mais d'un côté, l'Oracle avait raison : elle préférait faire sauter le verrou en torturant lentement la sorcière responsable. Son regard se fit plus dur :

- Cela vous arrange, de ne rien me dire. Je le vois bien. Et vous avez de la chance, parce qu'aujourd'hui, ma haine des sorcières est suffisamment forte pour surpasser mon envie de découvrir mon passé. Je vous répète ce que je vous avais dit : je marcherai à votre suite, ou plutôt, à la suite de l'Inquisition.

Mattea reprit son souffle et se tint bien droite.

- Emportez donc vos secrets, si tant est que vous ayez réellement eu connaissance de mon passé. Je ne vous retiens pas.

Mattea regarda la gamine qui lui faisait face, toujours autant perturbée par son regard. Elles se reverraient, c'était évident. Et si l'Oracle ne se trompait pas, bientôt, elle aurait la possibilité de faire crier grâce à ses pires ennemies.
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MessageSujet: Re: De la crédibilité d'un Oracle   De la crédibilité d'un Oracle Icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 1:12

L’Oracle sentit nettement la tension que ses paroles provoquèrent chez Mattea et les pulsions de celle-ci de la secouer comme un prunier quand elle comprit qu’elle n’obtiendrait pas les révélations escomptées. La Parole de Dieu pour sa part, guère impressionnée, ne bougea pas d’un pouce et ne cilla même pas. Premièrement, elle savait que Mère Mattea saurait se contrôler. Et deuxièmement, ses gardes du corps veillaient au grain, colosses silencieux dans l’ombre de l’encadrement de la porte –ils ne disaient pas un mot mais suivaient l’entretien depuis le début avec une acuité déconcertante.

L’Inquisitrice était en colère et cela se comprenait fort bien puisque son désir de vérité semblait légitime; mais l’Oracle aussi commençait à sentir un léger agacement poindre, chose très inhabituelle chez elle, devant la présomption de son interlocutrice. Etre une femme de caractère ne suffisait pas pour justifier une attitude si singulière, que personne auparavant ne l’avait adoptée devant la Parole de Dieu. Celle-ci attendit avec son air neutre habituel que Mattea ait fini de parler, mais elle gardait les bras résolument croisés sur ses petits genoux. Oui, elle tentait de l’appâter pour assurer ses arrières. Et ensuite? S’en était-elle jamais cachée? Non, elle avait joué franc-jeu depuis le début. Et n’était-ce pas ce qu’était en train de faire précisément l’Inquisitrice en ce moment? Toute à sa frustration, elle procédait à de fausses interprétations et se méprenait sur le compte et les intentions de la Parole de Dieu.
Le discours de Mattea fini, un discours dont manifestement la rigueur habituelle était occultée par une certaine émotion, l’Oracle lui parla d’une voix posée, comme on explique quelque chose de complexe à un enfant récalcitrant.


« Il n’est pas question de facilité ni d’intérêt? Mais alors pourquoi êtes vous en train de nous convaincre de servir le votre? Mère Mattea, nous avons la nette impression que l’émotion vous fait perdre quelque peu vos moyens. Vous procédez par syllogismes pour étayer vos propres théories contradictoires. Ou pour employer l’expression populaire, vous mettez « tout dans le même panier »… Nous sommes l’envoyée de Dieu. Nous ne sommes pas Dieu lui-même. Conséquemment nous ne sommes ici ni pour prêcher la bonne parole, ni pour répandre l’altruisme, l’amour et la générosité; nous sommes ici pour bouter le mal hors de Forbach, et c’est tout. Oui, nos intérêts sont notre priorité, et si pour les réaliser nous avons besoin de passer des pactes parfois iniques avec certains individus, alors soit! Vous croyez qu’exiger suffit? Sérieusement, vous pensez que nous devons vous livrer toutes nos connaissances sous prétexte que vous cherchez la vérité? Avez-vous le sentiment erroné que nous sommes à votre disposition? Vous nous cherchez dans Forbach, des exigences plein la tête. Et lorsque nous vous demandons un peu de confiance en retour, vous nous sortez un discours sur la miséricorde du Seigneur. »

L’Oracle marqua une pause, pour laisser à ses paroles le temps de faire leur effet. Elle sentait qu’après un tel discours, la confiance de Mattea lui serait probablement refusée de manière définitive. Tant pis; c’était un soutien de moins, un soutien perdu, mais lui faire prendre conscience de certaines choses était plus important. Notamment du fait que la Parole de Dieu n’était pas venue sur terre exprès pour elle, afin de lui révéler ce qu’elle voulait quand elle le voulait là où elle le voulait.
Lorsque l’Inquisitrice avait parlé de miséricorde, la fillette avait tiqué. Se servir d’un concept aussi beau et divin comme d’un prétexte pour obtenir gain de cause ne lui avait pas plut.


« Cela nous arrange de ne rien vous dire, en effet. Et cela vous arrange de prêcher la miséricorde du Seigneur aussi. Vous invoquez un principe ultime, universel et pur, pour servir vos propres intérêts. Alors premièrement, inutile de nous reprocher de faire de même. Et deuxièmement, cette attitude est condamnable. Fort heureusement, nous vous l’avons dit: nous ne sommes pas ici pour juger les hommes. »

C’était dommage, en un sens. Par fierté, Mattea se privait d’un marché qui aurait pu la voir couronner de succès toutes ses espérances. Mais l’Oracle ne pouvait pas l’obliger à adopter tel ou tel comportement. Après tout dans cette affaire, le libre arbitre était une chose essentielle.
L’attitude de la Parole de Dieu changea du tout au tout lorsqu’elle entendit les dernières paroles de l’Inquisitrice. Tout d’un coup, elle se fit moins fermée, plus attentive. Mattea venait de lui dire clairement que, sans la suivre avec ferveur, elle ne s’opposerait du moins pas à elle. C’était tout ce que désirait l’Oracle qui en conçut une grande satisfaction. Elle sourit et se leva quand son interlocutrice la congédia, faisant volte-face pour quitter la pièce. L’entretien houleux touchait à sa fin, les gardes du corps brisèrent leur immobilité pour suivre la fillette. Celle-ci s’immobilisa dans l’encadrement de la porte, dos à l’Inquisitrice. Mattea lui avait donné une partie de ce qu’elle voulait: la confiance. Alors c’était à son tour de lui donner une partie de l’objet de ses désirs.


« Merci de nous avoir reçue et accordée un peu de votre temps, mère Mattea. Vous ne regretterez pas votre décision. Malgré toute votre frustration, nous pouvons vous l’assurer: vous aurez bientôt l’occasion de vous venger. Ah, oui, et. Vous avez une sœur jumelle qui s’appelle Viviane. Elle vit encore ici, à Forbach. Au revoir. »


[ Pour ma part je pense que l’on peut clore le topic, mais si tu as quelque chose à ajouter, n’hésite pas à poster et on continue ! Wink ]
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